Gavarry lui conseilla de le porter à la Revue des Deux Mondes . Brunetière , alors secrétaire , reçut le roman et le fit publier . Hervieu n' oublia jamais cet accueil et , à la mort de Brunetière , il publia sur lui un bel article élogieux .
Contraste qui n' est pas rare : Hervieu était à la fois un pessimiste effroyable et un homme très gai , aimant le rire et la malice . Hartmann , Léopardi et Shopenhauer furent ses premières lectures . Son ami Gros-Claude le ravissait par ses charges et ses coqs à l' âne transcendants . Lisant peu , pensant beaucoup , Hervieu disait quelquefois : « Le grand défaut des pessimistes est de toujours pécher par trop d' optimisme . » Il parlait peu parce qu' il ne voulait dire que des choses intéressantes et qu' il détestait les paroles inutiles . Avant d' ouvrir la bouche , il pensait à ce qu' il allait dire , et cela explique que ses phrases fussent toujours très bien faites . Cette difficulté de s' exprimer le rendait timide et l' empêchait de parler en public . Il lisait ses discours . Un jour , étant délégué à Berlin , il prononça quelques mots choisis , qui enthousiasmèrent ses auditeurs boches : « Dites -nous souvent de ces jolies choses . » Hervieu eût très bien pu tirer parti de ses habitudes de silence et de