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Titre : Le Gaulois : littéraire et politique

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1884-02-17

Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication

Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication

Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 94503

Description : 17 février 1884

Description : 1884/02/17 (Numéro 580).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k5249236

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 21/02/2008

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H t!t)!)M~ M<! tMM

M rnuMiM~

H BUEME AU SOUDAtt

LA RÉUNION JÉROMISTE Le prince Victor

CO~ÊD!E MtN!STÈmELLE

M&INTIBN DE M. TIRA.RD

a~V~GHjrB :D'.A.T~.A.:N'0 LesKiMMstea

La frontière daa Indes

Londret), 16 février, 5 h.

L'annexion do Mer 7 par la. Russie a produit une impression profonde dans les sphères politiques d'ici, et l'on dit ouvertement que la Russie n'aurait jamais osé violer ses .promesses formelles à l'égard de l'Angleterre, Bi elle ne s'était pas aperçue que le gouvernement de M. Gladstone est aux prises avec les dlf&cultés du Soudan.

La Russie se trouve actuellejment en mesure d'agir contre la frontière <~es Iodes, si l'Angleterre voulait Intervenir dans les Bal-

T:ai!s.

Lord Beaconsneld aurait répondu à l'occupation de Mer v par l'occupation do Caboul, do Candahar et de Herat; mais M. Gladstone n'enverra même pas de protostation & Saint-

Pétersbourg.

La guerre au Soudan

Londres, 16fëvrîer,6 h. 65.

La question d'envoyer une partie des troupes anglaises à Khartoum, 3,000 hommes environ, avec le général Bullor, a été examinée et il y Bera probablement donné suite, car le général Gordon ne peut réussir dans sa mis sion qu'autant qu'il sera appuyé par une force armée. On afSrme, du 'reste, que le général Gordon a demandé des secours. Le général est attendu demain à Khartoum.

Les premières troupes anglaises arriveront lundi & Souakim ce sont des troupes qui, 'venant des Indes, ont reçu l'ordre, à Suez, de se placer sous le commandement de l'amiral Hewett.

L'armée anglaise ne .sera pas en état -de marcher sur Tokar avant la fin du mois. La garnison de cette ville peut tenir jusqu'à jcotto époque. Une fois cette place prise, les troupes marcheront surSinkat,qui commande la route de Berber à Souakim, qui doit devenir libre pour que le général Gardon puisse .recevoir des secours. La moitié de la population de Sinkat a été massacrée lors du sac de cette ville après la déroute du général Baker et la mort de TewnkBey.

La réunion jérômiste

Aujourd'hui a lieu, au cirque d'Eté, la réunion organisée par les amis dt[ prince Napoléon.

Le président, M. Maurice Richard, ouvrira 1& séance par une courte allooutioa MM. Pascal et Longlé prendront ensuite la parole. -L'un parlera de la revision, de la façon d'y procéder, de la nomination d'une Consti tuante l'autre traitera spécialement de l'élection directe du chef de l'Etat par le peuple, en cas de vacance de la présidence de la République.

Il ne sera fait aucune allusion aux récents incidents survenus entre jérômiates et victoriens.

` Lt princie Victor

Le prince Victor Napoléon est arrivé inopinément, hier matin, de Moncalieri à Paris, chez son père, le prince Napoléon.

Le prince Victor a déjeuné avec le prince Napoléon, qui avait encore à table MM. le ~aron Brunet et Frédéric Masson.

Après le déjeuner, le prince Napoléon, le prince Victor et MM. Brunet et Masson ont fait à pied une longue promenade.

Comédie ministérielle

La Chambre a voté hier, en première lecture, une loi sur les emblèmes séditieux, mais qui n'est pas celle présentée par M. Waldeck-Rousseau, dont il ne reste plus rien. En enet, Fartiolo 1er du projet ministériel a été remplacé par un amendement de M. Antonin Dubost, l'article 3 par un amendement de M. Gatineau, l'article 4 par un amendement de M.Goblot, et ainsi de suite. Aussi, devant ce résultat, M. WaldeckRousseaun'atil pu dissimuler son dépit, ~t a-t-il annoncé qu'il se retirait. Mais M. Ferry s'est empressé de le faire revenir sur cette détermination, qui aurait eu pour premier effet d'amener une dislocation complète du cabinet; car M.Martin-Feuillée aurait d& logiquement donner aussi sa démission, puisque c'est le garde des sceaux qui a combattu l'amendement Goblet, adopté par trente-huit voix de majorité.

