Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 98 à 98 sur 118

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : La Chine : résumé historique de l'insurrection et des événements qui ont eu lieu dans ce pays, depuis le commencement de la guerre de l'opium jusqu'en 1857 / A. Haussmann,... ; ill. par Charles Mettais ; accompagné d'une nouvelle carte de la Chine par A. H. Dufour

Auteur : Haussmann, Auguste (1815-1874). Auteur du texte

Éditeur : G. Barba (Paris)

Date d'édition : 1864

Contributeur : Mettais, Charles-Joseph (18..-18.. ; peintre). Illustrateur

Contributeur : Dufour, Auguste-Henri (1798-1865). Cartographe

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb305817916

Type : monographie imprimée

Langue : français

Format : 1 vol. (112 p.) : fig. ; in-4

Format : Nombre total de vues : 118

Description : Collection : Le Panthéon populaire, chefs-d'oeuvre illustrés ; T. 36e

Description : Collection : Le Panthéon populaire, chefs-d'oeuvre illustrés ; T. 36e

Description : Collection numérique : France-Chine

Description : Avec mode texte

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5424149b

Source : Bibliothèque nationale de France, département Philosophie, histoire, sciences de l'homme, 4-O2N-279

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 28/08/2008

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 96%.


L'INSURRECTION EN CHINE,

95

« Moi, votre second frère aîné, j'ai en effet commis des fautes qui ont déterminé Je Père céleste à prendre la peine de descendre dans ce monde pour m'avertir. »

Le roi du Nord répliqua alors :

« Ce n'est pas vous, notre second frère aîné, qui avez péché ; nous Seuls, vos frères cadets, sommes coupables. »

Après un long échange de compliments entre les divers princes, la amble assemblée se retira, chacun riant sans doute sons cape des mensonges qu'il venait de débiter.

Malgré la tournure satisfaisante qu'avait prise l'affaire, sans doute fort scandaleuse, qui avait donné lieu à cette incroyable comédie, le bruit de la bastonnade infligée à Taï-ping-houang par ordre du bon Dieu se répandit parmi les insurgés de Nankin et corrobora encore la foi qu'ils avaient déjà dans les rapports de leur souverain avec le Père céleste, en même temps que cette espèce d'égalité du sujet et du roi devant le bâton fit singulièrement grandir la popularité du monarque. Ainsi, un scandale étouffé et un double but politique atteint furent le résultat sérieux de ce qui n'a l'air au premier aperçu que d'une bouffonnerie ridicule.

Parmi les documents rapportés de Nankin par le Susquehannah ou par les navires anglais le Styx et le Rallier, qui visitèrent aussi cette ville en 1854 , se trouve une nouvelle proclamation de Siaou, prince de l'Ouest, et de Yang, prince de l'Est, lequel cumulait depuis quelque temps les titres de Saint-Esprit, de consolateur, de rédempteur des maladies, d'instructeur suprême, de premier ministre et de général en chef.

Voici les principaux passages de cette proclamation :

« Il est à regretter que les esclaves tartares, depuis qu'ils ont

conquis l'empire du Milieu, aient amené le peuple à adorer des esprits corrompus et à rejeter le culte du véritable Esprit, en se révoltant ainsi contre Dieu et en poussant des êtres humains à se changer en démons... Leur habitude de trafiquer des fonctions publiques a répandu sa mauvaise odeur jusqu'au ciel, et a abaissé la valeur du talent littéraire jusqu'à la puussiôre. Laboureurs et ouvriers sont réduits à la misère. Les marchands et les commerçants qui vont et viennent ont à payer des droits à chaque barrière... Nous, généraux susnommés, ayant reçu l'ordre du ciel de nous engager dans cette heureuse entreprise, ne pouvons supporter de voir le peuple couché dans la poussière et dans la cendre. C'est pourquoi nous avons levé l'étendard du bon droit, afin d'exterminer les misérables Tartares et de chasser les sales démons. La population de tous les pays que nous avons traversés nous a accueillis avec bonheur, comme une ondée bienfaisante, et partout on a acclamé nos bannières comme devant éloigner les plus grandes calamités... Depuis notre début dans le Kouang-si, tous ceux qui étaient venus pour résister à nos troupes royales ont tourné leurs armes et se sont soumis !.. Maintenant nous avons fondé la dynastie royale, et nous annonçons à toutes les créatures humaines qu'il faut adorer Dieu seul et abolir le culte des esprits corrompus , afin de se conformer à la. volonté du ciel et d'obtenir la félicité dans un monde meilleur. Lettrés, agriculteurs, ouvriers et commerçants, poursuivez vos travaux, en demeurant dans vos villages. Les troupes de Sa Majesté Sacrée ne déroberont pas la moindre parcelle de vos biens. »

