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Titre : Le Gaulois : littéraire et politique

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1912-04-17

Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication

Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication

Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 94503

Description : 17 avril 1912

Description : 1912/04/17 (Numéro 12604).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k535400b

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 10/03/2008

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tes CHambres ont voté, avant Se se séparer, !un crédit important pour la célébration de fêtes en l'honneur de Jean-Jacques Rousseau. Ces messieurs du Palais-Bourbon et du Luxembourg n'ont pas; que l'on saclie, un tel souci de littérature qu'on puisse expliquer, par une préoccupation d'art, cette largesse inhabituelle. En honorant Rousseau, ils entendent faire acte politique et, comme Antée reprenait des forces en touchant la terre,, retremper leur doctrine à Isa source.

Il faut leur en savoir gré car, si l'on devait jjuger en Jean-Jacques l'homme et l'écrivain, on demeurerait hésitant dans l'énoncé de conclusuris, qui sont au contraire très nettes, s'il S'agit d'apprécier l'auteur principalement responsable de la logomachie démagogique où nous vivons. Il va connaître enfin, le grand [mécontent, la joie des cortèges officiels, des discours d'apparat et des Marseillaises inaugurales. Il connaîtra cette joie, parce qu'on lui fait honneur des « principes qui nous régissent, du « système » qui nous domine. On ne nous 'demande pas de nous incliner et nous aurions peine à nous y refuser, quelque défiance qu'il nous inspire, devant la richesse de sa sensibilité et la magie de son verbe. Ce que l'on propose à notre admiration, c'est son œuvre, son œuvre politique et sociale, l'action posthume qu'il a exercée, qu'il exerce encore sur notre .constitution, sur nos lois, sur nos moeurs. Voilà 'l'hommage qu'on va lui rendre qu'on ;!Veut lui rendre. Grâces soient rendues a tant de franchise Nous en sommes plus à l'aise pour la payer de retour et pour répondre non posjsumus. "̃

Le compte Rousseau serait long à établir, ."encore que l'actif n'y pèse guère. Tout ce qu'il y a d'absurde et de destructif dans 1 organisation démocratique vient en effet de lui. Ce qu'il ̃n'a pas inventé, il l'a vulgarisé. On lui doit tout, même le vocabulaire.

Le culte des abstractions ornées de majuscules nous vient de lui. Les grands mots vides les tonneaux creux résonnent mieux que les autres qui depuis tant d'années empoisonnent l'esprit français, c'est lui qui les a lancés. De l'estrade foraine des comices agricoles à la tribune de marbre des Chambres, les entendezvous retentir ? Démocratie, justice, égalité, science, vérité, termes mal définis, vides de substance, qui servent indifféremment à baptiser les cuirassés et à tromper le public, c'est lui qui en a deviné le prestige. Il a commencé avec la Nature et la Vertu. Ses disciples de 1793 ont continué, en y ajoutant du moins la Nation. Nos contemporains ont enrichi ce thesaurus, boîte d'escamoteur, où l'on puise largement pour les tours de passe-passe électorale. C'est avec ces formules creuses, exsangues, incomprises qu'on déforme les intelligences frustes est qu'on endort les autres. Raymond la Science Ce nom d'apache est tout un programme. Après les mots, les idées, si j'ose m'exprimer ainsi. Les idées de Rousseau, de Rousseau moraliste après une vie d'où, pendant tant d'années, fut absent le sens le plus élémentaire dù bien et du mal de Rousseau éducateur, père de cinq enfants mis aux Enfants-Trouvés de Rousseau législateur, qui déclarait, après le Contrat Social, préférer un despote à une « multitude aveugle » voilà ce que vont célébrer les pouvoirs publics et, si je rappelle les contradictions et les tares de cette vie, on me

fera la laveur ae croire que ou 11 e&u jjuiuu uauo fun esprit impie à l'égard d'un mort qui, sur cette terre, souffrit beaucoup. Mais quoi ? Puisqu'on nous provoque à honorer ce que ce mort nous a légué, c'est donc que ses idées sont toujours vivantes, qu'on a le droit de le traiter en vivant, de prouver que son autorité est, pour le moins, suspecte.

Sa philosophie, quand on relit ses livres, parait surtout niaise. Sa distinction de la Nature et de la Société ne supporte pas l'examen car la société est dans la nature. Son idée de l'humanité, parfaite à l'état sauvage et corrompue par la civilisation, est une sinistre chimère. Sa conception de la cité, fondée sur l'égalité absolue et aboutissant à la tyrannie du nom'bre, se condamne par son exposé même. Sa méthode d'éducation est enfantine et Bouvard ït Pécuchet n'ont eu qu'à l'appliquer pour s'immortaliser dans le grotesque. II a d'ailleurs réjsumé d'un mot sa doctrine politique et sociale 1e jour où il a écrit « Commençons par écarter ttous les faits. »

Je viens de relire Emile, et le Contrat et le 'Discours sur l'inégalité. Si ces livres n'étaient que des livres, on les fermerait sans songer à les discuter, mais le livre fermé, regardez au!tour de vous. La rêverie du malade prend corps. Le cauchemar continue dans la veille. L'opposition de la Nature et de la Société? est l'alibi moral de tous nos jeunes bandits. La nature est bonne donc suivons la nature, c'est-à-dire l'instinct, et nargue à la loi Soyons ,Tisseau ou Bonnot Vivons notre vie Cela ne !nous empêchera pas d' « aimer la vertu C'est ainsi que les terroristes, gens « sensibles » au sens de Rousseau, ont pourvu la guillotine. Carrier, aux noyades de Nantes, obéissait à sa nature. Les chevaliers du browbing cèdent aux suggestions de la leur. Puisque a de la richesse sont nés tous les vices », le cambriolage établira une équitable péréquation des biens. Toute la moderne école de la i:« reprise individuelle » a trouvé dans l'apologie de la nature la plus apaisante des cautions. Que Rousseau n'y songeât point, encore qu'il eût été quelque peu voleur dans sa jeunesse, 'je l'accorde volontiers. Mais puisque aujoùrjd'hui c'est son œuvre qui est en cause, rendons César ce qui revient à César.