Des amis intimes de M.Waldeck Rousseau, tels que MM. Dreyfus, Deluns-Montaud, ont voté contre le ministre, tant le projet de celui ci était détestable.

Ce qu'il faut admirer, c'est la désinvolture a.v~c laquelle le cabinet Ferry a accueilli ce .nouvel ëchoc– le douzième depuis .deux mois.

Un quart d'heure & peine après l'adoption de l'amendement Goblet, un député ministé fiel de Loiro-ot-Cher, M. T. qui n'était pas dàMia salle des séances au moment du vote, $'est approché de M. Ferry et lui a de-

Eh bien, monsieur le président du consei!, il y a donc un accroc ? f

Quel accroc ? a répondu M. Ferry. Mais. le vote de l'amendement Goblet. Bast t a fait M. Ferry, avec un geste qui voulait dire Je n'y pensais déj& plus l Le maintien de M. Tirard

.M. Tirard garde décidément son portefeuille.

Devant les attaques dont il a été l'objet de toute part, M. Tirard a onërt do donner sa démiMion, mais M. Ferry l'a prié de pester.

Chose bizarre, c'est M. Jules Ferry qui avait inspiré quelques-unes de ces attaques, anade tâcher de dégager sa'responsabilité de l'échec de l'emprunt.

Quant aux. raiso'hs qui ont déterminé le président du conseil à conserver M. Tirard dans le ministère, elles sont du même ordre que celles qui ont empêchée hier, la retraite de M. Waldëck Rousseau

Danger, dans la situation actuelle du Parlement, de faire des modi&cations de personnes dans le cabinet

Difficulté de donner des successeurs aux ministres démissionnaires, sans soulever de nouveaux mécontentements dans les rangs ébranlés de la majorité;

Nécessité de ne pas compromettre les négociations suivies à l'étranger.

L'évêque d'Albano

Rome, 16 février, 7 h. 25 soir.

Le cardinal Monaco La Valetta, que le cardinal Parocchi remplace comme vicaire de Sa Sainteté, chargé des fonctions épiscopàles dans le diocèse de Rome, dont le Pape est évëqne,– le cardinal Monaco La Valetta doit être nommé évequo suburbicairo d'Albano, dans le prochain consistoire.

Le précédent évoque suburbicaire d'Albano était le cardinal prince de Hohenlohe, qui s'est demis de ce siège.

Les nihilistes

iMterbourg (frontière russe)

16 février, 1 h. 42.

On signale, de CharkoS, l'assassinat d'un nommé Chkriaba, qui, après avoir été affilié à la conspiration nihiliste, s'était vendu à la police.

Ce fait ayant été constaté après l'assassinat du colonel Soudéïkin, dont les papiers secrets sont tombas entre les mains des anarchistes, la mort de Chkriaba fut décidée par le comité central, dont l'arrêté a été immédiatement exécuté.

LA PARURE C'était une de ces jolies et charmantes filles, nées, comme par une erreur du destin, dans une famille d'employés. Elle n'avait pas de dot, pas d'espérances, aucun moyen d'être connue, comprise, aimée, épousée par un homme riche et distingué et elle se laissa marier avec un petit commis du ministère de l'instruction publique.

