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Titre : Bulletin de la Société normande d'études préhistoriques

Auteur : Société normande d'études préhistoriques et historiques. Auteur du texte

Éditeur : (Louviers)

Éditeur : Société normande d'archéologie préhistorique et historique (Rouen)

Date d'édition : 1927

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32724794b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32724794b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

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Description : 1927

Description : 1927 (T27)-1929.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Basse-Normandie

Description : Collection numérique : Fonds régional : Haute-Normandie

Description : Collection numérique : Bibliothèque numérique de Rouen

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54413205

Source : Bibliothèque nationale de France, département Collections numérisées, 2008-117598

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 19/11/2008

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BULLETIN

DE LA

SOCIÉTÉ NORMANDE D'ETUDES PRÉHISTORIQUES

y





ASSEMBLEE GENERALE DU 24 AVRIL 1927

La première des Assemblées générales de 1927 s'est tenue le 24 Avril, en l'Hôtel des Sociétés Savantes de Rouen, sous la présidence de M. H. Eloy, entouré de tous les membres du bureau.

Assistent en outre à la réunion : MM. Henri Gadeau de Kerville, Commandant Quenedey, Le Parquier, Périer, Plé, Bazire, Toutain, Costa de Beauregard, Vaussier, docteur Coutan, Lamiray, Diard, Allinne, M.-A. Dollfus.

Se sont excusés : MM. Poulain, Lecoeur, Vautier.

Le secrétaire donne lecture du procès-verbal de l'Assemblée du 28 Novembre 1926, lequel est approuvé.

Sont ensuite présentées et prononcées les admissions de:

M"c Duveau, rue Saint-Patrice, à Rouen.

M. Prévost, rue Saint-Denis, à Bihorel.

M. Bazire, économe de l'Hospice de Darnétal.

Mmc Noblet, institutrice libre à Breuilpont.

La Bibliothèque municipale d'Evreux.

Sont également présentées et admises : la radiation de M. Croux et la démission de M. Trolin.

Le Président adresse au commandant Quenedey les félicitations de la Société pour son récent succès en Sorbonne, où il a passé sa thèse de doctorat ès-lettres sur ,« l'Habitation rouennaise. » Il salue aussi la distinction obtenue par M. Desloges, ancien président.

Puis il rappelle que la circulaire annuelle, devenue traditionnelle, a été adressée à tous les membres. Fin 1927 ou début 1928, paraîtra un prochain volume du bulletin, en cours d'élaboration ; toutefois, il sera précédé d'un volume hors série, publié par les soins de M. Deglatigny et exclusivement consacré aux fouilles de l'abbé Philippe au FortHarrouard ; ce volume sera mis en souscription ; abondamment illustré, il sera du plus vif intérêt.

Enfin, M. Eloy annonce que la Bibliothèque de la Société a désormais pris place à la Bibliothèque municipale de


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Rouen, où les Sociétaires vont pouvoir consulter et emprunter les ouvrages.

L'ordre du jour appelant la question des excursions, il est décidé que la sortie prévue à Dieppedalle aura lieu en mai ; des excursions à Lillebonne et dans l'Eure sont mises à l'étude. Une visite à la Côte Ste-Catherine de Rouen est proposée : il s'ensuit un très intéressant échange de vues sur ses retranchements historiques ou antiques, sur l'abbaye de St-Michel-du-Mont, sur les sièges de 1562 et 1592, sur l'étymologie du Mont-Gargan. La Société ira étudier sur place, en juin, les vestiges qui s'y trouvent encore.

Le trésorier donne lecture du compte-rendu financier des exercices 1925-1926, lequel est approuvé. A son tour, le secrétaire lit le compte-rendu moral pour l'année 1926, tradition renouée cette année.

M. Costa de Beauregard annonce la reprise en mai ou en juin des fouilles de la Cité de Limes ; M. Deglatigny entretient ses collègues des vestiges de la Butte à Feu, à St-Philbert-sur-Risle et le docteur Doranlo leur fait part de ses premières fouilles à l'oppidum de Blainville (Calvados ) et de ses observations sur les retranchements de Touffrevillela-Corbeline et Moulines.

Le traditionnel déjeuner amical ayant réuni les membres présents, la séance d'après-midi est reprise à 14 h., pour les communications prévues à l'ordre du jour.

1. M. Costa de Beauregard abordant la question des fouilles de la Cité de Limes, un débat s'engage sur la destination à donner aux objets trouvés ou à trouver ; l'Assemblée se rallie à la proposition de les voir conservés au Musée de Dieppe, alors que les « Amys du Vieux Dieppe » désirent les voir figurer dans leurs collections. L'important est que les plus grandes garanties de sécurité et conservation soient assurées.

M. Costa de Beauregard parle ensuite du problème de l'utilisation et de l'emmanchement des outils ou armes de silex, et demande que les recherches de ses collègues se portent davantage sur le paléolithique supérieur et le moustérien, trop négligés. Il présente une remarquable série de ces niveaux, extraite de ses collections et souhaite la découverte de cavernes de cette époque en Normandie.


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 7

2. Le docteur Doranlo cite à son tour les vestiges très épars de l'industrie paléolithique supérieure dans le Calvados, et, conservant la parole, décrit la découverte que lui procura, dans le même département, une rectification de route à Beuville.

A la partie supérieure de la tranche de terrain offerte par la suppression d'un mur séparant deux niveaux, il trouva tout d'abord des ossements mêlés de débris de poteries, puis, au-dessous, des sarcophages de pierre, à couvercles en morceaux, ayant reçu des corps après qu'on en eût retiré dans certains cas, laissé dans certains autres, les occupants primitifs. L'un de ces tombeaux offrait un squelette de femme accompagné de deux vases, dont un, perforé, était un de ces encensoirs funéraires que l'on brisait pour qu'ils ne servent qu'une fois et que l'on rencontre dans les sépultures du xnc au xvf siècles.

Un autre sarcophage contenait un adulte normalement allongé, avec des débris de poteries et de fer, mais un enfant de 2 ans avait été ultérieurement logé dans un coin de l'auge. Un autre encore renfermait un corps de dimensions telles que l'on avait dû le replier pour l'introduire dans le sarcophage vidé de son contenu primitif.

Au-dessous, à même la terre, le docteur Doranlo trouva deux crânes, des fragments de vases, des débris de fer et de boucles de bronze.

Il conclut à la superposition de sépultures antiques d'époques différentes, des corps du Moyen-Age ayant pris la place de cadavres vraisemblablement mérovingiens. Il met en garde les archéologues contre la tendance trop facile à dater les nécropoles à sarcophages, ce dernier mot n'étant nullement synonyme de mérovingien et l'état des ossements variant avec la nature des terrains.

3. Le docteur Coutan met ensuite l'Assemblée au courant d'une récente découverte faite à Longueil (Seine-Inférieure) au cours de terrassements exécutés sur une éminence dominant la rivière.

Alors qu'aucune tradition n'en était conservée, on trouva les restes d'une forteresse normande qui aurait disparu avant la guerre de Cent ans : ceux-ci consistent en un donjon, auquel est contiguë une petite chapelle castrale, dont


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l'abside a encore environ 2 mètres de haut ; on y a retrouvé • deux colonnes engagées, des bases curieuses, des chapiteaux, des fragments de bandeaux, et un appareillage absolument remarquable, vestiges permettant d'assigner comme date le début du xn" siècle.

A proximité se trouvait un édifice reconnu pour avoir été une cuisine, fait extrêmement rare dans les découvertes du Moyen-Age ; cette pièce était rectangulaire, avec un âtre, et sous voûte en arc de cloître, ce qui devait permettre la sortie de la fumée par le centre ; fait très curieux, quatre cylindres creux ont été trouvés aux angles et ne peuvent avoir servi que de cheminées d'aération. Au centre, des restes de piliers ont probablement supporté une table de pierre; des conduits d'amenée d'eau firent prendre au début ces ruines pour celles d'un hypocauste gallo-romain. Une grande partie de cette forteresse reste encore à découvrir.

4. M. M.-A. Dollfus décrit à son tour ses fouilles à Lorleau, près de Lyons-la-Forêt, déjà commencées l'année précédente. Au bord supérieur d'une vaste carrière de craie, il a fouillé quatre points qui lui ont fourni une certaine quantité de squelettes plus ou moins complets et plusieurs vases; il a recueilli des crânes au bas de la carrière ; ces découvertes peuvent êtres rapportées à la période mérovingienne. M. Dollfus a étudié avec une particulière compétence ces vestiges humains au point de vue anthropologique.

5. M. R. Fortin présente une fort belle arme d'origine Scandinave recueillie dans les terres provenant des dragages des prairies St-Gervais, à Rouen, et qu'il se propose de donner au Musée des Antiquités.

6. La dernière communication est celle de M. Lamiray, toujours si heureux dans les fouilles qu'il entreprend soit à Evreux, soit au Vieil-Evreux. C'est de ce dernier endroit qu'il va entretenir l'Assemblée et en particulier des découvertes qu'il y fit à la veille de la guerre.

Dans les ruines de l'édifice connu sous le nom de « Basilique », il trouva un nombre considérable de débris de marqueteries de marbre, en fragments de toutes formes et couleurs, les uns découpés, les autres taillés, de formes soit géométriques, soit fantaisistes, formant une véritable mosaïque encadrée de bandes saillantes en schiste et ayant vrai-


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semblablement servi de revêtements muraux. Une quantité de restes de bronze fondu permet l'hypothèse d'incrustation ou d'application de ce métal.

M. Lamiray présente de très nombreux échantillons de ces objets et signale ses autres trouvailles : enduits et peintures, quantité de poteries de toutes sortes, gallo-romaines et samiennes, les unes à reflets métalliques, les autres à ornements en relief, quelques-unes portant des sigles (MARTIA, par exemple).

Il y rencontra aussi des parures : fibules de bronze argentées, aiguilles, boutons ; le verre à vitre n'est pas rare, le fer a procuré clefs, clous et crochets. Voici encore une curieuse feuille de chêne en argent découpé et repoussé, une sonnette de bronze, un contre-poids de statère, etc., sans compter d'innombrables restes et débris domestiques (os et coquilles).

A noter parmi les monnaies : un moyen bronze de Néron fourré en fer, un certain nombre de pièces allant d'Auguste à Constantin, et une monnaie gauloise des Aulerques Eburovices portant les mots Ecta Ebvro et Âulercvm Ebvrovic. Dans l'argile supérieure, étaient cinq crânes littéralement écrasés, accompagnés d'un moyen bronze de Marc-Aurèle.

Non loin de la basilique, M. Lamiray a déblayé une excavation ne remontant qu'au xie siècle et datée par un denier de Philippe I" frappé à Dreux et qui a fourni deux minuscules lampes de fer et quelques objets et armes de fer. Un fond de cabane voisin, avec aire d'argile, de la même époque, a donné plusieurs poteries et un denier de Char- - très ('CARTI CIVITAS).

M. Lamiray, qui a tenu de ses fouilles un journal aussi sincère que précis, est vivement félicité tant pour l'intérêt de ses découvertes que pour le grand soin et la science qu'il apporte à ses recherches.

La séance est ensuite levée à 18 heures.

Charles BRISSON, H [T ; r ï ', Secrétaire.


EXCURSION A DIEPPEDALLE, PRES ROUEN du 8 Mal 1927

La Société faisait le 8 Mai sa première excursion de l'année 1927, qui comportait la visite des vestiges actuellement connus de constructions gallo-romaines dans la forêt de Roumare.

Etaient présents : M. Eloy, président ; MM. R. Fortin, vice-président ; Deglatigny, trésorier ; autour desquels se groupent une trentaine de personne, dont MM. Le Parquicr, Jean Lafond, Auzou, Diard, Lecerf, Périer, Plé, R. Herval, etc..

Les excursionnistes prennent à 14 heures 30 le bateau de la Bouille jusqu'à Dieppedalle-Forêt d'où ils gagnent la forêt de Roumare par la cavée si pittoresque.

En haut de la Cavée des Treize-Chênes, qui s'embranche dans la cavée dite de Dieppedaile à 100 mètres environ du carrefour des Treize-Chênes, dans l'angle formé par la rencontre de la route des Dames et du chemin de SaintGeorges à Dieppedaile, se trouvent les ruines gallo-romaines, dont la fouille fut jadis pratiquée par M. Sanson, inspecteur des Eaux-et-Forêts, sur les indications de M. Barbier de la Serre, conservateur.

La description en fit l'objet d'une communication à la Commission Départementale des Antiquités, et figure au tome XI des Bulletins de cette Commission.

M. Deglatigny donne sur place lecture de cette communication qui décrit le bâtiment alors mis à jour. Ce bâtiment a 7 m. 50 au carré. L'arasement, à une hauteur uniforme, laisse supposer une construction à pans de bois. En raison de la situation des constructions non loin de la mare Grandcamp, sur un plateau de 500 m. découpé par les ravins qui dévalent vers la Seine, M. Barbier de la Serre estimait qu'il


EXCURSION A DIEPPEDALLE, PRÈS ROUEN 11

s'agissait d'une position stratégique de premier ordre, et, partant, d'un établissement militaire.

Une autre construction de même époque se voit à quelques mètres de distance dans la direction de l'Ouest. Elle semble n'avoir pas été entièrement fouillée.

M. Eloy dit qu'il verrait plutôt, dans les restes relativement peu importants que les visiteurs ont sous les yeux, une villa agraire comme il en existe tant aux environs de Rouen, les unes détruites par la culture, et dont les vestiges sont parfois mis à jour au hasard des travaux, les autres conservées par la forêt qui s'est substituée aux cultures antiques. Il rappelle aussi que c'est non loin de là, entre la Cavée de Dieppedalle et celle de Biessard, que furent trouvées à deux reprises, en 1845 et en 1921, ceux « cachettes de fondeurs » de l'époque du bronze. La découverte de 1921 a été décrite, avec planches à l'appui, par M. Deglatigny, dans une brochure qu'il consacrait, pour le reste, aux fouilles de la place des Carmes à Rouen.

Du carrefour des Treize-Chênes, l'assistance se dirige sur Canteleu pour revenir ensuite sur le chemin de La Vaupalière. Dans le canton du Hasard, à 800 mètres de la maison du garde et de l'intersection du chemin de Montigny it de celui de La Vaupalière, et à droite, se trouvent des ruines de constructions gallo-romaines, fouillées également par M. Sanson et très sommairement décrites par M. Barbier de la Serre dans une communication à la Commission des Antiquités (tome XI du Bulletin).

De ce texte, il résulte qu'il s'agit d'une construction carrée qui pourrait être un temple.

Il apparaît aux visiteurs que la construction dont il s'agit a environ 10 mètres de côté. Les fouilles ont donné des tuiles à rebord, des débris de vases et des monnaies romaines du II° au ivc siècles. Ces fouilles ne paraissent pas avoir été faites soigneusement et avec méthode. On a eu le tort de faire deux tranchées en forme de croix à travers les ruines au lieu de suivre la direction des murs et de dégager le sommet du monticule. Si elles étaient recommencées, peutêtre trouverait-on d'autres objets et sans doute des indications précises sur la destination de cet édifice.

Dans la « Seine-Inférieure historique et archéologique »,


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l'abbé Cochet signale qu'en 1853, au sommet de la colline boisée qui domine Bapeaume et Déville, dans un taillis voisin d'une ferme appartenant à M. Barbet, de Rouen, M. de Glanville a trouvé une construction carrée de 10 m. sur chaque face, avec des murs épais de 1 m. 60 (?) en silex recouvert de crépis colorés, et dans l'intérieur desquels étaient deux monnaies en argent de Maximien et de Constantin.

Ces ruines auraient servi de sépulture franque, car il a été trouvé, dans l'enceinte, des ossements humains et un pot noir mérovingien..

Faute de précision, l'emplacement de ces ruines n'a pu encore être retrouvé ; elles devaient se trouver non loin de l'intersection du chemin de Canteleu à Montigny et à La Vaupalière et de la vieille route descendant sur Bapeaume.

Des recherches seront faites pour les retrouver plus exactement.

H. E.


EXCURSION A PITRES et ALIZAY (EURE) du 12 Juin 1927

Le débouché des vallées de l'Andelle et de l'Eure dans la vallée de la Seine fut un séjour recherché des hommes, dont les générations successives ont laissé dans le sol des traces irréfutables de leur existence ; depuis le paléolithique, toutes les époques sont représentées. C'est une règle à peu près constante, que les hommes se sont succédé sur les mêmes emplacements ; presque toujours le château féodal a remplacé le camp gaulois, qui lui-même était établi sur l'éperon barré néolithique, mais, il est assez rare de retrouver, dans un espace restreint, les restes de toutes les époques, de toutes les industries humaines. C'est le cas de la région qui nous occupe et c'est à Alizay et à Pitres, deux points importants de cette région, que la « Société Normande d'Etudes Préhistoriques » sous la conduite de M. Eloy, son président, s'est rendue le 12 Juin 1927.

A la sortie du village d'Alizay, près du château de Rouville et du passage à niveau de la voie ferrée, était un cimetière gaulois, d'où, en 1870, furent extraits urnes funéraires, vases, fibules, bracelets, épées ployées ou rompues, etc... L'abbé Cochet a recueilli une partie de ce mobilier, qui figure actuellement au Musée d'Antiquités de Rouen. Le président salue la mémoire de ce grand savant, dont le nom restera comme celui du créateur, dans la région normande, de l'archéologie sépulcrale.

A Ja briqueterie d'Alizay, la Société s'arrête chez M. Gressier, contremaître des travaux qui, avec un zèle et un soin dignes de tous les éloges, a recueilli notamment, dans la terre à briques, à différents niveaux, les restes de la vie de l'homme et des animaux : silex acheuléens et moustériens, dents d'Eléphant, de Rhinocéros, squelettes de Marmottes,


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etc.. et à la surface du sol, quelques haches polies. M. Fortin, le savant paléontologue, identifie les ossements qui lui sont présentés. Il rappelle que quelques-unes des belles pièces de sa collection, et notamment une défense de Mammouth, viennent de la briqueterie d'Alizay.

La Société se dirige ensuite sur Pitres. En arrivant, M. Eloy rappelle les services rendus à l'archéologie régionale par M. Lebert père, cultivateur à Pitres, qui pendant plus de 50 ans fouilla le territoire de la commune, qui a été l'initiateur de toutes les découvertes de vestiges anciens et dont les trouvailles font l'ornement de musées et de collections particulières.

Après avoir admiré l'église, dont certaines parties sont du xi° siècle, les excursionnistes se dirigent vers le lieu-dit « les Pendants ». Dans une propriété de M. Fréret, à gauche du chemin, existait une villa gallo-romaine importante, dont les murs ont été rencontrés au cours de travaux de culture ; à droite de ce chemin, des jeunes gens jouaient au foot-ball sur l'emplacement d'un hypocauste reconnu il y a quelques années, et une carrière de sable voisine montre de nombreuses tuiles à rebord et des débris de vases antiques.

La station des « Pendants », au-dessus de l'ancien lit de l'Andelle, est une éminence qui constitue le premier palier de la vallée à l'abri des inondations de la Seine et de son affluent. Elle est formée par des sables quaternaires, contenant une grande quantité de silex, qui ont peut-être été utilisés pendant la période néolithique. Dans les champs du sommet, de très nombreux outils ont été trouvés, en même temps que des tuiles gallo-romaines et des débris de poteries.

Aux « Pendants », dans le sol, se trouve un petit édifice carré, reconnu en 1888 par Lebert et décrit par M. Coutil, dans le « Bulletin monumental » (année 1901). Cet édifice, auquel on accède par un escalier de 8 marches, a 2 m. 95 sur 2 m. 70. Il y a une cavité dans le mur de droite et deux niches dans celui du fond. L'origine et la destination de ce bâtiment, très ancien, conservé avec soin par son propriétaire, M. Fréret, sont encore inconnues. M. Coutil admet que l'hypothèse d'un « sepulchrum familiare » est la plus vraisemblable, après comparaison avec des bâtiments similai-


EXCURSION A PITRES ET ALIZAY (EURE) 15

res trouvés à Caudebec-lès-Elbeuf, Muids (Eure), dans l'Aisne et dans l'Oise.

Le président rappelle que c'est à 50 m. environ de là que se trouvait le menhir (?) connu sous le nom de «Pierre SaintMartin» et que dans le même triège, dit de St-Martin, furent trouvées les deux fibules Scandinaves qui sont, jusqu'ici, à peu près tout ce qui nous est resté des envahisseurs normands. Une femme fut ensevelie là. Ses ossements furent dispersés en 1865 par un ouvrier qui extrayait des cailloux; on conserva seulement les deux belles agrafes de bronze ciselé, dont l'abbé Cochet se rendit acquéreur et qui sont actuellement dans une vitrine du Musée d'Antiquités de Rouen.

Alors que les cimetières gaulois, gallo-romains, francs abondent, les Normands n'ont guère laissé d'autres traces que les fibules de Pitres et quelques armes recueillies dans les dragages de la Seine. Et cependant, au cours de leurs nombreuses incursions et ensuite après la conquête, des guerriers durent être ensevelis. La découverte du triège de St-Martin était une indication, il est parfaitement possible que d'autres inhumations aient été faites au même lieu et on ne peut que regretter qu'avisé de ces choses comme l'était l'abbé Cochet, des fouilles n'aient pas été entreprises à l'époque de la trouvaille, alors qu'on pouvait la situer exactement.

La Société se rend ensuite dans la cour où gît la pierre dite « St-Martin » que M. Coutil, dans son « Inventaire des menhirs et dolmens de France » (Bulletin S. N. E. P. 1896) a classée comme menhir. Il s'agit d'un grès tertiaire de 1 m. 50 X Ô.80 X 0.55 portant quelques dépressions naturelles en forme de trous. Rien ne permet de supposer que ce soit un ancien menhir, mais ce qui, est certain, c'est que cette pierre a été vénérée de tout temps et qu'encore actuellement, elle passe pour guérir « le carreau et la patte d'oie ». Jusqu'en 1856, elle était aux « Pendants », à côté du caveau ci-dessus décrit. Y a-t-il une relation entre la pierre guérisseuse et le caveau ? C'est possible, mais rien ne l'affirme.

En passant rue de la Bise, M. Eloy montre l'ancienne demeure de M. Lebert, où celui-ci fit, en 1854, les premiè-


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res fouilles qui mirent à jour un grand édifice ancien. L'abbé Cochet, qui l'a décrit dans le « Bulletin des Antiquaires de Normandie » (1860), estimait se trouver en présence de l'ancien palais de Charles-le-Chauve. M. Coutil, qui a repris les fouilles et en a publié le résultat dans le « Bulletin Monumental » (année 1901), a déclaré qu'il s'agissait d'un grand balnéaire romain, dont il donne la description et le plan.

Actuellement tout est recouvert et il est impossible de se rendre compte de ce qui existait. Il est indéniable que les Romains ont eu, à Pitres, un établissement important ; les ruines nombreuses, les monnaies, les débris de poteries trouvées en quantité le démontrent surabondamment. Mais il est évident aussi que les rois carolingiens ont habité Pitres, d'où ils datèrent plusieurs chartes, diplômes et édits, et jusqu'ici, il n'a pas été trouvé de traces certaines de leur habitat. Ils possédèrent à Pitres, comme en d'autres lieux, une résidence (le mot « palais » semble exagéré) avec, vraisemblablement, une exploitation rurale. Il est possible que les excellentes constructions romaines (dont M. Coulil a décrit les ruines sous terre) aient été utilisées par les conquérants et leurs descendants et que ce soit là que les rois francs s'établirent, ce qui concilierait la thèse de l'abbé Cochet et celle de M. Coutil.

Puis la Société visite deux belles caves voûtées avec arcs doubleaux, de construction très soignée. M. le commandant Quenedey les date du xvi° siècle ; leur caractéristique est qu'elles sont les substruclures de bâtiments sans intérêt et sans importance. Il existe d'autres caves semblables à Pitres ; ce sont évidemment les restes d'édifides disparus dont il serait intéressant de rechercher l'origine et la destination.

Ensuite, chez M. Fréret, industriel et ancien maire de Pitres, nous admirons, à côté d'une dent d'éléphant fossile, de beaux morceaux de vases de Samos et des fragments de poteries gauloises et mérovingiennes que M. le docteur Doranlo et M. Allinne déterminent et qui proviennent des propriétés de M. Fréret, dans les environs ; puis M. Aube, instituteur, bien que souffrant, expose avec la meilleure bonne grâce ses trouvailles et celles de quelques-uns de ses


EXCURSION A PITRES ET ALIZAV (EURE) 17

élèves : objets gallo-romains et surtout monnaies diverses, dont M. Garreta donne l'origine ; il est parmi ces monnaies de fort belles pièces.

L'heure s'avançait, il fallut gagner la gare sans avoir vu l'emplacement de l'ancien théâtre ni, au pied de la colline des Deux-Amants — dont la légende d'amour et de mort a été chantée au xmc siècle par Marie de France — l'embouchure de l'Andelle où furent trouvés les restes d'une cité lacustre ; ni, non plus, près du barrage de Poses, le bras de Seine qui recela, jusqu'en 1841, le casque de bronze lamé d'or, ayant appartenu vraisemblablement à un chef gaulois. Ce casque est au Musée du Louvre et un bon moulage en figure au Musée d'Antiquités de Rouen.

H. E.


EXCURSION A BRIONNE du 25 Septembre 1927

La Société avait organisé le dimanche 25 septembre la dernière de ses grandes sorties de l'année, en prenant comme but la vallée moyenne de la Risle, de Brionne au BecHellouin.

Un groupe important d'excursionnistes accompagnait au départ de Rouen M. Eloy, président ; en cours de route, d'autres archéologues viendront se joindre à eux.

M. Foulon, directeur d'école à Brionne, sera toute la journée le meilleur des guides parmi les très nombreuses curiosités archéologiques visitées.

Son premier soin, à l'arrivée du train, est de conduire les membres de la Société à la Côte du Vigneron qui domine Brionne à l'Ouest.

Ce lieu-dit doit sa dénomination à un ancien vignoble auquel se rattache une très curieuse tradition locale, les seigneurs de Brionne ayant dû prendre, jusqu'en 1414, le droit exclusif de cultiver la vigne pour vaincre la persistance de leurs vassaux dans une culture qui n'apportait que déboires.

La côte du Vigneron présente un retranchement antique fort curieux et important ; F. Ameline lui consacra, en 1881, une des 25 planches de la collection qu'il laissa et que, en 1927, réédita M. Deglatigny.

II est assez dificile de se faire une opinion très précise de ce que fut cet ouvrage, que visite minutieusement la Société, et dont le sommet a été bouleversé. H apparaît toutefois que l'on ne doit accorder aucun crédit au « tombeau du Druide » dénomination fantaisiste qui donna lieu à des interprétations regrettables et à des confusions. MM. Eloy et le docteur Doranlo exposent tour à tour, sur place, les


EXCURSION A BRIONNE 19

données du problème et de la solution qu'il convient de lui donner. L'avis de tous les excursionnistes est qu'il s'agit d'un « éperon barré » défendu par un fossé d'une profondeur et d'une longueur inusitées dans la plupart des ouvrages de ce genre.

Il est hors de doute que cette imposante coupure, qui sépare, l'enceinte du plateau voisin vers St-Pierre-de-Salerne, est un travail fait de main d'homme.

Par contre, s'il est absolument impossible cTassigner une date à cet ouvrage ou même de 'l'attribuer à une époque quelconque, il est certain qu'il a été réoccupé à l'époque galloromaine. Au-dessous et en contre-bas du sommet du Vigneron, en revenant vers Brionne, on trouve une petite enceinte de forme un peu ovale, mesurant environ 50 m. de diamètre, entourée d'un fossé et d'un petit rempart en terre dans lequel M. Foulon a pratiqué quelques fouilles. 11 y a recueilli de longs clous, témoignages d'anciennes constructions en charpente et torchis, quelques tessons de poteries et un fragment de mosaïque à petits cubes blancs ; on pourrait tout au plus faire remonter cette petite enceinte à la fin de l'époque romaine. Les fouilles doivent être reprises ultérieurement et permettront peut-être de déterminer exactement l'époque de l'occupation.

L'enceinte du Vigneron a été — à tort bien entendu — longtemps regardée comme un ouvrage dû à Guillaume-leConquérant ; l'archéologue Le Prévost la fait remonter à l'époque romaine.

Le retour à Brionne permet aux excursionnistes de visiter rapidement l'église Saint-Denis, aujourd'hui désaffectée ; l'état de délabrement de cet édifice, qui remonte à la fin du xv° siècle ou au début du xvi", avec quelques parties plus anciennes, et qui présente intérieurement des traces d'armoiries peintes, est tout à fait regrettable. Brionne possède d'ailleurs une autre église désaffectée, St-Martin, fort intéressante aussi et qui gagnerait grandement à être restaurée et entretenue, et surtout « sauvée » par voie de classement.

M. Foulon avait réuni dans les salles de l'école une véritable exposition des diverses antiquités que, avec une inlassable patience et un rare bonheur, il a extraites du sol


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brionnais : il est à remarquer que ces vestiges trouvés en majeure partie dans son propre jardin, proviennent de la rive gauche de la Risle, alors que l'on a toujours et trop exclusivement cité les antiquités de la rive droite. Le docteur Doranlo donne quelques savantes explications relatives à des fragments de poteries dites Samiennes.

Un déjeuner amical réunissait hôtes et visiteurs ; à son issue, M. Eloy, président, tint à souligner, en quelques mots heureux et cordiaux, l'intérêt de cette réunion et le gré que la Société doit savoir à M. Foulon.

Tandis qu'un groupe d'excursionnistes gagne directement l'enceinte de Saint-Martin-du-Parc, les autres visiteurs se rendent aux ruines du donjon qui domine Brionne.

Cet important vestige, que commente savamment l'érudit commandant Quenedey, spécialiste de l'architecture militaire normande, appartient au type des donjons rectangulaires et remonte à la seconde moitié du xn" siècle.

Deux côtés en subsistent ; le plan général demeure fort visible. Les contreforts extérieurs, l'appareil du parement, tout à fait remarquable, les galeries creusées dans l'épaisseur du mur, puis maçonnées à une époque ultérieure, les restes d'une cheminée et de son conduit, la curieuse disposition des assises inférieures à l'extérieur sont l'objet d'autant d'observations d'un réel intérêt. Au château même s'appuyaient les murailles de la cité, dont divers tronçons existent ou ont été reconnus.

Station antique importante, figurant à l'Itinéraire d'Antonin, Breviodurum, devenu Brionne, connut les vicissitudes d'une histoire militaire mouvementée et, passant aux mains successives des Anglais et des Français, prise et reprise, fut l'enjeu de divers sièges (1090-1124-1336-1419-1449). Les Protestants la dévastent en 1562, dernier épisode d'une histoire bien dissemblable du calme de la paisible cité actuelle.

Quant à l'enceinte dite de St-Martin-du-Parc, qui faisait l'objet de la visite du second groupe, elle est située sur le territoire de la commune du Bec-Hcllouin. Cette enceinte, mentionnée par Guilmeth en 1842 comme étant un « camp romain », n'est pas citée dans l'ouvrage de M. Coutil sur l'arrondissement de Bernay (1907). Un plan exact, accom-


EXCURSION A BRIONNE 21

pagné d'une courte notice, en a été publié en 1925 par notre collègue Deglatigny dans le 1er fascicule de ses «Documents et notes archéologiques. »

Fort bien conservée, elle présente à l'intérieur les traces d'une mare ancienne dite des Cateliers. Elle offre la forme d'une redoute avec un petit saillant au milieu de la face Ouest, l'entrée s'ouvrant sur la face Est. Les dimensions de ses quatre côtés varient d'environ 70 m. à environ 110 m., la superficie totale étant de 11.650 m 2. La hauteur actuelle, prise du fond du fossé au haut du rempart, oscille entre 2 m. 15 et 3 m. 75.

L'âge de cet ouvrage est impossible à déterminer avant que des fouilles aient fourni quelques débris de céramiques ou d'outillage. II est certain que ce n'est pas un travail militaire et on peut admettre comme probable que c'est là un de ces nombreux ouvrages comme on en rencontre dans nos régions et qu'on a depuis longtemps le tort de nommer des « camps romains ».

Ces petits ouvrages représentent en réalité des propriétés rurales, entourées de murs soit maçonnés, soit en terre, et on en trouve à tous les âges, depuis l'époque gauloise jusqu'à nos jours même.

Les deux groupes d'excursionnistes se retrouvaient à la fin de l'après-midi à l'abbaye du Bec-Hellouin, dont ils purent admirer à loisir les restes imposants. Le retour du groupe de Rouen se fit .par chemin de fer, après une journée fort intéressante et bien employée, contrariée toutefois par quelques ondées au cours de l'après-midi.

Le Secrétaire : Charles BRISSON.


ASSEMBLEE GENERALE DU 27 NOVEMBRE 1927

La seconde des Assemblées Générales de 1927 s'est tenue en l'Hôtel des Sociétés Savantes, le 27 novembre, sous la présidence de M. Eloy.

Sont présents : MM. Eloy, Fortin, D' Doranlo, Brisson, Deglatigny, membres du Bureau, et MM. l'abbé Philippe, Costa de Beauregard, Dr Coutan, D1 Brunon, Diard, Périer, Plé, Poisson, Toutain, Al'linne, G.-F. Dollfus, Le Parquier, Poulain, Gadeau de Kerville, Régnier.

Après lecture du procès-verbal de l'Assemblée générale d'avril, par le Secrétaire, et approbation, le Président résume la vie de la Société depuis l'Assemblée précédente, rappelant que le Conseil d'Administration se réunit régulièrement le dernier samedi de chaque mois pour traiter des affaires courantes.

Trois excursions fort suivies ont eu lieu : le 8 mai à Dieppedalle, le 12 juin à Pitres et Alizay, le 25 septembre à Brionne. L'excusion à Lillebonne a dû être remise.

Le tome XXV du Bulletin étant entre les mains de l'imprimeur, sa publication peut être envisagée pour le premier trimestre de 1928.

L'état financier de la Société accuse des recouvrements réguliers et normaux et la parfaite gestion de M. Deglatigny lui vaut les plus sympathiques félicitations.

M. Eloy salue ensuite la distinction dont le Dr Coutan, vient d'être l'objet, puis rappelle le décès de M. Giraux. Il fait ratifier la démission de M. Ashton et la radiation de MM. Revert et Gombert.

Sont ensuite présentés et admis les nouveaux membres suivants: M. René Herval, de Rouen; M. Brucjr; M. Héron, d'Ezy ; le capitaine Octobon, de Maubeuge ; le professeur Cucéra, de Brno (Tchécoslovaquie).

M. Eloy rappelle ensuite que le 12 juin, avant le départ pour Pitres, un certain nombre de nos Sociétaires se sont rendus sur la côte Ste-Catherine de Rouen pour étudier les


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE " 23

divers travaux militaires qui y sont encore visibles ; il a été très facile d'en identifier une bonne partie avec ceux figurant au plan joint à l'ouvrage publié par le capitaine Valdory en 1592 sur le siège de 1591.

Il résulte de l'examen des lieux que le grand fossé, dans son état actuel tout au moins, date de l'époque du siège, mais qu'il peut avoir une origine peut-être antique, auquel cas il aurait été remanié. Des monnaies romaines ont été recueillies en ses abords et, antérieurement aux travaux du siège, l'abbaye fortifiée de St-Michel-du-Mont avait possédé des ouvrages de protection. Divers retranchements peuvent remonter à une très haute antiquité, ce site étant de ceux que l'humanité, même à ses débuts, n'a jamais dû négliger.

Le Dr Brunon propose à la Société de s'emploj^er au vote d'un crédit qui permettrait d'effectuer des fouilles ; il est décidé que la Société le chargera d'intervenir dans le sens de cette initiative, afin que des recherches soient faites sur le territoire rouennais, sans précision de lieu et selon les nécessités du moment.

Il appartient au Président de rappeler ensuite divers travaux bibliographiques dûs à plusieurs sociétaires, en particulier le très remarquable rapport sur « l'Archéologie en Normandie de 1824 à 1924 », par le docteur Doranlo, incorporé au « Bulletin des Antiquaires de Normandie ». Notre savant collègue a élevé là un véritable monument, avec un rare esprit critique et une grande sûreté de documentation, à la gloire de l'Archéologie normande.

M. Deglatigny a publié le deuxième fascicule de ses « Notes et documents archéologiques », 'illustré de nombreuses planches dues à plusieurs de nos collègues, et,« Les 25 plans d'Ameline», toeuvre destinée à «rendre à César ce qui appartient à César ».

Enfin, en 1927 est paru le tome XXV bis du Bulletin, consacré par l'abbé Philippe à « Cinq ans de fouilles au Fort Harrouard ». M. Eloy exprime le voeu que, l'histoire entière de ces fouilles aujourd'hui célèbres étant une des gloires de la Société et de son Bulletin, l'abbé Philippe continue à donner aux futurs volumes les comptes-rendus de ses fouilles toujours heureuses.


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L'ordre du jour appelant les élections, il est procédé à celles-ci par voie de vote au bulletin secret ; les résultats suivants sont obtenus :

Président : M. H. Eloy.

Vice-Présidents : MM. le docteur Doranlo et R. Fortin.

Secrétaire : M. Charles Brisson.

Secrétaire-adjoint : M. G. Diard.

Trésorier : M. L. Deglatigny.

Sont nommés ensuite membres du Conseil d'Administration : MM. l'abbé Philippe et Le Parquier, en remplacement de MM. Poulain et Costa de Beauregard.

Toutes ces élections ont lieu à l'unanimité.

Après le traditionnel déjeuner amical, la séance d'aprèsmidi débute, à 14 heures, par la présentation de débris de poteries antiques recueillis par M. Vaussier dans le vallon de Brunval, près de Rouen.

i Puis M. Eloy lit une brève note relative à la découverte, au cours de l'été 1927, au chevet de Saint-Godard de Rouen, de deux sarcophages d'époque indéterminée trouvés à 4 mètres au-dessous du sol actuel.

Divers objets sont ensuite présentés par M. le Dr Brunon : l'un, indéterminé (broyeur de mortier, concasseur, ou pierre de fronde) provenant de Minorque ; un autre, en bronze, doigtier d'arc ou pièce de harnachement ; enfin un curieux exemple de fraude archéologique : tronçon de sabre de pompier ou de garde national ayant passé pour une pseudoépée romaine... découverte à Marseille.

Communications : I. — M. Gadeau de Kervil'le donne connaissance des résultats à peu près négatifs de sa dernière campagne de fouilles à Vernonnet, avec M. Poulain. Cinq constructions ont été déblayées, ce qui porte à 9 sur 11 les bâtiments reconnus de cet ensemble que M. Gadeau de Kerville croit pouvoir identifier avec une « villa agraria ». Toutes sont identiques de structure, mais leurs dimensions varient de 2 mètres carrés à 4 mètres carrés. L'une, à enduits intérieurs, peut avoir servi d'habitation ; voisinant avec une vaste mare, elle occupe le centre du camp antique de Vernonnet ; l'absence de toute trace d'incendie fait supposer, non pas une destruction violente, mais l'abandon suivi de


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 25

la ruine ; les trouvailles monétaires antérieures permettent de situer cet abandon au début ou au cours du ii° siècle.

II. — Le docteur Doranlo présente ensuite une importante communication relative à la confection d'une « Carte archéologique de Normandie », rendue de plus en plus nécessaire par le besoin des recherches, la nécessité de recueillir et fixer tous renseignements précis, l'abondance des documents. Elle constituerait un élément puissant parmi ceux dont disposent les archéologues ; toutefois, ce travail long et considérable présente de nombreuses difficultés, dues aux indications imprécises et à la valeur variable des découvertes et même des chercheurs.

Le Commandant Espérandieu projette une carte générale au 1/50.000 ; en 1906-1909, M. Chédeville avait fait une tentative, insuffisante parce que plus géographique qu'archéologique ; enfin, on doit à l'abbé Cochet et à M. de Vesly des cartes de la Seine-Inférieure.

Une carte soigneusement établie permettrait des études synthétiques sur de multiples sujets : voierie, pénétration, invasions, répartition des industries ; chaque époque serait étudiée sans omettre des recherches particulières : enceintes, mégalithes, etc. La nécessité d'une série de cartes nombreuses et superposables, donc à échelle unique, apparaît. Le cadre géographique devra être limité soit aux divisions actuelles, soit à celles de l'antiquité : Civitates gauloises, pagi carolingiens, diocèses, etc. Des cartes spéciales seraient consacrées au culte des arbres, pierres, fontaines, etc.

La détermination de l'échelle étant discutée, celle de la Carte géologique générale de la France apparaît pratique, puisque officielle ; le 1/50.000 et le 1/80.000 exigeraient des précisions souvent impossibles (tracé des voies). Il convient donc de choisir une petite échelle : 1/200.000 ou 1/320.000.

Enfin une série fort ingénieuse de signes conventionnels très simples doit comprendre tous les cas possibles ; bien entendu un texte donnant toutes les références indispensables, accompagnerait chaque carte. Le docteur Doranlo invite la Société à envisager sa participation à ce travail ; sa proposition est favorablement accueillie et on constitue une Commission comprenant les membres du Bureau et ceux du


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Conseil, plus MM. Costa de Beauregard, Toutain, et Poulain.

III. — M. Ch. Brisson donne ensuite connaissance de l'état d'avancement de la « Table analytique générale du Bulletin », portant sur 25 volumes parus en 33 années. Le travail préparatoire destiné à arrêter une méthode et étendu à 8 volumes, a permis d'évaluer l'importance et les difficultés de l'ensemble. Ce long travail ne peut se poursuivre que par le dépouillement par fiches de chaque page des volumes. L'auteur émet le voeu que ce travail fasse l'objet d'un tirage qui prendrait sa place à la suite de la collection du Bulletin.

IV. — L'abbé Philippe rend compte de ses fouilles de 1927 au Fort Harrouard : exploration de 62 foyers du bronze, superposés ou très rapprochés, le niveau ne descendant pas au-dessous de 1 m. 25. Sept foyers bordent des fosses ovales et les habitations paraissent avoir constitué une ceinture autour de l'enceinte, sauf quelques groupes au centre.

La récolte archéologique a été riche : tessons de poteries et haches polies, emprisonnés dans le mortier du foyer, beaucoup d'objets d'os, agrafes, épingles, bracelets, peignes, outillage en corne de cerf, mais peu d'armes. Une sépulture contenait un squelette sans crâne. L'abbé Philippe présente quelques-uns des objets recueillis et reçoit les félicitations du Président. Il est décidé qu'une excursion au Fort Harrouard sera mise à l'étude pour la campagne d'été 1928.

V. — Enfin les questions suivantes sont appelées : lettre de M. Thibout annonçant le classement du mégalithe de Saint-Etienne-du-Vauvray, à la suite du voeu émis par la Société ; lettre de M. Allinne signalant près de Bolbec les deux « fosses Milon », objets d'une curieuse tradition ; proposition de M. Régnier qui, après avoir rendu compte des transformations du Muséum de Rouen, offre d'y recevoir la Société lors de la prochaine Assemblée Générale en avril 1928.

La Séance est levée à 17 heures.

Le Secrétaire : Charles BRISSON.


COMPTE RENDU MORAL DE L'ANNEE 1927

L'année 1927 ne l'a en rien cédé à ses devancières, quant à l'activité de la ,« Société Normande d'Etudes Préhistoriques ». Les manifestations de cette activité ont été, comme toujours, d'ordres divers et quelque peu invariables : Assemblées Générales, réunions du Bureau, excursions.

L'effectif de la Société a fort peu varié et s'est constamment maintenu aux environs de 125 adhérents ; on a pu, au cours de l'exercice enregistrer six adhésions, deux démistions, trois radiations pour défaut répété de paiement des cotisations et une exclusion. Toutes ces mutations, présentées en réunions du Conseil d'Administration et du Bureau, ont été sanctionnées en Assemblées Générales. Des élections renouvelèrent le Bureau lors de celle de novembre.

