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Titre : Notice historique et pratique sur le choléra-morbus et particulièrement sur l'épidémie de 1849 ; indication des moyens de s'en préserver, de le reconnaître aisément, et de s'en rendre maître en l'absence du médecin, par Paul Reis,...

Auteur : Reis, Paul (1801-18..). Auteur du texte

Éditeur : (Paris)

Date d'édition : 1849

Sujet : Choléra

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb311936169

Type : monographie imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : In-8° , 24 p.

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Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5426202w

Source : Bibliothèque nationale de France, département Sciences et techniques, 8-TD57-186

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 30/09/2008

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NOTICE

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CHOLEM-MORBUS.

Après s'être introduit on Franco par les frontières du nord et par les côtes de la Manche, le cholëra-morbus a pénétré dès les premiers jours de mars dans Paris, où sa présence s'est révélée d'abord dans les hôpitaux. C'est là en effet que se trouvent réunies les aptitudes les plus complètes au développement de toute épidémie, et notamment de celle qui nous occupe : conditions topographiques et personnelles, agglomération d'un grand de personnes dans un môme lieu, dépression du moral et des forces physiques par la maladie et par la misère, etc., tout concourt à foire des hôpitaux les premiers foyers d'où la maladie ne tarde guère à rayonner et s'étendre à tous les quartiers de la ville,'à toutes les classes de la population.

C'est là ce que nous avons vu chez HO«S, et c'est ce qui se reproduira infailliblement dans les grandes cités qui seront atteintes par le fléau. Car il se comporte à peu près partout de la môme manière. Aussi croyons-nous pouvoir utiliser au profit des populations menacées de l'invasion du choléra, non-seulement le triste avantage que nous avons eu de l'ëtadier et de le combattre dans toute sa force en 1832, mais encere notre expérience plus récente, étayéo d'ailleurs des observations et des travaux publiés sur ce sujet par tin grand nombre de médecins français et étrangers.

L'opuscule qui va suivre est donc un résumé simple mais complet des connaissances hygiéniques et médicales qu'il importe à


chacun de posséder pour traverser sain et sauf l'épidémie actuelle, quelles que soient les localités envahies. C'est au public que nous l'adressons, non aux hos-imes de l'art, que nous croyons tous parfaitement instruits de ce qui concerne une maladie étudiée et prévue depuis si longtemps. Aussi, bien loin de faire étalage d'une science inopportune, nous appliquerons nos efforts à nous rendre intelligible à tous; et nous n'aborderons que les questions pratiques^ les seules intéressantes au moment du danger.

Pour mettre de l'ordre dans nos instructions et pour y faciliter les recherches, nous diviserons ce travail en quatre chapitres. Nous consacrerons le premier aux notions générales qui sont indispensables à l'intelligence de notre sujet : origine, marche, contagion? prédisposiiions, etc.; le second, aux règles hygiéniques qu'il convient d'observer pour se préserver du eholéra-morbus ; le troisième, à la description des symptômes de cette maladie ; et le quatrième, au traitement à mettre en oeuvre en l'absence des secours de l'art. Enfin, nous terminerons par un résumé succinct, sorte de tableau synoptique, bon à consulter dans les cas urgens, et lorsqu'on n'aura pas le temps de lire l'opuscule en entier.-


. ■ CHAPITRE 1er.

Notions générales sur le elwléramorbus.

- Il est bien avéré que le choléra de 1849 est identiquement la môme maladie que. celui de 1832; même origine, la presqu'île de l'ïnde, les bouches marécageuses du G-ange et du ScindeMôme direction, du sud au nord-ouest. Môme point de départ en Europe, la Russie, où s'établit son foyer principal. Môme bizarrerie dans sa progression, passant par-dessus telles localités sans les atteindre et se portant sur tels autres lieux dont les condi^ lions topographiques n'expliquent pas cette fâcheuse préférence; revenant quelquefois sur ses pas et se reproduisant là où l'on . en célébrait l'extinction. Même myslèro enveloppant !a cause .première, la nature iiatime et les agens de transmission du fléau. Mêmes symptômes et malheureusement aussi même résistance à tous les prétendus spécifiques qu'on essaie de lui opposer, chloroforme, éther, naphte, haschich, stachys, oxygène et autres.

Toutefois, hâtons-nous de le dire, notreposition est aujourd'hui bien préférable à celle où nous étions à la première apparition du choléra, sous forme épidémique, en France et même en Europe; nous le redoutons moins d'abord, ce qui est un immense avantagé. Car la terreur, le mot n'est pas trop fort, complique bien cruellement le mal réel produit par les épidémies. Or, de toutes les circonstances propres à effrayer les -populations, la plus terrible, en effet, la plus redoutable, la contagion, n'a guère plus créance, parmi nous. Il en était tout autrement en 1832, lorsque le choléra nous vint pour la première fois, précédé de cette fâcheuse idée qu'il était contagieux. Aussi ce fut un service incalculable que les médecins de Paris rendirent à leurs concitoyens et à l'humanité tout entière, lorsqu'ils proclamèrent unanimement l'erreur de ce préjugé. De là sans doute, en grande partie au moins, l'énorme différence entre la mortalité qui fut observée alors à Berlin et celle qui sévit ensuite à Paris. Mais aussi quelle différence dans l'attitude prise dans ces deux capitales par les médecins, et eonséquemment par les autorités respectives. J.n, tout malade est séparé des siens, séquestré comme un pestiféré, terrifié plutôt que visité par un homme de l'art, affublé pour sa propre sûreté d'un vêtement de toile cirée, et qui. ne le louche qu'au travers d'un gant de même étoffe. Au contraire, ici, chacun reste chez soi, reçoit les soins affectueux de sa famille, ou trouve dans les hôpitaux ordinaires plus de zèle, plus d'empressement, que jamais à le serva'. Non seulement le médecin français ne sVutourn d'aucune précaution personnelle, mais il est aidé, suppléé munie dans sa pénible, tâche, par des infirmiers volontaires des deux sexes et sortis de tous les rangs de la société.

Cette initiative, à la fois si consolante et si honorable, prise au-


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trefois par le corps médical de Paris, s'est trouvée alors comme aujourd'hui justifiée par l'immunité presque Complète des médecins qui, malgré leur fatigue extrême, n'ont fourni et ne fournissent encore qu'un très petit nombre de victimes. Si l'on voit constamment et partout le choléra frapper presque toujours plusieurs personnes dans la même famille ou la môme maison, cela tient sans doute à la commuaauté des circonstances hygiéniques où chacune de ces personnes-est placée, et qui les prédispose en même temps à ressentir l'influence épidémique. Cela est si vrai, que EOUS avens vu, cette année surtout, deux, trois et quatre individus frappés simultanément et non successivement, ainsi que cela devrait avoir lieu, si la maladie se transmettait des uns aux autres. On doit, en outre, considérer certaines localités, comme autant de foyers d'iafeetion isolés et distincts dont l'habitation prolongée est éminemment dangereuse. Nous disens à dessein prolongée, parce que tout démontre que l'incubation du choléra dure plusieurs jours, et qu'elle se manifeste par des prodromes bien étudiés maintenant, avant d'éclater avec cette impétuosité qui donne le change aux observateurs superficiels.

Aussi, parmi les causes qui rendront l'épidémie actuelle définitivement moins meurtrière que la précédente, nous devons noter au premier rang les nombreuses améliorations opérées dans Paris depuis dix-sept ans ; de larges rues percées au milieu des quartiers ' les plus populeux, les places etlesquais plantés d'arbres qui revivifient incessamment l'atmosphère ; une série considérable d'égouts très profonds et nettoyés avec soin ; un pavé bien entretenu remplaçant les boueux cloaques des boulevards extérieurs et des rues excentriques; la suppression de l'Ile Louviers; la multiplication des bornes-fontaines; la distribution des eaux de la ville dans un grand nombre de maisons particulières; la translation à Bondy de la voirie de Montfaucon, etc. D'autre part, les progrès du bien-être et de la propreté pénétrantjusque dans la portion la moins aisée de la population parisienne; puis enfin une meilleure entente des précautions à prendre et des soins à réclamer en cas d'indispositions suspectes.

En somme, réalisation au moins partielle des voeux exprimés par la commission centrale du choléra dans son instructif et laborieux rapport publié en 1834 , et dont les sages prescriptions, impuissantes a prévenir le retour du fléau dans la capitale, auront cependant contribué à en rendre aujourd'hui les résultats moms dësastfueux.

