22 CHAPITRE NEUVIÈME.
22 Et mon avis est que quand son courroux s'allume Autant que le méchant c'est le bon qu'il consume.
23 Au moins si le fléau dont il frappe à plaisir
Par un coup rude et prompt pouvait faire mourir. Non, que sur l'innocent la grêle des maux pleuve, Impassible et muet il rit de son épreuve.
24 II fait que le méchant porte ici-bas l'horreur Et du juge il remplit le jugement d'erreur. Aussi l'iniquité triomphe sur la terre
Et si ce n'est pas lui qui donc pourrait le faire ?
25 Or mes jours ont été plus vite qu'un courrier, Et le bonheur mon coeur n'a pu que l'envier.
26 Une barque de poste, un aigle au vol sauvage De mes rapides jours sont la fidèle image.
27 Si je dis ; j'oublierai ma plainte et mon courroux, Je me fortifierai contre de nouveaux coups,
28 Je suis épouvanté des tourments que j'endure,
De tout mon corps souffrant je sens la meurtrissure, Tune me tiendras pas, je sais, pour innocent
29 Et mon juge dira de moi : c'est un méchant. Pourquoi travaillerai-je en vain? dans l'eau de neige
30 Si je me lave au mont que la tempête assiége Si je trempe mes mains dans cette pureté
31 Par toi dans un fossé je suis précipité
Et je suis en horreur à mes vêtements même.
32 Car je suis homme moi mais non l'Etre Suprême Pour que je lui réponde et que pareillement Nous allions tous les deux ensemble en jugement.