Par un décret daté de la troisième année de son règne, Taï-ping, le roi céleste , venait de changer le nom de la province du Pé-tchi]i, qui signifie la bien attachée, en celui de Tsaï-li, qui peut se traduire par la criminellement ou la mal attachée. Il la qualifie aussi de nid de démons. « Lorsque les habitants de cette province , porte le décret, se seront repentis de leurs péchés et auront commencé à adorer Dieu, notre Père céleste, alors nous changerons sa dénomination de mal attachée en celle de réformée, afin que toutes les nations sous le ciel saclient que les diaboliques Tartares sont pour Dieu l'objet d'une profonde haine et que ce sont des pécheurs qu'il est résolu à faire exterminer. »

Dans une proclamation émanant du noble ministre Ting-lien , ce duc ou marquis de la dynastie Taï-ping, avec lequel M. de Bourboulon avait eu une entrevue , nous remarquons les passages suivants :

« Louez et adorez le Père et le Frère aîné célestes, car c'est par leur ordre que notre maître est descendu dans ce monde pour sauver le genre humain. Lui, le prince de l'Est et les autres princes qui prennent part au gouvernement de l'Etat et qui ont été chargés de descendre dans ce monde, sont tous d'origine céleste. Le Père et le Frère aîné célestes gouvernent le monde d'en haut, mais notre maître, le Roi céleste, avec les différents princes, a reçu la mission divine de diriger les choses sublunaires. Ainsi nous regardons notre maître comme la lumière du soleil répandue partout et parcourant toutes les régions. Le roi de l'Est et les autres princes sont comme le vent et la pluie, les nuages, le tonnerre et la foudre.... »

C'est sans doute en vertu de ces poétiques assimilations que le prince de l'Ouest venait de se faire appeler l'inspecteur de la pluie, le prince du Sud l'inspecteur des nuages, le prince du Nord l'inspecteur du tonnerre, et le prince assistant l'inspecteur des éclairs. Pourquoi, au lieu de consacrer leurs inspection» aux éléments qui n'en avaient que faire, ces puissants seigneurs n'allaient-ils pas inppee<-e,i aussi leur malheureuse armée du nord, dont la situation devenait

devenait jour en jour plus critique , pendant que ceux pour qui elle se battait, oubliant leur modeste origine et perdant dans la mollesse et dans les plaisirs cette mâle énergie qui avait triomphé de tant d'obstacles , semblaient désormais subordonner la direction de la guerre et le succès de leur cause à de vaines questions de cérémonial?

CHAPITRE XXXII.

Victoires des impériaux. —Vou-tchang-fou pris pour la seconde fois par les rebelles. — Longue résistance. — Lin-tsing repris par les impériaux. — Exploits de ces derniers dans le Gnan-ouai. — Leurs victoires navales sur le Yang-tzé-kiang. — ils reprennent Yo-tcliaou. — Prétendus succès de Iliangyoung près de Nankin. •—Vou, tao-taï de Chang-hai, disgracié. — Troubles graves aux environs de Canton. — Déprédations commises par les rebelles et par les pirates. — Une flottille de ces derniers attaquée par un vapeur américain. •— Expédition. — La terreur règne à iJacao. — Une Française prisonnière des pirates chinois. •— Sa délivrance. — Pirates devenus grands hommes.'—Nouveaux succès des impériaux dans le nord.— Nouveaux mensonges

. de Hiang-young. •— Prodigieuses exagérations. — Les impériaux reprennent Vou-tchang-fou. — Sensibilité d'un général chinois.— Les rebelles obtiennent quelques compensations. — L'insurrection passée à l'état chronique. — Force de la position de Taî ping-houang à Nankin. — Fin de la campagne du nord. — Nouvelle phase de l'insurrection.

