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Titre : Le Gaulois : littéraire et politique

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1917-07-10

Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication

Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication

Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 94503

Description : 10 juillet 1917

Description : 1917/07/10 (Numéro 14514).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5373090

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 20/03/2008

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tire h la troisième page

DÉPÊCHES DE LA DERNIÈRE HEURE Communiqués

officiels

Communiqué du 9 juillet, 14 heures Dans la région au sud-de Filain, la lutte d'artillerie a atteint une grande violence. Au milieu de la nuit, lès Allemands ont lancé sur le Panthéon une forte attaque qui a été brillaminent repoussée. Entre les Bovettes et l'Epine-de-Chevrigny, rfbs troupes ont contreattaqué les tranchées que l'ennemi avait occu- pées hier. Après un combat très vif, mené avec un admirable entrain, nos soldats ont brisé la résistance énergique de ¡'ennemi et t'ont rejeté de nos éléments de première ligne sur un front de quinze cents mètres environ. Ce brillant succès nous a rendu la majeure partie des avantages obtenus par l'ennemi au cours de sa puissante action d'hier entre le Panthéon et ,la ferme Froidmont. D'après des renseignements nouveaux, cette attaque avait été conduite par des éléments appartenant à trois divisions différentes, renforcées par des unités spéciales d'assaut, par des pionniers et des détachements de lance-flammes au total un effectif d'une douzaine de bataillons frais. Nos troupes, dont la belle attitude au cours de la défense a été digne d'éloges, ont. infligé aux Allemands de cruelles pertes, confirmées par les prisonniers. En Champagne, un coup de main sur un de nos petits postes vers la route Saint-HilaîreSaint-Souplet a échoué.

Sur la rive gauche de la Meuse, nous avons repoussé deux tentatives ennemies sur le saillant que nous avons ^conquis à l'ouest du MortHomme.

Rencontres de patrouilles en forêt de Parroy nous avons fait des prisonniers.

Communiqué du 9 juillet, 23 heures ï

L'activité des deux artilleries s'est maintenu assez vive au sud le Filain, ainsi que dans !a région de la cote 304.

En Alsace, un coup de main ennemi, sur nos tranchées du bois de Carspach a échoué sans nos feux.

Rien à signaler sur le reste du front.

Communiqués

britanniques

Communiqué britannique du 9 juillet, aprèsmidi

Un coup de main exécuté avec succès, la nuit dernière, au sud-est d'Argicourt, nous a permiu de faire trente.cinq prisonniers, dont un officier.

Un raid allemand a été repoussé, au début de la matinée, au sud-est de Loos.

Communiqué britannique du 9 juillet, 22 heures Des détachements ennemis sont parvenus, la nuit dernière, à pénétrer dans un de nos postes avancés à l'ouest de Warneton et dans hos tranchées à l'est de Laventie, Quatre de nor< hommes ont disparu.

Activité de l'artillerie allemande, au coure de la journée, vers Bullecourt, Ypres et Nieu» port.

Un épais brauillard et des nuages à faible altitude ont rendu impossible l'activité des deux aviations dans la journée d'hier.

Nouveaux succès

russes en Galicie Nos alliés refoulent ênergiquement les forces austro-allemandes au sud du Dniester

L'ENNEMI S'ENTETE

SUR LE CHEM1N-DES-DAMES

La tantative allemande de nous rejeter du Chemin-des,Dames, le 4 juillet, avait abouti à un échec complet sur le front d'attaque de 17 kilomètres de Jouy au plateau de Craonne. Dimanche matin, l'ennemi a de nouveau lancé à l'assaut ses vagues puissantes sur nos positions établies au nord de l'Aisne, entre le Moulin de Laffaux (route de Soissons à Laon) et ,la ferme de Froidmont, aux abords du canal de l'Oise à l'Aisne, soit sur un front de plus de 10 kilomètres. Pour être un peu moins étendue que celle du 4 juillet, l'offensive du 8 ne fut pas moins énergique. Elle a présenté les mêmes phases bombardement intense de quelques heures précédant, l'assaut, premières vagues d'attaque formées d'unités spéciales de choc, de pionniers et de fiammenwerfer, troupes de soutien et d'occupation constituant les vagues succes- sives en* formations seinrées. Les régiments ainsi engagés furent identifiés comme appar* tenant à trois divisions fraîches.

En dépit de ce « dispositif de combat carractéristique des attaques de grandi stvle, l'Ajllemànd a de nouveau échoué dans son vigoureux effort. Il n'a pu, en effet, parvenir à nous rejeter de l'ensemble de nos positions de première ligne, tant dans les secteurs du Moulin de Laffaux, de la ferme -de Mennejean (au nord de Sancy), des Bovettes (au nord-est de Jouy), de la ferme de Froidmont (au nordouest de Braye).

Au cours de la nuit suivante, le bombardement de l'artillerie ennemie reprit avec intensité, mais cette fois avec comme objectif nos positions en saillant au sud de Filain, à 2 ki(lomètres au "sud-^est de l'ancien fort de la MalA l'aube du lundi 9, l'infanterie allemande Sortit de ses parallèles de départ et, en formations moins imposantes que la veille, marcha à 1'assaut de nos. premières tranchées de la ferme du Panthéon.

