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Titre : Bulletin de la Société d'ethnographie : compte rendu des séances, notices scientifiques, discours, rapports et instructions / publiés par le ... secrétaire-général

Auteur : Gallois, Edme. Auteur du texte

Auteur : Société d'ethnographie de Paris. Auteur du texte

Auteur : Alliance scientifique universelle. Auteur du texte

Éditeur : Société d'ethnographie (Paris)

Date d'édition : 1888-10-01

Contributeur : Verrier, Eugène (1824-1910). Directeur de publication

Contributeur : Prêt, Célestin-Aimé (1852-....). Directeur de publication

Contributeur : Lawton, Frederick. Directeur de publication

Contributeur : Barclay, Georges. Directeur de publication

Contributeur : Mantel, Arsène. Directeur de publication

Contributeur : Bourgoint-Lagrange. Directeur de publication

Contributeur : Peuvrier, Achille. Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb343569561

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb343569561/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 8305

Description : 01 octobre 1888

Description : 1888/10/01 (T2,SER2,N22)-1888/10/31.

Description : Collection numérique : France-Japon

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5460538s

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 8-G-557

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/12/2010

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2= Série, Octobre 1888. N» 22

BULLETIN

DE

LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE

ALLIANCE SCIENTIFIQUE

Décisions et Arrêtés.

24 septembre 1888. — Le Règlement concernant les employés salariés de l'Alliance scientifique (publié dans ce volume, p. 212) aura force et vigueur à partir du 1er octobre 188S. [256.

3 octobre 1888. — Sur la proposition de M. Chapelle, délégué régional pour la France-Centre, M. Epitalon, avocat, est nommé délégué correspondant, à Saint-Etienne, Loire. [257.

7 octobre 1888. —- Sur la proposition de M. Chapelle, délégué régional pour la France-Centre, M. Albert Bernardeau, membre de la. Société Sinico-Japonaise, est nommé délégué correspondant, à Orléans, Loiret. [258.

Inscription de nouveaux Membres.

486. Saint-Prix (Humbert de Soubeyran de), à Lyon, Rhône.

— Société d'Ethnographie, M. C, présenté par M. Gaspard Bellin.

487. MINISTRE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE (le) de la République

République Nicaragua.— Société Américaine, M. T., présenté par M. Désiré Pector.

488. BARRATIN (Mme), au château des Madères, M. T.,Société

d'Ethnographie, présenté par M. l'abbé Pipart.


238 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGKAPIIÏE.

Le président de l'Alliance Scientifique a visité pendant les vacances plusieurs délégations établies en France. Il a été reçu de la façon la plus gracieuse et la plus empressée par M. Bellin, président du Comité régional de la France-Est, à Lyon; par M. Chapelle, président du Comité de la France-Centre, à Saint-Etienne; — etparM. l'abbé Pipart,délégué correspondant par intérim pour la ville d'Amboise.

CONSEIL CENTRAL,

SÉANCE DU 5 JUILLET 1888.

Présidence de M. Léon de Rosny, président.

La séance est ouverte â 3 heures et demie, à l'hôtel de l'Institution Ethnographique, 28, rueMazarine.

Exposé de la situation générale.

Le président rend compte des mesures qui ont été prises pour se conformer aux décisions du Conseil Central en date du 26juin 1888.

Fixation du nombre des séances réglementaires.

Le Conseil Central décide qu'à moins d'une autorisation écrite du président de l'Alliance et du président de la Société Civile, les Sociétés affiliées seront tenues à avoir chaque année au moins trois séances dites ordinaires et une séance générale de fin d'année pour le renouvellement du Bureau.

Toute séance tenue en dehors du local, sans l'autorisation mentionnée plus haut, entraine une redevance vis-à-vis de la Société Civile égale à celle des séances dites « ordinaires ».

Des frais de la séance publique.annuelle des ■ ' . .'„ . Sociétés réunies.

Le Conseil Central arrête que les frais de la séance publique annuelle des Sociétés réunies incombera à celle des sociétés


CONSEIL CENTRAL. 239

qui aura la présidence. Le bureau de cette société pourra toutefois demander aux différentes sociétés de participer aux dépenses dans le cas où il s'agirait d'une séance solennelle.

Publication du compte-rendu des séances.

Le Bulletin, étant désormais commun à toutes les sociétés affiliées, des mesures seront prises pour que le compte-rendu sommaire des séances de chacunes d'elles y soit inséré le plus tôt possible.

Administration du Conseil Central.

L'administration des sociétés affiliées, au point de vue de leurs intérêts communs, étant désormais confiée au ConseilCentral, les dites sociétés sont invitées à veiller à ce que leurs délégués assistent régulièrement aux séances. Les décisions du Conseil Central, dans lequel toutes les Sociétés sont représentées, sont obligatoires.

Il est bien entendu que le Conseil Central,administrant gratuitement et sans intérêt pour le compte des sociétés affiliées, ne peut supporter aucune perte ;

Qu'en conséquence les-Sociétés affiliées seront tenues à des versements supplémentaires dansle cas où les sommes inscrites au budget de prévision auraient été insuffisantes; Que, par réciprocité, dans le cas où les sommes inscrites au budget de prévision seraientsupërieures aux dépenses effectuées, le reliquat de caisse, sera employé pour accorder des subventions aux Sociétés affiliées qui sembleront au Conseil Central le plus dignes de les obtenir.

Reconstitution du Conseil Central.

Comme conséquence des résolutions prises dans la séance du26 juin 1888, il est décidé qu'il sera procédé à la reconstitution du Conseil Central à la plus prochaine réunion; que tous les membres ayant droit à en faire partie sont invités à


240 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHiE.

régulariser le plus tôt possible leur situation afin de pouvoir assister aux réunions. La séance est levée à 6 heures et demie.

L'un des secrétaires-adjoints, C.-A. PRÊT.

SÉANCE DU 16 OCTOBRE 1888.

Présidence de M. Léon de Rosny, président.

La séance est ouverte à.huit heures et demie, chez le président de l'Alliance, 47, avenue Duquesne.

Reconstitution du Conseil Central.

Le Conseil procède à la reconstitution annuelle du Conseil Central, conformément aux résolutions prises dans la séance du 26 juin 1888.

Sont, en conséquence, admis comme ayant rempli les conditions réglementaires, notamment en ce qui concerne la possession d'une action ou coupure d'action de la Société Civile :

MM. Léon DE ROSNY, président de l'Alliance \ Le Dr LEGRAND, premier vice-président, J

Président de la Société Civile ( membres

VINCENT, notaire t I ^e droit.

LANGERON, avoué )

Célestin PRÊT Délégué de la Société Civile.

JACQUELINE — —

Célestin LAGACHE. ., — de la Société d'Ethnographie

d'Ethnographie Désiré PECTOR — de la Société Américaine.

Le Dr VERRIER — de la Société Africaine.

HEGEL — pour l'Allemagne.

