— .37 — Qui m'ont dit tout Cjrus * dans leurs longs compliments. J'enrageais. Cependant on apporte un potage. Un coq y paraissait en pompeux équipage, Qui, changeant sur ce plat et d'état et de nom, Par tous les conviés s'est appelé chapon. De« assiettes suivaient, dont l'une était ornée D'une langue en ragoût, de persil couronnée; L'autre, d'un godiveau tout brûlé par dehors, Dont un beurre gluant inondait tous les bords. On s'assied : mais d'abord notre troupe serrée Tenait à peine autour d'une table carrée, Où chacun, malgré soi, l'un sur l'autre porté, Faisait un tour à gauche et mangeait de côté. Jugez en cet état si je pouvais me plaire, Moi qui ne compte rien, ni le vin ni la chère, Si l'on n'est plus au large assis en un festin Qu'aui sermons de Cassagne ou de l'abbé Cotin.
Notre hôte cependant s'adressant à la troupe : Que vous semble, a-t-il dit, du goût de cette soupe? Sentei-vous le citron dont on a mis le jus Avec des jaunes d'oeufs mêlés dans du verjus ? Ma foi, vive Mignot et tout ce qu'il apprête I Les cheveux cependant me dressaient à la tête : Car Mignot, c'est tout dire, et dans le monde entier Jamais empoisonneur ne sut mieux son métier. J'approuvais tout pourtant de la mine et du geste, Pensant qu'au moins le vin dût réparer le reste. Pour m'en éclaircir donc, j'en demande : et d'abord
* Artamcne ou le Grand Cyrus, ronitn de mademoiselle do Scuderi, en dix volumes.