Elle fut simple ne pouvant être parée, mais malheureuse comme une déclassée car les femmes n'ont point de caste ni de race, leur beauté, leur grâce et leur charme leur servant de naissance et de famille. Leur nnesso native, leur instinct d'élégance, leur souplesse d'esprit sont leur seule hiérarchie, et font des filles du peuple les égales des plus grandes dames. EUo souffrait sans cesse, se sentant née pour toutes les délicatesses et tous les luxes. Elle souffrait de la pauvreté de son logement, de la misère des murs, de l'usure des sièges, de la laideur des étoffes. Toutes ces choses, dont une autre femme de sa caste ne se fût même pas aperçue, la torturaient et l'indigaaient. La vue de la petite Bretonne qui faisait son humble ménage éveillaiten elle des regrets désolés et des rêves éperdus. Elle songeait aux antichambres muettes, capitonnées avec des tentures orientales, éclairées par de hautesjtorohères debronze, et aux deux grands valets en culotte courte qui dorment dans les larges fauteuils, assoupis par la chaleur lourde du calorifère. Eue songeait aux grands salons vêtus de soie ancienne, aux meubles Bns portant des bibelots inestimables, et auxpetits salons coquets, parfumés, faits pour la causerie de cinq heures avec les amis losplus intimes, I&ar hommes connus et recherchés dont toutes les femmee envient et désirent l'attention.

Quand eUe s'asseyait, pour dîner, devant latablerondecouverted'ane nappe de trois jeurs,en face de son mari qui découvrait la soupière en déclarant d'un air enchanté < Àh < le bon pot-au feu t je ne sais rien de meilleur que cela. < elle songeait aux dîners nns, aux argenteries reluisantes, aux tapisseries peuplant les murailles de personnages anciens et d'oiseaux étranges au milieu d'une forêt de féerie elle songeait aux plats exquis servis en des vaisselles merveilleuses, aux galanteries chuchotées et écoutées avec un sourire de sphinx, tout en mangeant la chair rosé d'une truite ou des ailes de gelinotte.

Elle n'avait pas de toilettes, pas de bijoux, rien. Et elle n'aimait que cela; eliese sentait faite pour cola. Elle eût tant désiré plaire, être enviée, être séduisante et recherchée.

EUe avait une amie riche,une camarade de couvent qu'elle ne voulait plus allervoir,tant elle soufrait en revenant. Et elle pleurait pendant des jours entiers, dechagrin, de regret, de désespoir et dé détresse.

<~

Or, un soir, son mari rentra, l'air glorieux, et tenant à la main une large enveloppe.

Tiens, dit-il, voici quelque chose pour toi.

Elle déchira vivement le papier et en tira une carte imprimée qui portait ces mots

< Le ministre de l'instruction publique et Mme Georges Ramponneau prient M. et Mme Loisel de leur faire l'honneur de venir passer la soirée à l'hôtel du ministere, le lundi 18 janvier. <

Au lieu d'être ravie, comme l'espérait son mari, elle jeta. avec dépit l'invitation sur la table, murmurant

Que veux tu que je fasse de cela? '] Mais, ma chérie, je pensais que tu serais contente. Tu ne sors jamais, et c'est une 0ccasion,cela, une belle t J'ai eu une peine innnie a. l'obtenir, tout le monde en veut c'est très recherché et on n'en donne pas beaucoup aux employéa. Ta verrai tout le mon<te of~çiel,

EUe le regardait d'un œil irrite, et elle déclara avec impatience:

Que veux tu que je me mette sur le dos pour aller là?

Il n'y avait pas songé il balbutia Mais la robe avec laquelle tu vas au théâtre. Elle me semble tres bien,à moi. Il se tut, stupéfait, éperdu, en voyant que sa femme pleurait. Deux grosses larmes descendaient lentement des coins des yeux vers les coins de bouche il bégaya

–Qu'as tu? qu'as-tu? 9

Mais, par un effort violent, elle avait dompté sa peine et elle répondit d'une voix calme en essuyant ses joues humides

Rien. Seulement je n'ai pas de toilette et par conséquent je ne peux aller à cette fête. Donne ta carte à quelque collègue dont la femme sera mieux nippée que moi.

Il était désolé. Il reprit

Voyons~ Mathilde. Combien cela coûterait-il, une toilette convenable, qui pourrait~ te servir encore en d'autres occasions, quelque chose de très simple ? Elle réûéchit quelques secondes, établissant ses comptes et songeant aussi à la somme qu'elle pouvait demander sans s'attirer un refus immédiat et une exclamation effarée du commis économe. Enfin elle répondit en hésitant Je ne sais pas au juste, mais il me semble qu'avec quatre cents 'traces je pourrais arriver.