Non seulement l'élan des assâillants fut brisé sous nos feux, mais, bien plus, nos vaillantes troupes les poursuivant à leur tour, ,,tout en étendant la zone de combat, parvenaient à gagner du terrain, reprenant ainsi la majewe partie de celui perdu la veille. Pendant aue nous reooussions ainsi victo-

Tïeuse'ment ces attaques successives déclenchées dans les journées de dimanche et de lundi, nous élargissions également, dans la soirée du 8, notre front de bataille au sud .du village d'Ailles, au nord-ouest de Cemy. Nous prenions également l'offensive sur la rive gauche de la Meuse, où, par des opérations de détail habilement menées, nous enlevions trois saillants de la ligne ennemie fortement. organisés sur les pentes du MortHomme comme sur celles de la cote 304.

La bataille sur le front de Gaaicie semble marquer une recrudescence d'activité de la part des Russes, après quelques jours d'accalmie.

Le 6 juillet, en effet, nos alliés ont de nouveau attaqué avec succès les forces austro-allemandes établies sur leurs secondes positions de Koniusky à Zborov, sur le plateau dressé entre les hautes variées de la Strypa et de la Zlota-Lipa. Les divisions autrichiennes rassemblées en hâte sur ce\eeteur d'attaque opposèrent une résistance opiniâtre à l'avance des troupes du général Goutor. Leurs' contreattaques paraissent même avoir "uelque peu refoulé les forces msses de ces secondes positions, sans cependant parvenir à rompre l'étreinte de l'adversaire.

Simultanément, les armées de Broussiloff étendaient la lutte à d'autres secteurs, jusqu'ici inactifs, situés l'un à près de 300 kilomètres au nord,'sur les rives du Pripet, aux abords de Pinsk, toujours occupé par les Allemands, l'autre à une centaine dé. kilomètres au sud de Brzezany (région de Stanislau). Dans ce dernier secteur, l'offensive de nos alliés s'est développée vigoureusement, le 8, à l'ouest de Stanislau et au sud du Dniester. Sous la poussée 'irrésistible des forces russes, les divisions austro-allemandes ont été obligées de reculer en désord'rs.vers Halicz, en évacuant les places importantes de Jezupol, Tzenjovo, Powelcze et Rypno, qui protégeaient la voie ferrée de Stanislau à Lemberg et Brzezany. Plus de 7,000 prisonniers, près de 50 canons tombaient en même temps entre les mains de nos alliés, dont la cavalerie poursuit énergiquement l'ennemi en retraite.

Ces attaques simultanées sur ces trois secteurs d'offensive encore indépendants laissent pressentir, semble-t-il, une extension plus considérable du champ des opérations commencées le juillet. La bataille, en se généralisant ainsi, affecterait un front immense qui déjà s'étend des marais du Pripet aux massifs des Garpathes. Ne signale-t-on pas, dès à présent, des actions localisées aux confins de la Hongrie, au col de Jablonica, et une intensité croissante de ja bataille d'artillerie qui se poursuit non seulement de Pinsk à Stanislau, mais encore s'engage en Courlande, sur la Duna, à l'extrémité septentrionale du front russe ? Aux confins de la Bukovine, à l'autre extrémité du front oriental, l'artillerie est entrée également en action à l'endroit où s'opère la jonction entre l'armée Tcherbatcheff et celle du roi Ferdinand de Roumanie.

Les événements actuels laissent donc pressentir une reprise générale des opérations sur l'ensemble de la ligne de bataille tendue de la Baltique à la mer Noire. Colonel X.

Les effet A propos de la mort

de Victor Tissot

Victor Tissot qui vient due mourir à soixante-douze ans, était un homme aimable, courtois, bienveillant, à l'esprit curieux, inventif, rempli d'idées ingénieuses. Il avait connu la grande notoriété dès sa vingt-cinquième année. Au lendemain de la guerre de 1870, un livre parut, aux vitrines des librairies, avec ce titre puissamment évocateur Voyage au a s des milliards. Le pays dés milliards, c'était l'Allemagne, qui venait de nous saigner à blanc. Victor Tissot, aussitôt la paix signée, était allé voir et étudier nos ennemies sur leur propre sol. Et il avait rapporté de son séjour parmi eux quantité d'observations et de documents.

Il faut reconnaître que le livre dut son premier succès à son titre seul. Chacun voulut lire le Voyage au pays des milliards. Mais, comme il se trouva que le contenu était parfait, plein d'intérêt, d'humour et de pittoresque, le succès de curiosité se transforma en une vogue solide, durable, éclatante. Des centaines de milliers d'exemplaires furent vendus. On en parle encore aujourd'hui, en librai- rie, comme d'un événement sans précédent. Voilà qui prouve qu'un titre, si ronflant soit-il, ne sau- rait suffire influer sur le sort d'un ouvrage littéraire. Pour un roman, pour une pièce de théâtre, le public, avant plus ample informé, se préoccupe surtout du titre et du nom de l'auteur, c'est-à-dire de la sauce avant le civet. Quand le civet est excellent, la sauce en paraît d'autant plus piquante. Mais si le civet est manqué, la sauce a beau piqûer, elle ne fait plus envie à personne.