Afin de donner un nouvel élan à la vitalité de la Société et pour parvenir à la solution rapide de toutes questions intérieures et administratives, Bureau et Conseil décidaient de se réunir à date régulière et fixe, le dernier samedi de chaque mois, chez le Président. C'est ainsi que, en 1927, douze séances de travail purent avoir lieu, réunissant presque toujours le Bureau au complet et plusieurs membres du Conseil d'Administration.

Parmi les questions traitées figurent : l'établissement de la circulaire annuelle ; la mise en oeuvre du tome XXVI du Bulletin (1925-1926) qui malheureusement n'aura pu être mis en distribution qu'en 1928 ; le transfert, à la Bibliothèque Municipale de Rouen, de la Bibliothèque de la Société, après pointage et vérification ; l'étude des diverses excursions réalisées et de quelques autres qui ont dû être abandonnées en raison des difficultés de communication ; l'étude de divers camps et enceintes de Normandie, parmi les autres questions archéologiques à l'ordre du jour ou d'actualité.

Les Assemblées Générales fixées aux Statuts se sont tenues


28 CH. BRISSON

à Rouen, l'une le 2 avril, l'autre le 27 novembre, au siège social, l'Hôtel des Sociétés Savantes.

Toutes deux ont réuni un nombre important de sociétaires et ont été de fructueuses séances de travail. Les affaires courantes, préparées par les réunions mensuelles du Bureau, ont été traitées dans les séances du matin ; les réunions d'après-midi ont été réservées aux communications : parmi celles-ci, il convient de retenir celles de MM. Costa de Beauregard (sur Limes), docteur Doranlo (sur Beuville), docteur Coutan (sur Longueil), M.HA. Dollfus (sur Lorleau), et Lamiray (sur le Vieil-Evreux), en avril ; et celles de M..Gadeau de Kervïllc (sur Vernonnet), docteur Doranlo (sur la carte archéologique de Normandie), et abbé Philippe (sur le Fort Harrouard), en novembre.

Enfin de nombreuses présentations d'objets antiques ont été faites sur le bureau, en particulier par MM. Fortin, Allinne et Lamiray.

Trois excursions ont pu être réalisées au cours de l'année : la première, le 8 mai, à Dieppedalle et Canteleu (Seine-Inférieure) a permis la visite des ruines gallo-romaines de la forêt de Roumare ; la seconde, le 12 juin, avait pour but la région d'Alizay et Pitres, avec visite des briqueteries d'Alizay, des vestiges gallo-romains et mérovingiens de l'antique «Pistis» et de diverses collections particulières; le matin les sociétaires s'étaient rendus sur la côte Ste-Catherine de Rouen pour en étudier les retranchements antiques ou historiques.

La dernière excursion, le 25 octobre, était dirigée sur Brionne, avec visite de la Côte du Vigneron, du donjon, des terrassements de St-Martin-du-Parc et de la collection FouIon.

Toutes ces sorties, dirigées par des membres particulièrement compétents (MM. Quenedey, Eloy, Foulon, etc.) réunirent un nombre important d'excursionnistes et remportèrent le plus vif succès.

Si l'année 1927 n'a pu voir l'éclosion du Bulletin, retardé en cours d'impression, du moins a-t-elle assisté à la publication de divers ouvrages dûs à plusieurs de nos membres : docteur Doranlo, L. Deglatigny, abbé Philippe. Grâce à ces deux derniers, un tome hors série du bulletin, consacré aux


COMPTE RENDU MORAL 29

fouilles du Fort Harrouard a pu être publié ; il constitue un véritable monument de science archéologique.

Ce rapide et très incomplet exposé n'a que la prétention de démontrer combien peu se ralentissent l'activité de la Société, le dévouement de ses administrateurs et les recherches de ses membres. Ce faisceau de bonnes volontés agissantes est un sûr garant de l'avenir promis à la « Société Normande d'Etudes Préhistoriques ».

Le Secrétaire : Charles BRISSON.



ANNEE 1928 ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 29 AVRIL 1928

Cette Assemblée Générale a lieu en l'hôtel des Sociétés Savantes de Rouen et sous la présidence de M. Eloy, qu'entourent au bureau: MM. R. Fortin et le docteur Doranlo, vice-présidents ; Ch. Brisson, secrétaire ; et Diard, secrétaire-adjoint.

Sont en outre présents : MM. Gadeau de Kerville, Le Parquier, commandant Quenedey, Régnier, Allinne, Périer, Pclé, Toutain. Se sont excusés : MM. Deglatigny, trésorier, et Poulain.

Après que le Secrétaire eut donné 'lecture du procès-verbal de l'Assemblée Générale de novembre, qui est adopté, le Président félicite le docteur Doranlo pour la récompense que lui a valu son remarquable travail sur « l'Archéologie Normande ».

La demande d'admission présentée par Mmo Saint-Ouin, de Breuilpont, est acceptée, ainsi que la démission de M. Gallerand.

Le Président prononce ensuite l'éloge funèbre de : M. Desloges, qui fut Président de 1905 à 1907 et qui était entré à la Société dès 1897 ; il demeurera l'un des meilleurs historiens de la région de Rugles ; de M. Chédeville, ingénieur, un des fondateurs de la Société, qui est décédé à Sotteville après une existence très active, qui lui avait permis de réunir une intéressante collection, malheureusement dispersée, et de publier de nombreuses études.

M. Bachelay, chercheur modeste et consciencieux, s'était spécialisé dans l'étude de la région de Gournay ; la vente de sa collection est annoncée. Enfin, M. Leclair, de Caudebec-enCaux, s'était particulièrement attaché à l'étude de la forêt de Brotonne, sur laquelle il a laissé d'intéressantes notes.


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Puis le Président félicite M. Régnier de la tâche considérable qu'il a assumée en réorganisant le Muséum qui sera enfin digne de la Ville de Rouen ; M. Régnier insiste toutefois sur le caractère provisoire du classement actuel et exprime le désir de recevoir sur place les membres de la Société ; il est aussitôt décidé que la visite des galeries préhistoriques et paléontologiques aura lieu l'après-midi même, dès après les communications annoncées.

Abordant la question du Bulletin, M. Eloy exprime le regret d'en voir la publication retardée à Juin, à cause surtout du travail tardivement fourni par le professeur Cucera, tout le reste étant prêt.

Communications : I. — Le docteur Doranlo décrit la curieuse enceinte de Touffreville-la-Corbeline, près d'Yvetot, connue sous les divers noms de « Bois de la Salle », « Camp de César » et « Camp d'Henri IV ». Si compliqué qu'en soit l'ensemble, le docteur Doranlo le rend parfaitement intelligible grâce à un croquis au tableau noir, d'après les notes relevées la veille sur place. L'abbé Cochet avait bien publié cette enceinte, mais sans description ; l'exploration en est difficile et la levée d'un plan serait actuellement pénible.

Le centre en est constitué par une motte féodale entourée de fossés, et doublée, au midi, d'une vaste enceinte ovale pourvue d'un fossé, doublé lui-même d'un rempart. Une mare alimentait les fossés ; diverses défenses accessoires appuient et encadrent l'ouvrage principal, l'entrée actuelle semble moderne.

La motte était très défendue ; 'les remparts, dont la conservation est remarquable, ayant encore 6 m. de largeur à leur sommet actuel. Il est fort difficile d'assigner une époque à ces travaux ; sans doute s'agit-il d'une motte primitive, ultérieurement pourvue de défenses secondaires et d'ouvrages annexes.

L'abbé de Sommesnil a fait l'histoire de ce camp en décrivant la campagne de Henri IV en 1592 dans le Pays de Caux ; c'est l'occasion pour les auditeurs du docteur Doranlo d'entendre un récit à la fois très attachant et pittoresque, en même temps que fort documenté, de la lutte entre Henri IV et Farnèse. Pris et repris, le « Camp de la


COMPTE RENDU MORAL 33

Salle » joua certes un certain rôle dans cette campagne, mais sans que celle-ci, avec ses péripéties, puisse apporter quelque explication à ses transformations, additions ou utilisation.

L'épisode de la retraite de Farnèse sur Caudebec et du passage de la Seine n'est pas la partie la moins attrayante de ce long récit, où l'on assiste à l'ingénieuse défense d'une « tète de pont » et où toute la stratégie du xvie siècle apparaît.

Il est aussitôt proposé de faire une excursion au Bois de la Salle, que la proximité d'Yvetot ne peut que faciliter.

Après le traditionnel déjeuner amical, M. Eloy, ouvrant la séance d'après-midi, donne lecture du rapport financier de M. Deglatigny, trésorier, qui s'est excusé, et dont les comptes sont approuvés avec félicitations de l'Assemblée.

IL — M. Thibout présente une communication relative au menhir sis près de la route de Louviers à St-Pierre-duVauvray, classé comme monument historique à la suite d'un voeu déposé par la Société. Il présente des photographies et des copies de dessins de l'architecte Lalun, de Louviers, et donne lecture d'une notice où il a groupé ce qui a été antérieurement dit ou écrit sur ce mégalithe. Toutefois, les observations et découvertes qu'il rapporte ne doivent être acceptées qu'avec une extrême prudence, en raison des interprétations fantaisistes que les archéologues de 1840 et 1856 donnèrent, avec les idées de leur époque, de ces vestiges qualifiés de « Celtiques ».

Après que M. Fortin eût déposé sur le Bureau divers objets antiques provenant de la collection Chédeville, M. Allinne présente à son tour quelques beaux exemplaires choisis dans une trouvaille faite en janvier 1928 au lieu dit « le Gibet » près de Caudebec-enCaux et de St-Arnoult : il s'agit d'un trésor de 37 monnaies gauloises d'argent, de même type, mais de deux échantillons, appartenant à la série dite armoricaine et non à une fabrication locale. Il montre également une monnaie gauloise en or, au type dit du Taureau, trouvée à Guerville près de Blangy, appartenant à la série des Morini, puis une fort belle arme néolithique provenant de Monville. Le docteur Doranlo fait alors une communication sur

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34 CH. BRISSON

le rôle de la Normandie et du N. W. de l'Europe à l'époque du bronze, qu'il avait étudiée l'an passé au seul point de vue chronologique. Il va montrer l'industrie bronzière prenant naissance dans le bassin oriental de la Méditerranée, puis se propageant par la suite vers l'Europe du N. W. ; cela conduit à se demander s'il n'exista pas d'autres centres de production et de fabrication.

L'Occident n'a pas seulement copié l'Orient, il a su être créateur et exportateur et on ignore trop la grande importance d'un commerce à la fois maritime et terrestre. C'est ainsi qu'il est prouvé que la France du Sud a reçu le bronze, non par voie méditerranéenne et par les trafiquants orientaux, mais par la voie continentale dite « de l'ambre » qui unissait la Baltique' à la Méditerranée par l'Allemagne, la Suisse, l'Autriche et l'Italie du Nord.

Les premiers essais en Occident remontent, pour l'introduction du cuivre, à 2.500 avant J.-C. en Europe continentale et 3.000 avant J.-C. en Egée. Le rôle de l'Armorique et des Iles Britanniques, entre la naissance du cuivre et la naissance du fer, est considérable, mais presque méconnu. Les deux grands centres de gisements du minerai étaient l'Ibérie et les Iles Britanniques.

Bien qu'on ait certainement cherché à garder secrets les procédés de fusion et de fabrication, le trafic s^établit rapidement, affectant plutôt les lingots et les saunions que le minerai. Un courant s'établit d'Ibérie vers Armorique à travers le golfe de Gascogne ; on ignore trop l'importance de la navigation néolithique : le Cap armoricain, de grand client, devint grand trafiquant et transitaire. D'autre part, un autre courant s'établit au départ des Iles Britanniques productrices d'étain (les plus anciennes lances à douilles sont irlandaises, bronze III.)

Les pays de l'Ouest jouèrent donc un rôle capital dans l'industrie métallurgique, avec double voie de propagation par terre et par mer. On peut considérer le groupe IbérienArmoricain-Normand comme précurseur des Phéniciens ; la reconstitution des lignes maritimes est assez facile.

Puis les Ibériques déclinent tandis que les Bretons, Normands, Armoricains prennent une place si prépondérante dans l'industrie et le commerce du bronze, qu'on a décou-


COMPTE KENDU MORAL

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vert 140 gisements, soit plus de 25.000 objets, dans le seul Cotentin.

On doit probablement l'invention de la hache à talon à l'a région de la Basse-Seine alors que la hache à douille semble être une spécialité du Cotentin.

Enfin la décadence commence avec l'apparition du fer qui ne détrônera le bronze que lentement : les objets de fer sont très rares dans les régions bronzières étudiées par le docteur Doranlo, qui conclut à une sorte de « blocus du fer » ayant duré plusieurs siècles. On peut placer la fin de l'âge du bronze vers le milieu du premier millénaire avant J.-C. ; devant l'avenir promis par le nouveau métal, les fondeurs de bronze sacrifient à un louable et très humain esprit d'adaptation.

La journée devait s'achever par une visite au Muséum d'Histoire Naturelle où une belle salle est déjà affectée à la Préhistoire. Notre collègue M. Régnier, conservateur, a entrepris la tâche énorme d'un remaniement complet du Musée selon les besoins de la science actuelle. La section de Préhistoire du Musée d'Antiquités sera réunie à celle du Muséum ; le classement actuel deviendra définitif après cette réunion : il présentera une collection didactique, puis des séries d'instruments-types de provenance régionale.

Au nom de la Société, le Président félicite vivement M. Régnier, et les visiteurs se séparent à 17 heures 30.

Le Secrétaire : Charles BRISSON.


EXCURSION A BELBEUF ET À BOOS le 20 Mai 1928

La Société des « Amis des Monuments Rouennais » ayant organisé une excursion sur le plateau de Boos, avait invité la « Société Normande d'Etudes Préhistoriques » à participer à cette sortie.

Sur le plateau, et avant d'arriver à Belbeuf, M. Eloy, président, explique que ce lieu, comme toute la région d'ailleurs, fut habité dès une haute antiquité. Les briqueteries des environs fournissent à des profondeurs de 5 à 6 mètres, un outillage acheuléén et moustérien remontant aux époques de la pierre taillée. Sur 'le sol même, dans les champs proches, les silex de l'époque de la pierre polie abondent. Enfin, à Normare, existait une villa agraire gallo-romaine qui fut fouillée par M. de Yesly, et très nettement déterminée par lui ; l'heureux archéologue y recueillit des monnaies romaines, des objets de bronze, de la céramique, etc.. Les pierres provenant des fouilles furent vendues par la suite, et servirent en partie à la construction des murs du nouveau cimetière de St-Sever (Bruyères-St-Julien).

Un vieux chemin, dit du Halage, à peu près abandonné aujourd'hui, passait près de cette villa et auprès d'une autre sise sur le territoire de N.-D. de Franqueville, également fouillée par M. de Ves'ly.

Les bâtiments avaient 40 m. sur 17 m. Il y fut trouve 12 grands ou moyens bronzes de Trajan, Néron, Adrien, des vases en céramique, divers objets de bronze et de fer et 3 squelettes sans mobilier funéraire.

M. Eloy fait remarquer qu'à l'époque gallo-romaine, cette contrée devait être cultivée, si l'on en juge par les nombreux vestiges de « villas agraires » trouvés dans toutes les communes environnantes, à Mesnil-Esnard, N.-D.-de-Franqueville, Belbeuf, St-Aubin-Celloville, etc..

A Boos, les ruines de la villa du Bois-FIahaut, explorées


EXCURSION A BELBEUF ET A BOOS 37

par M. de Vesly en 1905-1906, formaient une butte de 60 m. de longueur sur 40 m. de large et 2 m. 20 de hauteur. Il y fut trouvé de nombreux bronzes : Faustine, Trajan, Tétricus, Constantin, etc. et quantité d'autres objets. Elle parait avoir été détruite au vc siècle et utilisée plus tard à l'époque mérovingienne comme cimetière ; il y fut découvert 40 sépultures, dont plusieurs avec mobilier funéraire.

Le mauvais temps empêcha la visite des restes qui subsistent de cette villa.

L'excursion comprenait la visite du château de Belbeuf, sous la direction du commandant Quenedey, du domaine de Boos et de son célèbre colombier, sous la conduite de M. Eloy, et des halles de Boos, décrites par le commandant Quenedey.

Le Secrétaire,

Chartes BRISSON.


EXCURSION A CLÈRES le 14 Juillet 1928

L'excursion organisée à Saint-André-sur-CailIy et à Gères, le 14 juillet, réunissait surtout des membres de la «Société des Amis des Monuments rouennais ». La « Société No ■- mande d'Etudes préhistoriques » n'y était représentée que par son président, M. Eloy, et par M. Vaussier.

Nous ne mentionnerons ici, que pour mémoire et comme se rattachant spécialement à nos études, la visite faite au château de M. J. Motte, à Saint-André-sur-Cailly, où on a pu voir l'emplacement des ruines d'une villa romaine, anciennement connues, comprises dans le parc, ainsi que celles du théâtre situé, en face, dans la ferme du château. Ces ruines dénotent l'existence d'une importante station romaine, qui a fourni, à différentes reprises, des débris de mosaïques, des poteries et de nombreuses monnaies, découvertes dont la relation se trouve dans « La Seine-Inférieure historique et archéologique » et dans le « Répertoire archéologique du département de la Seine-Inférieure » de l'abbé Cochet.

Le Secrétaire,

Charles BRISSON.


ASSEMBLEE GENERALE DU 25 NOVEMBRE 1928

La matinée étant, selon le programme fixé, entièrement consacrée à l'inauguration de la Salle de Préhistoire du Muséum d'Histoire Naturelle de Rouen, la réunion a lieu à 10 h. 30 dans la dite salle où se groupent à la fois de nombreux membres de la Société et diverses notabilités.

M. René Morin, adjoint aux Beaux-Arts, remplace comme Président M. le Maire de Rouen, empêché. Les honneurs de la Salle sont faits à la fois par MM. Régnier, conservateur, et Eloj, Président de la S. N. E. P.

Les membres suivants sont présents : MM. le docteur Doranlo, Costa de Beauregard, Gadeau de Kerville, Le Parquier, Ch. Brisson, Diard, docteur Brunon, commandant Quenedey, Charlier, Toutain, Périer, Plé, Ducrocq, Destouches, Poulain, Dollfus, Poisson, Allinne, auxquels se sont joints : Mme Régnier, MM. Garreta, Bouveau, Rouault de la Vigne.

Le premier, M. Eloy prend la parole au nom de 3a Société, et rappelle comment a pu se réaliser la réunion de collections préhistoriques jusqu'alors disséminées. Seules, les séries du Musée d'Antiquités étaient classées, mais sans permettre de renseigner suffisamment les visiteurs sur une science dont l'importance grandit chaque jour. Souhaitée par tous les préhistoriens locaux, l'installation d'Un Musée unique allait être l'oeuvre de M. Régnier, puissamment aidé par MM. Garreta et Allinne.

Ainsi fut créée une salle de Préhistoire, dont un premier classement fut opéré par M. Costa de Beauregard et dont le classement définitif est l'oeuvre de l'éminent abbé Breuil. Deux séries ont été ainsi constituées : l'une, didactique et basée sur la stratigraphie, va des origines connues de l'homme, à travers les étapes de la Pierre, jusqu'aux périodes du Bronze ; l'autre, géographique, partant de Rouen, étudie successivement les deux rives de la Seine, puis chacun des départements normands.


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Interprète des sentiments de la Société, M. Eloy propose d'élever M. l'abbé Breuil au titre de Membre d'honneur, puis remercie chaleureusement M. Régnier de la tâche qu'il a su mener à bien.

Après avoir excusé le docteur Cerné, Maire de Rouen, M. R. Morin félicite les organisateurs du nouveau Musée, celuici étant l'expression de l'étroite collaboration de 'la Ville, du Département, de la « Société Normande d'Etudes préhistoriques » et des particuliers.

A son tour, M. Régnier présente les collections, en montre les pièces les plus remarquables et explique le classement adopté.

Après le déjeuner, la séance d'après-midi a lieu à 14 heures, en l'Hôtel des Sociétés Savantes, sous la présidence de M. Eloy, entouré de tous les membres du Bureau. Aux assistants du matin, se sont joints : MM. R. Fortin, Lamiray, Deglatigny, l'abbé Philippe, Vaussier. Ont adressé leurs excuses : MM. Thibout, Vautier, Ravanne, Lecoeur, Le vilain.

Il est tout d'abord procédé à l'admission de MM. R. Grimoin-Sanson, d'Oissel,' P. Destouches, de St-Clair-sur-Epte, Francis Yard, de Rouen, G. Loisel, de St-Aubin-Ji-B., Cahingt, de Neuville-lès-Dieppe.

Puis le Président résume les excursions effectuées depuis la dernière Assemblée ; l'une à St-André-sur-Cailly, Clères, et Mont-Cauvaire ; l'autre à Belbeuf et le plateau de Boos,

COMMUNICATIONS :

1. M. Diard entretient l'Assemblée d'un important groupement de mégalithes dans la forêt de Bricquebec (Manche), comprenant :

a) l'allée couverte de la Petite Roche, classée en 1914 ;

b) les neufs blocs de la Petite Roche, écroulés, classés en 1905 ;

c) l'allée couverte du Câtillon ;

d) la Grosse Roche ;

e) les Roches du Câtillon, avec la Pierre au Chat, amas de blocs assez disséminés ;

f) l'alignement du Saut du Cerf ;

g) la Tombette, avec ses rangs de blocs.


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 41

D'autre part, M. Diàrd explora en 1921, à 200 m.' au sud de la Tombette une très curieuse fosse, remplie d'un amas d'os de boeuf. A 2 lieues dé là, dans le bois Brémont, il a visité une autre fosse, garnie comme la précédente d'une pierre centrale, mais pleine d'ossements de cheval. Aucune conclusion ne peut actuellement être tirée quant à l'origine et à l'utilisation de ces fosses.

Sur demande de M. Diard, l'Assemblée émet un voeu en faveur du classement de l'Allée couverte de Rocheville.

2. M. Gadéau de Kèrvillle va faire trois communications, dont la première est le récit de sa visite des grottes de l'Ariège et leur description : il entretient l'assistance des 52 cavernes qui environnent Ussat-les-Bains et dont deux sont célèbres : celle du Mas d'Azil, où de fructueuses fouilles ont révélé les vestiges de la période dit azilienne, qui se pllace après le magdalénien ; puis celle de Niaux, riche de splendides dessins préhistoriques, remarquablement conservés et représentant des animaux.

Des flèches et des figurations de blessures rappellent des pratiques de sorcellerie et d'envoûtement, que l'on retrouve aussi avec les dessins de mains ouvertes ou fermées, symbolisant la capture. Dans le sol même, figure une représentation d'un loup surmonté d'une main fermée et surmontant une flèche.

3. M. Gadeau de Kerville décrit ensuite l'exploration, en mai 1928 et en collaboration avec M. A.-G. Poulain, des deux derniers édifices de la « Villa agraria » de Vèrnonnet (Eure).

L'ensemble des fouilles, portant sur 11 bâtiments aura réclamé 3 années de travaux. Cette « villa », construite au I" siècle, est tombée peu à peu en ruines, a l'exclusion de toute trace d'incendie, dans la première moitié du IIe siècle.

4. La dernière communication de M. Gadeau 'de Kerville porte sur l'exploration d'un ossuaire néolithique â Saint-Just, près Vernon. Cet ossuaire, grossièrement dallé en pierre et encadré de quatre murets, a fourni en 1927, à M. Poulain une vingtaine de squelettes.

5. La parole passe à M. Destouches qui va décrire sa double exploration : 1° d'un cimetière mérovingien près


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de Saint-CIair-sur-Epte, ayant fourni 11 sarcophages avec mobilier funéraire ; 2" d'une monument funéraire néolithique, au Fayel, formé d'un abri sous roche, avec fosse pavée et pierres de recouvrement sur supports. Il s'agit de sépultures néolithiques, violées à l'époque gallo-romaine et réutilisées sans doute comme abri ; plus d'une centaine de squelettes y ont été recueillis.

6. M. Ducrocq, qui a participé aux fouilles précédentes, décrit à son tour ses propres recherches de 1928 à Château-sur-Epte, au lieu dit « les Câtillons ». Il s'agit d'une construction gallo-romaine, à usage d'habitation, si l'on en juge d'après de remarquables enduits colorés ; la fouille a procuré des objets divers d'os et de métal, de la céramique et des monnaies.

7. M. Plé dépose sur le Bureau : des outils de silex poli provenant de Bréauté et un vase, recueilli dans l'église de cette commune, dans l'épaisseur d'un mur ; ce vase semble ne remonter qu'au Moyen-Age.

M. Eloy rappelle 'la découverte déjà signalée de deux sarcophages de pierre rencontrés au chevet de l'église StGodard de Rouen, lors de tout récents travaux.

A son tour M. Allinne présente une magnifique médaille d'or de Garacalla, enfermée dans un cercle d'or, fort rare et remarquablement conservée ; trouvée en 1910 au Valde-la-Haye, elle remonte à 215 après J.-G. et pèse 10 grammes.

8. MM. Toutain et Costa de Beauregard rendent compte du résultat presque négatif des fouilles de 1928 à la Cité de Limes. Celle-ci n'a pas encore livré le secret de ses origines ; les témoins principaux, tel le fanum disparu, étant tombés à la mer au cours d'éboulements.

9. M. Lamiray présente une amulette formée d'un fragment de bracelet en schiste et trouvée en 1903 à Gauciel près d'Evreux, dans Un champ riche en débris néolithiques.

Puis il montre une très remarquable statuettte de gladiateur antique, appartenant à la série antérieurement présentée par lui et découverte dans les fouilles de f « ustrinum » de Mediolanum Aulercorum. Cette pièce magnifique est modelée et non moulée. Enfin il


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présente un beau tranchet en silex, à crans latéraux, trouvé au Val-David, près d'Evreux.

10. Le docteur Doranlo, qui vient d'intervenir plusieurs fois pour démontrer la nécessité, si souvent négligée, de recueillir et conserver le plus d'ossements humains possible, va exposer les premiers résultais des fouilles entreprises en 1928 au Vieux-Lisieux.

La plaine à l'ouest de Lisieux, près de la route actuelle de Caen, est remplie de substructions romaines, à tel point que, dès 1770, l'ingénieur Hubert reconnaissait une place, des rues bordées d'habitations, des villas, un immense édifice de 40 m. de long et deux grands piliers faisant naître l'idée d'un arc et d'une porte ; un théâtre antique était aussi reconnu.

La comparaison avec Evreux devait tenter M. Doranlo qui oppose Medioïanum, située dans une vallée, à l'actuel Lisieux, descendant à la fois d'une forteresse qui a précédé la ville actuelle et d'une ville ouverte en plaine, disparue et retrouvée.

Les récentes fouilles', interrompues au bout de trois mois, ont porté sur un édifice indéterminé et ont présenté en coupe trois zones séparées par deux couches de charbon ; chaque zone ayant offert des objets attribuables à trois époques, il est logique de conclure à trois incendies avec réoccupation ou réédification.

Les débris du niveau inférieur permettent d'attribuer celui-ci au Ier siècle, la céramique du niveau moyen indique le II" siècle ; enfin le niveau supérieur est du IIIe siècle, si ce n'est même du début du IVe. M. Marie-Cardine, auteur de ces fouilles, y rencontra une nombreuse céramique, très variée et plusieurs monnaies.

La destruction de ces ■ trois niveaux de civilisation peut être attribuée aux pirates maritimes qui opérèrent ici pour la dernière fois vers 275.

11. M. Poulain informe que les abris sous roches de Métreviile, à Saint-Pierre-d'Autils, près Vernon, sont classés depuis 5e 20 juillet 1928 comme Sites ; le Conseil Municipal de Saint-Pierre-d'Autils étant favorable au classement du Camp dit « du Goulet », l'Assemblée émet un voeu dans le même sens.


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12. La dernière communication do la journée est due à M. l'abbé Philippe qui expose l'état de ses recherches de 1928 au Fort Harrouard. Cette campagne a duré trois mois et a fourni 105 foyers du Bronze, ce qui porte le total de ceux-ci à plus de 350 à ce jour. Le niveau néolithique apparaît fort important, avec ossuaire de cette époque.

L'abbé Philippe présente une remarquable série de pièces recueillies et reçoit les vives félicitations de l'Assemblée pour ses remarquables et toujours heureuses fouilles.

Le Président émet le voeu que le Musée de Préhistoire de Rouen, désormais réorganisé, se voie octroyer une série d'objets caractéristiques des trois époques rencontrées au Fort Harrouard ; ce don apparaît d'autant plus facile que le Musée de St-Germain se trouve dans l'impossibilité d'exposer les milliers de pièces que l'abbé Philippe lui a déjà envoyées ; d'autre part le Fort Harrouard à été acquis, puis donné à l'Etat, par un Rouennais, M. L. Deglatigny; enfin lés travaux de l'abbé Philippe ont été publiés dans le Bulletin de la Société, dont le siège est à Rouen.

L'ordre du jour et la liste des communications étant épuisés, la séance est levée à 19 heures.

Le Secrétaire : Charles BRISSON.


COMPTE=RENDU MORAL DE L'ANNEE 1928

Sous l'impulsion de son Président et avec l'aide de son Bureau et de ses Administrateurs, la « Société Normande d'Etudes Préhistoriques » a pu suivre en 1928 le rythme auquel elle ohéit depuis 45 ans. Les travaux de ses membres témoignent, autant par leur qualité que par leur quantité, d'une activité devenue traditionnelle.

Comme toujours, réunions, assemblées générales, excursions, bulletin, furent les preuves tangibles de cette activité.

Selon la décision prise en 1927, le Bureau et le Conseil d'administration se sont réunis mensuellement pour traiter des affaires courantes et déblayer toutes questions d'ordre administratif ; c'est ainsi que treize séances ont été tenues au domicile du Président, l'une d'elles, supplémentaire, ayant été motivée par la question du Bulletin. Au cours de ces réunions, les dirigeants de l'a Société se sont particulièrement entretenus de : l'étude de diverses excursions, la révision de la liste des Sociétés correspondantes, la question du local affecté aux Assemblées de la Société et de sou tarif de location, la mise en oeuvre du Bulletin, la confection des circulaires, l'aménagement et l'inauguration de la Salle de préhistoire du Muséum de Rouen.

Les mutations affectant les sociétaires, communiquées au Bureau ,puis sanctionnées par les Assemblées générales, portent sur 6 admissions, 2 démissions, 6 radiations et 4 décès.

Les deux Assemblées générales annuelles ont été tenues en l'Hôtel des Sociétés Savantes de Rouen, l'une le 29 avril, l'autre le 24 novembre.

La première comporta, en plus de l'expédition des affaires courantes, l'éloge funèbre des divers membres décédés, dont l'ancien Président, M. Desloges ; la visite du Muséum


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d'Histoire Naturelle où des travaux de transformations étaient alors en cours ; les communications de MM. Doranio, sur les enceintes historiques de Touffreville-la-Corbeline et sur l'âge du bronze en Normandie, et Thibout, sur le menhir de St-Etienne-du-Vauvray ; diverses présentations d'objets antiques furent faites, par MM. Fortin et Allume en i-aiticulier.

La seconde Assemblée générale débuta par l'inauguration de la Salle de préhistoire du Muséum de Rouen, importante manifestation archéologique à laquelle assistèrent les représentants de la Municipalité et de la Presse et de nombreux Sociétaires. Les communications faites au cours de la séance d'après-midi suffiraient à démontrer l'activité de la vaillante phalange de chercheurs que compte la S. N. E. P. : MM. Diard (mégalithes de Bricquebec), Gadeau de Kerville (Vernonnet, grottes de l'Ariège, St-Just près Vernon), Destouches (St-Clair-sur-Epte), Ducrocq (Château-sur-Epte), Toutain et Costa de Beauregard (Cité de Limes), Doranio (Vieux-Lisieux), abbé Philippe (Fort-Harrouard).

Enfin nombreuses furent également les présentations sur le bureau : MM. Plé, Allinne, Poulain, Lamiray, Costa de Beauregard, etc., y participèrent.

L'activité bibliographique de la Société s'est manifestée en 1928 par la publication du tome XXVI du Bulletin ; l'intérêt de ce volume le rend digne en tous points de la collection dont il est le plus récent ornement.

D'autre part, les membres ont reçu en 1928 deux circulaires, l'une annuelle, l'autre motivée par la mise en distribution du Bulletin.

Il a de plus été décidé que, dans les volumes à paraître, serait renouée la tradition de consacrer dans chaque Bulletin un chapitre aux ouvrages publiés par des membres de la Société.

Enfin, la Société a effectué au cours de l'année 1928 deux excursions. Le 20 mai, de nombreux membres se rendaient sur le plateau de Boos, où, sous la conduite de M. Eloy, ils visitaient divers vestiges gallo-Romains, puis sous celle du commandant Quenede}', ils parcouraient le château de Be'lbeuf, et le bourg de Boos avec ses halles et son colombier. Le 14 juillet, quelques membres de la « Société Normande


COMPTE RENDU MORAL 47

d'études préhistoriques », réunis aux « Amis des Monuments Rouennais », excursionnaient à Clercs.

L'année 1928 a donc été aussi bien remplie qu'il était possible, au point de vue archéologique comme au point de vue administratif, et ce n'est pas encore elle, à beaucoup près, qui mettra en péril l'avenir d'une Société que bien peu d'années séparent encore de son cinquantenaire.

Le Secrétaire, Charles BRISSON.


ASSEMBLEE GENERALE DU 29 AVRIL 1929

La séance du matin est ouverte, en l'Hôtel des Sociétés Savantes de Rouen, par M. Eloy, président, entouré au Bureau de : MM. R. Fortin et R. Doranlo, vice-présidents ; Ch. Brisson, secrétaire ; G. Diard, secrétaire-adjoint ; L. Deglatigny, trésorier.

Sont présents : MM. Gadeau de Kervil'le, Poulain, abbé Philippe, D 1' CouLan, Pcrier, Plé, Régnier, Douis, Le Parquier, C Quenedey, Lcvillain, Thibout, Allinne, Toutain, Vaussier, Boudet.

Se sont excusés : MM. Costa de Beauregard et Soudet ; ce dernier devait faire une communication sur un curieux moulin gallo-romain existant encore dans la cour de la mairie d'Autretot.

Le président, après avoir rappelé que, depuis la dernière Assemblée, le Bulletin a été distribué, donne la parole au secrétaire, pour lecture du procès-verbal de l'Assemblée Générale du 25 novembre 1928. Ce procès-verbal est adopté et le président profite de cette occasion pour féliciter au nom de la Société M. Brisson, secrétaire, de sa récente nomination comme Officier d'Académie.

Il est ensuite procédé à la présentation et à l'admission de MM. :

Saunier, agent-voyer d'arrondissement, au Havre ; Douis ; Boudet, directeur d'école, à Bihorel. ■— Les démissions de MM. Destouches et J. Roussel, sont acceptées.

Le trésorier présente ensuite ses comptes, arrêtés ci 31. décembre 1928. Il attire l'attention de ses collègues sur le prix du Bulletin, la facture de 'l'imprimeur étant de 6.000 francs, et sur les difficultés qui attendent la Société lorsqu'elle voudra publier le prochain volume. L'approbation des comptes est l'occasion de chaudes félicitations au Trésorier pour sa parfaite gestion.

L'inauguration du monument de G. Dubosc, fixée à


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 49

11 h. Y%, entraîne le départ d'une partie des membres présents. Pour les autres, la séance du matin se complète d'une brève visite au Muséum, où M. Régnier fait les honneurs des collections préhistoriques.

La séance d'après-midi est ouverte à 14 heures, à l'issue du traditionnel déjeuner.

La première communication est faite par M. Poulain, sur une enceinte inédite située à Houlbec-Cocherel (Eure) au triège de la Motte. C'est une sorte de redoute circulaire avec fossé à l'extérieur d'un rempart ; celui-ci, haut d'environ 4 à 5 m. et large d'autant au sommet, présente au S. S. E. une ouverture de près de 3 m. de large : le diamètre de la cuvette intérieure dépasse légèrement 13 m. ; la circonférence de l'ouvrage est d'environ 130 m.

L'auteur pense que ce type très particulier et à dimensions restreintes, avec exclusion de toute idée de motte, est peut-être un poste de surveillance. Divers membres présents comparent cette enceinte à des ouvrages similaires sis à Oissel, Barentin, Pavilly, St-Aubin-sur-Gaillon, etc..

M. Boudet la rapproche de deux enceintes reconnues près de Buchy, de part et d'autre d'un vallon sec, et qui, sises sur le plateau, pourvues de fossé et de rempart sur plan circulaire, portent les noms.de Grand Baile et de Petit Baile. Après diverses présentations d'objets antiques par MM. Plé et Vaussier, la parole est donnée au Dr Doranlo qui va faire la principale communication de la journée, sur un sujet qu'il a étudié à fond ; l'étendue et les limites de la Civitas des Lexovii. Il rappelle d'abord l'existence de ce peuple habitant le Lieuvin, avec Noviomagus pour capitale, mais dont 'l'habitat exact et les frontières sont encore à peu près inconnus.

Ses arguments seront : la reprise et l'étude des textes, puis l'examen de leur valeur, l'étude des commentaires, enfin une conclusion.

Quatre auteurs anciens ont mentionné les Lexovii : Caesar, qui les cite cinq fois et comme armoricains ; Strabon, qui les situe comme les Calètes sur le cours inférieur de la Seine et qui mentionne la grande voie commerciale Méditerranée-Rhône-Saône-Seine-Manche ; Pline qui en fait un peuple de la Lyonnaise avec les Calètes et les Véliocasses ;

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enfin Ptolémée, pour lequel les Lexovii sont voisins des Calètes et des Unelli.

Documents anonymes, la (« Noticia provinciarum » cite les Lexovii au sixième rang dans la Seconde Lyonnaise, au iv" siècle, et la « Noticia dignitatum » les ignore. Enfin les Actes du Concile d'Orléans, en 538, citent le premier évêque connu à Lisieux.

D'autre part, on trouva en 1804 à Frénouville, une borne milliaire dédiée à Nerva Trajan et portant : N. M P. XXV. On discuta beaucoup sur le « N » ; l'avis qui prédomine est qu'il faut lire : Noviomagus (Lisieux) à 25.000 pas (environ 37 km., soit la distance de Frénouville à Lisieux),

Documents antiques encore: l'Itinéraire d'Antonin (138161), mentionnant, sur la voie de Breviodurum à Durocassis, Noviomagus à 24.000 pas de Condate ; puis les inscriptions relatives à Canetonum lues sur 4 des célèbres vases d'argent du trésor de Berthouville ; enfin les monnaies gauloises offrant Lixoviatis et des noms suivis du titre de Vergobret, trouvés à Lisieux, Vieux, Jort, etc.. A certaine époque de la domination romaine, les Lexovii avaient donc conservé le droit de battre monnaie.

Si, en général, on retrouve le même cadre territorial poulies Civitates, les Pagi et les Diocèses, des modifications peuvent avoir dénaturé les frontières primitives : c'est le cas pour le pays Lexovien.

Le Dr Doranlo aborde l'étude des commentateurs avec Ordéric Vital qui assista à la fin du x' siècle à l'extension de la juridiction diocésaine de Lisieux ; la carte de Damvilie concerne surtout le Comitat du Moyen-Age : Bcziers assigne comme limite la ligne de la Vire ; Le Prévost est le premier à donner une note personnelle et critique et pose la question du Roumois ; avec Dubois, il est que si ion du port de Lisieux, la Touques, comme la Dives, ayant été longtemps navigable.

Puis voici la Commission topographique des Gaules, et en 1884, la carte de Longnon ; Coutil devait aborder le sujet « à la manière de Coutil », enfin Sauvage l'étudia dans notre propre Bulletin.

Cet ensemble fournit tous les éléments nécessaires à une conclusion : et le D' Doranlo, appuyant sa science critique


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE 51

sur cette documentation, va pouvoir retracer les limites de la Civitas des Lexovii : au Nord, la mer ; au Nord-Est, la Seine, qui, d'EIbeuf à Vernon, ■limite la Civitas des Eburovices : les Lexovii en sont séparés par une ligne allant de la Seine au confluent de la Rislc et de la Charentonne ; à l'Est et au Sud-Est, voici la forêt de Beaumont-le-Roger, de Serquigny à Montreuil-TArgillé, puis au Sap ; au SudOuest, la limite va" de Vimoutiers à la Dives qu'elle suit jusqu'à la mer.

Le Dr Doranlo entretient 'l'Assemblée de divers peuples voisins des Lexovii, tels les Sagii (Sées) et surtout les Esuvii, cités par César, dont Pline a fait les Atesui, et'ignorés des autres auteurs. Il leur rend leur existence propre, et leur attribue un territoire démembré par la suite entre Sagii, Viducassii et Baîocassii.

Le Président, ayant remercié le Dr Doranlo de son importante communication, donne la parole à M. Ch. Brisson. Celui-ci s'est livré à un travail d'ensemble portant sur les cinq départements normands et ayant pour but de grouper en une étude unique les Monuments Historiques classés, l'Inventaire supplémentaire, et les Sites classés. Il conte les difficultés rencontrées dans une entreprise qui peut paraître fort simple, puis expose qu'il a extrait, des listes enfin constituées, ce qui peut, dans le domaine pré et protohistorique, intéresser la Société.

Passant en revue les édifices, ruines, vestiges, mégalithes, classés ou inscrits en Normandie, il attire l'attention sur la pauvreté de ce classement, où ne figure ni camp ni enceinte, où le Vieil-Evreux est aussi inconnu que Limes, et où il apparaît qu'un complément de classement s'impose. Il suggère une révision des listes officielles, en vue de propositions ou de TOUX.

Une partie des membres présents intervient dans le débat pour citer des éléments tels que : les ruines du Vieil-Evreux, la Cité de Limes, le Camp du Canada, le Camp de la Salle, les allées couvertes de la Sauvagère, la Pierre d'Etat, près de Rouen. Une liste des édifices ou vestiges susceptibles de retenir l'attention des Commissions de classement, sera établie.

M. Brisson entretient ensuite brièvement l'assistance des


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travaux d'eau actuellement en cours à Caudebec-lès-EIbeuf ; dans les tranchées qui bouleversent le sol de la ville, il a déjà pu recueillir une quantité de débris céramiques galloromains et d'autres vestiges de la même époque. Il aura l'occasion de revenir sur ces fouilles qui doivent se poursuivre pendant plusieurs mois.

Enfin l'abbé Philippe fait une courte communication sur ses récentes recherches au Fort Harrouard et présente de curieux spécimens de poterie grise de Chassey, du néolithique inférieur ; de poteries cloisonnées du bronze III ; de poteries incrustées et d'ossements divers.

Le Président, après avoir remercié l'abbé Philippe, établit tes bases de l'excursion projetée au Fort Harrouard pour le 15 juillet, puis lève la séance à 18 heures.

Le Secrétaire :

Charles BRISSON.


EXCURSION

à MARCILLY=SUR=EURE et au FORT HARROUARD

du 15 Juillet 1929

Compte-rendu par l'Abbé Philippe

Cette excursion, favorisée par le beau temps, avait réuni de nombreux sociétaires. Nous citerons parmi eux : MM. Eloy, R. Fortin et le Docteur R. Doranlo, membres du bureau ; Emile Barbier, M. et Mme Baudot, MM. Bellanger, le Docteur R. Brunon, le Docteur Coutan, Crépieux-Jamin, Mademoiselle Duveau, MM. Héron, Le Parquier, Levillain, G. Loisel, H. Moulard, Périer, J. Plé, Poisson, P. Ravanne, M. et Mme Retour, M. et Mme Vaussier.

