194 LA FONTAINE.
mort (comme il pare toutes choses) de tout ce qui doit nous la rendre ou désirable ou acceptable avec sérénité. —Faites bien attention à ce changement de ton.
LA MORT ET LE MOURANT.
La Mort ne surprend point le sage ;
Il est toujours prêt à partir,
S'étant su lui-même avertir Du temps où. l'on se doit résoudre à ce passage.
Ce temps, hélas! embrasse tous les temps : Qu'on le partage en jours, en heures, en moments,
Il n'en est point qu'il ne comprenne Dans le fatal tribut ; tous sont de son domaine: Et le premier instant où les enfants des rois
Ouvrent les yeux à la lumière,
Est celui qui vient quelquefois
Fermer pour toujours leur paupière.
Défendez-vous par la grandeur ; Alléguez la beauté, la vertu, la jeunesse :
La mort ravit tout sans pudeur ; Un jour le monde entier accroîtra sa richesse.
Il n'est rien de moins ignoré ;
Et, puisqu'il faut que je le die (1),
Rien où l'on soit moins préparé. Un mourant, qui comptait plus de cent ans de vie,
(1) Vieille l'orme pour: que je le dise. On trouve dans Molière: « quoi qu'on die. »