Bon nombre d'auteurs s'ingénient à trouver, pour leurs 'oeuvres' des titres suggestifs, prometteurs, aguichants. Si les œuvres ne répondent point à ces titres, alors ceux-ci ne sont plus que d'une pauvreté lamentable. Je me garderai bien de donner des exemples choisis près de nous, car je ne veux contrister personne. Mais que dites-vous d'un titre comme celui-ci Le Décrottoir de vanité ? Ou de celui-ci L'Oreiller spirituel, nécessaire pour extirper les vices et planter la vertu ? Ou de celui-ci La Boutique de l'apothicaire spirituel ? Ces titrés, par leur contexte, évoquent des époques depuis longtemps révolues. Ils n'évoquent pas autre chose. Ils avaient la prétention de faire connaître tel ou tel opuscule. Or, par un singulier retour, c'est eux seuls que l'on connaît encore, et si peu! Les opuscules, eux, ont sombré dans l'oubli.

Mais, d'autre part, nous pouvons nous figurer, par la. pensée, l'effet de stupéfaction et de curiosité que dut produire jadis l'apparition de titres comme Gargantua, Pantagruel, titres bizarres, grotesques, prodigieusement comiques. La curiosité ne fut pas déçue. Les deux livres étaient d'immortels chef s-d 'œuvres.

Et les Mille et une nuits ne promettent-elles pas toute la féerie, toute la fantaisie qu'elles apportent?.Ne croyezvous pas aussi que les petits enfants sont furieusement impatients de connaître l'histoire d'un homme qui a une barbe bleue? Ou de savoir ce que peuvent contenir les Mémoires d'un âne, ce bijou de sensibilité délicate de la comtesse de Ségur?

,Jules'Verne s'entendait comme pas un pour trouver de ces titres qui parlent à l'imagination. Il faudrait citer tous ses ouvrages. Je me bornerai à mentionner Cinq semaines en ballon, Le Tour du monde en quatre-vingts jours, Vingt mille lieues sous les mers, simples énoncés qui nous firent tous rêver en notre jeunesse. Victor Hugo possédait le même don. Faut-il rappeler Le Dernier jour d'un condamné, L'Homme qui rit, Les Misérables, L'Histoire d'un crime, La Légende des siècles

Ce don est également nécessaire aux auteurs de romansfeuilletons. C'est à qui, parmi eux, inventera:les titres les plus sensationnels. Combien de ces titres sont oubliés aujourd'hui! Mais qui ne se rappelle Rocambole, de Ponson du Terrail; Les Mystères de Paris, d'Eugène Sue; Les Deux Gosses, de M. Pierre Decourcelle? Et je transcrirai encore, au hasard de mes souvenirs: Les Contes fantastiques, d'Hoffmann, auxquels Jules Ferry donna comme réplique Les Comptes fantastiques d'Haussmann; les Histoires extraordinaires d'Edgar Poë, le Voyage autour de ma chambre de Xavier de Maistre, La Dante aux camélias, Le Demi-monde et Les Femmes qui tuent et les femmes gui votent, de Dumas fils; L'Homme qui assassina, de M. Claude Farrère; La Dame de chez Maxim, de M. Georges Feydeau; Le Petit Chose et Tartarin de Tarascon, d'Alphonse Daudet; Boute-desuif, de Maupassant; Les Mémoires du diable, de Frédéric Soulié; Le Vieux Marcheur, de M. Henri Lavedan; Les Fleurs du mal, de Baudelaire; L'Homme à l'oreille cassée et Le Nez d'un notaire, d'Edmond About; Le Rouge et le Noir, de Stendhal Le Monde où l'on s'ennuie, de Pailleron; Les Treize, de Balzac; Qui perd gagne, de M. Alfred Capus; La Lumière qui s'éteint, de M. Rudyard Kipling. Que sais-je?

Me voici bien loin de Victor Tissot et du Voyage au pays des milliards. Si l'après-guerre nous offre un pendant à ce livre, c'est M. de Bethmann-Hollweg qui en aura fourni le titre: Voyage au pays des chiffons due papier. Adrien Va,

Le Héros de

« Debonl les Morts !»

On connaît l'émouvant épisode il a faille tour du monde.

Dans une tranchée conquise et qu'on aménage, soudain éclate une pluie de bombes. Dix hommes s'affaissent, les autres se replient, et une vingtaine d'Allemands envahissent la tran- chée. Alors un des blessés se relève et, s'em- parant d'une poignée de grenades, jette ce cri sublime « Debout, les morts » A son appel, trois autres mutilés se redressent et, à coups de fusil, de grenades et de baïonnettes, ils'abattent la moitié des assaillants et forcent les autres à s'enfuir. Le soldat qui a galvanisé la défense est tombé, mais la tranchée nous reste. Chacun sait aujourd'hui, grâce à Maurice Barrés, que le héros de cette page d'épopée n'est pas mort et qu'il s'appelle le lieutenant Jacques Péricard.

