458 Guy Rosolato
Ainsi les découvertes initiales de Freud concernant l'inconscient, le processus primaire et leurs rapports avec les représentations, l'usage original qu'il a inauguré du langage et de la parole s'avèrent dans leur développement même.
On peut maintenant envisager les rapports entre l'inconscient et le préconscient-conscient en fonction de deux systèmes nécessairement intriqués ayant chacun deux versants : l'un oppose l'analogique au digital (le sémiotique au langage verbal), l'autre oppose la métonymie à la métaphore. Les analyses tiennent compte dès lors de quatre pôles combinatoires — métaphore digitale (MD), métonymie digitale (mD), métaphore analogique (MA) et métonymie analogique (mA) — qui forment un quadrilatère comportant entre eux six relations.
LA DYNAMIQUE DE LA PAROLE ANALYTIQUE
A- La cohérence métonymique, l'ellipse et le déplacement
La parole engagée dans la relation transférentielle a une force progressive qui est celle même de la chaîne signifiante propulsée dans sa cohérence métonymique propre à l'activité de pensée, mais en outre chargée d'une quête portant sur les mécanismes psychiques les plus intimes révélés par la libre association et dont les résultats sont supputés à l'avance.
1 / Il en résulte une mise en mémoire de tout ce qui peut se dire dans le cadre de l'analyse, et ceci dans une visée de prospection ultérieure et toujours en cours. Ces acquis mémoriels faits de signifiants sont en attente d'une continuelle réorganisation pour évoluer vers un autre sens ou un plus de sens ou, au contraire, pour apparaître moins assurés ou énigmatiques.
Ainsi doit-on concevoir les deux potentialités de l'inconscient présentes en toute pensée, en toute parole, l'une, négative, comme fuite, déperdition de sens, et l'autre, positive, comme découverte d'un sens refoulé, que fait advenir la parole 1.
2 / A partir de cette chaîne en croissance vont rapidement apparaître certaines constantes qui renforcent la cohérence métonymique. Et la référence au passé, le rappel des souvenirs « suggèrent » un déterminisme, l'état présent résultant et s'expliquant par l'état ancien, avec les traumatismes subis, par exemple, si fréquemment invoqués. Mais la composition des souvenirs qui part incontestablement de faits réels, accomplis (à moins qu'ils ne soient eux-mêmes le fruit
1. Cf. mon texte « La double potentialité de l'inconscient », dans Psychanalyse à l'Université, 1990, n° 59, p. 3-12.