218 LA FONTAINE.
Qu'ayant mille vertus, vous n'avez nul défaut.
Toutes les célébrer serait oeuvre infinie ;
L'entreprise demande un plus vaste génie ;
Car quel mérite enfin ne vous fait estimer,
Sans parler de celui qui force à vous aimer ?
Vous joignez à ces dons l'amour des beaux ouvrages,
Vous y joignez un goût plus sûr que nos suffrages,
Don du ciel, qui peut seul tenir lieu des présents
Que nous font à regret le travail et les ans.
Peu de gens élevés, peu d'autres encor même,
Font voir par ces faveurs que Jupiter les aime.
Si quelque enfant des Dieux les possède, c'est vous ;
Je l'ose dans ces vers soutenir devant tous.
Clio, sur son giron, à l'exemple d'Homère,
Vient de les retoucher, attentive à vous plaire ;
On dit qu'elle et ses soeurs, par l'ordre d'Apollon,
Transportent dans Anet (1) tout le sacré vallon.
Je le crois. Puissions-nous chanter sous les ombrages
Des arbres, dont ce lieu va border ses rivages !
Puissent-ils tout d'un coup élever leurs sourcils,
Comme on vit autrefois Philémon et Baucis.
Vous voyez par cette lecture comment Philémon et Baucis vécurent heureux par le coeur, par la pratique des vertus des pauvres : affec(1)
affec(1) appartenant au duc de Vendôme.