Je suis entré en relations avec le lieutenant Péricard j'ai correspondu avec lui je l'ai vu à plusieurs reprises j'ai longuement « feuilleté » ses souvenirs des combats du Bois-Brûlé, qu'il n'a pas voulu rédiger encore. Je suis à même de préciser plusieurs des circonstancxs qui ont-accompagné son geste et qui l'expliquent, On ne. rendrait pas à nos -admira- blés soldats le juste hommage auquel ils ontù droit, si l'on ne recueillait pas pieusement jusqu'aux moindres miettes de leur héroïsme. Imaginez un homme de taille moyenne, d'al- lunes simples et modestes, et chez lequel, même sous l'uniforme, rien ne fait pressentir le héros. Quarante ans les cheveux presque blancs. Parole aisée et discrète. Dans le langage, dans les attitudes, une grande vivacité' d'impressions par dessus tout, peut-être, une spontanéité, une franchise qui peuvent surprendre au premier abord, mais qui, bien vite, ne laissent pas de paraître singulièrement savoureuses et charmantes. Si vous lisez Les deux volumes de souvenirs de guerre que le lieutenant Péricard a récement publiés sous les titres de Face face et Ceux de Verdun, ce trait, sans doute, ne manquera pas de.vous frapper. Journaliste de son métier et rédacteur à l'Agence Havas, le lieutenant Péricard est Berrichon. Depuis Agadir, il voyait venir la guerre et ne rêvait que de s'engager. La mobilisation le trouva sergent de territoriale. Il venait de perdre une femme tendrement aimés seule, une petite fille le retenait au monde. L'idée du « devoir le plus difficile Il le hantait. A peine arrivé à Bourges, ,le 2 août 1914, il demande à passer au 95° d'activé. Deux mois après, sa demande était agréée et il arrivait sur le front. L'imagination, qu'il a très vive, et, s'il faut l'en croire, volontiers orgueilleuse, le sentiment patriotique, le goût des aventures et de la gloire guerrière n'expliqueraient pas entièrement, chez le nouveau volontaire, une résolution, une arde,ur de sacrifice qui, certes, ne .sont point uniques en cette guerre, mais que bien des consciences, même scrupuleuses, n'ont point considérées comme moralement obligatoires. Ce soldat improvisé est une âme profondément et naïvement religieuse ̃; c'est un mystique sa pensée habite tout naturellement un monde où, d'ordinaire, ne pénètrent point les regards humains entre ce monde et le nôtre, il efface aisément les limites habituelles.

On parlait un jour devant Saint-Martin, « le philosophe inconnu de « l'autre vie Il « Il n'y en a qu'une Il, ,riposta+il brusquement. Le lieutenant Péricard pense là-dessus comme Saint-Miartin. Il se représente lui-même « le soir, dans sa maison déserte, écrivant ou lisant, et s'interrompant parfois pour sourire à la disparue qui le regardait dans son cadre et dont il sentait la chaude et douce présence roulée au* tour de son cœur comme une fourrure ». « Le visage adoré qui lui sourit par delà la mort » planait au-dessus de la scène héroïque. Il faut entrer dans ces sentiments pour comprendre tout ce qui va suivre. Le sergent Péri.card s'était promis à lui-même, au cas où il se distinguerait par quelque action d'éclat, de se dérober aux récompenses. Il fallut lui imposer d'autorité, et en faisant appel à son sentiment du devoir militaire, de nouveaux galons vaillamment conquis. Ce voeu d'humilité et d'ascétisme, ce désir d'obscurité et de silence, ce goût de l'anonymat quasi monastique, qui contrastent avec quelques autres traits d'une nature visiblement riche et complexe, sont essentiels à noter ici ils s'accordent, d'ailleurs, fort bien avec ce je ne sais quoi de magnifiquement im. personnel et collectif qui .caractérise aujourd'hui l'héroïsme, de nos soldats.

Au début d'avril i9i5, au moment des combats du Bois-Brûlé, le sergent Péricard était devenu adjudant. Que s'est-il passé exactement pendant ces quatre, jours de combats (le sublime épisode se p lace le dernier jour, le 8 avril) ? Nous ne le saurons jamais avec une précision mathématique. La vie d'action, et d'action collective, né comporte pas cette minutie d'information littérale et pharisaïque que réclament et poursuivent, au nom des « saines méthodes les froids historiens de .cabinet. Au sortir de cette action où il avait vécu « des heures qu'il ne retrouverait plus jamais, durant lesquelles sa tête, ayant brisé d'un rude effort le plafond bas, s'était dressée en plein mystère,-parmi le monde invisible des héros et des dieux o, l'adjudant Péricard a rassemblé ses souvenirs et en a composé un bref récit anonyme qu'il a envoyé à l'Agence Havas et que tous les journaux ont reproduit.

Sur un seul point, il a volontairement altère la vérité. Ne voulant pas se mettre en scène, et surtout' convaincu comme il l'était que son geste, que son cri n'ayaient rien de personnel,. désireux d'en rapporter tout l'honneur à ses hommes, au soldat anonyme de la grande guerre, il crut, un peu naïvement,, qu'il lui suffirait, pour remplir tout son dessein, non seulement de taire le nom du héros de « Debout les morts », mais encore de le tuer, fictivement. Et, quelque temps durant, le. suicidé par humilité chrétienne put su'vre, de sa tranchée, la belle fortune de ce glorieux épisode de sa vie guerrière. Plus d'un même, tout en l'admirant, s'est apitoyé sur sa fin tragique et je sais quelqu'un qui a très vivement déploré que cette page d'épopée fût peutêtre destinée à rester éternellement anonyme. Cependant les curiosités s'éveillaient. Le Journal des Débats easaya de percer le mystère. L'adjudant Péricard répondit par une très belle lettre qu'il ne signa pas « On désire garder l'anonymat le plus profond. J'ajoute. qu'on est d'avis que le cri ne sortit, pas de la bouche d'un homme, mais du cceur de tous ceux qui étaient là. étendus. les vivants et les morts. Un homme seul et surtout un homme de chair ne pourrait trouver ces accents. Il y faut la collaboration de plusieurs âmes, soulevées par les circonstances au-dessus d'elles-mêmes, et dont quelques-unes planaient déjà dans l'éternité. »

