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Notice complète:

Titre : Bulletin de la Société des beaux-arts de Caen

Auteur : Société des beaux-arts (Caen). Auteur du texte

Éditeur : A. Hardel (Caen)

Date d'édition : 1897

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb327243331

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb327243331/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 5473

Description : 1897

Description : 1897 (VOL10)-1903.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Basse-Normandie

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54425702

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-125560

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 03/01/2011

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TABLE DES MATIÈRES

Annéu 1895-1890

I.IVl'l" I'KS Ml.MIIkl:> l)i: I.A Soi'II.TK .">

I.ivn: m.-- soi IKTIS foi:i;i->i'iiM).\NTi:s 17

l'i'.i MII'KI: I'AKHI:. — 1 *i-ot-i"--i-\ ■• i-l >:i 11 x .V- -i-aiiccs de l'aniuV 1N9.V189I!. -1

A|>|n-iiilii-'' aux ])i'iH'r--vi'i' liaiix : l'nif.Tiiminrs des cnn.-.'i-is. . . 10

Di'.rxii'Mi: IWKTIK.>î..■ 11<>]» 11<«11 Il.dlniii!]. Xi'tire 1 >io<jrnjilLi.juc. par M. Y. l'.'-njcri'. ]uv<idrnt lionnianv de la Suri.''],': drs

li.Niux-Ail- I.'i

I.<■■ >iH>I- ("uiinHv du l'aie. Nutii.v liiu^Tai>Uii|ur, [iar M. A. * 1:1 — 11'-.

|n-i''sidi'iil liolinranv dr la Si i-irté drs Hcaux-Ail- "i!J

l.uiiis Dhillli't, Ni.piii-i' liin^i-a|iliii|iii', pai' M. Cliar!.'- I,au niiT,

iri'-iciriiM-di- la Snririé dc^ lîraux-Arts 7,'î

MiMtiiiv du Mu-.-.' de Cai'ii, par M. I'.Tiialid Knu'Tand. 111»■ 111111-■

de la Soi-i.'.|i'. d.-~ !!i'au\-Ai-i~ ~7



TABLE DES MATIÈRES

Année 1S07-J 808

l'a--s.

1'I;KMIKKI: I'AIIIM:. — Prueè--vei-ljaii.\ île- M'-;UKV< ili' l'auji.'-c 1^97-1898. 1Ô3

.V[i[»'ii.lii.->' aux proee--vorkiu.\ : Programme:- des concert*. . . 179

I >KL XIs-jMi: l'AK'ni:. — Francis de Biéville et ses compositions musi--

ealev par M. .1. Carie/. 18Ô

Le peintre et a piarelli-ie Septinie I.e Pippre : sa vie, son

ouvre, par M. Ca-ion Lavallev 195



TABLE DES MATrÈRES

Années 1 807 - I 898- 1 89 9- 1 900

l'r.KMii m: l'AUi in. -- l'rocr^-vril.aiix iVs >"anr>'s il.- l'anin''.' |N97-1.S>'. -97

Pro.','-;.\,':'l,;iiix *i■ --^ SIMIIOC^ d" l'aimée ]S9^- (s93 318

r:'(..'.'^-\,'['i,.ni.\ des -l'iiii.'.'s il" l'iinii.'i' is:/j-i9un :;iu

A|']'i'ii'li"i' tuix i':'Oi:''--\>'rl'aux : l'iv" raiiini"- i]"-. i/nHiTii- uniUi"-

"ii is:i>-isii'j ut l'M'i ;:ii!j

lli l'Ml.MF. l'Aii'i'ii-:. — Th. I.I'"::UHI. ]'"ili!i" i'awi";~!" ;>"p

Cniii'iin: ■- '!" inn>:i"V.Aiti'.iail,'.:! d.-. i-."-.-. ini [n.'ii>.--. . . . H9I

M.'ii'i'!n'< ii.-i-i-''^ "v.>i'un MiuiH'.'i'1'ii i"ui' au XVH" s;i"l" . . . :;[G La 'l'Ir-li"!! ■_ 1. —. l'ullivrli. -- lîaj.p.TI il" lil ("i!liln:--:ilI1 j■!-■'- — • -j.T■

par M. ]'ri'rn]iain a!<9

lin'i'inli" du inii~"" il'Avraii.'h.--.laïuil.iiiii" ù"s I a M.i 111 \.

il">-:n- "1 -l'iiliiliiix-s il'''ti'nil- 119

Nul" -m- les talili'iiux. ,']i|iia;vHr-, il""in~ "t li:h"" r;i [ Ti : < ■ -^ cm:-, s

au inn-ii''!.' * ■ I « » C.ai'ii, ui'i'ius h' moi» d'août ]H9!l. j. ; i r il. J.

KaM'lirl ' ■!.'Ci



TABLE DES MATIÈRES

Années 1900-1901-1902

I1 âges.

PREMIÈRE PARTIE. — Procès-verbaux des séances de l'année 1900-1901. 453-479

Procés-verbaux des séances de l'année 1901-1902 480-508

Appendice aux prooés-verbaux. — Programmes des concerts donnés en 1901 et 1902 :

Festival Augusta-Holmés, 23 mars 1901 509

Festivals Gabriel Dupont, 15 et 16 février 1902 512


B [J L L E T1 N

I)K I..V

SOCIÉTÉ DES BEAUX-ARTS

DE CAEN





LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

MM. ADKIXS (Ernest ), banquier, rue aux Juii's-SaintJulion.

Juii's-SaintJulion. (Ilippolvte), banquier, rue de Geôle, 26. AMIFL, professeur au conservatoire de musique,

rue Saint-Pierre, 71. ArviiAY, architecte, rue Daniel-IIuet. BAI.I.F.Y (abbé), curé d'Allemagne. BARAUDFT, notaire honoraire, rue des CordesSaint—(

CordesSaint—( 17. BARBKY, ingénieur <\e^ ponts et chaussées, quai

Vendeuvre, tft. BAIMIFR, architecte, avenue de Bagatelle. BF.AIMOUH (Sophronvme), notaire honoraire, rue

des Chanoines, 10. BFAIRF.I'AIRF. (E. DK Roitn.i.Aiii) ni-:), ancien magistrat, rue Bosnières, 27>. BFAIIVAIS (lîls), entrepreneur, l'iie St-.Iean, 221. BFI.COUR (René), directeur d'assurances, rue

Jean-Romain, 2\). BFI.I.ENCONTRI:, juge d'instruction, place de la

République, lô.


— (•) —

MM. BKNKT, archiviste du département, rue des Pctites-Carrières-Saint-Julien, 9.

BKXKT, capitaine de remonte, rue de Baveux, YM.

BÉHKXOKH (le comte ni:), propriétaire, rue des Carmes, 7 his.

BKSXIKH, avoué honoraire, rue Grusse.

BKTIIMOXT, directeur de la Banque de France, rue Saint-Louis.

BiftviLi.K ( Francis ni-:), propriétaire, rue de l'FgliseSaint-.Iulien, 7.

BIKVILLK (Victor DK), propriétaire, place de la Mare-Saint-.lulien, 3.

BIGOT, professeur à la Faculté àc^ sciences, rue de Geôle, 10.

BLOUKT, propriétaire, boulevard du Théâtre.

BONXAVKXTURI:, facteur de pianos, rue de l'Oratoire, 7.

BOXXICOKNT (abbé), vii-aire de Saint-Pierre, Caen.

BOTTKT, agréé, rue Pasteur, 8.

BorniKii (M ), rue Bosnicres.

BOIKT, négociant, rue Saint-Pierre, ôl.

Boru<;i:ox, pasteur protestant, rue Bosnières, 00.

BorHMoxT (comte ni:), archiviste paléographe, rue Las-Cases, 21, Paris.

BRKHISSOX (Hcné DK), au château des Forges, par Longny (Orne).

BHOCIIAHD, avoué, rue Guillaume-le-Conquérant, 1.

BKUXKT, libraire, rue Feuvère, 50.

Biit/xiiT, statuaire, Maltot (Calvados).


MM. BL'CIIXKR, professeur à la Faculté des lettres, rue Bicoquet, 52. BURIÎS (Emile), négociant, quai Vcudcuvre, 38. Cunrcux, ancien chef de dépôt des chemins de 1er

de l'Ouest, rue d'Auge, 46. CAMÉXA I/AI.MHÏDA, professeur à la Faculté des lettres, quai Vendcuvre, ">6.

(.'AHiiONxn'.i! (M ), propriétaire, rue Bicoquet, 11.

CAKITÏ:, étudiant, rue Bicoquet.

(,'ARI.EZ (Jules), directeur du conservatoire de

musique, rue de Strasbourg, 10. CARXKVIU.K (comte m;), propriétaire, rue SaintLouis, 1(>.

CARRI: (M ), propriétaire, rue Segrais, 11.

CASIXI, sculpteur statuaire, rue du Costil-SaintJulien,

Costil-SaintJulien, CASSKT, rue des Croisiers, [).

C.U'UKR, professeur de musique, rue des Jacobins, 1. CAZIX, vérilicateur des douanes, rue Fremen1ol,(>. CHAULES, propriétaire, rue des Chanoines, 42. CIIKDOT, avocat, place Saint-Sauveur, 22. CIIEVRLL, maître de conférences à la Faculté des

sciences, rue du Tour-de-Terre, 4. COLAS (Charles), négociant, impasse de Than. COLAS (Jules), négociant, rue (luilbert, ô. COMMUNS (m:), directeur d'assurances, rue des

Chanoines, G. CORRY (Miss), professeur d'anglais, rue des Jacobins, 34.


— S —

MM. CouTiaii. (M"" I,. ni;), professeur nu conservatoire,

place de la République, 10. COIRTY (M""'), propriétaire, rue de Baveux, 03. CUXE, propriétaire, rue des Cordclicrs, 3. DAXJOX, professeur à la Faculté de droit, place du

Château. DANZAS, avocat, rue aux Xamps, 11. DAKHOI'U, représentant de commerce, rue Laplace, 1. DAI"XIESMI,, ancien magistrat, rue de l'Oratoire, 31. DMCAIVII.I.K-I.ACIIKXKI:, conservateur adjoint de la

bibliothèque municipale, rue de (leùle, ,">3. PEI.ACOIHTIE, caissier de la Banque de France.

rue Saint-Louis. DKI.AFOSSE, rue de la. Marine, 0. DEI.AKBHK, propriétaire, château de Manneville

(Calvados). DEI.ESOIKS, imprimeur, rue Froide, -1.

DEMOGÉ (M ), négociant, rue Saint-.lean, 8G.

1)OI;HI.I:T (M 11, ), propriétaire, rue Pasteur, 20. DRoiEi(Paul), propriétaire, rue.Iean-Homain,23.

Daouix (M ). gare de l'Ouest.

Dnsouiu;, propriétaire, rue du Bourg-l'Abbé, 11. DTHTT, inspecteur d'académie, rue de BretagneBourg-l'Abbé.

BretagneBourg-l'Abbé. notaire, place Saint-Sauveur, 8. DreoxT, professeur au conservatoire de musique,

rue Fcuvère, 17. DtVAi,, professeur d'anglais, rue Caponière, 181. FNOKKAXO ( Fernand ). rue des Carmélites. 21.


- <) —

MM. EXGERAXD (Louis), étudiant, rue des Jacobins, 18. EXOLK, propriétaire, rue du Havre, 7. ERROT (M"1"), propriétaire, rue Guilbert. FJDES-DESLOXGCHAMI'S (M ), propriétaire, rue de

Geôle, 28. FARRE, place du Marché-au-Bois. FAYEL-DESLOXGRAIS, docteur-médecin, boulevard

du Théàlrc, 2. ELANÇAIS, propriétaire, boulevard du Théâtre. FORMKJXY DE LA LOXDE (A. DE), propriétaire, rue

des Carmes, 33 bis. FRAROII.ET (M""'), propriétaire, place St-Sauveur. ERÉMOXT, propriétaire, rue des Carmes, 28. GAALOX (Jacques DE), sculpteur statuaire, rue de

Geôle, 77. GALLOIS, rue Bicoquet, 78. GAXD (DE), propriétaire, impasse Bagatelle. GASTÉ, professeur à la Faculté des Lettres, rue

Jean-Homain, 10. GEXTY (Tony), avocat, avenue de Coursculles. Ginox, docteur-médecin, rue Saint-Pierre, 118. GILLES (comte DE), propriétaire, château de Curcv. GossELix^ propriétaire, rue Saint-Louis, 10. GUILRERT, ancien banquier, rue du Pré, 38,

Rouen. GUIXAT, notaire, place Saint-Sauveur, 20. HAMEAUX (A. DES), propriétaire, rue des Jacobins, 37. HAMELIX, négociant, place Saint-Sauveur. HAMOX, docteur-médecin, rue des Chanoines, 17.


— 10 —

MM. IIAMUKIM (Prince), propriétaire, château de Manet'be (Calvados).

IIKDOI'IX, avocat, rue liasse, 74.

IIKIÎOII.T (abbé), aumônier de Saint-Joseph, rue des Rosiers.

III\TTII:H, directeur d'assurances, rue Cuilbert.

IIOITMAXX, conseiller à la Cour, rue des Chanoines, 1.*}.

IIiAiii), architecte, rue de l'Odoiij 2.

IIiKT (abbé), aumônier des Petites Sieurs des Pauvres, boulevard Leroy.

Hri;r, professeur à la Faculté des sciences, rue ( 1russe.

.lAnji'iiut (Charles), sculpteur statuaire, rue SaintJean, 220.

JA(\HIKI! (Francis), sculpteur, rue Desmoueux.

JAMKS, représentant de commerce, place HeineMalhilde.

JAIJIOT, propriétaire, rue de l'ranville, 100.

JOI.Y(II.), avocat, rue de Hayeux, .")(>.

KAIÎIÎKX, professeur de musique, rue de Mexico (Maisons-Lallitte).

I.AMorriiKUK, commandant d'infanterie, Ilérouville-Saint-Clair.

I,A(;oii:i.i.i:, éleveur, place des Petites-Boucheries.

I.AIIAVI:, aident d'all'aires, rue Saint-Manvieux, 12FAIIAVI-:

12FAIIAVI-: !, ^rellier au tribunal de coinmerce. rue de l'Académie.

I.Aiit, notaire honoraire, rue Sadi-Carnot, 1.


— 11 —

MM. LAISXÉ DES IIAYES, professeur à la l'acuité de droit, rue des Cordeliers, 3.

LANDRY, avocat, conseiller général, place SaintSauveur, 1(3.

LAUI'KRAY, notaire, rue Kcuvère, 41.

LAUMOXIER (Charles), propriétaire, rue Segrais, 8.

LAURENT, directeur d'assurances, rue des Chanoines, 23.

LAYALI.EY, conservateur de la hihliothèque municipale, rue Mallilàtre, 10.

LK BOUTKIU.ER, notaire, rue de l'Odon, 10.

LERRET, professeur k la Faculté de droit, rue Saint-Martin, (38.

LECAYELIER (Alfred), proi)riétairc, rue BasseSaint-Cilles, ôl.

LKCIIESNE,chirurgien dentiste,rueSadi-Carnot, 13.

LE 1)ART(M ), propriétaire, rue Melingue, 3.

LE DUC, sculpteur statuaire, château d'Asnières (Calvados).

LEEKYRE, négociant, houlevart Saint-Pierre, 83.

LEEORT, avoué honoraire, rue Kcuvère, 4«r>.

LEOENTII., professeur, rue de l'Kglisc-Saint.1 ulien,.">.

LEOOST, avocat, rue île l'Académie, 1.

LE .IAMTEI., pro[)riétaire, niaircàTilly-sur Seullcs.

LE MAIKTRK-])ESJAR]>INS-MOXTRRUX, propriétaire, rue Jean-Honiain, 31.

LE, MAÎTRE (Arthur), directeur d'assurances, rue de Bernièrcs, 11.

LEI'EI.LETIER, avocat, place de la République, 21.


— 12 —

MM. LE PERRIKR (M"" Alice), artisle peintre, rue SaintJcan.

LEQUEUX, avoué, ruc.Ican-Marot.

LE ROY, bijoutier, rue du Pont-Saint-Jacques.

LESAUXIEH, éleveur, rue de Baveux, 1-16.

LETELLIER, docteur-médecin, rue de Baveux, IL

LETIIRRIDGE (Frank), vice-consul britannique, place dambetta.

LEVAJ.OIS, avoué, rue Saint-Martin, 33.

LEYARD ((lu.slave), propriétaire, rue des Jacobin.?, 21.

LEVASSOKT, propriétaire, rue des Cbanoincs, 21.

LiAÏS (dustave), propriétaire, rue de Strasbourg, 11.

LIÉGARD (Robert'), avocat, place Saint-Sauveur, 20.

I.IOT, propriétaire, rue de Baveux, 1(>2.

LOXGIEMARE (Paul DE'), avocat, place SaintSauveur, 19.

LIMIÉHE (Henri), avoué honoraire, place SaintSauveur, 20.

MABII.I.EAI-, professeur à la Faculté des lettres, rue Pasteur, 18.

MAGDELAIM:, propriétaire, rue de l'Arquette, 71.

MAGROX (Henri), secrétaire îles hospices, rue Xeuve-Saint-Jcan, 11.

MANCHON (abbé), rue des (.'armes.

MANCHON (Fdouard), agent d'affaires, place de la République, 23.

MAXCIIOX (F.), conseiller à lu Cour, place de la République, 23.

MAN< ixr, professeur demusique, rueSt-Jean, 158.


— 13 —

MM. MAHLSCAL, rédacteur au Ministère de l'Intérieur,

avenue Kléber, 22, Paris. MAUSV (le comte DL), directeur de la Société française d'archéologie, à Coiupiègne (Oise). M.UUK, architecte, rue de l'iMiganncrie, 1. MAUYK (Arthur), professeur de musique, rue

Picoquet, 110. MASSIF, libraire, rue Saint-Pierre, 111. MASSONII:, directeur des contributions indirectes,

rue de l'( )d<>n, 13. MAI mi T, pharmacien, rue Guillaume-le-Gonquérant,

Guillaume-le-Gonquérant, MKIONAN, avoué, rue des Croisiers, 7. MLLIXOIK (Gaston), artiste peintre, rue Levert,

21, Paris. MLXLOOZ, conservateur du musée de peinture, rue

de 1 {aveux, 20. MKZAI/.K, propriétaire, rue Guillaume-le-Conquérant,

Guillaume-le-Conquérant, Moi'itAs, conseiller honoraire de préfecture, rue

de Geôle, ôô. MoiiAxn (M"'"), propriétaire, rue Saint-.lean, 27. Moi-riMiij docteur-médecin, rue Jean-lîomain, G. MrTI:L, propriétaire, rue Saint-Martin, 88. MITIX, facteur d'orgues, rue de Cauniont. NKYKKNKI.'K, professeur à la Faculté des sciences.

rue Saint-Martin, 82. NICOLAS, arehitectedépartemental,ruedeGeôle,33.

OSMONT(M ), propriétaire, rue des.Jacobins, 23///*•

< )SSI-:VILI.K (comte ]>"), propriétaire* rue Singer, 18.


__ 11 _.

MM. PAi(is(Eiii:ène),ai''entd'affaires, rue St-Martin, .">•'. PASTKAI', conducteur des ponts et chaussées, rue

des Carmélites, if). Pi;i,i.i:Tii:n (Gustave), courtier maritime, rue de

l'Oratoire, 2A. Pia.i'Ki, (Cliarles), avocat, rue Saint-(îabriel, .">. PKIÎCIN (i)i:), avoué, rue Saint-Martin. Pi:iiiii"i', propriétaire, boulevart Saint-Pierre, 19. PKUIÎOTTI:, notaire, rue (uiillaume-le-Conquérant,

(uiillaume-le-Conquérant, pKsciiAitn, docteur «m droit, rue de Payeux, .">(). Pi:si iiAi;i)ii:i(K (Albert I>K I.A), propriétaire, rue

Manissier. Pi:si HAiiDiKiii-: (l'rbain ni: I.A), propriétaire, rue

Segrais, <). Pi:ru:vi:v, employé d'architecte, rue de l'Arquette. PK/KKII., avoué honoraire, rucEcuvérc, 1'.). Pu îiAiu), receveur municipal, rue des Cannéliles. PIOIS (Charles), rue de Strasbourg, 7. PI.ANOI I'.ITI:, négociant, rue Guillaume-lc-Conquérant,

Guillaume-lc-Conquérant, PI.KSSIS, direclenr d'assurances, rue des Carmélites, M, Posi I:I,, propriétaire, à Versun ((,'alvados). Pmvii.i.oN, éiudiaiit, place Saint-Sauveur. f>. PitKMi'AiN, avocat, rue dv^ Cordeliers, 12. <Ori:i!i!ii:Hi; (M"" ), propriétaire, rue du Ponl-Sainl.ïaeques,

Ponl-Sainl.ïaeques, (xbi:i;i KI.J.K, négociant, rue de l'Anpietle. 7. KA\J:M:I., propriétaire, rue dr< Carmélites. IN.


— 1.") —

RKXAII.T, professeur au lycée,rue de Rranville, 20. Ri;xÉ(lils), négociant, rue Saint-Pierre, 04. RKTOI T, propriétaire, rue Neuve-Saint-Jcan, lô. RÉVÉUOXI (M""), propriétaire, rue (luilbert, 32. RoHKHDifcHK (M"" DK I.A), propriétaire, rue SainteAnne, 0. Roi:ssi:u)T, professeur demusique, rue Scgrais, 10. RorssY, banquier, rue de Geôle, 20. SAINT-GKHMAIN (DM), doyen de la Faculté des

sciences, rue Saint-Louis, 22. SAMSON, secrétaire général de la mairie, mairie

de Cacn. SAIXKY ( ni. ) , prolcsseur de musique , rue

Scgrais, 9. Si:iiiiii:, directeur de la Société générale, boulevard du Théâtre. SKU.IKH (M""'), professeur, rue des Croisiers, 0.

SIMON (M ), propriétaire, place Saint-Sauveur, 15.

Si ZANNK, juge de paix, rue des Jacobins.

TAIIJ.Y (Louis ni:), directeur d'assurances, rue

Flie-de-Reaumont. 'I'AI.AI'CIIKI!, négociant, route de Falaise. TAI/VO-RKUO(;XI (M"" t, professeur de musique, à

Carpiquet. TAHDIK, étudiant, place Saint-Sauveur, H. TAUDY, dessinateur, rue Diismouciix (maison

Jacquier). TMSXII'.IÎI'; (Paul), avocat, rue Jean-Marot, 1. TKSXIKHK ( Victor ) , propriétaire, rue JeanRomain, 11.


._ If, _

MM. TKSSIKK, professeur la Faculté des lettres, rue Caponiére, 11. TIIIHIN (Kenô,), artiste peintre, rue Caponiére, 17. Tut KL, pharmacien, rue Saint-.lean, lli. ToiTAiN(Paul), notaire honoraire, rue de (leôle. TOITAIN, rue Fcuvère, 1. TiiAVKits (Emile), archiviste paléographe, rue" d jChanoines,

jChanoines, TKINITK (M"1"), propriétaire. VAI.IN, iniprinieur, rue au Canu.

VArnoiii'o (M ), propriétaire, La Folie prés Caen.

YKKKI. ( Maurice), négociant, rue de- Cannes, ',\2. YKZAUD ( Hené), étudiant, rue Hicoquel, (Ï2. YIKILLAIÎD (M"'"), propriétaire, rue de Ceole, M. YIONIOKOIL, négociant, à.lort (Calvados). ViNKv,coniinandaut du génie, boulevard St-Pierre. Vu.\( , propriétaire, place Saint-Martin, '22. \VIAKT(M""), boulevard Saint-Pierre. YVILIUKN, propriétaire, rue des Chanoines, l.">. Voi'K, représentant de commerce, rue Laplace, 18. ZiKNKowrrz, directeur de l'usine à gaz, rue du Marais.


LISTE DES CORPS SAVANTS un

CORRESPONDENT AVEC LA SOCIÉTÉ

PARIS.

Ministère de l'Instruction publique et des BeauJ:-Arts : Comité des Sociétés de Beaux-Arts.

Comité des Travaux historiques et (\c> Sociétés savantes.

DÉPARTEMENTS.

ALr. — Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Bellcs-L étires.

Aleneon. — Société historique et archéologique de TOriie.

Aiv/crs. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts.

Amas. — Académie des Sciences, Lettres et Arts.

Bai/euj 1. — Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres.

Beaucais. — Société académique de l'Oise.

Besançon.— Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts.

Blois. — Société des Sciences et Lettres de Loir-etCher.

■4


— IN —

Bordeaux. —• Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts.

Brest. — Société académique.

Caen. — Académie des Sciences, Arts et BellesLettres.

Cdinhrcuj. — Société d'Emulation.

Chambèry. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Savoie.

Cor/tances. — Société académique du Cotentin.

Dijon. — Académie des Sciences, Arts et BellesLettres.

Douai. — Société centrale d'Agriculture, Sciences et Arts.

Dunloerquc. — Société Dunkerquoi.se pour l'encouragement des Sciences, des Lettres et des Arts.

Erreur', — Société des Amis des Arts.

— Société libre d'Agriculture, Sciences, Ans

et Belles-Lettres de l'Eure. (ircnohle. — Académie Delphinale.

— Société de Statistique de l'Isère.

Le Ilacrc. — Société havraise d'Etudes diverses.

Le Mans, — Société d'Agriculture, Sciences et Arts.

Lille. — Société des Sciences, de l'Agriculture et des

Arts. Lini(if/es. — Société d'Agriculture, Sciences et Arts. Lisieti.r. — Société d'Emulation. Lons-le-Saulnier. — Société d'Emulation du Jura. Lyon. —• Académie des Sciences, Belles-Lettres et

Arts. Marseille. — Académie des Sciences, Lettres et Arts,


— 15) -

Moulins. — Société d'Emulation do l'Allier.

Nancy. — Académie de Stanislas.

Nantes. — Société académique de la Loirc-Inlericurc.

Nîmes. — Académie de Nîmes.

Niort. — Société de Statistique des Deux-Sèvres.

Orléans. — Société d'Agriculture, Sciences, BellesLettres et Arts.

Pau. — Société des Sciences, Lettres et Arts.

Poitiers. — Société d'Agriculture, Belles-Lettres, Sciences et Arts.

Reims. — Académie des Sciences, Arts et BellesLettres.

Bennes. — Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine.

Rouen. — Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts.

Saint-Lo. — Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle.

Toulouse. — Académie des Sciences, Inscriptions cl Belles-Lettres.

Vire. — Société viroise d'Emulation.

BELGIQUE.

Brujeelles, — Académie Royale des Beaux-Arts.

ESPAGNE.

Madrid. — Real Acadcinia de Bellas Artes de San Fernando.


XI

PORTUGAL.

Lisbonne. — Association Royale des Architectes civils et des Archéologues portugais.

SUISSE.

Neuchdtel. — Bulletin de la Société neuchàteloisc de Géographie.


PREMIÈRE PARTIE

PROCÈS-VERBAUX DES SÉANCES

SÉANCE DU VENDREDI 8 NOVEMBRE 1895

PHKSIDKXCI: DE M. A. (TAS'I'K, Piu:sini:xT

La séance est ouverte à 8 heures.

I.e procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

Au nom du Conseil d'administration, le secrétaire lit le rapport suivant sur les comptes de l'exercice 1891-95.

RECETTES

Recettes sur l'exercice précédent depuis

l'arrêté de comptes du .30 octobre 1891 . . . 328 fr. 65

228 cotisations et 33 diplômes 2.376 15

Subvention du Conseil général 400

Intérêts du billet Bellamy 280

Excédent de* retraits du compte courant 200

Avance de Tonds par la banque

Bellamy 24

TOTAI 3.008 fr. 80


DEPENSES.

Sur l'exercice précédent 9;? IV. 1.")

Excédent de dépense des concerts . . . 1.170 35 Impression et illustration du bulletin . 000

Société française de (Iravure 52

La Normandie artistique 128 -10

Acquisition de la bibliothèque 151

Note de M. Delesqucs, convocations. . 110

Traitement et frais de M. Maehpv . . . 173

Traitement et frais de M. Hourrienne . 170 l.">

Liais d'administration 53 05

TOTAI 3.030 fr. 10

BALANCE

Recettes 3.008 IV. 80

Dépenses 3.030 10

ExrF.DKNT \)V TUTI'.TTKS. . 572 IV. 70

sur lequel 280 IV., représentant les intérêts du dépôt fait

à la Manque Hellamy, oui été reversés au compte courant de ladite Manque.

SITUATION

Dépôt à la banque Dellamv 7.000 1V.

Compte courant à ladite banque . . . . 1.170 05

Encaisse du Trésorier 302 70

TOTAL DE L'ACTIF . 8.482 fr. 35


— 23 —

En excédent de 02 fr. 10 sur la précédente situation, qui ne présentait qu'un actif de 8.420 fr. 25.

