Titre : Les Coulisses : petit journal... : programme des théâtres
Éditeur : Impr. Boulé et Cie (Paris)
Éditeur : Impr. d'A.-T. BretonImpr. d'A.-T. Breton (Paris)
Date d'édition : 1841-03-21
Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb344484563
Type : texte texte
Type : publication en série imprimée publication en série imprimée
Langue : français
Format : Nombre total de vues : 1408 Nombre total de vues : 1408
Description : 21 mars 1841 21 mars 1841
Description : 1841/03/21 (A2,N23). 1841/03/21 (A2,N23).
Droits : Consultable en ligne
Identifiant : ark:/12148/bpt6k5434163w
Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-1686
Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France
Date de mise en ligne : 13/08/2008
DES SUBVENTIONS THEATRALES,
Chaque année le parlement français vote au
pas de charge une somme de quelques milliers
de francs destinée aux théâtres royaux. C'est
pour lui une espèce de routine, une grâce con-
sacrée , une faveur prescrite par l'usage ; et
quand cette aumône a été jetée dans l'escarcelle
des administrations, messieurs nos députés s'en
retournent chacun chez soi, en murmurant en-
tre leurs dents : Nous avons voté une allocation
inutile.
Il est vrai qu'à la façon dont les subventions
sont distribuées, rien n'est plus inutile, car rien
ne porte moins de fruits. Mais à qui donc la
faute? N'est-elle pas à ceux qui accordent les
fonds purement et simplement, sans songer à
s'enquérir des besoins de l'art dramatique, au
temps où nous vivons? En vérité, du train dont
on y va, le théâtre paraît se présenter aux yeux
de nos représentai comme une frivolité de nulle
valeur, comme un passe-temps accordé à Paris,
ans bienfait pour les provinces qui leur ont con-
fié leurs intérêts les plus chers.
Mais prenez-y garde ; nier en France l'in-
lluence du théâtre, c'est nier l'influence immé-
diate de la littérature sur les moeurs ; c'est refu-
ser aux lettres cette action imposante qu'elles
ont toujours exercée sur le développement so-
cial, Nous Voulons bien croire que telle ne fut
jamais la pensée des hommes éminens préposés
à la direction générale des affaires du pays ;
mais alors, hâtons^nous de le dire, leur conduite
parlementaire n'est pas en harmonie avec leur
religion, sociale. Ce n'est pas avec cette indiffé-
rence de vote que Ton peut sagement distribuer
les secours ; ce n'est pas avec de l'insouciance
qu'ori rend son action efficace , qu'on remédie
enfin au malaise manifeste dont le théâtre en.
France est atteint depuis quelque temps.
Disons hautement toute notre pensée. 11 y a à
Paris un théâtre littéraire, primordial, un théà-
tre-père, si nous pouvons parler ainsi, spécia-
lement consacré au genre conservateur: c'est la
Comédie-Française. Or, la Comédie-Française
reçoit chaque année une subvention (et rien
n'est plus juste) pour représenter les chefs-d'oeu-
vre dont les siècles passés ont enrichi son réper-
toire. Ces productions, on le sait, sont en assez
grand nombre, et certes, ce n'est pas nous qui
nous en plaindrons. Mais quand Molière, Ra-
cine, Corneille, Marivaux et tant d'autres ont
occupé successivement la scène, que reste-il aux
auteurs modernes, dans les 365 jours de l'année?
A peine de quoi satisfaire aux exigences de
MM. Scribe et Belavigne, ces deux envahisseurs
de la rue Richelieu. Quant aux jeunes écrivains,
on n'a pas le temps d'y songer.
Que prétendez-vous faire pourtant? Où vou-
lez-vous donner une résidence, un lieu de
gymnastique à notre littérature moderne, pour
peu qu'il vous soit à coeur de créer à notre siè-
cle, si riche d'ailleurs, une originalité, un ca-
chet littéraire?
Certes, on l'a répété bien souvent, il n'y a que
la création d'un second Théâtre-Français qui
puisse garantir, à notre époque, cette gloire ab-
sente jusqu'à présent. Un second Théâtre-Fran-
çais peut seul faire éclore des auteurs, formuler
en un mot une littérature dramatique au dix-
neuvième siècle. Déjà celte tentative a été faite,
mais par une entreprise particulière, ce qui était
insuffisant. Il aurait fallu le concours du pou-
voir garanti à la Renaissance.
11 est donc de notre devoir, au moment où les
chambres vont discuter le budget, de soulever
cette importante question, de rappeler à nosre-
présentans, qu'ils n'obtiendront aucun résultat
utile, tant qu'un second Théâtre - Français
n'aura pas été créé. En donnant, au contraire,
au théâtre de la Renaissance une subvention
modérée, comme on l'a souvent proposé, la lit-
térature moderne pourra enfln élaborer;son. oeu-
vre d'existence; la rue Richelieu aura sa
succursale. Ajoutez a cela, que nos gpuvernans
ne retomberont plus dans une erreur de chaque
année : des frais sans résultats. N'est-ce donc
rien pour l'amour-propre du palais Bourbon ?
DU
EX-JOlïBSiVAE BES EHTFAWS.
C'est le foulard imprégné de larmes que nous
écrivons ces quelques lignes, en mémoire du
journal le plus mort et le plus enseveli de
France. Jamais on n'avait essuyé tant de pleurs
que dans la mémorable journée d'hier ; on a
craint un moment la deuxième édition des dé-
sastres du Rhône, et l'on nous assure même que
par sympathie les cataractes du Niagara ont dû
reprendre leur cours. C'était un cataclysme, un
déluge lacrymal à laver jusqu'auxtrottoirs de la
rue Saint-Denis, ce qui ne s'était jamais vu.