Le mystère ne pouvait pas être éternel. Un beau jour, le lieutenant Péricard reçut une lettre d'un de ses confrères de l'agence Havas « Nous savons tout. Vous êtes le héros de « Debout, les morts «-Nous vous félicitons. » Il se crut dénoncé.», trahi par ses hommes. Il avoua tout. Je ne jurerai pas, car pourquoi un héros cesserait-il d'être un homme? qu'il n'ait pas ressenti quelque joie et quelque fierté de se savoir découvert. En fait, il n'avait pas été trahi ses confrères avaient deviné la. vérité et la lui avaient arrachée.

Et quand, quelques m»iB après, M. Maurice Barrès voulut connaître le héros de « Debout, ies morts 1 » on le mit en présence, du lieutenant Péricard. Il put ainsi, en recueillant son témoignage, publier un récit plus circonstancié de l'immortel épisode.

Peut-être, en lisant ce noble récit, quelques lecteurs ont-ils pu croire qu'il y avait un peu de « littérature » dans le cas de ce soldat-journaliste qui avait su si bien ménager et « graduel' » ses effets, et ont-ils regrette, à défaut de sa mort, l'anonymat symbolique où il avait d'abord voulu s'enfermer.

Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que les détails authentiques que l'on vient de lire restituent à l'épisode toute sa simplicité, au..héros toute la « naïveté », tout le désintéressement dont nous avons beso.in pour l'admirer et le louer sans réserve. Le soldat qui s'est si bravement battu au Bois-Brûlé et à Verdun méritait, par sod courage, son abnégation, sa, ferveur religieuse, de pousser et d'immortaliser le cri sublime qui, longtemps, dans la mémoire des hommes, symbolisera, pour cette longue guerre, l'héroïsme français et l'endurance française

Victor Giraud

LA CRISE ALLEMANDE

L'Offensive

du Reichstag LE DILEMME

Un simple discours, tombant comme une pierre dans une mare à grenouilles, vient de mettre en émoi Reichstag, gouvernement et opinion en Allemagne. N'exagérons Tien il se peut que ce ne soit qu'un orage d'été il se peut qu'il ne détermine point l'effondrement que l'on attend il montre toutefois et cela est déjà beaucoup que la façade est fragile et que derrière cette façade il y a des intrigues, des ,passions, des haines qui, peu à peu, s'enhardissent et qu'il suffirait d'une déception plus cruelle que les autres pour déchaîner la convulsion suprême. On connaît la cause de l'incident à la séance secrète de samedi dernier, M. Erzberger a 'osé critiquer violemment la politique du chancelier il osé dénoncer la faillite des espérances allemandes sur les résultats de la guerre sous-marine il a osé conseiller à l'Allemagne de recourir le plus tôt possible à une paix de conciliation il a osé enfin préconiser la formule sans annexions ni indemnités ». Or, quel est l'homme qui a tenu pareil langage? L'un des membres les plus écoutés du centre catholique, important élément de la majorité gouvernementale. M. Erzberger a-t-il agi de sa propre initiative, comme on le prétend N'est-il suivi que par une fraction de son parti, comme on l'affirme ,? C'est possible. Toutefois, la voix qui vient de s'élever au sein. dé la commission parlementaire Ja plus disciplinée qui soit est une de celles que l'on écoute avec attention. M. Erzberger a sur ses collègues cette supériorité et cette autorité qui consistent à avoir été mêlé aux pourparlers que le gouvernement avait engagés avec le Vatican et d'autres puissances neutres en vue de les engager à intervenir en faveur de-la paix. M. Erzberger revient d'Italie, revient de Suisse, il à pris «l'air du dehors », il sait ce que pensent de TAljlemagne, ce que pensent de la paix les hommes qu'une illusion naïve et qu'une ambition démesurée n'aveuglent pas. Son réquisitoire devait produire une impression d'autant plus vive qu'on ne s'y attendait pas. Suffira-t-u pouir renverser le chancelier ? Le correspondant berlinois de la Gazette de Francfort paraît croire que ce n'est point M. de Bethmann-Hollweg que le Reiohstag rend riesponsable « de tout ce qui se passe » Le discours Erzberger, écrit-il, réclamant la paix sans annexions ni indemnités et là réforme politique intérieure de la Prusse, a produit une vive senstation, comme il était naturel, étant donné la nature impulsive de ce député et le fait qu'il présentait des revendications qui, jusqu'ici n'avaient été présentées que par un autre parti. Mais c'est une erreur volontaire de la part de certains de présenter tout ce qui fut dit à la commission comme des attaques personnelles contre le chancelier, et nous crovoiis, et Erzberger lui-même l'a reconnu, qu'il ne fallait pas rendre le chancelier responsable de, tout ce qui se passe.