Un des points sur lesquels cette commission composée des hommes les plus capables et les plus compétens crut devoir insister davantage, est le danger résultant de l'agglomération d'ua grand nombre d'individus même valides dons des localités rétrécios et privées d'air.


.Nulle circonstance ne .prédispose autant aux ravages de l'épidér mïéque l'encombrement. Croira-t-on qu'il est certains quartiers, certaines maisons où leshabitans, entassés pêle-mêle, et possédan à peine trois mètres d'espace chacun, ne reçoivent pas même suffisante quantité l'air corrompu qu'ils respirent I Ajoutons que ces indignes logemens sont précisément et naturellement ceux consacrés à la population la plus misérable et la moins régulière "danses habitudes ! Sans doute, et bien malheureusement, la densité de population que nous déplorons comme étant la plus puissante des prédispositions à l'épidémie, n'est pas de nature à se modifier tout à coup. Il faut beaucoup de temps et de grandes dépenses, pour assainir les quartiers populeux, et pour en attirer les habi-- t'B.s du centre à la circonférence. A coup sûr, l'édilité parisienne y emploie depuis longtemps ses efforts : elle a déjà produit en ce sens d'importantes améliorations qui se poursuivront d'année en année eu proportion des ressources dont la ville de Paris peut disposer. Mais il n'en est pas moins opporltn de stimuler à cet égard le zèle de l'autorité; et les circonstances actuelles n'autorisent que trop le médecin à proclamer ici l'urgence.

Veut-on avoir une idée des circonstances qui favorisent les ravages du choléra, si même elles ne sont peint de force à les engendrer? Qu'on lise l'extrait suivant d'un rapport du docteur John Liddle, chargé par l'Union de visiter le quartier de White-Chapel, à Londres, quartier presque exclusivement habité par de pauvres ouvriers irlandais, croupissant dans l'abandon, la misère et la,mal-, propreté les plus lamentables. Dans une de ces misérables demeures, dit-il, à côté d'une bière où venaient d'être enfermés une-" grand'mère et son petit-fils, un mari, sa femme et deux enfans se débattaient sur la même couche, en proie aux atteintes du choléra. Dans une autre, donnant dans la même cour, une femme à l'ago? nie, et dans la cour même, sans issue pour l'écoulement des eaux les plus infectes, une troupe d'enfans dansant sur un monceau da dégoûtantes immondices ; dans des caves humides, des morts et des mourans pêle-mêle, dont plusieurs étaient allés frapper sans succès à l'hôpital voisin. Vainement voulait-on arracher des bras d'une femme le corps de son mari expirant. — Don nez-moi un pain aujourd'hui, et à lui une bière demain, dit-elle. Des latrines communes et des loges à porcs infectantles passages ; des salles nasses creusées au-dessous du niveau des rues, partout des miasmes putrides et une misère dont,on ne peut se faire une idée que par ces mots du narrateur; — Ils manquent même d'eau, et ne possèdent que ce qu'ils peuvent mendier, emprunter ou voler dans les ruelles voisines..

Le docteur Liddle conclut à la nécessité de démolir les demeurés qu'jl a visitées, seul moyen en effet, de remédier, non à la misère


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des. habitons, mais à la concentration dans un même foyer d'infection de tant de causes d'insalubrité et de destruction.

Quant on lit de pareils récits dans les feuilles de Londres où ils se succèdent fréquemment, on doit bien regretter l'incurie qui laisse subsister de semblables cloaques dans la plus riche ville du monde. Et nous, Parisiens, à qui l'on vante si haut la propreté de certains quartiers de la capitale de l'Angleterre, nous pouvons à bon droit nous féliciter de n'avoir rien sous nos yeux qui approche de ce hideux tableau.

CHAPITRE II.

Règles hygiéniques à observer en temps d'épidémie cholérique.

Nous allons exposer successivement les préceptes-d'hygiène privée. : 1° en ee qui concerne l'emploi des aliments et des boissons ; 2? en ce qui concerne la respiration; 3<> en ce qui s'applique à la surface du corps, à la peau ; en ce qui s'applique aux sens, à l'intelligence, aux sentimens, aux niouvemens ; 5° en ce qui concerne les fonctions de la génération.

Les premiers désordres apparens produits par la maladie qui nous occupe ayant presque toujours pour siège les organes delà digestion, il importe avant tout d'éviter les moindres dérangemens de l'estomac ou des entrailles. On s'appliq lera donc soigneusement à prévenir non seulement les indigestions, mais encore les digpstionspéniblesetimparfailes. C'est pourquoi les alimens essentiellement indigestes seront repoussés tout-à-tait, môme par les personnes habituées à en faire usage impunément.

Tels sont : la cochennaille, et particulièrement le porc frais ; les crudités : radis, salade, céleri, melon, concombre, ognons, ciboule, échalottes, etc.; les choux, les légumes secs, pois, haricots, lentilles, à moins qu'ils ne soient réduits en purée ; les fritures très menues ou desséchées; les truffes, les champignons, le foi© gras, l'oie et le canard à la broche , les rognons, les oeufs durs, le maquereau, la raie, les oeufs du brochet et du barbeau, l'anguille, le saumon, le thon, les moules, le homard, les pâtisseries trop compactes et celles où l'amande prédomine ; les figues sèches, les pruneaux crus. Nous ne voulons point dire que ces substances soient de véritables poisons, mais nous invitons les gens sages à s'en abstenir pendant l'épidémie, ce qui n'est pas difficile assurément, ou tout au moins à n'en user qu'avec réserve et modération.

Les personnes disposées au relâchement, et nous en connaissons beaucoup qui négligent trop cette circonstance, rejetteront de leur régime les fruits crus, les végétaux herbacés, épinards, oseille, chicorée ; elles se nourriront de préférence de poisson, de volaille, de viandes rôties ou grillées. Chacun au reste étudiera ses précis-


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; positions partic.aliêresj et se cSafôrmerâ auxIndications fournies; .pàT-sa'propreé^^

■ habita les prises^ c'est-à-dire;.que même eu cas ;dè. mauvaises habî-.• "■tudes ônne" les modifiera .qu'avec ménagement et non- toat-à•coupi"'"''-;..'-,'".. ',..•'..;--"'-.' ?■'

; Pour que: les jdigestioris s'ôpèrerit bien'j ellesrie'doivent, point : s'entrecroiser, ni même se succéder irhinediatémpnti/Un ciprtain'r'e-- , pos :.èst..-nécessaire, aux organes. Cette loi dé tous les: tempsy ide-tous les âges,, est maintenant plus 7 rigoureuse .que jamais tervalle' de quatre, heures pour.lès adultes,., de trois heures pour, les enfàns, entre les repas de: peu d'importance ; ,un espace de temps beaucoup plus long pour les grands repas, et pûùr'les.;estomacs" paresseux, telle ést.là règle que nous";n conmandons instamment. Pblnt.d'imprornptu, point;de visité aux pâtissiers, point de' ces ba. gàtellés que tant dé gensacceptent imprudemment en dehors dès . repas réguliers, ëtqut nuisent égâtementàladigestion qui précédé - et: à celle qui doit suivre. Point de thé ;e soir, point dé places, ni de boissons inutiles, avant que,le;travall digestif ne soit accompli. ■■Quoique;l'abstinence" prolongée- ait ellë^mfime ses inconyëriiènsqu'il faut éviter autanfcqu'on le peut, mieux vaut pou.rtani retarder îan peu que hâter trop/ou multiplier inconsidérément les occasions; . de.satisfaire les besèins;de l'estomac. Souvent, d'ailleurs, on calme l'appétit pour Vm cérlâin'temps en mangeant.un.morceau de sucré pu quelques-pastilles;de chocolat, .' .;■'•, ./,.,.