PERSONNEL

La Société comptait 208 membres au 1" novembre 1891. Sur ces 208 membres, 17 ont cessé d'en faire partie ; mais 30 membres nouveaux ont été admis durant l'année, ce qui porte le nombre des Sociétaires à 227.

A l'unanimité, les comptes de l'exercice 1801-05 sont adoptés, et l'assemblée vole des remercîments à son Trésorier.

Le Secrétaire soumet à rassemblée le projet de budget suivant pour l'exercice 1805-00.

RECETTES

227 cotisations ^>.270 fr.

Subvention du Conseil général .... 100 Intérêts des fonds placés à la banque

Hellamv 280

TOTAI 2.050 fr.

DÉPENSES

Impressions 1.000

Achats de livres 400

A reporter. . . 1.400 fr.


•).l

Report 1.100 IV.

Abonnements : à la (lacette des lieuu rArts, à Y Art, à I'. Artiste, à Y Art pour tous,, an Journul des Artistes, à la Revue des

Deua;-Mondes 210

Abonnement à la Société IVaneai.se de

Gravure 00

Reliure 100

Eclairage et ('bailliage ~S>

Traitement de M. Machpv 1Ô0

Traitement du concierge 1TÔ

Frais généranx et dépenses diverses . 810

ToiAi ^.OÔO IV.

A l'unanimité, le projet de budget de lKOÔ-% est adopté.

.Sur la proposition île M. Decaiiville-I.achènée, bibliothécaire, un crédit de f>0 IV. lui est ouvert pour l'achat de partitions à la liquidation d'un marchand de musique de la ville.

M. 1*'. Kngerand lit une notice sur les deux tableaux de Van der Meulen, placés au Musée de Caen et représentant des épisodes du passage du Rhin. Il explique comment, dans l'un de ces tableaux, la ligure de Louis XIV a été substituée à celle de Condé, et établit que ces deux toiles sont des esquisses, très soignées et destinées au roi, des modèles exécutés par Van der Meulen pour la manufacture des (lobelins.

M. (lasté. Président, lit une notice sur un tableau du musée de Vire, et prouve que cette toile n'est autre


<pfune dos Iniis bacchanales peintes par Poussin pour le duc de Montmorency. Il explique comment ce tableau a iini par arriver à Vire, et lermine en donnant des détails sur le musée de celte ville, qui tend à devenir un des plus importants du département. La séance est levée à 9 heures 1 2.

Le SecrèUdi'c,

Robert LIKOAUD.


SÉANCE DU VENDREDI 13 DÉCEMBRE 1895

Piïi':sini:xcK DE M. A. CASTE, PRKSIDKXT

La séance est ouverte à <S heures.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président rappelle à la Société les dispositions de la circulaire ministérielle relative au congrès des Sociétés des Beaux-Arts en 18%.

L'ordre du jour appelle le renouvellement des membres du bureau pour Tannée 18(X>-18%.

Sont élus : Président, M. A. (lasté; Vice-Présidents, MM. Laniilois et Lumière;

Secrétaire, M. fl. Levard ; Vice-Secrétaires, MM. Ed. Manchon et Prcnipain;

Trésorier, M. Launionier.

Bibliothécaire, M. Decauville-Lachénée ; Bibliothécaire adjoint, M. Mairron ;

Membres du Conseil d'administration pour trois ans, MM. Carie/, Jaquol et Mabilleau.

M * l'HAïuu.'i.iiT, propriétaire à Cacn, et SIMON, propriétaire à Caen ; MM. Porvu.i.oN, étudiant, PCYISAHnv.W, négociant, et TARDIF, étudiant, sont admis au nombre des membres de la Société.

M. Gasté achève la lecture de la notice sur le


— 27 —

Musée de Vire, qu'il avait commencée dans la précédente séance, et termine rémunération des tableaux qui figurent dans ce musée.

La séance est levée à 9 heures 1/2.

Le Secrétaire,

Robert LiÉ(i.\i?n.


SEANCE DU VENDREDI 10 JANVIER 1896

PRÉSIDENCE DE M. CASTE, PRÉSIDENT

La séance est ouverte à 8 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

L'assemblée décide que, conformément à ce qui s'est l'ail jusqu'ici, deux médailles seront oll'ertes à la ville de Caen pour récompenser deux lauréats des cours de dessin et de musique des Keoles municipales, à la distribution L\O^ prix qui aura lieu le 12 janvier courant.

M. Travers donne lecture d'une notice de M. de Marcv, concernant plusieurs tableaux du Musée de Caen. et tendant à rectifier (\r< attributions qu'il croit erronées.

M. Haveuel, après avoir l'ait remarquer (pie rien, à Caen, n'est consacré au souvenir de Melingue, artiste dramatique ci sculpteur, né dans notre ville en 1808, demande à l'assemblée de décider qu'un buste sera érigé à cet artiste sous le patronage et par les soins de la Société dc^ lîeaux-Arts.

Après échange d'observations entre M. le Pré • sident et divers membres de la Société, l'assemblée décide que la proposition de M. Ravenel sera mise à l'étude, et que le buste de Melingue pourra faire le


2'J

sujet du prochain concours de sculpture à organiser par la Société des Reaux-Arts.

M. Ravenel ajoute qu'il serait à désirer que le nom de Mclingue lut donné à une rue de Caen. L'idée qu'il soumet à l'assemblée n'est, dit-il, que la reproduction d'un voeu exprimé par M. Henri Lumière, au cours d'une étude sur le théâtre de Caen, publiée récemment par notre honorable Vice-Président.

M. Decauville réclame la même faveur pour Michel Lasne, graveur et dessinateur, né à Caen en ir>9(>.

Ces Messieurs demandent en outre qu'à l'entrée des rues portant le nom d'un personnage illustre soient placées des plaques commémoratives relatant, outre le nom, les dates de la naissance et de la mort des personnages dont on veut perpétuer le souvenir.

Ces voeux seront transmis à qui de droit.

L'assemblé décide encore qu'une notice concernant M. Ilellouin, artiste peintre, qui fut conservateur du Musée de peinture .et de sculpture de Caen, sera rédigée pour être insérée au bulletin de la Société.

M. CAZIX, vérificateur des douanes, demeurant à Caen, rue Frémentel, n° G, et M. CHÏODOT, avocat, demeurant à Caen, place Saint-Sauveur, ir 22, sont admis au nombre des membres de la Société.

La séance est levée à 9 heures 1 2.

Le Secrétaire,

G. Li;v.vnn.


SÉANCE DU VENDREDI 14 FÉVRIER 1896

Prti-:sir>i'NCK I>K M. LUMIÈRE, Vu K-PKKSIDIINT

La séance est ouvcrle à 8 heures.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté.

M. le Président fait connaître à rassemblée les noms des lauréats auxquels ont été décernées les deux médailles offertes par la Société des Beaux-Arts à la ville de Caen pour récompenser un élève dv^ Kcolesde dessin et un élève du Conservatoire national de musique. Ce sont : pour la classe de dessin, M. Frcsnay, élève du cours de dessin d'après la bosse, et, pour lesclasses du Conservatoire, M"' Péret, élève du cours de piano.

M. Ravenel, reprenant à nouveau la question de savoir qui l'auteur du portrait, que Ton croyait autrefois être celui de M"" de Parabère, a voulu représenter, expose les raisons qui lui l'ont croire que ce portrait

pourrait bien être celui de M Fontcnay, la femme du

peintre de Heurs et la lillc de Monnoyer, également célèbre peintre de Heurs. Il pense (pie le tableau est entier de la main de Fontcnay , et rejette toute attribution à Coypel, en ce qui concerne la ligure. La même opinion aurait, dit-il, été partagée par le peintre Léon Coignet, au cours d'une visite que ce dernier lit au Musée de Caen en compagnie de M. Bavenel. Coignet, sans se


— 31 —

prononcer sur une attribution quelconque, no pensait pas non plus que la ligure fût de Coypel.

MM. Antoine DES HAMEAUX, demeurant à Caen, rue des Jacobins, n°37 ; Charles PELPEL, avocat, demeurant à Caen, rue Saint-Gabriel, n° 5 ; René VEZAHD, étudiant, demeurant à Caen, rue Bicoquet, 62; Gustave PELLETIER, courtier maritime, demeurant à Caen, rue de l'Oratoire, n° 23 ; PL.VXQUETTE négociant, demeurant à Caen, rue Guillaume-lc-Conquérant, n° 41, et BESNIER, avoué honoraire, demeurant à Caen, rue Grusse, sont admis au nombre des membres de la Société.

La séance est levée à 9 heures 12.

Le Secrétaire,

G. LlïVAUL).


SÉANCE DU VENDREDI 13 MARS 1696

P]!KSIJJI:N< i: nr: M. (1ASTL, PKKSIDKN r

La séance est ouverle à 8 heures.

Le procès-verbal île la préeédenle séance est lu et adopté.

.Ni. le Président donne lecture de notes envoyées par M. Fernand Engerand, et destinées à compléter son travail sur Tournières. Mlles sont relatives notamment au portrait de magistrat au Musée de Caen, dont elles tendent à établir l'identification avec un autre portrait de Tournières, du Musée de Versailles. A ces notes s'ajoute une copie des pièces de procédure et du jugement de divorce de Tournières et de sa femme.

Diverses observations sont présentées par M. Travers sur le costume du magistrat représenté dans ledit portrait, et par M. Pavenel sur une gravure d'Audran qui dill'ère d'un autre portrait peint aussi par Tournières, en ce qu'elle représente un homme plus âgé.

M. le Président donne ensuite lecture de trois autographes de Robert Lel'èvre, dont l'assemblée décide l'impression dans le bulletin de la Société, eu égard à l'intérêt (pie présentent ces pièces.

M. le Président informe rassemblée que les Assises scientifiques et lilléraires se tiendront à Koiien,


;w

le 15 juin prochain. Ceux qui voudraient y assister devront se faire inscrire à Rouen.

MM. BETHMONT, directeur de la succursale de la Banque de France ; WILBIEN, 15, rue des Chanoines ; HOFFMANN, conseiller à la Cour, 13, rue Sainte-Anne, et NEYRENEUF, professeur à la Faculté des Sciences, 82, rue Saint-Martin, sont admis au nombre des membres de la Société.

La séance est levée à 9 heures 1/2.

Le Secrétaire,

G. LEVARD.


SEANCE DU VENDREDI 8 MAI 1896

lMtKSIDKNCK 1)K M. (iASTK, IMîKSinKNT

La séance est ouverte à 8 heures.

Le procès-verbal do la dernière séance est lu et adopté.

A l'occasion d'unarticle de M. H. lîerenson sur le Pérugin, paru dans la Gazette des Beaar-Arts (n" du l,r avril 18(.M)), M. 'J'ravers l'ail observerque l'attribution au Spaijna du Mariage de la Vierge, du Musée de Caen, ne doit pas être prise en considération. L'auteur de l'article a été inlluencé parla grande analogie qui existe entre la manière des deux maîtres, notamment dans les fonds de paysages qui, de part et d'autre, sont évidemment inspirés des miniature- des manuscrits. Le mariage de la Vierge du musée de Caeu provient de l'église de Pérouse, et, à moins de preuves contraires absolument irréfutables, il doit conserver son attribution au Pérugin.

L'assemblée décide de souscrire une somme de 00 IV. pour contribuer à l'érection d'un monument funèbre sur la tombe de M. Corbel.

lue demande de souscription au monument à élever à Taris à la mémoire de Pasteur est rejelée.

Il en est de même d'une demande de souscription en faveur de la Société populaire tics l.kaux-Arts.


X)

M. Fernand Engerand donne lecture d'un très intéressant mémoire sur la formation du musée de tableaux de la Aille de Caen.

M. le Président Caste, à propos d'un article intitulé- : l'OEuvre de Corot et le paysage moderne, de M. André Michel, publié par la Reçue des DeuxMondes dans le numéro du 15 février 18%, présente quelques observations concernant Valenciennes et Berlin, son élève, l'un et l'autre peintres de paysages.

Corot, dans ses ouvrages, s'est complètement écartédcsprincipcs que lui avait enseignés son maître, élève lui-même et continuateur de Valenciennes, et il s'est surtout appliqué à prendre la nature sur le vif. Valenciennes, au contraire, répudiait la reproduction de la nature insignifiante et inanimée,et partageait le jour en -1 parties, à chacune desquelles correspondait un choix de sujets « propres à embellir le paysage et le faire parler à l'a me par une action sentimentale » ; et, dans son 'Traité des « Eléments de perspccticc pratique à l'usage des artistes, suivis de réflexions et conseils sur le ijenre du paysage », il donne même une sorte de nomenclature des sujets qui pouvaient être traités.

La séance est levée à i) heures 1, 2.

Le Secrétaire,

C. LKVAisn.


SEANCE DU VENDREDI 12 JUIN 1896 PiiKsini-xrii DK M. PAYENLL

La séance est ouverte à 8 heures.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

M. le Président Gasté, empêché de se rendre à la réunion, s'excuse par lettre.

Le Secrétaire donne lecture de la circulaire adressée par M. le Directeur des Peaux-Arts à M. le Président de la Société à la date du 31 niai 1890. Celte circulaire contient les instructions relatives à la 21- session des Sociétés des Peaux-Arts des départements, qui s'ouvrira à l'Ecole des Peaux-Arts, rue Bonaparte, le 20 avril 1897.

M. Ravencl fait observer qu'on a commis une erreur en choisissant, pour lot de la tombola à tirer le 10 juillet 187C), une aquarelle de Koerner, intitulée « Coup de canon » ; que cette aquarelle a été achetée par la Société à la dernière exposition pour être offerte à la ville de Caen ; que, si la ville n'en a pas encore pris possession, elle lui appartient néanmoins, et que, dès lors, il y a lieu de procéder à un nouveau choix, ce que le Conseil d'administration est invité à faire dans sa prochaine réunion. L'observation de M. Pavenel est prise en considération.


— 37 —

Il est ensuite procédé au tirage do la lettre par laquelle devra commencer le numérotage des noms des membres de la Société pour l'attribution des billets de la tombola. Le sort désigne la lettre F.

M. ELAGUAIS, propriétaire, demeurant à Caen, boulevard du Théâtre, n° 8, est admis comme membre de la Société.

M. Eernand Engerand termine la lecture de son travail sur le musée de Caen. Il ajoute qu'en considération des éminents services rendus par M. Elouis, comme Conservateur du Musée de Caen, la ville ferait oeuvre de justice en donnant le nom d'Elouis à Tune des salles du Musée. En conséquence, il demande à l'assemblée de bien vouloir s'associer à son voeu, et, dans le cas de l'affirmative, de prendre les mesures nécessaires pour que ce desideratum soit porté à la connaissance de qui de droit.

L'assemblée, consultée, est en tout point de l'avis de M. Engerand, et prie M. le Président de faire le nécessaire pour la réalisation de ce voeu.

La séance est levée h \) heures \/2.

Le Secrétaire,

G. LKVAnn.


SÉANCE DU VENDREDI 10 JUILLET 1896

PlîKSIDHXCF ])]•', M. GASTF, PliKSIDKNT

La séance est ouverte à 8 heures.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté.

Il est ensuite procédé' au lira ire de la tombola.

Le tableau de M. Lescllicr, « La Forge», est attribué au n" 113, appartenant à M. Piehard.

La coupe en porcelaine décorée de M. Gautier est attribuée au ir 'A2A, appartenant à M. F. Travers.

Le tirage de la tombola donne naissance àdiverses observations, présentées par plusieurs membres de l'assemblée. Ou trouve, en général, que les membres qui n'assistent jamais aux réunions de la Société et ne prennent aucune part à ses travaux, ne devraient pas jouir des mêmes avantages que ceux qui sont assidus à ces réunions, et que la tombola devrait être réservée, d'une manière absolue, aux membres actifs; que, d'ailleurs, la faculté d'assister aux concerts de la Société, et le droit aux publications qu'elle fait paraître chaque année sont des avantages qui répondent très amplement au paiment de la modeste cotisation r 'clamée aux membres delà Société.

M. Magron propose donc de n'admettre au bénéfice de la tombola que ceux quiauront assisté au moins


;w

à une séance dans l'année. M. Liégard complète l'idée émise parM. Magron, en demandant que les membres de la Société reçoivent un nombre de numéros de tombola égal au nombre des séances auxquelles ils auront assisté.

("es deux propositions, combattues par plusieurs des membres présents, ne sont pas mises aux voix. — Mais l'assemblée, à l'unanimité, est d'accord pour réserver la question des modifications à apporter dans le système d'organisation et de tirage de la tombola adopté jusqu'à présent, sauf à mettre cette question à l'ordre du jourdel'une despremièresséancesderentrée.

La séance est levée à 9 heures 12.

Le Secrétaire,

Cf. Ll'.VARl).


APPENDICE AUX PROCÈS-VERBAUX

Programmes des Concepts

Donnés iliins la salle 'les fè/es de /'/rite/ île ville

I Le samedi 35 janvier 1896, à 8 heures 18 du soir

AVKC l.V. CONl (UP.S 1IK

M"- MANGIN et J OU VET i.r ni:

MM. SANTAR.V. VKRROUST, DUPONT, m SAITKY, AMI KL ROGUK, HISSOX. RoUSSKLOT père cl fils

l'URMIKRK l'AKTIK

f. Qiintuor 'menue/* pour piano, orjjtie, violons cl

violoncelles L. ALBERT.

M 11' JOIJVET, MM. DUPONT, DU SAUCF.Y, AMIEL, IÎOGUE, Risso.N, HOUSSELOT père et lils.

2. Ilerceuse pour violon ('.. DUPONT.

M. A MIEL.

3. Air de Psyché A. THOMAS.

M 110 MANGIN, des concerts Lamourcux.

4. Fantaisie pour llùte ALTÈS.

M. VERROUST, 1" prix du Conservatoire.

5. Aria, unisson de violons et violoncelles FUr.n.


— Il -

0. Air des Pécheurs de parles I'.IZRT.

M. SANTAUA.

T. Allegro vivaee de la Si/mp/ionie-Canlate MiîxnEf.ssoux.

Pour piano, orgue cl instruments à cordes.

I> E i: X i È M E PARTIE

1. Sééénade pour piano, orgue cl instruments à cordes SAIXT-SAEXS. ■X. Vous êtes si jolie TAGLIAFICO.

M. SAXTAHA.

•t. Barcaralle, duo RECCIIEU..

MM. VERKOUSÏ et ne SAUCEV.

i A. Pour mon liien-Aimé i ., .,

4. „, , Mar. MAXGIX.

( B. Chauson, valse (

M"c MAXGIX.

5. Le_C\igne SAIXT-SAEXS.

Unisson de violons et violoncelles.

fi. Duo du Roi de Lnkore MASSEXET.

M 110 MAXGIX, M. SAXTAIU.

I.c piano il'm-r'Oinpoipieiiiont tenu par .V* de Corteuil et M. A. Dupont

II

Le samedi 14 mars 1896, à 8 heures 1 S du soir

AVKC LK CdXcoCliS DE

M'»" SANTARA-L.EONNETTI, Soprano du Théâtre de C.aen

M. SANTARA, Baryton, du Théâtre de Caen

M" KFFIE DOUGLAS PUTNAM et M. GABHIEL VERDALLE

de l'Opéra. Harpistes

M. HAYOT, Violoniste, professeur au Conservatoire de Paris

M. HEROUARD

Violoncelliste, 1" prix du Conservatoire de Paris

Et d'Artistes et Amateurs de la. ville

J.'nivlioshv sous la diivctioil de M. ROUSSELOT

PREMIERE PARTIE

I. Les misi/ues CAIU.O PEDROTTE.

(Orchestre.) i. Adagio et valse lente (}. VEitnALLE.

M. Gabriel Vi:nr>AU.i:.


— 12 —

\ A. Berceuse SIMON.

(H. Menuet VALEXTIX.

M. HÉROUARD.

i. Au clair de la lune MICIIIELS.

.M. SANTAHA,

.;. Fcin/a«s*e,appassio:inata VIEUXTEMPS.

M. HAYOT.

('.. La perle du Brésil FÉLICIEN DAVID.

Mmc SANTAHA.

| A, Hors, Mignonne G. VERDALLE.

( B. Caprice espagnol I'ESSARD.

M"° Eflio DOUGLAS PuiNAMCt M. G. VERDALLE. 8. Caoalleriavuslicaiia,utlermc7.7.Q,orc\\eslreclorgac. MASCAGNI. Orgue, M. Dupont.

QUÊTE POUR LES PAUVRES

DEUXIÈME PARTIE

1. Argonnaisedu Ciil MASSENET.

(Orchestre.)

2. Aubade 0. VERDALLE.

M. G. Verdallp.

:i. C'est rous ! TAGLIAEICO.

M. SANTAHA.

( A. Chant du soir SOUUMANN.

( B. Danse des K'[es POPPEII.

M. HÉROUARD.

'.'>. Andante (Ier trio Fmilp PESSAIW.

Violon, violoncelle pt harpe. — MM. HAYOT. HÉROUABD et VERDALLE.

il. \ir Etienne Marcel SAINT-SAENS.

Mme SANTAHA.

\ A. Berceuse HAYOT.

(B. Danse espagnole SAHASATE.

M. HAYOT.

8. Duo de Mignon A. THOMAS.

M. Pt M""" SANTAHA.

\ A. En chemin VUUUSTA HOLMES.

( B. Valse caprice lîvoui. PIGNO.

MiieEflie. DOUGLAS PUTNAM PI M. VERDALLE.

10. Czardas MIC.HIEI.S.

(Orchestre.)

/.c piano d'iiiritniprt(ini'in".nl tenu pur M"' de Corfuil, MM. Dm-lin. chef d'on-hestre du Théâtre, et Dupont

■— iwaenra,^


DEUXIÈME PARTIE

MÉMOIRES ET DOCUMENTS DIVERS

XÉNOPHON HELLOUIN

Peintre Conservateur du Musée de Caen

NOTICE BIOGRAPHIQUE

par

V. TESNIÈRE

Président honoraire do la Société dos Beniix-Arts

Quand un artiste disparaît du milieu où il a parcouru une longue et laborieuse carrière, c'est un devoir et une satisfaction pour ses amis de ne pas laisser sombrer dans l'indifférence et l'oubli le souvenir de sa personnalité et de ses travaux.

N'est-ce point à nous, bientôt les derniers survivants de la génération dont il est issu, qu'il appartient de recueillir et de mettre en lumière les faits et les renseignements intéressant sa vie? N'est-ce point à


— 11 —

l'ancien condisciple de réclamer dans les annales de' la Société une place pour en perpétuer la mémoire ?

Il nous a semblé qu'il était d'une sage et respectueuse discrétion d'attendre, pour remplir ce devoir, qu'un certain temps se fût écoulé depuis qu'il nous a quittés, pour permettre à l'impartialité de s'exercer librement.

Ilellouin Louis-Xénophon est né à Aunay-surOdon, le 20 février 1820, d'une ancienne famille normande d'une honorabilité traditionnelle.

Son père, médecin en même temps qu'agriculteur, avait été récompensé à divers concours pour ses inventions ingénieuses de machines agricoles; pendant de longues années, il fut maire d'Aunav, le pays en a conserve'' le souvenir.

Son grand-père et son oncle étaient juges de paix, le premier du canton d'Aunav, le second de celui de Saint-Sever: ces attaches n'étaient pas faites pour le pousser vers une autre carrière que celle des études médicales ou juridiques; mais le jeune Xénophon, qui résumait en sa personne les espérances de toute la famille, se sentait entraîné vers une autre voie, et ne cherchait que les moyens d'y entrer, même contre le voeu de ses parents.

Il fut envoyé à Caen pour terminer ses études au collège; c'est là qu'ont commencé pour nous les bonnes et amicales relations que la mort seule a pu rompre.

Le collège lut assez vile négligé, il faut l'avouer, pour l'école municipale de dessin, dirigée par un élève de (Irns, par (luillard, qui, nourri de l'enseignement


— -15 —

puissant du peintre d'Aboukir, de Jaffa et d'Eylau, en transmettait vaillamment les traditions aux élèves qui suivaient ses leçons. Ilellouin fut l'un des plus ardents au travail ; bientôt Guillard l'accueillit dans son atelier plutôt comme ami que comme élève, s'attacbant à lui faciliter l'accès rapide d'une carrière où il entrait tardivemant, à l'âge où déjà tant de jeunes ont donné des preuves d'une virtuosité précoce.

Son père, sur les instances du maître, avait enfin consenti à l'envoyer à Paris ; il ne put y rester que quelques mois et revint malade à Aunay. Mais il reprit bientôt la palette ; et, pressé de prouver aux siens qu'il pouvait déjà quelque chose, il présenta une toile assez importante (Gibier, nature morte) au Salon de 1847 ; elle fut admise. Ce premier pas heureusement franchi le conduisit à aller compléter ses études dans le grand centre et à y chercher pour ainsi dire l'investiture artistique.

C'était l'époque où le Romantisme échevelé avait envahi le temple de l'art classique, et menaçait d'en ébranler les fondements ; mais les saines doctrines s'étaient réfugiées à l'abri des écoles issues de celle de David, et étaient défendues par une pléiade de jeunes maîtres, aussi ardents et convaincus que leurs adversaires paraissaient l'être eux-mêmes. Ilippolytc 1/landrin avait, dès cette époque, conquis une place brillante dans cette sélection illustre : n'était-il pas l'élève préféré d'Ingres ?

Ilellouin eut la bonne fortune d'entrer à son atelier, et d'y puiser des conseils et des exemples qui eurent


— lu —

MIT .son avenir la plus salutaire influence. Tout le temps dont il pouvait disposer était employé à copier au Louvre, à peindre des petites toiles, le plus souvent des paysages ou des natures mortes, qu'il réussissait heureusement, et dont le placement assuré lui était fort utile pour combler les lacunes d'un budget difficile quelquefois à équilibrer.

Pendant ce séjour à Paris, il exposa aux Salons de 1818, de 18-19 et 1850.

La révolution -ie 1818 et les événements qui la suivirent avaient exercé une influence désastreuse sur le monde des arts ; les yeux toujours tournés du côté de la patrie normande, il avait espéré y trouver une situation plus calme et plus sûre; et,quand des travaux de peinture religieuse lui furent proposés, il saisit cette occasion de se fixer à Vire, la petite mais originale cité aux solides et sombres constructions de granit, au beffroi crénelé, encore pleine de souvenirs de ses poètes, de ses savants et de ses artistes, si pittoresquenient située qu'elle semblait une retraite propre à en inspirer encore. C'est là qu'il connut (îuernier, Legrain, Couraye-Duparc, Fédérique, qui devinrent des amis : appui bien précieux dans la petite ville où manquent trop souvent les juges éclairés et bienveillants épris des mômes goûts, avec lesquels l'échange familier des idées est un encouragement à l'effort de chaque jour. Les succès de M. Couraye-Duparc dans le fusain ne lui suggérèrent-ils point les tentatives heureuses qu'il fit dans ce genre. 1, et qui parfois touchèrent de près à l'habileté du maître '. Il en eut, du reste, plusieurs d'admis au Salon.


Aussi travaillait-il avec l'ardeur que donnent l'espoir et le besoin du succès.

11 lit bon nombre de portraits, dont quelques-uns ont mérité d'être remarqués; il produisit beaucoup de petites toiles restées éparses dans la région ; quelquesunes ligurent au musée de la ville, fondé depuis et dirigé par«M. Fédérique, à l'obligeance duquel nous devons les renseignements qui les concernent.

lia première, sans date ni signature, est contemporaine des premiers ouvrages qu'il exécuta à son arrivée à Vire:

Un grand-duc est perché sur les branches d'un gros arbre. (Légué au musée par le l)r Buot-Lalande.)

2" Un paysage normand, effet de matin, daté de 18Ô1 et portant au dos : A mon ami Buot-Lalande. Décembre 18">3; — un léger brouillard couvre encorda terre et semble près de disparaître. Ce paysage de petite dimension lui valut une médaille d'argent au concours d'Avranches ; c'est l'un des mieux réussis qu'il ait peints.

Les cinq tableaux qui suivent proviennent du legs du Dr Barbanchon.

Le plus ancien porte la date de 18Ô0: c'est une nature morte, gibier de toute espèce. Ce tableau iigura au concours d'Avranches en 1851.

Le second, un oiseau mort et des lruits.

Le troisième, daté de 185Ô, de mêmes dimensions.

Le quatrième, exposé au Salon de 18ÔÔ sous le il" 1330, bien peint, représente des poissons.


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Le cinquième, une nature morte: un faisan est jeté au pied d'un arbre.

Ces ouvrages,où la verve delajeuncsse et l'adresse que donne l'habitude du métier le disputaient à la correction du dessin, n'étaient que l'appoint de travaux plus importants qu'il exécuta pour diverses églises de l'arrondissement de Vire, parmi lesquels il faut citer la décoration de l'église de Combray et celle de la chapelle de la Vierge dans l'église de Neuville, où il peignit les quatre Évangélistcs ; c'est l'oeuvre capitale entre celles qu'il a laissées dans celte région. Le style rappelle la manière d'IIippolytc Flandrin : c'est assez en l'aire l'éloge, c'est déjà beaucoup de savoir s'identifier aux inspirations d'un pareil maître.