Le Cte DE VILLEMEREUIL. — pour l'Annam.

Octave PITROU — pour l'Océanie.

Le Dr MÈNB — pour la. Grèce.


CONSEIL CENTRAL. 241

Achille PEUVRIER ... — pour Haïti.

ELOFFE — pour la Hollande.

Daniel WEIL — pour l'Italie.

Auguste LESOUEF... — pour la Roumanie.

Le Dr FILLATREAU. .. ■— pourla Tunisie.

DESCORS — pour l'Egypte.

Le Conseil Central exprime le voeu que les places vacantes dans son sein soient remplies le plus tôt possible et que les Commissaires non possesseurs d'actions de la Société Civile soient invités à régulariser leur situation.

Les membres mentionnés ci-dessus pourront prendre séance au Conseil Central et seront seul convoqués à l'avenir. Mention sera faite au Bulletin de la présente liste et des additions régulières qui pourront y être faites ultérieurement.

Budget de prévision des Sociétés affiliées.

Le Conseil Central décide que plusieurs imprimeurs seront invités parles soins du Bureau à soumissionner pour l'impression de Y Annuaire et du Bulletin communs aux différentes Sociétés affiliées.

Une nouvelle réunion aura lieu mardi prochain afin de prendre connaissance des propositions et de rendre, s'il y alieu, - une décision.

Révision de la liste des Membres.

La liste des membres des différentes Sociétés affiliées sera publiée sur un modèle commun qui est mis sous les yeux du Conseil Central et approuvé par lui, sauf la modification énoncée ci-après.

Les noms des membres seront inscrits suivant l'ordre de versement de leur cotisation. Une liste supplémentaire, séparée de la précédente par un simple tiret, comprendra les membres en retard d'une année de cotisation dont chaque Société aura proposé le maintien au Conseil Central.


242 BULLETIN BE LA SOCHTr"? t»'fet#.NOGF.APHIE.

Nul ne pourra y être inscrit s'il n'a au moins acquitté son droit d'enlrée.

Les présidents des Sociétés affiliées sont priés de soumettre sans délai leur liste au Conseil Central.

Participation aux frais de publication de V Annuaire.

Le Conseil Central renvoie à la prochaine séance la décision relative à la part que chacune des sociétés devra acquitter pour l'impression de l'Annuaire.

Il sera remis par le Conseil Central aux Sociétés affiliées autant d'exemplaire qu'elles y auront inscrit de membres à jour envers la caisse. Les membres à titre honoraire y auront également droit.

Le Conseil Central se réserve le droit de partager,[s'il y a lieu, le reliquat de l'édition entre les Sociétés affiliées, suivant les intérêts de l'oeuvre commune.

Publication des Bulletins.

La question de la participation aux frais des Bulletins est renvoyée à la prochaine séance.

Nomination des employés salariés.

A l'avenir les employés salariés seront nommés par le président du Conseil Central, sur la proposition du président de la Société Civile.

La séance est levée à onze heures.

L'un des-secrétaires-adjoints. C.-A. PRÊT.

NOTICES, DISCOURS, RAPPORTS ET INSTRUCTIONS

L'AVENIR DE LA TRANSFUSION

Par Ch. JACQUELINE.

Un jour de l'année 1860 que j'étais en train de méditer sur les diverses méthodes adoptées par les éleveurs à l'effet d'améliorer par le croisement les espèces animales utiles à l'homme,


L'AVENIR DE LA TRANSFUSION. 243

je fus tout à coup frappé de cette idée que le procédé serait de beaucoup simplifié et les délais, pour obtenir un résultat, considérablement réduits si, au lieu de demander la perfection des produits à la gestation, il était possible de recourir d'emblée" à la transfusion.

Sous l'empire de cette préoccupation, je me mis à l'oeuvre et, durant quatre années, je me livrai à une série d'expérierices sur des animaux domestiques de petite taille (chiens,chats, lapins et cobayes).

Après quelques tâtonnements préalables, je parvins à me faire la main et le problème me parut résolu, au moins en principe ; car, absorbé comme je l'étais parles détails d'exécution, le temps m'avait manqué pour condenser en formules précises les proportions qu'il convient d'observer dans chaque cas particulier.

L'analogie me conduisit à penser que le métissage, appliqué aux produits humains, donnerait des résultats encore plus satisfaisants que le croisement dés animaux, et il faut avouer que, prise à ce dernier point de vue, la question présenterait une importance capitale pour l'Ethnographie.

Mais des circonstances indépendantes de ma volonté m'obligèrent d'interrompre le cours de cette étude, qu'il ne m'a point été permis de reprendre depuis cette époque.

Est-il besoin dédire que je ne choisissais, pour ces épreuves, que des sujets d'élite réunissant, en même temps que la jeunesse, tous les caractères d'une santé florissante !

Chaque animal à transfuser était vidé, par une déplétion préalable, d'un volume de sang sensiblement équivalent à celui que je lui restituais l'instant d'après aux dépens du sujet fournisseur ; condition qui n'est pas toujours indispensable et qui serait môme nuisible lorsque le receveur est épuisé par des hémorrhagies ou par l'anémie.

Un jour la fantaisie me prit d'essayer, à tout hasard, de soumettre à la transfusion un vieux chat accablé par l'âge et par les infirmités, et qui ne .s'écartait plus guère des abords du foyer.


214 BULLETIN DE 'LA. SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

Tout en pronostiquant un échec, je voulus néanmoins me réserver une chance favorable et, dans ce but, j'eus soin de n'injecter dans les veines du patient que quelques grammes seulement du sang prélevé sur un jeune chat.

A ma très grande surprise, le matou que je m'attendais à voir succomber à une congestion foudroyante due à la rupture de ses capillaires, tint bon sous l'effort et sembla plutôt contrarié des liens constricteurs qui entravaient ses mouvements qu'incommodé par le fluide étranger qui venait d'être introduit dans son système, circulatoire.

Enhardi par cette tentative, je réitérai la doseminima pendant huit jours consécutifs.

Enfin de compte, l'animal reprit des forces et commença à se livrer à des pérégrinations dont il était depuis longtemps déshabitué ; il survécut un an à sa transfusion et aurait vraisemblablement fourni une carrière plus longue s'il ne s'était fourvoyé dans une bagarre de chiens où il fut étranglé net.

Deux chiens âgés, traités de la même façon quelechat.virent également s'améliorer leur état de santé.

Est-il permis d'inférer de ces exemples que le succès de la transfusion se réduit, en dernière analyse, à une question de mesure et de quantité ; et que toutes les opérations qui échouent lorsqu'on emploie des doses massives, réussiraient infailliblement par l'administration de doses fractionnées ?

Une affirmation aussi positive ne serait assurément rien moins que téméraire en présence du petit nombre de faits constatés.

D'ailleurs une assertion individuelle, quelque sincère qu'on en suppose l'auteur, n'est valable aux yeux de la science qu'après avoir été confirmée par des expériences réitérées et minutieusement contrôlées.

