LE CID,
ACTE PREMIER.
SCÈNE PREMIÈRE. LE COMTE, D. DIEGUE.
ELE COMTE. NFIN, vous l'emportez, et la faveur du roi Vous élève en un rang qui n'était dû qu'à moi, Il vous fait gouverneur du prince de Castille.
D. DIEGUE.
Cette marque d'honneur qu'iL met dans ma famille, Montre à tous qu'il est juste, et fait connaître assez Qu'il sait récompenser les 1 services passés.
LE COMTE.
Pourgrandsquesoient les rois, ils sont cequenous sommes? Ils peuvent se tromper comme les autres hommes, Et ce choix sert de preuve à tous les courtisans, Qu'ils savent mal payer les services présens.
D. DIEGUE.
Ne parlons plus d'un choix dont votre esprit s'irrite, La faveur l'a pu faire autant que le mérite; Mais on doit ce respect au pouvoir absolu, De n'examiner rien quand un roi l'a voulu. A l'honneur qu'il m'a fait, ajoutez-en un autre, 1 Joignons d'un sacré noeud ma maison à la vôtre : Vous n'avez qu'une Elle et moi je n'ai qu'un fils, Leur hymen nous peut rendre à jamais plus qu'amis , Faites-nous cette grâce et l'acceptez pour gendre.
LE COMTE.
A des partis plus hauts ce beau fds doit prétendre, Et le nouvel éclat de votre dignité Lui doit enfler le coeur d'une autre vanité. Exercez-la, monsieur, et gouvernez le prince ; Montrez-lui comme il faut régir une province , Faire trembler par-tout les peuples sous sa loi. Remplir les bons d'amour, et les médians d'effroi. Joignez à ces vertus celles d'un capitaine; Montrez-lui comme il faut s'endurcir à la peine, Dans le métier de Mars se rendre sans égal, ^-—
Passer les jours entiers et les nuits à cheval, S, ;■. -'.
Reposer tout armé, forcer une muraille, /.*>lv''' '
EL ne devoir qu'à soi" le gain d'une bataille. ij'Jjfr/ & Instruisez-le d'exemple, et rendez-le parfait ';..4,' j&4, Expliquant à ses yeux vos leçons par l'effet. {pï \ llël