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MARS 1837.
N° 9.
Un procès politique & l'Ile-Bourbon. — COLONIES FRANÇAISES. — Bourbon. — Acte d'accusation dans l'affaire des hommes de couleur de Vile Bourbon. — POÉSIES. — Le Pêcheur. — Passereaux éraigrans.— ESQUISSES DK MOEURS COLONIALES.—Le Mulâtre.
UN PROCÈS POLITIQUE A L'ILE BOURBON.
Depuis cinquante ans les colonies françaises ne se sont rendues célèbres que par de grandes iniquités judiciaires. Les colonies ne produisent plus que des procès ; procès politiques, procès sociaux, procès humanitaires ; les plus grands producteurs de cette | terre classique sont les procureurs généraux ; la marchandise la plus commune, c'est le j réquisitoire ; les plus grands travailleurs sont les geôliers et les bourreaux/ :'
Il n'y a pas de contrée sous le soleil, pas de terre qui'verdoie sous la zone tempérée, qui poudroie sous les tropiques, ou qui fume sous les rayons de l'équatcur, où le régime légal soit plus respecté ; où la majesté, la sainteté des lois soient invoquées avec plus de ferveur, où l'on parle avec plus de ten? dresse de la morale, delà vertu, de l'humanité, de la charité et de toutes les vertus divines et humaines. Il nese dit pas un mot, dans ce séjour de miséricorde et de paix, qui ne prenne à témoin la loi divine, la loi politique, la loi civile, la loi de famille.
On invoque la loi divine, l'Ancien et le Nouveau Testament pour démontrer aux esclaves que la volonté de Dieu est qu'ils soient vendus au marché ; on invoque les principes les plus purs de l'ordre politique pour démontrer à la population la plus nombreuse, là plus active, la plus intelligente, qu'elle doit vivre sous le joug d'un petit nombre de petits aristocrates; on invoque la loi civile, le respect dû à la propriété, à la foi des contrats pour maintenir l'agiotage sur l'espèce humaine,
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