En 18Ô2, il se maria,et l'accroissement rapide de sa famille allait lui imposer des devoirs impérieux, plus difficiles à remplir : il est permis de penser que ce l'ut l'un <\e^ motifs qui le décidèrent à quitter Vire en 18ÔK. 11 avait été nommé professeur de dessin au collège de liernay. Nous ne savons que peu de chose de ce qu'il put faire en dehors de ses fonctions, si ce n'est qu'il exposa, au Salon de l<Xf>t un paysage, Les landes blanches (forêt de Fontainebleau), et lit quelques portraits dans celte ville; mais nous savons aussi qu'il connut là un archéologue distingué, M. LeinélaycrMasselin, <|iii faisait exécuter des fouilles dans la région, aVec M. de Sauley,qui s'occupait également de recherches historiques. Ilcllouin devint le dessinateur obligé de ces fouilles et des objets qu'elles mettaient au jour.


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Ces relations, qui lui étaient aussi utiles que sym'phatiques,le rappelèrent à Pari s,où il vint s'installer avec toute sa famille en 18G2. Là, il connut Gérôme et s'inspira de ses conseils, travaillant avec ardeur ses expositions; c'est à ce moment qu'il fut chargé par M. de Saulcy de faire les dessins d'un ouvrage qu'il venait d'écrire sur les campagnes de César dans les Gaules; il s'en acquitta de manière à satisfaire son inspirateur. Ce livre empruntait une certaine actualité à celui de l'empereur Napoléon III sur la vie de César.

Des copies lui furent commandées par l'administration des Beaux-Arts; c'étaient: La mise au tombeau, d'après le Titien ;

La Vierge aux donataires, de Van Dyck;

Un portrait de l'empereur Napoléon III, par \Vi nierai ter.

Ces copies, habilement exécutées, furent bien accueillies.

Il avait continué d'exposer aux différents Salons, des ouvrages dont quelques-uns furent acquis par l'Etat ; ce furent:

Au Salon de 1860, un Faune chasseur ;

A celui de 18G8, un paysage des bords de l'Orne;

En 18G9, son tableau de Gaels chassant, donné au musée de Chateauroux.

Son envoi au Salon de 1870 fut l'un des plus importants qu'il eût encore faits et le plus intéressant par le sujet: l'une de ses toiles était un paysage, souvenir de la Gorge aux Loups (forêt de Fontainebleau); l'autre, une scène d'archéologie préhistorique,


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exposée sous, le titre de repas funèbre de Gaulois aux bords de la Seine.

Les études intéressant ectte période avaient pris à celte époque une importance considérable, et provoqué la création par l'Ktat, au château de Saint-Germain, d'un musée destiné à recevoir les documents, armes et objets de toute nature qui pouvaient être recueillis : le tableau d'IIellouin devait y trouver sa place; il fut acheté par l'Ktat. Ce fut la veille de ReischofFcn que ce succès, le dernier qu'il put espérer sous ce règne qui allait finir, lui fut notifié ; la guerre était déclarée ; l'effondrement était proche, aussi bien pour lui que pour les fils héroïques de ces Gaulois dont il avait peint le festin funèbre.

La maladie venait s'abattre implacable sur son foyer: sa femme et l'un de ses fils étaient mortellement frappés. Avec le reste de la famille, ils se réfugièrent à Aunay; lui-même, gravement atteint, dut attendre une convalescence précaire pour aller les rejoindre ; il arriva assez tôt pour assister à leurs derniers moments.

Ces cruelles péripéties le retinrent à Aunay jusqu'à la lin de la guerre ; il ne le quitta que pour aller au Havre, où il espérait tenter de nouveau la fortune.

Il n'y resta que peu de temps.

Il envoya à l'exposition organisée par la Société' des Beaux-Arts en 187M trois tuiles, que l'on put considérer comme l'avanl-garde de son retour à Caen ; elles figurent au catalogue sous les \v- 18,"), 18(> et 187; ce dernier, sous le titre de villégiature antique, était une


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petite esquisse d'une jolie couleur et franchement [teinte : cet ensemble fut récompensé par une médaille d'argent.

L'année suivante, il s'installait à Caen, travaillant avec ardeur, donnant des leçons, tout prêt à profiter des vides qui se trouvaient à combler dans renseignement privé.

Bien accueilli dans quelques institutions et dans les familles, les aptitudes spéciales et le désir manifesté par un certain nombre d'élèves do former une réunion, lui suggérèrent l'idée d'ouvrir un atelier pour les jeunes filles.

Le résultat dépassa bientôt ses espérances,et [trouva une fois de plus qu'en fait d'art, notre ville ollrait à cotte époque des ressources et un entraînement qu'il eût été heureux de continuer.

L'année 18?.") fut encore féconde [tour les arts : la ville, sous le patronnage do la Société, ouvrit, à l'occasion du concours régional, une exposition qui, par son importance, offrit à Ilellouin une heureuse occasion de s'atlirmer devant le public caennais par une oeuvre touchant à la littérature. Son goût pour les animaux lui avait appris à admirer La Fontaine, et lui inspira l'idée d'emprunter au grand conteur l'un de ses apologues les plus fins, Démocrite et les Abdéritains, liv.vm, fable 26 :

« Hippocrate arriva dans le temps

« Que celui qu'on disait n'avoir raison ni sens

« Cherchait dans l'homme et dans la liète


« <v>uel siè^e a la raison, soit le rieur, soit la tète. « Sous uM ombrage épais, assis près d'un ruisseau, « Les labyrinthes ilu cerveau « L'oceiijiaionl.

Il donna la mesure de ee que pouvait être l'éducation classique, dont il avait conservé l'empreinte, en traitant ce sujet dans un style qui, aujourd'hui que tout est à l'impressionnisme, paraîtrait quelque peu démodé. Cependant, les qualités sérieuses de composition, de dessin qui v hrillaienl ne lurent pas pour déplaire à un jury composé de MM. de <'henuevières, Delaunay, Lafenestre et Toulmoiiche.

Lue médaille de vermeil,qu'on disait bien méritée, lui l'ut décernée. In portrait, un paysage, une étude de lète de vieillard complétaient cette exposition.

La mort de (iuillard, arrivée le 1() février 1880, laissait vacante la place de conservateur du musée et de professeur à l'Ecole municipale de dessin: mieux que personne, Ilellouin était en mesure de continuer les traditions de son premier maître; le professorat privé qu'il exerçait dans la ville prouvait qu'il savait les pratiquer. La municipalité fut donc bien inspirée en présentant son nom pour recueillir la succession de celui qui avait présidé à la réorganisation du musée.

Nous avons tous été témoins du zèle que le nouveau conservateur apporta dans l'achèvement de l'oeuvre de son prédécesseur. Après de laborieux remaniements, il trouva place pour un certain nombre du toiles qui tuaient été oubliées depuis longtemps, on


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ne sait trop pourquoi; le Conseil municipal approuva ces changements et lui vota des éloges.

I.e nombre toujours croissant des dons et des acquisitions vint détruire les arrangements qui avaient sulli jusque-là, surtout lorsque, après l'exposition de Caen en 1883, il fallut placer les acquisitions qui y furent faites ; mais la tache devint impossible quand un polyptyque de 9 mètres fut donné par son auteur, avec obligation de l'installer là où il indiquerait lui-même.

.11 fallut un ordre exprès de l'autorité municipale pour obliger, j'allais dire contraindre, le malheureux conservateur à bouleverser un grand nombre de toiles des maîtres les plus respectés, tels que Van Dyck, le Cuerchin, Ribcira. Ce sacrifice accompli aurait du satisfaire les plus exigeants: il n'en l'ut rien; les critiques experts, si connus pour tout apprécier selon la mesure de leurs connaissances, tirent retomber sur le Conservateur tout le blâme et le poids des responsabilités qu'ils auraient dû faire remonter jusqu'au chef autoritaire qui dirigeait la municipalité d'alors, et dont l'intervention l'ut aussi funeste aux choses de l'art qu'elle a été désastreuse pour les intérêts de la ville.

L'exposition qui eut lieu lors des fêtes du concours régional du 15 niai 1883 fut la manifestation artistique la plus considérable qui eût jamais été l'aile dans la ville de Caen, tant par le nombre que par l'importance des envois des artistes parisiens et de ceux des sept départements de la région, habitués aux faveurs du grand public.


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Le* Normands ne restèrent pas en arrière, et, constatons-le avec orgueil, il soutinrent vaillamment la comparaison.

Hellouin tint bien sa place, et s'y présenta avec deux grandes natures mortes, un portrait et des fusains. L'ensemble de son exposition valut à l'artiste une médaille d'or, et au conservateur, professeur à FKcole municipale, les palmes académiques.

Le jury, présidé par M. Kaempfen, comptait parmi ses membres: MM. Lafenestre, commissaire général des expositions, Feyen-Perrin, (luillemet.

Antérieurement à celte exposition, il avait envoyé au Salon de 1S7(> un coin de forêt; à celui de 1S?(J, des natures mortes, sous le titre Ouverture de la (basse, et le Bouquet de nia cuisinière, etc.

L'enseignement,qui s'était développé par l'adjonction de nouveaux cours à l'hôtel de ville, aux Bénédictines,;! l'institution de Sainte-Marie, lui laissait bien peu de temps à consacrer aux travaux de l'atelier; il trouvait encore, pendant les vacances, le temps de faire dc^ (''tudes de paysage, et souvent de^ natures mortes qu'il réussissait toujours. Le musée de Caen possède une belle étude de lièvre donnée par lui à la ville; elle avait été exposée au salon de 1880.

Cette période de sa vie, qui eût pu lui faire oublier les péripéties de son séjour à Paris, puisqu'il avait acquis la situation la plus importante à laquelle il pouvait aspirer, fut encore attristée par les malheurs qui le frappèrent de nouveau dans ses affections les plus chères; lui-même fut gravement atteint à plusieurs


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reprises, et dut interrompre ses travaux et ses leçons. Ce fut par intermittences qu'il put travailler et remplir ses devoirs de prolesseur, peignant encore de grands paysages d'après d'anciennes études, ou des souvenirs lémoignant d'une science acquise où l'impressionnisme n'avail rien à voir: on s'étonnerait à bon droit de l'énergie, de la constante volonté qui l'a soutenu au milieu des plus tristes épreuves.

l'ne nouvelle exposition, à l'occasion du concours régional de 1894, fut organisée par la Société des Beaux-Arts ; mais, trop improvisée et trop restreinte dans les régions appelées à concourir, elle ne put réunir que peu d'ouvrages. Les artistes invités répondirent quand même à l'appel qui leur était adressé; mais les envois restèrent au-dessous de ce que l'on devait attendre.

Moins que personne, le Conservateur ne pouvait s'abstenir; il avait trop compté sur les sympathies du public et pas assez sur les rigueurs d'une critique aussi inexpérimentée que peu bienveillante.

Un paysage de grande dimension (Les carrières de May) fut l'oeuvre principale de son exposition. Mlle n'était pas faite pour plaire aux sectaires de l'impressionnisme et du plein air, si pressés de tout sacrifier au flux et reflux de la mode, qu'ils se donnent pour mission de diriger : la nouveauté' n'est-elle pas déjà un gage de succès !

Lvidcmment, on reconnaît a priori dans cette toile l'école dont elle procède; mais, s'il est facile aux grands Flamands de changer leur manière, quand


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les Normands on ont une, ils la conservent, surtout quand ils la tiennent d'une Kcole qui a pour chefs les Ingres et les Mandrin. C'est donc le genre académique qui se lit dans ce paysage, mais avec des qualités incontestables de composition, de dessin et de perspective, et une tonalité un peu triste sans doute , mais qui convient parfaitement au motif représenté.

Ilellouin eut le grand tort ou plutôt la faiblesse de se préoccuper outre mesure des décisions hautaines de juges d'une impartialité facile, qui ne semblèrent pas comprendre le ridicule qu'ils se donnaient, aussi bien en exaltant les essais naïfs de leur clientèle qu'en battant en brèche la réputation acquise d'un vaillant de la dernière heuic, vétéran de vingt expositions.

Lui se crut obligé de défendre son musée; mais, peu habitué aux polémiques de presse, il ne voulut pas continuer une lutte trop ardente, et aima mieux se réfugier dans sa conscience à l'abri de tout reproche, abandonnant un poste où il avait, pendant plus de quinze années, rendu d'incontestables services. Ce fut h; dernier et le plus sensible sacrifice : il donne la mesure de l'intraitable droiture qu'il apporta dans l'exécution des tâches qui lui furent confiées.

Quiconque l'a approché, même passagèrement, reconnaîtra sans peine cet accord intime entre la probité de ses <euvres et celle de son caractère. Nous aimions eu lui ce qui tenait à sa nature même.


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à l'invariable simplicité de ses habitudes et de ses formes, si peu apprêtées qu'elles pouvaient parfois revêtir les semblants de la rudesse; d'un abord froid, il restait longtemps sur la défensive, et apportait dans ses premiers rapports une défiance instinctive que le frottement du monde n'a jamais pu effacer. En revanche, quand il connaissait les gens, ceux-ci pouvaient compter sur lui: il ne se dépensait pas, il est vrai, en grands témoignages d'affection; mais il n'en aimait que plus solidement ceux qui avaient trouvé le chemin de son coeur.

Les quelques mois qu'il passa à la campagne, à Cormelles, entouré des soins les plus affectueux de sa famille, ne purent refaire une santé affaiblie par l'âge : les ennuis qui avaient précédé sa retraite n'eurent-ils point une grande part dans l'aggravation de son état? Il n'est guère permis d'en douter. Il s'éteignit le 3 août 1895.

Telle qu'elle reste, on peut dire de son oeuvre que, malgré des inégalités inséparables de la diversité des genres qu'il aborda, elle donne l'impression d'une conviction et d'une originalité toutes personnelles, assez rares pour être regrettées.

Ilellouin fut une de ces intelligences tourmentées de l'amour du beau et du vrai; il aimait passionnément son art : il en a vécu, il en est mort.




MONTMARTIN (MANCHE) - SOLEIL COUCHANT


LÉONOR COU RAYE DU PARC

(1820-1893)

l'AR

Armand GA.STÉ

Professeur île liiu'raliuv lïaueaiso ;'t n'iiiversiié il. 1 Caen,

Président honoraire de la Soi-ii'-lé des Heaux-Arts,

Membre non résidant du Cmiiité des Travaux historiques

La carrière artistique de Léonor Couraye du Pare (1) s'est passée dans l'isolement, sans ambition, à l'écart de tout mouvement artistique: son culte pour l'art et les suiïïages de rares amis qui l'appréciaient ont suffi pour entretenir une activité qui a duré toute sa vie. L'oeuvre qu'il laisse est considérable, puisqu'il reste de lui, dans sa famille, plus de quatre cents dessins.

C'est au collège de Vire, à la classe de dessin de Guernier père, un des bons élèves de Guérin, que s'éveilla chez Léonor du Parc le goût des beaux-arts : il aima toujours à se rappeler le plaisir qu'il prenait aux leçons du vieux peintre virois. Déjà, à ce moment, chez lui, le goût du paysage semble avoir dominé, et

(1) I.i'onor-Charli's-Jiilien Counivo du Parc, ne à St-l/i le 15 mai 1820, mort à Aniiovillo (Maudit») ]c 17 mars 1893.


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])0iulnn1 les vacances, chaque année, il remplissait ses albums de paysages des environs de Vire ou de Granville, croquis encore enfantins, mais dont quelques-uns dénotent déjà vnc véritable habileté de main.

Il termina ses études à Paris, où ses loisirs étaient consacrés à visiter les musées et à suivre les expositions.

Kcvcnu en Normandie pour faire son droit à Caen, il se lia tout particulièrement avec Edmond Legrain, qui commençait avec la plus grande ardeur à s'occuper de peinture (1). Malgré la différence de leur genre, la plus grande sympathie les unit toujours, et,—longtemps après, —la mort de Legrain, survenue en 1871, causa a son ami un moment de profond découragement.

Les premiers, essais de peinture de du Parc remontent à cette époque où il était étudiant à Caen avec Legrain, qui plus tard devait devenir son beaufrère : il copiait des tableaux loués chez un marchand, tableaux médiocres, mais qui, copiés avec soin, l'initièrent à la pratique.

(Quelques années passées à Coutances, où il remplissait les fonctions de juge suppléant (lSôO-lSôi). l'éloignèrent momentanément de la peinture. La littérature l'occupait plutôt: il étudiait la poésie allemande, insérait quelques vers dans les journaux de la localité; il entreprit même une traduction en vers du Guillaume Tell de Schiller.

(lj Voir la \nlirr <«r i'.ilmond Lriji-idii, par A. .11 ■ 1 \. (Ilnllrtin rlr b, Swirtr i/rs- liomrr ,\rlt fie l'nnn, 1S7."Ï.)


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— (il —

Cependant, il partait encore quelquefois en excursion dans les environs si pittoresques de Coutances, d'où il rapporta quelques études.

A Vire, où il fut heureux de revenir, il retrouva son ami Edmond Lcgrain (1) tout entier à la peinture, et son ardeur le reprit. Dès lors, il ne cessa de travailler, faisant de la peinture sa principale occupation. L'été chez son père, à Annoville, il faisait des études presque tous les jours, et l'hiver, revenu à la ville, il s'essayait àquelquc tableau dechevalet. Il lit recevoir son premier tableau au Salon de 1857 : un chemin abandonné, bordé d'arbres dénudés, rempli de fondrières couvertes de glace et éclairé par un triste soleil d'hiver. L'exéculion est encore un peu sèche, mais celte page sincère est déjà pleine de sentiment. Son labeur était déjà considérable, quand se produisit un événement- artistique local qui eut sur lui une grande influence. Paul Iluet fut appelé à Vire pour décorer le salon d'un riche industriel, M. Adrien Le Normand, le frère de René Le Normand, le grand botaniste. Couraye du Parc admira beaucoup les peintures du maître, les copia avec succès, lit la connaissance de l'auteur, lui montra ses essais et écouta ses avis. Ce fut Paul Iluet qui lui conseilla le dessin au fusain, peu pratiqué encore, el dont on était loin — sauf Paul Iluet sans doute — de soupçonner toutes les ressources. Du Parc avait trouvé

(1 : Voir, dans la Xoticc sur lùlmond Lci/rain, les jufreinonls très surs et très indépendants portos, pages 104 ri 119, sur son ami, devenu son heau-frère, par I.éonor du l'are, qui, s'il eut voulu se lane M- dans celle voie, l'ùl devenu un critique d'arl 1res autorisé — parce que très compétent.


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sa voie: dès lors il ne l'abandonnera plus. Ses débuts furent dilliciles : la question toute matérielle du fixage, encore mal connue, lui causa bien des ennuis, bien des déceptions; un dessin sortant de ses mains vif et coloré, après l'enduit de vernis au verso du papier, devenait lourd et gris ; mais, bientôt au courant de nouveaux procédés de lixatif plus pratiques, il ne s'arrêta plus dans ses progrès.

En 1861, il se fixa à la campagne dans sa propriété du Tôt, qu'il n'a plus cessé d'habiter. C'est là qu'enlouré d'une compagne dévouée, pleine de sollicitude pour ses travaux, et d'enfants qui grandissaient sous ses yeux et aimaient à accompagner leur père dans ses excursions artistiques, c'est dans ce petit coin familial que du Parc a produit la plus nombreuse et la meilleure partie de son oeuvre. Bien que ce pays offre peu de ressources au paysagiste, du Parc, qui en connaissait lous les motifs un peu intéressants, les revoyait toujours avec plaisir, y cherchant un effet nouveau. Attentif aux sites qui se déroulaient devant lui au hasard de ses promenades, il vivait dans une perpétuelle obser vation de la nature, ravi des lignes harmonieuses d'un paysage, d'un ciel lumineux ou d'un éclairage pittoresque. Pentré dans son atelier, il essayait, en uni: esquisse rapide, de reproduire l'effet qui l'avait frappé: le nombre de ces documents est considérable. Ses dessins étaient ensuite loiiiruemcnt médités, vi il mettait un tel scrupule à donner à chaque objet sa physionomie vraie, une telle attention à obtenir l'elfel rêvé, (pie l'exécution lui demandait quelquefois plus


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d'un mois de travail, travail d'une conscience absolue et se refusant à toute concession au convenu, au chic. C'est particulièrement à la physionomie de son pays qu'on doit un effet pour lequel il semble avoir eu de secrètes préférences : des marais sablonneux, coupés de flaques d'eau miroitantes et se perdant dans le brouillard de la mer. Voir, par exemple, le beau fusain du musée de Coutances, l'Embouchure de la Sienne, avec un soleil légèrement voilé et faisant briller au loin les minces filets d'eau de la rivière, perdue dans son vaste estuaire de sable.

Les grèves et les campagnes d'Annoville ne furent cependant pas le seul aliment de son inspiration : quelques excursions artistiques, trop rares, y apportèrent un stimulant puissant et développèrent son talent. D'un séjour de près de trois semaines au Mont-SaintMichel— qu'il étudia avec amour— il rapporta nombre d'esquisses, dont quelques-unes sont devenues de grands dessins, longuement étudiés et d'une perspective impeccable,pour laquelle du Parc se rappela d'anciennes études de mathématiques. Du Parc s'était rends à la peinture, et la plupart des études faites au Mont-SaintMichel sont peintes (1). Ce séjour dans la « merveilleuse » abbaye fut suivi d'une excursion en Bretagne, où il continua à peindre de nombreuses études: quelquesunes sont excellentes et d'une largeur d'exécution qu'il

0) Deux des plus Ijeaux dessins lui (s à celte date oui appartenu â l'Évèiiue de Coutances, M" Bravnrd, qui les a légués, dans son testament, l'un à son médecin, M. le I)' Cochet, et l'autre à son notaire, M. Dcsruisseuux, li'Avranehos.


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n'avait pas rencontrée dans .ses premiers essais ; cependant il ne s'en servait que comme préparation à un dessin, et ses meilleurs fusains eurent toujours comme point de départ une étude peinte.

Pendant quelques années, du Parc a vécu des souvenirs de cette excursion, jusqu'en 1870, où le mauvais état de sa santé le força à faire une cure à Vichy, qui fut suivie de plusieurs autres. Pendant les longs loisirs que lui laissait son traitement, il parcourait la vallée de l'Allier, en quête de points de vue pittoresques, et il rapporta d'un voyage en Auvergne de vigoureuses études. Cette nature, si différente de celle qu'il avait étudiécjusque-là, eut sur lui la plus heureuse influence. Ce fut le moment où son talent atteignit son complet développement : ses sujets furent plus variés, son exécution eut plus d'aisance, son dessin plus de vigueur et d'éclat; le sentiment, que du Parc cherchait avant tout, devint plus expressif et plus intense.

Depuis 186-1 jusqu'en 1881, Couraye du Parc n'a pas manqué une seule année d'envoyer au Salon un ou plusieurs fusains. On sait que les critiques d'art n'aiment guère à perdre leurs pas dans les salles où sont exposés les dessins; et, quand ils s'aventurent dansées solitudes, il ne faut rien moins qu'un morceau hors ligne pour fixer leur attention. Couraye du Parc, qui était la modestie et la prohité mêmes, se serait bien gardé d'user (\Q> hautes inlluences qu'il pouvait avoir à Paris, pour solliciter un bout d'article. Aussi fut-il agréablement surpris de recevoir un jour, au fond de sou ermitage, un numéro du Fujuro (1" juin 1873)


VIRE. — VIEILLES MAISONS,

AUJOURD'HUI DÉMOLIES, PLACE DE L'HOTEL DE VILLE (D'APRÈS UNE PEINTURE D'EDOUARD LEGRAIN)



(M

qu'un ami lui envoyait, et dans lequel il put lire les lignes suivantes, extraites d'un article d'Albert Wolf, qui,comme personne n'en ignore,n'avait pas-toujours la main légère : « Il y a quelques beaux dessins dans cette galerie, comme les paysages de M. Couraye du Parc : l'un surtout est exquis et d'un efl'et de soleil fort difficile à obtenir par des moyens si simples. » Le fusain auquel le critique faisait allusion représente une silhouette de village, au sommet d'un coteau, se détachant sur un fond de soleil couchant, qui éclaire une route mouillée. Cet effet — nous le savons — avait vivement frappé du Parc un soir qu'il revenait de Montmartin (1) à Annoville; il en lit très rapidement le dessin, se contentant de changer un peu le groupement des maisons et la forme de l'église.

Ajouterai-je que du Parc mêlait volontiers à l'exécution de ses fusains un peu de littérature? Sans jamais donner à ses dessins des titres qui lui auraient semblé ambitieux, il aimait, pendant la composition de son oeuvre, à y localiser par la pensée quelque scène historique ou romanesque. Des arbres, dans une forêt, éclairés par la lumière vacillante d'un foyer, illustraient la ballade des Deux Archers de Victor Hugo; une lande au bord de la mer évoquait celle où se passe le tragique dénoùment du roman de son compatriote, Octave Feuillet, Jalia de Trccirar; une bruyère se perdant dans l'éloignement, avec un ciel mouvementé et sinistre, lui représentait celle où les sorcières firent à Macbeth la fatale prédiction ; un

(1) Où il fut jiifjo de ]>uix, de 1872 ;'i 1893.


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ravin ombragé par de vigoureux châtaigniers, vu en Auvergne, devenait le chemin du lion SaiiniriUiin.

L'âge el surtout sa mauvaise santé lui enlevèrent peu à peu son activité d'antan ; ses promenades devenaient rares, et il ne faisait plus d'études d'après nature. 11 se consolait de son inaction forcée en guidant de ses précieux conseils sa chère fille, dont les rares dispositions artistiques et les succès au Salon furent la joie de sa vieillesse (1).

Les derniers dessins de Courayc du Parc sont de 181)0 ou de 1891. Il se trouvait à Vire, où il eut occasion de voir des études, faites autrefois par Edmond Legrain, de vieilles maisons de bois depuis longtemps abattues pour élargir la place de PlIôtel-dc-Yille. Il en fit deux beaux fusains, où l'exécution n'a rien perdu de sa vigueur, ("est ainsi qu'il termina sa carrière, en communion artistique avec l'ami qui lui avait, pour ainsi dire, servi d'initiateur.

Peu de jours avant sa mort (17 mars 185)3), il s'enferma seul dans son atelier, et se mit à revoir et à classer ses dessins et ses esquisses. Du Parc vivait beaucoup d'imagination et de souvenirs : il dut alors évoquer bien des amis disparus, revivre les émotions de sa vie d'artiste, et aussi goûter une pure et douce consolation dans cet adieu mélancolique et suprême

il) M 1" Marguerite Connue du l'arc a exposé au Salon de 1S7S : llaii'iii/a tratrx (peinlure; : — au Salon de ISSU: I.n poulr au /«</ — l-'rtril* (peintures);

— exposition du Mans .ISSU) : Il-nen'js antu-i/'oiSwo/oi— l'runvi ri lirrr;

— exposition de Caen (lSS.'i : llureit'j* irturs — I.n jiniilr nu /ait — Fruits. (Médaille il'arjjvni jjraud module.;


— 07 —

à une oeuvre qui mérite, à coup sur, de sauver sa mémoire de l'oubli (1).

1) Je dois remercier ici M. Joseph du Parc, bibliothécaire à la Nationale, des précieuses notes qu'il a bien voulu me communiquer sur son père, et auxquelles j'ai l'ait de très fréquents emprunts. A. G.


APPENDICE I

SAl.OX ])KS (IIAMl'S-KI.YSKKS

Léonor Cou raye du Parc a exposé aux Salons de: 18Ô7 Matinée d'hiver (peinture). 1804 Vue de Mortain — Mare de Bouillon (fusains) (1).

1865 Une clairière — Bords d'un cours d'eau.

1866 Vue du Mont-Snint-Miehel — Vue de la chapelle

Saint-Aubcrt. 18(57 Une futaie. 1808 Soir — Neige.

1869 Une ferme près Périers (Manche). — Queue

d'étang.

1870 Les foins. — Entrée de ferme.

1872 Le Sichon, près de Vichy.

1873 La route, soir de décembre. — Après-midi d'un

jour de mars.

1874 Au bord d'un étang, après une pluie d'orage. —

Soir. 187") Crépuscule — Inondation (2) — La grange.

(1) A partir de 1801, Courave du l'arc n'exposera pin- qui' des t'iiMiinn

(2) Musée de Vire («lun de l'auteur).


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1876 L'embouchure de la Sienne à marée basse (1).

1877 Le chemin de Devil's Holl, à Jersey, un soir de

septembre (2). — Avant l'orage — Souvenir de Vichy.

1878 Prés avant la fenaison, par une matinée de juin.

— Queue d'étang à Landal (Ille-et-Vilaine).

1879 Souvenir du Vernet, près Vichy. — En décembre,

soir d'un jour de pluie.

1850 Ferme en Basse Normandie. — Plage d'Annoville.

d'Annoville.

