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Titre : Le Gaulois : littéraire et politique

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1868-08-16

Contributeur : Pène, Henri de (1830-1888). Directeur de publication

Contributeur : Tarbé des Sablons, Edmond Joseph Louis (1838-1900). Directeur de publication

Contributeur : Meyer, Arthur (1844-1924). Directeur de publication

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb32779904b/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 16 août 1868

Description : 1868/08/16 (Numéro 43).

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Commun Patrimoine: bibliothèque numérique du réseau des médiathèques de Plaine commune

Description : Collection numérique : La Commune de Paris

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k519179v

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 26/01/2008

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La journée e politique Deux faits de la. plus haute gravité ont signalé la journée d'hier.

L'EMPEREUR N'A PAS PRONONCÉ DE DISCOURS.

L'EMPEREUR A .PRÉSENTE SON FILS A LA BOURGEOISIE PARISIENNE,

Je ne saurais vraiment, dire auquel, de ces deux faits je reconnais la plus haute importance.

En ne prononçant .pas de discours, l'Em- pereur a fait. preuve d'une franchise digne de lui et de la France.

Il reconnaît implicitement, par son silence, que l'heure n'est plus des palliatifs anodins et des consolations enfantines dont les peuples faibles sont affamés. L'Empereur ne fait pas l'avenir, il le s~bit et le prévoit peut-être; et comme il sent que les événements le poussent en ayant, il ne veut pas qu'on puisse, un jour, l'accuser d'avoir trompé la foi publique. Avoir témoigné la crainte que l'horizon pût s'assombrir, c'eût été déclarer la guerre.

Avoir promis la paix, c'eût été s'exposer à recevoir un démenti prompt et formel. L'Empereur n'a pas parlé et je le déclare hautement, depuis que les Français lui ont confié le soin de leurs destinées, c'est l'acte le plus loyal et le plus franc de tout son règne.

En présentant pour la première fois son fils à la bourgeoisie parisienne l'Empereur a fait un pas considérable vers le régime constitutionnel.

Il est venu dire à tout un peuple qu'il se confiait en lui et qu'il lui demandait pour son fils anection et dévouement.

Faire traverser les rangs de la garde nationale à celui qui doit être Napoléon IV, c'est dire aux Parisiens que l'Empire cesse de s'appuyer uniquement sur les bayonnettes de l'armée et sur.les balles des Chassepots, c'est appeler chacun de ses sujets dans son conseil et substituer à l'action de la force trop longtemps exercée l'action de la masse populaire et de .la masse bourgeoise.

Depuis seize années d'Empire, la France n'avaitpas encore été traitée M~'oM~/M~ autant qu'elle l'a été hier.

EDMOND TARBË.

S)~ME AUX GMLMS

En vérité je vous le dis, mes très chers frères, il fait encore plus chaud qu'on ne le croit. Le thermomètre de l'ingénieur Chevalier raconte ce qu'il sait, mais il ne sait pas tout. La température morale est sujette à des oscillations plus marquées que la température physique; on compte trente degrés à l'ombre des murs et soixante à l'ombre des chapeaux.

Je ne suis plus un jeune homme, hélas non Il y a vingt ans et deux jours que je sortais du Lycée, et qu'après avoir embrassé publiquement M. de Vaulabelle

FeaiHetom du SAtMIS du i6 août 1868. –N"8 8 LES COQiitNS TRIOMPHANTS

PAR

JU LES NORtAC

Rauet s'en mêla, en effet, et trois semaines après le mariage était bâclé. Auderstein, l'enfant du bonheur, se maria à la campagne dans la petite église de Brunoy. Les témoins furent Adolphe Adam et Victor Massé, une jeune gloire et une vieille gloire. Le monde s'occupa de ce mariage, et il n'y eut que des amis à la messe.

Anderstein était né pour avoir tous les avantages et jamais les inconvénients. Il mangea le miel des rayons de sa lune sur du beau pain frais et odorant. Le soir il mettait son bras autour de la taille de sa <) Toate reproduction interdit.

