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La correspondance suivante, datée de Vernon, le 23 septembre, donne de tristes détails sur la présence des Prussiens :
« Nous vivons dans les émotions les plus pénibles. Un nouvel acte de sauvagerie vient d'être commis par les troupes prussiennes.
» Des uhlans, ayant requis à Mézières, près de Mantes, des fourrages et des provisions, et commandé de leur livrer les fusils des gardes nationaux, devaient tout emporter le 22 septembre.
» Les francs-tireurs de la contrée voulurent soustraire à l'ennemi les fusils, ainsi que les provisions, dont la France a tant besoin. Ils s'embusquèrent, tuèrent plusieurs uhlans, et parvinrent à s'emparer des fusils et provisions.
» Quelques uhlans s'échappèrent dans la lutte, puis revinrent en force, et, sous prétexte de venger l'insoumission des populations, osèrent lancer sur le village de Mézières des bombes incendiait es ; certains, dit-on, jetèrent du pétrole dans les cours des habitations. Bientôt cette commune n'était plus qu'un immense foyer, dont les flammes s'apercevaient à plus de 24 kilomètres à l'entour.
» Mézières comptait 900 habitants. Combien, sur ce nombre, ont péri de femmes, d'enfants et de vieillards?
» Puis, pour assouvir complétement leur passion destructive, ils dirigèrent des bombes sur la ville de Mantes. La gare de cette ville, plusieurs habitations, et même l'hôpital, furent endommagés.
» Mantes n'est distante de Mézières que de huit kilomètres, et c'est parce que des employés de la gare, préposés à sa défense, ont fait feu sur un Prussien,