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Titre : La Mosaïque : livre de tous les temps et de tous les pays

Éditeur : (Paris)

Éditeur : [Thoisnier-Desplaces] (Paris)

Date d'édition : 1834

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32820190h

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32820190h/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Langue : Français

Format : Nombre total de vues : 2111

Description : 1834

Description : 1834 (T2,N1)-1835 (T2,N52).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k54088785

Source : Bibliothèque nationale de France, département Littérature et art, Z-5214

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 06/02/2011

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LA MOSAÏQUE.

tique lui-même pour être tolérant, Aureng-Zeb voulut que cette mosquée, qui est d'ailleurs le seul édifice mahométan remarquable par sa grandeur, fût élevée pour humilier le fanatisme opiniâtre des Hindous. Elle est ornée, comme on peut le voir par notre gravure, de deux minarets très-hauts, d'où l'oeil du tyran embrassait l'ensemble de la cité. Tous les jours il faisait placer dans ce temple un piquet de ses soldats insolens, pour observer, du haut de la rampe du fleuve, les baigneurs hindous qui se croyaient souillés par ces regards profanes. Du haut des minarets le coup-d'oeil est admirable, et là se déploie devant vous cette ville immense dont le savant Heber a tracé une description qui sera notre modèle.

Aucun Européen ne vit dans la ville, et les rues ne sont pas assez larges pour qu'une voiture à roues puisse y circuler. Ces rues sont presque toutes si étroites, si encombrées , si tortueuses , que même en tonjon (espèce de palanquin ou de litière) on ne les traverse qu'avec peine. Les maisons sont très-hautes ; aucune n'a moins de deux étages ; beaucoup en ont trois, et plusieurs cinq à six. Elles sont richement décorées de verandahs, de galeries, de fenêtres avec balcons, de larges toits très-inclinés et que soutiennent des tasseaux sculptés avec soin. Le nombre des temples est considérable ; la plupart sont fort petits, disposés comme des niches dans les angles des rues, et sous l'abri de quelque grande maison. Le dessin n'en est cependant pas sans grâce. Plusieurs sont entièrement couverts de fleurs, d'animaux, de branches de palmiers, sculptés avec une élégance et surtout un fini qui ne sont surpassés dans aucune construction grecque ou gothique. Les habitans décorent les parties les plus en vue de leurs maisons de camaïeus peints des vives couleurs de la tuile, et qui représentent des femmes, des hommes, des taureaux, des éléphans, des dieux, des déesses avec leurs formes et leurs attributs divers. Le degré de la puissance de ces dieux et de ces déesses est exprimé par le nombre de leurs têtes et de leurs bras.

Des taureaux de tous les âges, consacrés à Siva, apprivoisés et familiers comme le chien domestique, se promènent d'un air nonchalant dans les rues étroites de Benarès, ou s'y couchent en travers. On ose à peine les toucher pour qu'ils fassent place aux tonjons ; les coups doivent être donnés avec une extrême douceur ; et malheur au profane qui oserait braver les préjugés de cette population fanatique ! Les singes sacrés sont, dans quelques parties de la ville, tout aussi nombreux. On les voit grimper sur les toits des maisons et des temples, avancer leurs têtes impertinentes ou leurs pattes dans les boutiques des fruitiers ou des confiseurs, et dérober les mets des repas des enfans. A chaque instant on rencontre des maisons de fakirs décorées d'idoles, et d'où sort le tintement continuel des vinas, des byals et d'une foule d'autres instrumens discordans. Les rues principales sont bordées,

dans toute leur longueur, par des mendians de toutes sectes, étalant les innombrables difformités que peuvent produire le charbon, la bouse de vache, les maladies, et toutes les attitudes hideuses et dégoûtantes de la pénitence.

C'est là que M. Heber eut occasion d'observer, pour la première fois, ces hommes qui altèrent volontairement la forme naturelle de leurs bras ou de leurs jambes, en les maintenant sans cesse dans la même position, ou qui tiennent leurs mains serrées jusqu'à ce que les ongles sortent par l'autre côté. Ce spectacle d'une superstition barbare ne se peut contempler sans horreur. Leurs exclamations plaintives, quand on passe devant eux : Agah saheb! topi saheb ! (titres ordinaires des Européens), quelque chose à manger, s'il vous plaît, eurent bientôt fait donner au respectable voyageur le peu qu'il avait ; mais c'était une goutte d'eau dans l'Océan. Au surplus, à mesure qu'il avançait dans la ville, les importunités de tous ces mendians se confondaient dans le vacarme général.

Tels sont les tableaux et le bruit dont l'étranger est, en quelque sorte, assailli quand il entre dans cette ville sainte , le lotus du monde, qui ne repose pas sur la terre commune, suivant les croyances des Hindous, mais sur les pointes du trident de Siva ; lieu si privilégié que quiconque y meurt, quelle que soit sa secte, et quand bien même il mangerait du boeuf, est sûr de son salut, pourvu qu'il soit charitable envers les pauvres Brahmines. C'est cette haute renommée qui fait de Benarès le rendez-vous de tous les mendians. Indépendamment de la multitude de pélerins qui arrivent de toutes les parties de l'Hindoustan, du Thibet et de l'empire Birman , on y trouve encore un grand nombre de riches individus au déclin de l'âge, et des hommes tombés en disgrâce ou bannis par ces révolutions qui troublent continuellement les cours hindoues encore indépendantes. Ils y viennent expier leurs fautes par des charités sans mesure comme sans discernement, et occuper leurs loisirs par le pompeux spectacle des cérémonies du culte de Brahma.

Benarès s'est tellement accrue sous la domination anglaise , qu'un auteur de cette nation la regarde comme la ville la plus grande et la plus peuplée de tout l'Hindoustan, et qu'il estime sa population audessus de 630,000 âmes. Elle possède une foule d'écoles , quelques-unes mahométanes et toutes les autres hindoues, ainsi qu'une espèce d'université brahmanique connue sous le nom de vidalaya, dont les professeurs sont payés par le gouvernement anglais. Cette ville se distingue aussi par ses nombreuses fabriques d'étoffes de soie, de coton, de laine, et par l'étendue de ses transactions commerciales. C'est le grand marché pour les schalls du Nord, les diamans du Sud, les mousselines de Dakka et autres villes, et pour les marchandises anglaises qui viennent de Calcutta. Sous le rapport du commerce des diamans et des pierres précieuses, elle n'a pas de rivale dans toute l'Asie.