» Il avait un peu'pâH,caril réservait juste cette somme pour acheter un fusil et s'offrir des parties de chasse, l'été suivant, dans la plaine de Nanterre, avec quelques amis qui allaient tirer des alouettes, par !à, le dimanche.

Il dit cependant:-

Soit. Je te donne quatre cents francs. Mais tâche d'avoir une belle robe.

Le jour de la fête approchait, et Mme Loisel semblait triste, inquiète, anxieuse. Sa toilette était,prête cependant. Son mari lui dit un soir

Qu'as-tu ? Voyons, tu es toute drôle depuis trois jours.

Elle répondit

Cela m'ennuie de n'avoir pas un bijou, pas une pierre, rien à mettre sur moi. J'aurai l'air misère comme tout. J'aimerais presque mieux ne pas aller à cette soirée.

li reprit

Tu mettras des neurs naturelles. C'est très chic en cette saison-ci. Pour dix francs tu auras deux ou trois roses magnifiques.

Elle n'était point convaincue

Non. il n'ya rien de plus humiliant que d'avoir l'air pauvre au milieu de femmes riches.

Mais son mari s'écria

Que tu es bête 1 Va trouver ton amie Mme Forestier et demande lui de te prêter des bijoux. Tu es bien assez liée avec elle pour faire cela.

EUe poussa un cri de joie

C'est vrai. Je n'y avais point

pensé.

Le lendemain, elle se rendit chez son amie et lui conta à sa détresse.

Mme Forestier alla vers son armoire à glace, prit un large coSret, l'apporta, l'ouvrit, et dit à Mme Loisel

Choisis, ma chère.

Elle vit d'abord des bracelets, puis un collier do perles, puis une croix vénitienne, or et pierreries, d~un admirable travail. Elle essayait les parures devant la glace, hésitait, ne pouvait se décider à les quitter, à les rendre, Elle demandait toujours ·.

Tu n'as plus rien autre ? 9

Mais si. Cherche. Je ne sais pas ce qui peut te plaire.

Tout à coup elle découvrit, dans une boite de satin hoir, une superbe rivière de diamants; et son cœur se mit à battre d'un désir immodéré. Ses mains tremblaient en la prenant. Elle l'attacha autour de sa gorge, sur sa robe montante @t demeura en extase devant elle-même. Puis, elle demanda, hésitante, pleine d'angoisse:

–Peux-tu me prêter cela~ rien que cela?

Mais, oui, certainement.

EUe sauta au cou de son amie, l'embrassa avec emportement, puis s'enfuit avec son trésor.

Le jour de la fête arriva. Mme Loisel eut un succès. Elle était plus jolie que toutes, élégante, gracieuse, souriante et folle de joie. Tous les hommes la regardaient, demandaient son nom, cherchaient à être présentés. Tous les attachés du cabinet-voulaient valser avec elle. Le ministre la remarqua.

Elle dansait avec ivresse, avec emportement, grisée par le plaisir, ne pensant plus à rien, dans le triomphe de sa beauté, dans la gloire de son succès, dans une sorte de nuage de bonheur fait de tous ces hommages, de toutes ces admirations, de tous ces désirs éveillés, de cette victoire si complète et si douée au cœur des femmes.

Elle partit vers quatre heures du matin. Son mari, depuis minuit, dormait dans un petit salon déserta avec trois autres messieurs dont les femmes s'amusaient beaucoup.

Il lui jeta sur les épaules les vêtements qu'il avait apportés pour la sortie, modestes vêtements de la vie ordinaire, dont v la pauvreté jurait avec l'élégance de la toilette de bal. Elle le sentit et .voulut s'enfuir pour n'être pas remarquée par les autres femmes qui s'enveloppaient de riches fourrures.

Loisel la retenait

Attends donc. Tu vas attraper froid dehors. Je vais appeler un fiacre.