1851 Le logis de la Ricouvière.

II

EXPOSITIONS ])!■: l'IiOVINCK

Nous trouvons le nom de Léonor Cou raye du Parc dans un certain nombre d'expositions de province : 1854 A Franches. (Médaille d'argent.)

1858 Alençon. (Mention honorable.)

1859 Saint-Lo. (Médaille d'argent.) [Approche d'orage

— Soleil couchant.] 1801 Caen. (Médaille d'argent.) [Fusain acheté pour la loterie et gagné par M. Durandot, maître charpentier à Caen.]

(1) Must'i' de Coutancos (don do l'auteur). Ci) Musée de Caen (don de la famille).


— 70 —

18G6 Saint-Lo. (Médaille d'or). [Tour Gabriel, au Mont-Saint-Michel. — Maison de Duguesclin, au Mont-Saint-Michel — La roche aux fées — Souvenir des bords de la Sienne — Dolmen de Férias — Une rue du Mont-SaintMichel.] (Voici ce qu'on peut lire dans Y Entrait du rapport du Jury de l'Exposition des Beaux-Arts de Saint-Lo (année 1866), paru dans le 3° volume des Notices et documents publiés par la Société d'Agriculture et d'Archéologie de la Manche : « Le jury a décerné une médaille d'or à M. Couraye du Parc, dont nous avons tous admiré les magnifiques fusains. C'est un talent hors ligne que celui de cet artiste : il possède la science de la composition, et se distingue par une touche hardie qui n'enlève rien à la finesse et à la précision du détail. ») 1870 Lisieiuc. [Les foins— Entrée de ferme. —Chapelle

Saint-Aubert, au Mont-Saint-Michel.] 1873 Caen. (Médaile de vermeil.) [La route, soir de décembre. — Après-midi d'un jour de mars et trois dessins.] 1875 Caen. (Rappel de médaille de vermeil.) [Au bord d'un étang, effet de soleil. — Entrée de ferme (acheté pour la loterie) — Les foins. — Effet de neige — Soir. — Matin d'hiver (dessin à la plume et lavis).] 1880 Le Mans. (Médaille de bronze.) [Soirée de décembre. — Souvenir du Vernct (Allier). — Le chemin de Devil's IIoll.]


— 71 —

1883 Caen. (Médaille do bronze.) |Après la pluie, sonde décembre — La grange.] (En 1869, l'Association normande décerna à Léonor Courayedu l'arc une médaille d'argent, grand module.)

III

MISEES

Caen. — Le Chemin de Deri/'s Hall, à Jersey. (Salon

de 1877.) Coutances. — L'embouchure de la Sienne à marée basse..

(Salon de 1870.) Vire. — Une inondation. (Salon de 1875. ) Saint-Lo. — Sous bois.

IV

coi.i.i'.iTIOXS TAin'Kn.n:i!i:s

Sans parler des nombreux dessins terminés, des esquisses cl des croquis que possède la famille Couraye du Parc, nous pouvons mentionner :

— Un fusain (Une tempetejque possède M.C.-A. Eédérique,

Eédérique, de la lîibliolhèque et du Musée de Vire, fusain acheté à la vente de \l. Emile Le Normand, à Vire.

— l"n fusain (Effetde lumière),chez M. de lîlon, gendre

d'Edmond Legrain, à Vire. Ce fusain a figuré à l'exposition rétrospective, à Vire, en 18%.


—■ Pue réduction du chemin du « DoviTs IIol] » du musée de Caen, chez M. Polier de Pa Varde, à (Iranvillc, lui-même dessinateur de talent, et qui reçut de du Parc les premiers conseils dans la pratique du fusain.

— Plusieurs fusains chez M de la Henaudiére, à

la Ilcrhellière (Vaudry, près Vire), — chez M. René (lallet, à Vire, — chez M'"" des Hameaux, à Caen, — chez M. Armand Gasté, professeur à la Faculté des lettres de Caen, — au château du Perron (Manche), chez la comtesse d'Auxais, — au château de Macey (Manche), chez le marquis de Caqueray, — chez M. Vihert, inspecteur d'académie honoraire, à Versailles, — chez le docteur Cochet, — chez M. Desruisseaux, ancien notaire, à Avranchcs, etc., etc.


Louis CHIFFLET

Peintre décorateur

Par M. Cliar-les LA.UMONIER Trésorier île la Sopii'-tt'' des Iîoaux-Ai'ts

MKSSIKUUS,

En vous demandant de participer à l'érection d'un tombeau à la mémoire de M. Chifllet, décédé à SaintLoup de Baveux le mars 1897, je vous ai proposé de rendre un hommage mérité à l'artiste modeste et de talent qui l'ut notre confrère. Kt, si je vous dis en quelques mots seulement ce qu'il a été, je n'ai pas l'intention de faire de lui une biographie complète ; mais il m'a semblé qu'il appartenait a la Société des Heaux-Arts de conserver clans ses annales la liste des travaux les plus importants de cet artiste, dont le nom est désormais attaché à la décoration de plusieurs des édifices religieux de notre contrée.

Fils d'un jardinier de Chartres, Louis Chifilet commença ses humanités au petit séminaire, et les poursuivit avec succès. Les dispositions de son caractère doux et rélléchi pouvaient faire espérer qu'un jour il se déciderait à gravir les marches du sanctuaire. Avec


l'âge, sa piété ne fit que se développer, eu même temps qu'un goût passionné pour le dessin le pressait de se consacrer à la peinture religieuse: ce fut sa manière à lui de rendre gloire à Dieu, et on peut dire que jamais il ne lui arriva de s'en écarter.

("est alors qu'après ses premiers essais avec MM. Leblanc et Mareille, de Chartres, il se décida, à Page de dix-neuf ans, à partir pour Paris, où l'attendaient ces misères communes aux débutants qui s'attardent à la culture de l'intelligence et à la poursuite de l'idéal.

Plus tard, appelé à Cacn par notre confrère M. Francis Jacquier, si honorablement connu dans la statuaire religieuse, il commença, sous sa direction, plusieurs restaurations qui lui permirent de se faire remarquer, et d'entreprendre pour son compte personnel les uMivres nombreuses et importantes qu'il a semées sur les différents points de la Normandie.

Pour ne citer que les principales, je dois signaler les peintures exécutées dans les chapelles du SacréCoeur d'Isignv et de l'hôtel-Dieu de Baveux, et dans les églises de Truttenicr-le-Petit, Sainte-Anne de Vire (chapelle du transept), Clécy, Argences (chapelles du Sacré-Cuuir et de Saint-Joseph), Moult (chapelles de Saint-Joseph et de la Sainte-Vierge), peintures dans lesquelles l'ornementation tient la première place. Les ligures et les médaillons interviennent dans la décoration, mais nécessités par les motifs d'architecture c-1 les patrons qu'il s'agit d'honorer.

A Saint-liemv, où nous trouvons la vie de ce


,o

saint, à Mathieu, Mortrée et Athis, il en est autrement, et c'est toute une pensée que l'artiste a eu en vue de nous présenter, et a développée sur des surfaces considérables.

Dans le choeur de Mathieu, un arbre de Jessé étend ses rameaux sur toute la voûte entre les sibylles et les prophètes, et sur les parois latérales, que couronne un cordon de médaillons représentant des anges, des patriarches et des saints ; quatorze apôtres et évangélistes accompagnent les quatre panneaux non encore exécutés, mais réservés à la vie de la sainte Vierge, patronne de la paroisse. Enfin, au revers de l'arc-doubleau, la divinité de Jésus-Christ, confessée par ces saints de tous les âges, est manifestée par Dieu le Père dans son baptême.

La coupole de Mortrée nous présente le triomphe du Sacré-Coeur par les saints qui se sont adonnés tout particulièrement à cette dévotion.

« A Athis, dit une chronique que j'ai sous les yeux, c'est une glorification du Saint-Esprit par les conciles et l'énoncé de ses dons ; c'est la manifestation du Christ parles prophètes, les évangélistes, les docteurs et par lui-même; c'est l'adoration du Père par les patriarches et par les anges. Dans cette page de théologie et d'histoire, l'auteur a révélé les aptitudes d'un croyant, d'un érudit et d'un interprète fidèle de nos dogmes. »

Chifflet, surmené par untravail incessant, accompli dans des conditions de lumière et de température souvent défavorables, n'a pas tardé à épuiser ses forces.


— 70 —

Un jour, clans le cimetière de Saint-Loup de Baveux, où il était venu prier sur la tombe d'une soeur tendrement aimée, « c'est là, dit-il, que je voudrais dormir mon dernier sommeil. » Ce désir a été réalisé. Obligé d'interrompre la restauration entreprise à la chapelle du séminaire de Sommervieu, il vint au presbytère de Saint-Loup achever, à 41 ans, auprès d'un ami de vieille date, une vie tout embaumée des espérances de l'au-delà. On ne crut pas trop l'aire pour lui en l'enterrant au pied de la croix, dans le terrain réservé aux prêtres de la paroisse. Tertiaire de SaintFrançois, c'est là qu'il repose, enseveli dans la robe de bure qu'il avait lui-même pris soin de se faire préparer.


HISTOIRE DU MUSÉE DE CAEN

par

Fernand ANGERAND

Memlire «le la Soci'té îles Beaux-Arts

I

Formation du musée

Le 14 fructidor an VIII (1" septembre 1800), le ministrede l'intérieur Chaptal rendait compte au premier Consul de l'état des collections artistiques de la France, à la suite du gigantesque bouleversement révolutionnaire et des succès de nos armes en Italie. Au Louvre et à Versailles, on comptait 1.390 tableaux d'écoles étrangères, 1.270 de l'école française, 1.500 statues antiques et objets précieux, 20.000 dessins, 30.000 estampes, 4.000 planches gravées. Dans les magasins de ces deux palais, 1.700 tableaux avaient été relégués, faute de place d'abord, et aussi dans l'attente de restaurations, dont les nécessités budgétaires rendaient l'échéance assez lointaine. Chaptal proposait donc de faire bénéficier la province de ces richesses artistiques; on lit ainsi dans son rapport, qui constitue une des pages les plus curieuses de l'histoire de la décentralisation :

Sans doute Paris doil se réserver les chcfs-d'ieuvro dans tous les genres; l'aris doit posséder dans sa collection les oeuvres qui tiennent le plus essentiellement à l'histoire de l'art. ..; niais l'habitant des départements a aussi une


— 78 -

part sacrée dans If partage du l'niit de mis conquêtes cl dans 1 "lu-ritiljrc des ii'iivivs des artistes français. Celte considération seule ne permettrait pas sans doute au gouvernement d'hésiter sur le parti qu'il y a à prendre ; niais cette détermination, qui naît d'un sentiment de justice, doit encore se fortifier de l'idée qu'elle est conforme aux intérêts de l'art.

Cependant les monuments de la peinture ne peuvent être disséminés au hasard sur les divers points de la France. Pour que ces collections soient profitables à l'art, il faut ne les former que là où des connaissances déjà acquises pourront leur donner de la valeur, et où une population nombreuse et les dispositions naturelles feront présager des succès dans la formation des élèves, ("est d'après cela que je propose de choisir pour former quinze grands dépôts de tableaux : 1 ,\ on. Bordeaux, Strasbourg, Bruxelles. Marseille, Rouen. .Nantes, Dijon, Toulouse. Genève. Caeii. Lille, Mavence, liennes, Nancy.

Cette proposition fut agréée par Bonaparte, et, le 11 fructidor an VIII, l'arrêté suivant était pris :

Les Consuls de la République, sur le rapport du Ministre de l'Intérieur, arrêtent ce qui suit :

Article 1e'.— Il sera nommé une commission pour former quinze collections île tableaux qui seront mis a la disposition des villes de Lyon, Bordeaux, Strasbourg, Bruxelles. Marseille, Rouen, Nantes, Dijon, Toulouse, Genève. Caen, Lille, Mavence, Bennes. Nancy.

Article ;?. — Ces tableaux seront pris dans le muséum du Louvre et dans celui de Versailles.

Article :i. — L'état de ces tableaux sera arrêté par le Ministre de l'Intérieur et envoyé aux villes auxquelles ils seront destinés.

Article I.— Les tableaux ne seront envoyés qu'après qu'il aura été disposé aux frais de la commune une galerie convenable pour les recevoir.

Article ■'>. - Le Ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution du présen arrêté .

Le premier Consul, signé : lti>nt//inrtr.

Par le premier Consul, le secrétaire d'Kiat, signé : //. /(. Muret.

C'était son renom de ville universitaire et de capitale intellectuelle de la Normandie qui motivait cette faveur gouvernementale et désignait Caen comme l'un des principaux centres artistiques de France.


- TU -

* *

Quand elle eut connaissance de l'arrêté des Consuls, la municipalité caennaise éprouva un contentement modéré, assez analogue à celui de ce bourgeois logé à un cinquième étage et qui gagne un éléphant à la loterie : ce l'ut vraiment pour ces édiles une terrible complication que d'avoir à trouver un local où caser tous ces tableaux.

Tout d'abord, le maire Daigrcmont S'-Manvieux — dans un sentiment bien connu des demoiselles prudentes en leurs engagements, et que traduit une locution ultra-vulgaire — le maire de Caen voulut s'assurer que le gouvernement n'avait pas l'intention d'abuser de la complaisance de la ville. « Sans doute — écrivait-il au préfet le 21 fructidor an IX — le mérite particulier de ces tableaux sera pris en considération, et chacune des villes participera, également à ce mérite, de sorte que les meilleurs ne seront pas donnés à l'une « plutôt qu'à l'autre. » La composition du lot réservé à Caen détruisait cette méfiance, et il fallut bien aviser aux moyens de loger la collection annoncée : la décision fut assez lente à venir.

Un jeta d'abord les yeux sur l'église des Jésuites (1): il avait été déjà question de la convertir en salle de spectacle, puis en abattoir; pourquoi n'en ferait-on pas un musée, puisque des amis des arts y avaient déposé pendant la Révolution quelques tableaux pris dans les

1) Actuellement la Gloriette.


— NO —

églises de Cuen, et sauvés ainsi d'une destruction certaine? L'indication semblait suffisante., mais ce choix heureusement ne fui pas agréé par l'administration ; il fallut chercher autre chose.

Un instant, il fut question d'utiliser « l'ancienne église qui se trouve dans la mairie », c'est-à-dire l'église du séminaire desEudistes (1); le 21 vendémiaire an X.le préfet, général Duga pressait la municipalité et engageait le maire à se concerter avec l'ingénieur. Le conseil fut suivi, et, le ô brumaire, une décision enfin prise: l'aile gauche du séminaire des Eudistes — que la municipalité avait décidé d'employer à usage d'habitation particulière pour en tirer un revenu profitable à la ville — fut reconnue par une commission technique comme le local le plus convenable pour faire un musée, en supprimant deux planchers et en ajoutant quelques autres dispositions. Et jusqu'à ce que cet aménagement fût opéré, on décida, le lr ventôse an X, •pie les tableaux accordés seraient provisoirement déposés dans l'église des Jésuites.

Le .'{ complémentaire de l'an IX, le citoyen Fleuriau, professeur de dessin à l'école centrale du Calvados, avait été envoyé à Paris par le maire de Caen « pour reconnaître les tableaux (pie le gouvernement

(1) ("est l'emplacement actuel du inusi I il constituait aiilivl'ois le sémi11ai11■

sémi11ai11■ la Mission qui avait été étahlie en ÎCÔS à Caen par lr père l'iudes; sa construction était dp quelques années postérieure à celle de l'église de la Mission (aujourd'hui f.'rande salle de l'hôtel de ville et lîililiotlieque , dont les fondements furent jetés le L'G niai 106-1 par levéque de Hayeux. M de Nesinond. Au déduit de la Révolution, la municipalité jeta les yeux sur cet elalilissemeiit, qu'elle acheta le V2 janvier 17'J-. pour le prix de !.">(),IKXI francs.


— 81 —

devait don ner pour former un inuséu in dans la ville ( 1 )». Fleuriau dut môme être adjoint à la commission chargée de la répartition des tableaux, et c'est probablement à sa présence que l'on doit reporter le mérite de la composition du lot de Cacn, le plus important après celui de Lyon. Le 30 thermidor anX, Chaptal annonçait au maire que 31 tableaux avaient été choisis pour former le futur musée de Cacn : « On peut faire prendre ceux-ci; le musée central enverra ceux qui doivent être restaurés et rentoillés après cette opération ; car il eût été impossible de trouver dans votre département des artistes qui connussent l'art très difficile de la restauration (2) ».

Les travaux d'aménagementdu musée s'avançaient lentement : toutes les villes désignées par l'arrêté du 11 fructidor an VIII avaient depuis longtemps retiré leurs tableaux; Cacn et Nantes étaient les seules retardataires. Cette incurie eût pu tourner au préjudice de la ville, car on s'exposait ainsi à voir le lot du futur musée formé des rebuts ùc^ autres: il n'en fut heureusement pas ainsi, grâce à l'activité intelligente de Fleuriau, auquel avait été conféré le titre de « commissaire près le musée de Caen », et qui avait été envoyé à Paris pour s'entendre avec le musée central.

Quand il arriva à Paris, sept tableaux avaient été

(1) Ces divers document* se trouvent aux Archives municipales de Cacn. ■— Déjà, le 9 brumaire an V, Fleuriau avait été envoyé à Paris o pour y suivre l'emballage des figures antiques » envoyées par le gouvernement.

(2) Arrltirrs <lc]i<trtoiiirnli<lr<< I/II t'rtlrrtiln*. série T.


— H;» —

distraits du lot des 4a qui composaient la part de Caen ; c'étaient: le Christ en croix et Saint François par de C rayer; l'Assomption par Salvator Rosa ; un portrait d'honvH" en cuirasse par Largillièrc ; la Résurrection par Pérugin ; la mort de la Vierge par Sandrart; une Dame vénitienne se découvrant d'après Santerre. Pour compenser ce retrait, on dut permettre à Fleuriau de choisir quelques toiles dans les magasins du Louvre; il eut la main heureuse, et la collection caennaise l'ut complétée par les pièces suivantes: la Communion de saint Boni face par Van Dyck, l'Annonciation et la Samaritaine par Philippe de Champaigne, la Mort d'Adonis par Poussin, VApollon et Thétis par Jouvcnet, le saint Jérôme acec son lion par Pérugin ; Y Ecole d'Athènes d'après Raphaël.

Dans ces diverses négociations, Fleuriau apporta un tact et une intelligence qui lurent particulièrement appréciés du directeur du musée central, et celui-ci lui écrivait le 12 ventôse an XII : « Je vous préviens que, « pour vous témoigner ma satisfaction du zèle que vous « avez montré pour le musée qui est commis à vos « soins, j'ai l'ait joindre à votre lot un fort beau tableau « de l'école de Raphaël, représentant le Christ porté au « tombeau (1). »

Le loi du musée de Caen se trouvait ainsi compost' 1 :

1 Ar< liirfs /lu Liiurrc, ri>nvs[MiniUmiv.


— 83 —

ÉTAT DÉFINITIF DES TABLEAUX DESTINÉS AU DÉPARTEMENT DU CALVADOS, LIVRÉS OU A LIVRER PAR L'ADMINISTRATION DU MUSÉE CENTRAL (1).

1. VAN DYCK: La Communion de saint Jérôme (Belgique).

2. SAI.VATOR ROSA : L'Assomption de la Vierge (retire par ordre).

3. GLERCINO .écolo du): Coriolan apaisé par sa mère (Penlhiévre, hôtel

Toulouse). ■1. PAUI. DE VOS: Chasse au-r ours (ancienne collection). ">. LARGII.I.IÈRE : Portrait en pied en cuirasse (retiré par ordre". G. PERUGINO: La Résurrection (Pérouse). (Est resté au musée central). 7. PAOI.O VEROXESE: Le départ des Israélites (palais d'Orléans). .S. SALOMON KONING: Un médecin à son bureau. 9. Pu. DE CHAMPAGNE: Le Yicu de Louis XIII (Notre-Dame).

10. I.E POUSSIN*: La Mort d'Adonis (ancienne collection)

11. JoAciiiM SANDIIAIIT: La Mort de la Vierge (Munich. — Est resté au

Musée central).

12. PAUL DE VOS: Chasse au.r loup» (Munich).

13. PERUGINO: Mariage de la Vierge (Pérouse).

11. BEKTHOI.ET FI.EMAEI.: Adoration des ISergers (Liège).

15. GÉRARD LAIRESSE: Pénitence de saint Augustin (Liège; très beau).

1G. FETI: La Naissance de la Vierge (la Charité, genre de Feti).

17. MONI'EII: Paysage: La Femme aux pieds du Christ (Munich).

18. VERDIEH, d'après le Poussin: La Cène (ancienne collection).

19. Gi'KRL'ixo (école du): Didon abandonnée (Penthièvre, hôtel Toulouse).

20. DE SERRE: Bacchus et Ariadne (prix de l'ancienne Académie).

21. Pu. DE CHAMPAGNE: La Samaritaine (joli tableau).

22. Ecole de Venise: Le Christ au tombeau et les Marie.

23. VIGNON: Lucrèce.

21. Ecole italienne moderne: sainte Famille.

2."). ANDRÉA DEI. SARTO (copie d'après): La Vierge et l'Enfant Jésus.

26. VIGNON: Didon.

27. VALERIO CASTELI.I: Simon le magicien (émigré Millioti).

2.3. LE FETI (copie d'après): Un Ange jouant du niolon devant saint François (émigré Miliotti).

29. SALOMON RUYSDAEI.: Paysage, chaumière, toiture et biruj sur le decant ' (émigré).

30. HuiiEXs (copie d'après): L'Assomption de la Vierge.

31. RAPHAËL (copie d'après): L'Ecole d'Athènes (émigré d'Aligro).

32. École napolitaine: Un homme tenant une figue.

vl) Archives municipales, dossier du musée.


— 81 —

33. V.VN ARTOIS: Patjsaoc.

31. Inconnu, marque F): Paijsa^e.

3ô. LE SL"EI:R: L'.irche d'a'lian<c (prix de l'ancienne académie).

30. JorvEXET: Apollon et Thétis (ancienne collection).

37. LA TRAVERSE: Tobie faisant enterrer lest morts (ancii'iiin' académie).

38. MOYIIAT: '•' Continence de Scipion (Munich).

39. LAMUERT ZCSTRIS: liapteme de soin! Jean (ancienne collection).

■10. Ancien maître français inconnu: Portrait d'an sculpteur- (venu de la

Belgique 1. 11. LORRAIN: La Madelaine en adoration itérant le Christ. (Ce tableau est

porté aussi à l'état des tableaux envoyés à Montpellier.) ■12. GAI.I.OCIIK: Rolland en instruit des rnnourt d'Aïujéliqne arec Médor. ■13. VAN DICK (copie d'après): La Vicrt/c, l'Entant Jésus, saint François, des

ainjes et un prêtre recevant une étole iv Liège — bon tableau). •1-1. FONTENAY: Pot de Jleurs.

■45. I'ÉUL'GIN: Saint Jérôme arec le lion (ancienne collection). •40. RAIMIAEI. (copie d'après): Le Christ porté rat, tombeau (trèi belle copie dn

tableau du prince Borghèse .

Arrêté le 11 pluviôse an 12.

Signé: Fleuriau. comisaire (sic) pour le musée de C'aen.

En place des n" 2, 5, C, 11, le musée central accorda à la ville de Caen : I'IIIMI'PE DE CiiAMPAfiNE: L'Annonciation.

Duus: Le Christ guérissant les malades (de la Charité do Paris). TINTOUET: La Descente de Croir. VEKONÈSE: La Tentation de saint Antoine.

Pour la restauration et l'emballage de ces tableaux, la ville de Caen paya 3.7G7 fr. 03; les frais d'encadrement furent de 4.093 fr. 03.

Avant cet important envoi de Pl'ltat, le musée de Caen était déjà composé d'un assez fort lot de tableaux retirés des églises ou des communautés religieuses pendant la révolution: de longues et minutieuses recherches ne m'ont malheureusement pas perinisde retrouver la liste des peintures composant ce premier fonds du musée. Un « Projet de création d'un

(I Lire MDJMI.TI.


T- 85 —

musée v qui se trouve aux archives municipales, est le seul document qui donne le chiffre des tableaux du musée avec les envois do l'an XII.

Los quarante-cinq tableaux — y est-il dit — que le gouvernement a bien voulu répartir à la ville de Caen qu'il a désignée pour posséder un musée, ne sont pas le. seul fonds de cet établissement. Elle en possédoit antérieurement un certain nombre; ce qui en existe maintenant en dépôt peut être porté à cent tableaux, auxquels sont réunis quelques bustes en marbre, belles copies de l'antique.

Et l'auteur de ce rapport concluait sur le modo lyrique :

Dans une ville peu favorisée du côté des manufactures et du commerce, il faut présenter à une jeunesse inoccupée des appas pour l'attacher aux beaux-arts; et, puisqu'il est incontestable, que les moeurs s épurent par leur inlluenco, quel plus puissant moyen de préserver les jeunes gens des penchants vicieux et des égare mens auxquels ils sont si fréquemment entraînés que d'offrir a leurs regards ces chefs-d'oeuvre créés par l'imagination et le pinceau ! I.e goût do l'imitation, si naturel à l'homme, peut développer dans leur âme les germes d'un talent transcendant qui, après avoir honoré la patrie, passe à l'immortalité.

Cependant, Fleuriau prenait au sérieux ses fonctions de conservateur du musée: les archives du Louvre nous le montrent sollicitant sans trêve le gouvernement en faveur de la collection commise à sa garde. Il demande le 23 floréal an XI qu'on lui change le tableau de Meslin dit le Lorrain la Madeleine pénitente,qui avait été retiré du lot de Montpellier pour être attribué à Caen ; sa demande dut être agréée,car ce tableau, s'il figure dans la liste du premier envoi, est actuellement au musée de Montpellier. Le 10 germinal an XII, il réclame pour le musée de Caen la célèbre


8fi

tapisserie de la reine Mathilde: la, direction du Louvre était toute disposée à accéder à sa demande; niais le premier Consul intervint en faveur de Baveux, comme l'atteste cette lettre du directeur du musée central à Fleuriau, en date du germinal :

Mon intention était de vous envoyer la tapisserie de la reine Mathilde; niais le premier Consul, voulant donner un témoignage de satisfaction à la ville de Baveux pour les soins qu'elle a portés à la conservation île ce précieux monument depuis sept siècles et demi, a décidé qu'elle y serait renvoyée, et. d'après ses ordres, je l'ai adressée, il y a ceux mois, au sous-préfet de cet arrondissement.

Enfin, le 28 prairial an XII, à peine remis d'une maladie qui avait failli remporter (1), il demandait au secrétaire du musée Napoléon qu'on lui remplaçât Y Apollon et T/iétis de Jouvenet, qui figurait primitivement dans le lot de Bruxelles, par une Sainte Famille copiée par le Guide d'après Raphaël, qu'on lui avait fait espérer, et qu'on voulût bien y joindre un portrait par Rubens ou Van Dyck. « Si je « pouvais, ajoute-t-il avoir quelques espérances, je

(1) .... € Je suis trop faillie encore, écrit-il, pour m'appliquer deux heures « de suite, ce qui est causé par une hémorragie que j'ai eue et qui a duré « trois jours et trois nuits sans relâche, et a été huit jours avant, de cesser « entièrement... Je croyais bien qu'il me serait impossible de survivre à ce t accident,mais me voila réchappé. Je vais maintenant m'occuper de tourmenter t la municipalité pour former la galerie, mais le local n'est pas encore prêt ; on « n'a pas encore repris les travaux que le manque d'argent et l'hiver avaient fait • interrompre. Ma première sortie, ou au plus tard ma seconde, sera pour exciter « le zèle du maire pour cet établissement, afin que les habitants de notre ville « puissent jouir île la vue de ces belles choses. Le préfet se charge de toutes les « dépenses de cet établissement. Mais le maire fournit le local tout préparé' « Je ne puis savoir quand cela sera terminé. Il serait bien à désirer que le a directeur général eût quelque autorité sur tous ces établissements. Ils y « traîneraient, et les arls n'y perdraient pas. » Anliirrs du f.nnrrr).