Il est inexact aussi de dire que le chancelier n'ait fait aux commissions que des déclarations vagues il exposa, au contraire, des idées pratiques et très hettes dont la réalisation serait naturellement facilitée s'il trouvait derrière lui, au Reichstag, une majorité pour le soutenir.

Le correspondant ajoute que des changements dans le-ministère prussien sont vraisemblables. Il n'est pas impossible non plus que l'Empereur décide d'autres changements plus importants, mais que, pour le moment, il n'y a pas de raison de s'attendre à une telle surprise: La Gazette de. Cologne reflète pourtant les imquiéudes de la chancellerie. Elle adresse un pressant appel au calme

1 Il,faut demander, déclare-t-elle, à celui qui est devenu nerveux qu'il surveille d'autant plus soi- gneusement son langage à mesure qu'il a davantage l'envie de parler. Ceci soit dit non seulement pour le gouvernement, mais peut-être encore plus pour les députés.

Il ne faut jamais oublier que nous nous trouvons dans cette époque critique pour les nerfs des masses qui se trouve entre deux récoltés.

Une guerre est- bien plus une affaire de calculs techniques et mathématiques qu'une affaire de puissance morale, de volonté et de foi.

Nos chefs militaires ont la foi .et la volonté, et la medilewrè partie du peuple les ont et sont avec eux. .N'oublions pas d'ailleurs que nous avons a' plusieurs reprises offert la paix à nos ennemis qui refusent, parce qu'ils croient encore que nous céderons. Nous savons qu'ils ont tort de le croire. Il faut maintenant tout faire pour ôter une bonne fois cette conviction à nos ennemis.

Voici toute la question on fait grief au chancelier d'avoir observé jusqu'ici une réserve trop prudente sur les buts de guerre de l'Allemagne. Pour que l'Allemagne continue la guerre, il importe que son gouvernement puisse s'appuyer sur le Reichstag plus les difficultés s'accroissent, plus l'union sacrée devient indispensable.

Si, au contraire, le gouvernement juge plus conforme, aux intérêts du pays de hâter la paix, qu'il se; prononce.

Tel est le dilemme en face duquel les dirigeants allemands sont désormais placés. Ils souhaiteraient, sans doute, gagner encore du temps, dans l'espoir d'obtenir des solutions militaires assez concluantes pour justifier leurs décisions aux yeux des électeurs. Mais les solutions se font attendre et la situation du gouvernement s'est affaiblie, depuis ses dernières déclarations sybilines, du fait io que la guerre sous-marine n'a' point frappé le coup décisif qué l'on escomptait 2° que l'Amérique a hâté son entrée en campagne 3° que les Russes ont repris teuir activité militaire. • • La crise dépasse la question d'un changement de ministère il s'agit de savoir si la volonté pangermaniste l'emportera ou non sur le désir 1 de paix des milieux populaires il s'agit de savoir si l'une imposera silence à l'autre. Il est également deux facteurs qui doivent être pris en considération dans les conférences tenues en ce moment à Potsdam la nécessité d'une réforme constitutionnelle en Prusse peut-on l'atoumer encore la réunion imminente

dîme conférence interalliés à Paris, où Ma buts de guerre de l'Entente seront coordonnés en tenant compte du programme russe. Nous devons, plus que jamais, jouer serré. René d'Aral

LA BATAILLE RUSSE La lutte autour de Stanislau 7,000 NOUVEAUX PRISONNIERS 48 CANONS CAPTURÉS Le communiqué du grand état-major russe du 9 juillet annonce une nouvelle et belle victoire remportée dimanche par nos alliés. Voici ce que dit ce communiqué

Dans la direction de Zolotcheff, au sud-est de Brezezany, duel intense d'artillerie. Dans la direction de Dobriskaia, au cours de la journée d'hier, après une préparation d'artillerie, l'armée du général Korniloff s'est élancée, vers midi, à l'assaut des positions fortifiées de l'ennemi. A l'ouest de Stanislau, sur le front Janitza, ayant enfoncé les positions principales de l'ennemi, nos troupes se sont avancées en combattant et ont occupé les places de Jezupol, Tzenjovo, Pawelcze, Rypno et la gare de Lysiée.

Notre cavalerie, lancée la poursuite de l'en. nemi en retraite, a atteint la rivière Lomnica. Les trophées de la journée se composent de 131 officiers et 7,800 soldats, de 48 canons, dont 12 de gros calibre, et deune grande quantité de mitrailleuses.

La rivière Lomnica. coule à l'ouest de Stanislau et se jette dans le Dniester, un peu au-dessous de Halicz. Toutes les localités citées dans le communiqué russe sont situées à l'ouest de Stanislau. Les Russes poursuivent

leur avance

Nous lavons reçu hier soir la dépêche suivante de Genèva

Le communiqué allemand dit ue sur le thé4tre orienial, les Russes ont attaqué de nouveau aujourd'hui lundi, prés de Stanislau, et ont gagné du terrain.