La bonté foncière de la nature et la perfectison de l'homme-singe se confondent avec le principe d'égalité. Celui-là encore nous est 'familier. Cette égalité ne saurait être l'égalité par en haut, puisque plus on monte, plus on se corrompt. Il s'agit donc de l'égalité par en bas, de celle qui a pour âme l'envie démocratique. Ici nous ne sommes plus en face de cas heureusement exceptionnels c'est la loi fondamentale de notre société qui est rigoureusement conforme au vœu de Rousseau. La nature, qu'il invoque à tort, ignore l'égalité. II n'y a pas d'égaux même chez les sauvages, même chez les bêtes. Cette égalité, par contre, nous en ;vivons. Le peuple souverain s'en glorifie. Et le rôdeur de barrières détient de la souveraineté :'une part exactement identique à celle de Pas- teur ou de Taine.

Dans un régime ainsi conçu, toute supériorité iest dénoncée, dès qu'elle s'affirme. La république athénienne s'était lassée déjà d'entendre appeler Aristide le juste. La nôtre, à l'atticisme près, connaît les mêmes exclusions. Le corps électoral est niveleur par essence. Le sous-vétérinaire est le représentant qu'il préfère, parce qu'il est le plus semblable aux autres. L'élecleur crée les Chambres à son image et il lui arrive trop rarement de dévorer, comme Saturne, ses enfants. L'égalité politique est une courbe dont le terme est le néant. Et cette égalité, c'est Jean-Jacques, bien plutôt que les ^philosophes, ses ennemis, qui l'a popularisée.

La semence était bonne:, nous voyons la Dira-t-on qu'il n'a posé qu'un principe, sans en prévoir- les ..conséquences? Ouvrez le Contrat Social vous y trouverez en toutes lettrès l'apologie de l'omniscience populaire et Le peuple se trompe bien moins sur ses choix que le prince. Les républiques vont à leurs fins par. des voies plus constantes et mieux suivies que les monarchies. Il Ou ceci encore « Un homme d'un vrai mérite est aussi rare dans le ministère d'une monarchie qu'un sot à la tête du gouvernement républicain. La reconnaissez-vous la théorie courante, par quoi tout politicien d'arrondissement est capable de faire un député, tout député de faire un ministre? Puisque l'égalité confère à ses adeptes cette grâce » efficiente, à quoi bon les traditions, à quoi bon les compétences ? Un ministre dans une république ne sera jamais un sot. Concluons tout le monde peut devenir ministre. Le portefeuille est ainsi comme le bâton de maréchal que chaque soldat de la Grande Armée trouvait dans sa giberne. Seulement le champ de bataille du Palais-Bourbon n'est pas celui d'Austerlitz.

Du moins l'individualisme orgueilleux de Rousseau a-t-il propagé dans notre démocratie les habitudes de tolérance qui en. seraient la conséquence logique ? Poser cette question, c'est y répondre. Jamais la loi de la, majorité ne fut, plus que depuis vingt ans, dure à la minorité. Au sein même de la majorité, on a tracé des frontières. Il y a des républicains de plein exercice, et des républicains secondaires.: c'est toute l'histoire des dernières années. Mais ce fut celle aussi de la Révolution, avec le certificat de civisme. Or ce certificat, c'est Rousseau qui l'a conçu.. Sa cité composée d'égaux à la base, que de- vient-elle dans son fonctionnement? « Le peuple peut bannir de l'Etat quiconque ne croit pas (à la sainteté du contrat social). Il peut le bannir, non comme impie, mais comme insociable, comme incapable d'aimer sincèrement les lois, etc. Et qui sera juge? La « multitude aveugle », dont il parlera plus loin, avec pouvoir d'appliquer la peine du bannissement ou même la peine de mort. Voilà tout. prêt à' fonctionner le couperet de Fouquier-Ti.nville et la fiche du délateur. C'est au nom de ces prin- cipes qu'on a coupé |& tête* à Mme Roland ou, dans un siècle moinf^nergique, bfisé des car-. rières d'officiers. Est-% cela qu'on va honorer aux frais des contribuables?

Il y-a aussi l'éducation, dont Michelet disait que c'est la grande affaire des gouvernements. Ici encore Jean-Jacques peut revendiquer ses droits d'auteur on aurait mauvaise grâce à les lui disputer. Des universitaires distingués ont cru devoir affirmer que VEmile, avec toutes les' corrections' de détail qu'il nécessite, est le plus beau, le plus complet, le plus suggestif traité d'éducation qu'on ait écrit et que nous devrons y revenir toutes les fois que nous voudrons organiser l'ensemble ou réformer une partie de l'éducation. Grand merci L'Emile m'apparaît au contraire comme la négation de l'éducation au profit de l'instinct.. J'ai cité tout à 'l'heure Flaubert que le lecteur veuille bien s'y reporter. Emilc, s'il a une mauvaise nature, ce qui arrive malgré la bonté de la Nature » deviendra un, parfait. vaurien 'et ce ne sont pas les. puérils artifices de son précepteur qui le retiendront. Mais il y a, plus et le germe détestable qui, déposé dans ce livre, s'épanouit sous nos yeux, c'est ce dogme négatif de la liberté qu'il faut laisser à l'enfant, de la prétendue neutralité que le maître doit observer en face de lui liberté pour le mal comme pour le bien neutralité en face de l'un et de l'autre.