L'excursion comprenait, le matin, la visite des ruines de l'Abbaye du Breuil-Benoît. Le Docteur Coutan, qui connaît si bien notre architecture religieuse, nous donna des explications très intéressantes, très claires, qu'il a bien voulu résumer dans les lignes qui suivent :

« L'abbaye cistercienne de Breuil-Benoît, située sur la « rive droite de l'Eure (Commune de Marcilly) fut démolie « partiellement, au cours de la Révolution et sauvée d'une « ruine complète par le comte de Reiset, qui s'en rendit « acquéreur, en 1841, et la transmit à ses descendants, les « possesseurs actuels.

« Sa fondation remonte à l'an 1137, mais l'église, com« mencée vers 1190, ne fut consacrée qu'en juin 1224. Elle « s'étend sur une longueur de 51 mètres et demi, prise « dans |oeuvre. Le plan, uniforme, comprend une nef de six « travées, avec ses Bas-côtés, un transept bien saillant, avec « une chapelle carrée orientée sur chaque croisillon, un


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« choeur à travée unique, terminé par un rond-point pen« tagonal, ouvert sur un déambulatoire et une ceinture de « chapelles rayonnantes en rectangle.

« Le style de l'édifice n'a rien de normand, ce qui « s'explique par sa situation aux confins de la province. « Par contre, il a subi l'influence de la cathédrale de Char« très, son illustre voisine (emploi de colonnes et co'ionnet,« tes octogonales) et surtout celle de l'école bourguignonne, « d'où relevait Citeaux. C'est ainsi qu'on observe au Breuil« l'emploi simultané des voûtes d'ogives et des voûtes « d'arêtes (celles-ci seulement au-dessus des chapelles « rayonnantes) ; l'absence de triforium, systématique chez « les Cisterciens, les arcs-boutants très simples en quart « de cercle, les arcs de décharge en tiers-point, bandés « au-dessus des fenêtres de la nef, etc.

« La nef est la partie la mieux conservée de l'édifice, au « prix d'une restauration quelque peu indiscrète. La façade « est intacte, à part le porche qui a disparu. La porte en « tiers-point est divisée-, par un trumeau et surmontée d'un « tympan plein, mais percé d'une rose polylobée. Au-dessus ,« se dresse une vaste fenêtre, constituée par un triplet de « lancettes, avec quatre feuilles en creux dans les écoin« çons. L"ordonnance de cette façade rappelle celle de «. l'église d'Eu, sur une moindre échelle.

« .Le transept et le choeur n'existent plus qu'à l'état de « vestiges insignifiants.

« L'abside, à ciel ouvert, réduite à son rez-de-chaussée.. « est d'une grande beauté, avec ses arcades très surhaus« sées, du. tracé le plus élégant et ses robustes colonnes « aux chapiteaux d'un profil énergique. Enfin les chapelles « rayonnantes, enveloppées dans un mur polygonal continu, ,« s'ouvrent, chacune entre deux grosses colonnes engagées, « disposition empruntée à l'école champenoise.

« Le cloître a disparu. Le vaste bâtiment, qui s'élève au « Nord parallèlement à l'église, passe pour l'ancien réfec« toire. L'ancien logis abbatial est une élégante eonstruc« tion du xvn" siècle, devenue la demeure des propriétaires « .actuels. »

Au déjeûner qui suivit la visite de l'abbaye, M. Eloy, président, associa, dans une allocution chaleureusement


EXCURSION A MARCILLY-SUR-EURE ET AU FORT HARROUARD 55

applaudie, les noms de l'Abbé Philippe et de M. L. Deglatigny, auxquels nous devons aujourd'hui la connaissance d'une partie des richesses archéologiques ensevelies depuis des siècles dans ce coin de la terre de France : l'Abbé Philippe en explorant, depuis nombre d'années, avec tout le soin et tout le dévouement dont il est capable, ce séjour de nos anciennes populations ; et M. Deglatigny en se rendant acquéreur du terrain, donné par lui à l'Etat, et dont la générosité a permis l'exploration scientifique du gisement archéologique au profit du Musée de Saint-Germain-enLaye.

, L'après-midi était consacrée à la visite du Fort Harrouard. Un impitoyable soleil rendit pénible la montée de la route encaissée entre la pente de l'éperon et celle de la forêt, si bien qu'on négligea de s'arrêter à un polissoir à deux cuvettes, caché par un petit bois, sur la rive gauche de l'Eure, à droite de la route et à une centaine de mètres du Pont-deFer, sur le territoire de Marcilly-sur-Eure. On négligea de même le dolmen de la Ferme-Brûlée et le grand polissoir qui lui servit de fermeture, situés sur la rive droite de l'Eure, commune de Sorel, au bas de la pointe Sud-Ouest du Fort Harrouard ; il était, d'ailleurs, connu de la plupart de nos collègues. Ce monument, bien que classé, n'a pu être fouillé ; il a fallu s'incliner devant la volonté du propriétaire, M. le Comte de Reiset. L'Abbé Philippe semble considérer le dolmen comme la sépulture d'une peuplade néolithique différente des premiers occupants du Fort Harrouard, à industrie lacustre. Des fouilles seules pourraient, par .les débris céramiques qu'elles exhumeraient, faire de cette hypothèse une certitude, mais il faut attendre de meilleurs jours.

Deux de nos collègues, le Docteur Doranlo et M. Ravanne, facilitèrent gracieusement l'accès du camp en convoyant avec leur voiture tous ceux à qui la marche était trop pénible ; la rapidité de l'ascension en automobile les empêcha de se rendre compte des travaux extérieurs exécutés par les divers occupants de la bourgade : le chemin d'accès des premiers qui contournent la pointe de l'éperon, le glacis qui le protège de l'angle Sud-Ouest à l'angle Nord-Est et le chemin gaulois qui descend obliquement vers la vallée.


56 ABBÉ PHILIPPE

L'entrée actuelle, du côté de la forêt, est l'oeuvre d'un ancien propriétaire qui combla une partie du fossé avec la partie correspondante du talus. Il faut lui pardonner cette mutilation d'ouvrage préhistorique, sans laquelle l'accès du Fort serait une véritable épreuve sportive.

Le déboisement récent du fossé et du talus qui isolent l'éperon du plateau couvert par la forêt de Dreux avait dégagé la fortification primitive en lui rendant son aspect imposant. Une coupe préparée dans le talus pour montrer les différentes périodes de sa construction fut peu remarquée ; les groupes dispersés par la longueur du parcours et le mode de transport se rendaient immédiatement aux tranchées où quelques fouilles furent exécutées dans le niveau où se rencontre l'industrie de la Pierre sans aucun objet en métal. La récolte fut, d'ailleurs, des plus réduite : des tessons, des ossements, des éclats de silex et quelques grattoirs ; elle fut suffisante pour initier l'assistance aux misères du métier. La terre, desséchée par le soleil, se réduirait, aussitôt jetée sur le crible, en une poussière dont les tourbillons de vent aveuglaient le fouilleur sans qu'il pût parvenir à s'y dérober.

Dans la partie Sud-Ouest, les fouilles de l'année précédente, où 'le niveau de l'âge du Bronze existe presque seul, superposé à un faible dépôt néolithique, avaient laissé en place quelques foyers ; nos collègues purent en remarquer un groupe de six, reconstruits à côté les uns des autres et presque au même niveau.

Le retour se fit par les allées de la forêt avec arrêt devant le portail du vieux château construit en 1627 par AnneMarie Séguier, femme du Président à mortier du Parlement de Paris et que certains éditeurs de cartes postales illustrées, amoureux d'anachronisme, baptisent avec candeur : château d'Agnès Sorel ! Ce château s'élève sur une butte détachée du plateau par un fossé profond, tj'pe récent d'éperon barré.

Au-dessous du vieux château, l'église de Sorel montre ~on élégant portail du temps de François I", aux sculptures sauvagement mutilées.

En contemplant le paysage frais et varié des bords de l'Eure, on arrive à la Pierre de la Justice, énorme bloc de grès couché au bord du chemin et qui semble arraché de deux blocs verticaux qui auraient pu servir à le caler ; il


EXCURSION A MARCILLY-SUR-EURE ET AU FORT HARROUARD 57

serait possible d'y voir un menhir renversé. Plus loin, d'autres blocs entassés les uns sur les autres avec une certaine symétrie, donnent l'illusion d'un dolmen ; des fouilles exécutées aux deux endroits n'ont donné que des résultats négatifs.

A 5 h. 30, l'excursion était terminée. Nous rejoignons la gare de Marcilly, encore sous le charme, sous la vision de tant de choses intéressantes, mais un peu fatigués par la chaleur qu'un soleil implacable ne nous avait pas ménagée,


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 NOVEMBRE 1929

La seconde Assemblée de 1929 eut lieu le 24 novembre, sous la présidence de M. Eloy, en l'Hôtel des Sociétés Savantes de Rouen.

Les membres suivants y étaient présents : MM. R. Forlin, le Dr Doranlo, vice-présidents ; Charles Brisson, secrétaire et G. Diard, secrétaire-adjoint ; L. Deglatigny, trésorier ; Gadeau de Kerville, Poulain, Régnier, le D' Coutan, Le Parquier, Périer, G. Loisel, Levillain, Plé, Ducrocq, Poisson, Allinne, Douis, Thibout, Vaussier, etc.

Après que le Secrétaire eût donné lecture du procèsverbal de l'assemblée d'avril, llequel est approuvé, le Président rend compte de l'activité de la Société pendant le cours de l'année 1929 et énumère les diverses réunions du Bureau et du Conseil, les travaux réalisés, les projets, les études, l'excursion au Fort Harrouard dont il souligne le gros succès.

Il salue ensuite la mémoire du regretté Dr Brunon, membre éminent de la Société et celle de l'abbé Gauquelin, tous deux décédés depuis l'assemblée d'avril.

Il est procédé à la présentation de M. Van Giffen, directeur du Musée de Groningue (Pays-Bas), qui est admis. Puis vient à l'ordre du jour l'importante question du Bulletin.

L'Assemblée ratifie la décision prise la veille en réunion du Bureau et du Conseil d'administration, à savoir que le prochain tome à paraître serait attribué aux années 19271928-1929, les finances de la Société s'en trouveraient de ce fait quelque peu dégagées, cette solution étant rendue nécessaire à la fois par l'état budgétaire, et par l'ignorance actuelle de l'année où pourra paraître le tome suivant.

Il est également décidé que l'on reprendra la tradition d'insérer au Bulletin une partie bibliographique, relative aux ouvrages publiés depuis 1914 par les membres vivants


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 NOVEMBRE 1929 59

de la Société. Il n'est pas actuellement possible de retenir le projet de publication d'une ,« Bibliographie normande préhistorique » qui eût englobé tous les ouvrages des auteurs normands dans cet ordre d'idées. Le Secrétaire sera chargé de la partie bibliographique du Bulletin, sous réserve que les auteurs intéressés lui adressent une fiche relative à leurs publications.

Il est ensuite procédé, par voie d'élections, au renouvellement du Bureau.

1° Président : M. le D1 Doranlo est élu à l'unanimité, en remplacement de M. Eloy, non rééligible.

2° Vice-présidents : MM. le Dr Coutan et R. Fortin sont élus à l'unanimité (M. le Dr Coutan en remplacement de M. le Dr Doranlo).

3° Sont maintenus : MM. Charles Brisson, secrétaire ; G. Diard, secrétaire-adjoint ; L. Deglatigny, trésorier.

Au Conseil d'administration, MM. Périer et Régnier sont élus en remplacement de MM. Lamiray et le Dr Coutan ; et M. G. Loisel remplace au Comité des publications le Dr Brunon, décédé.

Au titre d'ancien Président, M. Eloy prend place au Conseil d'administration. Les nouveaux élus entreront en fonctions au 1" janvier 1930, pour l'exercice 1930-1931.

La parole est donnée au D 1' Doranlo pour la présentation d'un polissoir portatif, découvert à Reviers (Calvados). La Normandie est très pauvre en polissoirs, tant fixes que portatifs ; celui qui fait l'objet de cette communication est un grès à 4 cuvettes, qui prendra place désormais au Muséum de Rouen, auquel l'offre 'le D 1' Doranlo.

La séance d'après midi, après le déjeuner traditionnel, débute par la lecture, faite par M. Vaussier, d'une note relatant la découverte d'un « sépulcre néolithique », sorte de de fosse à voûte effondrée, où il a recueilli deux vases et un outil de silex. Il présente, en outre, un lot d'outils néolithiques. Ces découvertes ont été opérées à Brunval près N.-D. de Franqueville (Seine-Inférieure).

M. Poulain va ensuite décrire son exploration, en juin 1929, d'une enceinte circulaire, sise à Houlbec (Eure), à la pointe d'un promontoire peu élevé, entre deux cavées et déjà mentionnée dans la précédente Assemblée générale.


60 CH. BRISSOX

C'est une sorte de terrasse entourée d'un fossé et d'un rempart, d'un diamètre de 12 m. et où il a reconnu les restes d'un pavage en pierres à sec, d'un muret et de deux foyers. Il croit y voir les vestiges d'un habitat de l'époque postromaine : la majeure partie de la construction aurait disparu parce qu'elle était probablement édifiée en bois et torchis.

Puis M. Poulain entretient ses collègues des fouilles qu'en septembre 1929, il a entreprises à St-Aubin-sur-Gaillon, à une trentaine de mètres du groupe fouillé en 19121913. Des substructions d'un édifice de 21 m. de long, avec murs à base de silex et blocs au-dessus, d'épaisseur variant de 0 m. 45 à 0 m. 75, ont été dégagées ; elles atteignent une hauteur d'environ 1 m.

L'ensemble de l'édifice comprend deux grandes pièces en . enserrant deux petites : une partie de la construction est édifiée en terrasse alors que le reste suit la pente naturelle du terrain.

Ces fouilles ont produit le butin habituel : céramique, fer, verre, etc. Elles seront d'ailleurs reprises en 1930. Il semble possible de situer vers l'an 275 la destruction de l'édifice partiellement reconnu.

M. Deglatigny ayant donné lecture d'un télégramme d'excuses de M. l'abbé Philippe, souffrant, le Président donne la parole à M. Allinne qui va présenter un crâne provenant de fouilles récentes exécutées en mai dernier à Grand-Quevilly (Hauts-Fourneaux). Un cimetière franc y a été reconnu avec découverte de plusieurs sarcophages violés, dont les ossements incomplets parsèment le sol. Quelques poteries et verreries, ainsi que huit seramasaxes, curieusement disposés en file, ont été trouvés. Cette découverte concerne un lieu d'inhumation du VIe ou du VIP siècle.

M. R. Fortin donne connaissance de la découverte de substructions gallo-romaines à Amfreville-la-Mivoie (ElectroCâble) consistant en une façade garnie de deux niches, qui semble appartenir à un caveau. Des précautions conservatoires ont été prises, en attendant des travaux de consolidation qui sauveront ces vestiges. Les fouilles seront continuées.

La communication capitale de la journée est ensuite


ASSEMBLÉE GÉNÉRALE DU 24 NOVEMBRE 1929 61

faite par M. le D' Doranlo, sur l'Inventaire des estampilles de potiers gallo-romains en Normandie, étude assez complète et importante pour pouvoir servir de base à toute chronologie aussi bien et mieux que la numismatique.

Ces recherches portent sur deux points : méthode, et résultats acquis. A la base de la méthode figurent : le relevé des empreintes, leur classification par sortes de vases, la recherche des origines de fabrication, qui conduit à la détermination des centres industriels et des dates où vivaient les potiers.

Une première difficulté résidera dans la classification des formes de vases, si souvent recontrés à l'état de tessons : une série-type à peu près complète a pu être constituée, comprenant 90 spécimens différents : elle est due à Dragendorf et à Déchelette. Mais il faut tenir compte à la fois des types de transition et de la classification en vases tournés et en vases moulés.

M. le Dr Doranlo définit ensuite les principaux centres de fabrication qui, entre le i" et le iue siècles, rayonnèrent sur la Gaule et au bord du Rhin : Arezzo (Italie), La Graufesenque (Aveyron), Lezoux (Auvergne), etc.; bien entendu il existe des centres secondaires et des entrepôts, qui parfois succédèrent aux centres primitifs.

Un célèbre ouvrage allemand, le « Corpus Inscriptionum » contient dans 'la partie consacrée à 1' « Instrumentum domesticum » une liste attributive de noms de potiers, étudiée par notre collègue, quant à la Normandie ; or les ateliers gaulois y figuraient avec des chiffres inexplicablement bas, fait qui devait orienter les recherches de M. le Dr Doranlo.

Celui-ci recensa les listes connues, étudia et releva les noms, les'formes, les détails, les abréviations, les graphies: il ne pouvait non plus négliger les autres découvertes simultanées, monnaies en particulier.

Revenant au « Corpus », M. le Dr Doranlo constata la faible contribution de Lezoux parmi les 1.550 estampilles trouvées en Normandie ; avec % de siècle, la Graufesenque fournissait 65 noms, et en 3 siècles Lezoux en donnait 7. Il s'agissait de retrouver les éléments réunis par le I)'' Plicque qui fouilla Lezoux en 1879 ; il y aurait rencontré 15.000


tw en. BRISSOX

estampilles avec 3.000 noms différents, 160 fours dont 40 conservés, et plus de 70 officines ; les monnaies découvertes -s'échelonnaient entre les années 70 et 275 ; l'état de conservation des fours et magasins permettait nettement de conclure à une destruction, inopinée autant que brutale, par les hordes barbares du in° siècle.

Le « Corpus » ignorant l'oeuvre du D1 Plicqtie, M. le Dr Doranlo entreprit de la rechercher : il conte comment il retrouva des listes, à défaut de manuscrits, et surtout, dans les sous-sols du Musée de Saint-Germain, les 135 caisses de la collection Plicque.

Le dépouillement qu'il en fit, s'il demanda vingt jours, lui procura 5.000 estampiHes soit 700 noms dont 300 inédits. Il était donc prouvé que sur ce chapitre, le « Corpus » était à refaire : sur 360 noms que, pour la Normandie, il laissait sans attribution, 200 appartiennent aux ateliers de Lezoux.

Et les conclusions de M. le D1 Doranlo seront, d'une part, qu'il est indispensable 1 de compléter les indications insuffisantes et trompeuses du « Corpus » par la publication des listes des potiers de Lezoux, travail certes énorme et difficile ; d'autre part, que l'estampille date une découverte mieux encore qu'une monnaie, d'où la nécessité de diriger de plus en plus dans ce sens les recherches des archéologues.

Quelques échanges de vues ont ensuite lieu entre les membres présents, en particulier au sujet de l'analyse, que propose de faire M. G. Loisel, des terres à potier employées, et des lampes estampillées. En suite de quoi la séance est levée à 17 heures 30.

Le Secrétaire :

Charles BR1SSON.


COMPTE=RENDU MORAL DE L'ANNEE 1929

L'année 1929 a été tout aussi fructueuse que ses devancières, quant à la vie et aux travaux de notre Compagnie ■ loin de se ralentir, l'activité de celle-ci s'est manifestée sous les formes devenues habituelles : assemblées, réunins, communications, excursions, etc.

Elément capital de la vitalité de toute Société, l'effectif des membres semble se stabiliser, puisque 3 démissions et 2 décès se trouvent compensés par un nombre égal d'admissions.

La Société a tenu au cours de l'année les deux Assemblées générales réglementaires : l'une le 28 avril, l'autre le 24 novembre. La première permit d'entendre des communications de MM. Poulain, (sur Houlbec-Cocherel), le Dr Doranlo (Civitas des Lexovii) : Brisson (classements de vestiges antiques), l'abbé Philippe (Fort Harrouard). A la seconde, prirent la parole M. Poulain (Cocherel et St-Aubin-surGaillon), et le Dr Doranlo (estampilles de potiers). A ces deux séances, nombreuses furent les présentations sur le bureau, dues en particulier à MM. AUinne, Fortin, Vaussier, Doranlo, etc.

Le Bureau et le Conseil d'Administration se sont réunis douze fois au cours de l'année : parmi les questions étudiées figurent : les échanges de bulletins et les cotisations, la préparation du prochain volume du Bulletin (1927-19281929), la bibliographie préhistorique normande, les classements de vestiges pré- ou protohistoriques, la question du local des séances, les excursions, etc.

La seule sortie de l'année eut lieu le 15 juillet, avec le Fort Harrouard pour but : elle remporta le légitime succès qui lui était dû, groupant un nombre imposant d'excursionnistes. Le Bureau s'est vu dans l'obligation de remettre à l'an prochain l'excursion projetée à Lillebonne.

Au début de l'année, selon la tradition désormais éta-


64 COMPTE-RENDU MORAL DE L'ANNÉE 1929

blie, était mise en distribution la circulaire annuelle n° 5 ; diverses questions nécessitèrent en juillet l'envoi de la sixième de nos circulaires. Si 1929 n'a pu voir la publication d'un volume du Bulletin, les éléments nécessaires au tome XXVII ont été réunis et il est à prévoir que ce volume correspondant aux années 1927 à 1929 inclus, pourra paraître dans le courant de 1930.

Enfin la dernière assemblée de l'année aura vu le renouvellement du Bureau par voie d'élections ; il convient en signalant cet événement dans le présent rapport, de saluer le Président sortant, qui après quatre années d'exercice, a la fierté de confier à son successeur une Société active et prospère, dont le renom dû à la fois aux travaux de quelques membres particulièrement éminents et à la haute tenue de son Bulletin, a largement dépassé le cadre cependant si vaste de notre Normandie.

Le Secrétaire ; j Charles BRISSON. !


LES MEGALITHES de la FORÊT de BRICQUEBEC

par GEORGES DIARD (1) Professeur de l'Université

La forêt de Bricquebec couvrait jadis le Cotentin, depuis Sottevast jusqu'à la côte Ouest de la presqu'île ; si elle a été «dépecée» en multiples îlots boisés, — puisque sept communes y ont taillé leur place au soleil, — beaucoup de voies actuellement encore en usage paraissent avoir été celles de toujours.

Et ces voies des temps anciens, aujourd'hui réduites à l'état de simples «chasses», côtoient les monuments mégalithiques dont il va être question, à peu près tous situés dans un triangle Bricquebec-Négreville-Sottevast, région équidistante des côtes Nord, Est et Ouest (20 kilomètres environ), — avec l'ancien « Grand Hameau », l'actuelle commune de Rocheville, comme centre (Fig. 1).

(1) Note communiquée à la séance du 25 novembre 1928


66

GEORGES DIARD

Voilà déjà longtemps que l'on ne parie plus de ces monuments, et il me semble d'autant plus désirable d'appeler sur eux l'attention des préhistoriens que, d'une part, j'ai fait, il y a quelques années, deux découvertes attestant l'habitation d'êtres ayant des idées et des usages encore mystérieux pour nous, — que, d'autre part, la science préhistorique a réalisé des progrès grâce aux observations faites ici et là par ses représentants, — et que, enfin, nous venons d'être sollicités d'appuyer la demande de classement d'un de ces monuments, particulièrement menacé.

La première partie de cette communication concernera 'les mégalithes, plus ou moins connus ; la seconde concernera les fosses, inconnues.

I. — LES MÉGALITHES

Le monument le plus voisin de Rocheville est l'Allée couverte dite « de la Petite Roche » (Fig. 2). En pente douce, 20 m. de long, en direction approximativement O-E. ; une quarantaine de blocs, l'alignement des jambages est parfait, à distance d'un mètre à l'intérieur du couloir, la toiture est en partie écroulée ou disparue ; chambre funéraire posFig.

posFig.

ALLÉE COUVERTE DE LA PETITE iiocuE


LES MÉGALITHES DE LA F OH ET DE BÏUCQUEBEC G?

sible, au bout le plus élevé ; classée en 1914, M. Coutil a donné avec précision les dimensions de chacune des tables et de chacun des supports. Il y aurait eu, dans le champ voisin, une ,« pierre de sacrifices » dont les vieillards du bourg fixent la destruction en 1880.

A 125 m. environ, sur une éminence d'où le panorama est très étendu, la « Petite Roche » également classée en 1905, comprend neuf blocs disposés suivant un plan qui me semble net : une roche centrale de 3 m. à peu près d'élévation, flanquée, aux quatre points cardinaux, de roches plus ou moins hautes par elles-mêmes selon l'altitude du terrain sur lequel elles reposent, à la distance d'un à 2 m. de la première ; la plus basse n'a pas bougé et la pierre de voûte est encore en place, vers l'O. ; les piliers Sud et Est sont là, mais sans doute quelque affaissement du sol a motivé la chute des pierres-voûtes, qui gisent à côté, tandis que le pilier N. s'est écroulé, à la façon d'une colonne, ses tronçons couchés, en, ligne, dans les broussailles (1) (Fig. 3, 4, 5).

(1) M. Coutil s'exprime ainsi, citant d'abord (dans son « Inventaire des découvertes d'Archéologie préhistorique en Normandie » — Bul^ letin de notre Société, V. III, 1895) Le Fillastre : « La Petite llochc


gmwm

LA PETITK HOCHE (face nord)

1- ig. 5 LA PETITE ROCHE (face sud)


LES MÉGALITHES DE LA FORÊT DE BIUCQUEBEC 69

(J'ajouterai que l'examen du terrain environnant m'a révélé une petite et une grande excavation, celle-ci do 6 m. sur 2 m., rectangulaire, aux parois réguliers, constituées par de gros blocs, — comme le fond — où je n'ai rien trouvé ; — la plus grande va disparaître sous le pic des carriers, arrivés, en septembre 1928, en bordure de cette cavité).

Egalement voisine de la Petite Roche est Vallée couverte dite « du Càtillon », à 400 m. environ de la précédente, — celle dont nous demandons le classement, à la requête de M. Nicollet, membre de la Société académique de Cherbourg. Direction S. O. à N. E., 17 à 18 m. de long, sur 1 m. de large ; une trentaine de pierres sont encore là, qui gênent un nivellement projeté par le propriétaire ; 5 pierres-couvercles subsistent. (€/. le relevé de M. Nicollet, Fig. 6).

A 5 minutes de la Petite Roche, visible de loin, la « Grosse Roche », (Fig. 7). — « un beau rocher conique », dit M. Coutil, — à quelque chose près ! Si ce massif recèle un mystère, il le recèle bien, sauf pour les ignorants : les stries profondes et parallèles de ses « pierres hersées » recouvrent la « chambre des fées » (est-ce « le couloir de 1 m. de long » de M. Coutil ?), et, à l'autre extrémité de son gigantesque toit incliné est « la fontaine aux fées », toute proche d'une « pierre aux sacrifices » ou « table aux fées », de grande dimension, autour de laquelle nous avons travaillé sans plus trouver le déversoir pour le sang des victimes que les restes des galettes fabriquées par les fées en certaines nuits où il ne fait point bon courir la lande ! Cette richesse onomastique, cette précision topographique nous donnent moins à réfléchir que l'alignement d'une dizaine de blocs de même hauteur qui figurent comme les piliers d'une allée couverte accolée au massif. Illusion peut-être : ce qu'il y a de

se compose de blocs énormes séparés par des couloirs à'ciel ouvert; entre deux roches, une grosse roche suspendue... », puis ajoutant : « On ne saurait douter que ce soit une allée couverte ; elle mesure 20 m. de longueur ». Il nous semble confondre la galerie et le massif.


Galerie couverte de Rocheville (Manche)

Les pierres grisées sont des jambages. Les pierres en blanc sont des tables de couverture.

Longueur totale : 18 mètres, non compris la saillie des deux tables renversées à chaque extrémité.

/ , „ , . / extérieure 2 in. 80.

1 du Dolmen A . , . . ,

\ \ intérieure 1 m.

Largeurs

j de la galerie et I extérieure 2 m. 40.

de la chambre ' intérieure 1 m.

Relevé le U septembre 1923 par M. Pierre MESNAGE.Elèvedef Ecole Normale Supérieure.

Et M. NICOLLET, de la Société Académiqus Cherbourg-


Fig. 6

ROCHEVILLE : GALEKIE COUVERTE DU CATILLON Canton de Bricquebec (Manche)

A. Dolmen N. E.

1. Table en place.

2. Table renversée.

B. Corps de Vallée couverte. t

3. Grande table « quadrangulaire » tombée debout sur un de ses angles. C'est la « pierre triangulaire » de Le Fillastre.

Longueur des diagonales : 2 m. 30 en hauteur. » » : 1 m. 90 en largeur.

Epaisseur : 0.50.

4. Emplacement de la « porte latérale » de Le Fillastre. C'était à cette époque (1833) le seul vide dans les rangées de jambages.

5. Supports renversés à l'intérieur.

C. Chambre funéraire on vestibule ? S. 0.

6. Pierre de cloison encastrée exactement entre 3 jambages.

7. Fragment de table (?) ayant reposé sur le support n° 9 et obstruant en grande partie la chambre.

8. Table terminale de la chambre, renversée en dehors.

9. Support de la chambre.

10. Grande pierre quadrangulaire vue de face par le côté Ouest.


72

GEORGES DIARD

certain, c'est que nous sommes tout près d'oeuvres humaines, plus nombreuses que ne les comptaient les auteurs du dernier siècle.

Fig. 7 LA GROSSE ROCHE

Au delà de la route Rocheville-Négreville, dans les bois toujours, trois points d'interrogation... Les Roches du Câtillon, dites, par un calembour de patois, la « Pierre au Chat » le câté = (château, — castrum — est devenu « le cat ») sont constituées par des blocs de 2 à 3 m. de haut, groupés, semble-t-il, les uns à côté des autres, avec des crevasses profondes entre eux, — et, du sommet, une vue superbe. Tout à côté, des blocs qui paraissent alignés (l'enchevêtrement des arbres et broussailles en rend l'accès et la vue difficiles) sont-ils les restes de quelque allée ?... Un intérêt actuel s'attache à cet amas : en septembre 1928, je l'ai trouvé en exploitation, les carriers nivelaient au plus bas, et étaient arrivés au pied d'un bloc qui m'apparut comme une émergence naturelle : tous les autres feraient-ils aussi corps avec le roc sous-jacenl ? Rien ne le donne à supposer jusqu'à plus ample informé. D'une construction mi-artificielle, mi-


1 LES MÉGALITHES DE LA FORÊT DE BRICQUEBEC 73

naturelle, la « Pierre au Rey » (arrondissement de Cherbourg) dont nous parle noire collègue, M. Rouxcl, avec photographie, dans notre dernier Bulletin (tome XXVI) fournit déjà un exemple: pourquoi n'en aurions-nous pas encore un autre dans le monument de la Petite Roche, dont le bloc central est d'une telle masse que nous aurions peine à nous le figurer hissé à cette hauteur ? Je me rappelle le passage d'une lettre du Dr Capitan, m'écrivant : « Souvent les mégalithes vrais sont voisins de blocs naturels ».

150 m. plus 'loin, en bordure gauche du chemin, autre alignement de pierres qui ferait penser à quelque allée couverte si l'une d'elles n'avait une hauteur singulière — sans doute le « Saut du Cerf » dont parlait Le Fillastre (1).

Plus nette, quelque cent mètres encore plus loin, le massif dit « La Tombette » constitué par les restes de ce qui put être un entassement fortement éclairci, et une alignée de blocs, sur deux rangées parallèles donnant l'impres;.ion d'une galerie. Vue panoramique des plus étendues.

(C'est sans doute en continuant dans la direction de Sottevast, à plus d'un kilomètre de là, si nous en croyons Le Fillastre, que se trouve ou se trouvait (je ne m'y suis pas rendu) la Galerie des Forges, qu'un vieillard qui aurait aujourd'hui 80 ans nous assurait avoir vu utiliser pour empierrer les roules).

II. — FOSSES A OSSEMENTS

Il me reste à vous parler de mes deux découvertes de 1921.

Un garde-chasse m'avait raconté que, vers 18G0, un chasseur avait vu son chien lui ramener, au lieu du gibier attendu, un « os humain » ! Je me fis conduire à l'endroit, un fourré d'un bois à 200 m. au Sud de la Tombette, appartenant à M. F..., de H... Tournée vers l'Ouest, une roche émergeait d'une épaisse couche de feuilles mortes et de terre végétale ; plusieurs jours de suite, mon beau-fvère, en vacances universitaires aussi, et moi, nous dégageâmes

(1) P. S. Une visite des lieux, en Avril 1930, m'a amené à constater que, pour une cause que j'ignore, la partie supérieure gisait en morceaux à Pentour.


IL

GEORGES DIARD

cette fosse de ses ronces et fougères, puis fouillâmes sous la pierre — que des gens du pays se décidèrent à déplacer quand nous eûmes fini, mais ne se sont jamais décidés à remettre en place. Voici les dimensions de la fosse : long. 4 m. 50 ; largeur 3 m. 50 ; profondeur 2 m. 25 ; de la pierre : long. 1 m. 50 ; largeur 1 m. ; hauteur 0 m. 85 ; périmètre 3 m. 55. Sa face la plus polie regardait l'Ouest, seul côté où il y eût une place pour se tenir. (Fig. 8).

Fis. 8

Les pierres faisant pieds, plus grosses qu'une tête d'homme, étaient précautionneusement calées par de plus petites, elles-mêmes encastrées dans une sorte de mosaïque à grand appareil qui remontait le long des parois de la fosse, terminée à environ 0 m. 30 du so'l actuel, sans que rien n'indiquât à ce niveau le moindre encorbellement (dont les débris seraient d'ailleurs tombés au fond de la fosse) — comme en présentaient les coffres relevés à la même époque en Bretagne et dans la baie du Mont St-Michel, pareils aux « miens », à cette toiture près ; ces pierres des parois, coincées les unes dans les autres, présentaient une surface relativement unie, et leur agencement révélait une pratique et un art consommés. L'amas d'os de boeuf prélevés dans


LES MÉGALITHES DE LA FORÊT DE BRICQUEBEC 75

cette fosse atteignit dans les 6 kilogs, aucune trace de feu; les os étaient en vrac.

Quinze jours plus tard, dans le Bois Brémont, appartenant à M. C..., à 2 lieues de là, à environ 2 kilomètres N. E. de Bricquebec, le hasard m'amena devant un autre trou avec sa pierre centrale, orientée également vers l'Ouest, mais de dimensions un peu moindres. Dimensions de la fosse : longueur 3 m. ; largeur 2 m. 40 ; profondeur 2 m. 25 (aussi) et dimensions de la pierre : longueur 0 m. 90 ; largeur 0 m. 80 ; hauteur 0 m. 75 ; périmètre, 2 m. 50. Même calage, même mosaïque, un moins grand nombre d'ossements, mais de cheval ; y avait-il, pour la conservation des os de cet animal des rites spéciaux ou le travail .avait-il été fait de façon assez défectueuse pour que des animaux m'y aient précédé ? C'est à peine une hypothèse que d'exprimer l'idée que l'exploration d'autres parties de la forêt, quelques-unes encore à peu près inaccessibles, permettraient des découvertes analogues à celles-ci (1).

(1) Pour être complet, signalons qu'en six endroits seulement de l'ancienne forêt, dont trois voisins de mégalithes existants, et un voisin d'un tumulus... (?) qui serait à fouiller, se remarquent des groupes, par 10 à 20 en général, •— d'entonnoirs ? Le mot serait exagéré et pourrait faire croire à quelque glissement de terrain, — de cuvettes variant de 1 m. 50 à 3 m., aux abords supérieurs actuels, régulières de forme, certaines ayant au centre une pierre présentant une surface plane. Quelques fouilles n'ont donné aucun résultat.

M. Léon Coutil, dans son « Inventaire des Découvertes d'Archéologie préhistorique en Normandie » (dans notre Bulletin, V. III, 1895) dit qu' « autour de ces monuments de nombreuses excavations indiquent les places où se trouvaient de grands arbres ». Il ne lui a donc pas échappé, que ces cuvettes se trouvent précisément près des mégalithes... et pas ailleurs : remarquons de plus qu'elles sont voisines les unes des autres, proximité nuisible pour de « grands arbres », et en des endroits encore boisés, nullement rendus à la culture...

Ces agglomérations sont situées :

1. en arrière de la Petite Roche ;

2. entre le Câtillon et la Tombette ;

3. non loin de la fosse à ossements du Bois Brémont ;

4. près de la voie romaine des Perques, à hauteur du tertre précité ;

5. dans le bois d'Aubigny, entre la ligne de Sottevast et la ferme de

Réaume ;

6. dans le Bois de St-Blaise, passé la lande de l'ancien télégraphe

à signaux, près de roches bizarrement isolées là.


76 GEORGES DIARD

Que conclure de tout cela ? A peu près rien : ,« Il y a « dans les mégalithes, m'écrivait encore le D 1' Capitan, tant « de particularités curieuses encore très mal étudiées... ou « inconnues ! Nous y travaillons, c'est très intéressant, « mais si difficile ! » et M. l'abbé Breuil d'autre part : « S'il « semble que les dolmens et allées couvertes sont funé« raires, il est très probable que beaucoup d'autres méga« lithes diversement agencés avaient des buts différents : « ce n'est que par l'accumulation d'observations comme « les nôtres qu'on peut éclaircir peu à peu les difficultés. » Contentons-nous donc modestement ,« d'avoir accumulé », laissant à des savants à venir la joie peut-être de conclure; néanmoins, une idée vient à l'esprit après ces constatations, c'est qu'il serait désirable, d'abord et en général, que des recherches et des fouilles soient opérées dans cette région, et en particulier que l'allée couverte de Câtillon soit classée sans retard.


« LES POUQUELÉES » Galerie couverte de Vauviîie

ARRONDISSEMENT DE CHERBOURG

par GEORGES ROUXEL Correspondant du Ministère de l'Instruction publique

Le chemin de Beaumont-Hague à Vauville suit, à flanc de coteau, la droite d'un pittoresque vallon descendant à la mer. Tandis que presque partout, sur les pentes, comme sur les sommets, un sol aride ne laisse guère pousser que des ajoncs, des bruyères et quelques maigres arbustes, le fond est verdoyant ; là, un ruisseau court à travers de gras pâturages.

A deux kilomètres environ, c'est-à-dire un peu avant la fin de la descente, un sentier raboteux gravit l'escarpement et débouche dans des landages

De ce lieu élevé (134 m.), la vue plane sur une vaste étendue de pays ; elle englobe les falaises de Jobourg et celles de Flamanville ; les miellés et les dunes de l'anse de Vauville ; la mer, d'où s'estompent à l'horizon les îles anglo-normandes ; des champs cultivés ; des villages que domine, par ci, par là, la flèche ou la bâtière d'un clocher. Le vieux prieuré de Saint-Hermel couronne une hauteur voisine.

Sur le sommet de la lande, face à la mer, il existe une galerie couverte bien ruinée il est vrai, mais présentant néanmoins, telle quelle, un certain intérêt. On l'appelle « les Pierres pouquelées » ou simplement « les Pouquelées ». — « Les Pouquelâs », selon le patois local. (Fig. 1).

Le monument mégalithique dont il s'agit eut beaucoup à souffrir de la main des hommes, surtout au commencement du siècle dernier. Quelques habitants de Vauville s'avisèrent alors de le démolir pour obtenir les matériaux


78

(iJCOHUliS HOL'XEI,

nécessaires à la construction d'un pont sur un petit cours d'eau, et ils avaient déjà enlevé quelques lourdes dalles du toit lorsque M. Le Maignen, Sous-Préfet de Valognes — Cherbourg n'était pas encore chef-lieu d'arrondissement (1), — informé de ce qui se passait, fil arrêter les dégâts et ordonna de rapporter et de remettre en place toutes les pierres qui avaient été soustraites (2). Malheureusement, l'ordre de M. Le Maignen ne fut qu'en partie exécuté ; les pierres sont bien revenues, mais elles n'ont pas repris leur ancienne position ; elles gisent toujours en dehors du monument, aux différents endroits où les destructeurs les ont abandonnées.

Fig. 1

Yl'K DES « PoLQl'KLKES %

De Bcaumont, on peut aussi se rendre aux ■;• Pierres poiiqucUes » en prenant le chemin dit du Petit Bcaumont.

(1) Cherbourg fut créé chef-lieu d'arrondissement pur décret du lî) Juillet 1811. — M. Le Maignen fui Sous-Préfef de Valognes do 1799 à 1815.

(2) L. RAHONDK. Monuments celtiques dans les communes de Flamanville, Vauville, Digosvillc, Bricquebec, Tourlaville, Martinvast, Teurthévillc-Hugue. — Mémoires de la Société académique de Cherbouvg, 1833.


PLAN L;,VÉ PAR MARC NICOLLET, le 9 /. oût î-J29

Les pierres teintées sont des jambages ; les pierres blanches sont des dalles île couverture. Les flèches indiquent le sens de l'inclinaison des jambages.

(1) Dalle de couverture à moiiié enfouie


80 (iliORGES KOUXEL

La galerie couverte orientée nord-sud mesure à l'heure actuelle, quatorze mètres et demi. (Fig. 2). Il est probable qu'elle se prolongeait vers le sud à en juger par des trous et des pierres cassées au ras du sol. Du reste, d'après une note manuscrite extraite des papiers de M. de Gerville (1), la partie disparue serait d'environ cinq mètres, ce qui donnerait au mégalithe une longueur totale de vingt mètres. Sa largeur moyenne est de 1 m. 35 ; sa hauteur intérieure est de 1 m. 15. La nature des roches entrant dans sa composition est le granit pour 'les tables de couverture et le grès quartzeux pour les jambages. Quelques parties de ces dernières pierres ressemblent à de la corne (2). La plupart des gros blocs ont été certainement l'objet d'un travail intentionnel ; ils ont été dégrossis : leur épaisseur a été diminuée; leurs bords ont été quelque peu arrondis.

Un gros bloc assez régulier, d'aspect quasi cubique, ferme la galerie du côté nord :

longueur : 1 m. 70

largeur : 0 m. 95

hauteur : 1 m. 15

Les deux rangées de jambages sont très endommagées. La rangée de l'est est la mieux conservée ; elle a encore dix pierres dont quelques-unes assez volumineuses. Cinq de ces pierres sont restées en place, mais deux sont élètées ; cinq autres sont renversées ou inclinées, quatre en dedans et une en dehors. Deux intervalles existent entre les pierres : l'un de 0 m. 80, l'autre de 1 m. — La rangée de l'ouest montre onze jùerres : sept à peu près en place et quatre tombées ou penchées à l'intérieur ; trois ont subi d'importants dégâts. De ce côté, il y a aussi deux espaces dégarnis : l'un de 2 m. 80, l'autre de 1 m. 30.

Une seule des tables ayant servi de couverture est restée indemne dans la partie sud de la galerie ; elle n'a, bien

(I) Hibliothéque municipale. Papiers de Gerville, manuscrits. Tome XI, p. 126.

;2) En géologie, on appelle cornêenne ou pierre de corne, une variété d'amphibole ayant un aspect plus ou moins semblable à celui de la corne. La cornêenne est une substance d'un vert poireau ou d'un vert noirâtre foncé passant quelquefois au brun.


« LES POUQUELÉES » 81

sûr, jamais été bougée de l'endroit où les constructeurs l'ont posée. Ses mesures sont :

longueur : .... 2 m. 20

largeur : 1 m. 30

épaisseur : ... . de 0 m. 25 à 0 m. 65. Dans la partie nord, on voit, tombée entre des supports plus ou moins dégradés, une autre table ayant les dimensions suivantes :

longueur : 2 m. 20

largeur : 1 m. 10

épaisseur : de 0 m. 35 à 0 m. 60

A deux mètres, en dehors des supports de la rangée est, vers le milieu, une table de 2 m. 30 de long, jetée à terre, est à demi enfouie.

Une quatrième dalle, celle-ci tombée à l'intérieur de l'allée et appuyée sur les pierres de soutien de :1a ligne ouest mesure :

2 m. 10 de long.

