J'ai conduit le cheval à travers les marais, Dit-il; l'automne avec les feuilles des forêts Avait jonché la route et comblé les fontaines; Les durs sabots craquaient sur les coques de faînes Et je tenais la bride en marchant près de lui, Et je ne voyais plus les arbres dans la nuit, Et la route était longue à travers le bois noir ; Je tremblais d'être entré par les portes du soir Et j'errais, anxieux du gîte et de l'issue, Mais peu à peu j'ai vu blanchir mes deux mains nues Et le cheval ailé peu à peu devint clair Comme si se faisait l'aurore dans sa chair; La source jaillissait sous son sabot divin; Son envergure éblouissait tout le matin, Prodigieuse avec la forme d'une lyre. Une clarté sortait de lui comme un sourire Et, toute la forêt sachant que c'etait lui, Les antres refermaient leurs gueules sur la Nuit.