— 87 —

« crois qno je ferais do nouveaux oITorls pour obtenir « la restauration du tableau de la Mort de la Vierge, « de Sandrart; je vous prie de n'en pas disposer avant « mon prochain voyage à Paris, et de nie garder aussi « la Résurrection de Perugino ». Et, pour enlever l'affaire, il envoyait à Lavallée un lot de homards (l) ! ♦

Les travaux d'installation du musée s'avançaient lentement, ou plutôt n'avançaient plus du tout. Le préfet Duga, qui portait quelque intérêt aux arts, fut remplacé par CalTarelli, dont l'administration fut particulièrement funeste à la beauté de notre ville. En 1800 ce dernier refusait d'autoriser un crédit de 1.000 francs que le conseil municipal avait voté pour poursuivre les travaux du musée; on juge de la désastreuse influence qu'une telle attitude pouvait avoir sur une municipalité assez récalcitrante aux choses de l'art. L'énergique intervention de Fleuriau dut alors sauver le musée: au budget de 1808, une somme de 12.000 francs était inscrite pour « aménagement de la salle du musée » ; on novembre 1800, les tableaux étaient encadrés et transportés de la (lloriette au local qu'ils occupent actuellement. Fait admirable : dans le parcours qui n'est pourtant pas bien long, deux furent égarés, la Lucrèce par Vignon, de 0"'00 de haut sur 0m7~ de large, et le Tobie faisant enterrer les morts, par La Traverse, de 1 "■ 10 de haut sur V"'A0 de la rue;

(1) .\rvhirrm du I.nurre, |>. III. Je ne suis ce qu'est devenu le taldenu d Siinili'iin : In municipalité, en refusant les (Vais de restauration, dut vraisem hlitlileinenl laisser éelin|i|ier une oeeus;ci:i heureuse,


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depuis cède époque on eu a eu aucune nouvelle (1) !

Enfin, le 2 décembre 1809, les portes du musée étaient officiellement et définitivement ouvertes : une iete qui dura deux jours l'ut donnée à cette occasion. La municipalité, instruite en septembre 1801 de la collection magnifique du lot de tableaux que lui destinait le gouvernement, avait mis huit ans à lui aménager un local convenable.

Mn môme temps qu'on inaugurait le musée, on plaçait pour la première l'ois dans ses galeries un portrait de Napoléon que la ville avait commandé pour le musée à Robert Le lèvre; l'artiste l'ut payé pour le seul portrait 3.500 francs (2) ; avec les frais de transport et d'encadrement, il revint à 1.880 francs. Ce lut, avec un buste un marbre de Napoléon par Canova, qui fut payé, le 28 juin 1811, 2.000 francs, les seules dépenses artistiques que la municipalité consentit pour le musée jusqu'en 1820.

La collection caennaise commençait à prendre figure, quand mourut Fleuriau, le 17 septembre 1810, à l'âge de 46 ans: c'était pour le musée une perte très sensible. Fleuriau avait un tempérament d'artiste et s'était montré organisateur avisé; il aimait passionnément ce musée dont il avait été en quelque sorte le créateur; il avait enfin su triompher de l'apathie de la municipalité, et affirmé victorieusement de justes

(1 An/lires mu/iiciprile», dossier du musée. La Traverse était un peintre de la seconde moitié du XVIII' siècle ; il fut envoyé à Home en 1751 et reçu de l'Académie sur ce tableau, qui avait été envoyé au musée de Caon.

(2ï Les dimensions de ce tableau étaient de 'J [lieds de haut sur 0 do larp'e.


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revendications artistiques. Un long avenir lui semblait réservé, pour le plus grand profit de l'art; la mort cassa ces espérances.

Pour nommer son successeur, la municipalité décida d'ouvrir un concours de peinture; les concurrents lurent Klouis, Xoury, de Biéville ; les épreuves consistaient en un dessin d'après la bosse., et pour la peinture, la copie d'un tableau du musée (le portrait de médecin par Salomo Koning), et le portrait d'après nature d'un nommé Foret, connu sous le nom de Bonhomme Pierre : il eût été bon d'étendre également cet examen a l'histoire de la peinture et aux connaissances nécessaires à la rédaction d'un catalogue ; mais, à cette époque, le conservateur du inusée était surtout considéré comme directeur de l'école de dessin, et on se préoccupait surtout de son aptitude à remplir cette dernière charge.

Le 18 mai 1811, le jury, composé de Menageot, ancien directeur de l'école de Home, de Guérin et de Regnault, proclama l'oeuvre d'Klouis « supérieure aux autres pour toutes les parties de l'art », et, par arrêté municipal du 2 juin 1881, ce dernier fut nommé conservateur du muséum de peinture de la ville de Cacn.

Le nouveau conservateur eut de suite l'occasion de faire ses preuves. Napoléon n'avait pas oublié les actes de Bonaparte ; les campagnes de 1806 et de 1807 avaient donné à la France une nouvelle collection


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artistique prélevée en Allemagne, et, par décret du 15 février 1811, Napoléon avait décidé que 209 tableaux seraient répartis entre les villes de Lyon, Dijon, (Irenoblc, Bruxelles, Caen et Toulouse.

C'était pour notre ville une inappréciable faveur; le 21 mars 1811, le Ministre de l'intérieur apprenait au préfet du Calvados que 35 tableaux étaient attribués à Caen : après celui de Lyon, le lot de Caen était le plus considérable. Klouis fut envoyé de suite à Paris, et il fut chaudement recommandé auprès de Denon par Robert Lefèvre, dont il était l'ami; il ne tarda même pas à être admis dans l'intimité du directeur du musée Napoléon.

« Vn jour — rapporte son (ils, M. Léopold « Klouis — qu'il déjeunait chez ce maître des « beaux-arts, tout en le remerciant du choix des u tableaux destinés à la ville de Caen et qu'il allait « remporter, Klouis lit remarquer avec regret qu'il <i n'avait pas de Rubcns, de Snyders, etc. « Eh bien, u dit M. Denon, voyez vous-même dans les greniers << du Louvre, et, si vous en trouvez, je vous les ferai « donner ». Klouis ne perdit pas de temps, et,quelques « heures après, il avait déniché une admirable « Cuisine de Snyders, et un Rubcns, chef-d'oeuvre » inestimable {!). »

Voici maintenant le détail du lot qui était attribué au musée de Caen :

!i Léopold Klouis, Le musée de peinture de Caen, 1 8S-', in-12. Caen I.c Hl:mc-Hi»r<li-1.


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ÉTAT DES TABLEAUX DÉLIVRÉS A LA VILLE DE CAEX, DÉPARTEMENT DU CALVADOS, CONFORMÉMENT A LA DÉCISION DE SA MAJESTÉ L'KMPEREUK, QUI ACCORDE DES TABLEAUX A SIX VILLES DE L'EMPIRE, EN" DATE DU 15 FÉVRIER 1811, ET DONATION DU MINISTRE DE L'INTÉRIEUR DU 21 MARS 1811.

1. Ououv: Les marcassins.

2.1'AUI. VKKONÉSE: Jésus-Ch-ist donnant les clcf-i à saint Pierre.

3. CAPLI ixo- Menurc et Argus.

■1. MARTIN: Vue d'une rille.

'). LEBEL: Paysouje et marine.

0. LEBEL: autre Paysage et marine.

7. PANINI: Une cérémonie.

S. SXYDERS: Vne cuisine.

0. PAUL VKRONÈSE: Hérodiade.

10. VAX nr.it MEULEN: Passage du Rhin.

11. VAN DKR MEILEN: Pendant du Passage du Rhin.

12. École de Rubens: Abimélech, etc., sur bois, l.'f. VAXDEN ECKOUT: La Circoncision.

1 I. Un dos FRANCK: Un sujet de la oie de Moïse. 1"). École génoise: Faune et bacchante. 10. Imitation de MANEREDI: Des Joueurs. 17. ANDRÉ DEI. SARTE: Saint Sébastien. 1S. Kcole génoise: Apollon et Marsijas.

13. FRANC FLORE: Un portrait de femme, sur bois.

20. IIONDERSCOOTER: Une poule, et ses petits.

21. KIGAUD: Le portrait de l'épouse du sculpteur Desjardins.

22. Kcole de REMBRANDT: Une télé d'homme.

2.'i. Dite de LIEVENS: Tête de vieillard ù barbe, sur bois.

21. DENNER: Tête d'homme avec chapeau, sur cuivre.

23. OTTO MARSÉUS: Plante et papillons. 20. Kcole de KNELLER: Tête de guerrier. 2". HONTORST: Deux têtes; effet de lumière.

2-i. REMBRANDT (école de): Une vieille serrante, sur bois.

2J. IIEMSKERKE: Le Déluge, sur bois.

.M). DISNNER: Tête de vieille femme.

.11. ALBANE: La Madeleine, sur cuivre.

.'i2. I/ESPAGXOLF.T: Tête de saint Pierre.

.'i;f. Cru d'Ai.BERT DURER: La Vierge et trois saintes, sur bois.

31. RUBENS: Un portrait d'homme décoré de l'ordre d'Angleterre, sur bois.

.T). École allemande: î.oth et ses filles, sur bois.


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Le 15 septembre 1813, la ville payait 1.441 IV. 21 pour les frais de restauration de ces divers tableaux ; le 28 octobre 1813, Elouis, annonçant l'envoi de ce mandat à Denon, lui demandait de bien vouloir joindre au lot de Caen une oeuvre de Jordaens :

Oserais-je vous prier, M. le Baron, d'ajouter à cet envoi un tableau ou une tète de Jordaens. Que je vous aurais d'obligation pour nia part, et que j'en serais reconnaissant! Vous vous souvenez, M. le Baron, de ee <pie vous avez eu la bonté de me dire à ce sujet .' Que nous avions besoin de quelque chose de la main «le ce grand coloriste. Le mauvais temps que nous n'avons cesse d'avoir ici m'a empêché d'achever quelques dessins des antiquités de notre ville et que je vous destine (1).

La demande d'Elouis fut agréée, et un buste de mendiant, superbe esquisse de Jordaens, fut joint à l'envoi.

Grâce à la sollicitude consulaire et impériale, ainsi qu'au zèle de ses deux conservateurs, le musée de Caen était formé de façon à pouvoir rivaliser avec les plus belles collections de l'Europe: le choix des tableaux — exception faite des maîtres français, que le

(1) Klouis ajout<' en post-scriptum : « M. Gounod vous porte quelques croquis de nos antiquités ; il a été fouiller jusque dans les greniers, et s'est l'ait prendre pour un voleur par quelques bonnes femmes. » M. le marquis de Chenneviéres ajoute : « Ce M. Gounod, qui venait croquer pour le directeur généra! du musée Napoléon nos antiquités basses normandes,est le dessinateur qui a lithographie plus d'une planche pour le grand ouvrage de M. Denon, Monument» des arts du dessin. M. Gounod, artiste aussi habile qu'insoucieux de gloire, s'est autant fait connaître par son goût éclairé d'amateur cpie par ses leuvres trop rares. Il avait laissé deux (ils admirablement doués: l'un est mort, il y a deux ans (en 18-19), architecte déjà renommé; l'autre composa, l'hiver passe, la partition de Sftpho, et je me souviens d'avoir vu à Home, dans sa chambre de la villa Médicis, des paysages qu'il s'essayait a peindre sous l'amicale direction de M. Ingres. » Le lecteur vient de reconnaître • 'immortel auteur de Jinmen et de Pnltjcu'tc.


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musée central n'avait pas prodigués — avait surtout été admirablement compris, et l'artiste qui eût voulu étudier l'oeuvre de Pérugin, de Yéronèsc, de Kubens, de Philippe de Champaigne ne pouvait pas ne pas connaître le musée de Caen.

De tels commencements présageaient à la collection caennaise des destinées superbes.

II

1815 et les réclamations des alliés.

A peine constitué, le musée de Caen devait pourtant courir le risque le plus grand qui se puisse imaginer, et l'invasion de 1815 faillit disperser cette précieuse collection, formée en partie de tableaux conquis en Italie et en Allemagne.

Il n'est peut-être pas inutile de préciser ici les droits absolus de la France sur ces objets d'art des conquêtes. En effet, depuis près d'un siècle, nous vivons sur cette légende que les tableaux qui composent les collections françaises sont le fruit de rapines soldatesques, et que, si la prescription nous en assure la propriété, les origines en sont assez peu louables. Rien n'est plus faux, et il serait bon de ne plus nous émouvoir de telles insinuations.

Tout d'abord il est nécessaire d'observer que la conquête des objets d'art, si elle ne fut pas généralement pratiquée avant les guerres de la République et de l'Empire, n'en était pas moins parfaitement admise par


IM

le droit des gens et qu'elle était préférable, en somme, à celle qui sépare des individus de la nation dont ils sont membres. Ensuite, on doit se reportera l'époque où ces prélèvements eurent lieu pour en juger équitablementle caractère : les objets d'art n'avaient alors ni la valeur ni l'importance qu'ils ont actuellement; leurs détenteurs n'en faisaient sou vent qu'a ne estime assez modérée, et parfois des villes d'Italie ne furent que trop heureuses de donner à leur vainqueur ces tableaux qui leur épargnaient une contribution de guerre.

C'est là un point sur lequel il faut insister: ce prélèvement, pour beaucoup de villes, tint lieu de contribution de guerre; or, quand une contribution de cette sorte a été effectuée, avec ou sans la garantie d'un traité, elle est légalement acquise à la partie qui l'a reçue, et nulle réclamation n'est admissible à ce sujet.

Mais enfin il y a mieux: ces prélèvements de tableaux étaient sanctionnés parles traités de Tolentino et de Tilsitt ; la propriété en était donc légalement et strictement passée à la France.

La victoire nous avait donné ces peintures, mais la victoire pouvait aussi nous les relirer; c'est ce qui advint.

Le retrait pouvait alors s'effectuer de deux façons, soit qu'il lût formulé par un traité soumis à la sanction de la chambre, soit qu'il fût opéré directement par les armées envahissantes : là, il était consacré par le droit; ici, sanctionné par la force.

Dans l'un ou l'autre cas, la conduite à tenir des municipalités, auxquelles avaient été répartis ces tableaux


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des conquêtes était très différente : dans le premier, elles étaient obligées de se conformer à la loi et rendre ces objets d'art à la première réquisition qui en serait l'aile ; dans le second, elles devaient protéger la propriété de la France par tous les moyens possibles, par la ruse au défaut de la force, et conserver à la patrie ces tableaux commis à leur garde. Supposons ainsi qu'en 179(>, la ville de Pérouse ait soustrait aux investigations des commissaires français le Sposali^jcû du Pérugin ; qu'en 1800 la ville de Cassel ait agi de même poulie Melc/iisédec/i de Rubcns, il est évident que la France, après la campagne, n'eût eu aucun droit sur ces tableaux et qu'elle eût été malvenue de les réclamer comme siens.

Le conservateur du musée de Caen, Flouis, conforma sa conduite à ces vues, et il eut en ce moment diilicile une attitude qui est vraiment au-dessus de tout éloge.

D'après les traités de 1814, les oeuvres d'art conquises par Napoléon 1" restaient la propriété de la France.

Quoi qu'on en ait dit, cette disposition ne fut nullement révoquée l'année suivante : les restitutions de tableaux et d'objets d'art n'avaient nullement été comprises dans le texte des traités de 181.") ; tout au plus pourrait-on faire état d'une intervention de Bluchcr, lors des conférences pour la capitulation de Paris, réservant les droits du roi de Prusse sur les tableaux qui lui avaient été enlevés. Quant au reste, Louis XVIII pouvait faire aux alliés toutes les promesses qu'ilvoulait


- % -

à ce sujet; elles étaient nulles, aux termes mêmes de la charte de 1814, puisqu'il leur fallait la sanction des Chambres.

Légalement, la France n'était donc tenue à aucune restitution d'objets d'art; au reste, la contribution de guerre qui fut prélevée sur elle en 1815 était assez forte pour lui tenir lieu de tout autre sacrifice.

Le musée de Caen était dans une situation tout à fait critique, et rinsuflisance de son conservateur eût pu alors le ruiner totalement. Il comprenait en eiîet un assez bon nombre de tableaux provenus d'Allemagne et de Prusse, à la suite de la campagne de 1800; or, en 1815, les Prussiens étaient à Caen, campés au rez-de-chaussée du musée môme, et leur commandant avait sur lui l'autorisation suivante, émanée du directeur de la Maison du roi de France :

J'autorise les administrateurs ilu musée, ainsi que les concierges des châteaux i'l maisons royales, à remettre entre les mains de M. le lieutenant (iront et île M. le commissaire des guerres Selioher les tableaux et autres olijetsil'art qui ont été enlevés en Prusse, après avoir reçu d'eux des récépissés dont les concierges transmettront des anqdialions à l'intendant du gardemeuble, à celui des dépenses de la Maison du lîoi et au directeur des musées. /> Dira -leur i/rnrrol du Miniiicn' de lu Maison du Uni. Couri: i.r. l'HADKl.. J,i' '.) août 1,S1.*>.

Pour copie conforme, l.e iuiiuiiissuire dru y lier m de su Mnjriià Srrriiixsinic. SCHOBlili (1,.

(1; Papiers personnels d'IOlotiis. Ces pièces, au nombre de IIS, fuient par moi données en lttOCaiix Archives départementales du Calvados.


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Élouis alors n'hésita pas; en hâte, il dissimula les pièces les plus importantes du musée, et celles surtout provenues d'Allemagne,et qui avaient le plus de chances d'être réclamées par les Prussiens. C'est ainsi que le tableau le plus menacé, le Melcldséderhj par Paibcns, peint sur panneau, fut couvert de papier et servit de table à manger aux olîiciers prussiens qui devaient le rechercher à Caen ; je tiens ce fait du lils de M. Elouis lui-même, à qui son père bien souvent l'avait raconté : le qualificatif d'héroïque n'est ici nullement déplacé, car, si le fait eût été découvert parles Prussiens, Elouis aurait été infailliblement passé parles armes.

Le 1" septembre 1815, les réclamations commencèrent par cette lettre (pie l'intendant prussien du Calvados remettait à Elouis:

C'ai'ii, le ll" septembre ltflj.

Monsieur, j'ai l'ordre d'enlever «lu musée île celte ville le tableau île I.oth accuses deur Jilles, par Raphaël ou l'erin del Ya-ro. Ce tableau est l'ait sur bois, et a été enlevé du château de S. M. lelîoi de Prusse à Berlin. Je vous transmets ci-jointe l'autorisation i|ue vous accorde à cet effet S. E. le Ministre de la Maison du lîoi ; j'espère «pie vous trouverez cette pièce, ainsi que le récépissé signé de moi, qu'on vous remettra, suffisant pour votre responsabilité et pour vous déterminer à remettre le tableau au porteur de la présente.

J'ai l'honneur, etc.

I.'IiitPiitltiiit prussien <lu ('alcadns, FOX (1).

J'imagine qu'au reçu de cette lettre, Elouis dut pousser un soupir de soulagement, pensant que les réclamations se borneraient à cette seule pièce : le

1) Papiers personnels d'Élouis.

7


— <JS —

tableau fui rendu sur le champ cl récépissé en l'ut donné au conservateur du musée (1).

Mais, quelques jours plus tard, la situation se compliquaitterriblcmcnt.Cen,était plus un seultableau, niais vingt-quatre qui étaient réclamés au musée de Caen ; le 27 septembre 1815, en eiï'et, Denon adressait au préfet du Calvados la lettre suivante (2):

Paris. 1.' 27 septembre 181.""). Le L)ire< leur i/éiiùral du Musée lli>ynl à M. le Pré/cl du (.'nlcat/ns. MoNsiixn i.K I'KKI-'KT,

Le Roi ayant autorisé la ivstitutioii des objets d'art enlevés en l'nisse et dans les Mtats de lîrunswiek. Cassel, de MecUlciubouig-Schwérin en 18ltC et 1SII7. je viens d'être autorisé par Sa Majesté à vous redemander les tableaux dont ci-joint la liste, qui ont été remis au Musée de Caen par ordre du dernier gouvernement.

Les frais d'encaissement et de transport étant à la charge des diverses cours auxquelles ces tableaux doivent être remis, je vous prie. Monsieur le Préfet, de faire faire soigneusement et avec économie les caisses qui seront nécessaires' et de charger une personne intelligente de leur emballage. Vous voudrez bien avoir la bonté de faire régler les mémoires, de les arrêter ensuite et de les joindre au marché que voit» l'ère/, avec le commissionnaire <|u roulage, lequel en recevra le paiement, ainsi qui' de celui de transport, des mains de M. Alilensleiu, ministre de sa Majesté Prussienne.

(1; Voici le libellé de cette pièce : .< Je reconnais avoir reçu de M.LIouis, conservateur du musée de Caen. le tableau de Luth nn'f ses- dcu.r /illn. par liaphaél ou Perrin del Va go, qui avait été enlevé du château de S. M. le roi d.' Prusse a lierlin, et qu'il m'a remis d'après nu ordre que j'ai reçu et une autorisation de sou l''.xc. le ministre de la Maison du lioi de r'rance, que je lui ai remise. Caen. le 1<T septembre 1S1."3.

L'ililfiidiiiil jifussii'ii du l'alradiiH, Pi IX. Ici, le cachet de cire rouge, avec l'aigle prussienne couronnée, tenant dans ses serres le globe et le sceptre, et en exergue : A'o/ié /. l'rrusn. l\rie;/ns Commissiiriiil. 'Papiers personnels de M. Klouis.) >'-'> .Arç/ii'rcs niuineijitdcf, dossier du musée.


ï)0

11 est inutile. Monsieur le Préfet, île laisser les bordures aux tableaux; je omis même qifil est nécessaire de faire rouler tous les tableaux sur toile au-dessus de 5 ou 6 pieds afin d'éviter de faire taire de trop grandes caisses.

Je laisse toutes t'ois, Monsieur le Préfet, à votre sagesse à ordonner ce qu'elle jugera le plus convenable, et vous invite à l'aire accélérer pur tous les moyens qui sont en votre pouvoir l'expédition de ces tableaux, et de les adresser à la direction du musée, qui en fera la répartition à chaque cour.

Agréez, Monsieur le Préfet, etc.

DKXOX.

KTAT I)KS TAlibKAUX HKI.IVHKS l'Ali I.F. Ml'SKK RlIVAI. A I.A VIl.I.K ])K C.\KX, llKl'AKTKMI'.NT 1>1' ('AI.VAT)US.

Stlji'ls il.'-; lalil'-:iu\. l)ilnrlf,ii»ns. N'oins il,-~ niait li-;.

IIAl IF.IR T ARCKHl

pieds pentes pitdspoacii

1. Une Cuisine 7. 5 7 » Sneyders.

2. Abimélccli, etc. (sur bois) 6. 1 7.10 Kcole <le liubens.

3. La Circoncision 3. 1 2. 3 Vanden Eckout. 1. l'n sujet de la vie de Moïse 1.10 2.9 Un des Franck. ">. Faune et liacchante » » » » Kcole génoise.

0. Des Joueurs 1. G 5. 0 Imit. <le Manfredi.

7. Saint Sébastien 2. 7 2. 1 André del Sarte.

S. Apollon et Marsyas » » » » Kcole génoise.

9. l'n portrait de femme (sur bois) 3. ."> 2. <S Franck Klore.

10. Une poule et ses petits 2. I 2. 1 Ilondercieter.

11. Plantes et papillons 1.7 1.1 Otto Marséus.

12. Une tète d'homme 2 » 1.10 Kcole de Rembrandt.

13. Tète de vieillard A barbe (sur bois) 2. .'S 1.0 dite de Livcns. 11. Tète d'homme avec un chapeau

(sur cuivre) 1.3 1.1 Dernier.

13. Tète de guerrier 2. 3 1. 9 Kcole de Kneller.

16. Deux tètes, effet do lumière 2. 6 2 » Hontorst.

17. Une vieille servante (sur bois) 2.0 2 » Écolo de Rembrandt.

18. Le déluge (sur bois) 2. 1 2.11 Ilemskerk.

19. Tète de vieille femme- 1.10 1. ."> .Dentier.

20. La Madeleine (sur euhre) 1 » » 9 Albane.

21. Tète de saint Pierre 1 . (i 1.2 L'Éspagnolet.

22. LaViergeet trois saintes (sur bois) 2.1 2.2 Cru d'Albert Durer*

23. Un portrait d'homme avec l'ordre

d'Angleterre (sur bois) 2.3 2 » liubens.

21. Loth et ses filles (sur bois) 2.0 3 >• École allemande.

Le Directeur i/éiiih-rd dit Mutée Uvi/al. DKXOX.


— 100 -

Cette lettre appelle quelques observations.

'l'ont d'abord, comme ou l'a déjà remarqué, Louis XVIII n'avait point, aux termes mômes de la charte, qualité pour prendre seul une décision semblable; les Chambres auraient dû être consultées : cette autorisation était donc parfaitement illégale, et au reste on le reconnut plus tard quand Louis XVIII en 1820 donna l'ordre aux musées de province de suspendre tout envoi de tableaux ainsi réclamés.

Ensuite les états d'Allemagne avaient quelque peu l'ait un procès de tendance quant aux tableaux qu'ils réclamaient au musée deCaen : c'est ainsi que deux de ces pièces au moins faisaient partie de l'ancienne collection de la couronne de France, le îr 17, une vieille servante de l'école de Rembrandt, qui est porté à la suite du cataloçpie des tableaujc du Roi, contenant les nouvelles uct/tiisitio/is /dites par les ordres de M. le comte d'Angiviller, dèjjoscs au cabinet du pavillon neuf au Louvre0', et le n" 1, une cuisine par Snvdcrs, figurant à ce même inventaire, et qui même avait été, en 1783, restauré parle sieur Godefroid, aux frais du Hoi,comme l'atteste la facture que voici (2).

I,.'i frraiult; cuisine de Suider, l'avoir nettoie, avoir levé Ions les repeints principalement au cigiu 1 dont j'ai repeint les deux ailes et repoililillé lieaueoup de places remplies ou repeints mal faits 9C liv.

Quoiqu'il en soit, cette lettre consterna Elouis : le préjudice était considérable qu'un tel retrait devait

I I ) Ali /lires ilu I.nurrr.

(:') .\r< /lires mitii,nr<h<x, O' 103:1.


— 101 —

causer au musée ; il se demandait s'il allait obéir aux ordres de Denon. quand, le 5 octobre, le préfet du Calvados reçu la lettre suivante du commandant du 0* corps prussien :

MnNSIKUll I.E PltKI'KT,

.l'ai l'honneur dp vous prévenir que je viens de recevoir l'ordre de faire retirer du musée du l;i ville do faon ot transporter à Paris cinq tableaux provenant de la Gallerie de Brunswik et dont vous trouverez la désignation ci-après.

Cet ordre devant être, exécuté dans la journée d'aujourd'hui, je me rendrai au Musée vers les '.', heures île relevée pour constater l'identité des tableaux réclamés et faire des dispositions pour leur transléreinent.

Je vous invite, Monsieur le Préfet, de vouloir donner vos ordres en conséquence, et de faire en sorte que les personnes que vous aurez chargé de la remise de ces objets se trouvent au Musée il l'heure indiquée.

lîecevez, Monsieur le Préfet, etc.

Le Coimnrtnditnt grnrrril du tjoiirernoment prussien près le 11" corps d'armée.

GAYLli.

DÉSIGXATIOX DES TABLEAIX PROYKXAXS DE LA GALLERIE DE BliCXSYYIK QUI SE TROCVEXT AT" MISÉE DE ("AEX :

1. Le Déluge, pai Caruel Harlem.

Marqué au bas du tableau n" .") du 2P cabinet. Sur bois, de ]iieds

1 pouce de large sur 2 pieds T pouces de haut.

?. Le passage des Israélites par la mer Houge. par/-', l'ranl..

X" -1 du premier cabinet. Sur bois, 2 pieds 10 pouces de large et

2 pieds de haut.

.'!. La Circoncision de Christ, attribué a. Rembrandt, plutôt de Diederich.

N" 71 du premier cabinet. Sur toile, de 2 pieds 0 pouces dp large et

3 pieds ,) pouces de haut.

t. I'nc fille en chemise souille sur un tison, par lier : Ifu/idhorsl.

N" 80 de la première gallerie. Sur toile, de 2 pieds 3 pouces de haut et 2 pieds 4 pouces de large. .">. Tête île vieillard à grande barbe, par Jean Liecens.

N" 31 première gallerie. Sur bois, d'un pied 10 pouces de large et 2 pieds 5 pouces do haut (1).

(1) Papiers personnels d'L'Iouis.


W2

iïlouis, qui élail normand, vil dans cotte demande du commandant prussien un moyen d'éluder la restitution réclamée par Denon : les tableaux désignés n'étaient pas des plus importants, et leur retrait n'appauvrirait point trop le musée; il s'empressa donc de déférer aux désirs ainsi manifestés. Les tableaux furent reconnus par (îayer et Elouis; et, deux jours après, le Prussien, qui, sans s'en douter, avait tiré Klouis d'un grand embarras, adressait au maire de Caen la lettre suivante:

MoNSIKI -|i l.K MAIIIK.

I.c porteur 'li' la présente, M. Scliellhave. commissaire ili' guerres, i->l charjjé '!«' retirer du musée di' vol]'.' villi' les ciin| tableaux provenant ili' la (lallerie « I « - Brunswick ilmil vous m'avez l'ait la ivnii-o le ."> du <"-i>iii-jnit.

Veuillez bien lui l'aire donner l'as-ii-liinee nécessaire pour que ces objets ne soient pas endommagés par leur trail-lëreiiieut. M. le emuinissairo des Guerres vous reiai'ttra un récépissé sifrné par moi et eonteuant la ilcscription détaillée des pièces retirées.

liecevez, etc.

