LA MORALE DE LA FONTAINE. 141
Tout petit prince a des ambassadeurs ; Tout marquis veut avoir des pages.
Encore un vaniteux, le geai, qui veut passer pour un paon. Qu'il prenne garde ; quand on est bourgeois et qu'on se donne les airs d'un gentilhomme, on ne réussit qu'à se faire chasser aussi bien par les gentilshommes que par les bourgeois.
LE GEAI PARE DES PLUMES DU PAON.
Un paon muait : un geai prit son plumage ;
Puis après se l'accommoda ; Puis parmi d'autres paons tout fier se panada,
Croyant être un beau personnage. Quelqu'un le reconnut ; il se vit bafoué,
Berné, sifflé, moqué, joué, Et par messieurs les paons plumé d'étrange sorte ; Même vers ses pareils s'étant réfugié,
Il fut par eux mis à la porte.
Il est assez de geais à deux pieds comme lui, Qui se parent souvent des dépouilles d'autrui,
Et que l'on nomme plagiaires. Je m'en tais, et ne veux leur causer nul ennui :
Ce ne sont pas là mes affaires.