(honni soit qui mal y pense .') je dinais à la table de cet éloquent historien, entre le gênerai Cavaignac et M. Marie, ministre de l'intérieur M. Marie était à ma droite il est passé à gauche 'depuis longtemps. La veille ou l'avant-veille de ce jour mémorable pour moi, le gouvernement républicain avait rétabli le cautionnement des journaux la réaction marchait déjà bon train dans ce libre pays de France. Mais trêve de souvenirs! gardons une réserve pour nos vieux jours. Ce que j'avais à cœur de dire, c'est que je n'ai pas vu depuis vingt ans les passions échauffées et les esprits tendus comme aujourd'hui.

Les explosions se succèdent sans intervalle, comme les coups de fusil dans un feu de file bien notfrri. Tout est prétexte à violences les articles de journal, les audiences de la police correctionnelle, les élections, les processions, les distributions de prix, le bal des canotiers. Si nous ne dansons plus surun volcan, nous naviguons sur un océan de pétrole avec des allumettes plein nos poches.

Le coup de tête du jeune Cavaignac a pu charmer quelques hommes de parti, mais le bon sens, qui n'a pas perdu tous ses droits de cité chez nous, s'en afflige. Pauvre enfant, mal inspiré ou mal conseillé, écoute un vieux camarade du lycée Charlemagne, un de ceux dont tu as pu lire le nom dans notre antique salle des prix. Tu as raison de vénérer la mémoire de ton père qui fût vaillant soldat et homme de bien tu as tort d'afficher des rancunes que sa grande âme n'approuverait pas. A qui pensais-tu faire afiront? Au ministre? A l'homme le plus libéral qui se soit approché des affaires depuis 1848 ? A celui que ses collègues eux-mêmes appellent quelquefois le ministre de l'Opposition ?

Mais le général Cavaignac, s'il était encore de ce monde, ne pourrait refuser son estime à M. Duruy il le remercierait d'organiser enfin l'instruction du peuple et d'achever ce que la République faute de temps, n'a pu même ébaucher.

Mais peut-être cherchais-tu querelle au Prince Impérial, à cet enfant aimable et doux, qui n'était pas né en 1851? Où allonsnous, jeune homme, et que deviendras-tu ~toi-même, si la mort ne termine rien ? Si la vengeance sort des tombeaux pour enflammer le cœur des vivants ? 11 existe des orphelins dont les pères sont morts à Cher'bourg ou à Lambessa, bien avant les journées de décembre. Les mesures de sûreté publique et les condamnations sans jugement sont moins nouvelles que tu ne crois, pauvre petit! Apprends l'histoire, apprends la vie, apprends combien il est difficile au plus vertueux citoyen d'observer les lois de la paix au milieu des batailles et de dompter les violents sans user de violence!

II

En temps normal, la. distribution du concours général et la saisie d'un journal politique seraient des choses si distinctes, si parfaitement indépendantes qu'on ne pourrait rentrer de l'une à l'autre sans se mettre en frais de transition. Aujourd'hui,

femme bien aimée, et ils allaient s'asseoir sur le bord de la rivière. s. Te souvient-il de nos bonnes soirées d'hiver ? lui demandait Marguerite. Elles n'étaient pas plus douces, répondait-il.

L'hiver, Marguerite lui disait

Te souvient-il de nos douces soirées d'été ?

Et cela dura trois ans.

Au moment où la monotonie allait peutêtre arriver et se mettre de la partie, Marguerite devint mère. Anderstein eut une ravissante petite fille qui vint au monde le lendemain de la première représentation de Jean de 6'< grand opéra qui fit le tour du monde et revint avant quela liberté,qui doit le faire aussi, n'eut préparé ses malles. C'est au milieu de tous ces bonheurs, de toutes ces félicités que le ciel avait envoyées a ce galant homme, qu'il lui prit fantaisie de faire bâtir une maison. Pourquoi Anderstein eut-il cette fatale idée?

Parce que le bonheur est comme l'opium, le tabac, l'absinthe, tout ce qui grise ou qui endort quand on en a pris, il en faut encore, encore et toujours, c'est si bon le sommeil et l'ivresse 1

Quelle joie, quelle belle joie de huit jours

tout se tient et tout s'enchaîne par les liens les plus invraisembles. A l'heure où les élèves, les familles et les autorités descendent l'escalier de la Sorbonne, un groupe déjeunes gens s'y précipite en criant Rochefort a-t-il eu le prix d'honneur ? Vive Rochefort Vive la Z~M~6 La police disperse le groupe, et la manifestation interrompue va s'achever dans les cafés du quartier latin.