/.<■ (.'iimniiswire i/ritcrrt/ ilit (iiniri'i'iieiiient prussien rt'iiis les jirorintes Irmitiiisos iii-rtiprrs pur Ir O' rnrps li'nrinrr.

(iAYKl! (1). l'ai'ti, le 7 octobre KSIâ.

Les tableaux en question furent donnés à .M. Scbellhave, et Klouis en reçut déeharire ;~).

(1) Papiers persiimiel- il*]\li>ni-.

';.') « I.c soussigné, ciiiuniissaire j_'énéral du j;ouvcrneinent prussien dans les provinces françaises occupées pur le 0'' corps d'armée.reconnaît qu'en vertu des ordres supérieures {.sir), il a fait retirer du musée établi dans la ville de « Caèni-ini| tableaux provenans de la (lallerie de lîrunswick et désignés r\- •i après, savoir :

« 1" l,e Didiific, par Cornel, Ilarlcm, marqué au lias du tableau n* 5 du


— 103 —

Quelques jours plus lard, les Prussiens quittaient Caen, et le conservateur du musée se remettait un peu de la souleur que lui avait donnée la lettre de Denon. Sa tranquillité fut de courte durée; car, le 11 novembre 1815, le maire de Caen recevait cet avis de la préfecture (1) :

lJl\'li'rlnrr illt ('iilrmlos

— Caen. le 11 novembre 1813.

MoNsnai; I.K M.Miii-:.

J'ai l'honneur de vous informer que M. le Secrétaire général iln Musée Uoyul nie fait connaître, par une lettre du G du ce mois, i|u'cn conséquence d'ordres qui lui ont été donnés par M. le comte de l'radel, Directeur général au Ministère de la Maison du Uni, il a été autorisé a désigner aux commissaires belles les villes des divers départements où. par ordre du dernier Gouvernement, il a été envoyé des tableaux provenant des Pays-Bas. Il m'ajoute qu'il a été de même autorisé à nie mander que l'intention du Uoi est que l'on n'oppose aucune résistance à leur enlèvement, s'il se présente des commissaires pour les reprendre. Kn finissant, M. le Secrétaire général du Musée me donne l'étal des tableaux qui,d'après ces dispositions, peuvent nous être redemandes. Je YiHi-i donne une copie de cet état à la suite de cette lettre. Vous veillerez, si

« 2'' cabinet, sur bois, de .'! pieds 1 pouce de large sur 2 pieds 7 pouces de « haut.

« 2" Le passade des Israélites par la nier lîouge, par 1<\ Frank, marqué ii" 1 du premier cabinet, sur bois, de 2 pieds 10 pouces de large sur 2 pieds de haut.

>. 3° La Circoncision de Christ, attribuée à P. Rembrandt, plutôt de « niederich, marqué n* 74 du premier cabinet, sur toile, de 2 pieds G pouces

• de large sur 3 pieds 5 pouces de haut.

« 1" l'ne Mlle en chemise souffle sur un tison, par Ger : Ilondhorst, n" 81) » de la première gallerie, sur toile, de 2 pieds 3 pouces de large sur 2 pieds

• 1 nonces de haut.

" ,V tète de vieillard à grande barbe, par Jean Lievens, n° 31 première ■■ gallerie, sur bois, d'un pied 10 pouces de large sur 2 pieds!} pouces de haut. « Caen, le 7 octobre 181."). GÂTER.

(Papiers personnels d'KIouis.) • 1' Arrhicpg municipales, dossier du musée.


— un —

le ras .'■choit, :'i ce que les intentions de S. M. soient ponctuellement remplies. Recevez, Monsieur, etc.

Pour le Prr/et cl par tlcléi/ation,

I.e Conseille!' ,1e Préfecture.

M'Ml'nns til'.STCNATieN l,|;s SIMTTS NOMS I1I.S MIITIIIS

n'nitltlti:

1. La Communion .le saint Honil'ace (1 Van Diek.

~. La Tentation de saint Antoine P. Véronèse.

3. Le Vii'ii de Louis XIII ( ha ni] in i o-ii<'.

4. Le Mariage de la Vierge Pérugin.

.">. L'adoration lies bergers liertholet Elcmael.

G. La pénitence de saint Augustin Lairesse.

T. La Samaritaine Ohampaignc.

5. La Vierge, l'Enfant Jésus, les Anges, saint

François et un prêtre recevant un étole D'ap. Van Dick.

La prétention do la Belgique, si clic s'est réellement produite, et si le Louvre n'a pas simplement voulu réparer ses pertes aux dépens des musées provinciaux, la prétention de la Belgique (Hait vraiment extraordinaire. Bruxelles, en 180-1 et en 1811, avait été comprise parmi les villes de l'empire â qui des tableaux avaient été répartis parle Louvre; son lot même était considérable, autant par le nombre que par la qualité des pièces (2); avant de réclamer des tableaux à la France, elle devait d'abord renvoyer au Louvre les tableaux de France qui étaient au musée de Bruxelles. D'autre part, la

1) On devait particulièrement tenir à ce tableau, car c'e^t le seul dont on ait pris soin de donner les mesures.

[i Les plus beaux tableaux de la collection italienne de ce musée proviennent de dépôts du gouvernement français en 180-1 et en 1811. Mavenee et (ïellèvc avaient été également (lu liomble des villes à ipli des envois de tableaux turent laits par le Louvre : les Allemands se gardèrent bien, en 1815, de renvoyer les tableaux du musée de Mavenee, qui avaient été déposés au musée de celle ville par le gouvernement français.


— 10") —

réclamation des commissaires belges était faite à tort et à travers ; ils signalaient ainsi comme tableaux provenant clos Pays-Bas: la Tentation de saint Antoine, par Yéronèsc et le Mariaf/e de la Yierr/e, par Pérugin, qui n'avaient point quitté l'Italie jusqu'en 179G; le Voeu. de Louis XIII, par Philippe de Champaigne, qui était l'un des mais de Notre-Dame, et que tous les guides du siècle dernier mentionnent dans cette cathédrale ; la Samaritaine par le même artiste, par lui faite pour l'église de Port-Royal et qui n'en avait point bougé jusqu'à la Révolution.

Naturellement, Élouis n'envoya rien et l'administration municipale dut en référer au comte de Pradel, quiavail remplacé Denon dans la direction des musées: cette démarche n'eut d'autre effet que de provoquer une nouvelle demande d'envoi des tableaux ayant appartenu aux cours de Cassol et de Mecklembourg. Le 20 février 1810, le maire de Caen, M. de Ycndeuvrc, écrivait au préfet du Calvados :

Sur le catalogue qui' jf nir» suis fait représenter, je n'ai vu aucun tableau venant île C'assel ni de Mecklembourg... Il est nécessaire qu'on nous envoie préalablement la description desdits tableaux, dont une partie a été restituée, les Prussiens en ayant emporté sept (1).

(1} Cette lettre fut produite par M. Pont, dans une très intéressante notice sur le musée de Caen ; aux archives municipales, la copie de la correspondance manque pour 1816.

Ce n'était pas sept tableaux, mais seulement six, qui avaient été repris par les Prussiens : la municipalité était si peu au fait des richesses artistiques de la ville qu'elle accusa officiellement la restitution aux Prussiens de sept tableaux ; à son dire, le septième aurait été le Jésus donnant les clefs à saint Pierre, par Véronése, qui faisait partie de l'ancienne collection de la Couronne et jamais n'avait quitté le musée.


1(X)

I/aflirmation était normande; car, sur l'état de l'envoi de 1811, on avait omis tonte indication de provenance des tableaux. Cette lettre du maire de Caen se croisa avec une autre du préfet : cette fois, concurremment à la Belgique, on faisait intervenir l'Italie, et on persistait à réclamer, au nom de la première de ces puissances, les deux tableaux de Philippe de Champaigne, qui, depuis près de deux siècles, étaient la notoire propriété de la France. Voici la lettre du comte Bcrtliierd):

Prt-J'crturc <ln Crtlmrloi Corn, le ?/ terrier IS1>>.

MnxsiF.rn \.v. MAIRE,

Je viens di> recevoir de M. le Secrétaire du Musée Royal et j'ai l'honneur d( vous transmettre une nouvelle liste de tableaux qui se trouvent déposés dans le musée de Caen. cl qui sont réclamés par les commissaires des gouvernemens de la Belgique ci d'Italie.

Veuillez bien, en conséquence, les faire encaisser et emballer avec soin, eu Taisant toutes fois rouler sur un cylindre, les tableaux sur toile, l't peinture on ilelims, et les adresser le plus tôt possible à M. le Secrétaire du Musée Koyal.

Tous les frais que celle opération occasionnera seront payés par lui, sur un bordereau de dépense que je vous prierai de faire joindre il la lettre de voiture, et qui devra préalablement être vérifié, réglé et approuvé par moi.

J'ai l'honneur de vous observer que l'envoi des tableaux dont il est ici question est indépendant des 18 autres pour lesquels je vous ai déjà écrit, et qui sont réclamés parles Cours de Casscl et de Mecklembourj.'-Schwérin.

Veuillez in'accuser réception de la présente et me faire part des mesures que vous aurez prises pour son exécution.

Hecevez, Monsieur, etc.

Le Préfet,

C" IIKIÎTIUER.

'1) Archires municijtalef. dossier du musée.


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TABLEAUX RÉCLAMÉS PAR LA BELGIQUE ET L'ITALIE

Désignation dus tabluaiix Hauteur Largeur Maitivs Provenant!»

piH> fwu pitfe ptgtei

1. La Communion do saint

Boniface 10 » 6 » Van Dyck Belgique,

2. La Tentation de saint Antoine 6 » 1. » P. Véronèse Mantouo.

3. Ls Vomi do Louis XIII 10. » 8. 2 Champaigne

■J. Le Mariage do la Vierge T. 2 5. 8 Pérugin Pérouse.

5. L'Adoration dos Bergers 9.10 6. 3 Bortliolot Flcinacl Belffi<iuc.

6. La pénitence do S'Augustin 10. » 8. G Lairesse Belgique. T. La Samaritaine 3. 0 3. 0 Clmmpaigno Pal. du Roi 8. La Vierge, l'Enfant Jésus, les

Anges, saint François et un

prêtre recevant une étole 0. » 0. ."> d'après Van Dick Liège.

Certifié valable :

/.e Secrétaire du Musée Royal, W. LAVALLKK.

La ville de Permise, depuis 1814, avait en effet réclamé le Sposali-~*io de Pérugin : pour mener à bien leur demande, les magistrats de cette ville s'étaient d'abord adressés à l'autorité pontificale; mais Pie VII n'était point partisan de ces restitutions, qu'il subissait malgréluiet à cause de son entourage, et les doléances des Pérusiens ne lurent point entendues. Ceux-ci, en lNir>, s'adressèrent alors à Canova ; mais leur réclamation arriva après le délai de dix jours fixé pour terminer ces envois, et celui-ci reconnut qu'il n'y avait rien à faire pour les tableaux répartis dans les musées de la province (IV

M. de Vendcuvre, maire de Caen, qui, dans cette

(1) Lire, au sujet tle ces réclamations dos habitants, une intéressante notice liai- M. Buret, Histoire d'un tableau {le Pérut/in du musée de Caen), publiée par le Bulletin de la Société des Beauv-Arts, tome 0. p. 375.


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affaire, se montra très lin diplomate, estima que le moment était venu de rompre les chiens, et, le 21 février 1816, il écrivait la lettre suivante :

Tout me porte à croire qu'i/// auiro luati/ t/nc t-fltti t/f la rcxtittilitin art r nlliri engag-e M. 1" Secrétaire >rén(M'ai ihi Musée à \ous l'aire lu démarche relative aux tableaux, <11J<' vous m'avez l'ail l'honneur «le me transmettre par vos lettres on date îles 19 cl 21. D'abord, dans ces tableaux, un de /,»tu'« XIII et l'autre la Samaritaine, n'ont jamais appartenu aux puissances étrangères : ils sont de l'école française et ont toujours appartenu à la Franco ; do plus, ces talileaux avant été donnés à la ville par M. le Ministre. In ville ne pont obtempérer qu'à l'ordre du Ministre, et ne reconnaît pus celui de M. le Secrétaire {réitérai du musée, (pli, poiit-rti-c. rettt réparer son /icrtei à /io< tlrpent. Cependant, il est possible qu'il n'agisse lui-même ipi'en vertu des ordres du ministre ; mais alors qu'il veuille bien me les l'aire connaître, alors je m'empresserai de répondre a sa demande 1 .

C'était un trait de génie que d'avoir ainsi soulevé ce conflit d'autorité: la lettre de M. de Vendeuvre arriva au moment opportun. Les rumeurs soulevées par ce démembrement décidé de plusieurs musées départementaux augmentaient d'intensité ; le Ministre de l'intérieur, comte de Yaublanc, s'en émut; et, le ô mars, il révoquait purement et simplement les ordres du comte de Pradel et de Louis XVIII : le V2 mars 181(>, le maire de Caon recevait la lettre suivante, dont l'original devrait être soigneusement mis à la réserve aux archives municipales où il figure:

'.'ara. le I.' mari IMG. Moxstr.i u i.i: M.MIII:.

D'après une lettre do S. K. le Ministre secrétaire d'Klat clo l'Intérieur du ;, do ce mois, vous devez suspendre tout envoi dos tableaux existant au musée de Caon et qui ont été réclamés.

(li li. l'ont. Xotirf hitlHi-ii/tte sur l'Iiàlrl i/o rille tir l'arn


— 1(J<) —

Los musées dos villes ilu lîoyaumo sont dans les attributions du ministère île S. lv.el rien n'en peut élre distrait sans su participation.

Koccvoz, etc. LK Prvl'et du ('tilrudi.s,

(.'•• lîKHTIIIIOHcij.

Le musée de Caen était sauvé ; l'honneur en revenait aux intelligents efforts de MM. de Vendeuvre et Elouis.

Comment maintenant expliquer les causes de ce brusque revirement? C'est là matière particulièrement délicate. Les réclamations des Prussiens se trouvent vérifiées, sinon dans leur totalité, du moins dans leur majeure partie, de même aussi celles de Pérouse ; mais, pour le reste, il semble que M. de Vendeuvre ait vu juste, quand il écrivait que le Louvre voulait réparer ses pertes aux dépens du musée de Caen.

La conduite de la direction des musées s'explique; mais elle avait affaire à forte partie, et, la première, elle dut être édifiée sur la fidélité avec laquelle le musée de Caen conservait les dépôts que l'Etat lui confiait.

!ll

De 1818 à 1829

A peine remis d'une alarme aussi chaude, le musée

1,1) L'histoire du musée de Caen, en cette ocourenec, est exactement la même que (.•l'Ile» du musée de Lyon : en 181."), les alliés réclamèrent à ce musée 31 tableaux envoyés par Napoléon ; le musée en rendit neuf, et traîna les choses en longueur pour les 23 autres. Le 6 mars 1816, le ministre de l'intérieur envoyait également m préfet du lihône une dépêche donnant l'ordre d'attendre une autorisation de sa part pour envoyer les tableaux réclamés : le texte en est le même <|ue pour celle adressée au préfet du Calvados.


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eut bientôt à faire face à d'autres réclamations, celles des fabriques, qui avaient mis plus de quinze ans à s'apercevoir que la collection caennaise détenait des tableaux qui, sous l'ancien régime, étaient la propriété de leurs églises.

Déjà, par lettre du 19 thermidor an X, l'évoque de Baveux avait demandé au préfet du Calvados de bien vouloir mettre à sadispositionquclquestableaux qui se trouvaient dans une des salles de la ci-devant l"Diversité, et qui décoreraient très bien l'église Saint-Jean ; c'étaient : le Baptême de saint Jean par Le Brun ; les Pestiférés de Milan d'après M ignare! ; le saint Sébastien par Calvaert. Une réponse négative avait été faite à cette demande (1).

En 1828, la paroisse de Saint-Jean revendiqua, comme lui ayant autrefois appartenu, les deux premiers lableaux, et le conseil municipal, par délibération du 20 mai 1818, faisait droit à cette demande « considérant, disait-il, que les tableaux de dévotion sont mieux placés dans les églises que dans un musée. »

Cette décision constituait la plus lourde des fautes et la plus grave des imprudences ; non que l'ancienne propriété de l'église fût contestable — encore que les titres aient été bien lents à être produits; mais ces tableaux avaient été sauvés, sous la dévolution, d'une destruction certaine; une loi les avait déclarés propriété nationale ; ils avaient été restaurés et encadrés aux frais de la ville, au su de la fabrique;

il' Ari-liirru ilr/itirleiiiviiti(lps, si'-ric T.


— 111 —

ils avaient été exposés clans le musée pendant une dizaine d'années. Quand la prescription pouvait-elle èlre plus légitimement acquise? Et puis, autoriser cette réclamation d'une paroisse, c'était admettre et encourager toutes les autres, celles des puissances étrangères comme celles des communautés et des émigrés ; c'était contester l'institution du musée même. L'acte était parfaitement impolitique, d'autant que ces tableaux eussent quitté un local où ils devaient trouver les conditions d'atmosphère et de lumière indispensables à leur conservation, pour être relégués dans les coins dédaignés d'une église, où l'humidité et — l'humiliant aveu en a été fait par le comte de Montalembert — le vandalisme involontaire d'un clergé systématiquement tenu en dehors des choses de l'art, risquaient de les ruiner à jamais.

Quelques jours après, le 8 juin 1818, les marguilliers de Saint-Pierre réclamaient à leur tour à la ville le saint Sébastien, par Calvaert, jadis propriété de leur église, où, disaient-ils, « il faisoit l'admiration des artistes et celle des lidèls (sic) » (1). Naturellement le conseil municipal, invoquant le précédent de la paroisse Saint-Jean, faisait également droit à cette demande dans sa séance du 10 juin.

Mais, pour qu'elles fussent valables, il fallait à ces décisions municipales l'autorisation du préfet : ce fonctionnaire vit les dangers d'unetelle conduite ; il opposa son veto, et les tableaux demeurèrent au musée.

(1) ArilUrfs ilé/jr/rtomeittalo', i'-r'w T.


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Les paroisses, au reste, étaient mal venues clans leurs réclamations; car l'administration municipale ne se faisait pas faute de dépouiller le musée en faveur des établissements religieux; et, dès celle époque, on constate cette déplorable dispersion clandestine des tableaux de la collection caennaise, contre laquelle on ne saurait trop protester.

Le 5 avril 1810, sur les injonctions du maire, Klouis remettait à l'aumônier, pour la maison de détention de Bcaiilieu, trois tableaux, dont deux encadrés et l'autre sans cadre, représentant, l'nn un saint Jérôme, l'autre une Adoration des Mages, et le troisième un Ange annonciateur » (1). Le 1" février 1817, par ordre de la même autorité, six tableaux du musée étaient délivrés au directeur du dépôt de mendicité, pour la décoration de l'abbaye aux Dames ; d'après le récépissé qui existe aux Archives municipales,c'étaient une Vierge arec /'Enfant Jésus et deux pèlerins, un Portrait d'un A)thé de Caen, frère bâtard de Guillaume le Conquérant (2), Joseph avec l'Enfant Jésus, unPor(1;

unPor(1; Je reconnois <|ui' K. Klouis, mailre de dessein, a remis, d'après la a permission de M. le maire de la ville île Caen, an nommé lîobert, conducteur 'i de la voiture de Heaulieu. trois tableaux, dont deux encadrés et l'antre san ■ cadre, représentant l'un un saint Jérôme, l'aulre une Adoration des Maures « ei le troisième un Anj.'e annonciateur, le tout pour la maison de détention « de Heaulieu, dont reconnaissance de livraison. A Caen, ce ."> avril 1810. « Jules Adr. Moigm-1. mini, de lt. »

(Papiers personnels d'Klouis.'

Ç-!) Dans ce récépissé, sijfné de Lecliaudé d'Anisv, ce tableau est désigné portrait d'un Ilermitc; l'identification que j'en donne est motivée par une lettre du maire de Caen au préfet, en date du 2.') novembre 1X19, où le personnage est ainsi désigné.

I.ors de la vente du dépôt de mendicité, les tableaux du musée furent


— lia —

trait d'une Abbessc, unsaint AIcris,un dessus de porte représentant une Descente de rroi.v.

L'État recommença ses envois au Musée de Caen

en 1819 : cette année-là, trois tableaux nous parvenaient; l'un Télémaqae abordant che.; Cah/pso par Pcllier,

accordé par le ministère de l'intérieur; les deux autres

le Sommeil de Silène par Dul'rcsnoy, et une tète de femme

d'après Raphaël, provenus des réserves du Louvre.

L'année suivante, autre envoi de trois tableaux d'IIcnncquin,

d'IIcnncquin, statue de femme par Laitié, et d'un buste

de Corneille, par (uiillois. En 18:22, le ministre de

l'intérieur expédiait au musée le portrait de Malherbe,

spécialement commandé à Robert Lcfèvrc pour la ville

de Caen, et Dacid dcna.mdant à San/ la permission de

combattre (ioliatli par Berthon (1).

Aiguillonnée sans trêve ni merci par Llouis, la

municipalité montrait, à vrai dire, pour le musée une

sollicitude aussi louable qu'extraordinaire: en 1820,

nous la voyons acquérir à un peintre nommé (îagnereau

(îagnereau U00 l'r. de tableaux pour le musée (2); en

1821, elle sollicite de l'Etal un nouvel envoi, et, comme

portés ,'i l'inventaire, niais ils m- lïnvnl pas vendus. Le 20 tio\emhiv 18;], M. Diichevnl écrivait à leur sujet à Kluuis, lui demandant la description de ces tableaux « pour qu'il ne soit pas fait de substitution, eu égard à une « plus grande quantité de tableaux qu'on avait rassemblés dans cette église, »

.1) Archircs départementales, série T.

(2> Je n'ai pu retrouver le détail de cet important achat ; pour les autres achats, consulter aux archives municipales les registres d'ordonnances de paiement aux années indiquées.


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celui-ci lui demande de coopérer à la moitié de la dépense, le conseil municipal de refuser, sur ce considérant: a I/extrême médiocrité des tableaux commandés « ainsi pour les villes de province ferait préférer au « Conseil d'employer les fonds dont il pourrait disposer « à l'acquisition de tableaux terminés, et dont le mérite « pourrait être reconnu et apprécié. » Le refus était judicieux et la leçon ne manquait pas de piquant, ce qui n'empêchait point l'Etat d'envoyer en 18:20 Y Entrée du due de Berrij à Caen par Berthon.

C'était alors, après le grand branle-bas de la révolution, l'époque de belles occasions artistiques: la curiosité d'Klouis, toujours en éveil, accrut la collection caennaisc de quelques morceaux de choix. V.n 182~, il achetait pour 72 l'r. au peintre Blouet le portrait du graveur Audran par Tournières, et à M. de SaintPierre un tableau estimé 210 l'r., et qui peut-être n'est autre que la pseudo-madame de Parabère par Fontenay. A cette même époque, M. de Vendeuvre étant maire, 3.000 l'r. étaient alloués à Elouis pour aller copier à Paris le portrait de Louis XVIII d'après (îérard.

V,\\ 1823, le crédit affecté aux achats de tableaux était doublé « pour pouvoir proliter i\c^ occasions qui se présentent d'acquérir de nouveaux tableaux »; et de l'ait, celte même année, le peintre Monin et un nommé Mioque vendaient au musée pour 1.570 IV. de peintures. Il faut probablement reconnaître dans ce lot: le Titlion et l'Aurore par Julien, le Sisara par Cignani, un paysage par Patel, la Vienjc et l'enfant dan* une <juir-


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lande de fleurs par Van Uost et Seghers, et une tète d'étude par Velasqucz (1). L'année suivante le conseil municipal votait un crédit de 3.000 t'r. aux fins d'acheter à M.Derenemesnil le Repas citez le Pharisien par Eustache Restout. provenu de l'abbaye de Mondaye ; et, pour témoigner sa gratitude à la ville de ce généreux achat, le vendeur donnait au musée un portrait de Richelieu par Philippe de Champaigne. De ce même peintre, Elouis achetait, en 1825, à M" 10 de Caligny le code de sainte Véronique, au prix de 185 lr. ; un nommé Walnnec vendait alors 200 IV. une copie du portrait de Pie VII de Robert Le lèvre, et, pour le même prix, on achetait au peintre Blouct le Siège de Vienne par Parrocel. Enfin, en 1826, on relève les achats pour le musée de deux tableaux payés 150 francs au même Blouet, et d'un autre payé 350 francs à M" 10 de Caligny.

Elouis, mettant alors à profit la tranquillité du moment, après avoir aussi puissamment contribué à la formation du musée, se mit en devoir d'éliminer les di vers risques de destructionqui menaçaient les tableaux: le soleil, la poussière, le froid, l'humidité. Le musée était considéré comme un lieu à tout faire : on y donnait les bals, les concerts, les banquets, voire même les réunions politiques; point de rideaux aux fenêtres, pas de calorifère ; au budget, aucun crédit affecté à la restauration des tableaux que l'humidité compromettait sérieusement. Elouis à cet effet importuna la municipalité: en

(1) Revue de la basse Xorniraulic, n" des 23 novembre et 12 décembre 183."), articles; de M. Jlancel sur le musée.


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18:36, le conseil municipal volait un crédit de 200francs pour installer un poèle dans le musée ; M. Lair donna des rideaux en 1827, et en 1828 35.") francs étaient alloués au peintre Monin pour avoir restauré quelques tableaux, et notamment le saint Sébastien, par André del Sarte; KIouis demanda et obtint l'autorisation de restaurer le Baptême du Christ par Le Hrun, une marine par Lebel et un paysage par liegyn. Pour le reste, l'administration des musées, quelque peu méfiante .sur la discrétion des restaurations des artistes provinciaux, avait fait restaurer à Paris les tableaux envoyés au musée.

IV

De 1830 à 1848

Sous le gouvernement de Louis-Philippe, les envois de l'État lurent peu nombreux et d'assez mince importance ; le détail en témoignera :

En 1830, tes Petits Patriotes par Jeanron ;

En 1830, Hylas et les nymphes par (Irenat-Frank; et le Maitrais riche par Durupt, ce dernier tableau accordé sur la demande de M. Chatry-Lafossc, député ;

En 1838, la Mort de Du Gnesclin par Aligny, accordé sur la demande de M. de Tilly, député ;

En 1810, Adam et Eve par Claudius Lavergnc, et la Faite en Éfjijpte par Dorigny, toujours sur la demande de ce même député, qui vraiment n'avait pas la main très heureuse.


— 117 —

En 1842, le même M. de Tilly, qui montrait un si grand zèle à l'endroit du musée, annonçait au maire de Caen qu'il faisait des démarches auprès du ministre de l'intérieur pour obtenir un nouveau tableau. M. Don net le calmait un peu en lui écrivant en date du 23 avril : « J'espère que la promesse que vous me « communiquez réalisera toutes nos espérances ; car « vous sacez que, jusqu'à ce jour[, les tableaux qu'on nous a a envoyés ne raient pas les frais de port et d'emballage « qu'Us nous ont coûté. » M. le maire était quelque peu dur si l'on songe aux envois de 1804 et de 1811 et aux oeuvres de Pérugin,de Véronèse,de Rubens,deTintoret ! 11 est vrai que, pour relever le niveau artistique du musée, M. Donnet, à la fin de sa lettre, demandait à M. de Tilly d'obtenir du Gouvernement la Charlotte Corday par M"'" Lebaron-Desvès ; et, de complicité avec M. Leclerc, ancien député de Falaise, M. de Tilly réussissait a faire attribuer ce tableau au musée de Caen, ainsi que le Port de Granville par Petit.

En 1843 et 1815, l'État dirigeait sur le musée de Caen le Guillaume le Conquérant et la Bataille d'Hastinys par Debon : pour obtenir ce dernier, on mit môme en oeuvre l'influence de Guizot, député du Calvados et alors ministre des affaires étrangères et pour le port et remballage de ces deux toiles, la ville ne payait moins de 000 francs.

Enfin, en 1814 , fut envoyé également la Mort de Maljilàtre par Perrin, de dimensions plus modestes.

Ea révolution de 1848 arriva à propos; car,avec des


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envois aussi considérables, le musée risquait d'être débordé,et le magasin s'enrichissait immodérément.

Pour compenser ces largesses officielles, la municipalité, sollicitée et conseillée par Elouis, procéda à divers achats de tableaux dont quelques-uns particulièrement heureux.