Les bulletins ennemis

Le communiqué allemand du 8 juillet, huit heures soir, dit

Les Russes ont attaqué de nouveau aujourd'hui près, de Stanislau et ont gagné du terrain. Le communiqué autrichien de même date re- connaît l'attaque russe, mais nie le gain de fcer- D'après ce communiqué; Les attaques..de la. journée du 7 et de la matinée du 8 ont été très acharnées vers une heure de l'après-midi, les Russes ont engagé de puissants contingents. Toutes les attaques, ajoute l'état-major autrichien, ont échoué grâce à l'énergique résistance de notre division de Miskolez et à la parfaite liaison de toutes les armes. Sur quelques points, l'ennemi avait réussi à pénétrer dans nos tranchées avancées mais il en a été rejeté aussitôt par notre contre-attaque. Dans la soirée, une nouvelle attaque a été enrayée par le tir de notre artilLerie. Le matin du 8, une tentative opérée sans préparation d'artillerie est restée également sans résultat. Ce communiqué autrichien, on le voit, est en complète contradiction avec le communiqué allemand.

Le Kaiser révélé

par un cinéma allemand

Nous avons annoncé qu'un théâtre de Londres représentait en ce moment une série de films cinématographiques allemands et autrichiens capturées dans l'Atlantique. Ces films étaient en route pour l'Amérique. Le Daily Express donne sur eux de curieux détails

Le Kaiser Avant et Après » tel est le titre que devrait porter, la saisissante série de films allemands et autrichiens qui vient d'être capturée et qui est représentée en ce moment au théâtre de la Scala. Jamais la transformation qui s'est produite dans la personne du principal auteur de la tragédie en cours ne s'est révélée d'une façon plus dramatique que dans ces tableaux, Nous voyons le Kaiser à Vienne dans les premiers jours de la guerre., bouillonnant, plein d'effusion, gesticulant, riant, donnant, par toute sa mimique, l'impression qu'il est sûr de la victoire. Il pose tout le temps devant l'objectif comme un héros, le héros le plus surprenant qui se soit jamais offert à l'admiration du monde, bien que pas une seule fois il ne se trahisse et ne laisse entrevoir, par un regard maladroit, qu'il sait que l'objectif est en train de reproduire chacun de ses mouvements. Puis voici un autre film, pris bien des mois après sur le front russe, et qui nous montre un autre Kaiser, le Kaiser épuisé par la guerre, vieilli, à demi effondré. Plus de gesticulations, plus de tapes cordiales sur l'épaule du voisin. Le sourire a disparu et avec lui le mot pour rire. Et combien changée la démarche, la démarche si aisée, bondissante

Le Kaiser descend de l'auto lentement. Il marche lourdement. Il pose avec une sorte d'hébétude devant l'objectif, comme s'il a déjà oublié le mouvement qui doit suivre celui qu'il vient de faire.

L'opérateur d'u cinéma allemand a continué, avec une cruelle persistance, à tourner sa manivelle, fixant d'une façon indélébile l'effroyable tragédie qui se déroule dans une âme. SURPRISE CHINOISE L'Empereur a abdiqué. Un avion a bombardé la ville impériale à Pékin

Les événements de Chine se précipitent avec une rapidité vraiment extraordinaire. Les dépêches' de Pékin nous apportent aujourd'hui les nouvelles que voici

i° Tuau-Chi-Jui, à la tête des troupes républicaines, a attaqué, pendant la nuit de vendredi, les troupes impériales, à Lang-Fang, et les a mises en déroute le vainqueur a poursuivi les fuyards dans la direction de Pékin la capitale est presque complètement cernée 2° Tchang-Hsun, généralissime des impériaux, profondément affecté par son insuccès et par l'avance des troupes républicaines, a remis sa démission à l'Empereur

3° L'Empereur a abdiqué

4° Samedi, vers onze heures du matin, un aéroplane, volant à une grande hauteur, a lancé trois bombes sur la cité défendue du quartier impérial, tuant un homme et causant des dégâts aux bâtiments situés près du quar-

tuer gênerai -de-Ghang-Hsun, qui semble avoîf été l'objectif de l'aviateur 5° Un. contingent de deux cent cinquante Américains, Japonais et Annamites est arrivé à Pékin, pour la protection des légations. Le mouvement impérialiste semble avoiîj complètement avorté la Chine redevient repu* blique. M. JONNART A PARIS Le ministère des affaires étrangères mou3 communique la note suivante

M. Jonnart, haut commissaire en Grèce, se rend à Paris pour conférer avec le gouvernement sur lai suite de sa mission. Pendant son absence, Mj Clausse, conseiller d'ambassadé, qui avait été dé- taché près de lui, le représentera et recevra seg instructions.

Une dépêche de Rome nous annonce l'arrî-» vée dans cette ville, hier matin, de M. Jonnart, accompagné dw général Braquet, attaché militaire d e France en Grèce, et du colonel George. UN GESTE RÉPARATEUR

Pour les familles des marins français tué; à Athènes. Un don de 500,000 francs

̃M. Nicolas Ambatielos, armateur grec de l'île de Céphalonie, à l'occasion du retour au pouvoir de M. Venizelos et de la reprise des relations traditionnelles entre son pays et la France, a tenu à rendre un hommage pieux à la mémoire des vaillants marins français tombés à Athènes, le 1er décembre.

Par les soins du ministre de Grèce à Paris, il a prié M. Ribot de bien vouloir accepter une somme de 500,000 francs pour la déposer au ministère de la marine afin que les revenus en/ servent à l'allocation de pensions aux veuves et aux orphelins des victimes de ces tristes événements qui ont laissé à tous les Hellènes le souvenir le plus douloureux.