Nous avons dit, dans le chapitre précédent, qu'après la prise de Lin-tsing par les insurgés, Ching-paou , dégradé à la suite de cet échec, et les autres généraux de l'empereur étaient demeurés inactifs pendant quelques semaines. Ce n'est que le G mai 1854 que le général en chef semble sortir de sa léthargie. Il écrit à Pékin qu'il a remporté, ce jour-là, à Foung, une grande victoire sur cinquante ou soixante mille insurgés en retraite, et le journal officiel du 6 juin annonce que Ching-paou a battu les rebelles qui occupaient Kaou-loung, dans la province du Chang-toung.

L'empereur reçoit également la nouvelle que Kien-li, dans le Houpi, a été repris par ses troupes le 24 mai. Les rebelles auraient perdu trois mille des leurs dans une bataille rangée livrée près de celte ville et auraient également été chassés d'I-clîang, situé dans la même province.

D'un autre côté, la cour de Pékin apprend avec consternation que les villes de Chang-ti et de You-tchang-fou, capitale du Hou-pi, sont tombées au pouvoir des insurgés. La résistance dé celte dernière place, qui avait déjà une fois été occupée par les rebelles ,c a duré quatre-vingts jours *. Deux ans auparavant, Chang-cha, capitale du Hou-nan, avait tenu tête pendant deux mois aux soldats de Taï-ping, qui en I 853 assiégèrent aussi pendant quatre-vingt-dix jours Nanchang, capitale du Kiang-si. Houaï-king, dansleHonan, avait également résisté pendant deux mois. Ces longs sièges, tout en réhabilitant un peu l'armée impériale, prouvent que la cause de l'insurrection est loin d'être aussi populaire en Chine que le supposent beaucoup de personnes.

Malgré la belle défense de Vou-tchàng-fou, l'empereur fut tellement irrité d'apprendre sa chute, qu'il condamna à mort Tsing-ling, vice-gouverneur du Hou-rpi, à qui le commandement de la place avait été confié. Hien-foung accusait ce mandarin d'avoir déserté son poste, où il aurait dû se faire tuer, et de s'être retiré fort loin, à Chang-cha, au lieu de chercher à reprendre la ville.

Le courroux impérial fut calmé par une dépêche qui annonçait que Lin-tsing, cette place du Chan-toung où les rebelles s'étaient établis, venait d'être reprise à ces derniers. Un rapport du vice-gouverneur du Hou-nan informait aussi Sa Majesté que ses troupes fidèles avaient expulsé l'ennemi de Chang-ti. Enfin , Hou-tchan , général commandant les forces,.impériales du Gnan-ouai, rendait compte, de son côté, de différents succès obtenus près de Chou-ching.

Les rebelles étaient sortis, le 14 juillet 1854, de cette ville, guidés par un chef à cheval et vêtu de jaune. Mais un jeune officier de l'empereur ayant exhorté ses troupes à le suivre , avait tué ce chef insurgé, puis s'était précipité dans les rangs de l'ennemi, où il avait trouvé la mort. Cependant ses soldats, électrisés par son exemple, s'élancèrent comme lui sur les rebelles et leur tuèrent, d'après le rapport, un millier d'hommes. .

Le 26, l'ennemi fit une nouvelle'sortie, au nombre de dix mille hommes, chaque bataillon ayant à sa tête un chef vêtu de jaune, marchant sous un parasol de même couleur. Les impériaux auraient fait subir, ce jour-là, aux soldats de Taï-ping, des pertes énormes et leur auraient tué un de leurs généraux. Le lendemain, nouvelle attaque et nouveau carnage des insurgés; répétition le 29. Les rebelles auraient encore perdu, à cette dernière affaire, plus de mille de leurs combattants. Cependant les impériaux ne leur firent que onze prisonniers et ne rapportèrent que trente têtes, ce qui n'est guère eu rapport avec le prétendu nombre des tués.

La ville de Yo-tchaou, dans le Hounan, fut reprise le 23 juillet •par les impériaux.

1 La prise de Vou-tchang-fou fut marquée par d'effroyables massacres; Les Chinois catholiques qui se trouvaient dans la ville se virent placés dans l'aller* native de fuir, de se joindre aux rebelles ou de mourir.