BRAVES GENS
I
Tous les soirs, au moment où Yves deKergouel quittait son petit café-concert de l'avenue- des Ternes, les trois quarts après minuit sonnaient à l'église Saint-Ferdinand; et c'est toujours avant une heure qu'il arrivait chez lui, rue Chevallier, à LovUllois-Perret. Pourtant, il n'avait pas l'air de courir. Môme, il ne semblait pas marcher, tant ses pas faisaient peu de bruit surlo macadam, où l'on eût dit que ses gros souliers posaient des semelles de feutre. Il glissait plutôt, mais à longues enjambées. Cela, d'ailleurs, sans se forcer, naturellement. Car, s'il n'avait presque pas do buste, en revanche il était doué d'un compas fondu jusqu'au bréchet, ce qui lui don naît devant son piano l'aspect d'un faucheux aux grandes
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