116 LA MORALE DE LA FONTAINE.
Se trouvât assez forte encor
Pour voler et prendre l'essor, De mille soins divers l'alouette agitée S'en va chercher pâture, avertit ses enfanta D'être toujours au guet et faire sentinelle.
« Si le possesseur de ces champs Vient avecque son fils, comme il viendra, dit-elle, Ecoutez bien : selon ce qu'il dira, Chacun de nous décampera. » Sitôt que l'alouette eut quitté sa famille, Le possesseur du champ vient avecque son fils. " Ces blés sont mûrs, dit-il : allez chez nos amis Les prier que chacun, apportant sa faucille, Nous vienne aider demain dès la pointe du jour. »
Notre alouette de retour
Trouve en alarme sa couvée. L'un commence : « Ha dit que, l'aurore levée, L'on fît venir demain ses amis pour l'aider. — S'il n'a dit que cela, repartit l'alouette, Rien ne nous presse encor de changer de retraite ; Mais c'est demain qu'il faut tout de bon écouter. Cependant soyez gais ; voilà de quoi manger » Eux repus, tout s'endort, les petits et la mère. L'aube du jour arrive, et d'amis point du tout. L'alouette à l'essor (1), le maître s'en vient faire
Sa ronde ainsi qu'à l'ordinaire. « Ces blés ne devraient pas, dit-il, être debout. Nos amis ont grand tort, et tort (2) qui se repose
(1) Ayant pris son essor.
(2) Il a tort celui qui se repose.