Disons-le franchement, mes frères, la saisie de la Lanterne n'a étonné personne; cequi paraîtra étonnant, c'est qu'elle n'ait pas été saisie plus tôt. Un pouvoir qui se laisserait piétiner indénniment sans se défendre ne serait réputé ni bon, ni bonasse, mais bel et bien suspect de paralysie sénile. La patience de nos hommes d'Etat sous cette grêle de horions m'a rappelé l'histoire du Marseillais qui dit à chaque nouveau coup « Laissons-le faire; nous verrons bien où il veut en venir 1 »

J'espère que si la justice a lanterné jus-_ qu'au onzième numéro, ce n'est pas sans arrière-pensée. On a compté que Rochefort, se voyant tout permis, enchérirait constamment sur lui-même et unirait par s'enferrer jusqu'à la garde. Peut-être aussi n'était on pas fâché de compromettre la presse et de prouver par un exemple éclatant que la discussion des abus dégénère aisément en outrages contre les personnes.

Que résultera-t-il de ce procès ? J'espère que le Tribunal ne confisquera pas la liberté d'un honnête homme de grand talent qui s'est grisé de ses propres violences. Des amendes tant qu'on voudra s'il est vrai que les dix premiers numéros de ce pamphlet hebdomadaire aient partagé trois cent mille francs entre deux ou trois personnes, faites en sorte de rattraper les cent mille écus, « attendu qu'il ne convient pas de battre monnaie sur le dos des souverains et des ministres. » Les lois les plus élémentaires de l'équité seraient violées si l'on voyait Rochefort en prison et les instigateurs, les éditeurs, les faiseurs, ceux qui l'ont surexcité et exploité, en carrosse. Messieurs les juges, n'enfermez personne, mais tâchez de savoir où est l'argent. Je parie que Rochefort n'est pas le gros gagnant en cette affaire. Les hommes de passion ne savent pas compter.. 0

ni

Mais je reviens à mon thème, c'est à dire aux signes du temps. N'êtes vous pas d'avis que le succès prodigieux d'un journal consacré au dénigrement de l'Empire devient matière à réflexion

J'accorde que sur les cent-vingt mille acheteurs de la Z~M~~e, il y avait moitié de simples curieux. J'en sais beaucoup qui lisaient la brochure rouge sans l'approuver en rien, mais pour voir jusqu'à quel point l'audace d'un homme et la longanimité de plusieursautrespouvaientaller. Un vieil original de mes amis me disait J'aime à voir ce dompteur qui sangle les lions à coup de cravache, mais je compte bien être là le jour où il sera mangé.

Toujours est-il qu'en moins de trois

Les joies qui durent davantage sont rares peut-être n'existent-elles pas. Le piano d'acajou était la première ombre qui ~s'était glissée dons ces deux rayons de bonheur.

Madame Anderstein avait raison le cabinet était trop beau pour l'instrument ou l'instrument était trop laid pour le cabinet. Anderstein s'était creusé la tête pour tâcher d'enacer cette fausse note qui venait soudain détruire l'harmonie générale. Que faire? Il aimait cette vieille boîte, de laquelle étaient sorties toutes ses inspirations. Il avait l'habitude de se servir de celle-là et non d'une autre. Puis il était Allemand, partant superstieux; il se figurait qu'une fée avait attaché sa gloire aux touches d'ivoire de la vieille machine. Pour lui, ce vieux compagnon du passé n'était pas un vulgaire piano, c'était un talisman. Il prit un parti héroïque, il conserva le vieil instrument prétendant que mieux valait avoir un vieux sabot en acajou qu'un de ces stupides instruments édités par un Pleyel quelconque, et bêtement enfermés dans des boîtes façon Boule ou un chêne sculpté il avait raison.

La famille Anderstein s'installa, les amis furent conviés à pendre la crémaillère. On invite toujours ses amis à pendre la crémaillère il serait peut-être plus sage d'inviter la crémaillère pendre les amis. Ceux d'Anderstein se retirèrent émerveillés et s'en allèrent par la ville raconter les

mois l'auteur est devenu singulièrement populaire, et que les ennemis du gouvernement impérial ont fait quelques émeutes en chambre sous l'invocation de Rochefort. Que faut-il conclure de Ce réveil des passions politiques, cette fermentation des esprits trop longtemps affaissés, ce mouvement tumultueux qui agite les couches supérieures et moyennes de la société française, menace-t-il sérieusement l'ordre établi ? `?