C'est ainsi qu'on nous fabrique ces amoraux qui deviennent si facilement des immoraux, fruits du respect niais de la (t conscience de l'enfant ». La conscience de l'enfant est une

vaitjur u, citjtn uue yeueui nuuiaiuc, peiieuwble, malléable, qu'il est dangereux de livrer à la poussée des mauvaises herbes, qui a besoin d'être dirigée, défendue, éclairée. Emile savait la menuiserie. Cela suffit-il à préparer un mari, un père, un citoyen ?

On pourrait poursuivre, établir, sur d'autres points encore, le mal qu'a fait Rousseau, annoter chacun de ses livres des malheurs politiques et sociaux dont ils sont l'origine. Je n'cn ai ni la place ni le goût.

Tant de contraires s'unissaient en lui qu'il eût peut-être détesté son œuvre, s'il l'avait vue vivre après lui. C'était un pauvre être déséquilibré, malade de corps, malade d'esprit, de ceux que les médecins légistes appellent aujourd'hui des demi-responsables. Et c'était aussi un grand, un très grand écrivain, imparfait, inégal et verbeux, aussi souvent qu'élo; quent. Et, pour tout dire enfin, c'était un fou, qu'on voudrait laisser dormir en paix dans sa tombe.

Mais alors qu'on n'emploie pas l'argent de la France à célébrer ce fou et à le célébrer précisément pour le mal qu'il a fait à la France. Incognito ̃;

Ce qui se asse ÉCHOS DE PARTOUT

LA REINE WILHELMINE A PARIS

Ainsi que nous l'avions annoncé, le voyage de la Reine Wilhelmine de Hollande et du Prince consort est officiellement fixé au 3 juin prochain.

Les Parisiens seront certainement enchantés de revoir la jeune et gracieuse souveraine dont ils ont gardé le plus aimable souvenir. L'ÉCLIPSE. D'AUJOURD'HUI

Est-il besoin de rappeler que c'est ce matin que se produira la fameuse éclipse de soleil dont on parle tant depuis quelques semaines. Le phénomène céleste sera, on le sait, visible à Paris, dans presque toute son intensité. Commencée à 10 h. 48 m. 59 s., l'éclipse se terminera à 1 h. 32 m. 44 s. Sa plus grande phase aura lieu à 12 h. 10 m. 37 s.'A cë moment, l'ombre projetée par la lune recouvrira les 99 0/0 du disque solaire. Cela durera quelques secondes seulement. Un des meilleurs endroits pour bien. observer l'éclipsé sera, nous l'avons dit, Saint-Germain, ou bien encore Bellevue, Marly et le Vésinet. A Paris, deux observatoires naturels sont tout indiqués le Sacré-Cœur et les Buttes-Chaumont.

A ceux de nos lecteurs qui désireront assister à ce rare et impressionnant spectacle, nous conseillerons de prendre quelques indispensables précautions. Ils devront observer le phénomène avec des verres assez fortement teintés, d'abord pour bien suivre les, différentes phases de l'éclipsé, ensuite et surtout afin d'éviter des accidents oculaires toujours fréquents auprès une éclipse de soleil.

Nous n'avons plus, maintenant, qu'à formuler un souhait c'est que le temps soit aujourd'hui radieux. La chose est présumable, attendu que la pression barométrique est en ce moment en hausse, surtout dans l'ouest de l'Europe. La Société des courses de Deaùville vient d'arrêter son programme pour la saison prochaine..

Le total des prix à gagner s'élève, en 1912, à 572,100 francs, contre 23,500 en 1866, année de la fondation des .courses par le duc de Mornv.

Cèlles-ei: ne comportaient à cette époque que y deux réunions, alors qu'elles en comptent quatorze aujourd'hui. « Cette année, les courses commenceront,, sur le coquet hippodrome de la Toucques, le 3 août, par un meeting d'obstacles, et se termineront, le .22 du même mois, par un meeting de trot. Entre ces deux dates se dérouleront les^épreuves de plat le Grand Prix de Deauville, qui, on le sait, est doté d'une allocation de 100,000 francs, sera disputé le dimanche 18 août. Ajoutons que les pistes, qui ont l'heure actuelle 2,100 mètres de tour, vont être agrandies. L'une, de mètres, sera bientôt remplacée .par une autre de 1,600, sur laquelle la Société donnera en 1913, pour le cinquantième anniversaire de sa. fondation, de magnifiques épreuves. Le comité comprend, en 1912,. outre, le comte Le Marois, président, MM. Ridgway, le comte H. de Pourtalès, le comte A. de Gontaut-Biron, le marquis de Ganay, M. E. Deschamps, M. de Gheest, etc.

INSTANTANE'

le PARISIAN SEASON »

Le soleil fait le dédaigneux, boude, ne sourit si j'ose dire que du bout des dents, comme une jolie cpquette incertaine et languissante.

Mais que l'Astre neurasthénique nous prodigue ou nous marchande l'agrément de ses rayons c'est, pour nous, le printemps, puisque nous sommes entrés déjà dans le cycle des fêtes qui doivent meneur la « season » jusqu'au Grand Prix et après.

