Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 247 à 247 sur 418

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : La Mosaïque : livre de tous les temps et de tous les pays

Éditeur : (Paris)

Éditeur : [Thoisnier-Desplaces] (Paris)

Date d'édition : 1834

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32820190h

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32820190h/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : Nombre total de vues : 2111

Description : 1834

Description : 1834 (T2,N1)-1835 (T2,N52).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54088785

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-5214

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 100%.


246

LA MOSAÏQUE.

tel et tel but, et quelques-uns des plus beaux monumens de la capitale, la coupole du Panthéon, l'Ecole-Militaire, l'église de Saint-Sulpice sont dus à cette détermination de Louis XV.

Louis XVI, par la prohibition de quelques loteries particulières, semblait préluder à une abolition générale : la révolution française acheva l'oeuvre qu'il avait commencée. Déjà attaquée par M. de Talleyrand (alors évêque d'Àutun) dans une brochure où il la proclamait supérieure au biribi en déceptions et en immoralité, la loterie fut abolie par la Convention-Nationale, à la fin de 1793, sur la , proposition de Chaumette, procureur-général de la commune de Paris. Il s'ensuivit ce qui était toujours résulté des prohibitions successives: des loteries clandestiness'ouvrirent en nombre si considérable, que Paris seulement comptait plus de 2,000 bureaux, et tous les ans la France républicaine paya aux loteries étrangères un tribut de 60 à 80 millions. Le Directoire, en présence de pareils faits, se vit forcé de rétablir la loterie (1798), et ce fut alors qu'elle reçut les bases équitables sur lesquelles elle est assise aujourd'hui. L'empereur Napoléon porta sur la loterie sa puissance organisatrice; il étendit et perfectionna l'institution.

À la Restauration, la loterie sembla menacée et compromise; mais comme, sur le bruit seul de sa suppression, des armées d'agens étrangers avaient déjà envahi la France pour nouer des relations et organiser le service des loteries étrangères, le gouvernement crut devoir dissiper les doutes qui s'étaient élevés sur ses intentions et maintenir l'institution française. Depuis la révolution de juillet, les attaques contre la loterie se sont renouvelées, et ses adversaires ont enfin obtenu contre elle une sentence qui doit prochainement recevoir son exécution. Peut-être, si l'expérience du passé peut servir à juger le présent, est-ce à cet arrêt rendu contre la loterie française que l'on doit attribuer l'annonce de ces châteaux, de ces milliers de florins mis en loterie en Allemagne, et la faveur avec laquelle l'Opéra a vu accueillir sa Tombola.

Les formalités qui accompagnent à Paris le tirage de la loterie ont quelque chose d'assez curieux dans leur originalité. Le tirage se fait tous les 5e , 15e et 25e jours de chaque mois, dans une des salles de l'hôtel des Finances, sous la direction du préfet de police (représenté maintenant parle secrétaire de la préfecture ) et de l'administrateur de la loterie, et en présence du public. Les deux fonctionnaires prennent place sur une estrade élevée au fond de la salle, et écrivent, en chiffres et en toutes lettres, les quatre-vingt-dix numéros sur autant de feuilles de vélin. Chaque feuille, ainsi numérotée des deux côtés, est livrée à un crieur, qui, après l'avoir présentée et fait contempler à l'assistance, sous chacune de ses faces, proclame à haute voix le nombre qu'elle porte. Lorsque les quatre-vingt-dix numéros ont été ainsi écrits et constatés, on procède à la vérification des quatre-vingt-dix étuis dans lesquels ils doivent être renfermés. Ces étuis, faits de carton blanc, sont exactement pareils dans leur forme et leur volume, et pour prouver un des

points les plus essentiels de leur identité, c'est-àdire l'égalité parfaite de leur poids, on les pèse les uns après les autres dans des balances, sous les regards du public ; puis un enfant, pris à l'hospice des Enfans-Trouvés, les jette par une ouverture dans une boîte vitrée de forme cylindrique, à laquelle on imprime, au moyen d'une manivelle, un mouvement de rotation. Quand cette première roue a tourné assez long-temps pour que les étuis soient complètement mêlés, on les en retire, on renferme dans chacun d'eux une des feuilles de vélin numérotées, puis l'enfant les jette ainsi chargés dans une autre roue semblable à la première, et que l'on fait tourner à chaqua dizaine de numéros. Le public prolonge ou suspend à son gré le mouvement donné à cette seconde roue ; lorsqu'elle a reçu tous les numéros, on conduit vers elle un autre enfant, appartenant comme le premier à l'hopice des EnfansTrouvés. Ses yeux sont couverts d'un bandeau, et des gants d'une peau épaisse garnissent ses mains, de peur que, malgré les précautions prises, il ne puisse au toucher reconnaître quelque étui sur la surface duquel une marque aurait été faite. La main de l'enfant, dirigée par le délégué du préfet de police vers l'ouverture de la roue, en retire cinq étuis l'un après l'autre; ces étuis sont successivement ouverts par le magistrat, et le crieur proclame les numéros qu'ils renferment.

Cette scène, qui, par ses divers détails, tels que la roué classique de la Fortune et le bandeau emprunté à l'aveugle déesse de la fable, parle quelque peu aux imaginations faciles, recevait, avant le ministère de M. de Villèle, un caractère encore plus poétique du théâtre sur lequel elle se passait. Le tirage se faisait alors dans une salle particulière, disposée et décorée en temple. Dans le fond dominait, comme la divinité du lieu, une statue colossale du Destin, tenant ouvert sur ses genoux le livré de ses décrets. Rien au commencement de la solennité n'apparaissait gravé sur les feuillets, les arrêts n'étaient pas encore rendus; mais au fur et à mesure que la voix du crieur annonçait les numéros tirés, ils se faisaient voir tout-à-coup écrits sur le livre : le Destin avait prononcé.

Le tableau comparatif des gains et des pertes qu'amène le jeu de la loterie donne des résultats en partie contraires à l'opinion la plus générale. Un relevé des mises faites et des lots échus annuellement dressé depuis le rétablissement de la loterie, sous le Directoire, en l'an VI, jusqu'en 1827, prouve qu'au total le bénéfice de l'administration est tout au plus d'un tiers, ou, en d'autres termes, que sur trois francs joués, la loterie n'en gagne pas tout-à-fait un. En 1810, une des années les plus lucratives pour l'administration, sur 83,263,5o2 fr. reçus en mises, elle eut à payer 56,760,277 fr. en : lots; en 1814, l'année la plus désavantageuse, sur 33,287,936 fr. reçus, elle paya 29,978,929 fr., et enfin, sur 1,7 13.7 13,210 fr. (formant le total des mises pendant trente ans, de l'an VI à 1827) le a soldé 1,241,953,959 fr. en lots.

Quoi qu'il en soit, la morale et l'humanité applau; diront certainement à la suppression de la loterie.