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L'Archiduc nous a reçu dans une sorte de cabinet de travail circulaire dont les fenêtres s'ouvrent sur les flots qu'il aime tant. Après nous avoir indiqué du geste un fauteuil, le prince s'est assis auprès d'une petite table entourée d'un modeste châssis vitré qui semble, au milieu d'un luxe princier, créer à cette table une sorte de sphère modeste exclusivement réservée à l'étude. On devine qu'oubliant derrière ce châssis tout ce que la naissance lui a garanti de droits, le futur Empereur ne veut plus qu'être l'homme et ne prétend devoir qu'au travail l'avenir auquel il se sent appelé.
C'est là qu'il a reçu la députation mexicaine chargée de lui offrir la couronne transatlantique ; c'est là qu'il a reçu les chefs du clergé mexicain porteurs pour lui des bénédictions du Saint-Père ; c'est là qu'il s'était jadis entretenu avec le courageux patriote Almonte, qui a mis au service de la cause du Progrès une loyauté, une ardeur n'ayant d'égales que sa bravoure. Tous ces Mexicains accueillis successivement à Miramar ne composent-ils pas l'élite du jeune Empire? Ils ont reconnu, sans exception, que l'Empereur des Français avait dans le jeune Archiduc un émule jaloux de marcher sur ses traces et de participer à la grande oeuvre du Progrès. Monseigneur Labastida l'a écrit, ainsi que M, G. d'Estrada : « Le prince est digne de » la couronne! » Et M. G. d'Estrada, monseigneur Labastida , le général Almonte sont des hommes du premier mérite !
La taille élevée de l'Archiduc répond à l'idée que les peuples d'Amérique doivent se faire de la puissance. Son visage souriant est dominé par un front large, siège d'une volonté qu'on devine à l'abri de toute faiblesse. Son regard est celui des hommes qui voient au delà du visage des personnes qu'ils écoutent; et sa parole, qui a tout le charme de celle des enfants du Cid, ne dit cependant,