pour Malherbe , dont il savait par cœur une foule de vers , notamment ceux-ci , qu' il déclamait avec enthousiasme :
Apollon , à portes ouvertes ,
Laisse indifféremment cueillir Les belles feuilles toujours vertes Qui gardent les fronts de vieillir ; Mais l' art d' en faire des couronnes N' est pas su de toutes personnes , Et trois ou quatre seulement ,
Au nombre desquels on me range , Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement .
On ne peut pas dire que Moréas fût de ses propres vers lecteur infatigable . Il ne consentait à réciter ses poésies que chez des intimes , et encore fallait -il l' en prier . On se réunissait le soir , il y a des années de cela , rue de Rennes , chez notre ami l' éditeur Putois-Crété . Il y eut là des séances mémorables . Notre ami Desrousseaux ne faisait pas encore de la politique et vivait alors dans toute la simplicité noctambulesque du quartier latin . Doué d' un inénarrable talent d' imitation , il récitait avec l' accent anglais un certain songe d' Athalie qui avait un succès fou . Entraîné par l' exemple , Moréas se levait , se campait et après avoir bien effilé sa moustache et remonté son épaule , il commençait quelqu' une