1 m. de large.

de 0 m. 30 à 0 m. 50 d'épaisseur. En outre, quelques blocs ayant appartenu au monument — cela ne fait aucun doute -—, sont disséminés dans les alentours. Ainsi, l'on voit, à une vingtaine de mètres de l'extrémité sud de l'agglomération deux grosses pierres isolées. L'une d'elles provenant de la couverture porte des traces d'éclatement ; elle a pour mesures :

longueur : 1 m. 50,

largeur : 1 m. 10,

l'enfoncement du bloc ne m'a pas permis de prendre son épaisseur.

Quant à l'autre pierre, je ne crois pas qu'elle ait jamais été employée comme dalle de couverture. Plus allongée, moins large, droite, eWe a plutôt l'apparence d'avoir été une pierre levée, une sorte de petit menhir indicateur. Cette volumineuse pierre a, elle aussi, subi les attaques des démolisseurs : sur un côté, une certaine portion longitudinale lui a été enlevée. Ses dimensions sont :

longueur : 2 m. 85

( 0 m. 90 à lia base,

larSeur : I 0 m. 75 à la tête,

épaisseur : .... 0 m. 72

6


82 GEORGES ROUXEL

Au-delà, vers l'ouest, parmi les ajoncs, on reconnaît encore deux blocs très enfoncés.

Tous ces blocs épars, on les retrouve tels que les auteurs des déprédations que j'ai mentionnées les ont laissés sur le terrain lorsqu'ils furent mis en demeure de remettre en lieu et place les matériaux qu'ils avaient détournés.

La plupart des grosses tables sont de granit ; or, ni Vauville, ni les communes limitrophes n'ont ce genre de roches. Il a donc fallu aller chercher plus loin ce granit, à une distance pas moindre d'une dizaine de kilomètres. Un pareil transport, à l'époque des dolmens n'était pas sans présenter de bien grosses difficultés.

L'emploi du granit pour plusieurs tables des « Pouquelées » n'est pas un fait unique. Une autre galerie couverte de l'arrondissement de Cherbourg, celle de Bretteville-enSaire, offre la même particularité mais seulement pour une pierre apportée, elle aussi, de loin.

M. Pierre Le Fillastre dans sa « Description des monumens druidiques de la Manche » prétend que l'on voit une espèce de fossette circulaire au-dessus de la grande pierre arrondie encore bien de niveau restée en place au bout sud et qu'une autre pierre à moitié renversée placée vers le bout nord présente aussi à sa surface supérieure et arrondie une fossette allongée peut être faite de main d'homme. Le monument a été examiné à fond ; il ne présente aucune trace de cupules. (1)

A Vauville, la tradition populaire veut que les fées aient construit « Les Pouquelées » dont elles ont porté les pierres sur leur tète.

De plus, M. Le Fillastre rapporte qu'un vieillard lui a dit : « avoir ouï raconter qu'on allait autrefois faire ses « prières près de ces rochers ». (2)

D'ailleurs, ce mot de « Pouquelées », sur la signification duquel je m'étendrai un peu tout à l'heure, rend bien le sens que les vieux ancêtres ont voulu lui donner.

H est à noter que dans les îles anglo-normandes de

(1) Pierre Le Fillastre. Description des monumens druidiques de la Manche. Annuaire du déparlement de la Manche, 1833, p. 254.

(2) id., loc. cit., p. 253.


« LES POUQUELÉES » 83

nombreux mégalithes portent le même nom de Pouquelées.

En 1854, la galerie couverte de Vauville fut classée parmi les monuments historiques (1).

M. Léon Coutil déclare que « le 3 Décembre 1905, le ,« Conseil municipal de Vauville donna un avis favorable « à sa demande de classement comme monument histori« que de l'allée couverte des Pouquelées et le don à l'Etal « avec un chemin d'accès mais à la condition que trois « dalles seraient replacées » (2). Ces propositions n'ont reçu jusqu'ici aucune suite, car tout est resté dans le même état de ruine : pas de replacement des dalles chavirées, pas de chemin d'accès. Quant au classement, il n'jr avait pas lieu à M. Coutil de s'en inquiéter puisque cette mesure avait été prise, ainsi que je viens de l'indiquer, dès 1854, c'est-à-dire cinquante ans auparavant.

La galerie de Vauville aurait, paraît-il, été fouillée vers 1755, par des délégués de la Société académique de Cherbourg mais, malgré toutes les recherches opérées, on n'a pu découvrir le procès-verbal de ces fouilles (3).

Le nom de Pouquelées porté par le monument mégalithique de Vauville et par plusieurs du même genre existant encore dans les îles du Canal de la Manche a fait l'objet des différentes interprétations, parfois assez drôles que je vais énumérer :

1° M. P. Le Fillastre dit que « suivant l'étymologie cel« tique donnée par M. de Gerville, les roches pouquelées « ou les pierres pouquelées seraient des pierres qu'on « adore, devant lesquelles on se prosterne » (4).

2° Dans le Cotentin et ses îles, M. Gustave Dupont cite Duncan, Histoire de Guernesey p. 372 ; ce dernier adopte, comme étymologie, les deux mots celtiques pwca, fées et lies, lieu ou place. Et Dupont ajoute : on nomme « sou(1)

sou(1) le Phare de la Manche, du 23 mars 1854, n° 24.

(2) Léon COUTIL. Inventaire des monuments mégalithiques du département de la Manche. Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Lyon 1906. Noies et mémoires, p. 744.

(3) Jules LUCAS. La Hague jusqu'aux temps de Guillaume le Conquérant. Période celtique, gallo-romaine et danoise, p. 27.

(4) Pierre LE FILLASTRE, loc. cit., p. 253.


84 GEORGES ROUXËL

« vent, en effet, en Normandie, les pierres druidiques, creux, « trou, chambre aux fées. Peut-être Pouquelayes dérive« t-il simplement de Poug trou et de lek pierre, c'est-à« dire littéralement pierre percée, expression très souvent « employée pour désigner ces mêmes monuments » (1). J'estime que l'interprétation de Duncan serait plausible si le sens donné à lies était exact. Le commentaire de Dupont est sans valeur.

3° M. L. Coutil faisant sienne l'idée bizarre de M. de Gerville écrit : « sur la lande qui domine l'anse de Vau« ville d'où la vue est très étendue, on a signalé une allée « couverte portant le nom de Pierres pouquelées (c'est-à« dire pierres qu'on adore) »(2).

4° « D'où vient ce nom de Pouquelées ou Pouquelayes ? « — Est-ce une corruption d'accouplées ? » demande M. « Jules Lucas (3). Et il continue : « Les étymologistes le « font venir de Pouk qui veut dire trou et de leck qui veut « dire pierre en celtique ou bas-breton. C'est assez vraisem« blable. » Une telle signification ne saurait être admise. M. Lucas prend tout bonnement à son compte l'opinion émise par M. G. Dupont, le seul qui ait, à ma connaissance, traduit de cette manière le mot Pouquelées.

5° Avec M. Salomon Reinach, nous ne sommes pas mieux éclairés. M. Salomon Reinach a lu l'ouvrage de M. Lucas et dans la revue l'Anthropologie (4) il a analysé le passage ayant trait aux Pouquelées. Voici un extrait de sa note :

«... D'après certains étymologistes dont M. Lucas trouve « l'opinion « assez vraisemblable », le nom viendrait de « pouk signifiant trou et de lech signifiant pierre en celli« que. Cela est de toute impossibilité. Mais le nom, pour ,« n'être pas celtique, n'en est que plus intéressant. Pierres « pouquelées, c'est en bas-latin petroe poculatoe, c'est-à« dire pierres écuelles. Nous connaîtrions donc ainsi le « nom ancien des pierres à écuelles ou à cupules, comme

(1) Gustave DUPONT. Le Cotentin et ses îles. Introduction, p. 3.

(2) Léon COUTIL. Inventaire des découvertes d'archéologie préhistorique de Normandie. Bulletin de la Société Normande d'Etudes préhistoriques. T. III, 1895, p. 123.

(3) Jules LUCAS, toc. cit., p. 26.

(4) Anthropologie, 1904, p. 392.


« LES POUQUELEES » «O

« un lieu-dit du département de la Somme nous a permis « d'établir autrefois que les menhirs étaient appelés obe« lisci par les Gallo-Romains ».

6° Au Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences tenu à Cherbourg, en 1905 (1). M. le Docteur Collignon appela l'attention sur l'interprétation du mot pouquelées que venait de donner M. Salomon Reinach. « M. Salomon Reinach, dit-il, pense que le nom actuel de « Pierres Pouquelées est de nature à nous apprendre celui « sous lequel les Romains désignaient 'les dolmens et allées « couvertes et que Pouquelées n'est que la transformation « de Poculatse signifiant pierres à cupules.

« Je connaissais, de longue date, les pierres pouquelées « et n'y avais jamais remarqué de cupules. J'ai donc fait « une visite de contrôle et dois dire que le monument, en « aucun point n'en présente aucune trace. Je conclus que « les pierres pouquelées ne sont point poculatoe. »

De toutes les explications que je viens de relater au sujet du mot pouquelées, celles de Duncan offrent, de prime abord, quelque intérêt. L'auteur de l'histoire de Guernesey admet, comme origine, les deux mots celtiques Pwca, fées, et lies lieu ou place. Prenant au sérieux cette manière de voir, on peut même déduire que là est la provenance des expressions trou, chambre ou maison aux Fées souvent employées pour désigner les galeries couvertes.

Mais la traduction, telle qu'elle nous est présentée, ne me semble pas exacte, du moins en ce qui concerne la deuxième partie. Si pwca signifie bien : farfadet, lutin, fée ; lies n'a jamais, à ma connaissance, voulu dire lieu ou place, mais plutôt : plusieurs, beaucoup, quantité, souvent, ordinairement, instamment (2). C'est leach ou lech qu'il eût fallu dire (3). L'essai étymologique du mot Pouquelées par Duncan n'est donc qu'à moitié réussi. ,

(1) Congrès de l'Association française pour l'Avancement des Sciences. Cherbourg, 1905. Bulletin mensuel de l'Association. Novembre, 1905, p. 349.

(2) Voir le Dictionnaire celtique de Bullet et le vocabulaire breton de Le Gonidec.

(3) Lech est employé non seulement pour pierre mais encore pour lieu ou place.


86 GEORGES ROUXEL

La véritable solution du problème est certainement celle qui me fut indiquée à Saint-Hélier, il y a quelques années, par l'un des membres éminents de la « Société Jersiaise ». M'entretenant avec M. Toulmin Nicolle des monuments mégalithiques que je venais d'étudier dans les îles de Jersey et de Guernesey, je fus amené à parler de ce singulier nom de Pouqueiées donné à plusieurs galeries couvertes, tant dans le « Channel islands » que sur la côte nordouest de la presqu'île du Cotentin. Je rappelai aussi les absurdités qui avaient été écrites sur la signification de ce mot et finalement je demandai à mon aimable interlocuteur de vouloir bien me faire là-dessus, connaître son opinion. Celui-ci me regarda en souriant. « Rien de plus facile, me « dit-il, Pouqueiées veut dire Pierres aux Fées, de puck « fées C 1 et lech, pierres. »

Ainsi se trouvait résolue une question posée depuis longtemps déjà et sur 'laquelle, on l'a vu, des sentiments plus ou moins bizarres avaient été exprimés.

La galerie couverte de Vauville a conservé, à travers les siècles, sa vieille appellation celtique : Les Pouqueiées.

Beaucoup d'autres mots ayant la même origine se rencontrent encore dans le patois de la Hague.

(1) Le mot puck est resté dans la langue anglaise ; il est employé pour lutin, esprit follet, fée.


RÉSULTAT DES FOUILLES D'UN OSSUAIRE

PROBABLEMENT NÉOLITHIQUE

situé dans la Commune de Saint-Just Canton de Vernon (Eure) ( 1)

PAR

HENRI GADEAU DE KERVILLE

ET

ALPHONSE-GEORGES POULAIN

suivi d'une note sur les débris humains recueillis dans cet ossuaire

PAR

le Docteur RAOUL DORANLO

Au cours de 'la guerre mondiale, un ouvrier, en creusant, dans un champ de la commune de Saint-Just, un silo pour conserver des betteraves, découvrit, à une profondeur d'environ soixante-dix centimètres, des ossements humains et des pierres qu'il prit à tort pour celles d'un cercueil.

Ce fut seulement en 1927 que cette découverte parvint à la connaissance de l'un de nous (P.) qui, la même année, effectua des fouilles sommaires par lesquelles il mit au jour un bout de muret en pierres sèches, un emplacement dallé avec des pierres plates et de nombreux ossements humains, fragmentés, et gisant pêle-mêle dans la terre. Évidemment, c'était un ossuaire datant d'une époque lointaine.

Les trous de fouilles furent rebouchés et nous prîmes la décision d'explorer entièrement et soigneusement cet ossuaire, ce que nous avons fait au mois de mai 1928.

(1) Note communiquée à la séance du 25 novembre 1928.


88 H. GADEAU DE KERVILLE ET A.-G. POULAIN

Il se trouvait à quelques hectomètres de la rive gauche de la Seine, dans un champ du triage du Haut-Marais, près des maisons du Bel-Air, au bord d'un chemin qui, en cet endroit, longe la voie ferrée de Paris au Havre, à gauche en se dirigeant vers Paris, et à une quarantaine de mètres au nordouest du ruisseau de Saint-Just.

Nos fouilles nous ont montré que la fosse de cet ossuaire, limitée par des murets en pierres sèches, était un rectangle ayant les dimensions intérieures suivantes : longueur, 6 m. 80 ; largeur, 1 m. 60, dont le grand axe était dans la direction du nord-ouest au sud-est. Le fond de celte fosse avait un dallage composé de pierres plates calcaires, de différentes dimensions, posées sur le sol naturel au-dessous duquel nous n'avons rien constaté de particulier. La hauteur entre le dallage et le niveau du sol était d'environ 0 m. 80.

Dans la fosse, nous avons trouvé beaucoup d'ossements humains des différentes parties du squelette, la très grande majorité en fragments et en désordre dans la terre. Il y en avait sur presque toute la surface du dallage, mais principalement dans la partie centrale. Sous une grosse pierre gisaient d'assez nombreux fragments de crânes. Nous estimons — mais d'une façon très approximative — à une vingtaine le nombre de squelettes dont nous avons recueilli des débris, une partie de ces derniers n'ayant pas été conservés en raison de leur très mauvais état.

Bien que ne fut trouvée aucune dalle ayant pu servir à constituer le toit de l'ossuaire, on pourrait émettre l'hypothèse que c'était : soit une allée couverte dont toutes les dalles du toit auraient été enlevées ultérieurement, ce qui expliquerait l'état fragmentaire des ossements et le grand désordre dans lequel nous les avons vus, soit une allée couverte dont le toit était en bois et n'aurait pas laissé de traces.

Étant donné que, dans les murets, nous n'avons observé la place d'aucune entrée par laquelle on aurait pénétré dans l'allée couverte, nous sommes portés à croire que les cadavres furent inhumés dans la terre d'une fosse limitée simplement par quatre murets, d'où il résulte que, mal pro-


FOUILLES D'UN OSSUAIRE PROBABLEMENT NÉOLITHIQUE 89

tégés, les ossements furent réduits en fragments par leur effondrement, la pression du sol, etc.

Essayons maintenant de dater cet ossuaire d'après les objets trouvés : ossements humains et os calcinés, morceaux de poteries, silex taillé, en remarquant que nous n'avons pas constaté de traces de métal.

Dans une lettre écrite à l'un de nous (G. K.) par notre très distingué collègue, le docteur Raoul Doranlo, qui nous a rendu -le précieux service d'étudier les ossements les moins fragmentés, se trouvent les lignes suivantes :

« Je crois bien qu'il s'agit de squelettes préhistoriques. C'est la conclusion à laquelle tend la note que j'ai rédigée à votre intention. Malheureusement, je n'ai pu être affirmatif, à cause de l'état de morcellement de cette collection anthropologique et de ia petite série des sujets étudiés.

« J'ai l'impression qu'il s'agit de néolithiques brachycéphales. Il est bien dommage qu'il ne se soit pas trouvé un crâne entier.

« Sur les os longs, j'ai pu relever des caractères fort intéressants : à eux seuls ils montrent que nous avons affaire à des squelettes très anciens ».

Au sujet des rares petits fragments d'os calcinés, nous n'avons rien d'intéressant à dire.

L'un de nous (G. K.) a communiqué les principaux fragments de poterie grossière trouvés sur le dallage de l'ossuaire à un savant d'une grande compétence en matière de céramique ancienne, M. Georges Chenet, qui lui a obligeamment écrit ceci :

« Vos échantillons sont d'une poterie dite commune, difficilement identifiable. Ils peuvent parfaitement être néo'li • thiques ; mais j'ai des pâtes de même composition du Bronze et du Hallstatt. C'est la pâte la plus ordinaire : limon plus ou moins argileux dégraissé aux sables siliceux ou calcaires ».

Quant au silex taillé que nous avons aussi recueilli sur le dallage, c'est une lame présentant des retouches, qui nous paraît néolithique. Avec cette lame nous avons trouvé un éclat de silex taillé.

En résumé, il y a certitude que cet ossuaire était très ancien, mais il est seulement probable qu'il datait de l'épo-


90 H. GADEAU DE KERVILLE ET A.-G. POULAIN

que néolithique. Estimant que la prudence est indispensable en matière scientifique, nous tenons au mot « probable », que des préhistoriens téméraires n'hésiteraient sans doute pas à supprimer.

Ci-après se trouve la savante note que le docteur Doranlo a bien voulu rédiger pour accompagner la nôtre et qui l'enrichit grandement. Nous lui en exprimons notre plus vive reconnaissance.

Ajoutons que tous les objets ostéologiques indiqués dans cette note, avec les renseignements accompagnant chacun d'eux, sont conservés au Musée de Vernon.


NOTE SUR LES DEBRIS HUMAINS recueillis dans l'ossuaire de Saint-Just (Eure)

PAR

le Docteur RAOUL DORANLO

Les 69 fragments ostéologiques soumis à mon examen se répartissent ainsi : Fragments crâniens : 12.

Maxillaires inférieurs : 2 entiers et 9 fragments. Vertèbres ou fragments : 12. Fragments de côtes : 3. Fragment de cubitus : 1. Métacarpiens : 6. Os coxaux : 2 fragments. Fragments de fémurs : 11. Tibias ou fragments : 5. Métatarsiens : 6.

Ces débris squelettiques ont tous un aspect bien homogène : à demi-fossilisés, assez friables, ils présentent un tissu compact réduit à une matière calcaire blanchâtre qui s'effrite à la pression de l'ongle. Le tissu spongieux est d'une fragilité encore plus accentuée. La périphérie des os est d'une couleur jaunâtre résultant du contact avec la terre. Cette surface est sillonnée en tous sens et profondément entamée par des érosions vermiculaires qui attestent un très long séjour dans le sol. Certains ossements, notamment les os du crâne, sous l'influence de 'la pression des terres, sont fissurés et parfois même, en certains points, ont subi un commencement de dissolution. Plusieurs débris de fémurs et de tibias se présentent dans un état de dégradation plus marqué encore, en raison de profondes altérations qui les ont fissurés comme s'ils avaient subi l'action de températures élevées.


92 Dr R. DORANLO

L'état de morcellement de la plupart de ces os ne permet guère de retirer de leur examen des observations anthropologiques de réelle valeur. Sur le plus grand nombre des fragments, il n'y a aucune particularité intéressante à signaler et c'est à peine si les débris crâniens, les mandibules et quelques os longs sont susceptibles de nous fournir quelques renseignements utiles.

Crânes et mandibules. — Il n'a malheureusement pas été possible de reconstituer non seulement un seul crâne, mais même une seule voûte qui puisse autoriser la détermination des principaux indices. A part les fragments de mandibules, il ne s'est trouvé aucun débris du crâne facial.

Il a fallu donc se contenter de relever quelques mesures isolées, dont la signification morphologique est, de ce fait, toute relative.

De l'état des sutures crâniennes, il a été facile de déterminer approximativement l'âge des sujets. La plupart sont des adultes. Aucun caractère certain ne permet de reconnaître un crâne de vieillard. Par contre, 4 fragments appartiennent à des individus de moins de 45 ans. En outre, 2 fragments de mandibules attestent l'existence de jeunes enfants.

Quant aux sexes, en me basant sur l'examen des crêtes osseuses et des insertions tendineuses, j'ai cru pouvoir, sur les 12 fragments crâniens examinés, en attribuer 4 à des sujets masculins et un à une femme, mais sans me prononcer quant aux 7 autres.

Les quelques observations morphologiques relatives à ces fragments de crânes portent d'abord sur le développement relativement accusé des bosses pariétales, ce qui ferait plutôt penser à des individus bracliycéphales qu'à des dolichocéphales. C'est du reste ce que semblent confirmer les rares mesures portant sur des portions de la courbe sagittale antéro-postérieure, car aucune courbe frontale n'excède 125 millimètres, chiffre qui correspond également à la seule courbe pariétale qu'il m'ait été donné de mesurer.

L'examen des frontaux montre aussi la présence de bosses assez bien marquées, ce qui indiquerait un certain degré d'hypsicéphalie. Exceptionnellement, un seul fragment offre une glabelle et des arcades sourcilières saillantes,


DÉBRIS HUMAINS RECUEILLIS A SÀINT-JUST (EURE) 98

surmontées d'un front quelque peu surbaissé ; mais il s'agit sans doute dans ce cas d'un fait dépendant de l'âge du sujet plutôt que d'un caractère ethnique véritable.

Je signalerai aussi un curieux occipital dont la partie supérieure de l'écaillé comporte jusqu'à quatre îlots wormiens.

Les 2 mandibules entières et les 9 fragments de mandibules proviennent de 11 individus différents dont 4 hommes, 4 femmes, 1 adolescent et 2 enfants. Les mensurations relevées ne peuvent avoir une signification très nette à cause du petit nombre des fragments en bon état. On peut signaler cependant 2 largeurs bigoniales de 94 et 105 millimètres qui correspondent à des largeurs faciales moyennes. Les quelques symphyses examinées indiquent un menton assez proéminent. Les branches horizontales offrent les indices suivants : 40, 41,3, 43,3, 43,3, 46,4 et 68, ce dernier appartenant à un sujet masculin. Sur 2 fragments on a pu prendre l'indice de la branche montante : 59 et 60, à peu près moyen.

Ce qui semble le plus intéressant sur ces mâchoires c'est l'état d'usure des couronnes dentaires. Cette usure est extrêmement accusée, non seulement sur les mandibules adultes, mais même, quoique à un moindre degré, sur des dents enfantines. Ce caractère est certainement lié à la question d'alimentation. En outre, cette usure, qui frappe sans exception incisives, canines et molaires, semble avoir touché plus particulièrement la première molaire dont on trouve constamment les tubercules complètement arasés, ce qui donne à la couronne l'aspect caractéristique d'une meule. Il y a donc une grande analogie entre l'état de ces dents et celui des dents des herbivores.

Il faut signaler également quelques cas de carie dentaire, toujours localisés aux molaires. On sait que cette affection a été antérieurement étudiée sur des mâchoires néolithiques.

Os longs. — L'examen du reste du squelette, en raison surtout du petit nombre des éléments mesurables et de l'état fragmentaire de la plupart des os longs, n'a pu donner lieu qu'à de rares observations. Il faut tout d'abord, relativement à la taille des individus, indiquer que celle-ci


94 Dr R. DORANLO

s'est trouvée, chez un sujet, atteindre 1 m. 57, stature coi' respondant, d'après les tables de Manouvrier, à un fémur de 402 millimètres de longueur. Un humérus de 270 millimètres nous donne une taille de 1 m. 50 ; et un second, long de 316 millimètres, indique une taille de 1 m. 63. L'état des crêtes d'insertion tendineuse de ces trois os permet de reconnaître, dans le second de ces individus une femme, et dans le dernier un homme.

Quant au premier, il ne présente pas de caractères assez nets pour en faire une détermination sexuelle certaine. En présence d'une aussi minime série est-on autorisé à dire que ces individus présentent une taille relativement petite ?

Morphologiquement, quelques-uns des fragments observés présentent des caractères sur lesquels il faut insister.

Je passe sur cet humérus à la cavité olécrânienne perforée, particularité qu'on retrouve parfois sur des sujets d'époque récente, mais je souligne que j'ai pu relever sur 3 humérus une robustesse bien marquée, avec V deltoïdien saillant, surtout chez l'un d'eux, manifestement masculin, dont l'indice de longueur-largeur atteint 7,6.

Bien plus intéressants sont les fémurs avec leurs indices sous-trochantériens platyniériques dont l'un atteint même le chiffre de 69,6, le moins caractérisé n'ayant que

83.3 ; les 4 autres occupant un rang intermédiaire entre

81.4 et 74,1.

De leur côté, les tibias offrent un aplatissement transversal des plus marqués. Sur 5 d'entre eux la platycnémie est évidente et sur ce nombre 3 comportent des indices très caractérisés : 59,5 ; 58,8 ; 58,2. En outre, j'ai pu noter sur un fragment supérieur une légère rétroversion du plateau articulaire.

Les autres ossements n'ont pu me fournir aucune indication à retenir.

En résumé, si l'on en croit la toute petite série étudiée, et toutes réserves faites en raison du mauvais état de ces débris de squelettes, il semble qu'on ait affaire à des sujets de taille relativement petite, au crâne plutôt court, à face assez large, aux membres robustes. Ces individus possédaient des fémurs nettement aplatis d'avant en arrière, tandis que leurs tibias, à la crête antérieure tranchante


DÉBRIS HUMAINS RECUEILLIS A SAINT-JUST 95

et arquée, présentaient une compression des plus accusées dans 'leurs dimensions transversales. A défaut de mieux préciser les caractères morphologiques de ces individus, et plus encore de déterminer la race à laquelle on doit les rattacher, on est en droit cependant d'affirmer qu'il s'agit d'ossements ayant séjourné pendant de longs siècles dans le sol, et qu'à elles seules la platymérie et la platycnémie constituent des caractères de la plus haute valeur pour démontrer leur ancienneté, puisque, devenus exceptionnels dans les races contemporaines, on les observe constamment sur les squelettes humains préhistoriques.



LES MONUMENTS et VESTIGES

PRÉHISTORIQUES ET PROTOHISTORIQUES CLASSÉS

DE NORMANDIE

au 1" Janvier 1930

PAR

CHARLES BRISSON (1)

Il a paru utile — pour ne pas dire indispensable ■— de faire figurer au Bulletin de la « Société normande d'Etudes Préhistoriques » une liste, mise à jour au 1" janvier 1930, des monuments ou vestiges présentant un caractère préhistoriques ou protohistorique, et ayant fait l'objet d'un arrêté de classement.

Cette liste a été établie pour les cinq départements normands et comprend, dans les catégories définies ci-dessus : les Monuments historiques classés, les Edifices inscrits à l'Inventaire supplémentaire, les Sites classés. Si elle a pour but de faire connaître les monuments ou restes officiellement classés ou reconnus, elle présente un autre avantage, tout négatif soit-il : montrer des lacunes regrettables et des omissions d'ailleurs réparables. Et ainsi d'utiles demandes de classement pourront-elles êtres présentées, des propositions être faites, des voeux être émis.

Dans le domaine des Monuments historiques classés, on constatera l'abondance, toule relative soit-elle, des mégalithes, et la rareté assez inexplicable des vestiges galloromains : par exemple rien n'est classé au Vieil-Evreux.

On constatera d'autre part que l'Inventaire supplémentaire, malgré les avantages qu'il offre et ses facilités d'ins(1)

d'ins(1) présentée à la séance du 29 Avril 1929.

7


98 CH. BRISSON

cription, ne figure dans cette liste que pour mémoire, aucun monument, aucun vestige relevant de la préhistoire ou de la protohistoire n'ayant paru susceptible d'y figurer. Quant aux Sites classés, il eut semblé naturel d'en trouver une liste assez bien fournie, étant donné que le classement s'imposait, dans cette catégorie, de maint camp antique, enceinte, éperon barré, etc.

Or, on y cherchera en vain la Cité de Limes, près de Dieppe, pour ne citer que cet exemple tj'pique ; la seule enceinte antique classée est celle d'Orival, et au titre des Monuments historiques heureusement.

Seuls, les abris sous roches de Mestreville et le « Camp celtique » de Merri — on le verra — ont eu les honneurs du classement comme Sites.

Il paraît être du programme et de la compétence de la « Société normande d'Etudes préhistoriques » de recenser ou reconnaître les très nombreux monuments susceptibles de figurer aux listes ci-après.

Documents officiels, celles-ci sont extraites des listes complètes fournies par la Direction des Beaux-Arts, le Service des Monuments historiques et les Préfectures. — Caractérisées, peut-on dire, par leur pauvreté même, elles n'en détiennent pas moins le réel intérêt de situer, à une date déterminée, la part officiellement reconnue et protégée de ce qui, dans le patrimoine archéologique normand, intéresse spécialement la « Société Normande d'Etudes préhistoriques ».

Charles BRISSON.

Les noms de communes sont suivis des noms de cantons ; le classement par arrondissement a été volontairement négligé, en raison de récentes suppressions (et d'éventuels rétablissements ! ) Le canton offre plus de stabilité administrative... et même archéologique.


LES MONUMENTS ET VESTIGES CLASSÉS DE NORMANDIE 99

MONUMENTS, RUINES ET VESTIGES DE CARACTÈRE PRÉHISTORIQUE OU PROTOHISTORIQUE

figurant sur les listes

A.) des Monuments historiques classés,

B.) des Edifices inscrits à l'Inventaire supplémentaire,

c.) des Sites classés,

dans les départements de Seine-Inférieure,

Eure, Calvados, Orne, Manche.

I. DÉPARTEMENT DE LA SEINE-INFÉRIEURE A. MONUMENTS HISTORIQUES CLASSÉS.

Ruines gallo-romaines dans les forêhs domaniales.

a) de la Londe.

b) de Rouvray.

a) Forêt de la Londe.

La Londe (canton d'Elbeuf) : ruines du fanum de StOuen-de-Thouberville. » ruines du fanum de La Londe. » ruines du triège « le Vivier Gamelin ». » groupe de ruines du triège St-Nicolas.

b) Forêt de Rouvray.

Grand-Couronne (canton de Grand-Couronne) : ruines du fanum des Essarts. ruines de la villa du Grésil. Oisseil (canton de Sotteville-lès-Rouen) : groupe de ruines de la Mare-du-Puits. Orival (canton d'Elbeuf) : ruines du fanum d'Orival.

« système de défense ou camp retranché

retranché d'Orival.

Propriété départementale :

Lillebonne (canton de Lillebonne) : Théâtre romain.


1Ô0 CH. BRISSON

Propriété particulière :

Ste-Marguerite-sur-Mer (canton d'Offranville) : Mosaïques romaines (demeurent inscrites malgré leur disparition).

B. INVENTAIRE SUPPLÉMENTAIRE : néant.

C. SITES CLASSÉS : néant.

II. DÉPARTEMENT DE L'EURE

A. MONUMENTS HISTORIQUES CLASSÉS : Ambenay (canton de Rugles) : dolmen. Les Andelys (canton des Andelys) : suhstructions du

théâtre antique, (parcelles cadastrales nos 852-853-854). Dampmesnil (canton d'Ecos) : allée couverte. Landepeureuse (canton de Beaumesnil) : menhir dit « la

Pierre longue ». Port-Mort (canton des Andelys) : menhir dit « le Gravier de Gargantua ». Les Ventes (canton d'Evreux) : dolmen dit « la Pierre

Courcoulée ».

dolmen dit « de l'Hôtel Dieu ». Verneusses (canton de Broglie) : dolmen dit « la Grosse

Pierre ». St-Etienne-du-Vauvray (canton de Louviers) : menhir au

bord du chemin de G. C. n° 11.

B. INVENTAIRE SUPPLÉMENTAIRE : néant.

C. SITES CLASSÉS :

St-Pierre-d'Autils (canton de Vernon) : abris sous roches de Mestreville (sis sur les parcelles cadastrales nos 183, 185, 194, 195, 200, 201 et 204).

III. DÉPARTEMENT DU CALVADOS

A. MONUMENTS HISTORIQUES CLASSÉS :

Golombiers-sur-Seulles (canton de Ryes) : menhir. Condé-sur-Ifs (canton de Bretteville-sur-Laize) : menhir

dit « la Pierre Cornue ». Jurques (canton d'Aulnay-sur-Odon) : dolmen dit « la Pierre Dialan ».

B. INVENTAIRE SUPPLÉMENTAIRE : néant.

C. SITES CLASSÉS : néant.


LES MONUMENTS ET VESTIGES CLASSÉS DE NORMANDIE 101

IV. DÉPARTEMENT DE L'ORNE

A. MONUMENTS HISTORIQUES CLASSÉS : Cramesnil (canton de Briouze) :

menhir dit « l'Affiloir de Gargantua ». Joué-du-Bois (canton de Carrouges) :

dolmen dit « la Pierre aux Loups ».

dolmen de la Grandière.

menhir des Outres. Passais-la-Conception (canton de Domfront) :

menhir du Perron. Echauffour (canton du Merlerault ) :

les 3 menhirs dits « les Croûtes ». Silly-en-Gouffern (canton d'Exmes) :

menhir dit « la Pierre Levée ».

B. INVENTAIRE SUPPLÉMENTAIRE : néant.

C. SITES CLASSÉS :

camp celtique de Bierre.

V, DÉPARTEMENT DE LA MANCHE

A. MONUMENTS HISTORIQUES CLASSÉS :

Bretteville (canton d'Octeville) : allée couverte.

Flamanville (canton d'Octeville) : dolmen.

Maupertus (canton de Ste-Mère-Eglise) : menhir dit « la Grande Pierre ».

Les Moitiers-d'AlIonne (canton de Barneville) : allée couverte.

Rocheville (canton de Bricquebec) : allée couverte de la « Petite Roche ». •Tourlaville (canton d'Octeville) : Cromlech (serait détruit).

Valognès (canton de Valognes) : ruines romaines d'Alauna.

Vauville (canton de Beaumont-Hague) : allée couverte dite « la Pierre Pouquelée » (serait détruite).

B. INVENTAIRE SUPPLÉMENTAIRE : néant.

C. SITES CLASSÉS :

Rocheville (canton de Briquebec) : la « Grosse Roche » et la « Petite Roche ».


SUR QUELQUES TROUVAILLES FAITES A BRÉAUTE (Seine=Inférieure)

PAR

JULES PLE (1)

M. Lenostre, instituteur retraité à Bréauté, a bien voulu nous confier les pièces que nous avons l'honneur de vous soumettre et nous faire connaître qu'elles ont été trouvées dans cette localité, près de l'ancienne voie romaine : les grattoir et fragment de hache en pierre polie, il y a environ 15 ans, par un de ses anciens élèves et la hache en pierre polie, en avril dernier, par un habitant du pays.

Ces témoins de l'âge préhistorique se trouvaient à la surface du sol, dans des terres en labour et leur découverte est due à un hasard heureux.

Jusqu'à ces derniers temps, rien, à notre connaissance, n'avait été signalé à Bréauté, concernant cette époque.

Quant au petit vase, qui semble dater du moyen-âge et devait contenir de l'eau bénite, il provient de l'église de cette commune et fut mis au jour, il y a 5 ou 6 ans, lors de l'exécution de travaux nécessaires au placement d'un confessionnal dans l'épaisseur du mur ouest, côté droit du portail. II se trouvait dans une petite galerie située à hauteur d'homme s'étendant sur toute la longueur de ce mur.

Des renseignements recueillis près de l'ouvrier qui fit cette découverte, il résulte que ce vase était vide.

(1) Note présentée à la séance du 25 novembre 1928.


FOUILLES GALLO=ROMAINES à Saint-Clair-sur-Epte (S.-&-0.)

par A. DUCROCQ (1)

Depuis plusieurs années je m'étais promis de faire des fouilles sur la commune de Château-sur-Epte. J'ai commencé celles-ci en Août dernier après la moisson, au lieu dit « les Catillons » à proximité du bois du « Grand Chalet » et à environ 800 mètres du bois « Lamotte », sur la terrasse située entre la vallée du petit ruisseau de Réquiécourt et la route nationale de Paris à Rouen n° 14, face à la riante vallée de l'Epte, à l'est de la cote 140 (carte d'Etat-Major) et à la limite des communes de Château-surEpte et d'Authevernes.

Au premier sondage, j'ai découvert, presqu'à fleur de terre, un mur en moellons de silex et terre ayant environ 0 m. 40 ; j'ai rencontré un dallage ou plutôt une aire en béton,de 15 à 20 cm. d'épaisseur. Continuant mon travail, j'ai dégage une petite pièce d'habitation ayant 4 m. sur 3 m. 60. Deux de ses murs portaient encore l'enduit de plâtre peint en noir ; dans les démolitions j'ai trouvé plusieurs fragments de cet enduit peints en rouge et d'autres avec des bandes vertes et blanches.

J'ai également obtenu, presque entière mais en morceaux, plusieurs tuiles à rebord dont une de 40 cm. sur 27 cm. ayant encore un clou forgé engagé dedans et deux autres de 37 cm. sur 26 cm. plus rouges et portant des empreintes de pattes avec griffes (probablement de chat).

A une centaine de mètres, sur une partie exhaussée, j'ai ouvert une petite tranchée de 4 m. de long sur 0 m. 80 de large ; j'ai reconnu d'abord une couche de terre végétale

(1) Note présentée à la séance du 25 novembre 1928.


104 A. DUCROCQ

très mince, 0 m. 10 à 0 m. 15 environ, ensuite une couche de moellons semblant maçonnés de 15 à 20 cm., puis une couche de débris de tuiles et moellons calcinés et noircis provenant sans doute d'un effondrement de bâtiments par suite d'incendie. Cette couche a environ 0 m. 40 à 0 m. 50 d'épaisseur, j'ai fouillé un mètre plus profondément, mais sans succès, la terre paraissant vierge.

Je me propose de reprendre ces fouilles l'an prochain.

Sur mon invitation, notre collègue et ami, M. A.-G. Poulain est venu visiter ces fouilles ; il suppose comme moi que nous sommes en présence d'une villa agraria gallo-romaine. Le jour de sa visite, pendant que nous étions à cet endroit, nous en avons profité pour aller faire le tour du Camp du Bois Lamotte que j'avais reconnu en 1913. Ce camp a été signalé à la Société Préhistorique Française le 22-4-1920 par M. Magnen, d'Authevernes. J'ai également montré ce même jour à M. Poulain, à l'entrée de Réquiécourt, à droite dans la propriété Trarieux, un espèce de tumulus d'où émergent deux grosses dalles ; je pense que ce doit être un monument mégalithique. Ayant depuis trois ans la permission de fouiller cet endroit, je pense commencer prochainement.

Nomenclature des objets trouvés au cours des fouilles ci-dessus dans la tranchée et parmi les débris calcinés :

Os : Nombreux débris non identifiables, molaires et os divers de cheval, défense de sanglier, corne, etc.. et deux morceaux trop oxydés pour être identifiés.

Fer : Nombreux clous forgés, crampons et nombreux morceaux trop oxidés pour être identifiés.

Bronze : Un petit anneau, un morceau de feuille de bronze, quelques pièces de monnaie, un petit bronze de Galien (253-258), deux Tétricus (268-273) dont une consécrative frappée après sa mort, un petit rectangle qui doit être un grand bronze du Haut-Empire, déformé pour usage inconnu ; d'un côté on devine encore un buste de l'empereur, de l'autre, côté concave, on voit très bien une Abondance debout entre les lettres S et C.

Poteries : Nombreux débris de toutes formes et de plusieurs coloris, morceaux trop petits et trop mélangés pour permettre une reconstitution.


FOUILLES GALLO-ROMAINES A SAINT-CLAIR-S.-EPTE (S.-ET-O.) 105

Divers : Quelque coquilles d'huîtres, de moules et d'escargots, quelques petits éclats de verre et nombreuses scories paraissant du métal fondu.

En terminant ce rapport je tiens à remercier d'abord M. Poulain qui a bien voulu s'intéresser à ces modestes travaux et M. Adrien Blanchet, membre de l'Institut, qui, sur la recommandation de M. Poulain, a déterminé les petits bronzes cités tout à l'heure.



LE VIEIL-EVREUX

(Gisacum)

Fouilles de la Basilique de 1911 à 1914

par HENRI LAMIRAY (1)

HISTORIQUE

J. F. Rêver, (2) qui fouilla le premier les ruines du Viei'lEvreux et y fit de nombreuses trouvailles, avait, d'après son rapport, fouillé une élévation de terrain au centre du village. Il y avait reconnu un château du moyen-âge construit sur des vestiges d'un important édifice gallo-romain (3). A sa suite Théodose Bonnin avait fait des fouilles plus complètes au même lieu et avait eu la bonne fortune de mettre à jour un certain nombre d'objets des plus intéressants. C'est là, dans cet édifice, dénommé par lui, basilique, nom que nous lui laissons, qu'il mit à jour le célèbre Jupiter Stator considéré comme la plus belle pièce du Musée d'Evreux. C'est aussi là que Robillard découvrait en 1836, l'intéressante inscription sur bronze donnant un nom qu'on présume, avec quelque raison, être celui de la localité : GISACVS.

Antérieurement, en 1828, une autre inscription, sur marbre celle-ci, y avait été trouvée. Elle offre le nom du dieu GISACO, nom que l'on ne peut s'empêcher de rapprocher du précédent.

Ces deux noms ont beaucoup aidé à détruire l'ancienne tradition qui voulait voir au Vieil-Evreux l'emplacement de l'antique Médiolanum-Aulercorum.

(1) Note présentée à la séance du 25 novembre 1928.

(2) RÊVER. Mémoire sur les ruines du Vieil-Evreux. Evreux 1827.

(3) RÊVER. Mémoire, plan général, première partie, n° 15.


108 H. LAMIRAY

Bonnin donne un plan général des ruines superposées aux maisons du village (4), plus loin il nous présente un plan de la basilique (5). Il indique dans celle-ci un mur découvert au point F au nord duquel aucune fouille ne fut entreprise. Il avait cependant sollicité le propriétaire à différentes reprises pour qu'il lui permit de faire quelques sondages, mais en vain.

En août 1911, muni de ces indices, je commençai à fouiller ce terrain qui se trouvait alors sans utilisation.

J'y travaillai pendant les années 1911, 1912, 1913 et jusqu'en juillet 1914. lient fallu beaucoup moins de temps si j'avais poussé les fouilles d'une manière continue, mais ce n'est guère que le dimanche que j'allais moi-même travailler après déblaiement, par un ou deux ouvriers, des parties stériles. Je me réservais toujours l'exploration des couches archéologiques à cause du grand soin qu'il est nécessaire d'apporter dans la moindre découverte ; même celle paraissant la plus insignifiante peut parfois présenter un intérêt appréciable.

REVÊTEMENTS MURAUX — MARQUETERIE DE MARBRES

La moitié Est de la propriété présente une élévation de terrain de deux mètres de hauteur. La surface de cette butte est composée d'une importante couche d'argile rapportée d'un mètre d'épaisseur ; au-dessous se trouvait une mince couche de débris de pierres calcaires. Parmi ces débris on distinguait une grande quantité de fragments de marbres, schistes, granits, porphyres d'espèces très variées, taillés suivant différentes formes, dimensions et épaisseurs, polis d'un côté ; ce coté poli ayant une surface plus grande que la face opposée, indique que l'ensemble formait une sorte de marqueterie. Au-dessous de certains morceaux adhérait encore le ciment qui servait à les maintenir : il

(4) Antiquités des Eburonices, Vieil-Evreux, pi. I. C'est ce plan que M. L. Coutil, mal renseigné, indique comme n'ayant pas été imprimé (Archéologie gauloise, gallo-romaine, franque, carolingienne. Arrondissement d'Evreux, Evreux, 1921).