Il faut que toute présomption d'erreur soit rigoureusement écartée et que l'on recueille avec exactitude tous les renseignements de nature à éclairer l'étude de la question, tels que l'âge précis des sujets soumis à l'expérimentation, leur.état


L'AVENIB DE LA TRANSFUSION. 245

physiologique, le volume du sang transfusé, la description du mode opératoire, etc.

Les adversaires ou, pour mieux dire, les limilateurs de la transfusion ont fait des réserves en ce qui concerne l'âge des sujets à transfuser.

On sait, en effet, que la contre-indication est formellement prescrite toutes les fois que la transfusion est susceptible d'être plutôt nuisible qu'utile et risque même de compromettre la vie du patient.

Ainsi il est généralement admis sans conteste qu'il faut renoncer à la transfusion si l'on se trouve en présence d'un état congestif des principaux organes (coeur, poumons, encéphale, reins ou foie).

Il en est de même chez les vieillards dont les artères sont devenues athéromateuses, alors que leurs fibres musculaires ont subi la dégénérescence graisseuse, que leurs os sont devenus plus fragiles et moins nourris.

La transfusion, loin de les sauver, tendrait à rompre les parois cassantes de leurs vaisseaux et à les anéantir en quelques secondes en provoquant une hémorrhagie de l'encéphale.

Oui, encore une fois, cela est vrai. Ces accidents sont à redouter par l'emploi des fortes doses, mais ne présenten t plus le même danger si l'on se borne à injecter des doses minimes, successives et réfractées.

Si bas que l'on suppose descendue la vitalité chez l'individu congestionné ou chez le vieillard (en dehors des cas absolument désespérés, bien entendu) il arrive cependant que ce minimum leur suffit pour vivre encore des mois et des années dans cet état précaire.

,. Souvent même les adjuvants qui leur sont administrés, loin d'aggraver leur situation, la rendent plus supportable.

Or qu'est-ce que la transfusion sinon un remède comme un autre, mais d'une puissance incomparable qu'il importe d'employer suivant des proportions déterminées pour soulager et, non pour perturber l'économie ?

Combien de fois quelques milligrammes d'une substance


246 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

toxique n'ont-ils pas sauvé la vie d'un malade que l'ingestion d'un gramme du même médicament aurait fait périr sans rémission.

On a invoqué, contre l'application de la transfusion aux vieillards, la loi dite de Buffon ou de la soudure des épiphyses, loi en vertu de laquelle la durée de la vie des vertébrés n'excéderait pas sept fois le multiple du temps que mettent les individus de chaque espèce à atteindre leur croissance complète, autrement dit à consolider les ligaments de leurs articulations.

Mais la transfusion ne vient, en aucune façon, contrecarrer cette loi, qui oscille d'ailleurs entre des limites assez élastiques et au sujet de laquelle il devient difficile de se prononcer avec certitude lorsqu'il s'agit de Féspèce humaine.

La transfusion n'a point la prétention de prolonger la durée delà vie au-delà des bornes que la Nature lui a assignées.

Si elle réussit à procurer, une longévité plus grande, ce ne peut être qu'au même titre qu'un bol de tisane, le bandage d'une veine, la ligature d'une artère ou tout autre artifice usité en thérapeutique.

La transfusion ne relève pas des thaumaturges ; elle procède de la science expérimentale.

Ceux qui préconisent la propagation de cette opération salvatrice rejettent toute hypothèse antiphysique et ne tablent que sur des phénomènes émanant de l'ordre naturel.

Ce qu'ils demandent aux hommes compétents, c'est de ne pas rester dans l'expectative, mais de combler une lacune en se prononçant nettement sur la question de la transfusion, non par l'exposition de théories et de systèmes plus ou moins ingénieux et séduisants, mais par le compte rendu (favorable ou non) de phénomènes avérés,indéniables,qui puissent se répéter à volonté afin de démontrerd'une manière irréfutable jusqu'où va, ou bien jusqu'où s'arrête la puissance de la transfusion.

Si des spécialistes venaient à se formaliser de ce que des hommes étrangers à leur art osent s'attaquer à des problèmes qui sont plus particulièrement de leur ressort, nous leur


L'AVENIR DE LA TRANSFUSION. 247

répondrions avec Térence que rien de ce qui est humain ne nous laisse indifférent et que nous, animoe viles, nous avons lé droit de nous intéresser à tout ce qui a trait aux mystères de la vie, puisque, en définitive, c'est nous qui devons profiter des progrès de la science ou pàtir de ses rétrogradations.

A ce titre, nous avons voix au chapitre, tout en sollicitant les avis et faisant appel aux lumières de ceux qui sont mieux armés que nous pour les luttes fécondes.

Le D 1' Roselli, qui a longtemps exercé la médecine au milieu des populations à moitié sauvages des archipels de la Mal ai - sie, et pratiqué la transfusion humaine avec le sang des singes anthropoïdes de Bornéo, est mort dernièrement avant d'avoir pu mettre la dernière main à un ouvrage dont la publication avait été annoncée, et dans lequel il se proposait d'examiner la transfusion sous ses différents aspects.

Cette perte sera d'autant mieux ressentie qu'aucun autre praticien, croyons-nous, n'a mis à contribution les Simiens pour cette opération. .

Malgré notre vif désir de nous maintenir exclusivement sur le terrain purement ethnographique, les nécessités de l'argumentation nous obligent à pousser une incursion dans le domaine médical et à faire quelques emprunts à la thérapeutique.

On s'accorde, en général, à reconnaître que la mort naturelle est la conséquence de l'arrêt des battements du coeur.

Chez les vieillards qui meurent de vétusté (sans aucunes lésions organiques) la cessation du double mouvement de systole et de diastole proviendrait de ce fait que par suite de la durée même de la vie, les poussières qu'ils respirent, de même que les éléments terreux qu'ils absorbent mélangés aux aliments et aux boissons, ne sont assimilés qu'en partie par la chylification ou éliminés par les excrétions.

Il y a un excédent qui, à la longue, finit par s'incorporer à


248 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

nos tissus, les imprègne, en obstrue les pores et les interstices et dépose sur les parois de nos vaisseaux des enduits visqueux ou des incrustations calcaires analogues à celles qui se forment dans les bouilloires et dans les chaudières à vapeur.

Ces dépôts qui, dans le jeune âge, jouent un rôle utile en contribuant à solidifier des tissus encore mous et cartilagineux, produisent un effet contraire dans la vieillesse par leur accumulation en privant les organes de souplesse et de perméabilité et en entravant les sécrétions indispensables au fonctionnement physiologique.

On peut considérer ces fausses membranes comme les principaux facteurs de la mort naturelle.

11 est à remarquer que cette induration progressive de toutes les parties de notre organisme est destinée à se produire même dans le milieu ambiant le plus hygiénique que l'on puisse imaginer.