Je n'en crois rien, et j'estime que cette renaissance de l'esprit public est une bonne fortune pour le gouvernement, s'il sait en tirer profit.

Le pouvoir s'endormait en nous berçant, comme il arrive quelquefois aux nourrices, Il faut, bon g'ré mal gré, qu'il se secoue avec nous.

Les dépositaires de l'autorité sont enclins à se dire

La dernière élection nous a donné cent voix contre dix; nous sommes forts. Nous avons demandé quatre cents millions à la France, et elle nous a offert quarante milliards; nous sommes forts. Oui certes, vous êtes forts, mais ce n'est pas parce que vos élections et vos emprunts réussissent. Les élections prouvent surtout l'inertie d'une massé aveugle qui va comme on la pousse et que vous tenez sous la main. Les emprunts souscrits au centuple ne feront croire à personne qu'il y ait quarante milliards en or dans le pays. Toutes les fois qu'un homme pourra gagner deux francs cinquante en souscrivant cinq francs de rente, sa confiance vous est acquise et il se prosterne humblement devant votre crédit. Vous êtes forts, tranchons le mot, par cela seul que vous existez, parce que vous êtes le gouvernement actuel, parce qu'on ne pourrait vous déplacer et vous remplacer sans faire un grand amas de ruines, parce que votre chute remettrait en question la fortune des uns, le salaire des autres, la tranquillité de tous, parce que la France a fait trop souvent l'expérience des révolutions et qu'elle sait ce qu'il en coûte. Mais il ne suffit pas d'avoir la force, il faut s'en servir.,

La nation, qui vous juge indispensables, ne vous a marchandé ni les prérogatives, ni les moyens d'action. Elle a passé plusieurs fois l'éponge sur vos erreurs vénielles et autres; le paysan, l'ouvrier, le marchand ne perdent pas le temps à récriminer contre vous mais ils commencent à penser que la marche du pouvoir devrait être plus décidée, sa politique plus nette, ses conseils moins mystérieux, ses façons moins olympiennes, ses cénacles moins fermés à l'élément jeune ou nouveau. Le pays aimerait à prendre plus de part à ses propres affaires et à décider de concert avec vous les grandes questions qui le touchent. Tant qu'on refusera de faire droit à ces aspirations légitimes, vous verrez la France inquiète, agitée, fiévreuse, cher-

magnificences du doux nid que l'artiste avait bâti dans l'ombre.

Si Anderstein avait dit

–Voici cinq ans gué je pose pierre par pierrë'ët que j'attache ,morceaux par morceaux, ce qui couvre les murs, il est probable que Paris qui aime les tours de force eût applaudi à outrance. Mais le bon artiste n'avait rien dit; il voulait que sa femme fût seule dans le secret.

Si bien qu'au lieu de voir un digne garçon traîner son rêve comme Sysiphe traînait son rocher, on vit un familier des fées bâtissant un palais d'un coup de baguette. On trouva que beaucoup de gloire, une jolie femme et un palais, étaient beaucoup de choses pour un homme seul.

A partir de ce moment, Anderstein eut des ennemis acharnes.

Hélas! ceux qui n'ont rien, ni la renommée, nil'avenir.ni l'argent, sont bienmalheureux, et il faut les excuser si, en poussant leurs plaintes, ils laissent tomber un peu de salive sur autrui.

Anderstein ne vit pas se former cette horde d'ennemis sans un secret orgueil. Il n'y a que les hommes d'une grande valeur, disait-il, qui peuvent engendrer des haines.

Jusque-là d'ailleurs il n'avait pas eu d'ennemis, c'était de la nouveauté. Le bon Allemand prenait des ennemis pour des ad-

cher ses amusements dans le tapage et applaudir les taquins, petits et grands, qui réveillent l'aigle assoupi.

EDMOND ABOUT.