En 1829, le peintre Blouct vendait l.">0 fr. les Victimes de l'amour par Franck, et un nommé Paris cédait pour 130 fr. une suite de tableautins sur cuivre représentant la Passion. — En 1830, une marine, faussement attribuée à (ludin, était payée 300 fr. au marchand de tableaux Lefoye; et, pour 190 fr., M. Fleuriau de Bellemare, l'un des parents sans doute du premier conservateur, cédait au musée trois tableaux représentant l'un une tète de vieillard exécutée par Fleuriau, le second un vase de fleurs probablement par Fontenay, et le troisième un personnage du temps de Louis XIV : à ce propos, le portrait de Fleuriau, par Robert Lefevre, dut vraisemblablement être offert au musée. — En 1834, on payait 275 fr. à Lefoye Venus et Adonis par Corneille de Harlem, et 180 fr. à l'expert Houx (du Cantal) le portrait du frère Jean Romain par François Jouvenct. — En 183."), on acquérait, au prix de 3001V., d'un nommé Tardif, un tableau où il faut, je crois, reconnaître la prison de saint Pierre, par Stccmvick ; du peintre Blouet pour 70 fr. le fameux portrait du magistrat aux- yeiuv eliassieu,r par Tournières et pour 50 fr. un tableau de fleurs par Van Iluysum. — En 1837, ce même Blouet cédait pour 00 fr. le portrait d'un prémontré par Bestout ; on achetait également G2Ô fr-


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à '.in marchand de tableaux de Paris, nommé Lefebvre,

r<

une Vie/'f/e arec l'Enfant par.Sasso Kerrato; mais, l'authenticité de ce tableau avant été contestée par des experts et notamment par Houx (du Cantal) ainsi que par le directeur du Louvre, le marché l'ut résilié mais dut être repris sous la direction Guillard. — En 1837, la chaussée de Montaii/u par Bonnel, était payée 130 fr. à Lcfoye, et le peintre Blouet, qui dota le musée de très bonnes peintures, comme on Ta déjà plusieurs fois constaté, vendait lot) fr. deux tableaux, l'un représentant le portrait de M"" de Chantai par Loyer, et l'autre, si Ton s'en réfère au libellé de l'ordonnance de payement, « une bataille par Michel-Ange », niais plus vraisemblablement les Bohémiens jouant au.v cartes, par Michel-Ange des Batailles.

Cette année 1837 eut lieu àCaen la vente de la galerie de tableaux de M. de La Roque. M. de La Roque était un des hommes qui s'était le plus employé à propager en notre ville le goût des arts: il s'était formé une collection de premier choix, recrutée aux sources les plus sûres, à une époque où les occasions magnifiques ne se comptaient plus. L'expert Roux (du Cantal), qui dirigeait la vente, avait chaleureusement engagé le musée à profiter de cette rare circonstance pour compléter ses collections ; les démarches d'Elouis ne furent point infructueuses. En 1830, M. de La Roque avait cédé de gré à gré pour 1.000 fr. le Couronnement d'épines, par Ribéra (1) ; aux enchères publiques, le

(1) « l'u tableau do M. Ribéra », fournie il est éerit dans la délibération municipale du 10 novembre 1836.


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musée se rendait acquéreur do qualre autres morceaux: un tableau de fruits par Cerquozzi, payé 320 fr.; Y Enfant prodigue, par Ribbiena et Lauri Filippi,415 fr.; des Animai/.v, par Ressi, 105 fr.; suint Pierre guérissant les malades, par Jouvenet, 511 fr.

1837 devait, au reste, être pour le musée une date marquante, puisque ce fut cette année-là que parut le premier catalogue, rédigé par M. Mancel,qui avait déjà, en 1S35, publié sur la collection caennaise une série d'études dans la Renie de la liasse Normandie.

Eu 1838, M. Saillenfest vendait 500 fr. au musée une marine par Joseph Vernet, et M. de Cauvigny .309 fr. 15 un tableau de Heurs par Cerquozzi, qu'il avait acheté l'année précédente à la vente de La Roque — En 1830, l'expert Roux (du Cantal) cédait pour (300 fr. une Fête villageoise, par Brucghel, et un portrait de magistrat par (Mande Lel'ebvrc. En 1840, on achetait pour 554 fr. 35 à M. Mauduit trois tableaux « représentant des puits et un aigle » ('.) (ce sont les termes mêmes de l'ordonnance de paiement) et au même, pour 370 fr., le Sacrifice de Manaé par Le Sueur.

Ce fut là la dernière acquisition d'Elouis, qui mourut en décembre 1840. Raconter l'histoire de son administration, c'est à en faire l'éloge : il avait cette qualité qui seule fait un bon conservateur ; il aimait la collection confiée à sa garde, et il lui donna toute son âme. Le musée de Cacn fut réellement formé [tarses soins ; il le défendit au risque de sa vie, le compléta avec tact et intelligence, et montra pour son avancement une passion véritable; il eut enfin cette gloire, qui n'est


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pas mince, de faire marcher une municipalité dans des voies artistiques, et d'affirmer au budget de la ville, par des crédits convenables, l'importance des collections caennaises.

Le nom d'Élouis doit être particulièrement sympathique à ceux qui à Caen portent quelque intérêt aux choses de l'art, et ce ne serait assurément pas un hommage exagéré que de le donner à l'une des salles de ce musée qui lui doit le maintien d'une quarantaine de ses plus beaux tableaux.

V

Administration Guillard (1841-1880)

Sans vouloir décourager personne, on peut dire que, depuis 1840, Elouis ne fut pas remplacé à la tète du musée de Caen : sa mort fut pour cette collection une perte irréparable.

Son successeur, Guillard, était un peintre estimé, et, si le talent et l'habileté professionnelle étaient des conditions indispensables pour diriger un musée, nul assurément ne méritait mieux que lui le choix de la municipalité. Mais, dans les quarante années qu'il occupa ce poste, il ne semble pas qu'il ait fait preuve d'aucune de ces qualités qu'avait montrées son prédécesseur : sans doute, les événements ne lui permirent pas de donner toute sa mesure, et, aux heures douloureuses de 1870,il prouva qu'il était capable d'énergie et de décision ; mais enfin la direction ordinaire par lui imprimée au


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musée eût pu être plus heureuse. Les acquisitions furent moins nombreuses et importantes, et parfois les choix laissèrent à désirer ; les greniers s'enrichirent immodérément, et des toiles de tout intérêt pour Thistoire locale furent compromises et presque ruinées dans ce séjour déplorable.

La municipalité, qui n'avait souvent consenti qu'à contre-coeur aux exigences artistiques d'Élouis,resserrait les cordons de sa bourse ; dès 1812, le conseil municipal supprimait le crédit de 1.000 fi\ destiné aux achats de tableaux, soi-disant pour le consacrer à l'embellissement intérieur des galeries, et il motivait cette détermination par ce considérant superbe :

Considérant qu'il e.viste au musée un anse; i/rand nombre de tahleauimédiocres; qu'il est inutile d'en acheter dacantaye de cette espèce; que des nménagements sont nécessaires dans la salle, soit pour le meilleur placement des tableaux, soit pour jrarnir de cadres ceux (pli en manquent, soit pour tenir le public a distance et empêcher qu'on ne passe la main aux tableaux..T.

De fait, tout achat de tableaux cessa : la période active était terminé, l'ère du sommeil commençait.

Quelques dons particuliers cependant étaient venus précédemment s'ajouter aux envois de l'Etat et aux achats de la ville ; un mouvement de sympathie se manifestait en faveur de la collection caennaise, et l'intérêt que certains amis des arts y prirent se traduisit par des générosités dont le souvenir doit être rappelé.

M. P.-A. Lair, dont la sollicitude était acquise à

(1) Délibérations du 26 août 1812 et du 20 juin 1843.


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foule tentative d'art, avait gratifié le musée de deux portraits par Rigaud provenant de l'ancienne galerie de Segrais, de paysages par Malbranche et Bonnel, et d'une Tète de Grec par Robert Lefebvre ; la famille de ce dernier avait offert en 18321e Crucifiement, une de ses dernières oeuvres ; les héritiers du peintre Noury, trois tableaux de cet estimable artiste ; M. d'Hautefeuille en 1833 la Soumission de la ville de Caen à Louis XIII; M""" Ilorcau en 1835 une copie du Chapeau de paille d'après Rubens, par Robert Lefebvre ; Mme veuve Toucher, en 1838, la Mort d'an enfant par Jeanron; M. d'Houdetot en 1844, avait fait don d'un double portrait par Tournières, faussement identifié à Chapelle et Racine.

Mais la plus importante acquisition de ce genre fut le legs de sa collection de tableaux fait au musée de Caen par M. Georges Lefrançois. Cette collection comprenait 14 études et croquis du légataire, 1G copies d'après les maîtres, et 27 tableaux anciens et modernes, parmi lesquels figuraient un magnifique portrait de femme par Van der Helst, deux Lanfranchi, une Vierge par Barbieri, un précieux Ecce Homo par Tiepolo, un portrait du duc de Villerui/j par Rigaud, etc., etc. (1). Un tel fonds devait singuliè(1)

singuliè(1) au reste, la copie do l'extrait do l'inventaire Lefrançois, relatif à ce legs fait au musée, et dont l'original figure aux Archives Municipales :

■ Une toile représentant un portrait do femme assise, les mains croisées, • de Van der Helst, estimée 200 fr.; — une tète do saint Pierre, par Lenfranc; — .. un portrait de femme, école flamande; — une tète de vieillard, par Lenfranc; « — une grande esquisse du jugement dernier (par Regnault) ; — une tête « d'homme, d'après Rubens; — un tableau de Hassan, effet de lumière; — une


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rement accroître l'intérêt du musée de Caen et en rehausser l'éclat.

Sous la seconde république, quelques donations furent également faites au musée : on relève ainsi en 1848 le legs par M. Hérault, ancien ingénieur des mines, d'un tableau attribué à Boucher, Mercure confiant Baechus aux nymphes du mont Ida ; des amateurs se cotisaient également pour acheter et offrir au musée le Lever de Vénus, oeuvre de jeunesse de Robert Lefèvre, et M. Hocher, ancien préfet et depuis sénateur du Calvados, donnait un Episode de la guerre de Russie par Odier, son beau-frère.

In seul achat de tableaux eut lieu dans cette période: en 1819, quatre peintures furent acquises par la ville pour le musée à la vente Godcfroy : une Bataille, par Simonini, pour 60 fr. ; un paysage, par liiiysdael,pour l.'iO fr.; un portrait de magistrat par Hol, pour 31 fr. 05 ; un paysage par Michault, pour 300 fr.

.Mais les envois de l'iïtat furent alors à peu près

v\ir de Grenoble, d'après Gudin; — une aquarelle, par lvelding;— une ■j es.plisse pai'Tiepolo d'F.cee Ilomo; — nue élude d'après nature; — un tableau « île buveurs; — une tète de femme, école flamande; — portrait de M. Lcfrançois, « par M. Roger:— grand portrait parRigaud; — une esquisse, par Vincent ; — > un portrait de femme, esquissé par Robert (Lefévre probablement' ; — une • Vierge et un F.nfant Jésus, d'après Guerchin ; — une copie, d'après Titien; — " un grand portrait, d'après Titien;— une copie, d'après Rubens. par Robert « I.cl'evre; — deux études de paysage,d'après Coignet ; — deux études, tètes de « moines et d'enfant;—'une bataille (par Courtois); — étude du Mont-Saint« Michel; — esquisse de portraits de Fontannes par Robert Lefèvre sans doute);

■» — Christ, école espagnole le tout estimé 9.">0 fr., plus 11 études et copies

« de Lcfrançois et 10 copies de maîtres, estimées 130 fr. >>

Au bas de cet inventaire, on relève celle note : « 18 tableaux anciens e| modernes ont été placés au Musée, — Guillard, »


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nuls : en 1848, un paysage par Paul Huct et une statue de Daplinis et C/tlor par Gayrard, lurent attribués au musée ; enfin, le 21 décembre 1851, le Prince-Président envoyait au musée deux vases de Sèvres ornementés par Langlois, d'une valeur de 3,000 fi\, générosité qu'avait précédée, cette même année, l'envoi par l'État du Vieillard et ses enjàmts par Abel de Pujol (1).

C'est à cette époque qu'il faut signaler, en faveur du musée de Cacn, les premières manifestations d'un concours précieux dont l'importance devait par la suite grandir avec la situation même de son auteur. La collection caennaise avait, de longue date, intéressé un jeune écrivain normand, originaire du Calvados, qui alliait déjà à une érudition sûre et à un goût artistique très délié des qualités de conteur aimable et d'humoriste ingénieux. M. de Chennevières-Pointel, l'auleur remarqué des Contes normands de Jean de Falaise et des Her/wrc/ies stw la cie et les ouvrages de quelques peintres prorinriaa.r, avait trouvé dans le musée de Caen un digne sujet d'études: dès 1844, il lui avait déjà consacré deux articles dans le Mosaïque de l'Ouest ; en 1851, il publiait ses Obscr(1)

Obscr(1) 30 août 1819, une délibération du conseil municipal permettait le dépôt dans l'église Saint-Sauveur de 8 tableaux, savoir: la Fuite en É</ypte, de Doiïgny; le Martyre de mint André, de La Champagne Le Feye; saint Sébastien-, d'après le Guide; saint Jérôme, de Vipnon le Jeune, sainte Anne d'après Jouvenet; les Disciples d'Einmaûs et le Somje de saint Joseph, d'auteurs inconnus. Mais je ne pense pas que ce dépôt ait été réalisé, car quelques-uns des tableaux indiqués lij;ureiit encore au musée ou dans ses fnvniers.


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cations sur le musée de Caen et sur su/i noaceau catalogue (1).

Ce livre, lire à cent exemplaires, est devenu aujourd'hui à peu près inlrouvable : c'était l'étude la plus forte, la plus approfondie qu'on put souhaiter sur un musée, et un modèle [tour ceux qui, par la suite, auraient à s'occuper de cette même question. Après un historique rapide, un ensemble de sages conseils sur le classement des tableaux dans les galeries, quelques éloges du catalogue avec beaucoup de critiques autour, l'auteur donnait une histoire détaillée des principales toiles du musée, et des documents de tout intérêt sur les oeuvres des artistes normands qui liguraient dans la collection Des notes sur quelques peintures du département de l'Orne terminaient cet ouvrage d'érudition, écrit d'un style preste et charmant, et accompagné d'une lithographie par Bouct du Spo.:-ali;.3io du Pérugin, et d'une eau-forte par Villot,le conservateur du Louvre, de la Tentation de saint Antoine par Véronèse.

Après M. de Clienncvières, Clément de Ris, clans ses Musées de province, consacra aussi à ce même musée

{1) 1 vol. in-1". Argentan, imprimerie de Harbier. plan- Henri IV. Argentan 18M. I/intilulé du livre aniKiiii'i' drux eaux-forles; !a seconde, ipii ne fui jamais donnée, devait représenter la hrsreiitc de f'roi-r, par Tinluri't, ■ ji■<• Delacroix avait spécialement dessinée ipiand il visita le musée de Caen.

Voici, au surplus, pour les bibliophiles caennais, la li-te des diverses éditions du calalogue du inusée de Caen:

1"' édition, Ilardel, 1817 ; un supplément de H paires fut joint à celle édition, en 1838, après la vente de I.a Iîoclie. — 2" édition, Ilardel, 18.">1. — l!" édition. Poisson, 1801. — l'édition,de l'railaunav. 18G6. - ,V édition, I.e lîlanc-IIardcl, 1872. - 0- édition, I.e Hlanc-IIardel, sans date (vers 1875); en 1887, il fut l'ail un second tirage de cette édition avec un supplément de 1- paires. — 7° édition, 1891, Valin. — Toutes ces éditions sutit de format in-12.


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de Caen une monographie, où se relèvent assez d'inexactitudes; en 18Ô6, Barbey d'Aurevilly décrivait dans plusieurs pages de son Mémorandum sur Caen les impressions que lui avaient causées le Spo^ali^io par Pérugin, la Tentation de saint Antoine par Véronèse, et la Mort de Patroele par Gérard ; et, en 1861, M. Barthélémy Pont publiait sur ce môme sujet une notice très complète, surtout en ce qui concernait l'histoire même du musée (1).

Sous le second Empire et jusqu'en 1878, M. le marquis de Chennevières, dans les diverses fonctions éminentes qu'il remplit à l'administration des BeauxArts, ne cessa d'être le génie bienfaisant du musée de

(1), Voici, indépendamment des catalogues, la bibliographie du musée de Caen :

Saint-John Creveoeur. Journal d'un voyage en Normandie

Mancel. Deux articles dans la Reçue de Brissé Normandie, 28 novembre et 12 décembre 1833.

Pli. de Clienneviéres-Pointel. Deux articles dans la Mosaïque de l'Ouest, juin 1815, et en 1831, Obsercation* sur le musée de Caen et sur son nouceau catalogue.

n.-irbey d'Aurevilly. Memoranda. Paris, Iîouvevre, 183.3, in-12, p. 7-lctsuiv.

Clément de His. Les musées de province, éditions de 1850 et de 1872.

1? Poill. Opuscules normand*, notice historique sur l'holel de ville de Caen. Caen. Hoisard, 18G1, in-12.

I,. Élouis. Le Musée de peinture de Caen. Guide de l'amateur et du touriste. Étude historique et critique. Caen, Le Hlanc-llardel, 1882.

MM. Trébutien, dans ses guides de Caen, et I.avalley, dans le Bulletin de l'Association française pour l'avancement des sciences (1891. , ont consacré des notices au musée de Caen, et le Bulletin île la Société des Beauoe-Arts a publié diverses monographies sur des tableaux de cette collection, faites par MM. Muret, (Juesnel, I.ccerf, Tesnièrcs, etc.


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Caen ; et son nom, avec ceux de Fleuriau et d'Élouis, monterait bien un hommage officiel et un témoignage public de reconnaissance. De 1852 a 1870, notre éminent compatriote eut la charge de répartir les achats annuels de l'État aux musées de province : celui de Caen fut très visiblement favorisé, comme en témoigne le relevé des divers envois faits de 1852 à 1870:

1852 — NL-.;ia, statue d'Etex, et un buste de Napoléon.

1853 — Le pâtre de Kcvlot par Luminais ; le Mauvais

Mauvais d'après Bonifazzio, par Serrur ; les Syndics des drapiers d'Amsterdam d'après Rembrandt, par de Serres, et 2 bustes.

1854 — Ladij Dowjlas et Jacques I" par Pottin ; le

Napoléon à Brienne, statue de Rochet. 1850 — L'entrée de Guillaume le Conquérant à Londres par Debon et un buste.

1857 — ("ne collection de moulages des bas-reliefs de

Luca Délia Robia, et Un découplé par Mélin.

1858 — Bardais enfant, statue de M Constant.

1851) — Lesueur à l'atelier de Poussin par Legrip. 1861 — Le jeune pâtre de Procida, statue de M""' Lel'ebvrc-Deumier

Lel'ebvrc-Deumier le Naufrage du navire anglais le Ho// par Morel Fatio. 1803 — Cette année-là, le musée obtint les six tableaux suivants, provenant de la collection Canipana : la Vierge, l'enfant, le petit saint Jean et un ange par Vitale de Bologne ; saint Paul et saint Nicolas par Nicolo Aluno; La Vierge au.v rochers par Léonard tle Vinci ; le portrait d'KIisabcth Siranj


î^y

par elle-inênie ; Vénus, les Grâces et les Amours par Piétro Liberi ; Jésus courronné d'épines par Van Dyck. Il faut encre ajouter à cet envoi celui du tableau les Lavoirs d'Albauo par Lanoue.

1864 — Un marché d'autrefois par Philippe Rousseau;

Esclavage et liberté par Brémond;

1865 — Procession de la Circoncision au Caire par

Giraud ; Marche de Bohémiens pav Bellel.

1866 — Les cavaliers persans ramenant des prisonniers

par Pasini.

1867 — Le jeune pécheur à la tortue, statue de Schoenewerk.

Schoenewerk.

1868 — La baiijneuse, statue de Morcau-Yautier ;

Vhuître et les plaideurs par Ribot.

1869 — Saint Secerin par Thirion.

Ce "onéreux exemple de l'Ktat trouva des imitateurs parmi les particuliers : en 1853, la ville acceptait un legs, en date de 1850, deM. P.-A. Lair, qui gratifiait le musée de 141 tableaux collectionnés par lui, et parmi lesquels figurait un lot important de portraits, qui avaient jadis composé la galerie de Scgrais (lj, à la

(1) Voici les clauses du testament de M. l'.-A. I.ilii', l'ail et passe à Caen le l.j juillet 1830, qui ont Irait au musée:

• Je crois devoir donner au musée de Caen, dans l'intérêt publie, tous mes autres tableaux (à l'exception de ses portraits de famille et de trois tableaux peints par sa nièce, M"e de Contamine), dessins, plans, gravures, lithographies encadrées ; toutefois, je suis inquiet sur la destination future et le placement de cette collection assez nombreuse et en partie médiocre sous le rapport de l'art. Elle doit cependant intéresser mes concitoyens parce qu'elle est composée d'ouvrages exécutés par des artistes morts ou vivants de la Normandie, particulièrement


i;*o

condition que ces tableaux ne fussent pas relégués dans les greniers; en 1852., sur les indications du marquis de Chenu evirres, M. le baron Gérard, depuis député du Calvados, offrait au musée une des pliis belles toiles de son illustre oncle, Achille jurant de reni/cr (a mort de Patrocle, qui peut compter parmi les plus remarquables de la collection; en 18ô.'J, M. (îervais, président de la Société des Antiquaires de Normandie, faisait don d'un médaillon peint sur verre par Jean Cousin, disait-il, et provenant de l'abbaye de Jumièges ou de Saint-Wandrille ; quelque temps après, M. Abel Vautier donnait un tableau de l'école italienne saint Sebastien secouru par Irène.

Mais la donation la plus importante par le nombre et aussi par la valeur de quelques uns des

du Calvados et que les sujets sont pour la plupart relatifs au département surtout à la ville de Caeu. J'éproucerais bien des reyrets si je pourras penser que ces objet* tussent relcqurs dans les greniers, comme c'est l'usmje dans les rilles où l'on est indijlcrend sur tout ce qui tient nui; arts et sur ce <iui concerne le pays.

« M. Dorcher, devenu propriétaire de l'hôte] de Segrais, rue de

l'Kngannerie. a Caen, y avait trouvé et m'avait donné une cinquantaine de portraits représentant les grands hommes du siècle de Louis XIV, que Segrais avait connus lorsqu'il demeurait chez la princesse de Montpensicr. J'ai déjà remis au musée les meilleurs tableaux de cette collection. Il m'en reste un certain nombre de médiocres, mais curieux par les personnages qu'il représentent. Je les lègue comme tous mes autres tableaux au musée de C'aen.

« Je lègue aussi à la ville la statue en pierre de Malherbe que Segrais avait élevée en l'honneur du grand poète dans le jardin de son hôtel, et qui m'a été donnée par M"" d'Angerville. Cette statue n'est point un chef-d'eeuvre, mais elle doit offrir un double intérêt à mes compatriotes, tant par le personnage qu'elle représente cpie par celui qui l'a érigée.

« J'ai aussi en dépôt un buste colossal en marbre blanc de Louis XIV, placé autrefois sur la cheminée de la. grande salle de l'ancien hôtel de ville, salle actuelle de la lioursc. Je n'ai prisée buste chez moi que pour empêcher


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tableaux (1) dont le musée bénéficia à cette époque, fut celle de la collection de M""- la baronne de Montaran. Le mobile de cettelibéralité était, disait la donatrice, « les honorables souvenirs » laissés en Calvados par son grand'père et son père, les comte et baron de Vaux, comme aussi « l'accueil flatteur des diverses notabilités » qu'elle avait personnellement rencontré dans son pays natal. La seule condition imposée était que « tous les objets de cette collection seraient réunis et conservés dans une galerie spécialement affectée à cet usage, à l'exclusion de tous autres objets d'art, sous le nom de galerie de Mn" de Montaran ». De celle collection toutes les pièces n'avaient pas la même valeur, mais il en était de vraiment intéressantes : ainsi, à côté de quelques Boucher contestables, il s'y trouvait un Drouais fort agréabîe, un Van der Ilelst, moins beau sans doute que celui de la collection Lefrançois, mais dont bien des musées s'enorgueilliraient, un Mignard très acceptable, un Maltèse de bonne marque et une série de vingt-un tableaux dé Gudin, alors à l'apogée de sa réputation, et qui prenaient ainsi une importance et une valeur exceptionnelles qu'ils n'ont point gardées depuis lors.

sa destruction ;'i une époque où tous les objets d'art étaient exposés a être mutilés, rumine l'avaient été à Ilarcourt le groupe de Louis XIV et l'Hérésie, ouvrage du célèbre Coysenox, dont je possède seulement les deux tètes mutilées. Le buste de Louis XIV sera rendu à la ville de Cacn et les deux tètes du groupe

d'IIarcourt devront être remises à M. de Beauvan »

(1) L'inventaire, qui se trouve aux archives municipales, évalue cette collection à 100.000 fi\, mais les estimations sont souvent des marques de politesse à l'adresse de la donataire.


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Ces générosités particulières étaient les bienvenues; car alors les achats de tableaux furent rares et assez peu heureux. En 1860, à la vente Vauquclin de Sacv, le musée acheta pour 591 fr. 70 un lot de cinq tableaux, savoir une scène de genre par Crasbeke, de trois paysages par Romeyn et Sébastien Bourdon, et d'une esquisse du Baptême du C/wist, attribuée à Restout, mais imputable, d'après la gravure qui en a été faite, à Ch. Coypel. En 1856, M. Paysant avait vendu 472 fr. 35 un Intérieur d'ètable par Rossi ; en 18(51, le portrait de Claude Fauche! par Bonneville, avait été payé 1U0 fr. ; en 1802, la municipalité acquérait pour 1(5(5 fr. 70, à la vente Abel Vautier, les Trois Ornées par Robert Lefebvre ; enfin un marchand de Paris, nommé Bienbar, cédait au musée, en 18(52, pour 500 fr. un paysage par Moucheron et en 18(51, pour 1.050 fr., une tabagie par BraUemburg.

Sous le second Empire, l'événement le plus saillant fut pour le musée la prolongation dc.^ galeries dans l'aile reliant l'ancien séminaire des Eudistes à la Bibliothèque : cet agrandissement, encore qu'insullisant puisqu'il restait encore bien des tableaux dans les greniers, eut lieu en 185(5 sur les instances de la Société des Beaux-Arts.

Le gouvernement de la troisième République tint à l'honneur de ne pas interrompre les traditions de libéralité artistique du gouvernement impérial: ainsi, en


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1871, un tableau, La marc aux pies par Van Marche, était envoyé au musée de Cacn, ainsi qu'une statue en marbra, par M. Bardex.

En 1872, un décret du président de la république autorisait le dépôt dans divers musées de province d'un certain nombre d'objets d'art provenant des réserves du Louvre ; dix-sept tableaux échurent au musée deCaen, dont quelques-uns étaient très remarquables (1) :

La Cène, esquisse du Tintoret : Jésus enfant par Murillo ; Ruines d'architecture par Panini; Le triomphe de Bacchus par Mon Boullongnc ; Minerve protégeant les arts parle même; Lucrèce mourante parVAlbane; Bacchanale, de l'école de Lebrun ; Léda d'après Yéronèse; Sainte Lucie, de l'école de Zurbaran; Deux lableàux de Heurs, de l'école italienne ; Une bataille, esquisse de Breydel ; L'Annonciation par Lorenzo di Pietro; Saint Théodore et saint Demetrius, de l'école byzantine; Le Lavement des pieds par Jean Hestout ; La mort de Calanus par Beaufort.

En 187."), trois tableaux lurent attribués au musée de Cacn : la Solitude par Bellel; la statue de Strasbourg parLandelle; le Refuge aux boeufs pardeLaRochenoire. Celte même année, la municipalité demandait au ministre une statue du vicomte de Quincey,/<?.s Premiers bijou.r, que son auteur désirait voir au musée de Cacn : cette demande ne fut point agréée; mais, l'année suint Dans In lettre d'envoi, le n" 1 es! attribué • Kcolc française >.. je prouverai ailleurs qu'il est de la main de Ron Houlonfrne ; les n"" 13, 11 et sont mentionnés « Kcolc d'Italie du XV siècle — Kcolc d'Italie du XIV 0 siècle » ; or, ces deux tableaux faisaient partie de la collection Catnpana, et au catalogue, ils avaient les attributions que j'ai cru devoir rapporter.


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vante une collection d'estampes était accordée,ainsi cpic deux tableaux provenant des réserves du Louvre, la Sainte Famille par Carpafhio, et VEnterrement de Guillaume le Conquérant par Forestier (1): le marquis de Chennevières, alors directeur des Beaux-Arts, avait chargé M- E. de Beaurepaire de porter cette bonne nouvelle à la municipalité caennaise.

En 1£78, la municipalité demandait encore au ministre pour le musée deux tableaux qui avaient ligure q, l'exposition universelle : Paris ru dupant des SaintsPères par M. Ilerpin, et la Décollation de saint JeanBaptiste\ràv M. Georges Sauvage ; ce dernier tableau fut accordé, et l'Etat y joignit la Yeuce par M. Leniatte, et VEmbarquement des filets par M. Daubigny. En 187i), envoi d'une statue de Dèmusthène par M. Leroux, et, l'année suivante, de deux tableaux de fleurs, du peintre caennais Blain de Fontenay.

Quelques donations très importantes vinrent alors enrichir les collections artistiques de la ville.