Longchamp a rouvert ses portes. Le vernissage est passé et l'autre jour toutes les élégances de Paris fêtaient en gaieté la pendaison d'une crémaillère célèbre. Dans le local agrandi, paré avec magnificence, de l'ancien restaurant Daunou, le fameux Ciro's de MonteCarlo, restaurateur des rois, roi des restaurateurs, une des gloires culinaires du siècle, Ciro's, l'ami d'Edouard VIU; vient de s'installer princièrement à deux pas de la rue de la Paix.

Sous la direction de M. Hugo Rizzi, qui secondait déjà Ciro's à Monte-Carlo, le nouveau restaurant de la rue Daunou, avec ses salons d'une pimpante élégance, sa ravissante salle de thé, si propice à la causerie, le luxe souriant de son aménagement va devenir le cidre préféré de nos mondaines de Paris, Londres et New-York. L'arrivée de Ciro's à Paris, c'est un événement, une date à retenir. Slip.

Les Etats-Unis peuvent revendiquer désor- mais la première traversée aérienne de la Manche. par une femme. Une gracieuse aviatrice américaine, Mlle Quimby, vient d'oser, en effet, seule à bord, le périlleux voyage auquel une autre sportswomen s'était risquée déjà, mais comme passagère, voici quinze jours. Et': la fortune lui a souri le plus gentiment du monde. A 5 h. 38, hier matin, Mlle Quimby s'envolait de Douvres sur son monoplan Blériot 50 ch. Gnôme, bougies Oléo, et piquait droit vers le cap Gris-Nez. Elle avait prévenu quelques amis qui, de la rive fran-'çaise, scrutaient anxieusement l'hoxizon. Ils furent bientôt rassurés. A 6 h. 20, ils distinguèrent le grand oiseau qui se profilait dans la brume. Il ne fit que frôler la falaise, puis vir^ vers le sud et s'éloigna. Vers sept heures un quart, il apparaissait au-dessus de Boulogne; qu'il ceinturait deux fois d'une orbe parfaite et enfin il atterrissait à sept heures et demie- près d'Equihen. Mlle Quimby sauta légèrement de son siège sans marquer de fatigue et confia tout de suite qu'elle était ravie d'avoir la prei mière, entre bon nombre d'aviatrices qui la; .rêvèrent, renouvelé la. prouesse historique" dèr Le jury a vraiment parfois d'étranges in-: dulgences 1. Voici quelques mois, certain jeune; bandit était renvoyé en correctionnelle pour; l'un des crimes les plus odieux qui soient des coups et blessures à sa mère.

Alors qu'il sortait de prison non pour la première fois d'ailleurs il avait trouvé, l'attendant à la porte, celle qu'on retrouve toujours

aux heures de joies r- aux heures douloureuses surtout: sa mère.

Hélas, la joie avait été courte Quelques heures après, parce qu'elle tâchait d'apaiser une querelle entre frères, le misérable la'frap-, pait de deux coups de poing en plein visage le soir, il la culbutait d'un coup de pied dans le ventre plus tard encore, il la blessait griève- ment en la soulevant en l'air pour mieux l'écraser à terre.

Renvoyé en correctionnelle, notre homme avait exigé, la cour d'assises coups envers ascendant. Et savez-vous ce qu'en a fait le jury? Il a -acquitté Oh je sais, les médecins experts parlaient de vague débilité mentale, l'accusé plaidait l'ivresse la pauvre mère eut le courage de plaider l'indulgence. Rien de tout cela n'empêchera ceci c'était sa mère. Les fraises, ce'délicieux et succulent rémal des tables luxueuses, se montrent depuis quelques jours à l'étalage des grands magàsins de comestibles. Mais les petites fraises des bois ne tarderont pas à faire leur apparition dans nos rues. La saveur de ce petit fruit si apprécié l'emporte sur celle de ses grosses sœurs et Dieu dans sa bonté a voulu _que le. pauvre pût en profiter, et comme dit Théophile Gautier Dans l'herbe pour que tu la cueilles

Il met la fraise au teint vermeil

,.La Quintinie, le célèbre jardinier. qui fut appelé par Louis XIV pour diriger le potager de Versailles, était un génie dans sa spécialité c'est à lui que l'on doit la culture intensive. Dès .le mois de décembre 1669, il envoya des asperges nouvelles sur la table du Roi en janvier suivant, il donnait des radis roses et de belles laitues vertes en mars, des choùxfleurs au commencement d'avril, des fraises des petits pois en mai et des melons à la fin de juin.

Gomme on le voit, on était déjà « fine bouche » à la Cour du Roi-Soleil.

C'est mercredi 24 et jeudi 25 avril que seront dispersés à Bruxelles, dans la galerie Le Roy, les tableaux modernes et anciens, ainsi que les objets d'art de la collection de feu Mme J. Cardon. Signalons une œuvre superbe de Corot; des Courbet, Decamps, Delacroix, Diaz, Dupré, Leys, Rousseau, Roy bet, Alfred Stevens, etc., de superbes portraits anciens, etc., etc. Catalogues à Paris, chez M. E. Le Roy, 9, rue Scribe.

Trois séances de musique sacrée. Un splendide élan se manifeste en ce moment parmi tous ceux qui aiment les œuvres grandioses du répertoire religieux. ;i Aussitôt que les amateurs de vraie musique et ils sont nombreux à Paris apprirent que le célèbre chef d'orchestre Félix Weingartner avait accepté la tâche magnifique de diriger, en trois séances, le Requiem de Berlioz, le Messie de Haendel et la Messe en ré de Beethoven, avec l'orchestre Colonne et les 250 choristes de Leeds, le défilé n'a pas discontinué tant au Trocadéro qu'au pavillon de Hanovre. Les soirées du 26, du 28 et du 30 avril promettent de compter parmi les plus mémorables de notre temps, car tout le monde veut avoir entendu trois des plus grandes œuvres de la musique sacrée dirigées par un des kappelmeisters les plus prodigieux d'aujourd'hui. Le roi Alphonse XIII est le premier â se soumettre aux lois nouvelles de son pays. On sait que le gouvernement espagnol vient à son tour de taxer les briquets automatiques, qui bénéficiaient auparavant de la franchise complète. en Espagne.