Un-préjugé qui se manifeste' particulièrement durant les, épidémies consiste a croire qu'il y a danger à sortir à" jeun. pîaprèsnotrje expérience personnelle, nous affirmons qu'il n'en estrien,. et nous engageons chacun à. rester en cela dàiïs ses habitudes.;-.- :

; Parmi lés-sùbstances qui entrent accessoirement dans là préparation dès alimens, quelques-unes ont pour effet de rendre plus fa^ cifeTassimilaliou de ceux-ci ; d'autres-produisent an résultat contraire.;.I1 est donc fort important de les distinguer entre elles; Le beurre, qui .cependant n'augmenté pas ta bile,comme on;paraît-lecroire, àcqûiërt'de mauvaisësqùalités lorsqu'il;est rance:, ou -roussi,, ou trop abondant Môme observation sur les huiles,; lés graisses en générai. Le sel,s indispensable assaisonnement, n'est jamais 1 nuisible;-à personne: Los aromates, tels queie poivre, la. muscade, le g.iroflfl,etc., n'ont;point la,mêmeutilité, maison peut.en user... sans danger, i;pourvuqu'on n'enabùse.pas'.-. '"-/.; ",-';.

Sur l'emploi des boissons, nous aurons peu dechpses à dire; Qui ne'sait que les excès ici-sontoti-ne peut plus redoutables? L'ivresse: constitue uneprédisposition au choléra d'une rapidité quelquefois . foudroyante'. Combien- d'imprndensfen 1832,payèrent de leur vie. un-, " seul oubli dés lois delà sobriétél-Chaque jom\dans ces tristes temps^ .< deshoriïmës en apparence, bien portans tombaient asphyxiés-chez,.


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les marchands de vins. De là cette erreur.funeste qui fit croire usa instant'au peuple des quartiers les plus maltraités qu'on. empd£ sonnait.ses boissons.

De l'eau rougié aux repas, quelque peu de vin pur, la. bière ou . le cidre même, pourceuxqui en font leur boisson habituelle; l'eau simple pour les buveurs d'eau,.c'est-à-dire la continuation des ha-, bitudes en harmonie avec le goût et les.besoins' de chacun, rien de pluSî rien de moins. . -'

Nous appliquons ces conseils à l'usage.des spiritueux: toujours, nuisibles hors des repas, même pris en petite proportion, ils sont tolérabje's et parfois utiles lorsqu'ils viennent'se mêler à là masse' alimentaire à dose très modérée;

Le café à l'eau ne nuit pas à la digestion ; il en est autrement du . café au lait, qui produit la diarrhée chez un grand nombre de personnes. Avis, à qui se trouve dans ce cas. Le lait tout seul est, sauf exception, iiu-bon aiiment, et qui môme, en temps d'épidémie, est innocent de la plupartdes terts qu'on lui attribue. 11 est trop souvent affa;bli par l'eau qu'on y mêle; mais,jamais, que nous sachions, il.n'a transmis à l'homme les maladies dont les vaches sont - affectées. :_ : ' • '

Les boissons les plus salubres ne sont pas toujours innocentes-: prises hors de propos, en' trop grande quantité ou.très froides* elles déterminent parfois des accidens sérieux. Une limonade, un verre de bière, une masse d'eau, trop considérable^ ingérés ayant l'achèvement du premier temps de la digestion, sont susceptibles de troubler celte fonction, surtout s'il-existe 'déjà quelque prédisposition individuelle ou épidémique. .

Qui ne connaît les signes par lesquels se manifeste une digestion laborieuse? Frissons, bâilleméns, renvois, nausées,, oppression, somnolence et malaise général. Or, c'est-précisément en voulant remédier à ces maux qu'on les aggrave trop souvent'par .l'usage intempestif de boissons dé toute nature. Quelques cuillerées d'eau sucrée, aromatisée avec un peu d'eau de fleur d'orangers ou de •kirsch' ; un thé très léger et peu copieux, tels sont en pareil cas les meilleurs digestifs. ...

Bans l'ignorance nous sommes sur la nature première du' choléra-msrbus épidémique, il est naturel d'en placer le germe et Fagentde transmission dans l'air atmosphérique, dans ce vaste milieu qui nous environne'et nous presse de tous côtés; qui" pénétré incessamment au plus profond.de nos viscères, non-seulement pendant l'acte de la respiration, mais encore par son mélange avec, nos boissons et nos alimens; dont l'agitation, les directions-diver-' ses et l'impression sur. là peau de l'homme, produisent é'immènses. modifications sur la santé, soit en supprimant les sueurs, soit en


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augmentant l'exhalation à la surface des membranes séreuses et des muqueuses. Peut-être l'air agit-il sur nous par les émanations sidérales et par les impondérables qui le pénètrent. On croit, en effet, avoir observé en Russie certains rapports, certain antagonisme entre le magnétisme terrestre et le choléra.

Quoi qu'il en soit de ces hypothèses que nous n'avons mission ni de vérifier,-ni de contester, ce qui n'est point douteux, c'est le danger de l'éneombrement, des grandes agglomérations d'hommes, des réunions nombreuses dans les lieux où l'air est insuffisamment renouvelé. Les statistiques dressées en 1832 se trouvent, hélas! confirmées en ceci, comme en d'autres points, par les observations plus récentes, et notamment par ce qui s'est passé au début de l'épidémie actuelle dans les hôpitaux et hospices de Paris : ainsi peut-être, que par la proportion des victimes tournies par les représentans,. dont quelques-uns ont été frappés en séance.

A l'approche du fléau, que ceux qui le redoutent et qui peuvent choisir leurdornicile, s'empressent donc do quitterles grandes villes, iesquartiers étroits et fangeux, les maisons ou les apparterriens privés d'air et de la lumière du jour; mais qu'ils se hâtent d'émigrer, car on a fréquemment remarqué qu'il n'est pas prudent d'abandonner la ville où l'on est acclimaté lorsque l'épidémie y a déjà conquis un certain degré d'intensité. L'isolement à la campagne, loin des bords de la mer et des grands cours d'eau, plus loin encore des lieux humides et marécageux, offre, on le voit, de bonnes chances d'immunité. Mais qu'on y so;t atteint do la maladie : y trouvera-t*- on les soins immédiats, éclairés, dont on aura besoin? Celte considération ne doit pas être dédaignée, car nul ne peut présumer où s'arrêtera le fléau.

Soit à Paris, soit à la campagne, veillez à ce que votre habitation soit fréquemment aérée. Disséminez-en les habitans, la nuit surtout, autant que faire se pourra ; ne tolérez chez vous aucun animal domestique; faites enlever chaque, jour le linge sale, les débris des cuisines, le fumier ; ventilez et lavez soigneusement avec de l'eau chlorurée ou. mêlée à un centième d'eau de javelle, les écuries, les latrines, les cuvettes destinées à l'écoulement des eaux ménagères; ne négligez enfin aucun moyen d'assainir et de renouveler l'air dans toutes les parties de votre domicile. Il est bien entendu, toutefois, qu'on tiendra compte des rigueurs de la saison,, car le refroidissement subit, les variations brusques de la température, offrent de grands dangers, surtout lorsque l'économie est affaiblie par la maladie ou par toute autre causç, ou bien encore quand la peau est couverte de sueur.

Il est des professions qui s'exercent a« milieu d'élémens pafrides, c'est-à-dire provenant de matières organiques en décomposition ou d'émanations de substances métalliques nuisibles à la santé, le mer-


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.' ;cure,le ;plomb par, exemple; ,©r,;;=çpmme; toutes çgs ^pftanafiojns, ^ortente(isàbôrd: leur dnfluenoedélëtère ; surîtes.;ypies =digestiyes;é<gà;.: . ;dé|ftïiriitiapVdes.na;uiiêfes, des'vpm ;d'àutte:part elles produisent un affaiblissement généra "froides, la ■'■syncope;., et que fes;'-diyérses-;«ircpn.§î'«^rèX:';P'cédisp.oV . sent.puissamment/ aux'matadies/régn'antes, la., prudehce-iridiqué; assez, qu'il .'confient,, sous.-l'influencé.des; épidémies, de : séjourne? ,1e moins passible, dans une atmosphère viciée. .Cin ppnrràitbb.jççter, contrairement à.ce précepte, que lés ouvriers t mployés aux vid.anges, ainsi quP ceuxxle: la Villetle etvde Montfauco/n.-né-pré^ "SPiitèrent pas çn 1832 une mortalité'pip's grande;que celle dés-au-ires - citoyens. Nousirépondrons, qu'en-effet, ïr-ay^ vigoureux de:constitution, et par-dessus lout.doues d'une complété. insouciance, ces hommes ont bien pu. résister en partie à;ppe in-. fluenee délétère qui se trouvait ainsi neutralisée' par d'au très.cir^-: constances éminemment favorables!: Mais -nous n'en croyons pas moins sage, aux "personnes .que ces avis concernent, .de/rester le jnpins:.pessife.lepl.ongéès.dans.j>ajr niépbitique.etc.Gncentré desânt- 1. •pbithéâtres, des égouts, des bôyauderies, etc. Kops ,leur ;;ieônséib'ioris en outre d'opérer dans leursateliérs-une ventilation permanente, et deneja/nais coucher aumilieu de ces dangereuses émanations. ;.. ;.*':- ■' ■■' '■. ... .„' ■■'■'.■; .'■■}.'■ '■' ; .v...^f:-v.;-v;;;. ;.v:-. '7:-.