Les évacuants proposés pour soutirer les matériaux superflus qui encombrent l'économie, ont l'inconvénient de ne pouvoir être renouvelés assez fréquemment sans nuire à la vitalité, ou alors de rester sans efficacité par le fait même de leur répétition.

C'est la constatation de ce phénomène bien connu qui a donné naissance à une Ecole médicale qui recommande aux gens désireux d'atteindre à une grande longévité, l'usage quotidien des lavages salins du tube intestinal.

Ces lavages, en dissolvant peu à peu les matériaux hétérogènes à la façon du sel qui faitfondre la neige sur le parcours des tramways pendant l'hiver, rendent l'élasticité aux tissus, désobstruent les pores et canaux engorgés et permettent aux sécrétions de s'accomplir avec régularité : d'où, comme conséquence, une plus grande durée de la vie.

La transfusion concourrait au môme but, mais beaucoup plus vite.

Lorsqu'on jette un regard sur le passé de la transfusion, on voit tout d'abord l'opinion publique (même parmi les hommes


L'AVENIR DE I.A TRANSFUSION. 249

de l'art et les savants) se partager en deux courants bien distincts.

D'un côté, se montrent les partisans enthousiastes delà nouvelle méthode. Aies en croire, la transfusion devait être la panacée destinée à guérir toutes les maladies et à régénérer l'espèce humaine tombée en décrépitude.

De l'autre coté, se dressent les adversaires et les détracteurs du nouveau système, qui, non moins fougueux que leurs antagonistes, n'opérant pas, se bornent à critiquer et à nier.

Qui ne sait que la découverte de la circulation du sang et celle de la vaccine ont suscité les mêmes engouements et les mêmes orages ! C'est le sort inévitablement réservé à toute innovation bonne ou mauvaise, qui vient choquer les habitudes reçues.

Mais ceux qui recherchent la vérité avec ardeur pour la dire, la propager et la faire triompher, ne se soucient pas plus des éloges que des critiques : ils font aussi bien litière des paradoxes des savants ou des gens d'esprit que des préjugés du vulgaire ignorant.

Quoi qu'il en soit, le mouvement qui s'était prononcé lors des premiers essais de transfusion, ne fut pas complètement stérile.

Bientôt les incrédules les plus endurcis furent forcés de reconnaître que si la transfusion ne guérissait pas de tous les maux, elle fournissait tout au moins un moyen héroïque de sauver la vie compromise par de fortes hémorrhagies utérines ou traumatiques.

En présence des faits accomplis qu'il n'était plus possible dès lors de nier contre toute évidence, les antitransfusionnistes émirent la prétention de limiter les bienfaits de cette opération à la réparation des pertes sanguines, lui interdisant formellement toute autre extension dans le domaine médical.

Mais la transfusion tant bafouée prit un nouvel essor et on la vit, entre les mains de praticiens non moins habiles que dévoués, ramener à la santé des infortunés qui étaient atteints des maladies les plus graves et les plus variées.


250 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

Aujourd'hui, bien .que la pratique de la transfusion soit encore délaissée plus que de raison, elle n'en a pas moins à son actif une des plus belles pages dans les fastes de l'art de guérir ; car ce n'est pas un mince résultat que d'avoir arraché à la mort des moribonds alors surtout que les hommes de l'art proclamaient leur impuissance et ne toléraient la transfusion qu'en désespoir de cause.

Dans de telles conditions, les échecs mêmes ne sauraient sans injustice être imputé? à la transfusion, d'autant plus que, en dépit de ces circonstances exceptionnellement défavorables, elle ne compte pas plus d'insuccès que la plupart des autres opérations chirurgicales.

C'est ce que démontrent, avec la plus grande évidence, les statistiques publiées par le Dr Gré, de Bordeaux, dans son grand ouvrage sur la transfusion.

Dans un tableau synoptique qui s'arrête à l'année 1876, nous voyons, en effet, que sur 535 transfusions (dont 381 faites avec du sang humain et 154 provenant du sang des animaux) il y a eu 247 guérisons complètes, 35 améliorations et 49 états stationnaires.

Ne perdons pas de vue que les malades étaient réduits à la dernière extrémité et que, parmi les affections traitées, on compte, indépendamment des hémorrhagies, la phtisie pulmonaire, la septicémie, la fièvre typhoïde, la folie, des intoxications, la cachexie paludéenne, le scorbut, la variole, la scarlatine, l'épilepsie, la gangrène, l'anémie, etc.

Il s'est présenté un cas qui mérite d'être cité textuellement. (Édition de 1876. Observation LXXXVI. 1839. Dr Biedlung) :

« Un homme âgé de 83 ans fut pris de crachements de sang « qui durèrent cinq jours et déterminèrent une grande fai« blesse et un épuisementextrême. Biedlung lui transfusa cinq « onces de sang veineux de bouc. Il survint une oppression « passagère et une légère phlébite. Après trois mois, la gué« rison fut complète. »

Il est donc acquis maintenant que la transfusion a guéri d'un grand nombre de maladies graves et invétérées ; qu'elle


L'AVENIR DE U TRANSFUSION. 25L

a rendu !a vie à des agonisants, à des individus réputés incurables parmi lesquels figurent des scorbutiques, des anémiques, des asphyxiés, des vieillards et des fous.

Est-il donc déraisonnable d'en conclure que si la transfusion avait reçu une plus grande extension, les guérisons et les améliorations se chiffreraient dans la môme proportion ?

Seulement il y a toujours une tendance outrée â limiter les cas de transfusion, soit que l'habitude de cette opération héroïque ne soit pas suffisamment passée dans les moeurs chirurgicales ; soit qu'on la juge difficile, dangereuse, impraticable; soit que les fournisseurs de vie liquide fassent défaut, ou encore en raison des contre-indications.

C'est pour obvier à ces inconvénients que plusieurs médecins ont recommandé les doses fractionnées et successives ; non pas, comme l'ont insinué leurs adversaires, pour atténuer les vices d'un sang déjà décomposé, mais afin de prévenir les embolies et les autres accidents qu'entraîne trop souvent l'emploi imprudent des hautes doses.

Les partisans des doses massives affirment, il est vrai, que les doses réfractées sout sans utilité appréciable pour le sujet ; mais n'est-ce donc rien que d'avoir conjuré le péril inhérent aux coagulations s'il est prouvé que les faibles doses répétées finissent par donner le même résultat que les doses élevées sans avoir fait courir les mômes risques aux patients ?

Que si l'on objecte la fatigue incombant à l'opéré par suite de ces incisions ou piqûres réitérées, qui d'ailleurs sont presque toujours bénignes et guérissent par première intention, . ne suffit-il pas de jeter les yeux sur le premier journal venu . de chirurgie pour s'assurer qu'on n'y regarde pas d'aussi près pour des opérations infiniment plus graves et qui n'ont pas toujours ni l'excuse de l'urgence ni la justification du succès !