Or, le matin du jour où la loi entrait en vigueur, l'employé des contributions d'Hendaye recevait dans son bureau deux officiers en uniforme.

Souriant, le r»lus srrand. d'une désinvolture

élégante, s'avança vers le guichet, sortit de sa poche un joli petit briquet de contrebande en or émaillé et pria le représentant de l'Etat d'y apposer l'estampille administrative. Ce fut ensuite au tour de l'autre officier. Le brave fonctionnaire n'apprit que beaucoup plus tard qu'il avait eu l'honneur insigne d'apposer son estampille sur l'auto-allumeur de son souverain.

Tous nos élégants Parisiens connaissent' le délicieux hôtel de Paillard, sur le coteau de Meudon, où ils vont si facilement faire une cure de soleil et de grand air nous ne voulons donc que leur signaler le Bellevue-Palace comme étant l'endroit des environs de Paris où ils pourront suivre le' mieux à l'aise, et dans les meilleures conditions atmosphériques, les différentes phases du phénomène astronomique, d'aujourd'hui. Qu'ils n'oublient pas que l'éclipse totale, ou presque totale, se produira, dans notre région, dix ou douze minutes après midi. Tous nos élégants Parisiens déjeuneront aujourd'hui chez Paillard, à Bellevue. NOUVELLES A LA MAIN

La police voit des Bonnot et des Garnier en maints endroits à Paris, en province, partout. Mais élle n'est jamais certaine que ce soient eux.

,-En ,effet, elle manque de sûreté.

Dans son discours, M. Asquith a joliment exposé le besoin du « home rule » irlandais -:Il a mérité un bon point.

Un point d'Irlande.

Un Domina

NOTES SOCIALES Les funérailles de M. Brisson seront aux frais de l'Etat. C'est une question de savoir si, en matière de funérailles, on n'a-. buse pas un peu du caractère officiel. De deux choses l'une ou c'est à la fonction que va l'hommage pour lequel on prend 15,000 francs dans la poche des contribuables, ou c'est à l'homme. Si c'est à la fonction, il faut compléter, à cet égard, le décret de messidor. Si c'est à l'homme, combien le criterium est malaisé à définir, quel que soit d'ailleurs;? l'organe constitutionnel, gouvernement ou Chambres, chargé de la définition Ces Il grands enterrements » sont l'un des plus riches trésors de documents humains que comporte la vie moderne, et Saint-Simon y aurait sa place marquée. Dans ces cas-là, au lieu que le mort saisisse le vif, c'est le vif qui s'empare du mort. La sérénité grave que donnait au trépas des rois la Loi d'hérédité n'est pas permise aux régimes électifs. On criait autrefois « Le Roi est mort Vive le Roi » et l'on affirmait ainsi la continuité du pouvoir. Aujourd'hui on crie Le président est mort qui sera président?"

î Les --obsèques sont 'le champ "i*èr 'bataille ;;̃ d'avant' postes où se mesurent les compétitions. Les concurrents, enveloppés de tristesse, s'y -affrontent pour la première fois. Je dis les concurrents, et non les candidats, car ce n'est 'que plus tard qu'on fait acte de candidature. Devant le catafalque, on se doit de ne vibrer que de regrets. L'espérance est pour le lendemain. Mais, en présence de la foule officielle,

on se mesure aeja. un ecouie. une yuiguee uu mains est une indication. Un regard est un avertissement.

Les uns, par leur situation, s'imposent à 1'attention. Ne faites point allusion cependant il leurs chances possibles un sourire navré vous apprendrait 'qu'ils n'y ont jamais pensé, qu'ils n'en parleront jamais. Ceux qui n'ont point de chances sont plus expansifs car, com- me nul ne songe à eux, il faut bien qu'ils se chargent de ce soin. Quand vous lirez dans les journaux que tel nom improbable et ionoré est « mis en avant », n'ayez point de doute sur 1'origine de l'information. Ce sont là complaisances qu'on ne saurait refuser à un « camarade », à un bon garçon ». Or, dans ce milieu, tout le monde est camarade et tout le monde est. bon garçon.

Il y a aussi ceux qui travaillent par élimination « Briand est vice-président du conseil il ne peut pas abandonner ce poste de confiance. Delcassé se doit à la marine il sera le premier à refuser de la quitter. Deschanel a été président c'est un ministère ̃ qu'il lui faut maintenant. Etienne a les Omnibus son conseil tient à le garder. » Ainsi raisonne le député Michou, dont les titres grandissent de ces refus. Et si je dis Michou, c'est parce qu'il est mort et pour ne point froisser de vivants.

Telles sont les funérailles officielles, un essai de résistance pour ambitions pressées, ou, si j'ose dire, une course d'épreuve.

Un Désabusé

La Démarche des Puissances Tout arrive. Après d'interminables atermoiements, les puissances se sont enfin décidées à accomplir à Constantinople la fameuse démar- iche dont le but consiste; comme on le sait, à ^demander à la Turquie non pas à quelles conditions elle consentirait à conclure la paix, mais zsur quelles bases elle accepterait la médiation de l'Europe.