. Quelle que soit la source de l'infection deJ'atmosphère qui nous environne etq.ui .remplit nos demeures, ifn'èst pas.toujours" pos7 sible de la tarir : en ce cas, outre les rnpyens.propres à renouveler^ l'air, on emploie à.ve.c;succ"èsles fumigations et les lotions chlorurées,

. On,se procure chez tous les pharmaciens ces précieux àgensde purification.; maïs afia .de les -mettre"encore davantage a la,portée de-chacuri, nous: croyons devoir.indiquer, ici.'..la-nianipré d'obtenir aisément et partout le clilofe désinfectant. S'agit-il. d'un lieu que l'on puisse .évacuer momentanément? On Je ferme exactement, puis on. y placé dans un vase'•'•'.de verre, de-iporcelaine/pu âé/faïence,'. dix parties en poids d'hydrochlorate de soude bu sel.de cuisine'; deux parties de peroxyde de manganèse et quatre pàrties:d\eau; On. mêle le- tout, puis on y ajoute six parties d'acide .suifuri.que; Aussi--. tôt le chloré se dégage, et. on a-s'oinidè s'éloigner pour en éviter l'introduction dans la poitrine. Après, l'opérationfaite, et lorsqu'on , juge la .désinfection suffisante, on. aère la pièce et on Foccùpé de-, nouveau..Si là purificationdoit se faire dans.' un lieu qu'on.ne puisse . abandonner, on l'opérera petit â petit eh. iié dégageant que peu de ehl.ore.à là-fois, ;el transportant çàet là' l'appareil qui le.fûtrhitv

... Si les soins d'une propreté recherchée sont utiles-autourdénbus,. çèmbiên.ils sont plus '•nécessaires, en. ce qui nou.s,t;ouebe. innmediatemen.t.i.kà peau ^ prolongé nsit à la përspir,àtion plus7pu; moins iseH&ble dont,cette


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enveloppe est le siège. Jl importe donc ds tenir celle-ci toujours apte à remplir ses fonctions, ce qu'on obtient par des lavages répétés suivant le be«oin < t par l'usage des bains tièiles. Quant aux bains froids pris à la mer ou dans les rivières, il ne faut en user qu'avec de grandes précautions. La perturbation qu'ils occasionnent, surtout lor-qu'on s'y plonge ayantchaud ou lorsqu'on éprouve le moindre dérangement d'estomac, est parfois funeste. Nous en avons eu plus d'un exemple en 1832.

Sans conseiller précisément les bains de vapeurs, les bains russes, les friction*, le massage, toutes ces pratiques accessoires qui ont pour effet d'augmenter l'exhalation et la tonicité de la peau, nous pensons cependant qu'elles peuvent convenir aux personnes qui ont l'habitude d'en faire usage.

Les vêtemens sont destinés à nous préserver de l'action immédiate des corps extérieurs, et à éloigner ainsi de nous les îhfluences fâcheuses que peuvent produire le froid, la chaleur, le soleil et autres mod fiealeiirs atmosphériques susceptibles de nous atteindre. On conçoit dès lors l'importance d'un bon choix, lorsque surtout on se trouve en présence d'une épidémie dont la cause semble résider dans l'atmosphère. Et comme les tissus de laine sont ceux qui isolent le corps le plus exactement, qui le préservent le plus efficacement de la déperdition de sa chaleui propre et d'une augmentation sub'te du calorique extérieur, le mieux serait de se vêtir de flanelle de la tôle aux pieds. C'est ce que font d'ailleurs les personnes sujettes aux rhumatismes et aux maladies de poitrine, ce que nous faisons pour beaucoup d'enf.ms d'une constitution délicate. Cependant, bien des gens ne pouvant s'habituer au contact de la laine sur la peau, cet usage est loin d'être général. Les étoffes de coton la suppléent alors avec avantage. Aussi presque tout le inonde porte aujourd'hui des chemises de celte sorte, eu hiver au moins. On ajoute à cela l'emploi d'une ceinture de flanelle destinée particulièrement à garantir le ventre de toute cause de refroidissemens.

Nous n'avons pas à nous occuper ici des autres pièces d'habillement. Nous nous bornerons à désirer qu'elles soient toujours et pour lou=, suffisantes, et qu'elles n'impriment aucune gêne aux organes qu'elles doivent au contraire contenir et proléger. Comme c'est la nuit, pendant le sommeil, que l'économie est le DIUS apte à ressentir les influences délétères et les effets du refroidissement, il importe principalement de se couvrir convenablement dans le lit.

Les variations fréquentes et subites de la température auxquelles nous sommes soumis dans tontes les maisons, exigent que chacun soit muni d'un vêtement qui s'enlève .et se replace aisément, selon )e besoin. Tels sont les manteaux, redingotes, paletots; et chez les


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danies,;ïine. multitude de par-dessus dont nous ignorons ia;nonieïi-:

- clàturé,; mais ' q ue nous y oudr i ons. leur .'voir qui tter 1 orsqu'èiiës entrent dans les appartemens chauffés,;polir- les reprendre àum'Orment de sortir,-Car en agissant autrement, elles n'atleignèntpas le but proposé,, ejui consiste à compenser à peu -près les; différences

"delà température. Quelques auteurs d'hygiène blâment l'usage dumackentoch

dumackentoch qu'il concentre trop, exactement autour du corps une atmosphère chaudeet humide, unetranspiration qui n'est- pas sans danger.-Nous croyons, qu'il y.a là -.quelque'exagération. -En tous cas, unefois.prévenus, des-incOnvéniens reprochés à ce vêtement .imperméable, les hommes qui l'emploient pourront.facilement tes éviter en donnant à.propos accès a l'air,' et en ne s'enveloppant pas .hermétiquement. ■■ ■■ ■..-.,;, -,

Conformément à nos recommandations Sur- les.sôin's de -la.propreté; toutes lès pièces dé-T'êtemens seront nettoyées ou changées aussi souvent qu'il le, faudra. Ce sont.surtout les étoffés de laine, plus susceptibles que^ les autr;es de s'imprégner-'dé nos propres ,'émànations'èt moins faciles à'iaver, qu'il serait dangereux de négliger en ce"temps-ci. L'aération, les fumigations de ch!ore:, seront appliquées avântageusementynon-seUlement aux habits, mais aux couvertures et-aux:matelas des pauvres 'gens qui, n'ayant.pas. de doublés, ne peuvent se séparer de. leurs effets pendant le temps.qui. serait nécessaire au nettoyageide ces objets. : ". c ;-; -.; ,''

'". Au sujet des cosmétiques aujourd'hui d'ailleurs peu usités, non sans raison, nous dirons seulement que .le meilleur de tous est l'eau, froide ou chaude, selon les temps,-pure ou légèrement aromatisée avec l'eau de Cologne- ou tout autre alcoolat semblable. ..

, On se gardera bien -des; essences, et des- sachets vulgairement employés comme; préservatifs, des-màladies épïdémiques, et .dont l'odeur et les émanations n'ont-d'aulfe effet que -d'occasionner des maux de tête, des affections, nerveuses, des nausées, et. même des syncopes lorl pénibles. Or, ées malaises, s'ils ne provoquent pas. directement île cholôra-morbus, y prédisposent plus ou moins. Et n'eussent-ils d'autres inconvéniens que d'inspirer de gravés inquiétudes, c'en est assez pour que toute personne sage se'les épa'rghé totalement. Le :camphre dont la mode s'est insinuée parmi nous en 1832, et que depuis, un homme pôlitique.flssez tristement célèbre a préconisé comme une panacée universelle,.le camphre.lui-même est bien plus nuisible qu'utile. Il ne profite qu'à celui qui le vend.