Mais elle ne l'éeoutait point et deacendait rapidement l'escalier. Lorsqu'ils furent dans la rue, ils ne trouvèrent pas de voiture; et ils se mirent à chercher, criant après les cochers qu'ils voyaient passer de loin.

Ils descendaient vers la Seine, désespô-

j'és,'grelottants. Eaûn ils trouvèrent sur le quai un de ces vieux coupés noctambules qu'on ne voit dans Paris que la nuit venue, comme s'ils eussent été honteux de leur misère pendantle jour.

Il les ramena jusqu'à leur porte, rue des Martyrs. Et ils remontèrent tristement chez eux. C'était fini, poureUe. Et il songeait, lui, qu'il lui faudrait être au Ministère à dix heures.

EUe ôta les vêtements dont elle s'était enveloppée les épaules, devant là glace, ann de se ybip encore une fois dans sa gloire. Mais soudain elle poussa un cri. Elle n'avait plus sa rivière autour du cou 1

Son mari, à moitié dévêtu déjà, demanda

Qu'est-ce que tu as ?

Elle se tourna vers lui, an'oléë

J'ai. j'ai. je n'ai plus rivièi'é de Mme Forestier t

Il se dressa, éperdu

Quoi). somment t. Ce n'est pas possible i

Et ils cherchèrent dans les plis de la robe, dans les plis du manteau, dans les poches, partout. Ils ne la trouvèrent

point.

Il demandait

Tu es sûre que tu l'avais encore en quittant le bal ?

Oui, je l'ai touchée dans le vestibule du Ministère. Mais si tu l'avais perdue dans la rue, nous l'aurions entendue tomber. Elle doit être dans le nacre ? q

Oui. C'est probable. As-tu pris le numéro? q

Non. Et toi tu ne l'as pas regardé? R Non.

Ils se contemplaient atterrés. Enûn Loisel se rhabilla.

Je vais, dit-il; refaire tout le trajet que nous avons fait à pied, pour voir si je ne la retrouverai pas.

Et il sortit. Etiedemeura en toilette de soirée, sans force pour se coucher, abattue sur une chaise, sans feu, sans pensée.

Son mari rentra vers sept heures. Il n'avait rientrouvé.

11 se rendit à la Préfecture de police, aux journaux pour faire promettre une récompense, aux compagnies de petites voitures, partout enfin où un soupçon .d'espoir le po tissait.

Elle attendit tout le jour dans le même état d'égarement devant cet anreux desastre.

Loisel revint le soir, avec la figure creusée, pâlie il n'avait rien découvert. H faut, dit-il, écrire à ton amie que tu as brisé la fermeture de sa rivière et que tu la fais réparer. Cela nous donnera te temps de nous retourner.

Elle écrivit sous sa dictée.

.<

Au bout d'une semaine ils avaient per-

du toute espérance.

du toute rance.

Et Loisel, vieilli de cinq ans, déclara Il faut aviser à remplacer ce bijou. Ils prirent, le lendemain, la boite qui l'avait renfermé, et se rendirent chez le joaillier dont le nom se trouvait dedans. Il consulta ses livres

Ce n'est pas moi, madame, qui ai vendu cette rivière, j'ai dû seulement fournir l'écrin.

Il Alors ils allèrent de bijoutier en bijoutier, cherchant une parure pareille à l'autre, consultant leurs souvenirs, malades tous deux de chagrin et d'angoisse. Ils trouvèrent, dans use boutique du palais Royat,un chapelet de diamants qui leur parut entièrement semblable à celui qu'ils cherchaient. Il valait quarantemille francs. On le leur laisserait à trente-six mille.

Ils prièrent donc le joaillier de no pas le vendre avant trois jours. Et ils firent condition qu'on le. reprendrait, pour trente quatre mille francs, si le premier était retrouvé avant la fin de février. Loisel possédait dix-huit mille francs que lui avait laissés son père. Il emprunteraitle reste.

