ADONIS,
POÈME.
J E n'ai pas entrepris de chanter dans ces vers
Rome, ni ses enfants vainqueurs de l'univers,
Ni les fameuses tours qu'Hector ne put défendre,
Ni les combats des dieux aux rives du Scamandre :
Ces sujets sont trop hauts, et je manque de voix;
Je n'ai jamais chanté que l'ombrage des bois,
Flore, Écho, les zéphyrs, et leurs molles haleines,
Le vert tapis des prés et l'argent des fontaines.
C'est parmi les forêts qu'a vécu mon héros ;
C'est dans les bois qu'Amour a troublé son repos.
Ma muse en sa faveur de myrte s'est parée ;
J'ai voulu célébrer l'amant de Cythérée,
Adonis, dont la vie eut des termes si courts,
Qui fut pleuré des Ris, qui fut plaint des Amours.
Aminte, c'est à vous que j'offre cet ouvrage;
Mes chansons et mes voeux, tout vous doit rendre hommage
Trop heureux si j'osois compter à l'univers
Les tourments infinis que pour vous j'ai soufferts !
Quand vous me permettrez de chanter votre gloire,
Quand vos yeux, renommés par plus d'une victoire,
Me laisseront vanter le pouvoir de leurs traits,
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