Les sens "autres que celui de l'odorat ne fournissant pour'nous aucune indication particulière, nous abordons mâinténant-lés pra-

pra- hygiéniques qui se rattachent à l'exercice: des fonctions intellectuelles. -Nous ayons.énuméré déjà les circonstances~qui:doivent, selon nous, éloigner des esprits, ou mitiger beaucoup lès in-, quiétudes suscitées; par la seuleapproche du choléra. Point de Conta-..


giôtià'craiiiclrej'bénignité relative de. la. crise actuelle, expérieaeé. acquise aux ^médecins sur les^ressouTcesdélà thérapeutique, tels sont lés. motifs 'lïè&ré.ëls.,; eu effet, .non de sécurité absolue, mais d'espérance.et ;de,Gpnsolàtion;"sur-lesquels nous. àimons:.à insister. Car la crainte portée à l'excès,: en déprimant l'action nerveuse^ en dérangeant Jes digestions,' en affaiblissant.la constitution.'tout entière, prédispose,' nous l'ayons déjà-,'.dit, au mal tantTedouté.Les .passions tristes, : et quel qu'en soit l'objet, .conduisent fatalement au ; mêmerésultat.''Si.' l'on:' se sent-incapable de les vaincre, il faut du moins, les, fuir, et .pour cela, s'Occuper,.'-se distraire,, par itous, les môyënsVpossibles.. ;; . '-7', : ; -

La surexcita'tion produite par l'ambition,' la colère, etc. ; la contention d'esprit trop longtemps soutenue, ainsi que la; fatigue;ex-, '. trouve,' au .'mural comme au physique, sont 'au tant, de prédispositions fâcheuses que la prudence -ne permet pas de braver.'- ' ..i.~

Un. exercice modéré, la promenade avant le' coucher du soleil, ]e~jard|nage, sont d'exCelleiB préservatifs-à joindre.à-ceûx que nous.' avons/mentionnés précédemment. / :<\j~'-[: : '" y■■'-. "

Enfin, fat/pour .complé.ler Tespréeeptes que' nous empruntons hl'hygiène, nous engageons nos concitoyetis a'ia continenre,'pû pour mieux ;d re, à la modération sur ce point comme, sur tout autre. Usez, mais n'abusez pas. Abst.eRe2-vous,.;riiêmè: totalement, après un repas çqpictix, de peur d'cnlra ver la digestion, ■.

--;'-: •>.;'-•'.. :..,:r.V.;- CHAPITRE. III. : ■:--^

'■-"■ :. ..Symptômes et.début du çhpléra-morlus. '....- '"•.;■"■

Lespraticiens de tous les pays ont remarqué querlëlcholpramorteus atteint bienlra'rement les personnes en possession d'une . santé complète ;ret C'est à causé de cela que, nous .avons tant in-: siïté sur j'impor tance des soins hygiéniques, en présence de,cette terrible maladie. On rencontrécependant des malades qui >busaf-. Arment avoir été frappés en pleine santé : c'est qu'ils, comptent pOur:r'ien.de légers malaises, sans gravité dans les .circonstances ordinaires* mais qui constituent','là où.règne lécbblérâ, la pius;.re:- .dûuiable pré'disposili;o'[ii'jia.drarrhép,;-rindigéslion,-;/lesî-jrr'italibhi; chroniques des organes.digestifs,'..les vfifs;inti^stinaux;;précèdent presque consta'mfnêût.'i'invasidn;.:de la.maladie, principale.' S'il 'se prësente-.qu'i'lqites exceptions .apparentes à cette Ici; cela tient sans. : doute à ce-que beaucoup de- personnes -ne savent pas.; s'obsèrvër ejlës-mêînés, et que s'ëiàht- familiarisées avec certains dérahgêmens;'babitùcls.qHî neîes incommodent plus, elles croient en effet, et à. tort, leursanté parfaitement'irréprochable. '.._..-.;-7.- -.. : . "

Mieux- averti, quë'çhaCun s.e^ surveille 'donc ' avec l'attention ■: la


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plus minutieuse. Que lé moindre symptôme de perturbation éveille aussitôt une sollicitude rigoureuse, et: soit combattu sans retard,, avec toute l'activité nécessaire. A cette condition, si l'on ne peut se flatter d'une immunité certaine, absolue, au moins est-on assure de " réunir autour de soi.les chances les plus favorables. Avouons d'ailleurs que toute apparition de dévoiementj lotit écart de régime n'est pas pour relaseuj inévitablement suivi du choléra. Nombre de gens, au contraire,.ne ressentent de l'épidémie qu'une influence amoindrie qui se caractérise par des nausées, des maux -.d'estomac,,' des borhorygmes, une diarrhée bilieuse, du mal de tête*; un affaiblissement général et subit, ensemble de malaisés qu'on- désigne très justement sous le.nom de cholérine. Mais comment distinguer dé prime abord ces légers accideris de ceux de même nature destinés à devenir sérieux? Nousne possédons aucun moyen d'y parvenir.,Par conséquent la prudence ; exige dans. tous les cas mêmes précautions'et mêmes soins.

En effet, si ces premiers symptômes, d'autant plus insidièuxqu'ils sont souvent fort légers et peu dpuloureuX, né soiit point enrayës: par un traitement convenable, ils ne: tardent pas à prendre un caractère menaçant : au rejetdes matières fécaies et bilieuses contenues dans l'inlestin succède l'évacuation caractéristique du choléra, qui; consiste en une sécrétion laiteuse, semblable à de l'eau de. gruaux de riz ou d'amidon, mêlée de quelques flocons blanchâtres et d'un peu de bile. Alors surviennent, des coliques plus ou moins prononcées, des crampes dans les membres inférieurs, des douleurs violentes dans lé dos et les rejns, la suppression des urines, et les nausées bientôt suivies du vomissement de. substances analogues à celles rendues par les gardèrobes. ''■;

Quelques malades éprouvent plusieurs jours avant là-diarrhée, des borhorygmes, des "gargouillemens, des coliques dont le siégé varie, une diminution à peine sensible.de l'appétit, des doùleursà là télé et au dos, une fatigue musculaire tort mcomm'dd'e,'. ùné> terreur insolite, des pressenti mens fâcheux, un malaise universeldônt ils ne peuvent ^e rendre compte, et qu'ils n'avaient jamais ressenti ; puis, après urï laps de temps plus ou moins long, les- vomissèmens, la diarrhée et le choléra confirmé.

D'autres fois, la seène commence par l'estomac : on éprouve des nausées pareilles à.ce 11 es d'une irritation gastrique ordinaire, puisdès vomissemens douloureux, une. oppression épigastriqùi.' quelquefois extrême, des crampes qui. se fout sentir a ux menibres supérieurs et jusque dans les musclés de la mâchoire. La gorge est sèche,,le visage empourpré, les yeux secs, injectés, contractés sur eux-mêmes,,la physionomie sinistre, les forces et le moral prodigieusement abattus. :

Dans d'autres cas, les plus rares, la victime :est prise tout àïcoup


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de tournoiements de tête .si. yiolens, qu'elle tombe, sans connaissance et comme foudroyée. À ce début succède une stupeur,.-une prostration extrêmes, puis les nausées* les vomissemens et les autres symptômes caractéristiques.

, Enfin, n'exislât-il ni nausées, ni dévoiement, ni coliques, l'imminence du choléra-morbus est certaine, lorsque sur un individu I'ÔK observe lea yeux secs et rapetisses, la langue blanche, large et froide, l'engourdissement des bras, et des jambes, ainsi'qu'une mollesse, particulière du, ventre qui résulte du défaut de contractilité de la paroi musculaire de l'abdomen. Ce dernier signe indiqué par Broussais, ne fit jamais défaut et. persista pendant toute la durée de la maladie en 1832. Je le retrouve: en 1849 !.

Lorsque le choléra vient compliquer une maladie aiguë, pu frapper un convalescent, c'est, comme d'ordinaire, la diarrhée qui paraît d'abord; puis.la fièvre tombe, le pouls devient misérable, et les accidens se succèdent avec une rapidité proportionnée à l'affaiblissement préalable du sujet.

