298 L'ART MODERNE
M. Caillebotte les façons de peindre Paris à vol d'oiseau ni chez M. Gervex dont le Canal delà Villdtc est pourtant, malgré le lapidifié de ces longs charbonniers décrassés au savon deThridace, supérieur à ses toiles des derniers temps; ni même dans le clan des étrangers, MM. Liebermann, Artz, Israël, qui ne se renouvellent pas et ne nous apprennent plus rien de neuf, que je trouverai à pâturer selon mes goûts. Restent M. Fantin-Latour, dont les portraits sont superbes mais invariables, et M. Lhermitte ; mais j'avoue préférer de beaucoup ses dessins, si justes, si libres, à sa peinture incurieuse et poltronne. Je ferai décidément mieux de quitter le Palais de l'Industrie et de m'occuper de deux exhibitions particulières qui se sont produites, en sus de celle des Indépendants: l'une au cercle des Arts libéraux, où, égarés dans un tas de choses, resplendissaient des vues d'Asnières, deCourbevoie et de Saint-Ouen de Al. Raffaëlli ainsi qu'une toile gaiement observée, desinvités attendant la noce et s'aidantà mettre leurs gants de Moselle, devant la porte d'une mairie ; et l'autre, au Gaulois où M. Odilon Redon, dont j'ai déjà dit quelques mots, l'année dernière, exposait toute une série de lithographies et de dessins.
11 y avait là des planches agitées, des visions hallucinées inconcevables, des batailles d'ossements, des figures étranges, des faces en poires tapées et en cônes, des têtes avec des crânes sans cervelets, des mentons fuyants, des fronts bas, se joignant directement aux nez, puis des yeux immenses, des yeux fous, jaillissant de visages" humains, déformés, comme dans des verres de bouteille, par le cauchemar.
Toute une série de planches intitulées le Rêve prenait,