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Le Journal de Saint-Jean-d’Angély, 16 février 1899

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Le Journal de Saint-Jean-d’Angély
16 février 1899


Extrait du journal

elle-même, mais qui nous devien nent si vite des prétextes à fusilla des sans balles, à exécutions sans couperet, à égorgements de presse, à empoisonnements par le papier ; et vous concluerez que c’est à peu près comme si l’échafaud dressait encore ses bras rouges sur les places publiques. Tous les matins, une charrette de condamnés passe de vant nous ; et s’ils ne sont pas dé capités en grande pompe, quelquesuns n’en valent guère mieux. Il y a une guillotine morale aussi terrible que l’autre, et que certains journaux montent chaque nuit, en un tour de main. Ceux^qui passent sous celles-là sont, comme jadis, les riches, les grands, les aristocrates quels qu’ils soient, nobles par la naissance ou nobles par leurs œu vres. Il suffit à présent qu’un homme s’élève au-dessus de la foule pour que sa tête devienne le point de mire de quelques douzaines de petits guillotineurs à tant la ligne. Tous les capitalistes qui gagnent trop vite des millions, tous les hommes d’Etat dont la supériorité se manifeste trop bruyamment sur le bétail politique, tous les écrivains qui ont trop longtemps du succès, voient se dresser devant eux ce cou peret moderne, dont le déclic est aux mains de la presse, et qui de vient quelquefois aussi meurtrier que celui de Deibler. Qu’on s’amuse à compter sur ses doigts les hommes qui sont vraiment grands en France par la fortune, par la gloire ou par le génie, et l’on verra combien il en reste qui ne soient pas hués, per sécutés, tournés en ridicule, mena cés dans leur réputation, dans leur honneur, dans leurs intérêts, autant vaut dire dans leur existence. Est-ce que tel grand peintre que je pourrais nommer, tel romancier ingénieux, tel brillant poète, tel merveilleux dramaturge, ne sont pas outragés publiquement par ces petits bourreaux de la critique, chaque fois qu’ils produisent une œuvre, et cela uniquement parce que cette œuvre est susceptible de plaire à l’honnête public, de valoir à son auteur admiration ou fortune ? Est ce que toutes les fois qu’on entend remuer de l’or quelque part, à l’occasion d’une grande entreprise industrielle ou d’un riche héritage, il n’accourt point une nuée d’êtres louches qui commencent leur petit massacre ? Plus on regarde les spectacles de la vie contemporaine, et plus on est convaincu qu’il se commet autant d’atrocités que sous la grande Révolution. Seulement, ces mes sieurs ont changé leur manière : Danton dirige un journal progres siste, et Marat, chevalier de la Légion d’honneur, terrorise les ate liers de la Plaine-Monceau. Les médecins croyaient autrefois que les hommes avaient besoin d’une saignée, de temps en temps, pour jouir d’une santé parfaite. La théo rie pourrait s’appliquer aussi bien aux nations. Il y a des malaises intermittents dans la vie des peu ples comme dans celle des individus, et on se demande vraiment si le système des saignées, dont la mode scientifique ne veut plus pour les...

À propos

Fondé en 1874, Le Journal de Saint-Jean-d’Angély était un bihebdomadaire régional conservateur. En 1877, il devient L’Union conservatrice puis prend le nom d’Union Nationale en 1898 avant de revenir à son nom initial la même année, puis de devenir le Journal de Saint-Jean-d’Angély (L’Union nationale). Il paraît sous ce nom jusqu’en 1941.

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