Il emprunta, demandant mille francs à l'un, cinq cents à l'autre, cinq louis parci, trois louis par-là. Il fit des billets, prit des engagements ruineux, eut à faire aux usuriers, à toutes les races de prêteurs. Il compromit toute la fin de son existence, risqua sa signature sans savoir même s'il pourrait y faire honneur, et, épouvanté par les ~angoisses de l'avenir, par la noire misère qui allait s'abattre sur îui, par la perspective de toutes les privations physiques et de toutes les tortures morales, U alla chercher la rivière nouvelle en déposant sur le comptoir du marchand trente-six mille francs.

Quand Mme Loisel reporta la parure à Mme Forestier, celle-ci lui dit, d'un air froissé:

Tu aurais dû me la rendre plus tôt. Car, esnn, je pouvais en avoir besoin. –EUe n ouvrit pas l'écrin, ce" que redoutait son amie. Si elle s'était aperçue de la substitution, qu'aurait-elle pensé? Qu'aurait-elle dit? Ne l'aurait elle pas prise pour une voleuse ? q

<~

Mme Loisel connut la vie horrible des nécessiteux. Elle prit son parti, d'ailleurs, tout d'un coup, héroïquement. Il fallait payer cette dette effroyable, EUepayorait. On renvoya la bonne; on changea de logement on leua sous les toits une mansarde.

Elle connut les gros travaux du ménage, les odieuses besognes de là cuisine. Elle lava la vaisselle, usant ses ongles rosés sur les poteries grasses et le fond des casseroles. Eile savonna le linge sale, les chemises et les torchons, qu'eHe faisait sécher'sur une corde .elle descendit à la rue, chaque matin, les ordures, et monta l'eau, s'arrêtant à chaque étage pour soufQer. Et, vètup comme unefemme du peuple, elle a!la chez le fruitier, chez l'épicier, che~ le boucher, le panier au bras, marchandant, injuriée, défendant sou à sou son misérable argent.

Il fallait chaque mois payer des billets, en renouveler d'autres, obtenir du temps. Le mari tr~vaUlaiUe soir à m~ty~ au

net les comptes d'un commerçant, et la nuit, souvent, il~faisait de la copie à cinq sous la page. 11

Et cette vie dura dix ans.

Au bout de dix ans, ils avaient tout restitué, tout, avec lé taux de l'usure et l'accumulation des intérêts superposés. Mme Loisel semblait vieitte, maintenant. Elle était devenue la femme forte, et dure, et rude, des ménages pauvres. Mal peignée, avec les jupes de travers et les mains rouges, elle parlait haut, lavait à grande eau les planchers. Mais parfois, lorsque son mari était au bureau, elle s'asseyait auprès de la fenêtre, et elle songeait à cette soirée d'autrefois, à ce bal où elle avait été si belle et $i fêtée. Que serait il arrivé si elle n'avait point perdu cette parure Qui sait? qui sait? Comme la vie est singulière, cbaûgeao te ) Comme il faut peu de chose pour vous perdre ou vous sauver ) l

Or,jun dimanche, comme elle était allée faire un tour aux Champs-Elysées pour se détasser des besognes de la semaine, elle aperçut tout à coup une femme qui promenait un enfant. C'était Mme Forestier, toujours jeune, toujours belle, toujours séduisante.

Mme Loisel se sentit émue. Allait elle lui parler ? Oui, certes. Et maintenant, Qu'elle avait payé, elle lui dirait fout. Pourquoi pas ? 2

Elle s'approcha

–Bonjour, Jeanne.

L'autre ne la -reconnaissait point, s'étonnant d'être appelée ainsi familièrement par cette bourgeoise. EUe batbutia Mais. madame. Je neSais. Vous devez vous tromper ? q `

Non. Je suis Mathilde Loisel.

Son amie poussa un cri

–Oh! ma pauvre Mathilde, comme tu es changée).

Oui, j'ai eu des jours bien durs, depuis que je ne t'ai vue; et bien dea misères et cela à cause dé toit.

De moi. Gomment ça )

Tu te rappeUes bien cette rivière de diamants que tu m'as prêtée pour allej~ à la fête du Ministère.

