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débarbouillons. Imagine-toi que nous sommes ivres quand nous nous levons, ivres quand nous nous couchons.
» La belle existence ! Nous aurions un parfait bonheur si nous avions des filles, mais elles manquent. Je serai prochainement près de Paris, belle étape dans l'univers ! Je clos ma lettre en renvoyant beaucoup de salutations. Réponds-moi vite. — Mon adresse : Au canonnier Guillaume Artmann, régiment hanovrien d'artillerie de campagne, 10e corps d'armée, 3e corps d'infanterie. »
Le lecteur peut juger de l'élévation des sentiments du canonnier Artmann et combien sa camaraderie faisait honneur à l'officier tué à Epinay.
Le correspondant du Gaulois lui envoie les lignes suivantes :
« Les communications entre Elbeuf et les environs sont difficiles. Cependant, le bateau à vapeur qui fait le service entre cette ville et Rouen n'a pas interrompu son service. Seulement, il est souvent requis pour le service des troupes prussiennes.
» Quelquefois les Prussiens s'en servent pour faire des explorations, et, dans ce cas, ils font évacuer le bâtiment sur le moment du départ, sauf un certain nombre de voyageurs, qu'ils contraignent à les accompagner pour se mettre à l'abri des surprises.
» Comme partout, la privation la plus grande est le manque de nouvelles. Un arrêté du préfet Cramer interdit la vente sur la voie publique de tous les journaux, sauf le Moniteur officiel prussien.
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