La physionomie.du cholérique est si particulièrement hideuse, si effrayante, qu'on ne peut le méconnaître après l'avoir vu , qu'on le devine même aisément la première fois qu'on le rencontre.. Néanmoins, et pour compléter le tableau du choléra, considéré sous; tous ses aspects, nous grouperons ici les traits essentiel-' lemest caractéristiques de la forme épidémique, dite asiatique iadienne, algide ou bleue. La maladie continuant ses progrès: les; yeux se creusent davantage, le globe oculaire s'atrophie-, au point de paraître tiré au fond de l'orbite, et de laisser un espace considérable entre les paupières et lui. La face s'amaigrit rapidement, se grippe, se couvre d'une teinte livide, cyanique qui s'étend ensuite à toute la surface du corps. La peau se glace, la langue est froide et bleue; l'air expiré sort froidde la poitrine.; les parole', suivant l'expression pittoresque et vraie des observateurs, sont plutôt soufflées que prononcées, tant l'expression en est faible et difficile. Le pouls devient tout à faitnul ; à peine si l'oreille appliquée sur la région du coeur y perçoit encore un. léger frémissement.semblable à celui de l'agonie.

Et cependant, qui le croirait, cette position extrême peut durer pendant plusieurs jours, et se lerminerpar la guérison ! Mais pour cela combien ne faut-il pas se hâter d'appliquer uii traitement énergique, éclairé! Car, abandonnée à elle-même, cette affreuse maladie est constamment et promptement mortelle. Deux ou trois heures ont suffi souvent à l'évolution complété des phénomènes que nous venons de signaler. D'une autre- pari,'on les voit.quelquefois s'amender petit à petit chez dos-malades qui. n'en succonW bent pas moins.plas tard, à la suite de congestions ou d'inflammaJiqas-se«ftnd aires du cerveau, des poumons, etc. ;. ........


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CHAPITRE IV.

Traitement préservatif et domestique du cholèra-morbus..

D'après ce que nous avons dit du choléra-morbus, on conçoifr que le traitement doit commencer avant que la maladie ne soit confirmée, c'est-à-dire dès l'apparition des premiers symptômes. A ce degré, le succès est à peu près certain. La négligence, au contraire, a-t-elle une fois permis à la cholérine de se transformer en véritable choléra? le moment opportun s'échappe, et le salut du malade est gravement compromis. C'est pourquoi, malgré le nombre et le zèle des médecins de Paris, qui savent si biensemul-- tip'ier.suivant !e besoin, nous croyons extrêmement uti'e-d'indiquer aux gens du monde les premiers soins que réclame la maladie dans les différentes formes qu'elle revêt à son début; nous le ferons avec le ferme espoir d'arrêter par nos conseils le mal à sa période commençante, dans le plus grand nombre de cas; et tout «u moins, si le choléra persiste, de préparer les voies aux soins plus efficaces et plus complets de l'homme de l'art.

Lorsque l'épidémie annonce son invasion pir une diarrhée bén gneetsans douleur, en un motpar la cholérine, et ce début est à la fois le plus fréquent et le moins désavantageux, on ne manque heureusement ni du temps nécessaire pour agir, ni des moyens propos à assurer le succès. Tout le danger, nous le répétons à dessein,, gît dans la sécurité trompeuse qu'in-pire habituellement alors l'absence de tout malaise jointe à la persistance de l'appétit. Mis en garde contre ces dérangemens précurseurs, on les combattra tout aussitôt par la diète plus ou moins absolue, par l'emploi de petits lavemens opiacés, par l'usage de quelque boisson délayante, par des cataplasmes appliqués chauds sur le ventre, par le repos et par le séjour à la chambre ou même au lit. C'est ainsi qu'en quelques heures on tarira la source d'une terrible maladie.

Plusieurs médecins ont rencontré, soit pendant la maladie, soit après la mort, des vers intestinaux chez les cholériques. Il en est même au moins un, M. Grot, de Moscou, qui attribue à ces parasites un rôle évidemment exagéré dans la production du choléra. Le fait incontestable, c'est que la présence des vers, par l'irritation, qu'ils produisent dans le tube digestif, et plus enGore par le traitement intempestif qu'on leur oppose trop souvent, constitue uneprédisposition réelle à cette maladie. Le problème consiste alors à détruire les vers, sans surexciter l'intestin, et sans provoquer une diarrhée dangereuse. On s'abstiendra s'il se peut des purgatifs et surtout des drastiques, pour donner la préférence aux anthelmintiques spécifiques, comme l'absinthe, la racine de fougère mâle, le semencontra. Si ces moyens échouent, et que des moyens énergi-


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#ies soient indispensables, on n'y aura recours que d'après les avis d'un homme de l'art, et on en surveillera les effets jusqu'au bout.

La diète a pour effet d'épargner momentanément tout travail aux organes souffrans, et de n'introduire-dans l'économie aucun élément susceptible d'entretenir la diarrhée. Il vaut donc mieux l'exagérer que de l'omeUre; il ne s'agit d'ailleurs que de privatirns fort courtes, puisque ordinairement un.joiar ou deux s ifusent au rétablissement de la santé. Si l'estomac, resté sain, manifeste quelque besoin, on y pourvoit aisément en prenant de temps à autre une tasse de bouillon léger, oU même une très petite panade passée et réduite en bouillie. De l'eau de gomme chaude ou froide, une infusion légère^ de fleurs de tilleul ou d'oranger constituent le traitement interné bien simple et bien facile, comme on voit.

Dès que'a diarrhée a cessé, le régime devient moins sévère : on prend successivement des potages, du poisson, de la viande blanche, en ayantsoin de surveiller les digestions pendant plusieurs jours, après lesquels on rentre tout à fait dans ses habitudes. Si l'on* manquait de prudence et qu'on se livrât trop tôt à une intempérance relative, on s'exposerait au danger d'un rechute presque-toujours funeste en pareil cas. Je me rappelle un de mes voisins qui remis à peine d'une première atteinte de choléra, voulut, en 1832; fêter à table avec ses amis, son heureuse convalescence.il succomba rapidement à la suite de. ce repas intempestif.

Les lavemens seront peu copieux, administrés deux ou trois fais par jour, après les évacuations, et conservés, s'il se peut, ou renouvelés immédiatement après leur expulsion. Une simple solution d'amidon, la décoction d'une tête de pavot dans un litre d'êau, l'eau de laitue, ou tout autre véhicule auquel on ajoute suivant les âges, de deux à vingt gouttes de laudanum de Sydenham (lè.lati^ danum de Rousseau est trois fois plus chargé d'opium) ; telles sont les préparations les plus efficaces à employer en lavemens.

Les cataplasmes se préparent avec les farines de lin, de froment, de seigle; le riz, la'semoule, la mie de pain, etc., qu'on d«laie ou qu'on fait cuire dans de Pau simple ou dans la décoction de racine de guimauve. Les feuilles de mauve, de morelle, de ciguë cuites et.chaudes, peuvent remplacer efficacement les cataplasmes, mais elles doivent être renouvelées plus souvent, parce qu'elles consrrvent'moins la chaleur. Ceux-ci seront toujours mis à nu, ou seulement couverts d'une étoffe mince et claire telle que la gaze.

Nous n'avons pas.besoin d'insister sur les avantages du repos,, et sur l'obligation d'éviter toute occasion de refroidissement et d'humidité.

Si l'ensemble du traitement que nous indiquons tardait à produire

son-effet, on appliquerait à l'anns un nombre de, sangsues propor-


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ouné à l'âg;e et à la farce du patient, et l'on insisterait de plus eu ulussur la diète et sur l'emploi des. autres agens thérapeutiques. On en viendrait tout d'abord à ce parti sévère, pour peu que les accidens primitifs offrissent d'intensité, nonobstant toutefois l'appebfait au médecin dont la présence toujours utile est dès lorsindis-- pensable.