Lorsque le besoin de ces allocations ne. se fera,plus sentir, les intérêts des 500,000 francs serviront à des prix annuels que l'Académie 'des inscriptions et belles-lettres sera priée da décerner aux auteurs d'ouvrages d'histoire ou archéologie grecque.

Le président du conseil a accepté ce géné- reux don et exprimé à M. Nicolas Ambatieloa les remerciements du grouvernement fran» çais.

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La Diplomatie des alliés

à Athènes

PAR M. ERNEST BAUDET

L'envoi à Athènes de M. Jonnart comme fiaufl commissaire des gouvernements alliés a permis à leurs représentants sir Francis Elliot, ministre de la Grande-Bretagne M. Demidoff, princel de San-Donato, ministre de Russie, et M. René Guillemin, ministre de France, d'obtenir un¡ congé. Ils sont rentrés dans leurs pays, où ils attendent le moment de retourner à leur poste* L'heure paraît donc opportune pour rappeler les services qu'ils ont rendus il. la cause des alliés et ceux que doit la France à M. René Guillemin, qui avait succédé, au mois d'avril 1915, à MV Gabriel Deville. Ancien député de Paris, celui-ci était entre sur le tard dans la carrière diplomatique. SauE' un court passage à la commission internatio-* nale du Danube et ensuite à la sous-direction!1 des chancelleries du quai d'Orsay, Athènes étaiti son poste de début. Mais il était à l'âge où l'es-, périence acquise au contact des affaires publi-j ques permet de se familiariser promptement avec de nouvelles occupations et de nouveaux} devoirs. Nommé le 5 juin 1909, il débarquait ert Grèce le 27 juillet, présentait ses lettres de' créance le 2 août et se mettait en rapport avec'. ses collègues anglais et russe, avec qui, durant; toute sa mission, il n'a pas cessé de marcher entf parfait accord.. Le roi Georges régnait encore. Reconnaissant! de ce que la Grèce devait à la France, il conser-j vait à notre pays foute sa sympathie, on peut même dire toute-son amitié. Ses relations avec tes représentants de la Triple-Entente étaient donc confiantes 'et cordiales. Mais, au mois de; mars 1913, il est assassiné à Salonique, Dès lors, s'ouvre une* période au début de laquelle le ger- manisme du nouveau Roi ne tarde pas à sa; trahir.

Les trois ministres alliés ne s'y trompent pas) et chacun d'eux laisse entendre à son gouverrie-i ment que la politique hellène va subir une orientation nouvelle favorable il l'Allemagne, prédic. tion qu'un avenir prochain allait voir se réaliser, mais à laquelle les alliés ne paraissent pas, disposés à ajouter, foi. Durant de longs mois encore, ils s'obstineront dans leur confiance, refu:, seront de croire à la félonie calculée du roi; Constantin. Leur illusion se prolongera jus- qu'au jour où, éclairés enfin sur ses disposa. tions véritables, ils se décideront à des mesures de rigueur.

Sur ces entrefaites, un incident s'était pro- duit qui aurait dû les éclairer. Quelques mois après la mort de son père, Constantin était venu à Paris, après s'être arrêté quelques jours à Berlin, où il avait reçu de l'empereur Guillaume II le bâton de maréchal et l'avait remercié en des termes tels qu'à Paris oni s'en était' offensé. Aussi eut-il soin, avant d'arriver, de faire dire par' ses familiers, voire par Venizelos, que ses propos avaient été dénaturés par le protocole allemand. A Paris, on le crut ou on feignit de le croire. Le gouvernement français ne lui tint pas rigueur et le reçut comme un ami.

Deux ans plus tard, la mission de M. Gabriel Deville prenait fin à la suite d'un des discours prononcés par lui à l'occasion de la fête nationale, au lendemain de l'élection de la fameuse Chambre de 1915, hostile au ministère Gounaris, et qui fut dissoute un peu plus tard, discours patriotique, mais imprudent, qui provoqua une plainte du cabinet grec- Gounaris et eut pour épilogue le rappel* du ministre de France, diplomate de carrière.

M. René Guillemin, qui lui succéda, avait, depuis vingt-neuif ans, occupé successivement les fonctions de son grade à Bruxelles, à Cpnstantinople, à Saint-Pétersbourg, à radministration centrale, aux Etats-Unis, voire à Berlin, étapes laborieuses qui le conduisaient au Pérow comme ministre de France et finalement à Athènes. La situation, on se le rappelle, y était singulièrement troublée et inquiétante. Elîe s'aggravait de jour en jour par suite de la¡ rivalité des partis, qui avaient formé en Gràca deux camps ennemis l'un, celui du¡ Roi, pratiquant dans l'intérêt de l'Allemagne la nem tralité qu'il avait promis de maintenir loyale, sincère et dégagée de toute compromission l'autre, celui de Venizelos, passionnément attaché à l'Entente et convaincu que l'honneur, l'intérêt du royaume, la volonté des électeurs et enfin des engagements sacrés lui commandaient de faire cause commune, avec les alliés. La Grèce, en cette crise redoutable, s'incarne dans ces deux hommes d'un côté, Le Roi, trafc