LA REVUE D'HIER

Sonnez, clairons Battez, tambours Et comme dit la chanson

« Les beaux militaires! x

II y en a pour tout le monde la garde nationale est de la partie.

Pompée frappait du pied la terre pour convoquer ses armées.

Pompée est mort.

Et on l'a remplacé par la peau d'âne qui a ronflé hier toute la journée

Voilà le progrès.

A cet appel, on a vu de toutes les maisons et de toutes les casernes sortir les soldats.

Pour la première-fois depuis le commencement de l'Empire, la garde nationale a été passée en revue par le Souverain. Aussi fallait-il voir!

Elle marche avec plus d'entrain que je ne l'aurais cru et voilà les bataillons à leur place de bataille. Leur droite touche au petit bassin du jardin particulier des Tuileries etieur ligne, tournantle dos àla Seine, s'étend dans les Champs-Elysées jusqu'à la rue de Marig-nan. Quel cordon tapageur et indiscipliné On y fume, on y discute Que crierons-nous ?

Vive l'Empereur.

Vive la paix.

Si vous criez vive la paix je vous donne ma parole d'honneur que je crie Vive la guerre C'est une toquade. Pourquoi ?

Il a raison, dit un autre, moi aussi je crierai vive la guerre Dame, je tiens un magasin de deuil.

Oh, vous êtes horrible

Pas du tout je suis négociant. Allons, Messieurs, à vos rangs, et moins de bruit, je vous prie.

Mais, j'y songe, si nous criions vive le capitaine ?

Pas de mauvaise plaisanterie. L'on continue et lorsque l'Empereur paraîtra, s'élévera une grande clameur diffuse qui courra toute la ligne et dont on n'entendra que

Hé-é-ë-é

Les gardes nationaux qui n'en savent pas davantage apprendront par les journaux du lendemain les cris qu'ils ont proférés

Ils ne seront pas plus d'accord pour cela le Siècle leur dira vous avez crié FM~ .P<M;y/l'O~MMO?t leur affirmant qu'il ont dit FM~ Z~ la Gazette de F' FM~ ~jP<i! et leJ~m~M~– exclusivement F~c ~F~6~'

Que me disais-tu donc, demande la femme à son mari? tu prétendais avoir crié FM~ ~~M~~we

-Eh bien?

Le ~?~6~' soutient que tu as crié ~M~B'~0'<

Tu es sûre ?

Vois plutôt.

C'est vrai je me serai trompé. Oh le beau jour On tempêtait la veille; tout est oublié, et l'on rit en attendant; car l'on attend longtemps et tellement que l'ar-

versaires ou des rivaux. Grave erreur 1 Le compositeur, lorsqu'on lui parlait des animosités que sa fortune apparente avait soulevées contre lui, répondait en souriant: J'attends tous ces gens-là, le soir de la première représentation de ZM~A~ Le maître, pour inaugurer dignement sa maison', avait commencé ce qu'il appelait son œuvre capitale.

Méry, l'aimable poëte, lui avait dit un jour:

Vous qui êtes Allemand, pourquoi ne faites-vous pas chanter Luther? aucune figure ne saurait avoir de plus grands accents. Luther inspiré, Luther luttant avec le monde,Lutherproscrit et traqué, Luther prisonnier, Luther chancelant entre la reconnaissance et l'amour au château de Wartbourg, Luther épousant une fiancée de Jésus-Christ, la belle Catherine Bora: je vous assure que de toute cette vie étrange on pourrait tirer un grand drame plein de force et de couleur. Qui mieux que vous, qui connaissez l'Allemagne et l'aimez, trouverait de plus belles inspirations pour dire ses premiers cris de liberté. Oui, répondit Andersteih, mais Luther est une figure âpre qui, je crois, ne serait pas sympathique en France.

–En France, répondit l'auteur de la <?M<~T<? ~M Nizam, nous aimons tout ce qui est grand, et surtout nous professons un culte pour tous ceux qui ont ajouté une plume aux ailes de la liberté.

rivée de l'Empereur, qui annonce B~ir~~

revue par son réel commencement, ~t~B~ °

luee de grands cris de joie 's~

–Hé-é-é-é que disais-je tout à l'heure. y

Et puis l'air 7'M~OM~ <S'y~ que le

souverain doit entendre jouerquarante-trois

fois par la garde nationale et trente fois environ par l'armée, ce qui fait soixantetreize Et le Prince Impérial qui sera la,

tout de noir vêtu, avec une casquette ga-

lonnée de rouge, sur un bel alezan; et les

cent-gardes, les états-majors qui secouent le sol Allez-y donc

Vive l'Empereur

Vous verrez.

