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Un des moyens des officiers allemands pour arriver à leurs fins c'est la calomnie. Ils persuadent à leurs soldats que la France est un pays de cannibales où l'on fait subir aux prisonniers des tortures inouies; le fer et le poison sont, disent-ils, employés journellement; aussi ces pauvres diables, aussi crédules que méchants, commencent-ils toujours par refuser toute nourriture.
Ces faits ne prouvent guère en faveur de l'instruction et des connaissances des allemands, qui croient les Français un peuple de sauvages.
« Lorsque les premiers prisonniers bavarois arrivèrent à Blois, ils étaient très-affaisés et ne dissimulaient pas leur terreur.
» Selon l'usage, leurs chefs leur avaient fait croire que, s'ils étaient pris, ils seraient fusillés. Ces malheureux s'attendaient donc à être passés par les armes d'un moment à l'autre.
» C'est alors que M. le préfet de Loir-et-Cher leur a adressé une courte allocution, dans laquelle il s'est attaché à les rassurer et à leur faire comprendre que la France ne cesserait jamais d'être la nation généreuse, même contre des ennemis barbares, menteurs et perfides.
» Les prisonniers en entendant ces paroles se sont livrés à la joie la plus bruyante, et se sont mis en marche au crie de : Vive la France ! »