CHAPITRE V
QUELQUES JEUX EN VOGUE AUTREFOIS, AUJOURD'HUI
Divers sens du mot jeu. Les peuples civilisés se font des emprunts réciproques. Principaux jeux pratiqués en France du seizième au vingtième siècle. Jeux spéciaux à certaines provinces. La Bassette au dix-septième siècle : M"" de la Sablière abandonnée pour elle par la Fare. — Biribi. — Cavagnole. — L'inventeur du jeu d'échecs; partie providentielle; partie de Ximénès contre luimême. Quatrain de Junot à la reine Hortense. Lamennais joueur d'échecs. Echiquiers vivants. — Le Quinze. — Le Reversis et M"* de Sévigné. — Le Boston. Le Pharaon et Candide. — Blûcher au Salon des Etrangers en 1814 : mot de Louis XVIII. — Le Quadrille honni par le P. du Cerceau. — Le ballet du jeu de Piquet. — Trictrac et politique.
Le mot jeu s'entend de bien des façons : jeux d'esprit ou jeux de société, jeux des enfants, jeux d'adresse et de force que nous appelons les sports athlétiques, jeux ou paris de courses, jeux de Bourse, enfin les jeux de dés, échecs, cartes, les seuls dont il soit question dans cette étude, et dont je me garderai bien de présenter un commentaire détaillé, même en me restreignant aux seuls jeux français. Il convient d'ailleurs de remarquer que plusieurs eurent ou gardent une vogue mondiale, que les peuples civilisés se font ici des emprunts réciproques, que d'autre part beaucoup de jeux n'ont pas dépassé les frontières du pays d'origine, qu'il existe des ressemblances frappantes entre certains jeux de nations très éloignées les unes des autres, ressemblances dues à la nature des choses ou à la nature humaine. Tous les peuples enfin reconnaissent en cette matière une première et capitale distinction : les jeux où le hasard aveugle est à peu près seul maître, ceux où la science, le talent» entrent, à des degrés divers, en ligne de compte.