En conséquence, les représentants des puisse sont rendus hier matin tour de rôle <chez Assim bey, le ministre des affaires étrangères de l'Empire ottoman, et lui ont en termes identiques la formule avait été rédigée par la Russie soumis leur questionnaire. Simple formalité. Il ne s'agit en somme que d'une de ces puériles comédies diplomatiques dont le dénouement comme la mise en scène est connu et réglé d'avance. On sait dès a présent, en effet, que la Porte s'empressera d'affirmer ses sentiments pacifiques et de se déclarer prête à écouter les propositions des puissances, à la condition toutefois que le gouvernement italien commence par annuler le décret d'annexion'; on. sait également que celui-ci s'y refusera formellement, car voudrait-il contre toute vraisemblance revenir sur la décision royale, qu'il, ne le pourrait plus sans risquer d'être violemment désavoué par le pays. Il ne faut pas se faire d'illusions sur la démarche faite auprès du gouvernement ottoman. 'Si l'on n'envisage que l'objectif précis qui l'a déterminée, son résultat paraît devoir être nul. Si maintenant on le considère à un point de vue général, elle n'est pas absolument inutile. D'abord elle aura eu cette conséquence de provoquer un échange de vues et par conséquent de susciter un contact entre les puissances pour mettre fin à' la iruerre. C'est un crémier effort

qui peut en. inspirer d'autres plus efficaees elle aura obligé lès chancelleries à envisager la réalité du péril dont les menace toute guerre d'Orient età étudier les moyens de le conjurer elle crée, d'autre part, une situation plus nette à l'Italie, à laquelle on ne pourra pas reprocher désormais de ne s'être point prêtée dans la mesure possible aux tentatives pacifiques des tiers.

Logiquement, l'Italie est en droit de réclamer une entière liberté d'action dans la conduite de ses opérations de guerre. Son intérêt serait, évidemment, de frapper à présent un coup décisif, c'est-à-dire d'entreprendre une action énergique sur les côtes européennes ou asiatiques de la Turquie.

Son plan consistait, il y a quelques semaines je l'ai indiqué récemment à occuper les îles de la mer Egée, à établir une forte base navale à Lemnos, d'où il lui serait loisible, au moyen de raids audacieux, d'inquiéter sérieusement Constantinople.

Ses intentions se sont-elles modifiées depuis lors ? C'est possible. Si nous voyons, en effet, les manifestations extérieures de l'action et de l'intrigue diplomatique qui se poursuivent depuis quelques mois, par contre les progrès du travail secret qui s'élabore entre Pétersbourg, Rome, Vienne et Berlin nous échappent. Chaque jour, de nouveaux éléments interviennent qui, inévitablement, pèsent sur, les décisions du gouvernement italien.

L'activité de la Russie, notamment, est un

facteur nouveau et fort important dans le développement des événements actuels la concentration des troupes autrichiennes sur les frontières de la Bosnie-Herzégovine, marque également des desseins dont nous ne pénétrons pas encore le mystère.

Il y a enfin l'élément slave dans les Balkans, qui reprend l'espoir de se grouper sous l'égide de son protecteur naturel. Quelle est l'étendue, quelle est la valeur des pactes qui ont dû être conclus ?

René d'Aral

Bloc- No tes Parisiens Les Concerts de danse de Mlle Trouhanowa Deux superbes concerts de danse donnés par Mlle N. Trouhanowa, la célèbre ballerine russe, devenue Pa- risienne depuis quelques années, vont avoir lieu au théâtre du Châtelet les lundi 22 et mardi 23 avril prochains ce seront de vraies soirées d'art.

Mais, me direz-vous, qu'entendez-vous par ces mots « concerts de danse » ?

C'est précisément ce qui constituera l'attraction, le régal de haut goût de ces deux belles séances et c'est ce qu'il convient d'expliquer. Je suis du reste allé demander ces renseignements à Mlle Trouhanowa elle-même, qui est l'étoile la plus cultivée qui soit, une étoile qui a « des clartés de tout ». Mlle Trouhanowa a des idées très arrêtées, très nettes sur le but de la danse, et elle a bien voulu, au cours d'une répétition sur la scène du Châtelet, m'en donner un aperçu pour les lecteurs du Gaulois.

Je ne peux pas vous donner ,une définition exacte de la.musique, me dit-elle, pas plus que je pourrais vous traduire en deux mots ce que c'est que la lumière; et pourtant ces deux éléments, que je ne peux ni analyser, ni peser, ni palper, ni disséquer, m'ont toujours semblé être de, nature identique, Le mystère de la musique me jette dans un état de délicieuse rêverie. Et pourtant je me pose ce problème dé savoir si un musicien peut arriver à se faire comprendre par le seul langage des sons; je me demande aussi si une idée a son équivalent absolu dans le monde des belles harmonies. Ce qui vous étonnera encore davantage, c'est que je me suis souvent demandé aussi si la danse elle-même peut traduire directement, sans aucune part de convention, les divers états de l'âme. Ces questions troublantes m'ont souvent hantée, et je suis arrivé à cette conclusion que ces deux arts se doivent l'aide la plus complète et que, dans le ballet, la musique doit même avoir le pas sur la chorégraphie. Oui, le geste doit être soutenu par le développement musical; la danse doit être ce qu'est la phrase chantée par rapport à l'étoffe symphonique par exemple.

