SATIRE VII
SDU LE GENIE DE LAUTEUR POUR LA SATIRE
Muse, changeons de slyle et quittons la satire; C'est un méchant métier que celui de médire ; A l'auteur qui 1*embrasse il est toujours fatal : Le mal qu'on dit d'aulrui ne produit que du mal. Maint poète, aveuglé d'une telle manie, En courant à l'honneur, trouve l'ignominie ; Et tel mot, pour avoir réjoui le lecteur, A coûté bien souvent des larmes à l'auteur.
Un éloge ennuyeux, un froid panégyrique. Peut pourrir à son aise au fond d'une boutique, Ne craint point du public les jugements divers, Et n'a pour ennemis que la poudre et les Yers. Mais un auteur malin, qui rit et qui fait rire, Qu'on blâme en le lisant, et pourtant qu'on veut lire, Dans ses plaisants accès qui se croit tout permis, De ses propres rieurs se fait des ennemis Un discours trop sincère aisément nous outrage : Chacun dans ce miroir pense voir son visage ;