Il existe actuellement une Ecole qui soutient que la transfusion à doses minimes et dosimétriques peut et doit être employée toutes les fois que le principe vital est menacé à plus ou moins brève échéance ; et que la seule contre-indication rationnelle est réservée aux cas où la vie du transfusé risque-


252 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

rait d'être compromise par la violence du jet de sang, par l'excès de son volume ou par sa coagulation prématurée.

Personne assurément ne s'avisera de faire appel à la transfusion pour des affections passagères sans gravité ; mais qui peut le plus peut le moins ; et puisqu'il est hors de doute que la transfusion a manifesté sa puissance de curabilité sur des individus qui avaient déjà un pied dans le linceul, il y a tout lieu de croire que son action ne serait pas moins efficace pour améliorer la santé d'individus moins gravement atteints et présentant une résistance vitale supérieure à celle des premiers.

MODE OPÉRATOIRE. — La description des divers modes opératoires nous entraînerait trop loin ; aussi n'en voulons-nous dire que quelques mots.

Si le sans du donneur pouvait passer au transfusé sans canalisation intermédiaire, la formule opératoire serait singulièrement simplifiée ; mais comme ce procédé reste encore à découvrir, on en est réduit à se servir d'un appareil qui, malgré tout, laisse toujours à désirer sous certains rapports.

L'art du praticien consiste précisément à atténuer ces inconvénients dans la mesure du possible. •

Il faut donc que le sang du donneur pénètre librement dans les vaisseaux du transfusé en restant soumis aux mômes conditions qu'il subit dans sa circulation primitive, c'est-àdire qu'il parcoure un conduit souple et lisse sans rencontrer aucun obstacle dans ce trajet ; qu'à aucun moment, l'air extérieur ne pénètre dans la colonne liquide en mouvement ; que la température du sang demeure invariable ; que le fluide vital n'éprouve ni excès ni amoindrissement de pression ou de tension; qu'il ne s'évapore pas; qu'il ne se coagule pas; qu'il garde son mouvement initial, son élasticité, sa plasticité, en un mot qu'il ne perde aucun de ses éléments constitutifs.

Tel est l'idéal ; mais, dans la pratique, il s'en faut de beaucoup que ces conditions soient observées à la lettre. Ce qu'il


L AVENIR DE LA THANSFUSION. 253

y a de certain, c'est qu'on doit tendre à les réaliser ou à s'en rapprocher.

D'aucuns assurent que le contact du bois, du verre ou des métaux produit un effet de catalyse ou d'électrolyse qui tue le sang et le rend impropre à la transfusion.

C'est pour parer à ce danger que l'on fait usage d'un tube en caoutchouc, mû par une poire également en caoutchouc, sorte de coeur artificiel, lequel est muni de deux clapets ou valvules servant à modérer et à répartir l'afflux sanguin avec addition d'un embranchement collatéral destiné à l'expulsion de l'air avant l'arrivée du sang.

L'on a mille fois raison d'essayer de perfectionner les appareils et l'on ne saurait prendre trop de précautions pour prévenir la coagulation du sang qui détermine la formation de thromboses, d'embolies et d'infarctus, de même qu'il faut éviter l'introduction de l'air et se garder des lésions qui entraînent l'inflammation de la tunique veineuse.

La transfusion, à l'instar des autres opérations, a dû traverser une période d'essais et d'épreuves pendant laquelle de graves accidents se sont produits parsuite de l'inexpérience des praticiens ; mais aujourd'hui elle est à la portée de tout homme qui sait manier la lancette et le bistouri ; elle s'exécute dans un laps de temps très court et ne réclame d'autres précautions que celles en usage pour la saignée.

Sous l'ancien régime, les fraters de village pratiquaient couramment la phlébotomie non seulement aux bras, mais encore aux pieds et au front ; et certes ce serait taire une injure gratuite aux médecins contemporains que de les supposer moins aptes à ces fonctions que les figaros ignorants d'antan qui ne possédaient pas le plus souvent la moindre notion d'anatomie.

On a exagéré à plaisir les difficultés de l'entreprise. Beaucoup hésitent par cet unique motif qu'ils n'ont pas encore essayé.

Sans doute il vaut mieux s'entourer de toutes les garanties que de n'en prendre aucune ; mais il ne fautpointnon plus renchérir sur ces précautions jusqu'au point de ne rien faire.


254 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

C'est comme si l'on avançait que, pour vivre, il est indispensable de respirer dans une aimosphère absolument purgée de microbes; c'est un desideratum que l'on peut former, mais dont on doit se passer en attendant mieux.

Il en est ainsi de la transfusion ; elle a quelquefois échoué par suite de l'inexpérience de l'opérateur ; mais les insuccès doivent être surtout attribués à la masse trop grande de sang introduite, à la violence de l'émission qui provoque la formation de caillots et à l'introduction de ces caillots dans le système vasculaire du sujet.

La simple cellulite ou inflammation du tissu cellulaire n'offre aucun danger. Quant à la phlébite, elle n'est à craindre que si l'abcès, qui en est la conséquence, se résoutà l'intérieur de la veine et infecte le sang.

Il est admis aujourd'hui que le sang à transfuser doit être emprunté de préférence aux individus de la même espèce et du même genre dans l'espèce, parce que, dans le cas contraire, les globules rouges varient par le nombre et par la forme.

Malgré ces différences de composition et les troubles qui surviennent chezle patient lorsqu'on lui injecte un sang qui n'est pas identique au sien, il est incontestable que maintes transfusions pratiquées à l'homme avec du sang de bouc, de veau, de mouton et principalement d'agneau ont obtenu un plein succès.

Seulement le sang humain est rare, tandis que le sang des animaux constitue, pour ainsi dire, une source inépuisable et toujours disponible.

Il est regrettable qu'en Europe, le sang du singe n'ait pas été mis à contribution plutôt que celui des animaux cités plus haut et qui certes ont beaucoup moins d'analogie avec l'homme que ce quadrumane.

Le singe séquestré dans les cages des ménageries ou dans des locaux restreints succombe promptement à l'anémie dans nos climats ; mais ceux d'entre eux qui vivent en pleine liberté ou du moins dans un état de liberté relative, y jouissent d'une santé beaucoup plus robuste.


L AVENIR DE LA TRANSFUSION. 2oO

En tous cas, on ne.saurait méconnaître que le recours aux singes n'inspirerait point une.plus grande répugnance que l'emploi de sujets syphilitiques ou strumeuxquia été proposé par quelques praticiens par ce motif que le virus de la syphilis peut être éliminé après coup, et que la scrofule, chez les strumeux, ne constitue point, à proprement parler, une altération organique du fluide sanguin.

La transfusion à doses massives, alors môme qu'elle est faite avec du sang humain, occasionne des rachialgies, de la cyanose et de la dyspnée.

A faibles doses, ces accidents ne se produisent plus ou sont considérablement amoindris.

Cet avantage, qui n'est pas à dédaigner, milite encore en faveur des doses minimes, successives et réfractées.