» Cette conclusion m'a amené à réaliser des programmes de musique pure..Quatre compositeurs des plus réputés de notre belle école française.ont bien voulu m'apporter le concours de leur grand talent pour m'aider à réaliser les idées que me suggère l'art de la danse; ces maîtres sont MM. Vincent d'Indy, Paul Dukas, Maurice Ravel et Florent Schmitt, qui, ayant la même conception de la subordination du geste à l'onde sonore, ont chacun écrit une partition que j'aurai le grand honneur, la joie ineffable d'interpréter au Châtelet. L'accueil flatteur que j'ai reçu l'an passé du public parisien m'a encouragée à solliciter de nouveau, cette fois, sa curiosité. » Mais ces maîtres ont pensé que la musique et la' danse ne suffisaient pas les belles modulations et les belles attitudes ont besoin du concours des arts décora- tifs, de la peinture notamment. Voilà pourquoi les décorateurs, dans l'oeuvre artistique que je vais soumettre au grand public de Paris, sont devenus les collaborateurs les plus directs des musiciens. Le peintre apprend par cœur la partition; il participe à la mise en scène au même titre que le musicien. Le mouvement des cou- leurs est le corollaire absolu du flux et du reflux de l'onde sonore. C'est ainsi que quatre grands peintres ont mis en œuvre les quatre ballets des musiciens dont je vais parler plus en détail. Ces peintres sont MM. Desvalières, avec sa conception sombre, majestueuse, lu- mineuse, qui convenait si bien à l'Istar de M. Vincent d'Indy; Maxime Dethomas, avec sa belle harmonie de lignes, si bien adaptée à la Tragédie de Salomé, de M. Florent Schmitt; M. René Piot, avec son imagination riche, éblouissante, était désigné pour illustrer la Péri de M. Paul Dukas; et M. Drésà, avec ses jolies audaces de tonalités, qui n'excluent pas l'élégance, était tout à fait l'associé artistique de M. Maurice Ravel, le compositeur d'Adélaïde. M. Jacques Rouché, que sa conception artistique de l'art du théâtre a mis en vue, s'imposait pour l'organisation de ces soirées de musique et de ballets il va pour la première fois appliquer sur une grande scène les principes décorateurs qu'il a mis en pratique avec tant de recherche sur la petite scène du théâtre des Arts.

» Aux musiciens est échue la tâche capitale 8e notre programme. » Istar, de M. Vincent d'Indy, c'est cette série de va- riations symphoniques que le grand maître a écrites sur le'poème si curieux d'Izdubar. Istar, fille de Sin, veut: pénétrer dans la demeure des morts, qui est gardée par sept portes; à chaque porte un gardien l'a dépouillée d'un des ornements dont elle est revêtue. Et c'est ainsi qu'elle entré au pays éternel, d'où elle peut ramener le Fils de la Vie qu'elle aime. Nulle conception poétique ne pouvait mieux être traduite par la musique et la chorégraphie.

La Tragédie de Salomé, que M. Florent Schmitt a écrite sur un poème de M. Robert d'Humières, et que j'interpréterai avec Mlle Neith Blanc (Hérodiade) et M. Jacquinet (Hérode), côtoie très lyriquemént la légende célèbre et la modifie en certains détails. La Danse des Perles, l'Enchantement sur la Mer, la Danse des Eclairs, la Danse de l'Effroi en sont les lignes principales. Les voix de la coulisse seront chantées par Mmes Lucy Vuillemin, Courbaterre et Chadeigne, dont le nom seul est un gage de belle et artistique exécution.

La Péri est non pas un ballet, mais un poème dansé, dont M. Paul Dukas a écrit le scénario et la musique; c'est la première œuvre d'un musicien français, œuvre symphonique' faite pour une interprétation de chorégraphie libre. Dans ce conte persan, un prince a appris que sa fin est prochaine; aussi va-t-il à la recherche de la fleur d'immortalité; il la trouve entre les mains d'une Péri; il la lui prend; elle danse pour la reconquérir. Et quand le prince, amoureux de la Péri, voit que la Péri ne pourrait pas remonter au ciel, il lui rend le talisman fleuri, préférant ainsi l'amour à l'immortalité. C'est le danseur russe Bekefi, si pathétique, si expressif, qui me donnera la « réplique ». dans le rôle du prince.

» Quant à Adélaïde, de M. Maurice Ravel, c'est une œuvre romantique qui réalise bien l'épigraphe de la partition Le plaisir toujours nouveau d'une occupation inutile », épigraphe empruntée à..M. Henri de Régnier. C'est une série de valses qui évoqueront tour à tour des ressouvenirs de Schubert ou de Johann Strauss; tout cela réuni en bouquet par un lien ténu.

»̃ N'oubliez pas d'avertir vos lecteurs que les auteurs eux-mêmes dirigeront leurs œuvres et que l'orchestre sera celui des Concerts Lamoureux. »

.Et Mlle N. Trouhdnowa, légère, rapide, fugitive, disparut dans les coulisses du Châtelet, me laissant rêveur et enthousiasmé à la fois sur le programme des deux belles séances sur lesquelles elle a bien voulu livrer ces quelques indiscrétions. Tout-Paris

La Catastrophe

dirTïtais"

UN DÉSASTRE SANS PRÉCÉDENT

Il y aurait 1,500 victimes

868 PERSONNES SONT SAUVÉES

L'Humanité et la Science

Hier, en quelques heures, nous apprenions que le Titanic, le plus grand navire du monde, était en détresse puis que les passagers et l'équipage étaient sauvés et que le Titanic s'acheminait lentement vers le port le plus voisin puis, enfin, que l'énorme bateau avait brusquement coulé, entraînant avec lui, sous les icebergs, un nombre de victimes dont on ne précisait pas le chiffre.

