Extrait du journal

L’été est la saison des déplacements, y compris celui des microbes. Contre une invasion éventuelle de pareils indésirables, Marseille fourbit des armes dans l’arsenal sanitaire. Le transport des chiffons, le col portage des vêtements usagés sont soumis à une sévère réglementation. Les fidèles do « Saint-Mafre » s’éparpillent. L’administra tion met un pied dans les bric-à-brac et s’égare dans les cupharnuüm. Enfin, les chasseurs de rats, imitant les Anglais et leur Grande Semaine de dératisation, n’ont pas attendu le 15 août pour effectuer une ouverture active, sinon brillante. Or, tandis que se multiplient ces précau tions hygiéniques qu’on ne saurait trop ap prouver, un danger demeure, lin véhicule de crasse et de malpropreté poursuit sa route facile et son rôle funeste : c’est la coupure. La coupure, qui a provoqué une baisse sur les porte-monnaie, a beau se réfugier dans les plis d'un portefeuille. A force de passer de mains en mains et de circuler sans cesse pour les usages du commerce, elle est devenue extrêmement sale, fripée, effilochée. Parfois, des bandes gommées viennent fortifier celte vignette, jadis neuve et qui se fragmente à l'usure. On dirait alors d’une compresse sur un bobo. C’est fort laid. Si ce n’était que déplaisant à l’œil ! Mais cela représente, à la longue, quelque chose de répugnant au toucher. D’autre part, si l’argent n’a pas d’odeur, la coupure en a une, et qui n’est pas toujours suave. La coupure qui, ces derniers temps, a appelé à son secours, dans les crises de l’appoint, le ticket de tramway et le timbreposte, ne fait point que transmettre cin quante centimes ou un franc : c’est autsi un agent de transmission de mauvaise hy giène. Les papiers sales, répandus sur la voie publique, compromettent la udlette et la santé d’une grande ville. Que dire d'eux lorsqu’on les manipule l... Le gouvernement songe, dit-on, à émettre, par l’intermédiaire des Chambres de com merce, un type de pièces divisionnaires, dont le métal serait un alliage à base de cuivre et d’aluminium, et le module celui des pièces de 0 fr. 50,1 franc ou 2 francs. On se sert déjà, paraît-il, de cette sorte de dis ques métall’ques aux Antilles françaises. Qu’adviendra-t-il de ce projet ? Nous ne sa vons. Mais assurer une fin au régime des coupures serait une excellente mesure de salubrité publique. La nouvelle sauce financière nous serait servie sur un plat des Antilles ? Peu importe si elle est digérable. En tout cas, quelle satisfaction de voir re venir à la mode la jolie ex provision propre comme on sou neuf 1 — Louis Sabarin....