* *

Doit-on s'adresser aux veines, de préférence aux artères, pour exécuter la transfusion ?

La réponse est aujourd'hui définitivement tranchée en ce qui concerne l'homme.

Les veines, en effet, sont presque superficielles et en partie apparentes sous le derme.tandis que les artères sont invisibles et beaucoup plus profondément engagées dans l'épaisseur des tissus.

La section d'une artère et sa ligature sont des opérations délicates et qui. réclament une main exercée ; les lésions qui en résultent sont souvent dangereuses; dans les cas même les plus favorables, elles ne guérissent point par première intention comme la simple saignée classique de la veine.

Lorsqu'on prend le sang d'un animal, on n'éprouve plus les mêmes hésitations ; mais le sang artériel, en sortant des vaisseaux, est animé d'une force de propulsion qui est plutôt nuisible qu'utile dans l'espèce, et qu'il est toujours nécessaire de modérer pour prévenir les congestions; tandis que le sang veineux, qui circule avec plus de lenteur, a besoin d'être sou-


256 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

mis à une légère pression artificielle pour pénétrer plus sûrement dans les veines de l'opéré.

D'ailleurs le sang veineux à peine introduit dans les vaisseaux du sujet est, au bout d'un instant, transformé en sangartériel par suite de son oxygénation.

*

* -.X

SANG COMPLET OU SANG DÉFIBRINÉ.— La question est maintenant résolue en faveur du sang entier et vivant, bien que des guérisons authentiques aient été obtenues à l'aide du sang privé de sa fibrine.

Il faut bien que la fibrine soit utile, puisqu'elle existe dans le sang vivant à moins, comme le déclarent certains théoriciens, que le sang ne contienne que le ferment de la fibrine et que, lorsque la fibrine fait son apparition, c'est que le sang commence déjà à se décomposer et à perdre ses principes vivifiants. On assure, en outre, que les proto-plasma delà fibrine sont indispensables au sang pour maintenir sa plasticité et faciliter le passage des globules rouges dans le réseau des capillaires-.

Quoi qu'il en soit de cette théorie,il est certain que la défibrination (c'est-à-dire le battage du sang et son filtrage à travers plusieurs flanelles) entraîne une perte de temps, exige l'emploi d'une plus grande quantité de sang dont une partie est jetée aux résidus et expose le sang, dans l'intervalle, à se trouver en contact avec l'air où il se charge des nombreux microbes que l'atmosphère tient toujours en suspension.

Indépendamment de ces considérations, il y a une expérience décisive qui relègue la défibrination au second plan si elle ne la condamne point d'une manière absolue.

Cette expérience consiste à saigner des chiens, les uns modérément, les autres jusqu'à la production des phénomènes tétaniques.

Après cette déplétion, l'on rend aux uns du sang complet, et aux autres du sang défibriné.

Les animaux qui n'avaient perdu qu'une partie de leur sang


L'AVENIR DELA TRANSFUSION. 257

reviennent promptement à leur état normal, quel qu'ait été le mode de restitution employé.

Quant aux chiens saignés jusqu'à épuisement, ceux-là seuls renaissent à la vie auxquels on a fourni du sang entier et vivant ; les autres meurent tous sans aucune exception.

* *

Parmi les transfusionnistes, les uns sont d'aTis que la transfusion, lorsqu'elle est bien conduite dans les conditions requises, opère une véritable greffe entre les deux fluides mis en contact ; la preuve en serait dans les urines du transfusé qui ne contiendraient aucun dépôt de matières étrangères à l'urine normale.

Si l'opération échoue, ou ne réussit qu'imparfaitement (ce qui a lieu par suite de l'administration de doses massives ou d'un sang hétérogène), l'urine est troublée par des sédiments divers et il surnage desfilaments,des mucosités, de l'albumine et des globules, ce qui tendrait effectivement à démontrer que l'assimilation n'a pas été complète.

Il a été constaté aussi que le sang introduit dans les veines du transfusé n'agissait pas seulement suivant la proportion du volume introduit, mais qu'il communiquait au sang épuisé du malade la propriété de reconstituer de lui-même les hématies ou globules rouges, sauf à être éliminé ensuite par les excrétions.

Mais que le sang introduit dans l'économie agisse par sa propre sève, ou qu'il transmette au sang appauvri l'énergie nécessaire pour se régénérer, cette explication purement théorique n'affaiblit en rien l'importance de la transfusion qui a résolu le problème du TRANSPORT DE LA VIK, problème qui n'est peut-être pas moins intéressant à étudier que celui du TRANSPORT DELÀ FORCE MATÉRIELLE, qui a si vivement excité, dans ces derniers temps, l'attraction du public.

Doit-on espérer que, parmi les savants qui disposent du nerf de la guerre, il s'en trouvera quelques-uns que ces considérations arracheront à l'indifférence et qui se feront les ini-


258 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

tiateurs d'expériences qui, quel qu'en soit le résultat, n'auront pas été infructueuses pour l'humanité? On en cite bien qui font tous les jours de très grands sacrifices pour des sujets qui n'offrent pas, à coup sûr, un intérêt aussi puissant.

* * *

La conclusion qui se dégage de l'étude qui précède, c'est que la transfusion correspond à un double objectif.

D'une part, elle peut procurer la guérison de certaines maladies et assurer une plus grande durée de la longévité.

De l'autre, elle est appelée à améliorer les races humaines et les espèces animales utiles à l'homme par des métissages et des croisements appropriés au moyen de la sélection.

Quant aux spécialistes qui n'ont pas hésité, sans analyses préalables du sang des animaux, à pratiquer la transfusion avec du sang artériel ou veineux de bouc, de veau, de mouton et d'agneau, nous nous demandons en vain sur quel motif ils se sont basés pour négliger le singe et l'exclure de leurs cliniques.

La parole est aux expérimentateurs !

VARIÉTÉS

PARALLÈLE DE L'IDEE DE CIVILISATION EN EUROPE ET EN AMÉRIQUE.

Notre savant collègue, M. Pedro S. Lamas, vient de publier sous le titre de « Les Conquêtes du droit dans le NouveauMonde »,un article de M. Louis Guilaine, qui nous paraît tout particulièrement intéressant pour les ethnographes. Nous croyons devoir en extraire les passages suivants :

Pendant que l'Europe consume ses richesses et immobilise des millions d'hommes, pour préparer, au sein de la paix armée, une oeuvre de ruine et de mort, inspirée de l'hostilité


PARALLÈLE DE LA CIVILISATION. 259

des principes politiques opposés qui régissent ses diverses nationalités, d'âpres convoitises territoriales, ou de haines traditionnelles nationales dignes d'une autre époque, il n'est pas sans intérêt de jeter un regard du côté de l'Amérique et d'examiner la direction et les aspirations de sa politique continentale. Le contraste est frappant.

Une politique diamétralement opposée à celle de l'Europe y poursuit une oeuvre de progrès et de bon sens : la pacification systématique et durable du Continent américain, oeuvre à laquelle concourent, par un accord tacite et'instinctif, la plupart de ses peuples.