(5) Antiquités des Eburovices, Vieil-Evreux, pi. VIII.


LE VÎEIL-EVREUX 109

était composé en grande partie de marbre blanc pulvérisé.

Parmi les formes qu'on peut décrire, et qui faisaient autant de compartiments, on trouve : des triangles en marbre jaune, vert antique, porphyre rouge (lapis numidicus), en schiste noir et en pierre rose ; une demi lune en marbre violet ; de très nombreuses petites bandes en marbre blanc et schiste noir ; de grandes et larges bandes en marbre brocatelle, violet, petit antique, granit violet d'Egypte, albâtre fleuri, schiste violet ; des bandes arquées en schiste vert, noir, violet et marbre blanc ; des demi-ovales en marbre jaune ; une sorte de feuille en calcaire blanc (fig. 2) et quantité d'autres formes impossibles à décrire, parmi lesquelles on peut distinguer comme espèces de marbres : ie vert antique, le cipolin d'Egypte, des brèches variées et beaucoup d'autres. Je n'ai trouvé que deux cubes de mosaïque : un en schiste noir et l'autre en calcaire blanc. Certains compartiments étaient très petits et n'avaient que quelques millimètres dans leur plus grande dimension. Des personnages devaient figurer dans le décor, car j'ai recueilli un pied en marbre jaune très nettement indiqué.

Des filets de schiste noir, dont la partie formant parement était saillante et demi ronde, m'ont semblé provenir d'un encadrement de cette marqueterie.

Au-dessous de la couche de débris de marqueterie était un béton de 3 à 5 centimètres d'épaisseur, assez dur, couleur gris jaune, composé de chaux et de sable. Il n'est pas probable que ce béton ait eu quelque relation avec la marqueterie.

Rêver avait trouvé au Champ des Dés (6) les restes d'une marqueterie de marbre, ce qui prouve la grande richesse des constructions. Du reste, à peu près partout en surface, sur toute l'étendue de la plaine du Vieil-Evreux, on trouve couramment de nombreux fragments de marbres antiques provenant des pavages ou revêtements des somptueux édifices qui jadis couvraient ce plateau. Ce sont généralement des corniches ou de larges plaques ; mais on en trouve généralement peu provenant de marqueterie.

(6) Le Champ des Dés est situé à une centaine de mètres au nord du théâtre.


110 H. LAMIRAY

Les Romains étaient très prodigues de marbres dans la plupart de leurs constructions, et ils n'en trouvaient pas d'assez beaux à leur gré.

Le marbre, tel que la nature le produit, ne leur semblait pas assez riche. Aussi du temps de Claude Ier on commença à l'orner de différentes peintures et soùs Néron on alla jusqu'à le décorer de dorures.

On inséra aussi dans de grandes plaques de marbre des marqueteries composées de petites pièces de diverses couleurs, afin de le moucbeter ou pommeler. On y introduisit aussi des figures variées telles que des hommes, des animaux, oiseaux ou poissons, des plantes, etc..

La plus grande qualité de ces assemblages de milliers de petites pierres résidait dans la difficulté de parfaire la finesse des joints pour réunir un si grand nombre de pièces parfois minuscules. Les joints en étaient à peine visibles et le ciment qui les faisait adhérer avait une telle résistance que • seule la ruine des édifices a pu désagréger ces genres de travaux.

Les artisans, qui y plaçaient de toutes espèces de figures empruntées aux règnes animal et végétal, étaient de véritables artistes qui savaient merveilleusement harmoniser les couleurs de toutes ces pierres rares provenant les unes de Grèce ou d'Italie, d'autres d'Egypte ou d'Asie Mineure (7).

Les mosaïques et marqueteries étaient couramment employées, non seulement à l'ornementation des pavages, mais aussi à celle des murs et des plafonds.

Cette décoration eut une telle vogue que la peinture qui décorait les palais fut bannie des ornements muraux pour céder la place aux marqueteries de marbre et aux mosaïques. On alla même jusqu'à en fabriquer des tableaux portatifs pour orner la tente des généraux et des princes. César aimait tellement les mosaïques qu'il en faisait transporter des panneaux jusque dans les camps et Cicéron en avait fait orner tous les portiques de sa maison (8).

(7) Nicolas BERGIER. Histoire des Grands Chemins de l'Empire romain. Bruxelles. Jean Léonard, 1728, pp. 199 et 8C2.

(8) L. BATISSIER. Histoire de l'art monumental, Paris, Fume, 1845, p. 234.


LE VIEIL-EVREUX 111

J'ignore si notre marqueterie était portative, mais on peut affirmer qu'elle participait à une décoration murale ; car la faible épaisseur de certaines pièces, qui n'est que de quelques millimètres, et l'absence de toute usure ne permettent pas de les attribuer à un pavage, et, d'autre part, certains compartiments ont jusqu'à 17 millimètres d'épaisseur ; cette dernière remarque montre vraisemblablement que les panneaux eussent été trop lourds pour garnir un plafond.

Parmi ces débris il s'est trouvé une grande quantité d'ossements de petits mammifères (souris ou mulots).

Un seul clou intéressant y fut découvert ; c'est un grand gond, coudé à angle droit, qui aurait fort bien pu servir à maintenir le tableau de marqueterie fixé à un mur.

Il y fut trouvé aussi une grosse pointe à douille en fer.

Un de mes amis (M. Marinier), venu visiter les fouilles trouva immédiatement au-dessous de cette couche de décombres un moyen bronze colonial d'Auguste frappé à Lyon.

PLAQUES DE REVETEMENT EN BRONZE

A proximité de la marqueterie de marbre se trouvait une couche de bois carbonisé accompagné de clous, de débris de bronze brisés, et pour la plupart fondus, des silex gros et petits ayant subi un feu très violent.

Les plus petits fragments de bronze, inférieurs au poids de 5 gr. 5, se trouvent souvent réduits en boule, ce qui indique nettement qu'ils sont tombés d'une certaine hauteur puisqu'ils ont conservé la forme de la goutte de métal en fusion refroidie dans sa chute. Au-dessus de ce poids ils ont conservé la forme acquise du point de chute sur un sol très irrégulier, puisque certains fragments de bronze enserrent des silex ou du calcaire à cérithes (9).

(9) Le calcaire grossier à cérithes n'existe pas dans le voisinage immédiat, il est toujours importé. Le gisement le plus proche est Gauciel. Pour les édifices gallo-romains du Vieil-Evreux, il fut employé en concurrence avec le tuf et la pierre calcaire blanche pour faire le parement des murs en petit appareil. Ces deux pierres ne sont pas non plus d'origine locale immédiate.


112 H. LAMIRAV

La hauteur où s'est produite la fusion a été cause d'une pluie de petits lingots de bronze.

J'ai remarqué plusieurs morceaux de silex, calcaire, charbon, briques ou tuiles ayant des traces d'oxyde de cuivre sans qu'il se trouvât du bronze directement en contact. Malgré cela, d'après sa disposition stratigraphique, il est évident que le terrain n'a pas été remué depuis l'époque gallo-romaine.

Les clous qui accompagnaient le bronze, qui étaient nombreux, ont généralement une forme particulière : la tête se trouve aplatie de deux côtés jusqu'à l'épaisseur du corps du clou. Leur longueur maximum est 0 m. 165 ; la largeur de la tête environ 2 centimètres ; l'épaisseur moyenne de la tête et du haut du corps 1 centimètre.

J'ai trouvé une poutre carbonisée, garnie de clous, mais il n'a pas été possible de la conserver. Il s'est trouvé aussi de nombreuses tuiles et briques vitrifiées, probablement par l'incendie.

Les débris de bronze proviennent de plaques, d'après ce qu'on peut observer sur les fragments les moins déformés. Ces plaques avaient 2 millimètres V% d'épaisseur et ont été brisées avant ou au moment de l'incendie.

La présence de poutres brûlées et des clous avec des plaques de bronze porte tout de suite à supposer que nous avant devant nous les restes d'un plafond, en effet ces plaques devaient être fixées sur des poutres. Les clous de forme spéciale trouvés exclusivement en compagnie du bronze fondu paraissent avoir été destinés à réunir l'assemblage de la charpente.

La Basilique Ulpienne, ou du Forum de Trajan, n'avaitelle pas un plafond revêtu de plaques de bronze ? (10).

ENDUITS ET PEINTURES

La plupart des enduits sont rouges et grossiers, appliqués sur un blocage de petits galets fossiles et de ciment. Quelques rares fragments sont très fins, entre autres des

(10) L. BATISSIER. Histoire de l'art monumental.


LE VIEIL-EVRËUX 113

rouges et des blancs possédant encore un poli très fini qu'on pourrait comparer à une sorte de laquage.

Le rouge, qui est le plus soigné, est appliqué sur un ciment très dur. Le blanc, au contraire, recouvre un mortier grossier très friable, composé d'argile et de sable, duquel il se sépare facilement en une couche de 3 m/m XA d'épaisseur, d'un grain plus fin et dont la partie superficielle, d'une épaisseur d'un demi millimètre, est d'une composition encore plus soignée.

Ces deux enduits si parfaits pourraient bien être à base de cire (encausticon).

CERAMIQUES (11)

Il faut renoncer à décrire, même de manière succincte, les différentes variétés de poteries qui ont été trouvées. Je me borne à citer les plus intéressantes.

Les plus primitives ne présentent pas trace du tour de potier. Ce sont quelques tessons d'une poterie très grossière noire et rouge sale, contenant d'assez volumineuses parcelles de mica.

Mais ce qui domine surtout ce sont les poteries galloromaines communes, parmi lesquelles on remarque ces plats ou assiettes à trois pieds en terre noire, qu'on trouve couramment dans toutes 'les fouilles de la région. Il y avait aussi quelques fragments des curieuses poteries à reflets métalliques et même un débris doré au mica jaune.

Les ■ fragments les plus intéressants ne sont malheureusement pas les plus importants quant aux dimensions.

C'est d'abord celui d'un vase à relief d'applique à couverte rouge comportant des rinceaux et des feuilles (type 157 Déchelette T. IL p. 234 ; probablement le vase 72). Ce tesson est de premier intérêt à cause du fort petit nombre de vases ou fragments de vases à relief rapportés découverts en Gaule (moins d'une soixantaine). C'est le premier signalé dans notre région.

(11) Pour l'identification des céramiques et des noms de potiers, l'érudition de notre savant président, le Docteur Doranlo, me fut d'un précieux secours, je lui adresse mes vifs remerciements.

8


Il4 H. LAMIRAY

Un autre fragment doit provenir d'un vase n° 37 à demi médaillon, mais de style primitif, car il ne présente guère que des dessins d'ornementation géométrique. Son vernis est rouge et brun, irrégulièrement réparti. (12)

Ces deux tessons appartiennent à une industrie très évoluée de Lezoux du 111e siècle.

Un troisième fragment fort petit est d'une pâte très fine gris rosé sans verni, et d'une épaisseur très faible (maximum 0.0015). La partie inférieure présente une bordure composée d'un ornement comparable à des corolles de clochettes placées bout à bout ; au-dessus on remarque une double rangée de petites guirlandes de feuillage, ces ornements ne paraissent pas moulés mais modelés sur le vase même.

Cette poterie est d'un type encore plus rare que les deux autres. Il est difficile de préciser la forme du récipient. Ces vases ne sont apparus qu'au v° et même vie siècles et sont plutôt mérovingiens que gallo-romains. Certains appartiennent indubitablement à une époque où la région était déjà évangélisée puisqu'on y rencontre des symboles chrétiens. Le musée de Rouen possède un grand plateau avec cervidés et croisette dans l'emblème central : Ces vases n'ont pas de couverte ; leur pâte est souvent grise non vernissée, parfois noirâtre.

De toute façon le fragment du Vieil-Evreux est rare et intéressant.

Je trouvai peu de poteries rouges à relief ; le principal échantillon est le tiers environ d'un grand vase (diamètre 0. m. 250) à reliefs moulés, sur lequel on distingue de gauche à droite : 1° Pallas debout casquée, tournée à gauche, tenant un bouclier dans sa main gauche ; 2" un poisson et au-dessous un chien ; 3° une femme tournée à droite portant la main droite a sa coiffure ; 4° un grand ornement composé de lacets et de feuillages en forme de faisceau ; 5° répétition de la figure de Pallas ; 6° un animal (incomplet), au-dessous un chien. La bordure supérieure est une

(12) Un fragment d'un vase en tous points identique m'a été remis par M. R. Vautier, qui l'a recueilli en 1928, rue du CommandantLetellier, à Evreux.


LE ViEIL-EVRÈUX 115

frise d'oyes uniformes el celle du bas faite de feuillages disposés en arête de poisson (13).

Plusieurs fragments de poterie commune présentent un décor formé de zones ondulées faites avec un peigne à sept dents.

Une petite coupe en poterie rouge, dont le marli est décoré de feuilles de lierre, contenait un grand bronze de Donatien, tête radiée à droite. R. la Fortune.

Parmi les nombreux tessons de poteries, examinés cependant minutieusement, je n'ai trouvé que peu de noms de potiers.

La seule marque complète sur fond de coupe rouge donne MARIIA (les deux premières lettres liées) (flg. 9), que notre éminent président, le Docteur Doranlo, classe comme une forme de Martialis, dont un exemplaire identique au mien fut trouvé à Autun (Collection Bulliot). Les autres marques sont incomplètes ; ce sont ...NR... ILT en deux, lignes sur un petit fragment rouge (fig. 13), considéré par M. Doranlo comme une marque arétine inédite, et LASi...A sur fond de plateau rouge (fig. 18) qu'il croit pouvoir restituer LASTVOSM, forme de Laslucissa, marque provenant d'un centre arverne.

Les tuiles et briques de liaison étaient en nombre considérable et de provenances très diverses.

Contrairement aux observations faites par Rêver, qui avait remarqué que les tuiles et corniches des thermes portaient le chiffre VI, je n'ai rien observé d'analogue.

Bien que faite ailleurs que dans mes propres fouilles il n'est ipas inutile d'indiquer ici une curieuse marque. Curieuse, non seulement par son intérêt, mais aussi par l'épisode de sa découverte.

Dans des décombres, à cent mètres au sud des thermes, j'ai recueilli en 1914 une grosse anse d'amphore portant sur deux lignes l'inscription LISILV-ESTRI. Cette même marque existe au musée de Metz : LISILvESTRI.

Notre collègue, M. R. Vautier, a trouvé l'autre anse de

(13) Détail curieux : les fragments de ce vase ont été trouvés dispersés, éloignés les uns des autres sur une étendue de huit mètres de long.


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la même amphore deux ans après, en 1916, dans les décombres des thermes, c'est-à-dire à plus de cent mètres de l'endroit où j'avais trouvé la première. L'identité est facile à vérifier car à chaque anse tenait une partie du col qui se trouve ainsi complet.

Cette seconde anse porte FSCIM-NIANI aussi sur deux lignes. D'après M. Doranlo c'est un nom de lieu, probablement la ville où exerçait Silvester. Cette marque existe au musée de Wiesbaden avec O final FSCIM-NIANO.

Les deux cachets du Vieil-Evreux sont placés tête-bêche, par rapport l'un à l'autre, au sommet des anses (14).

(Grandeur exacte)

Ils ont été inexactement reproduits par M. L. Coutil dans son Archéologie de l'arrondissement d'Evreux. Le dessin que j'en donne est beaucoup plus fidèle. Remarquer la forme des lettres qui est tout à fait différente du dessin de M. Coutil.

OBJETS DE PARURE

Parmi les objets de parure ce sont les fibules qui sont les plus nombreuses.

J'en ai recueilli huit, dont une en fer ; les autres sont en bronze (fig. 1, 4, 7, 8, 10).

La plus curieuse en bronze argenté (fig. 4) présente en haut un petit bourrelet, au-dessous un disque concave au bas duquel descendent une tige droite centrale et deux branches recourbées à gauche et à droite qui rejoignent la tige centrale à 0.006 du bout.

L'épingle, ou ardillon, sans ressort, est rivée en fer ; elle est plate au début pour s'arrondir graduellement vers

(14) M. R. VAUTIER a bien voulu se dessaisir de sa trouvaille, afin que je possède la pièce complète. Je lui en exprime toute ma reconnaissance.


LE VIEIL-EVREUX 117

la pointe arrêtée dans un petit crochet placé sous l'extrême base de la fibule. Longueur 0.032, largeur max. 0.013.

Parmi les autres objets de parure on peut citer une boucle en bronze et fer (fig. 17), un double bouton en bronze, des anneaux de bronze, une perle en pâte de verre couleur vert bleu, des épingles et aiguilles en os (fig. 15, 16) ainsi que des boutons de cette même matière (15).

VERRERIE

J'ai trouvé un certain nombre de fragments de verre à vitre, dépolis d'un côté, ce qui montre qu'ils étaient coulés sur une surface rugueuse ou sablée. Le dépolissage pouvait avoir aussi un but utile, car j'ai plusieurs morceaux qui portent encore du côté dépoli une couche de mortier. Si ceci n'est pas un effet du hasard ces verres auraient pu ainsi participer à une sorte d'incrustation décorant soit les parois murales ou toute autre partie d'un édifice.

Comme Rêver l'avait remarqué, j'ai pu distinguer que les feuilles de verre étaient, au moment de 'la fusion, étendues avec une sorte de pince dont l'empreinte est restée sur le bord des plaques. Un débris porte un trou rond de 0,008 de diamètre fait lors de la fusion.

Je trouvai une assez grande quantité d'éclats de verre de toutes sortes, débris de bouteilles, coupes, vases, etc..

Certains de ces éclats sont d'une extrême finesse ; quelques-uns ont l'épaisseur d'une feuille de papier.

Ce verre ne le cède en rien à nos verres modernes ; il est aussi régulier comme épaisseur et transparence.

Les éclats recueillis doivent être de composition diffétes, car les irrisations sont très variées, même sur les échantillons découverts dans un même terrain.

Le seul fragment de verre coloré est de couleur brun jaune.

A signaler des jetons de jeu, ou latrunculi, hémisphériques, en pâte de verre et un lingot de verre de 0.05 de long et 0.016 sur les autres faces ; ce lingot semble avoir été

(15) Ces boutons faits au tour, sans trou, peuvent aussi bien être des jetons de jeu ou de compte.


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roulé en bourrelet lors de la fusion et pétri pour l'aplatir des quatre côtés comme une règle afin de lui donner sa forme ; c'est peut-être aussi un tronçon d'anse de grosse bouteille.

OBJETS EN FER

L'oxydation des objets de fer a atteint dans ce terrain un degré considérable, aussi sont-ils devenus très cassants. Certains, surtout les clous, ne sont plus qu'un bloc de rouille informe dont l'intérieur est devenu creux, phénomène qui ne peut s'expliquer que par leur grande oxydation.

Ce sont des clous forgés à grosse tête trouvés en nombre important qui sont les objets de fer les plus communs.

Parmi les autres objets possibles à identifer il faut citer :

1° un anneau de conduite d'eau ;

2° une pointe de flèche, dont la douille est formée par le ployage du métal sans que les bords se joignent. Long. 0.072 (fig. 34) ;

3° un petit anneau ;

4° une clef coudée (long. 0.140), le bout formant anneau ; (fig. 22).

5° une clef (long. 0.080), dont le bout est retourné perpendiculairement au panneton pour former anneau (fig. 21);

6° une clef (long. 0.130) coudée deux fois : une première fois perpendiculairement à l'anneau du bout et une deuxième fois trois centimètres plus loin horizontalement (fig. 20) ;

7° un crochet (long. 0.105) à manche très gros et très lourd (fig. 25) ;

8° une sorte de petit fauchard, long, totale 0.145, soie 0.045, (fig. 24) ;

9° une sorte de lance, ou sabot à emmanchement à douille et à patte ;

10° boulon (?) avec tête à chaque bout : une grosse et l'autre beaucoup plus petite.

OBJETS DIVERS

1. Fragment d'une feuille de chêne en argent, découpée et repoussée. Epaisseur et dimensions d'une feuille naturelle ; pourrait provenir d'une couronne civique (fig. 5) ;




LE VIEIL-EVREUX 121

2. Petite sonnette en bronze (diam. 0.037) de la forme d'un timbre de pendule (fig. 6) ;

3. Contre-poids de statera (oequipondium) en bronze, rempli de plomb, de la forme d'un gland, avec une petite anse (haut. 0.028) (fig. 19) ;

4. Petite poulie (orbiculus) en bronze, portant une rainure extérieure (fig. 3) ;

5. Fragment d'un manche ou d'un mors en corne de cerf (long. 0.088) portant une encoche de 0.025 (fig. 23) ;

6. Bouton en bronze semblable à celui d'un tiroir de meuble, à tige intérieure en fer (fig. 14) ;

7. Angle d'une plaque de bronze percée d'un trou rond ;

8. Grande meule en pierre meulière ;

9. Fragment de bronze (épaisseur 0.003 à 0.006) portant un trou rectangulaire ; pourrait provenir d'une statue.

REJETS DE CUISINE

Les rejets de cuisine sont abondants et accompagnés généralement de débris de charbon de bois. Les débris organiques les plus communs après les os, sont les coquilles de moules et d'huîtres de grande dimension qu'on trouve toujours dans les établissements romains. Dans certaines couches les moules et les huîtres ont fait place à des amas de coquilles d'escargots de jardin. On peut supposer que ces derniers vestiges proviennent des repas des familles pauvres n'ayant pas les moyens d'obtenir des huîtres et moules, qu'on faisait venir à grands frais, ni de se procurer les escargots de garenne, dont parle Pline, élevés dans les escargotières et nourris avec du vin cuit et de la farine de blé (16).

On a trouvé aussi quelques autres coquilles marines, mais en très petit nombre.

MONNAIES

Contrairement aux observations faites dans les autres fouilles du Vieil-Evreux, la plupart des monnaies impériales sont assez bien conservées ; quelques-unes sont même

(16) Pline, 9-56.


122 H. LAMIRAY

très belles de conservation et de patine. Entre autres on peut citer un magnifique moyen bronze à l'effigie de Néron avec le Macellum (17) au revers, d'une conservation parfaite et d'un très beau style.

Une monnaie coloniale d'Auguste (moyen bronze) frappée à Lyon, en fer et fourrée. Bien que ce cas soit fort rare il n'est pas unique ; M. Dieudonné, Conservateur du Cabinet des Médailles, m'a signalé que des monnaies de bronze de Lugdunum s'étaient déjà rencontrées avec âme de fer. Le fer étant un métal de moindre valeur que le bronze, les monnayeurs y trouvaient leur compte aux dépens du public et peut-être de l'Etat.

La plus ancienne impériale est d'Auguste et la plus récente de Constantin 1".

TABLEAU DES MONNAIES

GAULOISES k Indéterminées 1

EN BRONZE'Aulerques Eburovices 1

IMPÉRIALES ROMAINES G B j M B PB

Auguste 2

Tibère 1

Néron 1

Donatien 2

Trajan 1

Antonin le Pieux 1

Marc Aurèle 1 2

Faustine jeune 1

Postume 1

Tétricus père 2

Tétricus fils 1

Claude II, le Gothique 1

Constantin 1er 1

Coloniale coupée 1

2 13 5

DENIERS OBOLES

FRANÇAISE. Philippe 1" i

FÉODALE (Chartres) Thibaut le Tricheur \

(17) Le Macellum était la halle aux comestibles à Home.


LE VIEIL-EVREUX 123

MONNAIE D'EKTA CHEF EBUROVICE

La trouvaille la plus curieuse que j'aie faite, nous intéresse au double point de vue numismatique et local.

Dans une couche d'argile, rapportée en surface, contenant de nombreux ossements humains (18), au-dessus de gisements du Haut-Empire, j'ai trouvé, à environ 0.30 de profondeur,. une monnaie gauloise des Aulerques-Eburovices, coulée, en bronze, de très belle conservation, qu'on peut décrire ainsi.

Profil à droite, les cheveux bouclés maintenus par un bandeau, légende se lisant extérieurement EKTA EBURO.

#. Sanglier-enseigne, à gauche, les soies hérissées, posé sur une hampe en forme d'arc ; en avant spirale, dont l'extrémité extérieure se prolonge devant la hure du sanglier ; légende en haut AVLIRC..II, en bas EBVROVIC (um) (19).

D'après M. de la Tour, le regretté conservateur du Cabinet des Médailles de la Bibliothèque nationale, à qui.j'avais soumis ma découverte, cette monnaie est exceptionnelle, aussi bien par le style de la légende et des types, (notamment de la chevelure) que par la répétition du même 'ethnique EBVROVIC (um) (20).

Où l'artiste s'est-il inspiré ? Des derniers romains de la République comme tant d'autres ? Cela n'est pas vraisemblable malgré la finesse et le stj'le.

Nous sommes bien en présence d'une conception franchement gauloise par le symbole du Sus-gallicus ou enseigne, et c'est même un des plus beaux spécimens parmi les monnaies connues portant cet emblème, avec celui d'ANDECOMBO (rius), chef des Rémi, au revers d'une

(18) J'ai remarqué là les débris de cinq crânes humains écrasés. Près de l'un d'eux fut découvert un grand bronze de Marc-Aurèle vieux, lauré à droite.

(19) Voir le n° 7.049 du Cabinet des Médailles, où l'on peut lire ,1a légende entière.

(20)' Ou EBUROVIC (on) variable en celtique.


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monnaie d'argent et placé sous le cheval passant à gauche (n° 6342 du Cabinet des Médailles).

(Grandeur exacte)

EKTA ■— nom d'homme, inconnu jusqu'alors, qui ne peut être que celui d'un chef. On peut le rapprocher de deux pièces connues attribuées, d'après la facture, aux Ambiani (Amiens) sur lesquelles on Ht ECOA (21). Ce sont les nos 8469 et 8470 du Cabinet des Médailles. La seconde a été trouvée à Maubeuge. L'attribution de ces monnaies aux Ambiani n'a rien de certain.

EBVRO — est mis pour EBVROVICVM d'après les textes déjà connus.

AVLIRC... II — au revers, au-dessus du sanglier doit être complété ainsi : AVLIRCO. IIC, car c'est ainsi qu'on peut distinctement le lire sur un autre exemplaire de cette monnaie que j'ai acquis l'an dernier et provenant de la collection de M. Ernest Guillemare. Il avait été trouvé rue Del'homme, à Evreux, en 1850, et recueilli avec d'autres monnaies gauloises de même provenance par Alph. Chassant.

M. A. Changarnier, possédait dans sa collection un troisième exemplaire très fruste de cette monnaie et dont la légende était peu lisible.

EBVROVIC — au-dessous du sanglier est d'une lecture incontestable. Les lettres sont fort nettes et le mot ne comportait pas d'autres lettres finales. "

Le sanglier-enseigne se retrouve sur un grand nombre de tj^es monétaires gaulois, entre autres sur ceux des Eburovices. Le support en forme d'arc est le haut de la hampe de l'enseigne qu'on distingue très nettement dans la défaite des Gaulois sur l'arc de triomphe d'Orange, où l'on voit leurs enseignes avec le sanglier emblématique surmontant la hampe ; c'est le Sus-Gallicus des auteurs. L'intérêt local de cette monnaie réside dans le nom du

(21) La thêta grec doit se prononcer S. en celtique.


LE VIEÎL^EVREUX 125

chef Ekta, ignoré par l'histoire, et qui est sûrement un chef éburovice, puisqu'il est associé aux noms de la peuplade AVLIRCO EBVROVIC. C'est même l'exemplaire le plus complet que l'on connaisse parmi toute la série des monnaies gauloises.

César ne cite, comme chef des Ehurovices que Camulogène (22), et par les monnaies nous connaissons déjà le chef Pixtilas, que les uns attribuent aux Eburovices, d'au-, très aux Carnutes, sans qu'on puisse préciser avec certitude (23).

MOYEN-AGE

En suivant une couche de gisements romains, de 0 m. 80 à 1 m. d'épaisseur moyenne, je me suis trouvé tout à coup en présence d'une excavation profonde de deux mètres, creusée au moyen-âge (Xe ou XIe siècles) et comblée avec des décombres de cette époque accompagnés de quelques rares vestiges romains. Cela n'a rien de surprenant, car Rêver dit avoir trouvé les restes d'un château du moyen-âge au-dessus du palais romain à l'endroit marqué 15 de son plan général, 3° partie. Cet emplacement se trouve être sur la partie sud de la Basilique. Les fouilles que j'ai faites étaient dans la partie nord.

J'ai pu déterminer l'époque de cette excavation par la découverte que je fis tout au fond d'un denier de cuivre argenté (24) de Philippe I", roi de France, (1060-1108) frappé à Dreux, qu'on peut décrire ainsi :

(22) Le nom de Camulogène n'est pas connu sur les monnaies des Eburovices. Cependant une monnaie d'or des Arverni porte CAMVLO.

(23) Différentes monnaies de Pixtilos ont été découvertes à Evreux même, et aux environs immédiats. J'en possède une trouvée rue Saint-Louis, qui correspond au n" 7081 du Cabinet des Médailles. M. Ernest Guillemare en possédait deux, recueillies par feu A. Chassant vers 1858, l'une semblable au n° 7058, a été trouvée rue Del'- homme, et une autre, conforme au n° 7090, provient de la Vieille route de Paris. Trois autres, identiques à cette dernière, furent trouvées ensemble à Fauville. L'une d'elles, recueillie par Chassant, passa dans la collection Guillemare. Elle est actuellement en ma possession ainsi que toutes celles de la collection Guillemare. J'ai acquis l'an dernier une autre monnaie de Pixtilos n° 7070 trouvée à Thomer.

(2) Ce dernier devrait être en bas argent. Le fait que le mien est en cuivre argenté indiquerait que nous sommes en présence d'un faux de l'époque.


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Avers : Edifice à étage présentant en bas trois fenêtres indiquées par trois boules sur trois tiges. En haut une fenêtre figurée de même. Le toit pointu est surmonté d'une croix dont chaque branche est terminée par une boule ; légende FILIPHS REX-I — T$ Croix cantonnée de deux C ; légende DRVCAS CASTA.

Voisinant avec cette monnaie, sur la couche d'argile naturelle, j'ai trouvé deux lampes de terre d'une forme tout à fait particulière (fig. 30 et 31). Ce sont de petits récipients à bec, dont la base est terminée par un prolongement en forme de tenon ou pointe. Ces lampes étaient certainement destinées à être placées soit sur un support en bois creusé, soit dans la terre ou sur l'orifice d'un vase à col étroit, un flacon en terre par exemple, car leur appendice les empêche tout à fait de tenir debout ; hauteur 0 m. 045, diamètre 0 m. 050 à 0 m. 055, longueur du tenon 0 m. 024. L'une a le bec très bien formé, à l'autre il est plus grossier et à peine indiqué. Elles ont dû faire un long usage car elles portent encore les traces noircies de la substance grasse qui y fut brûlée.

Ces lampes sont presque identiques à un vase trouvé à Dreux dans un tombeau, que A. Marquis pensait remonter au temps d'un des successeurs de Clovis (25). La découverte de la monnaie de Philippe Ier, qui accompagnait celles du Vieil-Evreux, démontre qu'elles sont beaucoup plus récentes. A part les monnaies, la plupart des objets métalliques trouvés dans l'excavation sont en fer ; parmi ceux-ci on peut citer un certain nombre de couteaux ou petits scramasaxes (26).

Près de cette cavité, et plus en surface, se trouvait un foyer, ou fond de cabane, de la même époque, d'environ 2 m. 50 de diamètre.

Pour établir ce foyer on avait choisi un endroit, qui, par la quantité de décombres de grande construction, ne pouvait contenir aucune humidité ; aucune terre n'existant parmi

(25) A. MARQUIS. Notice sur quelques antiquités trouvées à Dreux.

(26) Dimensions du plus grand : longueurs : totale 0ra225, de la lame 0.145, de la soie 0.055, de l'emplacement de la virole 0.025; largueurs : de la lame (max) 0.033, à la virole 0.025, de la soie 0.010.


LÉ VIËIL-EVREUX 127

ces décombres cela facilitait l'écoulement des eaux. Là dessus avait été placée une aire d'argile de 0 m. 10 d'épaisseur.

La date approximative de cette habitation nous est donnée par la découverte d'une obole dont la face nous montre le si énigmatique profil, dit du type chinonais ou blésochartrain, que l'on pense être une dégénérescence du profil des monnaies carolingiennes de Tours (27). Au revers est figurée une croix au centre, avec légende CARTIS CIVITAS. Avec cette monnaie (28) j'ai trouvé un éperon en fer à pointe carrée p3'ramidale (fig. 26) et une tète d'épingle en potm. A proximité je trouvai deux pointes de flèches en fer à douille, dont une à un seul aileron (fig. 32, 33), une clef creuse à anneau rond dont le canon est formé par le métal replié (fig. 29), une grande boucle en fer (fig. 28), une rondelle de plomb percée de deux trous (fig. 27) semble être un peson de pêcheur ou de tisserand.

Dans l'excavation et le foyer il y avait une grande quantité de poteries communes méritant quelque description. La plupart des vases sont faits d'une terre contenant des fragments de mica et de quartz. Ils ont par conséquent une vague ressemblance avec certaines poteries gallo-romaines, si l'on ne tient compte que de la matière ; car en examinant les formes et la technique de fabrication on voit bien vite qu'on est en présence d'une céramique totalement différente.

Tous les vases sont dépourvus de pied. La base n'est jamais complètement plate mais assez irrégulièrement renflée de manière que le récipient, lorsqu'il est debout, se trouve comme placé sur un pivot et ne peut se présenter verticalement. Le fond est la seule partie qui ne soit jamais faite au tour. Il est pétri à la main après le tournage de l'ensemble.

La forme générale est celle d'une sphère à base aplatie, le col est haut et vertical et souvent bien mouluré ; mais l'aspect est lourd et peu élégant. Ils sont exactement de la même forme que ceux que j'ai recueillis rue Grande, n° 78, à Evreux, en mai 1911 et dont M. L. Coutil a donné une des(27)

des(27) Nouveau manuel complet de Numismatique du Moyen-Age et Moderne.

(28) La monnaie était exactement entre les branches de l'éperon.


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cription succincte et erronée dans une communication faite à la Société libre de l'Eure en 1912 (29).

J'ai recueilli aussi le fond d'un vase semblable dans la cour du Palais Episcopal d'Evreux, en novembre 1924, dans des tranchées destinée au gaz et à l'électricité.

La teinte de ces poteries est souvent fort irrégulière ; ainsi j'ai un grand vase sur lequel on peut voir des parties jaunes, oranges, grises, cendrées, bronzées, noires et dont l'intérieur est uniformément jaune clair, comme du reste l'intérieur de la plupart des autres vases.

Ce récipient, aux teintes si variées, porte à l'extérieur trois bandes verticales en relief, larges de 0,015 en moyenne, partant au-dessous du col pour se terminer avant d'arriver à la base du vase. Ces bandes sont formées par un boudin d'argile appliqué après l'opération du tournage mais avant la dessication, et aplati avec le doigt, ou un instrument, de façon à former, sur toute la longueur de la bande, des compartiments côtelés de dimensions et de reliefs variables. Parfois la bande fut si fortement pressée contre la paroi qu'elle l'a fait renfler intérieurement en une sorte de mamelon (30).

Les vases portant un semblable décor sont assez nombreux.

Certaines cruches ont un bec et une anse très plate de six centimètres (0.06) de large sur huit millimètres (0.008) d'épaisseur. Le dessus de l'anse est orné de la même bande côtelée partant du bord du col pour suivre l'anse dans sa longueur et se prolonger sur la panse de la cruche.

Quelques tessons de poteries de teintes variées, jaune et rose gris présentent des peintures en rouge vif. Ce sont, soit de simples lignes verticales, comme des bavures, ou parfois des points ; un col de vase est orné d'une espèce de feuille.

(29) Recueil des travaux de la Société libre de l'Eure. Année 1912, 'p. 51. — Le dessin de M. Coutil accompagnant sa communication ne

peut donner aucune idée de la forme de ces poteries, car c'est un autre vase, de forme différente, trouvé aux Andelys en 1908, qu'il a figuré. De plus, ce même cliché du vase trouvé aux Andelys figure dans l'Archéologie de l'arrondissement d'Evreux, par le même auteur (p. 330), comme trouvé à Rugles en 1921. Cela se passe de commentaires.

(30) Diamètre de ce vase 0ra230, hauteur 0ra240.


LE VIEIL-EVREUX 129

Aux alentours du foyer j'ai recueilli une plaquette en bronze avec trou central triangulaire (fig. 11). Le bord, sur trois côtés, est dentelé et replié en dessous. C'est la garniture de l'extrémité d'une ceinture de cuir. Le trou triangulaire recevait un ardillon. Cette plaque est décorée de deux p.oissons gravés disposés tête-bêche de chaque côté du trou.

Au-dessous du foyer, parmi les nombreux débris de de pierre, il s'en est trouvé un sculpté d'un ornement de feuillage (fig. 35), il est peut-être d'époque gallo-romaine. Dans la même couche j'ai récolté un fragment de pierre à aiguiser de couleur vert bleu contenant des parcelles de mica.

Doit-on faire un rapprochement des vestiges trouvés par Rêver et de ceux que j'ai exhumés, avec le château de Richard, comte d'Evreux au XP siècle, fils de Robert, archevêque de Rouen, premier comte d'Evreux ?

Richard, qui avait participé à la conquête de l'Angleterre, aurait en effet employé les grandes richesses que lui avait donné Guillaume le Conquérant à enrichir les églises, à fonder l'abbaye de Saint-Sauveur d'Evreux et à restaurer celle de Saint-Taurin, à embellir un château au Vieil-Evreux où il résidait fréquemment (31).

Il m'a paru intéressant de noter ces vestiges carolingiens dans un pays réputé pour ses gisements gallo-romains.

(31) MASSON DE SAINT AMAND. Essais historiques et anecdotiques sur l'ancien Comté d'Evreux. Evreux, Ancelle, 1813, p. 47.



RESULTAT DES FOUILLES GALLO-ROMAINES

EFFECTUÉES AU CAMP DE VERNONNET

Commune de Vernon (Eure)

PAR

HENRI GADEAU DE KERVILLE

et ALPHONSE-GEORGES POULAIN W

SECONDE ET DERNIERE PARTIE

(AVEC TROIS FIGORBS DANS LE TEXTE)

La première partie de ce mémoire contient le résultat de nos fouilles effectuées dans les ruines de bâtiments qui composaient, à notre avis, une exploitation agricole galloromaine ou villa agraria.

Au camp de Vernonnet, nous avions constaté l'existence de onze bâtiments situés à une petite distance les uns des autres et pratiqué des fouilles méthodiques dans neuf d'entre eux, complètement en ruines, indiqués par les lettres A, B. C, E, F, G, H, I et J, sur le plan C du mémoire en question. Deux restaient à fouiller : les bâtiments D et K de ce plan, travail que nous avons fait au mois de mai 1928.

En voici le résultat : „

(1) Henri GADEAU DE KERVILLE et Alphonse-Georges POULAIN. — Résultai des fouilles gallo-romaines effectuées au camp de Vernonnet, commune de Vernon (Eure), première partie, avec trois plans, cinq planches en photocollographie et deux figures dans le texte, dans le Bull, de la Soc. normande d'Études préhistoriques, ann. 1925-1926, p. 107, plans A, B et C. et pi. VII-XI ; tirés à part, Rouen, imprim. Lecerf fils, 1928 (même pagination que celle du Bull.).

(1) Note présentée à l'a séance du 25 novembre 1928.


132 H. GADEAU DE KER VILLE ET A.-G. POULAIN

BATIMENT D. PARTIE INFÉRIEURE.

Dimensions (D de l'intérieur : longueur des murs nordsud, 6 mètres 10 ; longueur des murs ouest-est, 4 m. 35 ; superficie, 26 m. 54.

Murs d'une épaisseur moyenne de 0 m. 60, composés, comme ceux de tous les autres bâtiments de cette villa agraria, de silex et de moellons non taillés, reliés simplement par du mortier d'argile. Dans ce bâtiment, les silex étaient en très grande majorité.

Nous avons trouvé des fragments de l'enduit, composé d'une couche de mortier et d'une très mince couche de plâtre dont certaines parties avaient été peintes aux ocres rouge et jaune, enduit qui recouvrait les murs à l'intérieur du bâtiment.

Quant à la porte, sa place n'a pu être déterminée. Il est bien probable qu'elle était, comme celle d'autres bâtiments précédemment fouillés, dans la partie médiane du mur dont la face externe était orientée à l'est.

Nous n'avons pas vu de traces de pavage.

PARTIE SUPÉRIEURE.

Murs d'une hauteur inévaluable, qui, d'après la quantité d'argile trouvée dans les déblais, devaient être en bauge, comme ceux de tous les autres bâtiments. Charpente en bois dont il ne pouvait rester de traces. Ses parties constituantes étaient assemblées par des clous en fer forgé, à tête plate et à section carrée, de différentes tailles, dont onze, de dimensions variées, sont représentés de grandeur naturelle dans la première partie de ce mémoire (pi. VIII et pi. IX, fig. 1). Toiture formée de tuiles romaines, les unes à rebords, les autres à recouvrement (tuiles faîtières) ; les premières étant, en partie, fixées à la charpente au moyen de clous en fer forgé.

(1) Pour tous les bâtiments, les dimensions sont indiquées en centimètres, mais il ne faut pas les considérer comme rigoureusement exactes. Il en est de même de l'orientation des murs.


FOUILLES GALLO-ROMAINES AU CAMP DE VERNONNET (EURE) 133

OBJETS RÉCOLTÉS OBJETS EN PIERRE.

Au cours de nos fouilles de ce bâtiment, nous avons fait une trouvaille inattendue, étant donnée la simplicité de sa construction. Nos ouvriers ont mis au jour deux parties basilaires de colonnes se ressemblant beaucoup et des fragments d'un chapiteau.

Ces deux parties basilaires, qui reposaient sur le sol naturel et dont les dimensions sont presque les mêmes, se composent d'un socle en pierre dure (craie sénonienne de l'endroit) de forme rectangulaire, simplement équarri, supportant la base, ornée de moulures lisses, d'un fût de colonne. Les fûts et le chapiteau sont en pierre tendre (vergelé), qui est un calcaire éocène.

Le plus grand socle présente les dimensions approximatives suivantes : longueur, 0 m. 80 ; largeur, 0 m. 75 ; hauteur, 0 m. 30. La circonférence maxima de la base du fût de la colonne est de 1 m. 70, soit un diamètre de 0 m. 54. L'un de nous (P.) en a fait un lavis (fig. 1).

Fig. 1

Le moins grand socle présente les dimensions approximatives suivantes : longueur, 0 m. 70 ; largeur, 0 m. 60 ; hauteur, 0 m. 25. La circonférence maxima de. la base du fût de la colonne est de 1 m. 60, soit un diamètre de 0 m. 51.


134 H. GADEAU DE KERVILLE ET A.-G. POULAIN

Quant au chapiteau, l'un de nous (P.) en a réuni les trois fragments qui lui ont permis d'en dessiner une partie (fig. 2).

De plus, après un examen attentif, il a constaté que les deux fûts de colonne n'étaient pas cylindriques, mais tronconiques, leur diamètre allant en diminuant vers le chapiteau, et il a tenté la reconstitution d'une colonne (fig. 3).


FOUILLES GALLO-ROMAINES AU CAMP DE VERNONNET (EURE) 135

Au cours des fouilles, nous avons eu le soin de repérer, au moyen de piquets, le point exact où se trouvaient ces deux socles supportant chacun une base de colonne, ce qui nous permet de dire que le moins grand était au centre du bâtiment, et l'autre dans l'axe du mur orienté nord-sud, avec sa face externe tournée vers l'ouest, et dans la partie médiane de ce mur.

Il reste maintenant à élucider cette double question : D'où proviennent ces fragments de colonnes et que sont devenus les autres qui les constituaient ?

