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d'autres uhlans placés en vedette tout à l'entour. Peu à peu, un peloton de cavalerie, conduit par l'instituteur et commandé par un officier, se présenta, et l'officier me dit : « Vous êtes l'adjoint ; vous allez être » de suite conduit à Neuville pour y. être interrogé » par mon chef. » Je le suivis et, en arrivant sur la place de Neuville, je la vis remplie de troupes ; et bientôt j'aperçus le maire, les bras liés derrière le dos et paraissant attaché à un cheval. J'estime à environ douze cents le nombre des troupes ennemies ; la population réunie de notre commune est inférieure à 700 habitants.
» Un officier, que je crois être le chef, après m'avoir dit : « Vous êtes l'adjoint, » donna l'ordre de me garrotter, et tout aussitôt, quoique je ne fisse aucune résistance, des soldats se précipitèrent sur moi, exécutèrent l'ordre et, m'attachèrent à la sangle d'un cheval. J'étais dans cette position lorsque je vis arriver le curé. Il marchait, librement, et put un instant s'approcher de moi. Nous avions à peine échangé quelques paroles, qu'on l'écarta de moi, et qu'un officier lui demanda qui avait fait sonner la cloche, le matin. Le curé lui répondit : « C'est moi, mais si cela vous » contrarie, on ne la sonnera plus. » Et ce prêtre, âgé d'environ 75 ans, lui expliqua qu'il avait sonné la cloche vers sept heures du matin, ainsi qu'il le fait chaque jour pour annoncer l'heure de la messe.
« Pendant que nous étions ainsi sur la place, l'officier qui m'avait interrogé le premier, et qui m'avait paru être le chef, s'écria : « Gambetta a déclaré que la » France devait faire la guerre avec des couteaux, des » poignards, etc. ; cette manière de faire, la guerre va » attirer sur votre malheureuse commune des désas« très épouvantables! » Un instant après, ce même