206 A-PROPOS ET POÉSIES DIVERSES
L'Odéon, cette fois, va surgir du tombeau ! Les soirs aventureux et bruyants vont renaître A la voix de Ligier, de Frédérick Lemaître. George, Anaïs, Lockroy, Bocage et Beauvallet Vont relever l'honneur du nom qu'on ravalait. C'est ici qu'on verra, dignes des temps antiques, Les Classiques lutter contre les Romantiques. Quelle mêlée alors!... — Mais si les fiers lutteurs Qu'on admire à présent, debout sur les hauteurs, N'ont pas goûté chez nous la victoire et ses charmes, Ils ont chez nous, du moins, fait leurs premières armes.
Victor Hugo d'abord. On a trop oublié Que son grand souvenir est au nôtre lié. Savez-vous, cher public, que c'est nous qui jouâmes Jadis Amy Robsart, le premier de ses drames, Écrit à dix-huit ans, quand s'essayait encor Cet aiglon qui bientôt devait prendre l'essor? Cette soirée unique ajoute à notre gloire; Mais la postérité n'en garde pas mémoire, Elle voit seulement l'aigle, loin de son nid, Donnant cet orgueilleux coup d'aile : Hernani, Ainsi, dans les lueurs de la nuit qui s'achève, L'étoile disparait quand le soleil se lève.
Après Hugo, Dumas au bon sourire ami, Dont le public railla la Christine à demi. Comme Dumas, Balzac est sifflé ; mais qu'importe Une pièce de plus ou de moins, à qui porte