Et l'on attend encore sous les ordres du général Mellinet qui est là, avec son ÉtatMajor les colonels Isnard, comte de Nieùwerkerke, prince Napoléon Bonaparte, Le Bon de Lage les lieutenants-colonels Dreuilles, Nast, Munster et le colonel Lacroix de la garde nationale à cheval. Le général Mellinet est là ). Malgré soi, en le voyant, on se rappelle sabrillante conduite à Magenta, et la mort du général Cler et de son aide de camp.

Les balles pleuvaient; un cheval sans cavalier vint instinctivement se joindre à l'Ëtat-major du général Mellinet qui reconnaît l'animal.

Le cheval de Cler, dit-il, il doit lui être arrivé malheur.

Un officier tout sanglant accourt il peut à peine arrêter son cheval; c'est l'aide de camp de Cler, le lieutenant Tortel. Et votre général, demande Mellinet 9 –Mort!

Et vous-même? P

Moi je. Il n'en peut dire davantage et tombe mort sur le sol t

Mais voici l'armée.

La grave armée, la garde silencieuse, digne et chevronnée, qui se montre après la garde nationale comme une pièce d'Augier après un lever de rideau de Prével. Elle s'étend jusqu'à la barrière de l'étoile de là en retour et prenant l'autre côte des Champs-Elysées jusqu'au rond-point commence à se développer la ligne, qui termine aux Tuileries la seconde branche de cette formidable équerre.

En voilà des hommes à pied

A part les montures des états-majors et des officiers supérieurs, on n'y voit pas un cheval.

La cavalerie et l'artillerie se sont massées plus loin encore et dans les avenues qui rayonnent autour de l'arc de l'Etoile les avenues Joséphine, d'Iéna, d'Eylau, d'Ulm, de l'Impératrice, de la Grande-Armée, de Wagram, de Friediand, de' la Reine-Hortense, etc., j'en dois oublier Là se sont alignés les beaux régiments de la garde, les carabiniers gigantesques et les cuirassiers éblouissants puis les chasseurs et les hussards la sévère artillerie aux petites pièces légèrement attelées de cuir noir à ses jolis chevaux bais le train des équipages. Et après tout cela, dans d'autres avenues c'est à recommencer.

L'armée attend plus calme et silencieuse que la joyeuse garde nationale.

Dame, l'homme n'est pas riche, mais il est éblouissant, tout brille et resplendit il est superbe!

Les jeunes officiers sont flambants neufs comme de vrais échappés de Saint-Cyr. & Leurs plumets font venir les filles aux fenêtres. ))

Les vieux. Oh les vieux Ils sont plus

Anderstein ne tarda pas à s'énamourer du sujet proposé par Méry il y rêva jour et nuit et se décida à tenter cette tâche redoutable. ,W¥,

Il fit son livret lui-même et le fit meUre en vers par Lazare, qui commençait alors, et qui, comme on sait, devint un grand poëte. Un matin qu'Anderstein se promenait dans ~OM bois, on lui annonça qu'un jeune homme désirait lui parler. Le domestique remit la carte du visiteur. Le compositeur lut un nom inconnu Zwc~M j9c/

~M.

Priez ce monsieur de venir jusqu'ici. dit Anderstein, et priez madame de m'envoyer ma fille, que je n'ai pas encore vue ce matin.

Si c'est un importun, pensait le musicien, j'aurai du moins une consolation.

Un jeune homme de vingt ans mis de !;i façon la plus convenable s'avança et salua le maître avec un respect si profond, que celui qui l'inspirait en fut touché malgré lui.

En quoi puis-je vous être agréable, Monsieur? demanda Anderstein.

–Maître, fitle jeune homme en souriant, ne me jugez pas à ma mine je suis un mendiant.

En ce cas, asseyez-vous sur ce banc et racontez-moi quelle aumône je puis mettre dans votre gant jaune..

Maître, reprit le jeune homme, je suis