pauvre . Personne , depuis Gustave Planche , ne poussa plus loin le dédain de l' élégance . Emile Faguet avait à cet égard une inconscience inimaginable . Ses vestons couverts de taches , ses cravates en loques , son linge élimé , légendaires au Café Vachette , n' ont jamais gêné ce diable d' homme jovial et partout à l' aise , qui entrait , s' asseyait et sortait sans rien voir , sans rien remarquer . Il n' est pas étonnant qu' un tel homme se soit affranchi de toute espèce de contrainte mondaine . En dehors des conférences , où il était inimitable de familiarité et de naturel , il fuyait comme la peste les soirées et les réunions , et surtout il n' acceptait jamais à dîner . Il passait cependant pour avare , malgré ses inépuisables charités envers des confrères pauvres . Comment ne pas soupçonner d' avarice un homme qui écrit sa correspondance sur les feuilles blanches des lettres qu' il reçoit , et qui fume éternellement des cigares de vendeur de contre-marques ? Nous le vîmes un jour , devant le Café Vachette , descendre de l' impériale de l' ancien omnibus Place Pigalle-Halle aux vins , en habit d' académicien , sans parapluie , ruisselant sous l' averse . Il se rendait à une cérémonie de la Sorbonne !
Les biographes d' Emile Faguet sont unanimes