Vers 1870, M. Lemainier donnait au musée quelques tableaux de très grand mérite : une Scène d'intérieur par Palamèdes; un paysage par Cuyp; un portrait de femme par Bosschaert; les Quatre cléments par van Balen et Brueghcl de Velours; la Fumeuse par Teniers; enfin une ancienne et excellente répétition du Marché aux herbes par Mct/u.

(\) Cette collection comprenait : 9 sujets de fantaisie, le Favori du château, le Favori du séiail, la Fiancée d'Ahydos; deux bustes de femme ; M vues de Caen;63 photographies artisticpies.

l.e tableau de Forestié avait été commandé pour le musée de Oacn pur le ministre de l'Intérieur en 1830 ; il a donc, mis 13 ans à gagner sa destination.


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En 1870 également, le colonel Langlois, né à Beaumont-en-Auge, et fondateur des panoramas militaires,léguait à la ville le prieuré de Saint-IIymer et ses dépendances pour en faire un hospice civil pour les anciens militaires, ainsi que tous ses tableaux, afin qu'un choix en fût fait pour le musée. L'exécution de la première partie de ce legs fut contrariée par de nombreuses dillicultés ; quant aux tableaux, il ont été réunis et forment actuellement une collection spéciale au pavillon des Beaux-Arts.

Enfin, en 1872, M. Pierre Mancel, ancien libraire à Caen, léguait à la ville son incomparable collection de tableaux, d'estampes et d'objets d'art; un choix devait y être fait par une commission spéciale de seize membres pour former une galerie portant le nom du donateur; de plus, M. Mancel joignait à cette libéralité une somme de 23.000 fr. pour pourvoir aux frais d'aménagement, à l'impression du catalogue, etc. ; et chaque année, une somme de 1.000 francs devait être mise àladisposition de la commission chargée d'administrer cette collection, pour être employée à l'achat d'objets d'art.

Ce don vraiment royal augmentait singulièrement l'importance et le mérite des collections artistiques de la ville. Près de 30.000 estampes, la plupart provenant de la collection du cardinal Fesch, formaient un fonds nouveau, et parmi elles se trouvaient dos pièces de la plus extrême rareté, comme le Christ prêchant la multitude par Rembrandt, connue sous le nom de « pièce aux cent florins », et des recueils considérables


m\

d'estampes, dont les plus remarquables sont les collections presque complètes des oeuvres d'Albert Durer, de Rembrandt, de Callot, de Moreau le Jeune, etc. Une trentaine de tableaux furent heureusement choisis par la commission d'achat, entre autres une incomparable Vierge au sein attribuée à Van Eyck, un portrait d'évèque par le Guide, une esquisse du Marti/re de saint Sebastien par van Dyck, ces trois pièces longuement célébrées parHarbey d'Aurevilly; un portrait de femme par Wynants et une perspective d'église par Stcenwick, qui peuvent être mis au rang des meilleures oeuvres de ces deux maîtres, etc., etc. En 1880 mourut le peintre Guillard, qui, pendant plus de quarante années avait été à la tête du musée de Caen ; après sa mort, sa famille donna au musée le portrait de cet artiste, peint par Debon, et une de ses oeuvres représentant le Testament de Guillaume le Co/i'/uéi-a/it.

VI

De 1880 à 1897. Les greniers du musée

de Gaen.

M. Ilellouin, peintre, eut la succession de Guillard, et fut nommé conservateur du musée; comme cadeau de bienvenue, il offrit au musée une de ses oeuvres, une nature morte intitulée Un lièvre pendu.

Cet exemple trouva des imitateurs parmi les artistes : M"" de Halleroy donnait un tableau Le cerf à


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l'hallali, exécuté par son mari; M""' veuve Timbal, en 1882, deux copies d'après les maîtres faites par son mari et un superbe triptyque par Cima da Conegliano ; M. Legrand, ancien titulaire du prix Lefrançois, offrait au musée en 1885, un de ses paysages, A Meudon ; M. Moraux un Joueur de guitare; en 1885, par l'entremise de M. Travers, M. Velay donnait au musée un médaillon représentant Emile Augier ; M. Lecomte du Nouy, en 1886, un très grand polyptyque allégorique sur l'oeuvre de Victor Hugo; M. Kraft, héritier de Brascassat, une étude et deux dessins de cet artiste ; M. Marty, en 1887, une toile intitulée Lapèehe ; la veuve du peintre normand Jacques Léman, premier titulaire du prix Lefrançois, un portrait de Daniel Ramée par son mari; M. Jacquier, sculpteur, un plâtre représentant une lète de CJtrist. En 1894, M. Tesnière, qui avait déjà fait don au musée d'une marine faite par lui, offrait une autre de ses oeuvres, le Lavoir des Petits-Murs,, vue du vieux Caen; à cette même date M.Leduc, sculpteur, donnait un buste en grès représentant le poète Yann Xibor, et M. Krug le portrait de Feyen-Perrin sur son lit de mort ; enfin, en 1896, réalisant un désir de son mari, M 1" 0 Elouis, belle-fille du second conservateur du musée, taisait don à lacollection caennaise de plusieurs oeuvres de son beau-père: un tableau représentant le portrait de la femme de l'artiste et deux très jolies miniatures.

A ces dons spéciaux, il en faut ajouter quelques autres particuliers: de M. Frémont, conseiller 'municipal, VEntrée du due de Guise au conseil par Lamme-


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de la» Société des Beaux-Arts, le Fond du parc par Bougourd ; du baron de Rothschild, en 1892, un petit paysage par de Montholon et plusieurs gravures; de M'"" Guy, veuve de l'ancien architecte de la ville, en 1889, une sainte Famille attribuée à Andréa del Sarlo.

En 1892, M,ne veuve Robert Le Dart léguait au musée plusieurs tableaux de l'importante collection de son mari : la Prise d'habit de sainte Cécile par Zurba - ran; une Bacchanale par Teniers; Jésus au milieu des docteurs par Lesueur; une Assomption d'après Murillo; un saint Sébastien d'après Van Dyck.

En 1891, M, de Reizct léguait au musée une tapisserie llamande, une importante collection de miniatures, un tableau par Zombo, quelques émaux et divers objets d'art; M.René Marjolin, gendre d'Ary Scheffor, un très beau portrait par cet artiste ; M. Lebigrc, en 1895, deux portraits de l'école française de la On du XVIIe siècle.

En 1879, un crédit de 1.000 l'r. était voté pour acheter,en participation avccl'Etat,une statue, Centaure et bacchante par M. Leduc; après bien des pourparlers cette demande fut agréée et la statue attribuée au musée. L'heureuse réussite de cette demande mit en goût la municipalité; en 1882, le maire de Caensollicitait de la direction des beaux l'attribution au musée de la Paye des moissonneurs par Lhermitte (on pouvait plus mal choisir!), d'un paysage par Harrison,et du Débarquement des hanengs par Tattegrain : cette demande ne fut pas accordée. L'année précédente au reste, l'Etat avait envoyé au musée le Cierge par M. Chartran, un des tableaux h succès du Salon de 1881. En 1883, le musée


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reçut une toile superbe de M. Victor Binet, Lisière de bois à Eu ; on relève en outre l'attribution au musée en

1886, de la Restitution à la Vierge par Buland, et iVHijlas poursuivi par les nymphes par Blanchard ; en

1887, de VAutomne par Schuller; en 1892, des Adieiw de Béguins par Peyron, tableau provenu des réserves du J,ouvre; en 1895, d'un bas-relief.

Les achats municipaux furent alors assez peu nombreux : le musée se désintéressa totalement des ventes publiques, et laissa ainsi partir plusieurs peinlures très intéressantes que la collection caennaiso aurait dû acquérir. La municipalité eut alors pour système d'acheter seulement des tableaux aux expositions régionales: on pouvait, dans l'intérêt du musée, souhaiter une autre direction aux largesses municipales.

A l'exposition de 1875, un tableau, Rolande, avait été acheté 1,000 francs à son auteur, M"° Angèle Dubos; à l'exposition de 1883, il n'y eut pas moins de douzo lableaux et de quatre statues acquis par la ville pour le musée. En voici la nomenclature : .

Une ferme en Limousin par M"" Armaly — Les prunes pour confitures par M. Lefebvre — Les commères de l'Odon par M. Burgers — Les c/iênes de Bernay par M. Lemarié des Landelles — Un pacage prés Deauville par M. Vugnat — Sgmphorose devant l'empereur Adrien par M. Krug — deux marines par MM. Tattegrain et Destape — La brodeuse par M. Joseph Caraud — La mort de Gaudrg ècêque de Laon, par M. Georges Sauvage — deux tableaux de ileurs par MM. Minet et Benner — saint Jean-Baptiste, statue en


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plaire par M. La France — La Musique, statue en plâtre par M. Delaplanche — Méditation, statue en plâtre par M.Tony Noël — Une offrande à Pan, statue en plâtre par Déeorchemont.

A l'exposition de 1894, trois toiles furent acquises également pour le musée : le Vieux laroir de Clècij par M. Mottelay, Fin novembre par M. Rame, et une nature morte par M. René Chrétien.

M. Hcllouin, conservateur du musée, mourut au mois d'août 189Ô; son successeur, M. Ménégoz, peintre, fut nommé au mois de février 1896.

Avant la nomination de M. Ménégoz, l'auteur de ces lignes avait commencé, dans le Moniteur du Calvados, contre les greniers du musée de Caen, une campagne qui devait se poursuivre jusqu'au mois de mai 189G. ,1e voulais ainsi apprendre au public combien ces greniers recelaient de peintures, peut-être estimables (car jamais je n'ai pénétré dans ces greniers, dont je ne connaissais l'état que par des pièces d'archives et la collation des divers catalogues), et prouver jusqu'à l'évidence la nécessité d'agrandir le musée pour y loger tous les tableaux mis au magasin.

Le but de cette tentative était la création, au rezde-chaussée du musée actuel, d'un second musée d'histoire et d'art normands, où auraient été groupées les peintures présentant un intérêt exclusivement local : le premier étage, ainsi dégagé, aurait été consacré aux oeuvres des maîtres.


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Après la publication du troisième article, une enquête fut ordonnée par le maire de Caen, et le nouveau conservateur du musée lit réintégrer le musée aux tableaux suivants : 1° La Cène par Tintoret; 2° un tableau de fleurs par Cerquozzi ; 3" et 4° saint Paul et saint Nicolas par Nicollo Alunno ; 5" une bataille, par Courtois ; 6" la Vierge et l'Enfant de l'école de Hubens ; 7" un Paiement des redevances d'après Brueghel ; 8° le C/irist couronné d'épines attribué à Van Dyck; 9° et 10" Portraits de Démctrius et de Théodore de l'école byzantine.

Au mois d'avril de celle même année, une exposition des tableaux des greniers du musée eut lieu pendant trois semaines dans la salle des Concerts de l'hôtel de ville : il n'est peut-être pas inutile de donner ici la liste des tableaux exposés car on aura de la sorte l'état général du musée, un grand nombre de ces pièces n'ayant été mentionnées en aucun catalogue.

On ne saurait prendre ici aucune classification spéciale ; le mieux paraît être de diviser ces peintures, selon leur caractère normand ou non.

TA1ILEACX D'ARTISTES NOIiMANDS OU INTERESSANT LA NORMANDIE

VI'ES 1)K CAKX J

1" Vue di' l'église St-Picrre et lie la Poissonnerie, par I.otlicr, 1836.

2° Salle de spectacle de Caen, par linnnel, 1837 ''.

3° Vue du boulevart Saint-Pierre avant (pie la rivière fût couverte., par

Lotticr(>.) * 4° Hue et église St-Picrre, sans signature *.

(Il Les tableaux marqin's d'un * ont i'ti' nYlann's JI.U !>• : ■onsi>rvaleurs do la Bibliotli('(|«c nimii<M|>alc ••( y s.ml fsLjro«.'-s,


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5* Vue de YOdon, prise du pont de la nie Saint-Laurent, par Le Xburrichel, 183-1 *.

6" Pèche à la montée au port de Caen, par Lottier, 1836 *.

7' Vue prise sur YOdon, -X Caen, par Le Xourrichel, 1830 *.

8' Intérieur de l'église St-Marrde Caen, à Vaucelles, par Ilonnel, 1830*.

9' Vue de Caen, prise du cours de Vaucelles, par Lottier, 1835. 10" Vue dé la ville de Caen, prise du côté de la vieille rivière d'Orne au cours

Catïarelli, par L.-C. Malhranche, 1832 *. Il" Premier concours de charrues qui a eu lieu à Caen, sur la route de la

Délivrande, le 20 avril 183,"), par Ilonnel *. 12° Vue de la tour Maehnrt, par Roger, 1831 *. 13° Premières courses de Caen, par Le Xourrichel '. 11° Le marché Saint-Pierre, par Xoury, 15* Dispute a la poissonnerie, par Xoury. 16° Vue de Caen prise du cours CalTarelli, par Lottier. 1835. 17° Autre point de vue du même endroit, par Lottier. 1833.

VL'KS 11E NORMANDIK

18' Vue de Normandie, par C.-L. Malbranche, 1832.

19° Vue de la fontaine de Belbeuf près de Rouen, par M. Dunnie, 1835.

Aquarelle. 20" Vue du port et pont tournant de Courseulles, par Lottier, 1835. 21° Vue des côtes du Calvados, par Lottier. 22° Vue de Mortain, par Le Xourrichel. 23° Vue prise à Martilly près Vire, par Tlonnel, 1831. 21° A'ue du château et de la ville de Falaise, par Bonnel, 1835. 25" Vue du château de Briequebee (Manche), par .1/. le chr de Yauquelin,

Caen, mai 1832. Sur bois. 26" Vue de l'hôpital d'IIonlleur et de l'embouchure de la Seine, par Lottier,

1836. 27" Vue de Normandie, par Malbranche. 28° Vue des environs de Mortain, par Bonnel (fi. 29" Vue du château de Falaise, par Lottier. 1835. 30° Vue du Mont-St-Michel (.'}, XVII' siècle : tableau très abîmé.

ÏAIU.K.VL'X DU KOIlliltT LEl'ÈVRE OU ll'.U'KKS I.I'I

31° Deux Amours s'embrassant, esquisse.

32" Tète de Grec.

33° Tèle de phocion, étude. (La tète seule est achevée.)

31° Portrait d'une famille : le père tient un fruit à lu main qu« sa petite lille

cherche a prendre; la jeune mère assise à droite. 35* Portrait de Robert I.el'èvre, d'après lui-même, par Élouis '.


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36" Copie du chapeau de paille, d'après la copie de Robert Lefévre, par

Mrao lloreau. 37° Portrait de la belle-su;ur de Holjert Lefévre, d'après lui-inème, par Élouis. ;î ?• Tête d'étude d'ange pour l'apothéose de saint Louis. 3'J" Portrait de llobcrt Lefévre, d'après lui-même, par Ilenriot. •10" Portrait d'une famille : dans un paysage, la mère, assise, vêtue d'un costume

Empire, tient sur ses genoux saliliette, (pie le père, en habit de cavalier

et debout, prend par la main. Portrait excellent. 11 ■ Portrait de Fontanes, esquisse. ■12" Ftude pour le Christ en croix, ■l.'i" Portrait du duc de lierry, en busle, ovale. ■Il" L'amour maternel, esquisse.

lô" Plusieurs éludes de tètes dans un même tableau '.';. Très intéressant. 40' Portrait de Malherbe, sur bois.

POKTKA1TS DE I..V (ÏAI.EHIE DE SEUUAIS

(L'état de ces divers portraits est pitoyable.) 17" Corneille, de forme octogone. 18" Le maréchal de ISellefond, id. •l'J" Le marquis de Bougy, id. :!0" Le maréchal de Matignon, id. j\° Le maréchal d'Anncbault, de forme ovale. .">2° Le maréchal de Tourville, id. .")3" Le maréchal de Fervaques, id. f>l° Le maréchal d'IIarcourt, id. 55' Le maréchal de Luxembourg (.'), en hauteur. b6° Le comte de Coigny, ou le grand écuyer Goyon, id. 57" Le grand Condé, id. 58° Le grand Turenne, id.

59" Catherine-Henriette d'IIarcourt, duchesse d'Arpajon. 60* Catherine-Henriette d'Angennes, comtesse d'Olonne, tenant un arc à la

main. 61° Geneviève de Bourbon, duchesse do Longueville. 62° Marie-Anne Mancini, duchesse de Bouillon, comtesse d'F.vrcux. 63° Catherine de Matignon, comtesse de Marsan. 61" Angèle de Montmorency, duchesse de Meckelbourg. 6.V Henriette d'Angennes, maréchale de La Ferlé.

PORTRAITS INTERESSANT ].A NORMANDIE

66° Portrait de Cahaignes. Derrière la toile, qui a été coupée de moitié, on relève l'inscription suivante : « Ce portrait historique représente M. Cahaignes, ancien recteur de l'Université de C'aen, placé jadis dans


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la bibliothèque. Peint <l';i]iri'T. nature » Quoi qu'il en soit, la ressemblance do ce portrait est frappante avec celui connu de Montaigne.

67" Portrait du peintre Desacres par lui-même. Crayon ".

68" Portrait de Guillaume le Conquérant.

69" Portrait de la reine Mathilde. Copiés tous deux par lilouis d'après les .portraits du musée.

70" Portrait du peintre Malbranehe. par Quesnel*.

71" Portrait de Charlotte Corilay, copié par Le Ton;é, d'après le pastel de lira ni *.

72" Portrait d'un recteur de l'Université, genre de Touriiièrc*.

73° Portrait d'un alibé tenant une crosse; peinture très détériorée. Ce portrait est probablement celui d' « un abbé de Caen. frère bâtard de Guillaume le Conquérant », que le maire de Caen, le 23 novembre 1819, réclamait au dépôt de mendicité comme appartenant au musée.

]'A!SI.EAIX IMIISTOIItK DE NORMANDIE

71" Kntrée du duc de lierry à Caen. par llerthnn.

7."i" Héception de Napoléon III et de l'impératrice Kugénic à la gare de Caen,

par /.'• Cliecalicr. 76' Mort île Mallih'itre, par Malherbe.

DIVERS

77" I.a Cène, par Jean Restout. Superbe composition qui tonnait l'une des

pièces île la tenture du Nouveau Testament exécutée pour les Gobi-lins

78" Si Charles lîoiToméc guérissant les postitérés de Milan, d'après Mignard,

par r.iislache lleslma (.'). 70° Jésus chez le Pharisien, d'après Poussin, par Euxtrtche Hestoul. 80 à 83" Quatre tableaux de Heurs dans des vases de bronze, forme primitivement ovale, genre de Fontena;/. 81-5" Deux tableaux de Heurs dans des vases à bas-reliefs, et comme fond

des vues de St-Kticnne et du lycée de Caen. par P.-.l. Yliert. SG" I.a visite du curé, signé ; « Xoury, inv. et pinx., 1812 >-. 87" Académie, signée : « Peint par M. Sarrasin, de Caen, élève de Drolling,

1810 ». SS" Académie, par <,nillmil. S'J" Ksquisse de bataille, par Sarrmtn, 1813. 90* l'explosion d'un obus, par LrtntjtiiU (.'). 91" I.a Samaritaine, d'après Philippe de Chatnpaigne, signé : J. H (Jules

Rame), 1876. 92" Melchisédech, d'après Huliens. par (luillard.

9:!" Cheval dévoré par les loups, d'après Paul de Vos, par Gaillard. 91" l'ne bataille, esquisse par Lani/lnis. 9.V I.a mort d'IIippolyle. esquisse par Deia'ic*.


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«

96" Vue de Montmorency, d'après Gérard, par M. II. Banal, ancien officier de marine. C'aen. 22 juin 1830.

97» Vue du Suisse, par Loiiier, 1833.

98" Ruines d'un château et elïet de lune, par Ma/branche.

99" La Pentecôte, par Souri/. 100" Tète d'homme, « peint par Monin dans l'atelier de Gros ». 101° Marguerite d'Ecosse donnant un baiser à Alain Chartier, par Iionivl, 1835. 102" Mendiants, par Le roui; 1831.

103" Portrait de médecin, d'après Salomo Koning, par Elnuis. 101" Paysage, par Lepetit, du département de la Manche. 10.V Vue de Suisse, par Lottier (.'). 100" l'n ange, d'après liubens, par (iiiillnril.

107° Paysage, par tionnel, « olïorl à la ville de Caen par M. P.-A. I.air, 1839 s. 108" Intérieur normand, par Julien.

109" Martyre de saint Eustache, signé : « Lu (Shtimpwjne Le beije pinxit ». 110" Ecurie, d'après Gérieault. par Jules Muriel, 1851. 111° Michel-Ange, par Jules Malherbe. 112 à 130° Dix-neuf études, par deonjes Let'raiiçois.

131" Source du Khone, près du mont des Deux-Fourches, par Le Xourriehcl, 1836.

ÏAIILEAUX D'ÉCOLES DIVERSES

liCOLli 1 UANÇAISK

132" Nature morte, école de Desportes. Donne toile.

133° Chien mangeant un quartier de viande, lion tableau.

131-3 Deux tableaux de Heurs dans des vases de bronze, genre de Monnoyer.

130" I.a mort d'Atala (.'); école française, commencement du XIX' siècle.

137" I.a Fraude, par llennpi/uiii.

138° I.a Victoire, par le même.

139" Vue de la tour de Xesle, sur bois, par Claude Deruel : ce qui me l'ait

émettre retire attribution, c'est, outre la facture du tableau à peu près M'inblahlc à la gravure de Callot, cette lin de signature > HUET ».

ipie j'ai relevée à la gauche de la composition. C'est, au reste, une

peinture très bonne et de tout intérêt. 110" Adam et Eve chassés du paradis, par ('luudius L/trenjne. 133" Portrait de Louis XV, avec cette signature : « Fait par Dequoi/ le jeune.

pintre du Roy, 1723. » C'est assurément la copie du portrait de Louis XV

t'ait par Kigaud en 1721 ; l'original n'est jusqu'ici connu que par cette

copie qu'en a fait Dequoy. 111° Le jugement dernier, esquisse d'un plafond, par lleijnmilt. 112° Trompe-l'u'il.

113° Daphnis et Ghloé, d'après llersenl, par M'" Louhe Lamij, son élève.

10


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151" Portrait d'homme, miniature à l'huile, ovale : d'après M. de Chennevières,

ci' portrait offrirait une certaine ressemblance avec la tète île Van lier

Meulen. 111" L'Kspérance, sur bois. l.Vi" Portrait île jeune femme, avec cette inscription : « Peint par Danlnu,

peintre français. » Joli portrait dans le {relire de Greuzc. 145" St Jérôme, par Vignon ;'n" 159 du catalogue de 1851). MO" Pécheurs auprès d'un lao, par J.ohol. 117" Marine, d'après Yornrt. 118" Personnage oriental, avec cette inscription : <■ d'Arnam '.' de de Troy. »

Derrière on lit : « Zolen au asseur d'après M. Sou, juillet ]8'!1. t 119° Paysage. 150* Salomon rendant la justice, médaillon sur verre attribué par M. Gervais

a Jean for/si/i. 151" L'escarpolette, Relire de I.finrrot. 152- Ivresse de Silène, école de Lnhrun. 150' Portrait d'une femme, un voile noir sur la tète et tenant une canne, avec

cette note : « 1593. Galirielle d'Estrées dans le costume que voulut le

Hoi — Cabinet de Henri IV — du cabinet de M. de l.aunay. 18*29. » 157° Portrait d'Anne d'Autriche C).

15.8" Portrait de Louis-Philippe, d'après Hersent, par fiuillnrd. 159" Portrait en pied de Louis-Philippe, par liru/icl. 10(1" Portrait de Napoléon III, d'après I-'lruutrin. 101" Portrait du même, d'après Wuilrrh'drcr. 102" Portrait de l'impératrice Eu{rènie, d'après le même. 10.'!" Portrait d'un prêtre tenant un compas. XVIII' siècle. 101" Portrait d'un abbé tenant un livre. XVIII" siècle. 105" Portrait d'un scip-neur. XVII" siècle. 107" La mort de Calanus. par Henu/ort. 108" Marine, {rr-nre de Gnilin. 109" La fuite en K-ryptc, par Dorii/n;/.

170" Antigone ensevelissant le corps de Polynicc, par Crmitt Front/,. 100" Portrait de femme. 171" Ivresse de Noé, par /lu frt'fnoy. 172" Fuite de Loth. lT.'i-'l" Deux vues de Ludion. 175" Paysage, par Clifirriniios.

170» Le Christ {ruérissant les malades, par hulin. 177" Télémaipie abordant dans l'ile de Calypso, par Pcllinr. 178" David demandant à Saiil de combattre Goliath, par Ilerlhon. 17!)* Paysage.


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KlOIKS ITAI.IENXR ET n L' MIDI

180" Ruines, signé J. lionngi, 1017.

181° Portrait lYKlianbelh Sirr/ni, pur elle-même.

182" Voyageur se mettant, à l'abri d'un roup de vent, signé: Joannrs Francis/Mis (nom de famille effaré) inr. el fm-ii. 1058. Le catalogue attribuait eette pointure à l'école du (iuaspre : cette attribution a été contestée Très bon tableau.

183° Portait d'un homme en armure, genre do Cnracatje.

181° Stc Lucie, écolo de /.iirharnii.

KI HI.ES nr xnnn

1S.V l'n arracheur de dents, école hollandaise.

18C" Daniel confondant les prêtres de Bel, par Peter de Vos. selon le catalogue

île 18.">1 : d'après M. de Chennovièros, serait plutôt de quelque Allemand

du commencement du XVIIIe' siècle. 187° Canards au marais, aquarelle, signée ,/. Xeirlon-Fieldi/ig, 1828. 188" Portrait d'homme revêtu d'une cuirasse, école flamande (n° 116 du catalogue de 1872). 180" Tableau de fruits, école hollandaise (.') (n" 1 l."i du catalogue de 18J1S. 19n" Paysans occupés à flamber un porc, école flamande 'n" 1 l.'l du même

catalogue). 191" Effet de neige, école flamande (n° 111 du même catalogue). 102" Paysage, par Y an (1er ICtibel.

19:1" Incrédulité de saint Thomas, école flamande n" 110 du catalogue de 18."ilv 191" Préparatifs d'une chasse au faucon, par Drooi/vluoth. Bon tableau. 19.")° Knfant jouant avec des poules, école flamande (n' 118 bis du catalogue

de 1861). 100" Portrait en pied d'un sculpteur, peut-être de Quelh/n, d'après M. de

Chonnevières. Très beau portrait, malheureusement très abimé. 197" Pyramc et Thisbé, écolo flamande (n* 10Ô W.< du catalogue de 1801). 19-i" Moïse exposé, école flamande (n" 116 du catalogue do 1851): d'après M. de

Chonnevières, rappellerait plutôt l'école de Fontainebleau. 199" Samsoh et Dalila, écolo do Htthens.

I (II'IKS (Le siijne -i dés'njiie /es evpiex lé,juet's par M. Geanjes Lefnmeois.l

2(KJ° Tète «le femme, d'après Haphnël, ovale.

291" Lèda, d'après Yèrnnèsc.

202" Si Sébastien, d'après le Guide.

21W Lucrèce, d'après YAlbnne.

2.01" Portrait d'un jeune seigneur, d'après Yun l>i/<l, (+).


— 118 —

20"j" I.a présentation au temple, d'après f.e Titien ; : ;.

2(K5" Assomption, d'après le mémo [■ ).

207° I'orlrait du due do la Kovere, d'après le même ; • ,.

2HS" Paîtrait d'Iioiniiie, d'après le mémo (: ).

20'J° Portrait du pape Jules II, d'après llnphacl ■ ).

210" Portrait du pape Léon X, d'après le même ( : ).

•-Ml" Portrait de Luther,, d'apre> un original de l'école vénitienne (- ,

212" La Vierge et .-aiule Anne, grisaille, d'après ISurlholnmco { •).

213" Portrait de Yelasquvs, d'apivs 1 u i - ri î ■'■ 111 < • '- .

211* Portrait d'un cardinal, prolialilement d'après Hnphucl {-).

21j" Portrait de la Kornarina. d'après llri/ilutcl (-.- . sur bois.

lllVKIih

216° l'.tude de torse, elïel d'ombre.

217-220° Éludes diverses et académie- (1 .

221-223° 13 gravures et aquarelle-, parmi lesquelles :

Le jiip'onient dernier, d'après Jeun L'oiniii:

La naissance du comte de Chambord :

L'arrivée de la duchesse de Uerry à Chambord :

Portrait de Charles X :

Portrait de Louis-Philippe:

Pu conseil de ministres, etc., etc. ^1).

I II existe eiu'oj'e. Oaus di\>rs étal.'lisS'juictits municipaux, plusieurs tableaux appartenant au musée et qui n'ont pus llguré à cette exposition. Pour les connaître, le lecteur n'aura qu'il consulter le catalogue des greniers 'lu musée de tlaea. que j'ai public dans le Moniteur du Calvados Je janvier à juin 1H!H>.