LE GOUVERNEMENT. 67
Jésuitisme et caporalisme, c'est là. ce régime tout entier. Tout l'expédient politique de M. Bonaparte se compose de deux hypocrisies, hypocrisie soldatesque tournée vers l'armée, hypocrisie catholique tournée vers le clergé. Quand ce n'est pas Fracasse, c'est Basile. Quelquefois, c'est les deux ensemble. De cette façon il parvient à ravir d'aise en même temps Montalembert, qui ne croit pas à la France, et Saint-Arnaud, qui ne croit pas en Dieu. . Le dictateur sent-il l'encens? sent-il le tabac? cherchez. Il sent le tabac et l'encens. 0 France ! quel gouvernement ! Les éperons passent sous la soutane. Le coup d'État va à la messe, rosse les pékins, lit son bréviaire, embrasse Catin, dit son chapelet, vide les pots et fait ses pûques. Le coup d'État affirme, ce qui est douteux, que nous sommes revenus à l'époque des jacqueries; ce qui est certain, c'est qu'il ramène nu temps des croisades. César se croise pour le pape. Diex el voit. L'Elysée a la foi du templier, et la soif aussi.
Jouir et bien vivre, répétons-le, et manger le budget; ne rien croire, tout exploiter; compromettre à la fois deux choses saintes, l'honneur militaire et la foi religieuse ; tacher l'autel avec le sang et le drapeau avec le goupillon; rendre le soldat ridicule et le prêtre un peu féroce ; mêler à cette grande escroquerie politique qu'il appelle son pouvoir l'Église et la nation, les consciences catholiques et les consciences patriotes, voilà le procédé de Bonaparte le Petit.
Tous ses actes, depuis les plus énormes jusqu'aux plus puérils, depuis ce qui est hideux jusqu'à ce qui est risible, sont empreints de ce double jeu. Par exemple les solennités nationales l'ennuient. 1k février, k mai ; il y a là des souvenirs gênants ou dangereux qui revien-