XI
Le Président Magnâud.
J'ai pensé que c'était le moment d'aller causer avec M. Magnaud et d'esquisser d'après nature la physionomie du « bon juge ». Tel est le litre que, sur la foi de ses admirateurs et de ses amis, la renommée publique décerne au président du tribunal de Château-Thierry.
A dix heures du matin, je débarquais dans celle petite ville. Je voulais la visiter, et, avant de me rendre chez M. Magnaud, connaître les lieux où il exerce sa charge. A vrai dire, j'en eus vite fait le tour. Château-Thierry n'a de remarquable que sa situation au bord de la Marne, où l'on pèche les plus beaux brochets du monde, et que d'avoir donné le jour autrefois à La Fontaine et de posséder aujourd'hui M. Magnaud.
Je me rendis d'abord à la maison natale du fabuliste, qui sert de bibliothèque et de musée. Elle était close et j'insistai pour qu'on me l'ouvrit. Elle renferme de pauvres tableaux, rebut des greniers du Louvre, d'anciennes caries de