–Oui.EhDien7 l

–Ehbienjeraiperduë.

Comment t' puisque tu me l'as rap'portée. t 'te

Je t'en rapporté une autre toute pareille. Et voilà dix ans que nous la payons. Tu comprends que ça n'était pas aise pour nous qui n'avions rien. En6n c'est nni, et je suis rudement contente. Mme.Forestier s'était arrêtée `

Tu dis que tu as acheté une rivière de diamants pour remplacer mienne? Oui. Tu ne t'en étais pas aperçue, .hein? Elles étaient bien pareilles. Et elle souriait d'une joie orgueilleuse et naïve.

Mme Forestier, fort émue, lui prit les deux mains.

Oh t ma pauvre Mathilde 1 mais la mienne était fausse t Elle valait au plus cinqcentsfrancst.

TBUY CE MAUPASMMT

L MC DM MMÏ On n'est pas plus battu, que M. MartinFeuilléè l'a été dans la séance d'hier. La majorité de M. Ferry lui a, comme on dit, claqué dans lamain de la belle façon.L'autre jour, elle lui avait donné, sur la même loi relative aux manifestations sur la voie publique, une majorité stupéfiante, une majorité de cent voix plus forte que celle sur laquelle lui et ses amis comptaient. On était sorti de la séance en se disant < Ce ministère à décidément fait un pacte avecl~a Chambre. C'est un mariage indissoluble. H aura beau faire, il aura beau se mettre en contradiction, avec lui même, donner de scandaleux démentis à toutes les promesses de la république; rien n'y fera; on le gardera toujours, parce qu'on ne sait pas comment le remplacer. » M. Goblet a paru, il à parlé,et la Chambre s'est déjugée elle a culbuté la loi en décidant que les nouveaux délits que M. Waldeck-Rousseau a découverts seraient déférés, non à la justice correctionnelle, mais au jury. La justice correctionnelle, c'était monstrueux.Mais, là loi elle même n'est-elle pas monstrueuse, et M. MartinFeuillée a déclaré qu'avec le jury la loi était inapplicable. On a voté le jury. Donc, la loi est culbutée et le ministère aussi. Du moins, il devraitl'ètre, si nous vivions sous un régime tant soit peu parlemen-taire.

Certos.le coup que viennent de recevoir MM. Martin Feuillée'et Waldeckest rude. Mais, comme on chante daa~ le jBs~&e-B~Mg d'Offenbach, quand on en a l'habitude).

Nous sommes curieux do voir comment le cabinet s'y prendra pour éluder les conséquences de cette nouvelle défaite, sur un terrain où il était pour lui à peu. près également honteux de vaincre et d'être vaincu, car jamais avec plus de cynisme ne furent foulés ~au pied les engagements les plus formels €t les garanties les plus élémentaires.

Jamais on n'avoua plus cyniquement que, si l'on a voulu instituer une ~c~s~rs~Mrg coMcT~e selon le mot d&X Paul de Cassagnac, si nous a?c~s bonne mémoire, c'était pou? s~en servir. Magistrature couchée pour rendre la justice majorité docile jusqu'à l'aveuglement voilà comment nos gouvernants entendent l'indépendance et la dignité; voilà les instruments qu'il leur faut.

Eh bien, la majorité a eu cette fois honte d'elle-même; elle a. rougi de son aplatissement. Il est difncile de lui tenir grand compte de ce réveil accidentel qui aura pourtant servi à montrer au ministère que la coupe trop pleine peut nnir par déborder.

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LE MONDE ET LA VtLLE

Ballottage dul6 février, au Jockey Club. Admis le duc de Lorge parrains la vicomte de Durfort, le comte de ~ieolay: Pas d'autre candidat.

M. Clément, commissaire de police aux délégations judiciaires, poursuit depuis deux jours, avec une graude prudence et beaucoup d'habileté, l'enquête qui lui a été connëe par le parquet sur l'aS'aire de la rue Royale.