Peut-être n'est-ce en core qu'une utopie de songer qu'il puisse entrer dans le rôle assigné à l'Amérique dans la marche de l'humanité la mission de consacrer une forme de justice internationale supprimant la solution des conflits par les arines, comme l'Europe a substitué au jugement de Dieu. cette coutume barbare du moyen âge, la procédure civile et criminelle du droit privé. Cependant, il n'y a pas de raison pour que le principe de la force subsiste davantage entre les nations qu'entre les individus. Il n'est pas plus difficile d'établir une justice entre un groupe d'Etats, qu'entre une collectivité d'hommes. Des liens de solidarité et des garanties de sécurité peuvent se créer entre peuples d'une même civilisation, comme entre citoyens d'une même nation, pour sauvegarder leurs droits sans recourir à la guerre, où triomphe souvent l'injuste. Il ne s'agit que d'étendre les principes du petit au grand, des individus aux collectivités, et de faire entre dix, vingt ou trente nations, ce que l'on fait entre mille, dix mille, cent mille citoyens : instituer une loi commune et en assurer l'intervention efficace.

S'il est vrai que la réciprocité et la solidarité n'ont guère été comprises jusqu'ici que d'individus à individus il semble aussi que l'Amérique soit mûre pour- les concevoir et les pratiquer de nation à nation et pour jeter les bases d'un droit commun des peuples. Ne la voit-on pas s'appliquera apporter chaque jour une pierre de plus aux assises de la paix, par l'adoption et la pratique dans ses relations internationales des principes et des formes juridiques que la science du droit moderne cherche à faire prévaloir de fait sur le principe barbare de la force, sur le procédé sauvage de la guerre ?

Aujourd'hui, l'arbitrage, intervenant communément- dans les conventions et les traités solennels qui s'établissent entre nations américaines ou invoqué par celles-ci pour la solution de leurs différends, semble être devenu la règle dominante de la politique et des moeurs internationales du Nouveau Monde. Il y est entré dans le domaine des faits positifs, alors qu'on en


260 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

est encore à le discuter en vain dans la vieille Europe, terre imbue de traditions, de pratiques, de principes séculaires nécessairement réfractaires à ces grandes innovations du progrès qui trouvent un champ propice dans le.nouveau continent.

La plupart des différends internationaux existant actuellement en Amérique ont leur origine dans des questions de juridiction territoriale.

On sait qu'il n'est pointde nation du Nouveau-Monde dont les frontières soient définitivement fixées et qui ne soutienne par conséquent quelque question de limites, quelque revendication de territoire, contre les puissances circonvoisines et réciproquement.

Or, c'est aujourd'hui une tendance générale des peuples sud américains d'arriver à constituer l'intégrité de leur domaine territorial en traçant d'une manière précise et définitive leurs limites respectives ; c'est leur souci de supprimer toutes les futures éventualités de conflit que pourrait provoquer un plus long statu quo dans la situation équivoque et mal définie de leurs régions frontières jusqu'ici tacitement neutres.

Mais au lieu de faire valoir leurs titres par la force, ces nations ont convenu, règle à peu près générale, de soumettre leurs droits respectifs de juridiction sur les terres litigieuses à la décision d'une tierce puissance, dont la sentence arbitrale est sans appel. C'est ainsi que se résolvent actuellement ou tendent à se résoudre les questions internationales de l'Amérique latine.

Comme la plupart de ses divisions politiques présentes reposent sur les juridictions administratives jadis établies par l'Espagne, c'est à leur ancienne métropole que les peuples hispano-américains ont généralement confié jusqu'ici le soin de décider de la valeur de leurs titres de possessions basés sur les anciennes lois des Indes et des cidules des rois d'Espagne, sauf les modifications apportées à ces titres antérieurs parles traités qui ont pu intervenir après l'indépendance ou du chef de l'occupation et des actes de souveraineté ultérieurement exercés par les colonies affranchies.

Les États-Unis de l'Amérique du Nord, en leur qualité d'aînée des Républiques américaines, et en raison du grand prestige et de la situation prépondérante qu'ils ont conquise dans le Nouveau-Monde, partagent avec l'Espagne le rôle d'arbitres ou de médiateurs dans les questions ou les conflits internationaux de l'Amérique latine.


PARALLÈLE DE LA CIVILISATION. 261

Actuellement, le gouvernement espagnol est institué arbitre dans trois questions de limites :

1° Entre Costa Rica et la Colombie ; 2° Entre la Colombie et le Venezuela ; 3° Entre l'Equateur et le Pérou.

Le président des États-Unis, M. Cleveland, vient dérégler, par son arbitrage, le différend de frontière entre le Nicaragua et le Costa Rica. C'est, on le sait, le gouvernement des ÉtatsUnis qui fut également l'arbitre dans la question de limites entre la République Argentine et le Chili. Enfin, la Bolivie, le Pérou et le Paraguay sont convenus mutuellement, par de récents traités, de soumettre la fixation de leur frontière, au cas où ils ne s'entendraient pas. à une sentence arbitrale.

En dehors de ces questions spéciales, l'arbitrage a été également, dans des cas nombreux, érigé en règle de solution des conflits suscités par des questions de citoyenneté, de violation de territoire, d'indemnités pour préjudices, embargos et capture de navires, etc.

La Colombie y a fait appel contre l'Italie, en demandant la médiation de l'Espagne dans le conflit de Buenaventura et le Venezuela l'invoque vainement aujourd'hui contre l'usurpation anglaise au Yuruari. Le Honduras et la Colombie ont un traité en vigueur pour en appeler en cas de différend à l'arbitrage des Etats-Unis. Ceux-ci avaient eux-mêmes avec le Mexique, en vertu de l'article 21 du traité de 1848, un pacte d'arbitrage de quarante ans, et ont été institués arbitres, dans plus de quinze cas, dans des différends concernant le Mexique, le Pérou, Costa Rica, l'Equateur, la Colombie, le Chili, le Paraguay, le Venezuela et le Brésil.

La République Argentine a fait appel à ce principe dans la question des Missions avec le Brésil et les cinq Républiques centres-américaines, dans leur traité d'alliance de 1887, ont inséré une clause d'arbitrage pour la solution de tous différends pouvant surgir entre elles. Enfin, le règlement des indemnités réclamées par des citoyens anglais, français, allemands et italiens, en dédommagement des préjudices à eux causés par les belligérants dans la guerre du Pacifique, a été résolu par les sentences de tribunaux mixtes d'arbitrage constitués à Santiago.

Toutes ces applications isolées qui témoignent de l'extension qu'a prise la doctrine pacificatrice de l'arbitrage en Amérique et constituent de nombreux précédents juridiques, seront bientôt couronnées par l'oeuvre collective de deux grands


262 B0IXETIN DE I-A. SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

Congrès américains. Nous voulons parler du Congrès juridique international sud-américain de Montevideo, provoqué par les Républiques Argentine et de l'Uruguay et qui doit s'ouvrir le 25 août, et du Congrès continental de Washington convoqué pour 1889.

