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Titre : La Mosaïque : livre de tous les temps et de tous les pays

Éditeur : (Paris)

Éditeur : [Thoisnier-Desplaces] (Paris)

Date d'édition : 1834

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32820190h

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32820190h/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : Nombre total de vues : 2111

Description : 1834

Description : 1834 (T2,N1)-1835 (T2,N52).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54088785

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-5214

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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LA MOSAÏQUE.

d'hui elles commencent à devenir banales, quoique la victoire sur l'aristocratie de la peau, suivant l'expression d'un champion des noirs, ne soit pas encore absolument gagnée. L'histoire de la race victime, de la lace opprimée, à laquelle ses titres d'espèce humaine doivent être peu à peu restitués, offrirait des pages du plus puissant intérêt; à défaut de cette histoire complète, nous essaierons du moins de tracer un tableau sommaire de la déplorable condition des Nègres, depuis le jour où ils naissent pour le malheur sur les rivages de l'Afrique, jusqu'au moment où ils meurent esclaves loin de leur terre natale.

Si l'on cherche comment se formait se développa la pensée première de l'asservissement des Nègres, on en trouve l'origine dans la simultanéité de deux grands événemens du XVIe siècle, l'établissement des Espagnols dans le monde américain, et les progrès des Portugais sur les côtes occidentales de l'Afrique. Les Européens comprirent bientôt que la puissance végétale du sol de l'Amérique était une source de richesses encore plus féconde que les mines enfouies dans son sein, et que les épices annuellement recueillies vaudraient plus que l'or qui ne se reproduisait pas. Mais les bras manquaient pour tirer de la terre par la culture les trésors qu'elle renfermait : une guerre d'extermination avait fait disparaître les populations indigènes, et les Européens ne pouvaient pas supporter sous ce ciel meurtrier les fatigues de l'agriculture. Il fallait donc chercher des travailleurs qui, nés sous la zone brûlante, fussent à l'épreuve du climat américain : tels devaient être les habitans de l'Afrique centrale, que les victoires des Portugais commençaient à faire connaître et à répandre sur le continent européen. Les nations blanches de l'Europe décidèrent, en conséquence, que les tribus noires de l'Afrique seraient réduites en esclavage et transplantées en Amérique, pour y remplacer les peuplades rouges que le fer et le feu avaient anéanties, et pour y cultiver la terre.

Non-seulement les Nègres semblaient propres à l'usage pour lequel ils étaient convertis, mais ils paraissaient en outre, par leur condition intérieure, physique et morale, devoir rendre facile l'accomplissement des projets formés sur eux. Religion, gouvernement, état social, vie domestique , tout portait dans la Nigritie l'empreinte de la barbarie la plus sauvage, de l'ignorance la plus grossière. Un animal, un oiseau, une plante, une pierre, l'eau, le vent, le soleil, la lune, tout ce qui produisait une impression sur les sens d'un Nègre et qui frappait son imagination, devenait pour lui un objet d'aflèction ou de terreur superstitieuse, une divinité à laquelle des sacrifices humains étaient offerts. Toutes les formes de pouvoirs publics qui régissent les sociétés se trouvaient chez les Nègres, mais tous ces pouvoirs, soit qu'ils fussent monarchiques, aristocratiques ou démocratiques, s'exerçaient avec l'exagération la plus illimitée : tel roi possédait en pleine propriété tous les premiers nés du royaumetel autre avait le monopole exclusif des mariages; celui-ci enfin mesurait à sa guise le temps pendant

lequel il était permis à ses sujets de se divertir. Les privilèges des castes n'étaient pas moins exorbitans; ici les nobles seuls pouvaient tuer certains animaux et manger certaines viandes, et là les classes inférieures étaient reconnues absolument incapables de posséder des terres.

Des traces de modération et de moralité ne se rencontraient pas plus dans la famille que dans la cité, ou plutôt la famille n'existait pas. Partout se pratiquait la polygamie, partout l'autorité maritale et paternelle sévissait avec toute la rigueur d'un despotisme pur, et dans quelques contrées, comme chez les anciens Spartiates, les enfans faibles ou infirmes étaient impitoyablement mis à mort. Les Européens, qui avaient la force et l'adresse, devaient exploiter avec le plus complet succès une société composée d'élémens pareils, et ainsi régie par des passions violentes et brutales. Ils les stimulèrent encore et les poussèrent jusqu'à la frénésie. Ils arrivèrent sur les côtes de l'Afrique avec les produits des arts de l'Europe, et, les faisant briller aux yeux des Nègres, ils les leur offrirent en échange d'un homme, d'une femme. Arides des choses nouvelles, et impétueux dans leurs désirs comme tous les sauvages, les Nègres tendirent aussi lot tous leurs efforts et toute leur industrie pour se procurer l'objet demandé par les blancs, afin d'obtenir en retour le prix par lequel on les tentait. Bientôt, sous cette nouvelle influence, le littoral de l'Afrique présenta un spectacle plus douloureux encore que celui qu'il présentait naguère dans sa barbarie indigène. Toutes les peuplades se mirent en guerre les unes contre les autres pour faire des prisonniers : la confiscation de la personne du coupable devint la peine uniforme portée par les souverains contre tous les délits, si minimes qu'ils pussent être; et quelquefois, quand les demandes étaient pressées, ils augmentaient les résultats de ces moyens réputés légaux, par l'enlèvement en masse des habitans d'un village, d'une bourgade. A l'imitation des rois qui décimaient leurs sujets, les classes nobles maraudaient dans les classes inférieures : les individus se tendaient réciproquement des pièges, les voisins, les amis tâchaient de se surprendre les uns les autres, les pères vendaient leurs enfans au moment où ils allaient être vendus par eux.

Pendant plus de deux siècles, les Nègres de l'Afrique n'eurent qu'une passion, qu'un intérèt, qu'une occupation : l'échange de leurs semblables contre les rebuis des fabriques et des manufactures de l'Europe. Dans un tel état de choses, leur barbarie primitive ne put que s'accroître, d'autant plus que les Européens, dont cette épouvantable anarchie morale favorisait les spéculations, mettaient tout leur art à les plonger de plus en plus dans l'abrutissement et dans la dépravation. Lorsque, vers la dernière moitié du XVIIIe siècle, quelques missionnaires, quelques philantropes, voulant réparer en partie les maux causés à la race noire par leurs frères en couleur, s'efforcèrent d'introduire dans l'Afrique idolâtre on mahométane le plus puissant agent de civilisation, le christianisme, on vit les marchands blancs d'esclaves soulever contre eux les