ïl est sans doute quelques- uns des.nombreux procédés préconisés par le charlatanisme ou l'engoûment dés inventeurs, qu'on peut employer indifféremment contre la cholërine ; au moins faut-il cependant qu'ils ne contrarient en rien les. résultats que se propose le. traitement rationnel, et qu'ils n'inspirent pas aux malades une. confiance exclusive.Nous nous dispenserons de les mentionner ici, nous bornant à déclarer avec tous les véritables médecins, qu'aucun spécifique n'a de vertu contre le choléra, lequel semblable en cela à là' plupart des maladies, requiert l'usage de remèdes appropriés à chaque forme qu'il revêt, ainsi qu'à l'âge, au sexe, au tempérament, et même aux localités diverses qu'il atteint. Prenons pour exemple une méthode curative employée par quelques médecins du Nord de l'Europe, et qui paraît avoir eu du succès enlre leurs mains. Elle consiste, dans l'administration tantôt de Pipécacuanho, tantôt du calomel, aux personnes affectées de la cholérine. Cette, .médication tend à substituer à l'irritation épidémique use irritation artificielle et des sécrétions bilieuses qui cesseront, on l'espère du moins, dès qu'on cessera de les provoquer. Cola peut réussir quelquefois, le plus souvent même, si l'on veut, dans des contrées où l'irritabilité, notamment celle des voies digestive%.e>t moins vive que parmi nous. Mais est-on toujours bien sûr d'opérer ainsi, non. un surcroît,.mais une simple modification de l'irritation primitive? Et ne serait-on pas coupable de se livrer à de pareilles expériences quaud on peut arriver au but par des moyens moins dangereux?

Nous avons vu que la diarrhée est quelquefois précédée, soit de vomiss'emens accompagnés d'un cortège de symptômes qui ne laissent aucun doute sur leur nature, soit d'accidens cérébraux tellement insolites et violents qu'il n'est pas difficile d'y reconnaître une invasion brusque et formelle du choléra. Dans ces deux cas, le traitement indiqué ci-dessus doit être modifié en ce sens que les lavemens sont moins nécessaires.et qu'ils ne doivent contenir aucune substance narcotique. On exclura donc le laudanum et le., pavot.

La gomme et les boissons chaudes seront remplacées par Fr.au froide prise à très petites gorgées, et mieux encore par la glace, dont on avalera de temps en temps de menus fragmens. Rien n'est plus efficace contre le vomissement; et d'ailleurs, l'ingestion de liquides quelconques ne ferait que fournir de nouveaux matériaux su.x évacuations déjà si fréquentes et si copieuses. Des cataplasmes


ser®nl appliqués sur la région de l'estomac ; là diète' Aéra côïftpléts"ét:'4ïi;rèp'os absolu. •• ' - ■

, La formé cérébrale, au début, réclame en outre l'application /de sinapismes promenés tout le long dès membres inférieurs, jusqu'à ce quelé mieux s'en suive ou jusqu'à l'arrivée de l'homme de.l'art qu'on ne néglige guère d'appeler aussitôt, et qui seul est apte'à prescrire la saignée, les vésicaloires ou d'autres moyens énergiques eu:dehors des limites que nous nous sommes tracées. '

Mais ces limites, toutes restreintes qu'elles soient, pouvons-nous "du moins nous flatler de les avoir.utilement, complètement remplies? N'y avons-nous laissé ni lacunes importantes ni points Obscurs? À'fîn- de nous en rendre compte, rësumons-nous brièvement, aous réparerons ensuite les oublis que nous aurions pu faire dans ce rapide aperçii, qui, suivant nos intentions, doit contenir toutes les notions à la portée des personnes étrangères à l'art dé guérir.

Après quelques généralités sur l'épidémie actuelle, sur son origine, sa marche, ..ses points de contact et de dissemblance avec le choiera de 1832, sa natare non contagieuse, relativement bésigne, ainsi que sur les prédispositions et les circonstances de toute sorte qui en diminuent ou en augmentent les chances de mortalité, nous avons indiqué successivement avec lés détails nécessaires :io )& Conduite à suivre et les règles hygiéniques à observer pour se.prësërver de l'épidémie; 2° les différons groupes de'symptômes queprésente la maladie à son début et ses traits, caractéristiques, de manière à la rendre méconnaissable à la première vue ; 3° enfin les moyens palliatifs ou curatifs à mettre en .oeuvre en attendant les secours delà médecine, qui sans cela pourraient être soavent tardifs. .

Peut-être nous ïéste-t-il à formuler quelques simples prëC'eptïs sur les accidens parfois très gravés et très rapides qui surviennent dans le cours même du choléra-morbusiet sur les remèdes à leur opposer entre deux visites du médecin- Supposons, en effet, qu'un malade ayant négligé les premiers soins ou se trouvant frappé tout (l'abord d'un choléra prononcé, soit pris de quelqu'un de ces plié-. nùmènes morbides effrayans que le'médecin ne peut toujours prévoir et qu'il est rarement en mesure de conjurer aussitôt dans ces temps de grandes préoccupations. Que feront les assistans? Âtten: dront-ils patiemment rtiômme de l'art? îpoursuivrônt-itë dans isa:;Céul'se rapide âii milieu de notre irhipèhsé cite? Saisie rhâl " presse, mais lé patient 1 s'agite et se plaint I Mais, île fûtcé; que bbiir " l'assurer son esprit, force est' d'improviser quelquë,mbyëh 'de sbu' la'gèmén't.'iF'ort bien. Mais lé zélé; étl'àïïeçtiôïiTie sauraient /tenir Béù de connaissances pratiques. Et si, voulant bien faire, on augmentait le mal! Que de regrets, que de remords!

Revenons donc un instant sur les principaux phénomènes 'donï^.


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ouné à l'âge et à la ferce du patient^ et l'on insisterait de plus 64 plus sur: la diète et- sur l'emploi des. autres agens; thérapeutiques. On en viendrait tout d'abord à ce parti sévère, pour peu que les accidens primitifs offrissent d'intensité, nonobstant toutefois l'-àppelfait au médecin dont la présence toujours utile est dès lors indis-- pensable. -.'

ïl est sans doute quelques-uns des.nombre,ux procédés préconisés par le charlatanisme ou l'engoûment des inventeurs, qu'on.peut employer indifféremment contre la cholérine ; au moins faut-il cependant qu'ils ne contrarient en rien les. résultats que se propose le. traitement rationnel, et qu'ils n'inspirent pas aux malades une^confiance exclus ivc.Nous nous dispenserons de les .mentionner ici,nous, bornant à déclarer avec tous les véritables médecins, qu'aucun spécifique n'a de vertu contre le choléra, lequel semblable en cela à là' plupart des maladies, requiert l'usage de remèdes appropriés à chaque forme qu'il revêt, ainsi qu'à l'âge, an sexe, au tempérament, et même aux localités diverses qu'il atteint. Prenons pour exemple une méthode curative employée par quelques médecins du Nord de l'Europe, et qui paraît avoir eu du succès enlre leurs mains. Elle consiste dans l'administration tantôt de l'ipécacuanho, tantôt du calomel, aux personnes affectées de la cholérine. Cette . médication tend à substituer à l'irritation épidémique une irritation artificielle et des sécrétions bilieuses qui cesseront, on l'espère du moins, dès qu'on cessera de les provoquer. Cela peut réussir quelquefois, le plus souvent.même, si l'on veut, dans des contrées où.l'irritabilité, notamment celle des. voies digestive.ç,est moins vive, que parmi nous. Mais ejt-on toujours bien sûr d'opérer ainsi,.non, un surcroît, mais une simple modification de l'irritation primitive?. Et ne serait-on pas coupable de se livrer à de pareilles expériences quand on peut arriver au but par des moyens moins dangereux?

Nous avons vu que la diarrhée, est quelquefois précédée, soit de romissemens accompagnés d'un cortège de symptômes qui ne laissent aucun doute sur leur nature, soit d'accidens cérébraux ti 11ement insolites et violents qu'il n'est pas difficile d'y rcconnsître une invasion brusque et formelle du choléra. Dans ces deux cas, le traitement indiqué ci-dessus doit être modifié en ce sens que les lavemens sont moins nécessaires.et qu'ils ne doivent contenir aucune substance narcotique. On exclura donc le laudanum et le. pavot.

La gomme et les boissons chaudes seront remplacées par l'eau froide prise à très petites gorgées, et mi«ux encore par la glace, dont on avalera de temps en temps de menus fragmens. Rien n'est plus efficace contre le vomissement; et d'ailleurs, l'ingestion de-liquides quelconques ne ferait que fournir de nouveaux matériaux RU.X évacuations déjà si fréquentes et si copieuses. Des cataplasmes


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serâiit appliqués sur la région de l'estomac; la diète seracomplet:; çvfc'îeTèpos absolu.