C'est une effroyable catastrophe on nous dit que rien ne permettait de la prévoir. On pouvait cependant l'appréhender, car c'est au mois d'avril que les glaces du Nord se mettent en mouvement, et aucun navire s'aventurant à cette époque dans cette région n'est assuré de n'y point rencontrer la terrible masse qui le peut disloquer, l'écraser et l'anéantir.

On sait à quel péril on s'expose en se hasardant à certains moments dans ces parages mais, au nord, la route est plus courte qu'au sud, on gagne quelques jours, et c'est un profit que les exigences de la concurrence commerciale ne permettent pas de négliger.

Il y a quelques années si ma mémoire me sert bien l'administrateur délégué de la Compagriie générale transatlantique, dans un but d'humanité qu'il convient de louer, proposa aux Compagnies rivales une modification dans l'itinéraire suivi par les grands atlantiques pendant les mois où les mouvements des glaces rendent exceptionnellement dangereuses les traversées par la route du nord il ne fut pas écouté.

Peut-être aujourd'hui, s'il renouvelait sa proposition, obtiendrait-il meilleure fortune, et pourtant le vertige de la vitesse affecte toutes les cervelles arriver le premier paraît être le devoir de tous ceux qui conduisent les hommes à travers l'espace on ne montre aucun souci de la sécurité des passagers quand il s'agit, pour un navire, de gagner quelques heures sur un concurrent. '> En lisant les p remières dépêches on pouvait croire que l'on avait tout d'abord sauvé les passagers des premières classes et que ceux des secondes et des troisièmes avaient dû être abandonnés à leur malheureux sort, en quoi se révélait le sentiment hiérarchique des anglo- saxons qui se manifeste jusque dans les circonstances où ce sentiment-là abandonne d'ordinaire les âmes les mieux disciplinées. Heureusement, d'après les derniers renseignements, l'on a pu sauver un grand nombre de femmes et d'enfants de toutes les classes, et ceci est beaucoup plus conforme à l'humanité et même à la gentilhommerie. C'est d'ailleurs l'exemple qu'avait donné la Bourgogne, où, dans le sauve-qui-peut général, on avait sauvé tous ceux qu'on avait pu sauver, sans distimtion d'aucune sorte, et nous sommes heureux de constater qu'au moins sur ce point, et pour cette fois, le sentiment latin et le sentiment saxon sont d'accord.

Mais 'que u aunes uusei vanuns susdite tenu» terrible catastrophe La science a beau arracher ses secrets à la nature pour supprimer le temps et l'espace, elle a beau construire des appareils merveilleux pour nous assurer le bienfait* de ces secrets, elle ne nous met pas, comme on voit, à l'abri de la mort qui nous menace de toute part. Nous devons toutefois remercier l'illustre Branly de son invention! de la télégraphie sans fil qui a sauvé des centaines de passagers du Titanic.

L. Desmoulins

e Récit

du Naufrage

FAR M. LUCIEN NICOT

L'Angleterre et les Etats-Unis sont en deuil. Une catastrophe épouvantable, telle que les annales maritimes n'en ont pas encore enregistré, vient de frapper les deux pays amis.

Déjà, les télégrammes reçus la nuit dernière ,au sujet de la perte du Titanic laissaient prévoir, en dépit de leur optimisme, que le nau^ frage du grand transatlantique anglais, survenu tout à coup, en pleine nuit, dans des parages redoutés, n'avait pu se produire sans qu'il y ait eu de nombreuses victimes mais, malgré tout, on n'aurait pu supposer que le désastre atteindrait d'aussi terribles proportions. Les dépêches d'hier, hélas 1 n'ont plus laissé aucun doute à cet égard le Titanic avait à bord dix-huit cents passagers et huit cents hommes d'équipage sur ces 2,600 personnes, le tiers à peine a pu être sauvé.

Les premières nouvelles du désastre

Hier matin, à deux heures et demie, nous avons reçu la dépêche suivante que nous avons publiée dans notre Dernière Heure a Le Tita-; nie a coulé à deux heures vingt du matin il n'y a pas eu de victimes. » Une demi-heure après, trop tard pour que nous ayons pu la reproduire, nous recevions la dépêche que voici New-York, 15 avril, 8 h'. 40 du soir (1 h. 35

du matin, heure de Paris).

La White Star Company reconnaît qu'il y a eu beaucoup de morts dans le naufrage du Titanic., Le steamer Olym-pic annonce que le vapeur Carpathia arriva à l'endroit où était le Titanic à l'aube et ne trouva que des bateaux et des épaves. Le vapeur rapporte que le Titanic coula à deux heures vingt du matin il ajoute qu'environ 675 personnes ont été sauvées, comprenant des passagers et des membres de l'équipage. Presque tous les passagers sauvés sont des femmes et des enfants. Cette dépêche était la première qui, en termes encore bien peu précis, annonçait le désastre. Les dépêches reçues ultérieurement n'ont fait que confirmer la désolante nouvelle.

Dans la soirée, d'hier, un câblogramme de New- York donnait le chiffre des personnes sauvées 868, soit 675 passagers et 195 hommes d'équipage. Quant au chiffre des personnes qui, se trouvaient à bord, au moment de la catastrophe, on l'estime, sauf légère erreur, à 2,490. Il y aurait donc un total de 1,432 morts.

Comment s'est produite

la catastrophe

C'est à dix heures vingt-cinq, heure de NewYork (deux heures du matin, heure de Paris), dans la nuit de dimanche à lundi, que le Titanic, passant à milles environ de Cape-Race (Terre-Neuve), a été abordé par un immense iceberg. Quatre heures après, à deux heures vingt, au moment où il cherchait à gagner la côte, le navire sombrait.

Aussitôt ^nrès la collision, le télé.graphe sans