Dès le matin, une fouie immense assiégeait les
environs de la rue Montmartre, jusqùes et y
compris le boulevart de ce nom. Des tambours de
six pouces de haut, achetés dans diffèrèns ma-
gasins de joujous, battaientle rappel dans les dif-
férensquartiers de Paris, et les enfanstie bonnes
maisons (portiers et ravaudeurs) s'apprêtaient à
prendre les armes.
Chaque année le parlement français vote au
pas de charge une somme de quelques milliers
de francs destinée aux théâtres royaux. C'est
pour lui une espèce de routine, une grâce con-
sacrée , une faveur prescrite par l'usage ; et
quand cette aumône a été jetée dans l'escarcelle
des administrations, messieurs nos députés s'en
retournent chacun chez soi, en murmurant en-
tre leurs dents : Nous avons voté une allocation
inutile.
Il est vrai qu'à la façon dont les subventions
sont distribuées, rien n'est plus inutile, car rien
ne porte moins de fruits. Mais à qui donc la
faute? N'est-elle pas à ceux qui accordent les
fonds purement et simplement, sans songer à
s'enquérir des besoins de l'art dramatique, au
temps où nous vivons? En vérité, du train dont
on y va, le théâtre paraît se présenter aux yeux
de nos représentai comme une frivolité de nulle
valeur, comme un passe-temps accordé à Paris,
ans bienfait pour les provinces qui leur ont con-
fié leurs intérêts les plus chers.
Mais prenez-y garde ; nier en France l'in-
lluence du théâtre, c'est nier l'influence immé-
diate de la littérature sur les moeurs ; c'est refu-
ser aux lettres cette action imposante qu'elles
ont toujours exercée sur le développement so-
cial, Nous Voulons bien croire que telle ne fut
jamais la pensée des hommes éminens préposés
à la direction générale des affaires du pays ;
mais alors, hâtons^nous de le dire, leur conduite
parlementaire n'est pas en harmonie avec leur
religion, sociale. Ce n'est pas avec cette indiffé-
rence de vote que Ton peut sagement distribuer
les secours ; ce n'est pas avec de l'insouciance
qu'ori rend son action efficace , qu'on remédie
enfin au malaise manifeste dont le théâtre en.
France est atteint depuis quelque temps.
Disons hautement toute notre pensée. 11 y a à
Paris un théâtre littéraire, primordial, un théà-
tre-père, si nous pouvons parler ainsi, spécia-
lement consacré au genre conservateur: c'est la
Comédie-Française. Or, la Comédie-Française
reçoit chaque année une subvention (et rien
n'est plus juste) pour représenter les chefs-d'oeu-
vre dont les siècles passés ont enrichi son réper-
toire. Ces productions, on le sait, sont en assez
grand nombre, et certes, ce n'est pas nous qui
nous en plaindrons. Mais quand Molière, Ra-
cine, Corneille, Marivaux et tant d'autres ont
occupé successivement la scène, que reste-il aux
auteurs modernes, dans les 365 jours de l'année?
A peine de quoi satisfaire aux exigences de
MM. Scribe et Belavigne, ces deux envahisseurs
de la rue Richelieu. Quant aux jeunes écrivains,
on n'a pas le temps d'y songer.
Que prétendez-vous faire pourtant? Où vou-
lez-vous donner une résidence, un lieu de
gymnastique à notre littérature moderne, pour
peu qu'il vous soit à coeur de créer à notre siè-
cle, si riche d'ailleurs, une originalité, un ca-
chet littéraire?
Certes, on l'a répété bien souvent, il n'y a que
la création d'un second Théâtre-Français qui
puisse garantir, à notre époque, cette gloire ab-
sente jusqu'à présent. Un second Théâtre-Fran-
çais peut seul faire éclore des auteurs, formuler
en un mot une littérature dramatique au dix-
neuvième siècle. Déjà celte tentative a été faite,
mais par une entreprise particulière, ce qui était
insuffisant. Il aurait fallu le concours du pou-
voir garanti à la Renaissance.
11 est donc de notre devoir, au moment où les
chambres vont discuter le budget, de soulever
cette importante question, de rappeler à nosre-
présentans, qu'ils n'obtiendront aucun résultat
utile, tant qu'un second Théâtre - Français
n'aura pas été créé. En donnant, au contraire,
au théâtre de la Renaissance une subvention
modérée, comme on l'a souvent proposé, la lit-
térature moderne pourra enfln élaborer;son. oeu-
vre d'existence; la rue Richelieu aura sa
succursale. Ajoutez a cela, que nos gpuvernans
ne retomberont plus dans une erreur de chaque
année : des frais sans résultats. N'est-ce donc
rien pour l'amour-propre du palais Bourbon ?
DU
EX-JOlïBSiVAE BES EHTFAWS.
C'est le foulard imprégné de larmes que nous
écrivons ces quelques lignes, en mémoire du
journal le plus mort et le plus enseveli de
France. Jamais on n'avait essuyé tant de pleurs
que dans la mémorable journée d'hier ; on a
craint un moment la deuxième édition des dé-
sastres du Rhône, et l'on nous assure même que
par sympathie les cataractes du Niagara ont dû
reprendre leur cours. C'était un cataclysme, un
déluge lacrymal à laver jusqu'auxtrottoirs de la
rue Saint-Denis, ce qui ne s'était jamais vu.
Dès le matin, une fouie immense assiégeait les
environs de la rue Montmartre, jusqùes et y
compris le boulevart de ce nom. Des tambours de
six pouces de haut, achetés dans diffèrèns ma-
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