La forme cérébrale, au début, réclamé en outre l'application, de sinàpismes promenés tout le long des membres inférieurs, jusqu'à ce que le mieux s'en suive bu jusqu'à l'arrivée de l'homme de l'art qu'on ne néglige guère d'appeler aussitôt, et qui seul est apte'à prescrire la saignée, les vésicatoires ou d'autres moyens énergiques ea dehors des limites que nous nous sommes tracées.

Mais ces limites, toutes restreintes qu'elles soient, pouvons-nous "da moins nous flatter de les avoir utilement, complètement remplies? N'y avons-nous laissé ni lacunes importantes ni points obscurs? Afin de nous en rendre compte, rssumons-nous brièvement, aous réparerons ensuite les oublis que nous aurions pii faire dans ce rapide aperçu, qui, suivant nos intentions, doit contenir toutes les notions à la portée des personnes étrangères à l'art de guérir.

Après quelques généralités sur l'épidémie actuelle, sur son origine, sa marche, ses points de contact et de dissemblance avec le choléra de 1832, sa nature non contagieuse, relativement béxigne, ainsi que sur les prédispositions et les circonstances de toute sorte qui en diminuent ou en augmentent les chances de mortalité, nous avons indiqué successivement avec les détails nécessaires : i° laconduite à suivre et les règles hygiéniques à observer pour se préserver de l'épidémie; 2» les différons groupes de symptômes queprésente la maladie à son début et ses traits, caractéristiques, de manière à la rendre feconnaissable à la première vue; 3» enfin les moyens palliatifs ou curatifs à mettre en oeuvre en attendant les secours delà médecine, qui sans cela pourraient être souvent tardifs.

"Peut-être nous reste-t-il à formuler quelques simples précepte» sur les accidens parfois très graves et très rapides qui surviennent dans le cours même du choléra-morbus.et sur les remèdes à leur opposer entre deux visites du médecin. Supposons^ en effet, qu'un malade ayant négligé les premiers soins ou se trouvant frappé tout d'abord d'un choléra prononcé, soit pris de quelqu'un de.ces phé-. Bômènes morbides effrayans que le "médecin ne peut toujours prévoir et qu'il est rarement en mesure de conjurer aussitôt dans ces: temps de grandes préoccupations. Que feront les assistans? Attendront-] Is'patiemment l'homme'de l'art? Lé poursuivront-ils dans sa course rapide ail milieu de notre immense cité? Saisie niai

"' presse, mais le patient's'agite et se plaint 1 Mais, hé fùtcë que polir rassurer son esprit, force est' d'improviser quelque.moyen de soulagement, fort bien. Mais le zélé ëtl*àffèction1ië sauraient tëfiir

iièû de connaissances pratiqués. Et si, voulant bien faire, on augmentait le mal ! Que de regrets, que de remords !

Revenons donc un instant sur les principaux phénomènes don^


l'ensemble ou la succession constituent le choléra-morbus,épidé-! mique, et mettons en regard les premiers secours indiqués par la; science contre chacun de ces accident ; puis enfin, en résumant pour ainsi dire la substance de ce qui précède nous obtiendrons •rra vade mecum, ou guide pratique facile à consulter dans les cas,; pressans et périlleux. <

Récapitulation des symptômes du choléra-morbus et des moyens d'y

remédier.

Choléra commençant, cholérine. — Irritabilité des voies digestives, manifestée par la diminution de l'appétit, la soif, des maux d'estomac, de légères coliques, une langue sèche et pâteuse, des bâillemens, etc. — Réduction et choix des alimens; surveillance de: soi .pendant plusieurs jours; bains chauds. ;

Diarrhée, coliques, gargouillemens avec ou sans appétit.—Diète sévère et prolongée suffisamment, boissons gommeuses, cataplasmes, petits lavemens à l'amidon, au laudanum; sangsues à.l'anus.

Gastricité, nausées, vomissement de matières quelconques, crampes d'estomac, altération extrême. —Diète absolue, eau fraîche à .petites gorgées, glace, cataplasmes chauds arrosés de laudanum, sangsues au creux de l'estomac, bains tièdes.

Congestion cérébrale. Yeux rouges et gonflés, visage turgescent, coloré; maux de tête, étourdissement, perte de connaissance.'— '' Sinapismes aux pieds et aux jambes^ eau fraîche sur la têfe, au front et aux tempes ; sangsues à l'anus ou derrière les oreilles ; saignée du bras ou du pied chez les individus sanguins, vigoureux ou sujets aux congestions du cerveau.

Choléra confirmé. — Faiblesse musculaire extrême ; accablement excessif.— Repos absolu du malade; ne lui imprimer aucun mouvement qui ne soit indispensable. Tête basse au niveau du corps; infusions légères de tilleul, de camomille ou dé fleur d'oranger. Quelques gouttes d'éther, une ou deux gouttes d'huile essentielle de menthe sur un morceau de sucre étendu d'eau.

Crampes, raideur convulsive. — Mêmes moyens que ci-dessus : .potions antispasmodiques additionnées d'un peu de sirop de morphine ou diacode, ou bien encore de quelques gouttes de laudanum. Galvanisme, massage des membres, frictions avec un Uniment calmant (baume tranquille, huile de camomille camphrée et laudanum). Permettre au malade les mouvemens partiels auxquels il veut se livrer : ne le gêner m dans son agitation, ni dans l'expression de ses souffrances, ni dans la position qui lui semble la meilleure.


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Algidité, refroidissement général de la peau, ds la langue, o> ^'baleine.—Frictions sèches avec la flanelle ou la brosse; stimtilàn-.. les avec les alcoolats de Cologne, de mélisse, etc., sans découvrir ni, refroidir le malade. Sinapismes promenés sur toute la surface du corps; sachets de son, degrés, de cendre bien chauffés, briques chaudes, chaux vive enveloppée d'abord de linge mouillé, puis, par dessus, de linges secs, et appliquée aux deux côtés du malade ; fumigations, bains et douches de vapeur ; appareil do Duval (lampes à l'esprit de vin placées sous les couvertures du lit).

A. l'intérieur, boissons chaudes, aromatiques, potions stimulantes, éther, essenee de menthe, punch très léger, si rien ne eontreindique l'emploi de ces médicamens. Au contraire, glace et boisons rafraîchissantes lorsqu'elles sont appetées, etc.

Cyanose, lividité, asphyxie, absence du pouls. Mêmes"agens extérieurs que ci-dessus, et plus énergiques encore : Ventouses, vésiçatoires à l'épigastre, ustion avec le linge imbibé d'alcool, etc. Intérieurement, stimulans diffusibles, camomille, éther, menthe, acétate "d'ammoniaque, etc.

Délire, convulsions, congestion cérébrale consécutive. — Sinapismes, application d'eau fraîche et vinaigrée sur le crâne; sangsues aux oreilles; vésicatoiresauxjambes.1

Ici finit notre tâche ; en l'accomplissant, nous n'avons eu nullement la prétention de faire du nouveau, bien au contraire. Notre mission inspirée par le seul désir d'être utile, et dégagée de toute nuance d'amour-propre, consistait simplement émettre à la portée de tout le monde les résultats de l'expérience des médecins les îpius distingués de tous les temps, de tous les pays. C'est ce à quoi "nous avons appliqué nos efforts. Par contre, nous avons dû rejeter impitoyablement les procédés douteux, les systèmes empiriques, les idées purement spéculatives, les inventions plus ou moins étranges présentées par leurs auteurs comise autant de spécifiques merveilleux, indubitables. Notre mérite, si l'on voulait bien nous en accorder un, serait précisémeEt de dissiper le chaos enfanté "par tant d'opinions contradictoires et absolues sur un sujet qui ne comporte aucune obscurité. Les avis que nous avons formulés, tout médecin instruit, ayant eu l'occasion d'observer le choléra, les donnera comme nous à ses malades, car la médecine est une science d'observation pratique et rationnelle, aussi positive, aussi incontestable qu'aucune autre, et nous ne craignons pas de •dire que le choléra-morbus est une des maladies aujourd'hui les mieux observées, les plus^profOH.dies, les plus aptes à démontrer la puissance et les^^BjBîts^%-^srt médical.


Voir le Siècle du 7 Juin iMO.

.lïK-riaierie LASCE LÉVY ei c*, rue du Croteaut, 16. hOle! C«!fce«,