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Le Soleil, 1 janvier 1885

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Le Soleil
1 janvier 1885


Extrait du journal

Si je n’éta»s cuirassé, par expérience, contre les aménités décochées, par ci par là, à tout chroniqueur qui n’est pas de l’avis de tout le monde, j’aurais beau coup de bile à me faire, pour le moment, surtout en ce qui concerne les étudiants en médecine, dont quelques-uns me pa raissent très montés, et par conséquent, très injustes. A leur sens, du moins au sens de ceux qui veulent bien m’écrire, les places attribuées aux étrangers sont dues simplement à la faveur. Jusqu’ici, j’avais cru, et j’uime à croire encore que les internes et les externes sont nom més après concours, et que le jury d ad mission choisit, non pas ceux qui ont fait bien, mais ceux qui ont fait le mieux, ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Alors, si c’est cela, de quoi sc plaint-on? Ce ne sont pas des raisons, c'est du dépit, et le dépit n'a jamais fourni, que je sache, de bons argu ments. Qu’ai-je dit, il y a quelques jours ? Ceci tout simplement que les places d’internes et d'externes dans les hôpi taux de Paris étaient distribuées aux étudiauls les plus aptes et les plus la borieux. Et comme on ne me fera ja mais croire que, parmi les étudiants français de la Faculté de médecine de Paris, il n’y ail. ni jeunes gens aptes ni jeunes gens laborieux, je me demande sous quel prétexte les autres réclament l’expulsion des étrangers. Les sifflets à l’adresse du directeur de l’Assistance publique ne sont pas des preuves. Ce qui serait une preuve, re serait de ne pas laisser les étudiants étrangers prendre les premières places du con cours et gagner des titres à la force du travail. En y rélléchissant bien, les étudiants verraient aisément que toute la question est là. Ce n’est pas d’aujourd'hui, ni d'hier que les étrangers sont admis dans nos établissements d’instruction publique. Jusqu’ici l’on s'en faisait une gloire. On disait : « Si les étrangers envoient en France, leurs enfants, c’est qu’ils jugent qu’ils y seront mieux instruits qu’a il leurs, et qu’en tout cas ils préfèrent, pour leur propre compte le genre d’ins truction qui y est distribué. » Et quand les élèves étrangers se trouvent dans les premières places, il ne vient à l’idée de qui que ce soit de protester. Ou a vu des élèves étrangers remporter des prix dans nos lycées, sans qu’il y eut révolte ; et les maîtres n’avaient rien à voir là dedans, leur rôle étant de donner la palme aux compositions les mieux faites, sans se préoccuper de la nationa lité de l’élève ou du concurrent. Mais, tout cela est élémentaire, ei s'il (tait autrement procédé, c’est là qu’il faudrait jeter les liants cris et se plaindre, avec une apparence de justice et de raison. Pourquoi n’en serait-il pas de même dans les écoles que dans les lycées? Et n’est-ce pas un aveu impli cite d’infériorité que l’expression de cette colère à l’égard des étudiants étran gers? Nous vivons dans un drôle de moment où les esprits les njciiieurs perdent, petit à petit, la juste notion...

À propos

Fondé en 1873 par Édouard Hervé, Le Soleil était un quotidien conservateur antirépublicain. Avec son prix modique, il cherchait notamment à mettre la main sur un lectorat populaire, audience qu'il n'arrivera toutefois jamais à atteindre du fait de ses orientations politiques. Le succès du journal fut pourtant considérable à une certaine époque, tirant jusqu'à 80 000 exemplaires au cours de l'année 1880.

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