M. Clément commencera lundi ou mardi a. entendre les dépositions des personnes qui lui seront indiquées comme pouvant fournir d'utiles renseignements à la justice.

Les nouvelles de la santé de M. Caro sont excellentes.

L'éminent professeur, qui s'est trouvé indisposé au sortir de Sou dernier cours à la salle Gerson, pourra reprendre la série de ses brillantes conférences le 3 mars.

Le journal du matin qui avait dernièrement mis en doute l'entière authenticité de la liste des propositions pour le grade de général de brigade que nous avons donnée, nous cite deux noms d'officiers du génie, lesquels, d'après lui, ont été, le premier, nommé dernièrement général. l'autre mis tout récemment à I& retraite, et ne peuvent par conséquent, dit-il, avoir été conservés au tableau d'avancement.

Notre confrère oublie une chose, c'est que,quoiquecetableau existe,les ministres delà guerre choisissent parfois un ofncier dont le nom a été réservé pour l'année suivante, c'est ce qu'on appelle être au tableau supplémentaire, et le nomment d'emblée général, le faisant ainsi passer par-dessus les autres. Mais il faut toutefois légitimer la promotionnel l'ofacier est porté au tableau de l'année suivante, pour en être rayé aussitôt; c'est ainsi que cela «'est passé hier pour le colonel Becker, et ily a quelques mois pour les colonels Castanier et Pierre, qui n'étaient proposés in les uns ni les autres.

il est vrai que, comme compensation,on laisse prendre leur .retraite, par limite d'âge, comme colonels, à certains autres OfËci~rs proposés depuis deux ou trois années déjà, tels que le colonel de Gail par exemple.

D'ailleurs, il se peut qu'un ofûcier ait déjà été promu, lorsque les tableaux d'avancement sont établis d'une maniera definitive. H est possible de s'en rendre compte en prenant le .ToM~a~ o/c~ d'avant-hier~où ceux de ces tableaux qui doivent voir le jour ont été publiés; on y verra les noms de MM. Balley, médecin principal de deuxième classe; Duchemin et Chambé, médecins-majors, qui ont été nommés au grade supérieur il y a déjà près de six semaines.

Enfin en ce qui concerne la mise à la retraite, qu'on se rappelle qu'un officier, M. Tarnier, chef d'escadron de gendarmerie, ne put, il y a dix mois, passer lieutenant-colonel, quoique proposé pour ce grade la limite d'âge venait de l'atteindre quand le tableau fut publié. Que ce soit une erreur du ministère, soit t Tout ~st possible lorsqu'on voit nommer chef d'escadrons un capitaine de cavalerie, M. Camena d'Almeida, atteint ''par cette même Haute d'âge depuis cinq jonrs et mort depuis quarante huit heures.

Carnet mondain

Hier samedi, comme nous l'avions annoncé, très jolie soirée chez Mme la duchesse de la Torre, en l'honneur de dona a Ventura, sa SUe.

On a joué les ~ro~~ m~ <<m~, comédie d~ Nicôlie. avec le concours de Mlles Thénard, de la Comédie-Française, et Henriot, de l'Odéon, et M. Mayer, du Vaudeville.

Puisla~oM~de feu Desroseaux, comédie en un acte, interprétée par Mlle ThénardetM.Mayer.'

La ~~MK~MoM, monologueMÛe Thénard, dit par l'autour.

_Et,ennn, 7~~ ~o~Mg, par Mlle Hennot.

Parmi invités Mme la baronne Decaz~.stackelberg, M. et Mme Mello, le marquis et la marquise de Val Carlos, M. et Mme Dël Rubio (~uillen.

Le baron et la baronne de Barante réunissaient hiersoir.boulevardHaussmann, l'élite de la société parisienne, au sujet du contrat de mariage de leur troisième fille, Mile Suzanne de Barante, avec M. de Douzon, grand propriétaire.

Le baron de Barante, Ris de l'illustre auteur des-DMc~~ ~oM~o~MC, est très aimé, très répandu dans le monde; il & été longtemps député et sénateur du département du Puy-de-Dôme, II possède la grande terre et le beau cMteau de Barante.