Le premier de ces Congrès a pour but d'uniformiser par des traités la législation des nations de l'Amérique du Sud,"se rattachant au droit international privé et de créer une. règle commune pour la solution des conflits qui viendraient à surgir. Les Etats convoqués y ont presque tous adhéré.

D'autre part, les conférences de Washington, dont il a été parlé précédemment dans ces colonnes, ont en vue, en dehors d'une union douanière et monétaire. continentale, la consécration définitive du principe de l'arbitrage et l'établissement d'un Tribunal international permanent chargé de résoudre toutes les questions litigieuses qui s'élèveront entre les parties contractantes. ...

Ces deux Congrès, dont l'un vise à fonder sur une législation uniforme en matière de droit international privé les rapports harmoniques des Etats, et dont l'autre doit tixer la forme permanente et définitive de solution des différends, et conflits internationaux, vont faire avancer d'un grand pas, en l'unifiant,; l'oeuvre de pacification qui se poursuivait par l'initiative isolée de la plupart des peuples américains et proclamer la justice et le droit comme bases fondamentales et perpétuelles de la politique internationale du continent de Colomb.

Aujourd'hui l'Amérique.cherche à acclimater en Europe l'arbitrage, cette plante déjà robuste et vivace de son sol.

Ces efforts aboutiront-ils à de bien;grands.résultats sur une terre hérissée.de baïonnettes- et livrée plus que jamais au régime delà force ? Nous en doutons;

Toujours est-il que les Etats-Unis, tournant leur politique de paix vers le vieux monde, viennent de proposer, à l'Angleterre et à la France une convention, par laquelle tous les litiges et différends entre eux etces puissances seraient résolus par décision d'arbitre.

Une partie de la Chambre des communes d'Angleterre et un groupe de la Chambre des députés de France ont appuyé cette proposition par une motion favorable, mais c'est à la France que revient l'honneur d'avoir mis en pratique, la première en Europe, l'arbitrage consacré par traité, comme elle vient de le faire par l'adjonction d'une clause spéciale à cet effet dans- le traité d'amitié et de commerce dernièrement conclu avec l'Equateur. , .,■',."

La France a donné là un témoignage de la sincérité Javèc


PARALLÈLE DE LA CIVILISATION. 263

laquelle elle est disposée à comprendre et observer l'arbitrage, puisqu'elle accepte de le faire intervenir dans ses rapports avec une puissance faible. L'Angleterre est-elle aussi loyale lorsque, paraissant disposée à prendre en considération les avances des Etats-Unis, c'est-à-dire d'une nation forte, elle repousse obstinément, d'autre part, le recours.à l'arbitrage invoqué par le Venezuela, puissance faible, dans le conflit des Guyanes?

L.e gouvernement françaisparaitrait décidé à poursuivre l'initiative commencée avec. l'Equateur, en étendant cette première consécration de l'arbitrage entre elle et le nouveau monde aux autres Républiques sud-américaines. C'est ce que semble indiquer la mission d'études qui va être confiée dans ce sens à M. Thiessé, partisan et promoteur des plus en vue d'une politique franco-américaine dont la France commence à saisir toute la portée et les avantages.

Voilà donc l'arbitrage introduit, une première fois, dans un traité de puissance européenne à puissance américaine, et là politique de paix poursuivie par l'Amérique sur son sol, étendue en môme temps à ses relations avec les nations du vieux monde

Nous verrons jlisqu'à quel point les rapports internationaux entre les deux continents s'établiront sur la base de ce principe pacifique. Quant à la politique européenne, prise isolément, ce serait folie, malheureusement, de penser que le pied d'hostilité sur lequel elle repose puisse faire place, avant une longue période d'évolution, et d'apaisement, précédée peutêtre de conflagrations redoutables, à l'application dès principes de désarnement et d'arbitrage. :

Aussi, si l'on établit le parallèle entre; la politique continentale de l'Amérique et celle qui domine les rapports présents des puissances européennes entre elles, on peut en tirer des déductions d'une immense portée pour l'avenir des deux mondes civilisés.

D'un côté, c'est l'Amérique pacifique, cheminant allègrement, déchargée du poids des armes, livrée- au travail, développant sa population, accumulant la richesse,. attirant les bras et les capitaux pour une oeuvre de progrès de bien-être et d'humanité. . . : '; •

De l'autre, c'est l'Europe; guerrière, écrasée sous : le faix des armements formidables qu'elle se forge, livrée aux incertitudes et aux erreurs de la paix armée, dévorant son épargne, déséquilibrant ses budgets, chargeant ses populations d'une dette effrayante, faisant fuir vers les terres lointaines, par l'épouvante du lendemain, les bras et les capitaux qu'elle n absorbe pas pour son oeuvre de destruction et de ruine.

L'Amérique en paix écrasera l'Europe armée, de sa supé-


234 BULLETIN DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.

riorité économique, de sa prospérité inouïe, de ses forces productrices que n'énerve et n'épuise point l'état de guerre latent qui mine le vieux monde.

Le sombre avenir réservé à l'Europe armée, et le brillant destin de l'Amérique pacifiée, apporteront peut-être l'argument le plus terrible contre la guerre, en même temps que le plus éloquent plaidoyer en faveur de la paix.

On aura compris alors que l'avenir est le partage des nations qui se contentent modestement d'être ruches et que la ruine, attend celles qui, pour des gloires stériles, des haines sans nom ou des convoitises malsaines, transforment leurs peuples en armées et leur territoire en camps retranchés.

Louis GUILAINE.

NOUVELLES ET MÉLANGESCONGRÈS

MÉLANGESCONGRÈS DES ÀMÉRICANISTES.— La 7e session de ce Congrès a ouvert ses travaux à Berlin, le 3 octobre dernier. La Société Américaine de France s'était fait représenter par son président, M. Désiré Pector.

LONGÉVITÉ. — Les journaux du Brésil mentionnent un cas exceptionnel de longévité: Mme Emilia Gracindo dos Passos vient de mourir à Bahia, à l'âge de 164 ans. Elle était aveugle depuis dix ans.

PUBLICATIONS NOUVELLES. — La Société d'Ethnographie a mis en distribution un nouveau fascicule de ses Mémoires in-4°, comprenant l'Atlas et les Tables analytiques des Antilles de Lucien de Rosny.

HÔTEL DE LA SOCIÉTÉ D'ETHNOGRAPHIE.—Une nouvelle salle, fraîchement décorée et destinée aux séances du Conseil Central et à celles des Sociétés affiliées, vient d'être ouverte à l'Hôtel de l'Institution Ethnographique, 28, rue Mazarine, à Paris.

Clermont (Oise).— imprimerie Daix frères, place Si-André, n° 3. Maisoc spéciale pour journaux et revues.