Evidemment, ces colonnes ornementales n'ont pas été faites pour les vulgaires bâtiments de cette villa agraria. Elles doivent provenir de quelque temple romain saccagé on de quelque somptueuse villa détruite, d'où elles furent transportées, pour l'embellir, à la villa agraria. Relativement à l'endroit où se trouvait cet édifice, nous ne pouvons donner la moindre indication.

Quant aux autres parties qui les formaient, elles auront été enlevées quand les bâtiments de la villa agraria tombèrent peu à peu en ruines, à moins qu'eues ne soient encore dans le sol avoisinant.

En fouillant antérieurement le bâtiment A, nous avions trouvé une partie du fût d'un pilastre demi-circulaire, avec sa base ornée de moulures lisses, le tout d'une hauteur de 1 m. 06, fragment que reproduit la figure 28 (p. 113) de la première partie de ce mémoire. Il est vraisemblable que ce pilastre provenait aussi de l'édifice dont il est question ci-avant.

Ajoutons que îles deux socles, les bases des deux colonnes et les fragments du chapiteau, trouvés dans le bâtiment D, ont été déposés par nos soins à la Tour des Archives de Vernon.

OBJETS EN FER FORGÉ.

Un petit nombre de clous à tête plate et à section carrée.

CÉRAMIQUE.

Un fragment de poterie de Lezoux sans ornements et de nombreux morceaux de poteries communes dont deux anses de vases.


136 H. GADEAU DE KERVILLE ET A.-G. POULAIN

MONNAIES.

Une pièce gauloise communiquée à l'éminent numismate, M. Adrien Blanchet, membre de l'Institut de France, qui a eu l'obligeance d'écrire ce qui suit à l'un de nous (G. K.) :

« Il me semble bien que la pièce doit appartenir aux Carnutes ou aux Eburovices. Je crois y trouver les traces d'un oiseau ; mais le métal est tellement rongé que je ne pense même pas pouvoir espérer quelque chose de sûr en nettoyant la pièce. Je ne le ferai donc pas ».

OBJETS VARIÉS.

Nombreux fragments de tuiles romaines, des coquilles d'huîtres et de moules et une vertèbre que notre savant ami Raoul Fortin a déterminée comme étant une vertèbre cervicale d'un jeune Boeuf de petite taille.

BATIMENT K. OBJETS VARIÉS.

Les dimensions de l'intérieur de ce bâtiment peu important et l'épaisseur moyenne des murs n'ont pu être mesurées, parce que nous n'avons trouvé qu'une petite partie de ces derniers, qui étaient composés de silex et de peu de moellons non taillés, reliés simplement par du mortier d'argile.

La place de la porte n'a pu être déterminée.

Nous n'avons pas vu de traces de pavage, ni d'enduit à la surface interne des murs.

PARTIE SUPÉRIEURE. Mêmes renseignements que pour le bâtiment D.

OBJETS RÉCOLTÉS.

Quelques clous en fer forgé ; des fragments de poteries communes parmi lesquels ceux d'un grand vase, et beaucoup de morceaux de tuiles romaines.


FOUILLES GALLO-ROMAINES AU CAMP DE VERNONNET (EURE) 137

CONCLUSION.

Le résultat de nos fouilles des deux, derniers bâtiments (D et K) s'accorde parfaitement avec celui des neuf autres. Notre conclusion reste donc celle que nous avons donnée à la fin de la première partie de ce mémoire. D'après nos recherches, il y avait à l'époque gallo-romaine, dans la partie centrale du camp de Vernonnet, une exploitation agricole, une villa agraria composée de onze bâtiments qui, d'après le double témoignage des monnaies et des fragments de poterie de Lezoux, furent construits au premier siècle de l'ère chrétienne ou dans la première moitié du deuxième, et tombèrent peu à peu en ruines au cours de la seconde moitié de ce siècle.

Grâce aux fouilles en question une page est ajoutée à l'histoire de la commune de Vernon.



LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXOVII

par le Docteur R. DORANLO (*)

En préparant, l'année dernière, un travail sur l'Epigraphie antique de la Civitas des Lexovii (1), il m'a fallu aborder un certain nombre de difficultés et parmi celles-ci une surtout qui m'a arrêté longtemps : celle de préciser quel territoire exact il convenait d'attribuer à ces Lexovii.

Il est bien évident que si l'on se contente d'une localisation approximative et générale, il n'y a là matière à aucune controverse. Car il s'agit, cela va de soi, de cette province gallo-romaine dont Noviomagus était la capitale. Or, personne ne conteste que Noviomagus ne doive être identifié avec Lisieux, et il s'ensuit que les Lexovii occupaient les terres de l'ancien Lieuvin. Mais, ce résultat acquis, il restait encore et surtout à fixer les limites mêmes de cette circonscription, à déterminer les communes actuelles qui en jalonnent aujourd'hui le pourtour, et, au-delà de celui-ci, énumérer les peuplades limitrophes. Il est inutile d'insister sur les délicates recherches qu'il fallait entreprendre pour mezier à bien une semblable enquête. Disons seulement qu'il était tout d'abord indispensable de reprendre les textes antiques susceptibles de fournir les précisions topographiques nécessaires, ainsi que les commentaires émis, sur ces textes, par les géographes anciens et modernes, et ensuite examiner ce qui devait être conservé ou rejeté de leurs arguments et de leurs conclusions.

C'est le résultat de ce travail de mise au point que je voudrais exposer dans les pages qui vont suivre.

(*) Note présentée à la séance du 29 avril 1929. (1) Etudes Lexouiennes. III, 1928, p. 257-324.


140 D 1' R. DORANLO

I. — LES TEXTES a) Documents fournis par les Géographes de l'antiquité

Les Lexovii nous sont connus par César, Strabon, Pline et Ptolémée.

1° — CESAR (1" siècle av. J.-C.) les cite cinq l'ois :

« Veneti socios ad id hélium Osismos, Lexovios (var. : Lc.vobios). Namnetes, Ambiliatos, Morinos, Diablintes, Menapios adsciscunt » (De Bello gallico, III, 9). Ann. 56.

« Q. Titurium Sabinum legatum cuni legionibus tribus in Unellos, Curiosolitas Lexoviosque (var. : Lexobios) mittit, qui eam manum distinendam curet » (Ibid., III, 11).

« His paucis diebus Aulerci Eburovices Lexoviique, senatu suo interfecto, quod auctores bellï esse nolebant, portas clauserunt seque cum Viridovice cuniunxerunt ». {Ibid., III, 17).

« Caesar exercitum reduxit et in Aulercis Lexoviisque (var. : Lexobiis), reliquis item civitatibus, quae proxime bellum fecerant, in hibernis conlocavit » (III, 29).

« Galli imperant... Velocassis, Lexoviis (var. : Luxoviis, Lexouiis, Esuviis) et Aulercis Eburovibus, terna (millia) ; Rauracis et Bois, bina; X universis civitatibus quae Oceanum attingunt quaeque eorum consuetudine Armoricae appellantur, quo sunt in numéro Coriosolites, Redones, Ambibarii, Cadetes, Osismi, Veneti, Lexovii (var. : Lemovices), Unelli ». (Ibid. VII, 75) ann. 52.

L'auteur des Commentaires fait donc des Lexovii un peuple maritime et les range parmi les cités armoricaines.

Il nous faut en outre mentionner un renseignement d'ordre plus général mais de grande importance :

« Gallos... a Belgis Matrona et Sequana dividit » (Ibid., I, D2°

D2° (lrc moitié du 1er siècle) les mentionne deux fois :

'O 5" kpv.p krMyezai val ô Aoû/3iç h zk TOOTOV ÉJJ.|3K).),WV, erra xe'ÇevZTca y.ir.p: TOO 1YIY.OO.VU TTO~ttfj.ov, xâuTEÛQev rfai y.v-aoépezui et'ç rov ûy.iavov v.ai. -ovç Ar^o^iov y.où. Kcô.érovç, iv. TOUTWV elç xrtv B^ErrautxyîV 'E^ârrwv // yiu.etjy/moç Soôu.oç 'e<mv (lit, 1. 14).


LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXOVII 141

Uepi Se TOV SigxoKvay Trorau-ov Etat yjxi ol Uapimoi, VMB'OV EXOVTEO" ev T<û 7ro-a(«ô xat 7ro),tv AouxoroxtKv, YJÙ Ms'XSot y.at A»)Çoo{itot, nu.pav.w.vïTui oùrot (Ibld, A, 5).

Ajoutons enfin cette indication bien précise :

Kà).£T0t p.EZjOt TYÎ<7 £X|3O),ÏI; TOI; J.rty,oâ.w. TTOT«U.OÛ [Ibid, 5).

Il nous faut retenir, de ces citations, que le cours inférieur de la Seine était tenu par les Lexovii et les Calètes, peuples maritimes, et que le territoire de ces derniers avait pour limite l'embouchure de ce fleuve.

3°. — PLINE (2e moitié du 1" siècle) :

Lugdunensis Gallia habet Lexovios, Veliocasses, Galetos, Venetos, Abrincatuos, Ossismos, flumen c'iarum Ligerem (IV, 18).

Notons toutefois cette contradiction :

A Scalda ad Sequanam Belgica. A Sequana ad Garumnam Celtica eademque Lugdunensis (IV, 17).

Il en résulte que, au temps de Pline les Veliocasses et les Calètes avaient été incorporés à la Lyonnaise, dont dépendaient également les Lexovii (2).

4°. — PTOLEMEE (IIe siècle).

AvjÇouStwv (var. : AtHoupt'wv, AEtÇouptcov) Noiô'j.ayoç TTO)J.Ç. Kvlrjzca. wv Ttôïiç Iou).to|3ovK ' [J.E5'OUÇ ot Aï/?ov^3tot ' tira OÙEvëW.ot, u.sfT oiiç Bt§ovzà(rtoi mt *£).eur«tot o'i u.é-/.pi tov TU.ÇJ'MO'J 'av.poiT/jpiQv 'OULG'MOI WV no'hç Qvopyov(i, 8, 2-4).

Ces lignes nous indiquent que les Lexovii, voisins des Calètes avaient pour capitale Noiomagos (Noviomagus). Par erreur, toutefois elles donnent les Unelli comme limitrophes des Lexovii et placent les Viducasses au-delà des Unelli. Notons donc en passant qu'à l'époque où écrivait Ptolémée les Viducasses avaient rang de civitas. Quant aux Veliocasses ils n'avaient pas étendu leur domaine sur le Roumois, puisque ce sont les Calètes et non eux qui sont limitrophes des Lexovii de ce côté.

(2) Sans doute Pline s'est-il contenté de copier César. Mais au temps d'Auguste les divisions administratives nouvellement créées n'avaient pas respecté les limites anciennes et La Lyonnaise, qui s'étendait surtout sur la Celtique primitive, avait en outre incorporé ces deux cités belges.


142 Dr R. DORANLO

b) Documents anonymes

1° La Notitia Provinciarum (fin du IV siècle) mentionne parmi les cités de la Lugdunensis 11°, en lui donnant le sixième rang : « Civitas Lexoviorum ».

Il est remarquable, par contre de n'en pas trouver mention dans la Notitia Dignitatum (début du Ve siècle) (3).

2° Actes du Concile d'Orléans en 538 :

« Tbeodobaudus in Ghristi nomine ecclesiae Lixovi épiscopus ».

En 541 :

« Theodebaudo episcopo Lixivine (var. : Lixobinae civitatis) ».

En 549 :

« Theudobaudis episcopus ecclesiae Lixoviensis ».

Ces citations qui constituent les premières mentions d'un évêque de Lisieux-laissent à penser que ce diocèse était de création postérieure à ses voisins.

3° Borne milliaire de Frenouville (Calvados), découverte en 1804 :

IMP NERVAE TRAIANO DI

VI NERVAE F CAES AVG GER

P M TRIB POT P P COS II

N MP XXV

(Lambert, Epigraphie rom. dans le dé p. du Calvados, dans Mém. des antiq. de Norm., t. XXVIII, 1873, pi. I, n0 2).

Lambert propose, à la dernière ligne: N pour «NVMERO». L'abbé De La Rue (Essais hist. sur la ville de Caen, in-8, 1820, t. I, p. 47) préfère N pour NOVIOMAGO. De Caumont (Cours d'Antiq. monum., t. II, 1831, p. 100 et note 1) hésite entre ces deux solutions.

Mais M. M. Besnier ddnt la compétence en matière d'épi(3)

d'épi(3) doit en effet s'étonner qu'aucune garnison, à part Rouen, ne protégeait l'estuaire de la Seine. Le Chanoine Masselin avait très judicieusement pensé à situer dans ces parages l'emplacement de l'enigmatique Grannona (Cf. Bull. Soc. des Antiq. de Normandie, t. XXXII, 1917, p. 37-39). Avant lui, de Caumont (Cours d'antiquités monum. II, 1831, p. 82, note 1) et Féret (Mém. de la Soc. des Antiq. de Norm., III, 182fi, p. 45) avaient eu la même idée. Sur la question de Grannona cf. ma note dans le Bull, de la Soc. des Antiq. de Nnrm., XXXV, 1921-22-23, p. 546-564.


LES LIMITES DE LA GIVITAS DES LEXOVII 14JJ

graphie ne se discute pas et qui a bien voulu me donner son opinion sur ce point, ne peut voir dans cet N que l'initiale d'un nom de ville et dans cette ville que le chef-lieu d'une civitas. Cela résulte de constatations multiples et d'une tradition constante. On serait donc en droit de se demander si à un moment donné la limite des Lexovii n'a pas été portée auLddà de la Dives de façon à englober la région de Frenouville dans son territoire (4).

4° — Itinéraire d'Antonin.

Ce précieux document dont on est d'accord pour faire remonter les origines au règne d'Antonin-le-Pieux (138-161) nous donne le tracé d'une grande voie de communication qui réunissait la capitale des Calètes, Juliobona (Lillebohne) à Durocassis (Dreux), chez les Carnutes :

ITER A IVLIOBONA DVROCASSIS M. P. LXXVIII BREVJODVRVM M. P. XVII

NOVIOMAGO M. P. XVII

GONDATE M. P. XXIV

DVROCASSIS M. P. X

Nous relevons dans ce texte le nom de Breviodurum qu'on est aujourd'hui d'accord pour identifier avec Brionne et ensuite Noviomago que nous savons être Lisieux (5). Quant à Condate il correspond à une localité du territoire des Eburovices ; aujourd'hui : Condé-sur-Iton.

5° — Il nous faut encore tenir compte des inscriptions relevées sur 'les vases d'argent de Berthouville car ils nous fournissent la mention de l'ancien nom de cette localité.

DEO MERCVRIO KANETONESSI G PROPERT SECVNDVS V S L M

sur un plateau d'argent décoré sur le bord d'une zone circulaire représentant en relief des animaux et des masques. Dans le médaillon central se voit un cavalier attaqué par un lion et un loup.

(4) Cf. ci-après notre 48.

(5) Plutôt le site actuel de Lisieux que l'emplacement de l'agglomération découverte en 1770 par Hubert, à Saint-Désir et à Préd'Auge.


144 Dr R. DORANLO

DEO MERCV CANT DECIR LVPERCVS EX TEST PLAC DOCIRIGIS

sur une phiale ornée de rinceaux au gravé.

DEO MERC CAN DIIGIR LVRERCVS EX TEST PLAC DOCIRIGIS

sur une phia'le analogue à la précédente.

MERIO CANETO EPATICCVS D. S. D.

sur une patène ronde décorée de serpents et de fleurons incisés.

6° — Enfin II est indispensable de faire état de quelques légendes de monnaies gauloises qui constituent d'importants documents sur les origines de la civitas. Certaines n'offrent qu'une mention purement topographique comme :

LIXOVIATIS (6)

mais de plus intéressantes nous donnent les noms de personnages ayant vraisemblablement été investis de hautes magistratures :

CISIAMBOS CATTOS VERCOBRETO

sur des exemplaires recueillis à Lisieux même, à Berthouville, à Jort et à Vieux (7). Sur d'autres on lit :

MAVFENNOS ARCANTODAN

Le revers de ces monnaies porte invariablement :

S1MISSOS PVBLICOS LEXOVIO Une autre enfin porte :

CISIAMBOS... et au revers : ARCANTODA... (8)

(6) Cf. LA TOUR, Atlas des Monnaies Gauloises, 1892, in-4°, pi. XXVIII, n° 7.143. Un exemplaire de cette monnaie a été trouvé à Caudebecles-Elbeuf (Cf. Cochet, Repert archéol. de la Seine-Inf., 1871, in-4°, p. 324).

(7) LAMBERT, sur la Numism. gaul. du N.-O. de la France (Mém. Soc. des Antiq. de Norm., t. XIII, 1844, pi. IX, 2 ; IP partie, 18G4, p. 518) ; Muret et Chabouillet, Catal. des Monn. Gaul., Paris 1889, in-4°, n° 7165; A. Blanchet, Traité des Monn. Gaul., Paris, 1905, in-8°, t. 1", p. 320 note 3.

(8) LA TOUR, Atlas n° 716G.

/


LES LIMITES DE LA ClVITAS DES LEXOVII 145

Ces monnaies appartiennent évidemment à une époque relativement récente du monnayage gaulois, contemporaine peut-être des débuts du Haut-Empire (9). Elles nous font connaître les noms des vergobrets CATTOS et CISIAMBOS et d'un « arcantodan », magistrat sans doute préposé aux finances : MAVFENNOS (10). Elles indiquent en outre que, jusqu'à une période avancée de la domination romaine (peut-être jusqu'à l'Edit de Tibère), les Lexovii avaient conservé une partie de leurs prérogatives ancestrales en particulier le droit ou la liberté de frapper monnaie.

Ces quelques textes, dans leur regrettable concision, constituent tout ce que nous possédons de documents antiques pour reconstituer la topographie et l'histoire de la civitas des Lexovii. Et encore ne sont-ils pas en partie sujets à caution ? N'avons-nous pas constaté chez Ptolémée et chez Pline de graves contradictions ou de lourdes inexactitudes ? On ne peut donc les utiliser qu'avec circonspection et en les confrontant les uns avec les autres. Mais en définitive, ces précautions prises, ils suffisent à localiser de façon satisfaisante la peuplade dont nous avons entrepris l'étude. Son identification avec la région de Lisieux ne fait aucun doute et la superposition du Pagus Lisvinus du ix° siècle à l'ancienne ,« civitas Lexoviorum » du v* siècle ne peut prêter à aucune confusion. A son tour le Pagus carolingien a laissé jusqu'en 1789, au moins dans ses grandes lignes, ses limites à l'ancien Evêché-Comté de Lisieux. On serait donc en droit d'espérer que, d'une façon générale, la civitas primitive se localise dans les limites approximatives de l'ancien diocèse. On sait en effet qu'en nombre de cas, par exemple en ce qui concerne les Aulerci-Eburovices, cité limitrophe des Lexovii au Sud-Est, cette superposition est à peu près exacte. M. J. Mathière l'a fort bien montré dans son mémoire de 1925 (11). Mais pour un certain nombre de cités il se rencontre des différences notables. Et c'est précisément le cas pour les Lexovii. Si l'on en

(9) C'est ce que semble bien indiquer la légende SIMISSOS etc., où l'influence du monnayage romain est évidente,

(10) Cf. A. BLANCHET, op. cit., t. Ier, p. 321.

(11) La Civitas des Eburovices, Evreux, 1925, in-8°.

10


146 Dr R. DORANLO

croit les textes, il paraît impossible de leur attribuer comme limites celles du diocèse ancien.

Deux questions surgissent donc tout d'abord :

Les Lexovii n'ont-il pas subi des modifications territoriales depuis l'époque de la Conquête jusqu'aux temps historiques ? et ensuite : De quels peuples ou de quelles provinces (ou subdivisions administratives) furent-ils successivement limitrophes au cours des vicissitudes qui purent affecter leurs voisins et dont eux-mêmes durent subir au besoin les conséquences ?

Je chercherai en effet à déterminer certaines extensions des cités limitrophes faites aux dépens du domaine des Lexovii et comment et à quelles époques elles ont modifié leurs frontières. J'essaierai de noter aussi comment à un moment donné certaines tribus voisines ont disparu de la carte de la Gaule, remplacées par des cités de nouvelle formation, vraisemblablement à la suite du démembrement des premières : événements dont il y aurait lieu de définir, dans la mesure où les documents historiques l'autorisent, les causes, les circonstances et les dates.

Tels sont les délicats problèmes à résoudre. On peut dès maintenant se rendre compte des difficultés qu'ils soulèvent et aussi de la fragilité des moyens dont nous disposons pour parvenir à ce résultat. Aussi ne surprendra-t-on personne en déclarant très franchement que les conclusions qui seront offertes à la fin de ce travail, si elles présentent de solides caractères de vraisemblance, ne sauraient être prises dans un sens absolu et définitif.

J'avoue du reste que le sujet que j'entreprends ici n'est pas neuf et que d'autres avant moi ont essayé de reconstituer le domaine primitif des Lexovii et je dois ajouter que les propositions déjà publiées sur cette question, si elles n'aboutissent pas à un véritable accord, constituent néanmoins une très précieuse contribution dont les éléments m'ont été du plus grand secours pour mener à bien cet essai de détermination. Je ne saurais donc mieux faire, avant d'aller plus loin (ne serait-ce que pour rendre hommage à des travaux auxquels j'ai fait nécessairement de larges emprunts), que de donner le résumé des recherches publiées antérieurement sur cette intéressante question.


LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXÔVII 147

II. LES COMMENTATEURS

1° — ORDERIC VITAL, moine de Saint-Evroult, qui vivait à la fin du Xe et au début du xie siècle, ne s'est pas vraiment occupé des anciennes divisions territoriales de la Normandie et ce n'est pas à proprement parler comme commentateur des anciens textes que je dois le citer. Mais nous lui devons la relation d'importants événements, survenus de son temps et sous ses yeux, qui ont trait, à l'extension, au Sud, de la juridiction des évoques de Lisieux et qui prouvent que, avant cette date, le diocèse n'englobait pas encore la moitié méridionale des doyennés de Montreuil et de Vimoutiers et la totalité de celui de Gacé.

Il n'est pas difficile de comprendre l'importance de ces faits sur 'lesquels nous aurons à revenir par la suite de cet exposé (12).

2° — Avec D'AN VILLE commence la série des commentateurs des textes antiques (13). Du reste, il ne fait guère que superposer les limites de la civitas à celles de l'ancien diocèse. Il 3r a même lieu de se demander s'il ne faut pas voir dans cet essai de restitution géographique, la carte du « Comitatus Lexoviensis » du moyen-âge. C'est ce que semble autoriser la forme des noms de lieux qui s'y trouvent reproduits : Huneflotum (Honfleur), Pons Episcopi (Pontl'Evêque), Fervidae Aquae (Fervaques), Monasteriolum (Montreuil), Merula Radulphi (Le Merlerault), Burgus Achardi (Bourgachard), etc. Ces noms ne peuvent phonétiquement correspondre qu'à des formes très basses (14). En tout cas le célèbre géographe a ignoré ou négligé de faire état du texte d'Orderic Vital. Bien entendu, à l'Est, d'Anville a adopté comme frontière la ligne de la Risle. Il en résulte qu'on ne saurait accepter une reconstitution qui ne tient pas compte des observations de César, de Stràbon et de Pline.

3" — Aussi éprouve-t-on quelque surprise en constatant

(12) Cf. ci-après, p. 158.

(13) Notice de l'ancienne Gaule, tirée des moniim. rom., Paris, 1760,

in-4°, 745 p.

(14) Cf. A. LE PRÉVOST, Pouillés du diocèse de Lisieux (Mém. Soc. des Antiq. de Noftn., XTII, 1844, p. 11.


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que Léon de LA SICOTIERE, l'excellent historien du département de l'Orne, n'a pas hésité à reproduire l'opinion de D'Anville dans son Orne archéologique et Pittoresque, en 1845.

4° — Michel BEZIERS, chanoine de Bayeux, qui en 1773, a publié une Histoire sommaire du diocèse de Bayeux, et laissé une quantité considérable de Notes et Mémoires pour servir à l'état historique du diocèse de Bayeux (15) donne comme limites aux deux diocèses la 'ligne de la Dives. Mais, adoptant les opinions des auteurs du Gallia Christiana, à la suite d'une fausse interprétation du texte de César, il place dans le Bessin l'ancienne civitas des Curiosolitae qui d'après cette hypothèse auraient été limitrophes des Lexovii à l'Ouest. Aux Curiosolitae du temps de César auraient ainsi, suivant Bezie?*s Succédé ieé Viducasses, ancêtres des peuples de Bayeux. Nous n'avons pas à discuter ici la situation des Curiosolitae, mais les autres géographes sont unanimes pour les placer au-delà du Cotentin, dans la région des Côtes-du-Nord.

5° — A rencontre de ses devanciers, Auguste LE PREVOST, en 1840 (16) apporte une note personnelle et vraiment critique dans ce débat. Prenant en sérieuse considération les textes de César et de Strabon qui donnent la Seine comme limite entre les Belges et les Celtes et qui par conséquent cantonnent les Calètes et 'les Veliocasses sur la rive droite du fleuve, il se demande à quelle peuplade de la rive gauche attribuer l'occupation primitive du Roumois. Il ne va pas-jusqu'à préciser si ce sont les Lexovii ou les Eburovices, mais pour lui cette contrée n'a pu être annexée par l'Eglise de Rouen qu'à la fin du inc ou au début du ivc siècle, lorsque Saint Mellon vint prêcher l'Evangile aux Veliocasses. On sait en effet que la prédication chrétienne ne se fit dans la région lexovienne que deux siècles plus tard.

69 — Quelques années après, Louis DU BOIS (17) repre(15)

repre(15) par G. LE HARDY dans les Mém. de la Soc. d'hist. de Norm., Paris, 1893, 3 vol. in-8°.

(16) Anciennes divisions territoriales de la Norm., (Mém. Soc. des Antiq. de Norm., XI, 1840, p. 31-34.

(17) Histoire de Lisieux, Lisieux, 1845, in-8°, 2 vol.


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nant la question des origines du Roumois, mit sagement a profit les observations de LE PREVOST et n'hésita pas à donner aux Lexovii tout le pays jusqu'à la Seine. L'historien de Lisieux est cependant moins heureux pour la détermination des frontières méridionales de la civitas qu'il porte jusqu'au pays des Osismiens.

Il semble bien, en effet, qu'au temps de César, les Osismii occupaient exclusivement la région actuelle du Finistère. Ce ne sera que beaucoup plus tard que, refoulés par les Bretons, une colonie de cette tribu viendra chercher des terres nouvelles sur le sol normand. Du reste cette question est bien trop complexe et incertaine pour qu'on entreprenne ici de la mettre au point. Retenons simplement que l'opinion de Du Bois constitue un anachronisme, car au temps de la Gaule indépendante le territoire qui bornait au Sud le domaine Lexovien appartenait aux Esuvii. Malgré cette inexactitude l'apport de Du Bois est important. On doit lui savoir gré également de venir appuyer d'un solide argument l'hypothèse ptoléméienne du At/n-,v Noà^ayaç. La Touques, en effet, nous apprend-il, était encore navigable jusqu'aux portes même de Lisieux en 1790, puisque des gabarres accostaient au quai du Bouloir, près le faubourg de la Chaussée (18). On sait aussi par lui, d'autre part, qu'une carcasse de bateau de grand tonnage fut exhumée dans les marais de Plainville, près de Mézidon, vers la même époque. De son côté donc, la Dives était navigable sur une distance de plusieurs lieues. Ceci amène à supposer qu'à un moment donné, vers le x" siècle sans doute, après une période d'affaissement du sol, qui s'est du reste continuée jusqu'à nos jours, il se produisit une phase très nette de soulèvement.

7° — Il faut arriver maintenant jusqu'au règne de Napoléon III pour assister aux remarquables travaux de la Commission que ce prince constitua pour étudier la topographie des Gaules. C'est là le premier essai méthodique et

(18) Au reste il n'est peut-être pas nécessaire de rechercher les conditions de navigabilité de la Touques da'ns l'antiquité, car « Aiu;hv » signifie également « lieu de rassemblement » ce qui correspond exactement à la désinence « piayoç » . Au surplus cette variante ne se trouve que dans quelques manuscrits, au lieu de wo/iv


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scientifique tenté en vue de la reconstitution de la Gaule romaine. Mais si la Commission 'topographique des Gaules a eu le mérite de placer la question sur un terrain bien net en envisageant la géographie rétrospective à une époque bien déterminée : l'arrivée de César ; et si, pour les divisions adoptées elle a enfermé les cités dans les limites précises comme l'exige 'la confection d'une carte à grande échelle, il serait cependant dangereux de se hâter d'accepter les identifications qu'elle a proposées. En ce qui concerne les Lexovii, pour ne pas sortir de notre sujet, la Commission a respecté les textes en leur donnant comme limites orientales le cours de la Seine, mais les frontières méridionales sont celles de l'ancien diocèse et, ce qui est plus grave, elle a étendu le territoire de la civitas jusqu'au Cotentin où sa limite occidentale se confond avec la ligne de la Vire. Quant aux Esuvii, leurs voisins du Sud, on leur a réservé un large espace entre Falaise et Mortagne, mais on leur a supprimé, contrairement au texte de César, tout contact avec la mer (19).

8° — En 1884, Auguste LONGNON (20), qui ne s'est pas contenté d'étudier la géographie ancienne de la Gaule à la seule époque de la Conquête, mais qui a voulu suivre, dans lie cours des siècles suivants, les modifications successives apportées à son organisation administrative par le gouvernement impérial, n'hésita pas à localiser les Lexovii, non plus sur toute la longueur des côtes du Calvados, mais uniquement dans les basse et moyenne vallées de la Touques, et par la suite, ils ne verront plus leur domaine s'agrandir ou se rétrécir. Au temps de César, Longnon leur donne comme voisins : à 'l'Est, les Veliocasses, déjà cantonnés sur la rive gauche de la Seine, dans les plaines du Roumois, ce qui constitue, on le sait, une infraction aux textes de César et de Strabon ; au Sud les Eburovices dont le territoire se serait prolongé jusqu'à la région de Mortain. A l'Ouest, enfin, il place les Viducasses auxquels sont attribuées la Plaine de Caen et le Bocage. H est

(19) « Civitates maritimas » (De Bello gallico, II, 34).

(20) Allas historique de la France depuis César jusqu'à nos jours. Texte explicatif des planches, Ie p 10, Paris, 1912, in-8", p. 5.


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à peine nécessaire de montrer l'invraisemblance de ces propositions. Si l'on en croit les raisons de M. J. Mathière qui a très minutieusement étudié la civitas des Eburovices (21), ceux-ci n'auraient jamais dépassé la ligne de la Charentonne. Quant aux Viducasses il est prématuré d'en faire état dans une carte de la Gaule au temps de César, puisque cet auteur n'en fait aucune mention. Ils n'apparaissent pour la première fois que dans Pline et encore ce géographe semble mentionner non seulement les peuples ayant rang de cité, mais encore les tribus clientes de ceux-ci.

Il faut arriver au IIe siècle pour leur voir, avec Ptolémée, donner cette qualité. Quelles raisons impérieuses ont donc amené Longnon à proposer une solution aussi critiquable? Elles apparaissent aussitôt quand on apprend que cet auteur se refusait à admettre l'existence des Esuvii, dont le nom, pour lui n'était dans les textes, qu'une simple faute de copiste, pour Lexovii. On verra plus loin en examinant la thèse du chanoine Masselin qui a cru devoir reprendre et développer les opinions de Longnon, à quelles difficultés on se heurte en soutenant cette interprétation.

9° — C'est ce qu'a bien compris le géographe anglais T. RICE HOLMES, en 1899, dans Caesar's Conquest of Gaule (22). Il établit qu'une pareille solution se trouve en contradiction formelle avec les textes et rend, si on l'admet, totalement incohérent le récit de César. Rice Holmes propose au contraire de considérer Viducasses, Baiocasses et Saii, toutes cités de formation plus récente comme tributaires ou clientes, en tous cas dans la dépendance d'une civitas plus puissante : Les Esuvii. En conséquence, après avoir renfermé les Eburovices dans les limites de la Charentonne, il attribue aux Esuvii tout l'espace resté libre entre les Cenomani et les Carnutes et leur donne un large débou(21)

débou(21) cet auteur, à l'ouest, les Eburovices avaient primitivement comme voisins, les Aulerci Brannovices, refoulés ensuite par l'invasion belge jusque sur les bords de la Saône. C'est alors que les Esuvii, peuple tributaire des Brannovices auraient étendu leur autorité sur tout le territoire du département de l'Orne. Quoiqu'il en soit, le domaine des Eburovices n'a jamais, de ce côté, beaucoup différé de celui de l'ancien diocèse.

(22) Londres, 1899, m-8°, avec une carte de la Gaule à l'arrivée de César.


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ché sur la mer depuis la Dives jusqu'au Cotentin. Malheureusement on doit regretter que, sur un autre point, l'auteur n'a pas aussi fidèlement suivi les textes : car, rééditant une faute commise par d'Anville et Longnon, et que ses autres devanciers, A. Le Prévost, Louis Du Bois et la Commission topographique des Gaules, avaient soigneusement évitée, il fait avancer le territoire des Veliocasses jusqu'à la Risle. A part cette inexactitude, on voit 'qjel progrès Rice Holmes a réalisé dans la solution du problème. 10° — Les essais de géographie rétrospective tentés par M. L. COUTIL, dans son mémoire sur l'époque gauloise en Normandie (23), ne sont vraiment pas destinés à jeter de la clarté sur ces questions. Négligeant ou ignorant ce qui avait été écrit avant lui, il réduit le territoire des Lexovii aux limites de l'ancien diocèse, et, ce qui est contradictoire, il le décrit ainsi : « Les Lexovii habitaient les cantons de Lisieux (Calvados) et dans l'Eure une partie des cantons de Beuzeville, CormeiMes, Saint-Georges-du-Vièvre et de Thiberville, c'est-à-dire l'ancien diocèse de Lisieux. On fera observer que ce dernier comprenait en outre tout l'arrondissement de Pont-1'Evêque ; le pays d'Auge : cantons de Mézidon et de Saint-Pierre-sur-Dives (en partie) ; et, en plus, dans l'Orne les doyennés de Montreuil et de Vimoutiers presque entiers ainsi que la totalité de celui de Gacé. Enfin, avec M. Coutil, on entre dans l'ère des conceptions fantaisistes. Une seule phrase relevée dans son mémoire (24) suffira pour en, donner une idée : « Le Pays des Lexovii, des Viducasses et des Unelli (Rive saxonique) était commandé au iv" siècle par le Comte de la Rive Saxonique, nous apprend Ammien Marcellin, et Ausone, gaulois d'origine, lui donne le titre de Duc de la Rive Saxonique et le fait résider à l'embouchure de la Seine : « In duabus Belgicis erat unus dux Saxonici littoris ad Sequanae ostia ».• J'ai déjà (25) souligné le caractère grotesque de cette citation, dont le texte est parfaitement étranger à Ausone, mais que M. Coutil a copié dans l'abbé Cochet (26)

(23) Bull. Soc. Norm. d'étud. phéhist., t. IX, 1901, p. 48.

(24) Ibid., XII, 1904, p. 113.

(25) Bull. Soc. des Antiq. de Norm. XXXV, 1921-22-23, p. 441-442.

(26) La Seine-Inf. hist. et archéol., 2e édit., 1866, p. 26.


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ou dans Faillie (27) qui eux-mêmes l'avaient emprunté à J. Scaliger, commentateur d'Ausone, au xvi 6 siècle.

11° — Mais revenons à des auteurs plus sérieux. Dans le Bulletin de notre Société, notre collègue M. R.-N. Sauvage, a donné en 1905 (28), une excellente étude sur la BasseNormandie gallo-romaine où il s'attachait à préciser les limites de la Cité des Viducasses. Dans ce travail, il montre que leur domaine s'arrêtait aux marais de la Dives et que de ce côté ils avaient pour voisins lies Lexovii. Notons du reste que les observations de M. Sauvage concernent une époque postérieure au siècle.

12° M. Camille JULLIAN, dans sa belle Histoire de la Gaule ne pouvait s'attarder à fixer les limites des cités gauloises, mais je ne puis m'empêcher de citer son nom en raison des fort importantes observations qu'il présente sur les Esuvii dont lie nom et la situation lui rappelle les Ey/3tot de Théopompe, lesquels étaient une tribu maritime et d'origine ligure. Or M. C. Jullian a été frappé par la multiplicité des petites peuplades antiques de nos contrées dont les noms : Lexovii, Esuvii, Unelli rappellent les temps ligures (29). H y a là un renseignement précieux sur les plus lointaines origines de ces peuples.

13° — Le chanoine Masselin (30) convient qu'au temps de César, les Baiocasses et le Viducasses n'avaient pas rang de civitas et il en fait les clients des Lexovii. En cela il s'écarte de l'opinion de Longnon. Mais sur un autre point, il entre en complet accord avec lui en ne voulant considérer la forme Esuvii ou Sesuvii que comme une mauvaise lecture de Lexovii ou Lexubii. Et comme Longnon, il les supprime de la carte de la Gaule. J'ai montré ailleurs (31) toute la fragilité de cette hypothèse.

14° — Pour M. Raymond LANTIER (32), la limite Est

(27) Mêm. Soc. des Antiq. de Norm., IX, 1835, p. 295-296.

(28) Les limites de la Cité des Viducasses (Bull. Soc. Norm. d'étud. préhist., t. XIII, 1905, p. 186-191).

(29) Histoire de la Gaule, t. II. 1909, p. 489, notes 3 et 8.

(ow Notes de Géographie antique : Esubii = Lexubii, Caen. 1914, in-8°.

(31) Annuaire de l'Assoc. Norm., Congrès d'Alençon, 1929, en cours d'impression.

(32) Lisieux gallo-romain (Eludes Lexoviennes, II, 1915, p. 1, 19).


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sépare les Lexovii des Calètes ; au Sud, ils auraient pour voisins les Eburovices et à l'Ouest les Viducasses. M. Lantier ne précisant pas à quelle époque exacte il se place, les délimitations qu'il propose conviennent à la situation géographique de la Civitas vers la fin du n" siècle. Au reste en leur attribuant l'arrondissement de Pont-Audemer et les étendant à l'Ouest jusqu'à la Dives, il définit nettement la topographie de leur ancien domaine.

15° — II ne me reste pas grand chose à dire de l'article LEXOVII rédigé par CRAMER dans la Real Encyclopédie (33). M. M. Besnier (34) a parfaitement analysé ce court travail où l'on s'est uniquement borné a reproduire des textes, besogne déjà réalisée par Holder (35), mais où l'on ne parle ni des limites ni des principales découvertes de la civitas. Dans ces conditions, c'est à juste titre qu'on peut le considérer comme dénué d'intérêt.

En résumé, parmi les nombreux travaux que nous venons de passer en revue, si la plupart renferment des considérations dont on doive faire état, aucun d'eux, il faut l'avouer, ne constitue une proposition complètement satisfaisante. Mais si prises à part, ces opinions ne peuvent être intégralement acceptées, dans leur ensemble au contraire elles offrent, disséminés ça et là, tous les éléments nécessaires pour aboutir à une conclusion dont chaque terme concorde avec îles documents qui ont servi de point de départ à ce problème. Aussi la tâche qui nous reste à poursuivre s'en trouve-t-elle considérablement allégée. II ne suffira plus en effet que d'un peu de méthode et d'esprit critique, pour opérer, parmi ces hypothèses aussi variées que disparates, la discrimination indispensable pour en faire jaillir une solution qui, pour n'être pas parfaite, car les éléments de certitude absolue nous feront sans doute toujours défaut, se présente, selon nous, comme la plus rationnelle et la plus vraisemblable.

C'est ce qu'à présent nous allons essayer de mettre en lumière.

(33) Real encgclopaedie de Pauly-Wissowa, XII, 2, Stuttgart, 1925, p. 2482-2483.

(34) Bull, bibliogr. et critiq. d'hist. de Xorm., II, 1, Avril 1926, p. 100.

(35) AU Celtischer sprachschaiz, II, Leipzig, 1904, p. 275.


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III. — LES LIMITES DES LEXOVII AU TEMPS DE CESAR

1 ° — Au Nord. — Les limites septentrionales de la Civitas des Lexovii sont faciles à déterminer, puisqu'elle était bornée de ce côté par la mer et l'estuaire de la Seine. Une certaine réserve s'impose cependant, si, comme il est probable, les rivages de cette époque ne coïncident pas avec ceux d'aujourd'hui, mais correspondent au contraire à un littoral actuellement submergé (36).

2° — Au Nord-Est — Où placer de ce côté les limites de la civitas ? La plupart des géographes, influencés sans doute par Ile tracé des frontières de l'ancien diocèse ont, comme on vient de le voir, préconisé le cours de la Risle jusqu'aux environs de Serquigny. C'est ce que n'autorisent pas les anciens textes : César, avons-nous dit, précise, et Pline un siècle après lui, que la Seine servait de séparation entre les Belges et les Celtes et que les Lexovii appartenaient à ce dernier groupement. Si, de plus, nous en croyons Strabon qui borne à la rive droite de ila Seine le domaine des Calètes, et qui donne les Lexovii comme riverains de ce fleuve ; si nous considérons enfin que Ptolémée les indique comme limitrophes des Calètés, il en résulte qu'à l'époque où écrivaient ces auteurs, le territoire occupé par les Lexovii s'étendait jusqu'aux berges du grand fleuve. Du reste la Risle ne pouvait être, au moins au temps de l'Indépendance, une véritable frontière, car les rivières constituaient alors, comme l'a si bien souligné M. C. Julllian (37), non des lignes de séparation mais tout au contraire des centres d'attraction.

(36) Sur les vicissitudes des rivages, cf. Bull. Soc. des Antiq. de. Norm., XXXVI, 1924-25, p. 190-193. Outre les références bibliographiques qu'on y pourra trouver, on consultera aussi : R.-N. Sauvage, L'Abbaye de Saint-Martin de Troarn {Mém. Soc. des Antiq. de Norm.), XXXIV, 1911, p. 248, note 2 ; A. Chèvremont, Les Mouvements du sol sur les côtes occidentales de France, Paris, 1882, in-8°, avec 14 pi. ; E. Hue, Blocs erratiques de Luc-sur-Mer, Le Mans, 1926, in-8°, 39 p. avec carte h. t. ; L. de Neuville, Mouvements de la mer sur les côtes du Calvados (Annuaire de l'Assoc. Norm., 1887, p. 97-110 ; Bréard, sur le même sujet (Ibid., p. 110-117). Cf. aussi ce que j'ai écrit sur cette question à propos de l'emplacement de Grannona (Bull. Soc. des Antiq. de Norm., XXXV, 1921-22-23, p. 546-564.

(37) Op. cit., t. II, 1909, p. 26-29.


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Quant à la Seine, ce n'était pas proprement ses eaux qui formaient un obstacle, une défense, mais surtout cette vaste zone tour à tour forestière et marécageuse qui couvre encore à l'heure actuelle, quoique d'une façon moins complète, les immenses presqu'îles qu'elle enferme dans ses méandres. Les épaisses et mystérieuses frondaisons de Brotonnie, de Jumièges, de Mauny, de Roumare, de la Londe et de Rouvray en sont encore d'imposants vestiges. Nulle ligne défensive ne fut jamais plus efficace. Et longtemps cette frontière séparera les peuples. Elle les réunira aussi parfois, à de certains jours, chaque année, en ces lieux de dévotion et de marché que de récentes découvertes ont exhumé dans toute cette région, à l'orée comme dans la profondeur des halliers. Ces fana, ces lieux de négoce, si nombreux dans la forêt de Brotonne, ces temples ruraux de La Londe, d'Orival, de Rouvray, dont île culte vivait encore au rn° siècle, avaient été sans doute édifiés sur les restes de plus anciens sanctuaires comme il s'en est tant rencontré, dans toute la Gaule sur les confins des cités. Leur situation si caractéristique, aux environs du fleuve, à elle seule suffirait à prouver que c'était bien là que finissaient les terres des Lexovii.

