262 NAPOLÉON LE PETIT.
autour des nationalités, autour du progrès, s'écroule; en dépit des censures, en dépit des index, il pleut des livres et des journaux partout; Voltaire, Diderot, Rousseau, tombent en grêle sur Rome, sur Naples, sur Vienne, sur Pétersbourg; le Verbe humain est manne et le serf le ramasse dans le sillon; les fanatismes meurent, l'oppression est impossible; l'homme se traînait à terre, il échappe; la civilisation se fait nuée d'oiseaux et s'envole, et tourbillonne, et s'abat joyeuse sur tous les points du globe à la fois; tenez, la voilà, elle passe : braquez vos canons, vieux despotismes, elle vous dédaigne ; vous n'êtes que le boulet, elle est l'éclair ; plus de haines, plus d'intérêts s'entre-dévorant,plus de guerres; une sorte de vie nouvelle, faite de concorde et' de lumière, emporte et apaise le monde; la fraternité des peuples traverse les espaces et communie dans l'éternel azur, les hommes se mêlent dans les cieux.
En attendant ce "dernier progrès, voyez le point où ce siècle avait amené la civilisation.
Autrefois il y avait un monde où l'on marchait à pas lents, le dos courbé, le front baissé; où le comte de Gouvon se faisait servir à table par Jean-Jacques; où le chevalier de Rohan donnait des coups de bâton à Voltaire ; où l'on tournait Daniel de Foë au pilori ; où une ville comme Dijon était séparée d'une "ville comme Paris par un testament à faire, des voleurs à tous les coins de bois et dix jours de coche ; où un livre était une espèce d'infamie et d'ordure que le bourreau brûlait sur les marches du Palais de justice; où superstition et férocité se donnaient la main; où le pape disait à l'empereur : Jungamus dexleras, gladium gladio copulemus; où l'on rencontrait à chaque pas des croix