146 KAPOLÉON LE PETIT.
sent elle est indestructible; mais pins tranquille, sans réaction possible, sans princes la guettant, sans coup d'État derrière elle.
La politique de résistance au mouvement humain excelle, insistons sur ce point, à créer des cataclysmes artificiels. Ainsi elle avait réussi à faire de Tannée 1852 une sorte d'éventualité redoutable, et cela toujours par le même procédé, au moyen d'un barrage. Voici un chemin de fer, le convoi va passer dans une heure; jetez une poutre en travers des rails, quand le convoi arrivera, il s'y écrasera, vous aurez Fampoux; ôtez la poutre avant l'arrivée du train, le convoi passera sans même se douter qu'il y avait là une catastrophe. Cette poutre, c'est la loi du 31 mai.
Les chefs de "la majorité de l'Assemblée législative l'avaient jetée en travers de 1852, et ils criaient: C'est là que la société se brisera! La gauche leur disait : Otez la poutre. Otez la poutre, laissez passer librement le suffrage universel. Ceci est toute l'histoire de la loi du 31 mai.
Ce sont là des choses qu'un enfant comprendrait et que les « hommes d'État » ne comprennent pas.
Maintenant répondons à la question que nous posions tout à l'heure :r— Sans le 2 décembre, que se serait-il passé en 1852? ,
Supprimez la loi du 31 mai, ôtez au peuple son barrage, ôtez à Bonaparte son levier, son arme, son prétexte, laissez tranquille le suffrage universel, ôtez la poutre de dessus les rails, savez-vous ce que vous auriez eu en 1852?
Rien.
Des élections.