3° — Au Sud-Est. — Du reste ils ne tenaient les abords de lia Seine que sur son cours inférieur. Comme l'a bien démontré M. J. Mathière, c'étaient les Eburovices qui, d'Elbeuf à Vernon occupaient ensuite la rive gauche du fleuve. Il s'agit donc de délimiter maintenant la zone frontière qui séparait ces deux peuples. L'opinion de M. Mathière, fondée sur de sérieuses observations (38), est très nettement formulée par les indications suivantes : Du coude de la Seine, à Elbeuf, la frontière gagnait le confluent de la Risle et de la Charentonne et dans la ligne sinueuse qu'elle suivait, passait par les communes actuelles du Thuit-Anger, du Thuit-Signol, de Saint-Pierre du Boscguérard, de la Haye-du-Theil, de Saint-Nicolas-duBosc, de La ]S|euville-du-Bosc, de La Haye-de-Calleville, de Callevillle, d'Harcourt, de Chrétienville, de Perriers-laCampagne et de Nassandres (39). Cette suite de noms de

(38) Op. cit., 1925, p. 73-74.

(39) Ibid., p. 68.




LES LIMITES DE LA CIVlTAS DES LEXOVII 157

lieux où se rencontre les « Thuit » et les « Bosc » seraient le vestige d'une ligne forestière aujourd'hui disparue. Ce qui reste de bois, de bruyères et de landes sur ces « HautesTerres » constitue, suivant l'expression de M. Mathière, « une limite entre deux régions naturelles. Dans le passé, la forêt pouvait aller d'Elbeuf à Brionne sans solution de continuité autre que des terrains à peu près stériles formant peut-être des enclaves dans l'immensité forestière. Ainsi constituée, la frontière laissait Breviodurum (Brionne) en territoire Iexovien. Non loin, du reste, se dressait la ville sainte de Caneionum (aujourd'hui Berthouville) dont le temple de Mercure et le large forum conviaient pèlerins et marchands venus des quatre coins de la Gaule (40).

4° — A l'Est. •— En face Breviodurum, la frontière changeait brusquement de direction et, remontant la vallée de la Risle gagnait le Sud. Au confluent de la Charentonne, elle inclinait au Sud-Est à travers la forêt de Beaumontle-Roger, autre lieu de foire et de culte (41), suivait les crêtes de la rive droite de la Charentonne pour passer cette rivière aux environs de Montreuil-l'Argilllé. De Serquigny jusqu'à Montreuil, la limite devait passer à l'Est de Fontaine-PAbbé, de Saint-Clair-d'Arcey, de Granchain, et passer ensuite sur les territoires de Landepereuse, Le Tilleul-enOuche, la Roussière et Saint-Agnan-de-Cernières. Entre la Charentonne et la Guiel elle suivait la ligne des hauteurs qui séparent ces deux rivières.

5° — Au Sud. — A lia hauteur de Montreuil-l'Argillé, le

(40) Il est vrai que les substructions des sanctuaires découverts au Villeiet appartiennent à l'époque de la domination romaine ; mais la superposition de plusieurs monuments en ce même lieu atteste un culte extrêmement ancien et persistant. Tout porte donc à admettre que cet emplacement était déjà fréquenté dès les temps de l'indépendance. C'est ce que confirment d'ailleurs de multiples trouvailles de monnaies gauloises.

(41) Cf. DE STABENRATH (Rec. de la Soc. libre de l'Eure, I, 1830, p. 245261) ; A. LE PRÉVOST, Fouilles de la forêt de Beaumont-le-Roger {Mém. Soc. des Antiq. de Norm., VI, 1831-32-33, p. 168-182, av. plans. Ces auteurs y reconnurent quatre fana dont un de forme circulaire. Les recherches donnèrent en particulier une statuette brisée de Mercure et une inscription votive. De nombreux camps ont été également signalés dans cette forêt (cf. mon mémoire sur les Camps de l'Eure {Bull. Soc. des Anliq. de Norm., XXXIV, 1920, p. 172-173).


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domaine des Lexovii perdait tout contact avec celui des Eburovices et la frontière par un coude brusque, abandonnant la ligne de la Guiel prenait la direction de l'Ouest. Jusqu'au Sud de Vimoutiers, suivant un tracé qu'il est impossible de décrire avec précision faute d'éléments certains, elle devait s'appuyer à une large zone de forêts dont quelques lambeaux subsistent encore aujourd'hui, au point de permettre d'en reconstituer l'importance primitive. Là où l'essartement (l'a éclaircie, de suggestifs noms de lieux en ont conservé le souvenir : L'Aulnay, le Coudrai, Rouvray, les Erables, les Essarts, les Bruyères sont des noms qui se retrouvent sur différents points de son emplacement. On y note également : le Bois-Hulin, le Bois-Hébert, la Boulaye, le Bois-Goubin, les Parcs, le Ghêne-au-Loup et Querquesalles. Il serait fastidieux de les énumérer tous. L'opaque rideau des bois s'étalait largement de la Guiel à la Vie et ses fourrés impénétrables protégeaient les Lexovii contre toute attaque venant du Sud (42). Seule une vaste clairière venait rompre 'la monotonie de la sylve. Là, venaient se réunir ou se croiser les nombreuses voies qui, sur d'immenses trajets, faisaient communiquer les cités de l'Ouest avec les cités Belges et permettaient aux peuples du Sud d'accéder aux rivages de la mer et de l'estuaire. Autour de cet important carrefour, sur l'emplacement duquel, aujourd'hui s'élève la petite bourgade du Sap, se tenait, j'imagine, le champ de foire traditionnel, avec ses hôtelleries et son temple (43). Le tracé de cette frontière méridionale trouve sa confirmation dans des documents historiques, auxquels on a déjà fait allusion et qui méritent de retenir ici quelque peu notre attention. Au dire d'Ordéric Vital, c'était à cette contrée encore sauvage qu'au début du xi° siècle s'arrêtait la juridiction des évêques de Lisieux (44). Or, sous l'épiscopat de Roger, onzième évêque de ce diocèse,

(42) Ce furent sans doute, au vu 0 siècle, grâce aux moines de Saint-Evroult que commença le défrichement de ce vaste massif forestier.

(43) D'importants vestiges de la civilisation romaine et pré-romaine ont été exhumés au Sap et dans ses environs (cf. A. Le Prévost, Mèm. Soc. des Antiq de Xorm., IV, 1827-28, p. 440).

(44) Orderic VITAL, Histoire de Normandie (Edition Guizot, 1825, t. II, liv. III, p. 23-24).


LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXOVII 1ÔÔ

c'est-à-dire entre 980 et 1022, un seigneur des environs de Mon treuil, Hjelgon fiança sa fille à un jeune chevalier nommé Giroye. Mais avant que le mariage put être célébré la fiancée vint à mourir. Helgon n'en accorda pas moins à Giroye la dot promise et ce dernier devint ainsi seigneur du domaine de Montreuil. Plus tard, après la mort de son beau-père, il se fit confirmer par le duc de Normandie la possession de tout ce qui avait appartenu à Helgon, et ajouta ainsi à sa seigneurie de Montreuil celle d'Echauffour. En prenant possession de ces terres, Giroye s'informa auprès des habitants de quelle juridiction épiscopale ils dépendaient. « D'aucune », lui fut-il répondu. ,« Cela n'est pas dans l'ordre, leur dit-il, pour moi, je ne veux pas être sans pasteur et sans assujettissement à l'Eglise ». En conséquence, après s'être exactement informé quel était le plus vertueux des évêques voisins, et ayant reconnu que c'était celui de Lisieux, il soumit à son autorité tout le pays qui dépendait de lui ; il engagea même Baudri, seigneur de Bocancé et ses gendres, Gosselin, seigneur d'Echanfré et Roger, seigneur du Merle, dont les vassaux étaient dans le même cas que les siens, à les mettre sous le gouvernement et l'autorité spirituelle du même prélat ; c'est ainsi que . l'évêché de Lisieux se trouva tout à coup augmenté de ce qui fait la plus grande partie de l'archidiaconé de Gacé. Orderic Vital ajoute que, plein de reconnaissance pour la soumission volontaire de ces seigneurs l'évêque leur accorda un privilège en vertu duquel les ecclésiastiques de ces cantons ne pourraient être forcés d'en sortir pour aller plaider ailleurs dans les affaires qu'ils pourraient avoir et ne seraient pas sujets au paiement des droits que les archi, diacres exigeaient alors avec beaucoup de rigueur dans leurs visites.

Il est intéressant de constater, à 'l'aide d'un texte contemporain de ces faits, que, jusqu'au début du xi* siècle, toute une large étendue de terrain se trouvait enclavée entre les diocèses de Sées et de Lisieux, sans faire partie d'aucun d'eux. Cette zone n'était-elle pas alors le vestige de la bande forestière qui jadis servit de limite aux cités gauloises ou gallo-romaines.

6° — Au Sud-Ouest et à l'Ouest. — Revenons maintenant


160 Dr R. DORANLO

à cette région de Vimoutiers ou aboutit lia frontière Sud des Lexovii. En ce point, existait une nouvelle articulation, car la limite, après avoir contourné Vimoutiers en l'enfermant dans le domaine lexovien, se confinait non plus dans la direction de l'Ouest, mais vers le Nord-Ouest. Sur ce trajet elle était jalonnée par les hauteurs boisées de Crouttes, de Montpinçon, de Notre-Dame et de Saint-Martin-deFresnay, de Montviette, de Mittois, de Castillon, région montagneuse, entrecoupée de ravins et défendue en outre en plusieurs points par d'anciens ouvrages fortifiés (45). Au voisinage du confluent de l'Oudon, tributaire de la Dives, ce massif venait se terminer aux vastes marais qui couvraient sur une largeur de plusieurs kilomètres la basse vallée de la Dives. A l'embouchure de cette rivière la civitas des Lexovii retrouvait sa frontière maritime.

Telle est, dans'ses grandes lignes tout au moins le tracé des limites de la civitas à l'époque de César et même jusqu'à la fin du Haut-Empire.

Par ce qui précède on a donc vu que les Lexovii, sur leur limite orientale se trouvaient en contact avec les Calètes, dont le domaine correspond, au moins dans les grandes lignes, aux arrondissements de Dieppe, du Havre et d'Yvetot. En remontant la Seine, ils touchaient aux Véliocasses, qui tenaient le canton actuel de Duclair et lie reste du département. Depuis les environs d'Elbeuf jusqu'au confluent de la Charentonne et de la Guiel, ils étaient limitrophes des Eburovices. Enfin au Sud et à l'Ouest, leurs voisins étaient les Esuvii.

Dans une autre étude (46) je me suis efforcé d'établir qu'il était tout à fait impossible de suivre A. Longnon et le chanoine Masselin dans leur prétention d'effacer le nom de ce peuple de la carte de la Gaule et je crois avoir montré que si les précisons du texte de César obligent à leur trouver un emplacement dans la presqu'île armoricaine, cet emplacement ne peut être cherché ailleurs que dans les

(45) Pour les camps de cette région, cf. mon mémoire sur les Camps du Licnvin (Bull. Soc. hist. de Li'sieux, n° 26, 1924-25, p. 12-13).

(46) Considérations sur les plus anciens occupants du territoire du déparlement de l'Orne (Annuaire de VAssoc. Norm. Congrès d'Alençon 1929).


LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXÔVII 161

territoires qui constituent actuellement le département de l'Orne presque en entier (47) et la partie du département du Calvados qui s'étend depuis la Dives jusqu'à la Vire.

IV. — MODIFICATIONS TERRITORIALES SOUS LA DOMINATION ROMAINE

Examinons maintenant et résumons en quelques mots seulement ce que devint la Civitas des Lexovii dans les siècles qui suivirent la Conquête. Après leur soumission au gouvernement de Rome les cités gauloises gardèrent, sous le contrôle des légats de l'empereur, leur administration et leurs limites. Toutefois, dès le temps d'Auguste, il fut procédé à une nouvelle organisation territoriale' : l'ancienne Gallia comata devint les Très Provinciae : Aquitania, Bergica, Lugdunensis. En ce qui concerne cette dernière, qui seule nous occupe ici, elle correspondait à l'ancienne Celtique avec cette addition qui intéresse la limite des Lexovii, c'est que ses voisines, la civitas des Calètes et celle des Veliocasses, auparavant tributaires de la Belgica, furent détachées de celle-ci et incorporées à La Lyonnaise. Au reste la frontière lexovienne n'avait subi encore aucune modification et s'appuyait toujours aux forêts de la vallée de la Seine. Au Sud elle n'avait pas changé davantage, mais bientôt ce n'est plus la civitas des Esuvii qui tiendra ses confins, car par suite d'un morcellement dont on ne discerne pas les causes, elle se verra -divisée entre les peuples de ses anciens pagi qui de ce fait seront à l'avenir érigées en cités indépendantes : au lieu d'une seule civitas il y aura la civitas des Saii ou Sagii, avec Saium (Sées) pour métropole ; la civitas des Viducasses, avec Arsegenue comme capitale (aujourd'hui le village de Vieux) et enfin la civitas des Baiocasses dont le chef-dieu Augustodurum (Bayeux), de fondation récente, porte le nom de son créateur. Aux Viducasses, reviendront les terres à blé des Esuvii depuis la plaine d'Argentan jusqu'aux confins

(47-) Sauf les parties orientale et méridionale de l'arrondissement de Mortagne, qui appartenaient aux Eburoviees et aux Carnutes, et la région de Domfront qui dépendait des Diablintes.

• 11


162 Dr R. DORANLO

de la Campagne de Caen entre la Seulles et la Dives. Nous ne savons pas à quelle date même approximative cette scission se produisit. Elle était imminente ou toute récente à l'époque où Pline écrivait son Histoire naturelle, mais c'était chose accomplie du temps de Ptolémée.

Mais si de profondes modifications s'opéraient ainsi le long des frontières des Lexovii et si de nouveaux noms de peuples apparaissent à leurs confins, les limites de la civitas primitive n'avaient subi aucun déplacement appréciable au moins jusqu'au ivc siècle. Il est vrai qu'à propos de la découverte d'une borne mi'lliaire, faite en 1804, à Frenouville, localité placée sur la route de Lisieux à Caen, entre les rivières de Dives et d'Orne, la question pourrait se poser de savoir si la zone de démarcation constituée par la ligne des marais de la Dives, n'avait pas été reportée plus à l'Ouest vers la fin du i" siècle (48), puisque cette borne située hors du territoire lexovien (si 'l'on adopte mon argumentation) comptait ses distances à partir de Noviomagus. Mais à bien examiner cette difficulté elle peut se résoudre d'une façon satisfaisante sans qu'on soit contraint de toucher aux limites de la civitas. Soit qu!on considère que la voie sur laquelle elle était dressée ne menait pas au cheflieu des Esuvii, ce qui expliquerait qu'on n'y trouve pas mention de cette ville ; soit qu'à cette époque les marécages de !la vallée se soient étendus jusqu'à l'emplacemnt même de Frénouville, qui de cette façon aurait été compris dans la zone frontière elle-même, il n'est pas nécessaire d'admettre une extension véritable du territoire lexovien qu'aucune autre raison ne motive. J'ai du reste traité antérieurement cette intéressante question avec tous les détails désirables (49) ; il n'y a donc pas lieu de reproduire ici une argumentation qui allongerait inutilement cet exposé.

En définitive, il ne semble donc pas que les limites des Lexovii aient notablement varié jusqu'au m' siècle.

Vers le milieu ou la fin de ce m" siècle, un profond chan(48)

chan(48) relevée sur ce monument est datée du deuxième consulat et de la première puissance Iribuniticnne de Trajan soit l'année 98.

(49) Annuaire de l'Associât. Xorm., Congrès d'Alençon 1929.


LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXOVII 163

gement vint déplacer d'une façon considérable les frontières de la civitas. Cette importante modification qui fit perdre à son territoire toute la région comprise entre la Risle, la Seine, la mer et la limite septentrionale des Eburovices, a été attribuée à l'époque où l'évangélisation chrétienne, ayant pénétré de bonne heure chez les Véliocasses, finit par franchir la Basse-Seine et mettre sous la juridiction métropolitaine de Rotomagus (Rouen) la contrée qui depuis a porté le nom de Roumois. Aucun renseignement précis ne vient éclairer cet événement qui sans doute s'est accompli en plusieurs étapes et qui a du demander un temps assez prolongé. Tout ce qu'on sait, c'est qu'au IVe siècle, c'était chose faite. Les Véliocasses avaient englobé les Calètes (50) et porté leurs limites jusqu'à la Risle.

Au reste dès 297, Dioclétien avait profondément modifié l'organisation administrative de la Gaule en morcelant les grandes provinces d'Auguste. La Lyonnaise, en particulier, avait été divisée en deux : la première et la deuxième Lyonnaise, cette dernière s'étendant sur tout l'Armorique : Bretagne et Normandie .actuelles.

Moins d'un siècle plus tard on assiste à une nouvelle répartition territoriale. L'Empire, surtout la Gaule et plus spécialement encore la deuxième Lyonnaise, profondément ébranlés par les incursions des Barbares, auxquelles s'ajoutaient chez nous d'incessants débarquements de pirates maritimes, au point que la zone littorale avait fini par prendre le nom de Littus Saxonicum, subirent un nouveau remaniement. L'organisation créée par Dioclétien, déjà désuète, ne convenait plus à un pays et à une époque aussi troublés. La Gaule fut donc divisée en sous-provinces au point de vue de l'administration civile et en gouvernements militaires relativement indépendants d'elles. La deuxième Lyonnaise se trouva réduite aux limites de la Normandie actuelle et le reste de l'Armorique prit le nom de troisième Lyonnaise.

Sur ces deux nouvelles circonscriptions civiles et même

(50) Il est vraisemblable que les Calètes furent absorbés par les Véliocasses à une époque antérieure à l'apostolat de Saint Mellon. On n'a en effet aucune indication qu'un ancien diocèse se soit jamais superposé à cette civitas.


164 Dr B. DORANLO

les dépassant un peu, au Sud, sur l'Aquitaine II* et au Nord sur la Belgique II" s'étendait le gouvernement militaire du Tractas Armoricani et Nervicani (51). Avec cette armature nouvelle, l'Empire, couvert de garnisons et de citadelles, allait tenter un dernier mais vain effort pour briser l'étreinte des peuples qui déferlaient à ses frontières.

En ce qui concerne notre civitas, qui seule du reste, de toutes les cités du Tractus, n'avait pas reçu de garnison, elle semble n'avoir subi, jusqu'aux invasions, aucun changement appréciable. Mais si ses limites n'ont pas varié, de nouveaux noms de peuples apparaissent dans son voisinage immédiat. La civitas des Baiocasses, par exemple, naguère indépendante de celle des Viducasses, a fini par absorber cette dernière, après la ruine de sa capitale Arsegenue, rasée par les Barbares (52). Et la forteresse d'Augustodurum, à présent Baiocas est devenue métropole de la nouvelle civitas. Ce sont donc à présent, les Baiocasses qui, tenant la ligne de la Dives sont devenus limitrophes des Lexovii.

Mais déjà les premiers signes de décomposition militaire et politique avaient depuis longtemps fait leur apparition et' les rouages compliqués mais fragiles de l'administration impériale se montreront de plus en plus impuissants à les enrayer. Sur toute l'étendue de la Gaule et principalement au voisinage des frontières ce ne sont plus en fait de garnisons que des contingents mercenaires, presques tous de sang barbare, que Probus avait commencé d'enrôler après les premières invasions : Lctes, Gentiles, qui occupent maintenant, non seulement les camps, mais aussi les terres, et de cette façon préparent, à l'intérieur même du pays, l'arrivée des hordes qui au Ve siècle submergeront l'Occident (53). Il est bien malaisé, en l'absence du moindre

(51) Cf. La Notifia dignilatum, cap. XXXVI.

(52) Araejtenue, comme les autres villes ouvertes de la Lyonnaise fut rasée par les Barbares lors de la grande invasion de 275. C'est à cette date que s'arrête partout la suite des monnaies trouvées dans leurs ruines (Cf. C. Jullian, Histoire de la Gaule, t. IV, 1913, p. 599601).

(53) Sur la répartition des garnisons de mercenaires barbares en Gaule cf. Notifia digniialum, cap. XL.


LES LIMITES DE LA CIVITAS DES LEXOVII 165

document de conjecturer comment, au milieu de ces calamités et de ces ténèbres, notre civitas cessa d'exister comme circonscription distincte.

Nous croyons avoir étudié sa topographie pendant toute la durée de l'Empire. Nous ne la suivrons pas plus loin, mais nous ferons observer qu'elle se retrouve à peu près intacte dans le Pagus Lisvinus du temps de Charlemagne. Mais de nouveaux noms se relèvent chez ses voisins. A l'Est, le Pagus Rodomensis (Roumois) représente l'ancien empiètrement des Véliocasses sur la rive gauche de la Seine. Au Sud-Est, le Pagus Ebroicinus occupe en partie l'emplacement des Eburovices. Au Sud et à l'Ouest, le Pagus Oximensis remplace la civitas des Saii. Et chose curieuse, entre l'Orne et la Dives, un lambeau de l'ancien domaine des Esuvii, portera encore au moyen-âge et jusqu'à la Révolution le nom d'Archidiaconé d'Hiesmes qui bien qu'incorporé au diocèse de Bayeux faisait primitivement partie de celui de Sées.

Quant au diocèse de Lisieux, Ile dernier héritier du territoire des Lexovii, nous le voyons se former à une époque tardive puisque la première mention d'un évêque de Lisieux n'apparaît qu'en 538, dans les actes d'un concile tenu à Orléans. Ceci explique pourquoi les diocèses voisins, tous plus anciens que lui, ont si largement empiété sur les contrées qui| devaient lui revenir. Non seulement celui de Rouen lui a enlevé le Roumois, mais celui de Bayeux, en lui arrachant 1' « exemption » de Cambremer, a porté la juridiction de son évêque jusqu'aux portes mêmes de Lisieux. On a vu du reste, qu'à titre de compensation, au xi° siècle, il s'est considérablement agrandi aux dépens de son voisin du Sud.

Tel est le résumé des considérations géographiques qu'il m'a paru intéressant de développer sur la civitas des Lexovii, l'une des moins étendues de l'ancienne Armorique, mais non la moins importante. Cela résulte du rôle qu'elle a joué au cours des guerres de l'indépendance, de la supériorité de son monnayage si différent du grossier numéraire armoricain et enfin des particularités si attachantes que montre l'étude de ses frontières et la discussion des


166 Dr R. DORANLO

problèmes qu'elle soulève. Dans cette controverse, nous avons dans la mesure où l'on peut se fonder sur les textes, tenté de présenter une solution qui, si elle ne peut prétendre a être exacte et absolue, pourra peut-être cependant être jugée comme logique et vraisemblable.


DECOUVERTE DE SARCOPHAGES ANCIENS à Saint-CIairsur-Epte (S.-et-O.)

PAR A. DUCROCQ (1)

Au cours de travaux agricoles exécutés dans un champ situé à l'Est de Saint-CIair-sur-Epte et au-dessus de la falaise de calcaire dominant la ferme du Prieuré, appartenant à Monsieur Leroux, maire, et exploitée par Monsieur Genevee fils, ce dernier remarqua que la charrue avait mis à découvert quelques débris de dalles plates ; il m'en fit part ainsi qu'à M. Colleville, gendre du propriétaire. Nous primes jour pour effectuer des fouilles à cet endroit; j'étais persuadé que l'on se trouvait en présence de sarcophages, car j'avais entendu dire, il y a une trentaine d'années, qu'on en avait mis un à jour.

Donc le mardi 21 février, après quelques heures de travail, nous avions dégagé deux sarcophages en pierre tendre, orientés tête à l'Ouest et pieds à l'Est. Les dalles de recouvrement de ces tombes se trouvant .presqu'à fleur de terre étaient en morceaux, abîmées par les instruments agricoles.

Nous avons fouillé méthodiquement ces deux tombes remplies de terre très tassée, nous n'y avons trouvé que quelques ossements mal conservés et en partie déplacés et un petit vase en terre. Ce vase qui m'a été généreusement donné par MM. Genevee et Colleville, est absolument intact; il était placé presqu'aux pieds de l'un des squelettes et était à demi renversé; il est extraordinaire qu'il se soit aussi bien conservé dans la terre aussi tassée et à peine à 0 m. 40 de profondeur. Il est de couleur gris clair, forme avec panse, sans autres ornements que deux cordons : le supérieur à la base du col, en relief, l'autre sur la panse, en creux. Il mesure 0 m. 092 de haut., 0 m. 080 de diamètre au col, 0 m. 100 à la

(1) Note communiquée à la séance du 25 novembre 1928.


168 A. DUCROCQ

panse et 0 m. 050 au pied qui est plat. II porte à la partie qui se trouvait en dessous, à l'intérieur comme à l'extérieur, des traces de matières brunâtres très adhérentes, comme si un liquide très épais ou autre matière s'était en partie écoulé lors du renversement de ce vase. Les fouilles dans ce champ furent continuées par M. Destouches qui mit à jour une dizaine d'autres tombes en plus ou moins bon état. Il ne découvrit dans ces tombes que deux petits vases abîmés et un petit objet paraissant une petite boucle en métal damastiquiné.

A notre avis, cette nécropole est mérovingienne, et la plupart des sarcophages ont été violés au cours des siècles passés.

Monsieur Leroux, propriétaire, se propose de reprendre les fouilles après la moisson.

{Juillet 1928).


DECOUVERTE D'UN CIMETIERE FRANC à Grand=QueviIly

par M. ALLINNE (1)

Au mois de mai de la présente année 1929, un cimetière franc a été mis à jour dans un terrain appartenant à la Société dite de Saint-Gobain (2), sur le territoire de la commune de Grand-Quevilly. Ce terrain se trouve à l'Ouest de la route Nationale n° 138 et non loin du passage à niveau du chemin de fer de Rouen à Elbeuf.

Le 2 mai, fut découvert, enfoui à 90 centimètres du niveau du sol, un sarcophage de pierre ; il était en morceaux, et les ossements qu'il avait contenu étaient épars alentour. Quelques jours plus tard, le 10, deux autres sarcophages étaient encore mis à jour. Ils étaient recouverts de leur couvercle, mais le couvercle de l'un d'eux, le plus petit avait été déplacé ; en outre il était brisé, et quelques morceaux seulement recouvraient la sépulture, principalement la tête du corps inhumé.

L'autre couvercle, également fragmenté, était encore en place sur le sarcophage. Il était légèrement bombé et présentait une arête centrale dans le sens de la longueur. On l'a enlevé en plusieurs morceaux. Les sépultures avaient été violées. On n'a trouvé aucun mobilier funéraire. Le sommet des sarcophages était à 80 cm. environ du niveau du sol. Le petit sarcophage ne contenait que peu d'ossements. Ces ossements ont été trouvés à sa droite, sous les débris du couvercle. Les deux sarcophages étaient distants l'un de l'autre de 55 centimètres. Le grand contenait

(1) Note communiquée à la séance du 24 novembre 1929.

(2) C'est par erreur que la découverte est indiquée à la page 60 de ce volume, comme ayant été faite dans un terrain appartenant à la Société des Hauts-Fourneaux; mais la connaissance en est due à M. de Bonneville, directeur de ce dernier établissement. ■


170 M. ALLINNE

encore le squelette du défunt, la tête appuyée sur le côté droit. Aucune trace de mobilier funéraire, à part un fragment de poterie en terre rosée provenant d'une terrine.

Les sépultures étaient orientées, les pieds de l'enseveli tournés vers l'Est.

Enfin, dans les derniers jours du mois, avait lieu la découverte d'un certain nombre de vases en poterie, trouvés à une certaine distance des sarcophages précédemment exhumés, et au milieu d'ossements. Ces vases qui ont été recueillis et transportés au Musée des Antiquités, sont au nombre de huit. Ils ont la forme de tous ceux que l'on rencontre dans les sépultures franques ; la terre est noirâtre ou blanche. Leur hauteur varie de 5 à 12 cm. Deux d'entre eux présentent le décor géométrique habituel, en creux, tracé à la roulette, et entourant la panse à 'la manière d'un galon. On ramassa aussi un petit vase en verre blanc ; malheureusement cet objet curieux, dérobé par un ouvrier, ne put être retrouvé. Il était en verre verdâtrc, sans irisations. Enfin la fouille mit à jour huit scramasaxes et un petit ardillon de boucle en bronze.

Il faut {noter que «es scramasaxes n'ont été trouvés ni dans les sarcophages, ni parmi les ossements rencontrés dans le voisinage ; ils se trouvaient à quelques mètres d'eux, alignés suivant une direction Nord-Sud, à l'Est de ces sarcophages.

Le désordre des ossements, les vases trouvés isolément, l'ardillon de bronze, seul spécimen des accessoires du costume que l'on a pu recueillir, tous ces faits semblent montrer que le cimetière franc de Grand-Quevilly a été violé à une époque que nous ne pouvons déterminer.

Quoi qu'il en soit, le mobilier funéraire recueilli nous permet cependant de la placer au vi° ou vu" siècle de l'ère chrétienne.


EXPLORATION D'UN OUVRAGE FORTIFIE

à HouIbec=Cocherel (Eure)

par ALPHONSE-GEORGES POULAIN (1)

La commune d'Houlbec-Cocherd, canton de Vernon, (Eure), est assise pour une grande partie sur le plateau s'étendant entre la Seine et l'Eure, à environ 140 mètres d'altitude et pour une autre partie près du village de Cocherel, sur les pentes de la rive droite de cette dernière rivière.

Le village d'Houlbec, où se trouve la petite fortification qui fait l'objet de cette notice, s'étend sur le plateau, à trois kilomètres à vol d'oiseau de la rivière d'Eure. Il se divise en deux parties, le Haut-Houlbec et 'le Bas-Houlbec. La première, bâtie au bord de la plaine parsemée de bosquets et de plants de pommiers, est traversée par la route de Ménilles à Gaillon et s'orne d'une grande place herbue plantée ellemême de ces arbres aux troncs tordus qui constituent une des richesses de la Normandie.

Le Bas-Houlbec dominé par un château moderne et sur lequel veille la flèche effilée de son église, s'étale au fond d'un étroit vallon arrosé d'un ruisselet (un Bec) alimenté par des sources qui, se dirigeant brusquement vers l'ouest, s'évase aux approches de la vallée de l'Eure. Un manteau de verdure couvre le coteau vers le nord, ce sont les bois d'Houlbec, troués d'excavations profondes d'où l'on extrayait autrefois la pierre à meules, c'est-à-dire le calcaire de Brie, industrie encore très florissante il y a un demi-siècle.

Le fief d'Houlbec était au moyen-âge et jusqu'à la Révolution divisé en deux portions : Houlbec-le-Pré et Houlbecla-Salle. Leurs manoirs s'élevaient dans le vallon, l'un, celui

(1) Note communiquée à la séance du 29 avril 1929.


172 A.-fi. POULAIN

du Pré, incendié et démoli il y a quelque vingt-cinq ans, situé au sud-est du Bas-Houlbec et celui de la Salle, bâti près du chevet de l'église, détruit après la Révolution.

Vers le nord-ouest, au point où le vallon forme un coude, la pente boisée laisse voir la pointe d'un petit promontoire s'avançant entre une cavée où court une piste se dirigeant vers la ferme du Bois-d'Houlbec, et une autre dépression de terrain occupée par des herbages. Le lieu-dit porte sur le plan cadastral le nom caractéristique de « la Motte ».

Une petite redoute appelée dans le pays « la butte aux Anglais », à peu près circulaire, composée d'un rempart en terre entouré d'un fossé, est assise à la pointe de ce promontoire.

Si l'ouvrage dans son ensemble a la forme d'une ellipse, cela tient au rétrécissement sensible de la plate-forme du talus vers la pointe du promontoire, diminuant de ce fait, • à cet endroit, la largeur de 'la levée de terre. L'intérieur qui mesure 12 mètres de diamètre, est rigoureusement circulaire (voir le plan pi. 1).

Vu de l'intérieur surtout, le rempart élevé vers le nordouest de 2 m. 50 environ au-dessus du niveau du sol actuel, s'abaisse sensiblement en arrivant vers la porte, large de 2 m. 50 à 3 mètres et faisant face au sud-sud-est, où il n'a plus guère qu'un mètre de hauteur.

On voit très bien, qu'outre la déclivité légère du terrain, qu'épouse 'le retranchement, on a renforcé le côté le plus vulnérable, c'est-à-dire le plateau. Cependant, la hauteur du talus vu du fond du fossé, est à peu près constante sur tout le pourtour, sauf du côté de la porte, où la dépression occasionnée par celle-ci la diminue un peu.

Le rempart, plat à sa partie supérieure, a une largeur irrégulière de 4 m. 50 à 5 mètres vers le nord et l'ouest. Ainsi que je viens de le dire, celte plate-forme se rétrécit vers le sud-est et le sud-ouest où elle n'a plus que 2 m. 50, pour finir à 1 m. 30 environ près de la porte. La hauteur du talus, prise du fond du fossé, est de 3 m. 50 environ. La largeur de ce fossé, au niveau du sol naturel est de 5 mètres et sa profondeur d'environ 1 m. 65.

Devant la porte, on ne voit plus que des traces du fossé,


Fig. 1

TESSONS DE POTERIE



EXPLORATION D'UN OUVRAGE FORTIFIÉ 175

qui devait néanmoins exister autrefois. En ce point, la déclivité rapide du coteau suffisait à la défense. La cavée très profonde située a environ 35 mètres du fossé, côté sudouest, constituait aussi un autre moyen de protection.

On a signalé un peu partout et relevé le plan d'un grand nombre d'enceintes, mais peu d'entre elles ont été explorées, et ce sont principalement les fouilles qui peuvent apporter un peu de lumière sur leur date de construction ou d'occupation.

J'ai pu, grâce à l'aide pécuniaire de mon distingué collègue et ami, M. Henri Gadeau de Kerville, pratiquer l'exploration de la petite enceinte d'HouIbec. Je lui adresse ici le témoignage de ma profonde reconnaissance.

C'est près de l'entrée qu'ont été trouvés quelques objets épars que je vais énumérer et décrire ici.

Sur une longueur de 7 à 8 mètres à partir de la porte, mais surtout de chaque côté, près de la levée de terre, j'ai découvert sous 0 m. 30 et 0 m. 35 d'humus, des pierres plates posées sur l'ancien sol ; un grand nombre étaient placées côte à côte, comme si elles avaient servi à un pavage. Quelques pierres plus volumineuses ont été rencontrées de place en place, surtout à proximité de l'ouverture. Je suppose que ces pierres étaient destinées a supporter des poteaux de bois (n° 1 du plan).

Au pied du talus, à gauche en regardant l'intérieur de l'enceinte, à environ 3 mètres de l'entrée, j'ai remarqué les restes d'un petit muret en pierres sèches, long de 1 m. 50 à 2 mètres, à la base duquel étaient les traces de deux foyers (n° 2 du plan). La terre recouvrant tous ces débris est plus noire que partout ailleurs et parsemée de morceaux de charbon de bois.

C'est entre et sur ces pierres et principalement au pied du muret, dans les restes de cendres et de charbons que j'ai ramassé les objets suivants :

De nombreux tessons de poterie commune très fragmentés, en terre grise, blanche et rougeâtre, semblant appartenir au Haut-Moyen-Age (fig. 1) ; une clef de coffret, un petit gond de porte, une lame de couteau,à pointe recourbée en fer (fig. 2), des débris informes du même métal,


176 A.-G. POULAIN

quelques morceaux de terre cuite et des fragments de tuiles post-romaines. J'ai recueilli aussi une monnaie de bronze indéterminable, mais qui est plus jeune que les autres vestiges.

Il y eut certainement une construction de bois (et pisé peut-être), élevée près de l'ouverture ; le pavage et le muret en sont les restes visibles.

Je pensais même qu'un mur de soutènement des terres du talus existait à l'intérieur sur tout le pourtour, mais des sondages, faits sur plusieurs points, n'en ont point révélé. Le rempart a été construit avec les terres provenant du fossé.

Un homme originaire du pays, rapportant une tradition locale, m'a dit que « les Anglais canonnèrent », par l'échancrure de cette redoute, l'ancien château de la Salle, situé à environ 300 mètres de là !

Cette légende pourrait bien être née du fait qu'en 1420, les Anglais confisquèrent le fief d'Houlbec parce qu'il avait appartenu à Jean de Dreux, seigneur du lieu, tué à la bataille d'Azincourt, et que Robert de Dreux, petit neveu de Jean, rentré en possession des biens de son oncle, mourut prisonnier de guerre, en Angleterre, le 20 Juin 1478 ? (Dictionnaire de l'Eure par Charpillon).

Sommes-nous en présence d'un ouvrage militaire ou bien d'une maison forte habitée par un chef comme on en rencontre sur certains points de l'Irlande ?

Il existe des retranchements similaires ou à peu près sur le territoire normand, à Oissel, Barentin, Mont-Cauvaire, Nesle-Normandeuse (Seine-Inférieure), à Clermonten-Auge (Calvados), et, tout près, la Butte Olivet à Hardencourt, canton de Pacy-sur-Eure, et « le Chàteau-Sarrazin », commune de Saint-Aubin-sur-Gaillon (Eure).

Cet ouvrage étant à mon avis post-romain, faut-il le faire remonter aux Francs qui élevaient, au dire de Tacite, des maisons fortes en terre et bois entourées de palissades et même de haies vives ?

Ou bien faut-il en attribuer la construction à un chef normand installé ici après le traité de 911 ?

On sait que le nom d'Houlbec a une origine nordique et


Fig. 2 OBJETS EN FER




EXPLORATION D'UN OUVRAGE FORTIFIE 179

qu'il signifie ruisseau enfoncé, ravin. Or, ce ruisseau, ce ravin, existe là tout près, au pied du petit coteau !

A environ 1.500 mètres, sur le plateau, est bâtie la ferme du Bois-d'Houlbec, dominant un autre éperon tourné vers l'ouest. Derrière les bâtiments de la ferme se voient encore les vestiges d'un enclos carré, limité par un fossé peu profond dont la terre a été rejetée à l'extérieur.

Des travaux récents de nivellement ont fait disparaîre en partie fossés et talus. On désignait dans la localité cet enclos par le nom de « parc aux chevaux » et l'on.ajoutait même « que les Anglais l'établirent pour leurs propres animaux ? »

Ce ne fut certainement pas lors de la bataille de Cqcherel en 1364, puisque l'armée navarraise, composée en partie d'Anglais, et venant d'Evreux, rencontra l'armée française près de Hardencourt situé au delà de Cocherel.

Ce n'était fort probablement qu'un simple parc à bestiaux.



BIBLIOGRAPHIE PRE-ET PROTOHISTORIQUE NORMANDE

OUVRAGES PUBLIES PAR LES MEMBRES DE LA SOCIETE

DEPUIS 191 i

(à l'exclusion des travaux insérés dans les volumes du Bulletin de la Société)

I. — De M. Louis DEGLATIGNY

1. Notice archéologique sur les forêts de Rouvray et de La

Londe (Seine-Inférieure). 17 pages, Rouen 1922. J. Lecerf fils, in-8°.

2. Fouilles archéologiques de la place des Carmes, à Rouen,

en 1923. Cachette de bronze découverte à Biessard près de Rouen (avec 10 planches hors texte). Rouen 1924. Lecerf fils, 16 pages, in-8°.

3. Documents et notes archéologiques. 1" fascicule, avec 16

planches hors texte. Rouen 1925. Lecerf fils. 55 pages in-8°.

4. Documents et notes archéologiques. 2" fascicule, avec 21 planches

planches texte. Rouen 1927. Lecerf fils, 63 pages, in-8°.

5. Notes sur quelques enceintes de l'arrondissement de Bernay.

Les plans de Ameline, agent-voyer. Avec 8 planches horstexte. Rouen 1926. Lecerf fils. 21 pages, in-8".

6. Département de l'Eure : les 25 plans de F. Ameline. Avec 30

planches hors-texte. Rouen 1927. Lecerf fils, in-8°.

IL — De M. G. LOISEL

1. L'Archéologie préhistorique au Musée d'Elbeuf. Bulletin de la Société d'Etudes des Sciences naturelles d'Elbeuf, 1923. Plantrou (Elbeuf). 10 pages, in-8°.

III. — De M. G. HUBERT 1. Le lit de la Gione. (« Avenir de Bagnoles » du 22 juillet 1924).


182 BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PROTOHISTORIQUE NORMANDE

2. Contribution à l'étude de l'âge du cuivre : Elude et analyse

d'une hache plate du département de l'Orne. Bulletin de la Société préhistorique française 1924, n° 10, p. 243-247.

3. Le pseudo-dolmen de Céaucé (Orne). Bulletin de la Société

•historique de l'Orne. Tome XLIII, juillet 1924, p. 318-322.

4. en collaboration avec C. BOULANGER :

La bague mystérieuse. Bulletin de la Société préhistorique française. Tome xxi, 1924, n° 12, p. 287-288.

5. en collaboration avec M. BEAUDOUIN et C. NOBIS :

Les Mégalithes sous tumulus du Creux, en St-Bômer-lesForges (Orne). Bulletin de la Société préhistorique française. Tome xxn, n°s 8-9-10, 1925, p. 252-264. 0. en collaboration avec C. NOBIS :

La Ciste du Chanip-Pi-de-Chien, en St-Bômer-les-Forges (Orne). A. F. A. S., 1925, p. 498.

7. Compite-rendu de « l'Inventaire des Monuments mégalithiques

du département de l'Orne », par L. COUTIL, paru dans « l'Homme Préhistorique », nos 5 et 6, juin 1926. Bulletin bibliogr. et critique d'histoire de Normandie, avril 1927, p. 234-236.

8. en collaboration avec H. ROULLEAUX-DUGAGE :

Les menhirs de St-Siméon et de La Lande-St-Siméon (Orne). A. F. A. S., 1926, p. 471-472.

IV. — Du Docteur R. DORANLO a) Préhistoire

1. Contribution à l'étude du néolithique en Basse-Normandie :

l'Atelier de BeuviUe (Calvados), dans Bull. Soc. préhist. française, XIII, 1916, p. 362-368 ; 525-532 et 547-561, fig. et carte (Le Mans, 1916).

2. Découverte de pierres antiques dans le Calvados (Ibid. x,

1913, p. 558-565 av. carte). 3. Une pierre à légende inédite du Calvados dans « l'Homme préhistorique », 1912, p. 74 à 83, fig. et carte (Le Mans, 1912).

4. Sur un polissoir portatif trouvé à Revicrs (Calvados), dans le

Bull, de la Soc. Linnéenne de Normandie, 6" série, 4e vol., 1910-1911, p. 58 à 67, fig. et carte (Caen, 1912).

5. Un polissoir inédit du Calvados : Le Polissoir de Bons-Tassilly,

Bons-Tassilly, le Bull, de la Soc. préhist franc., x, 1913, p. 309318, fig. et carte (Le Mans, 1913).

6. La « Croix Cariée » de Cambes, dans Bull, de la Soc. des


BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PROTOHISTORIQUE NORMANDE 183

Antiq. de Normandie, xxix, 1913-1914, p. 376-379, av. 1 pi h.-t. (Caen, 1914). 7 Le « Menhir de Caen » et la Station préhistorique de Mathieu (Ibid., xxxi, 1916, p. 367-372, Caen, 1916).

8. Chronologie de l'Age du Bronze (Ibid., xxxiv, 1921-1923, p.

406-411. — Caen, 1924).

