136 LA FONTAINE.
Vivra de pair à compagnon
Avec monsieur, avec madame ;
Et j'aurai des coups de bâton !
Que fait-il ? il donne la patte ;
Puis aussitôt il est baisé : S'il en faut faire autant afin que l'on me flatte
Cela n'est pas bien malaisé. »
Dans cette admirable pensée, Voyant son maître en joie, il s'en vient lourdement,
Lève une corne tout usée, La lui porte au menton fort amoureusement, Non sans accompagner, pour plus grand ornement, De son chant gracieux cette action hardie. " Oh ! oh ! quelle caresse et quelle mélodie ! Dit le maître aussitôt. Holà, Martin-bâton (1) ! " Martin-bâton accourt : l'âne change de ton.
Ainsi finit la comédie.
Quand il ne force pas son talent, l'âne se pavane, il croit qu'on l'adore parce qu'on salue les reliques qu'il porte.
L'ANE PORTANT DES RELIQUES.
Un baudet chargé de reliques S'imagina qu'on l'adorait ;
(1) Un valet d'écurie, armé d'un bâton.