— 6 — cupation jalouse de tout ce qui peut conserver à l'Occident européen sa place à la tête des nations, il a voulu qu'il dût la conservation de ce rang à l'accomplissement de ses devoirs de tuteur envers le nouveau monde, dont il s'était brusquement séparé.
Jusqu'à un certain point, l'Occident européen était responsable de la série de maux endurés par l'Amérique latine. S'il n'avait autant qu'elle souffert de leur divorce, il ne saurait se les faire pardonner. Mais, le premier, il en a supporté les conséquences ; c'est grâce au divorce de l'ancien et du nouveau monde que l'Occident européen a vu l'Angleterre s'emparer, sous ses yeux, du sceptre des mers, et s'approprier, en divisant les peuples, les richesses immenses dont, sans les désunir, elle aurait pu jouir avec eux.
L'Amérique appartient aux Américains. Loin de démentir cette vérité, notre opinion la confirme. C'est justement parce que l'Amérique est aux Américains que nous voulons la soustraire à l'influence des passions égoïstes qui, non-seulement la rendaient hostile à ses aînées, mais l'empêchaient d'être elle-même.
Du reste, il est inutile d'énumérer les causes et les conséquences du mal. Il existait; il était patent. Napoléon III l'a constaté; il a voulu y mettre un terme; et, dans les plis du drapeau impérial, il a envoyé se répandre sur le nouveau monde la grande idée de réconciliation qui doit décupler la fortune des races latines et, en leur rendant l'indépendance, assurer le bonheur aux nations dont le sein a été trop longtemps déchiré par la guerre civile.