9. Cachette du Bronze de Gouville (Manche). Considérations

générales sur les découvertes de l'Age du Bronze dans le

département de la Manche, dans l'Annuaire de l'Association

Normande, Congrès de Valognes, 1925, p. 56-84 (Caen, 1926).

10. L'Hiatus halstattien en Normandie, dans Bull, de la Soc. des

Antiq. de Normandie, xxxv, 1921-1923, p. 506-508 (Caen, 1924).

11. La Station néolithique des Canadas, près de Fécamp (Bull. Archéologique 1925, p. CXXI-CXXII (Paris, 1926).

12. L'Age du Bronze en Normandie, dans « Normannia », 1"

ann. n° 1, mai 1928, p. 3 à 43, av. flg.

b) Période gallo-romaine

13. Les sigles céramiques de Vieux au Musée de la Société des Antiquaires de Normandie, dans Bull, de la Soc. des Antiq. de Norm., xxxv, 1921-23, p. 401-407 (Caen, 1924).

14. Antiquités de Bernières-sur-Mer, Ibid., p. 420-428.

15. Sigle frontinien inédit de Lisieux, au Musée de la Société

des Antiquaires de Normandie. Les Ateliers frontiniens. Ibid., p. 600-609.

16. Statuette de Vénus Anadyomçne trouvée dans tes fouilles

d'un mégalithe à Beuville (Calvados). Prétendus ateliers céramiques gallo-romains de la 11° Lyonnaise. Caen, 1925, in-8, 36 p. 2 pi. h.-t.

17. Vases sigillés gallo-romains inédits trouvés en Normandie,

dans Bull, de la Soc. Normande d'Etud. préhist., xxv, 1922-1924, p. 57-81, av. flg. et pi. (Rouen, 1926).

18. Sigle inédit de FRONT (inus) au Musée de Lisieux, dans

Bull, de la Soc. h'ist. de Lisieux, ann. 1924-1925, n° 26, p. 27-30 (Lisieux, 1926).

19. Fondation d'une chaussée antique sous la plage de Bernières-sur-Mer,

Bernières-sur-Mer, Bull. Soc. des Antiq. de Norm., xxxvi, 1924-1925, p. 539-541 {Caen, 1926).

20. Sur des moules de poteries sigillées trouvés à Vieux. Fragments

Fragments vases portant les marques de Palernus et de Terliolus, Ibid., xxxvn, 1926-1927, p. 412-413 (Caen, 1929).


184 BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PROTOHISTORIQUE NORMANDE

21. Epigraphie antique de la Ciuitas des Lexovii, dans les Etudes

Etudes III, 1928, Paris, Caen, in-4°, p. 257-323, avec 7 pi. h.-t.

22. Note sur des estampilles céramiques découvertes dans le

département de l'Eure, dans la Rev. Catholique de Norm., 38° ann., 3° livr., mai 1929, p. 144-161 (Evreux, 1929).

c) Période franque

23. Le sarcophage de Beaumesnil (Calvados), superposition des

habitats antiques, dans Bull, de la Soc. des Antiq. de Normandie, xxix, 1913-1914, p. 356-359 (Caen, 1914).

24. Sarcophage trouvé en Novembre 1921, à Percy-en-Auge

(Calvados), Ibid., xxv, 1921-1923, p. 475-480 (Caen, 1924).

25. Découverte de sépultures antiques à Saint-Vrsin, commune

de Courseulles-sur-Mer, (Calvados), dans Bull. Soc. préhist. franc., xi, 1914, p. 465-481, av. pi. et fig. (Le Mans, 1914).

26. Découverte de sarcophages francs à Saint-Martin-de-Fontenag

Saint-Martin-de-Fontenag en avril 1925, Ibid., xxxvi, 1924-1925, p. 542-543 (Caen, 1926).

27. Sarcophages francs et réinhumations chrétiennes à Beuville

(Calvados), dans Bull. Soc. des Antiq. de Norm., xxxvn, 1926-1927, p. 454-468, av. 2 pi. h.-t. (Caen, 1929).

d) Géographie antique

28. Sur l'état ancien de Reviers (Calvados) et la localisation de

Grannona, dans Bull. Soc. des Antiq. de Norm., xxxv, 1921-1923, p. 541-544 (Caen, 1924).

29. Un problème de Géographie antique : Grannona-Grannonwn,

Ibid., p. 546-564, av. pi. h.-t-.

30. Portbail ne peut pas être identifié avec Grannonum, dans

l'Annuaire des cinq départem., Congrès de Valognes, 1925, p. 49-55 (Caen, 1926).

31. Les voies antiques du Lieuvin, Ibid., Congrès de Lisieux,

1926, p. 82-89 (Caen, 1927).

32. La Région de Louviers dans l'Antiquité jusqu'à la chute de

l'Empire romain, Ibid., Congrès de Louviers 1928, p. 4376 (Caen, 1929).

e) Camps antiques

33. Les fouilles de la « Grande-Roche » à Blainville (Calvados),


BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PHOTOHISTORIQUE NORMANDE 1S5

dans Bull. Soc. des Antiq. de Norm., xxix, 1913-1914, p. 391-393 (Caen, 1914).

34. Camps, Enceintes, Mottes et Fortifications antiques du Calvados,

Calvados, Congrès préhistorique de France IXe Sess., Lons-le-Saulnier, 1913, p. 791-814 (Le Mans, 1914).

35. Le Camp de Banville (Calvados), dans Bull. Soc. des Antiq.

de Norm., xxxi, 1916, p. 374-394 (Caen, 1916).

36. Camps, Enceintes, Mottes et Fortifications antiques du

département de l'Eure. Ibid., xxxiv, EPLE, p. 117-238, av. pi. h.-t. et carte.

37. Les Excavations de la falaise du camp de Bauville, Ibid.,

xxxiv, p. 329-334.

38. Sur les souterrains-refuges du Pays d'Auge. Ibid., xxxiv,

p. 377-381,

39. Sur la difficulté de dater les camps antiques. Ibid., xxxv,

1921-1923, p. 468-471 (Caen, 1924).

40. Le camp des Canadas à Fécamp et sa station néolithique,

Caen, 1925, in-8°, 16 p. et carte.

41. Essai d'Inventaire des Camps, retranchements, mottes et fortifications

fortifications du Lieuvin, dans le Bull, de la Soc. historiq. de Lisieux, n° 26, 1924-1925, p. 1-25 av. carte (Lisieux, 1926).

42. Le Camp de Moulines (Calvados), dans le Bull, de la Soc.

des Antiq. de Norm., xxxvn, 1926-1927, p. 400-404 (Caen, 1929).

43. Les Camps retranchés des environs d'Yvetot et la campagne

de Henri IV au Pays de Caux, dans l'Annuaire des Cinq départem. 95° ann. Congrès d'Yvetot, 1927, p. 33-75 (Caen, 1913).

f) Anthropologie

44. Squelettes préhistoriques de Lion-sur-Mer (Calvados), dans

le Bull, de la Soc. préhist. franc., ix., 1912, p. 123-128 (Le Mans, 1912).

45. Crânes et ossements préhistoriques de la falaise de Lion-surMer (Calvados), Ibid., x, 1913, p. 444-447 av. fig. (Le Mans, 1913).

46. Notes d'anthropologie et d'archéologie normandes. Les Sépultures

Sépultures Sainl-Vrsin, à Courseulles-sur-Mer (Calvados), dans Bull, de la Soc. des Antiq. de Norm., xxxi, 1916, p. 1-38 av. ■pi. h. t.

47. Crânes francs de Basse-Normandie dans l'A. F. A. S., 45e Sem,. Rouen,' 1921, p. 742-757 (Paris, 1922).


186 BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PROTOHISTORIQUE NORMANDE

48. Ossements d'animaux quaternaires, trouvés dans la Tourbière

Tourbière la vallée de l'Orne, dans le Bull, de la Soc. linnéenne de Norm., 7° sér., t. V, 1922, p. 20-21.

g) Bibliographie et Critique.

49. Sur les théories de M. de Paniagua (Destination des dolmens

et tumulus, dans le Bull, de la Soc. des Antiq. de Norm., xxix, 1913-1914, p. 337-341 (Caen 1914).

50. Réponse aux critiques de M. L. Coutil sur mon mémoire

« Les Cajnps de l'Eure », Ibid., xxxv, 1921-1923, p. 437-448 (Caen, 1924).

51. Louis Deglatigny, — Documents et notes archéologiques, 1" fascicule, 1925, dans Bull, bibliogr. et critiq. d'Hist. de Norm., i, 2, nov. 1925, p. 44.

52. Léon Coutil, — Inventaire des monuments mégalithiques du

département de l'Orne (Annuaire des Cinq départements, 1925) Ibid., p. 45-40.

53. Léon Coutil, — Déparlement de l'Eure. Archéologie gauloise,

etc. t. V, arrondissement de Pont-Audemer, 1925, Ibid, n, 1, Avril 1926, p. 95-99.

54. Edmond Hue, — Environs de Luc-sur-Mer (Calvados). Les

blocs erratiques. (Bull. Société préhist. franc., 1926), Ibid., il, 2, Août 1926, p. 143-144.

55. Ed. Toulmin-Nicolle et N. Harris, — La Hongue-Bie (Bull.

annuel de la Société Jersyaise 1925) Ibid., p. 144-145.

56. L'Archéologie antique en Normandie (des origines au x"

siècle). Rapport présente au Centenaire de lu Société des Antiquaires de Normandie (1824-1924), le 2 juin 1924, dans Bull, de la Soc. des Anliq. de Norm.. xxxvi, 1924-1925, p. 37318 (Caen, 1926) 'tiré à part avec Index et tables, Caen 1926].

57. L. Coutil, — Inventaire des monnaies gauloises recueillies

dans le départ, du Calvados (Annuaire des Cinq déparlem. 1927) dans le Bull, bibliogr. et critiq. d'Hist. de Norm., m, 3, Décembre 1927, p. 323-320.

58. Deglatigny (Louis), — Vingt-cinq plans de F. Amelinc, Rouen

1927. Ibid., m, 2, Aoûl 1927, p. 284-285.

59. Deglatigny (Louis), — Documents et notes archéologiques,

II" fasciade, Rouen, 1927, Ibid., m", 2 Août 1927, p. 283-284.

60. Coutil (L.), — Les retranchements de l'arrondissement de

Reniai/ (Eure) et les plans de M. Ameline, ancien agenl-voyer (Revue catholique de Xormandie, 1929). 60 bis. Deglatigny (L.), — A propos des plans de F. Amelinc, Rouen, 1929, Normannia n, 1, mai 1929, p. 336-337.


BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PROTOHISTORIQUE NORMANDE 187

61. Poulain (Alphonse-Georges), — Les Stations ou gisements préhistoriques

préhistoriques environs de Vernon (Eure). [Bull. Soc. préhist. franc., 1928] Ibid., n, 1, p. 334-335.

h) En collaboration avec M. J. Vétel.

62. Les Pierres branlantes de Deuville (Calvados), pierres à cupules, dans le Congrès préhist. de France, vil 0 sess., Angoulème, 1912, p. 554-570 avec fig. et carte (Le Mans, 1913).

V. — De M. H. LAMIRAY

1. Une excursion au Sec-lion. Evreux. Hérissey. 1924. 8 pages.

2. Note sur un miroir gallo-romain trouvé à Aulnay (Eure).

Evreux. Hérissey. 1926. 3 pages.

3. Promenades historiques et anecdoliques dans Evreux.

(Ouvrage couronné par l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 1929), (chez l'auteur, à Evreux). 1927. 215 pages.

4. Les fouilles du Clos-au-Duc (Nécropole de Médiolanum).

Soc. libre de l'Eure. Tome III. 1926 et Hérissey, 1926. 11 pages.

5. Une visite à Glozel, dans « la Normandie » 6.10.28 et « le

Réveil de Louviers », 13.10.28.

VI. — De M. C. RIDEN

1. Une campagne de recherches minières en Seine-Inférieure,

par Emile Barbier, contenant « L'Exploitation des mines de fer dans le Bray (région de Forges), par C. Riden.

2. La Galerie brayonne, en 6 albums in-4°, et une carte du Vieux

Neufchâtel, contenant 600 documents illustrés. Propriété de la Commission des Antiquités de la Seine-Inférieure, et en dépôt, aux Archives départementales, à Rouen.

VII. — De Edmond HUE

1. Camps néolithiques et Camps romains (Camp de St-Ursin, à

Conrseulles) (Calvados), Bulletin Soc. Préhistorique Française, 1908.

2. Musée Ostéologique. Etude de la faune quaternaire. Librairie

Schleicher, Paris, 2 vol. 1907.

3. Le four romain de Luc-sur-Mer. Académie des Sciences, Arls

et Belles-Lettres, Caen. 1908.


188 BIBLIOGRAPHIE PRÉ-ET PHOTOHISTOHIQUE NORMANDE

4. Deux menhirs du Calvados (Reviers et Bény). L'Homme préhistorique,

préhistorique, 1911.

5. Quelques pièces préhistoriques de Luc, Lion, Langrime et

Bény (Calvados). Bull. Soc. Préh. Française, 1911.

6. L'âge de la pierre aux environs de Luc-sur-Mer, Bull. Soc.

Préh. Française, 1914.

7. Note sur une progression marine à Luc-sur-Mer. Bull. Sac.

Préh. Française, 1914.

8. Les Biocs erratiques des environs de Luc-sur-Mer. Bull. Soc.

Préh. Française, 1926.

9. Carte de la Côte de Nacre (Rochers du Calvados). Union des

Syndicats d'initiative de la Côte de Nacre, 1927.

10. La Plage surélevée de Luc-sur-Mer (Calvados). Bull. Soc.

PréHîst. Française, 1928.

11. Cinq Nautilus, 2 racines fossiles et ossements fossiles de Luc-sur-Mer. Soc. Linnéenne de Normandie, Caen 1928.

12. Manuel des Recherches Préhistoriques, deuxième édition. Soc.

Préh. Française. Costes, éditeur, Paris. 40 fr. 1929.


COMPTE-RENDU FINANCIER DE L'ANNÉE 1927 189

COMPTE-RENDU FINANCIER de l'Année 1927

1° Recettes en 1927 :

Avoir au 1" janvier 1927 : 1.653 76

Cotisations encaissées : 130 à 15 fr 1.950 »

Ventes de Bulletins : 42 »

Recettes diverses, versements en compte : ... . 98 50

Intérêts de notre compte en Banque : . 56 79

Subvention du département de la Seine-Inférieure : 300 »

Total 4.101 05

2° Dépenses en 1927 :

Circulaires, timbres et dépenses diverses : 203 25

Frais de recouvrements postaux : 50 90

Location de salle pour les Assemblées : 50 25

Fonds en caisse ou en Banque au 31 décembre 3.796 65

Total 4.101 05

Le Trésorier : L. DEGLATIGNY.


190 COMPTE-RENDU FINANCIER DE L'ANNÉE 1928

COMPTE-RENDU FINANCIER de l'Année 1928

1° Recettes en 1928

Avoir au 1er janvier 1928 : 3.796 65

Cotisations encaissées: 2 pour 1927: 30 »

120 pour 1928: 1.800 » 3 pour 1929: 50 » 1.880 »

Ventes de Bulletins : 279 »

Dons pour l'impression du mémoire Kucéra :

M: Eloy : 100 »

M. Gadeau de Kerville : 250 »

M. L. Deglaligny : 250 » 600 »

Don de M. Gadeau de Kerville, pour le tome xxvi : '630 » Remboursement de planches et impression (M.

Kucéra) : 670 »

Remboursement de frais postaux et de recouvrements : 102 65

Intérêt de notre compte en banque : 95 76

Virements du compte postal au Comptoir d'Escompte 1.350 »

Total 9.404 06

2° Dépenses en 1928 :

Circulaires, timbres et recouvrements postaux : 325 40

Location de salle pour les Assemblées : 70 »

Facture Lecerf : Tome xxvi du Bulletin:.... 6.000 »

Facture Lecerf : Compte Kucéra : 355 50

Virements du compte postal au Comptoir d'Escompte : 1.350 »

Fonds en caisse ou en Banque au 31 décembre : 1.303 16

Total 9.404 06

Le Trésorier : L. DEGLATIGNY.


COMPTE-RENDU FINANCIER DE L'ANNÉE 1929 191

COMPTE-RENDU FINANCIER de l'Année 1929

1° Recettes en 1929

En caisse le 1" janvier 1929 1.303 16

Encaissement de 115 cotisations 1929 1.735» » 1 cotisation 1930 15 »

» 1 cotisation 1931 15» 1.765 »

Dons de MM. Ducrocq et Gadeau de Kerville. . 65 »

Intérêts de notre compte à la Banque 49 99

Virement du compte postal à la Banque 1.000 »

Remboursement de frais de poste et de recouvrements 262 95

Vente d'un Bulletin 20 »

Subvention du département de la Seine-Inférieure (1928) 300 »

Total 4.766 10

Dépenses en 1929

Circulaires, frais de poste et de recouvrements. 305 10

Location de salle en 1928 80 »

Virement au compte de la Banque 1.000 »

En Caisse le 31 décembre 1929 3.150 »

» Compte de chèques postaux 231 » 3.381 »

Total 4.766 10

Le Trésorier : Louis DEGLATIGNY.


LISTÉ

des Sociétés et Institutions correspondantes

FRANCE

LE HAVRE. ■— Bibliothèque Municipale.

— Société géologique de Normandie et des Amis du

Muséum du Havre. LOUVIERS. — Bibliothèque Municipale. PARIS. — Académie des Sciences.

— Bibliothèque des Sociétés savantes.

— Bibliothèque du Muséum d'Histoire naturelle. —• Société d'Anthropologie.

RENNES. — Société Archéologique d'Ille-et-Vilaine. ROUEN. — Bibliothèque Municipale.

—■ Muséum d'Histoire naturelle.

— Société des Amis des Sciences naturelles. SAINT-GERMAIN-EN-LAYE. — Musée des Antiquités nationales. VANNES. — Société polymathique du Morbihan.

ETRANGER

BELGIQUE. — Bruxelles. Société belge de Géologie, de Paléontologie et d'Hydrologie.

BELGIQUE. — Bruxelles. Société d'Archéologie.

ITALIE. — Rome. Musei preistorico-elnografico e Kircheriano : Collegio Romano.

SUÈDE. — Stockholm. Bibliothèque de l'Académie royale.

NOTA. — Les Sociales et Institutions correspondantes sont priées de bien vouloir adresser leurs publications, au nom de la SOCIÉTÉ NORMANDE D'ETUDES PRÉHISTORIQUES, à la BIBLIOTHÈQUE MUNICIPALE DE ROUEN, rue de la Bibliothèque, à Rouen.'


Liste des Membres de la Société au 30 Juin 1930

MEMBRES D'HONNEUR ; '

MM. S. REINACH, membre de l'Institut, conservateur du Musée

des Antiquités nationales de Saint-Germain-en-Laye,

à Paris. M. BOULE, professeur de paléontologie, au Muséum de

Paris. G.-F. JDOLLFUS, ancien président de la Société géologique

de France, à Paris. L'abbé H. BREUIL, professeur à l'Institut de Paléontologie

humaine, à Paris.

MEMBRES DONATEURS '

MM. Alfred LESAGE, à Beaumont-le-Roger. ! '"')

Henri GADEAU DE KERVILLE, à Rouen. Louis' DEGLATIGNY, à Rouen. ■

BUREAU ; :\ '

ANNEE 1930

MM. le Dr R. DORANLO, président ;

' ' R. FORTIN, ) ....

_, ^, „ } vice-présidents ;

Dr F. COUTAN, j

Ch. BRISSON, secrétaire ;

G. DIARD, secrétaire-adjoint ;

L. DEGLATIGNY, trésorier.

CONSEIL D'ADMINISTRATION

MM. l'abbé J. PHILIPPE ; LE PARQUIER ;

MM. R. RÉGNIER ;

PÉRIER.

' COMITÉ DES PUBLICATIONS

MM. R. FORTIN ; L. DEGLATIGNY ;

I MM. le Dr COUTAN ; J Gabriel LOISEL.

;■-■ ' -- ■ 13


194 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

MEMBRES AU 30 JUIN 1930

MM. ALLINNE (Maurice), directeur du Musée départemental

des Antiquités, rue Saint-Nicolas, 44 bis, Rouen. BARBEY, instituteur, Hécourt (Eure).

BARBIER (Emile), S pharmacien, Saint-Saëns (Seine-Inférieure ). BARBIER (Henri), pharmacien, Paey^sur-Eure (Eure). BERTHOLET (Emile), minéralogiste, avenue Victor-Hugo, 25,

Bonnières-sur-Seine (Seine-et-Oise). ', Bibliothèque municipale, Evreux (Eure), i BIGOT (A.), doyen honoraire de la Faculté des Sciences,

correspondant de l'Institut, Mathieu (Calvados). BOCQUET (Marcel), rue des Fontaines, 21, Dieppe. BONIFACE (André), rue d'Elbeuf, 42, Rouen. , BOUDET (Marcel), directeur d'école, Bihorel-lès-Rouen.

BOULE (Marcellin), professeur de paléontologie au Muséum,

place Valhubert, 3, Paris (vc). BOUVEAU, secrétaire-général de la Mairie, Hôtel de Ville,

Rouen. BREUIL (L'abbé H.), professeur à l'Institut de Paléontologie

humaine, avenue de La Motte-Picquet, 52, Paris (xvc). BRISSON (Charles), rue Guyniemer, 63, Elbeuf-sur-Seine,

(Seine-Inférieure). BROCHARD, J, ancien vétérinaire, rue Saint-Jean, 55, Laigle

(Orne). BROGNARD (Lucien), pharmacien, rue Léon-Gambetta, 10,

Lillebonne (Seine-Inférieure). BRUCY (André), inspecteur au Crédit foncier, rue Truffaut,

69, Paris (xvnc). ! CAHINGT, professeur honoraire, avenue de la République, 42,

Neuville-lès-Dieppe (Seine-Inférieure). CAZALET-JDOUTY (Dr), Villa Noël, avenue Villebois-Mareuil,

Nice (Alpes-Maritimes). CHARLIER (André), rue du Champ-des-Oiseaux, 4Î, Rouen. CHARLIÈR (Edouard), avenue du Général-Hoche, 153, Malo*

les-Bains (Nord). CHATEL (Dr M.), Duclair (Seine-Inférieure). CHAUVET (Gustave), notaire honoraire, rue du Jardin-desPlantes,

Jardin-desPlantes, Poitiers (Vienne). CHÉDEVILLE, commissaire-priseur, rue da M^eilet, 2, Evreux CHIROL (Pierre), architecte, rue Thiers, 42 bis, Rouen. COSTA DE BEAUREGARD (Comte Olivier), château de SainteFoy,

SainteFoy, Longueville (Seine-Inférieure).-


LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ 195

MM. COUDUAY (Edmond), entrepreneur, Darnétal, près Rouen.

COUTAN (Dr F.), rue d'Ernemont, 10, Rouen.

CRÉPIEUX-JAMIN, graphologue, rue Martainville, 65, Rouen.

DALMENESCHE (Dr), Le Tréport (Seine-Inférieure).

DEGLATIGNY (Louis), rue Biaise-Pascal, 29, Rouen.

DESLANDHES (E.), archéologue, Sainte-Mesme, par Dour! dan (Seine-et-Oise).

DIARD (Georges), professeur au Lycée, rue Edouard-Fortier, 30, Mont-Saint-Aignan, près Rouen.

DIVHY (Alfred), propriétaire, Saint-Cyr-du-Vaudreuil (Eure).

DOLLFUS (G.-F.), *, ancien président de la Société géoloi. gique de France, rue de Chabrol, 45, Paris (x°).

DOLLFUS (Dr M. A.), rue Eugène-Manuel, 5, Paris (xvr).

DORANLO (Dr Raoul), Mathieu (Calvados).

DOUY (André), quai d'Algérie, 1, Rouen.

DUBUS (Marius), représentant de commerce, rue du FauI bourg-de-Rouen, Louviers (Eure).

DUCROCQ (Albert), négociant, Les Bordeaux^Saint-Clair (Eure), par Saint-Glair-sur-Epte (Seine-et-Oise). M1"' DUVEAU (Emilie), rue Saint-Patrice, 55, Rouen. MM. ELOY (Henri), directeur régional du Crédit Foncier de France, rue du Champ-des-Oiseaux, 5, Rouen.

FONTAINE (Léonce), rue Chasse-Barrée, 6, Fécamp (SeineInférieure).

FORTIN (Raoul), I &, géologue, rue du Pré, 24, Rouen.

FOUCHER. (Henri), boulevard Voltaire, 19, La Varenne-SaintHilaire (Seine).

FOUJU (G.), membre de la Société d'Anthropologie, corres* pondant du Comité des Monuments mégalithiques, rue

de Rivoli, 33, Paris (iv6).

FOULON (€.), instituteur retraité, rue de la Comédie, 6( Bernay (Eure).

GADEAU DE KERVILLE (Henri), $, I §, 0 ||, C S, homme •de science, rue du Passage-Dupont, 7, Rouen.

GÉNESTAL (Camille), rue Jules-Siegfried, 44, Le Havre.

GOERG (Maurice), Gauville-Ia-Campagne, par Evreux,

GOSSELIN (Jules), rue Massenet, 6, Sanvic (Seine-Inférieure).

GRIMOIN-ISANSON, Château d'Oissel, Oissel-sur-Seiné (SeineInférieure).

HAMEL (Dr Maurice), directeur de l'Asile de Quatremares, près Rouen.

HÉRON (Constant), route de Dreux, 40, Ezy (Eure).

HËRVAL (René), rue Carnot, 27, Bihorël, près Rouen.


196 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

MM. HERVÉ (Max), Moulin-Neuf, le Gond-Pontouvre (Charente). HESS. (Georges), négociant, rue Général-Galliéni, 7 bis, Le

Havre. HOMMEY (Dr J.), médecin de l'Hôpital, Sées (Orne). HUBERT (Gabriel), docteur en pharmacie, licencié-ès-sciences, correspondant de la Commission des Monuments mégalithiques, Grande-Rue, 59, Mayenne (Mayenne). ; HUE (Edmond), vétérinaire-major honoraire, rue de la Fontaine, 81, Luc-sur-Mer (Calvados). LAFOND (Jean), directeur-rédacteur en chef du Journal de

Rouen, place de l'Hôtel-de-Ville, 17, Rouen.

ILAMIRAY (H.), antiquaire, rue Chartraine, 29, Evreux (Eure).

LAURENCE (Robert), instituteur, rue Villaine, 40, Evreux.

| LE BEL-JEHENNE (Louis), La Valette, Village du Vieux-Coui

Vieux-Coui ville, Agon (Manche).

f LECERF (Jules), imprimeur, rue des Bons-Enfants, 46-48,

Rouen. ; LECHARPENTIER (Dr), Saint-Sylvain (Calvados).

LECOEUR (Charles), rue de la Petite-Cité, 1, Evreux (Eure). LEFÈVRE (Léon), architecte, place Félix-Faure, 10, Lillebonne (Seine-Inférieure). LEFÈVRE (Pierre), libraire, rue de la Marne, Gien (Loiret). LEMEILLEUR (Georges), boulevard Berthier, 31, Paris (xvnc). LE PARQUIER, I W, rue Chasselièvre, 11, Rouen. LEROUX (Louis), expert, maire de Nolléval (Seine-Inférieure). LE VERDIER (P.), avocat, rue de Crosne, 20, Rouen. i LEVILLAIN (J.-C), directeur de l'Ecole supérieure de Commerce, rue des Quatre-Amis, 15, Boisguillaume, près j Rouen.

V LOISEL (Gabriel), chef de section aux Voie et Bâtiments des chem. de fer de l'Etat, rue Pasteur, 49, Saint-Aubin' jouxte-Boulleng (Seine-Inférieure).

LOISEL (Raymond), architecte, rue du Fardeau, 19, Rouen. LOIZIEL (Raoul), avocat, rue Joséphine, 24, Evreux (Eure). ' MARAIS (Maurice), cultivateur, Jumelles, par Saint-André| de l'Eure (Eure).

MARTIN (J.), fabricant de meubles, Londinières (Seine-Inférieure). METTAIS-CARTIER, avocat, rue du Ghamp-des-Oiseaux, 30,

Rouen. MICHEL, Ingénieur-honoraire du service vicinal, Evrecy (Calvados).


LISTE DES MEMBRES DE LÀ SOCIÉTÉ 197

MM. MICHEL (Alfred), rue de la Chaîne, 78, Darnétal, près Rouen. MICHEL (André), dentiste, rue des Carmes, 14, Rouen. MIGUET (E.), Chaise-Dieu-du-Theil, par Bourth (Eure). MOTTU, député de Seine-et-Oise, La Mésangère, Marcilly-sur! Eure (Eure).

MOULARD (Henri), Breuilpont (Eure). MOUQUET (Rémy-Benjamin), rue Jules-Ferry, 12, Dieppe. K Musée départemental des Antiquités de Rouen.

NIJHOF (Martinus), libraire, Lange Voorhout, 9, La Haye (Hollande). Mmc NOBLET (A.), institutrice, Breuilpont (Eure). MM. OCTOBON (Commandant Ernest), 520e régiment de chars de combat, Maubeuge (Nord). OURSEL (Dr), maire d'Evreux, rue Joséphine, 49, Evreux

. (Eure). PELLERAY (Henri), architecte, faubourg de la Barre, 25,

Dieppe. PÉRIER (J.), receveur municipal, Darnétal, près Rouen. PHILIPPE (L'Abbé J.), curé de Breuilpont (Eure). PLÉ (Jules), chef de bureau aux Archives départementales, rue d'Orléans, 8, Rouen. ! POINCEAU (Victor), avenue de la Marne, 2 et 4, Asnières ' (Seine).

POISSON, route de Neufchâtel, 58, Rouen. POULAIN (Alphonse-Georges) 9, membre correspondant de l'■• la Commission départementale pour la conservation

des monuments naturels, l'Ermitage, Saint-Pierre-d'Autils, près Vernon (Eure). PRÉVOST (Raymond), rue des Champs, 30, Rouen. QUENEDEY (Commandant Raymond) 0 &, rue Thiers, 79,

Rouen. RAVANNE (Pierre), agriculteur, Saint-André-de-l'Eure (Eure), r RÉGNIER (Robert), directeur du Muséum d'histoire, naturelle, rue Dufay, 16, Rouen. REINACH (S.), membre de l'Institut, avenue Victor-Hugo, 18, Boulogne-sur-Seinie (Seine). i RETOUR (Roland), Service vicinal de l'Eure, rue de l'EcoleNormale, 9, Evreux (Eure). RIDEN (C), archéologue, avenue du Palais d'Eté, Forges-lesr Eaux (Seine-Inférieure).

ROUSSEL (G.), Les Grandes-Ventes (Seine-Inférieure). ROUXEL (G.), rue de la Duché, 30, Cherbourg (Manche). Mmc SAINT-OUEN (L.), Breuilpont (Eure).


198 LISTE DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ

MM. SAUNIER (Honoré), ingénieur en chef du Service vicinal, rue Casimir-Périer, 2, Le Havre.

SAUVAGE (René), archiviste départemental, rue des Carrières-Saint-Julien, 15, Caen {Calvados).

SOCIÉTÉ JERSYAISE, Royal Square, 9, Jersey, Iles Anglo-Nor' mandes.

; SOREL <J.), pharmacien, rue Alcxandre-Legros, 16, Fécamp (Seine-Inférieure).

THIBOUT (Marcel), •artiste lithographe, place de la République, 6, Louviers (Eure).

TOUTAIN (Charles), agent-voyer cantonal, rue DavidLacroix, Dieppe.

VAN GIFFEN (Le Prof Dr A. E.), Université de Groningue, Groningue (Hollande).

VAUSSIER (Ernest), membre correspondant de la Commission départementale des Antiquités de la Seine-Inférieure, Notre-Dame-de-Franqueville, par Boos (SeineInférieure). ~ VAUTIER, rue Lepouzé, 30, Evreux (Eure).

VÉSIGNIÉ (Louis), colonel d'artillerie en retraite, rue Général-Foy, 22, Paris .(vnr3).

VILLENEUVE (Auguste), directeur de l'Ecole de garçons, Gassicourt (Seine-et-Oise).

YARD (Francis), professeur, rue de la Rampe, 19, Rouen.

NOTA. — Les Membres, dont les noms, titres, professions ou domiciles seraient inexactement ou incomplètement indiqués sont priés de vouloir bien adresser les rectifications à M. R. FORTIN, rue du Pré, 24, à Rouen.


TABLE DES PLANCHES ET FIGURES

PLANCHE

A. G. POULAIN. — Plan d'un ouvrage fortifié, à Houlbec•Cocherel

Houlbec•Cocherel texte)

FIGURES DANS LE TEXTE £

G. DIARD. Fig. 1. — Aperçu de la région de BricquebecSottevast

BricquebecSottevast

— 3. — Allée couverte de la Petite Roche ... 66

— 3. — Plan de la Petite Roche 67

— 4. — La Petite Roche (face nord) 68

—• 5. —• La Petite Roche (face sud) 68

— 6. — Galerie couverte de Rocheville (Manche)

(Manche)

; — 7. — La Grosse Roche 72

— 8. — Coupe d'une fosse à ossements .... 74

G. ROUXEL. Fig. 1. — Vue des « Pouquelées » 78

— 2. — Plan des « Pouquelées ». Allée couverte

couverte Vauville (Manche) 79

H. LAMIRAY. Fig. 1 et 2. — Marques de potier (grandeur

exacte) 116

— 3. — Objets divers 119

•—i 4. — Monnaie gauloise (grandeur exacte) 124

H. GADEAU DE KERVILLE et A. G. POULAIN.

Fig. 1. — Socle de colonne 133

— 2. •— Fragment d'un chapiteau 134

■— 3. — Reconstitution d'une colonne 134

Dr R. DORANLO. — La Gaule Armoricaine au temps de

César (Plan) '.. 138

A. G. POULAIN. Fig. 1. — Tessons de poterie 173

■— 2. — Clef, lame de couteau et gond de

porte 177



TABLE DES COMMUNICATIONS et Mémoires par noms d'Auteurs

ALLINNE (M.). — Objets trouvés en 1928 au Gibet, près Caudebecen-Caux, p. 33. — Médaille d'or trouvée au Val-de-la-Haye, p. 42. — Présentation d'un crâne humain recueilli à GrandQuevilly, p. 60. — Découverte d'un cimetière franc à GrandQuevilly, p. 169.

BRISSON (Ch.). — Assemblée générale du 24 Avril 1927. p. 5. — Excursion du 25 septembre 1927 à Brionne, p. 18. — Assemblée générale du 27 novembre 1927, p. 22. — Compte-rendu moral de l'année 1927, p. 27. — Assemblée générale du 29 Avril 1928, p. 31. — Excursion du 20 mai 1928 à Belbeuf et à Boos, p. 36. — Excursion du 14 Juillet 1928 à Cléres. p. 38. — Assemblée générale du 25 novembre 1928,, p. 39. — Compte-rendu moral de l'année 1928, p. 45. — Assemblée générale du 29 Avril 1929, p. 48. — Inventaire des monuments historiques et sites classés des cinq départements normands, p. 51. —■ Vestiges gallo-romains recueillis'à Caudebec-lès-Elbeuf, p. 52. j— Assemblée générale du 24 novembre 1929, p. 58. — Compte-rendu moral de l'année 1929, p. 63. — Les Monuments et Vestiges préhistoriques et protohistoriques classés de Normandie (au 1er Janvier 1930), p. 97.

BRUNON (Dr R.). — Présentation de divers objets, p. 24

COSTA DE BEAUREGARD (Comte Olivier). — Cité de Limes, p, 6.

COUTAN (Dr F.). — Découverte des restes d'une forteresse à Longueil (Seine-Inférieure), p. 7.

DEGLATIGNY (L.). — Compte-rendu financier pour la période du 1er janvier 1927 au 31 décembre 1929, p. 189.

DESTOUCHES. — Cimetière mérovingien de Saint-Clair-sur-Epte, p. 41. — Monument funéraire néolithique au Fagel, p. 42.

DIARD (G.). — Sur un important groupement de mégalithes dans la forêt de Bricquebec (.Manche), p. 40. — Les mégalithes de la forêt de Bricquebec (Manche), p. 65.

DOLLPUS (M.-A.). ■— Fouilles à Lorleau (Eure), p. 8.


202 TABLE DES COMMUNICATIONS ET MÉMOIRES

DOKANLO (Dr R.). — Découvertes de sépultures à Beuville (Calvados), p.. 7. — Sur la confection d'une carte archéologique de Normandie, p. 25. — Description de l'enceinte de Touffreville-la-Corbeline, p. 32. — Sur le rôle de la Normandie à l'époque du Bronze, p. 33. — Premiers résultats de fouilles entreprises en 1928 au Vieux-Lisieux, p. 43. — L'étendue et les limites de la Civitas des Lexovii, p. 49. — Présentation d'un polis'soir portatif découvert à Reviers (Calvados), p. 59. — Inventaire des estampilles de potiers gallo-romains en Normandie, p. 60. — Les limites de la Civitas des Lexovii, p. 139. — Note sur les débris humains recueillis dans l'ossuaire de Saint-Just (Eure), p. 91.

DUCROCQ (A.). — Recherches de 1928 à Château-sur-Epte, p. 42. — * Fouilles gallo-romaines à Saint-Clair-sur-Epte (Seine-et-Oise), p. 103. — Découverte de sarcophages anciens à Saint-Clairsur-Epte (Seine-et-Oise), p. 167.

E (H.). — Excursion du 8 mai 1927 à Dieppedalle, près

Rouen, p. 10. — Excursion du 12 juin 1927 à Pitres et Alizay (Eure), p. 13.

ELOY (H.). — Anciens travaux militaires de la côte Sainte-Catherine, p. 22. — Découverte de sarcophages à Saint-Godard, de Rouen, p. 24 et 42.

FORTIN (R.). — Présentation d'un épieu d'origine Scandinave, p. 8. — Découverte de substructions gallo-romaines à Amfreville-la-Mivoie, p. 60.

GADEAU DE KERVILLE (H.). — Résultats de fouilles à Vernonnet, p. 24. — Visite des grottes de l'Ariège, p. 41. — Exploration de la villa agraria de Vernonnet, p. 41. — Exploration d'un ossuaire néolithique à Saint-Just, près Vernon, p. 41.

GADEAU DE KERVILLE (H.), et A. G. POULAIN. — Résultat des fouilles d'un ossuaire probablement néolithique situé dans la commune de Saint-Just, canton de Vernon (Eure), suivi d'une note sur les débris humains recueillis dans cet ossuaire, par le Docteur R. Doranlo, p. 87. — Résultat des fouilles gallo-romaines effectuées au Camp de Verno'nnet, commune de Vernon (Eure), (Seconde et dernière partie), p. 131.

LAMIRAY (H.). — Fouilles au Vieil-Evreux, p. 8. — Présentation d'objets divers de la région d'Evreux, p. 42. — Le Vieil Evreux (Gisacum). Fouilles de la basilique de 1911 à 1914, p. 107.

PHILIPPE (L'Abbé J.). — Compte-rendu de ses fouilles de 1927


TABLE DES PLANCHES ET FIGURES 203

au Fort Harrouard, p. 26. — Etat des recherches de 1928 .au Fort Harrouard, p. 44. — Sur de récentes recherches au Fort Harrouard, p. 52. —■ Excursion du 11 juillet 1929 à Marcilly-sur-Eure et au Fort Harrouard, p. 53.

PLÉ (Jules). — Exposition de silex taillés et d'un vase provenant de Bréautê, p. 42. •— Sur quelques trouvailles faites à Bréauté (Seine-Inférieure), p. 102.

POULAIN (A. G.). — Classement des abris sous roche de Mètreville et Saint-Pierre-d'Autils, p. 43. — Sur une enceinte inédite située à Houlbec-Cocherel (Eure), p. 49 et 59. — Fouilles à Saint-Aubin-sur-Gaillon (Eure), p. 60. — Exploration d'un ouvrage fortifié à Houlbec-Cocherel (Eure), p. 171.

ROUXEL (Georges). — Les « Pouquelées ». Galerie couverte de Vauville, arrondissement de Cherbourg (Manche), p. 77.

THIBOUT (M.). — Classement du menhir de Saint-Pierre-duVauvrag, p. 26 et 33).

TOUTAIN et COSTA DE BEAUREGARD. — Résultat des fouilles de 1928 à la Cité de Limes, p. 42.

VAUSSIER. — Découvertes néolithiques à Brunval, près N.-D. de Franqueville, p. 59.



TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES

PROCÈS-VERBAUX DES ASSEMBLÉES GÉNÉRALES, par Ch. BRISSON, secrétaire :

du 24 avril 1927 5

• , du 27 novembre 1927 22

du 29 avril 1928 31

du 25 novembre 1928 39

du 29 avril 1929 48

du 24 novembre 1929. 58

COMPTE-RENDU MORAL, par Ch. BRISSON, secrétaire :

De l'année 1927 27

— 1928 45

— 1929 63'

COMPTE-RENDU DES EXCURSIONS :

à Dieppedalle (8 mai 1927), par H. E 10

à (Pitres et Alizay {12 juin 1927), par H. E 13

à Brionne (25 septembre 1927), par Ch. BRISSON 18

à Belbeuf et à Boos (20 mai 1928), par Ch. BRISSON .. 36

à Clères (14 juillet 1928), par Ch. BRISSON 38

à Marcilly-sur-Eure et au Fort Harrouard (15 juillet

1929), par l'Abbé J. PHILIPPE 53

Les Mégalithes de la forêt de Bricquebec, par Georges

DIARD 65

Les « Pouquelées ». Galerie couverte de Vauville, arrondissement de Cherbourg, par Georges ROUXEL 77

Résultat des fouilles d'un ossuaire probablement néolithique, situé dans la commune de Saint-Just, canton de \ Vernon (Eure), par H. GADEAU DE KERVILLE et A. G. POULAIN 87

Note sur les débris humains recueillis dans l'ossuaire de

Saint-Just (Eure), par le Dr Raoul DORANLO 91

Les Monuments et vestiges préhistoriques et protohistoriques classés de Normandie au 1er Janvier 1930, par Charles BRISSON 97


206 TABLE GÉNÉRALE DES MATIÈRES s -:

Sur quelques trouvailles faites à Bréauté (Seine-Inférieure),

par Jules PLÉ 102

Fouilles gallo-rontaines à Saint-Clair-sur-Epte (Seine-etOise),

(Seine-etOise), A. DUCROCQ 103

Le Vieil-Evreux (Gisacum). Fouilles de la Basilique de 1911

à 1914, par Henri LAMIRAY 107

Résultat des fouilles gallo-romaines effectuées au Camp de Vernonnet, commune de Vernon (Eure), par Henri GADEAU DE KERVILLE et A. G. POULAIN (2e et dernière

partie) 131

Les limites de la Civitas des Lexovii, par le Dr R. DORANLO 139 Découverte de sarcophages anciens à Saint-Clair-sur-Epte

(S.-et-O.), par A. DUCROCQ 167

Découverte d'un cimetière franc à Grand-Quevilly, par

M. ALLINNE 1G9

Exploration d'un ouvrage fortifié à Houlbec-Cocherel, par

Alph. G. POULAIN 171

Bibliographie pré- et protohistorique normande. Ouvrages publiés par les membres de la Société depuis 1914, par

Ch. BRISSON 181

Compte-rendu financier des années 1927, 1928 et 1929, par

Louis DEGLATIGNY, trésorier 189

Liste des Sociétés et Institutions correspondantes ........ 192

Liste des Membres de la Société, au 30 Juin 1930 193

Table des planches et figures 199

Table des communications et mémoires, par noms d'auteurs 201 Table générale des matières 205

84-.32C— Société d'Impression de Basse Normandie, 10, rue de la Monnaie, Caen