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Titre : Notices, mémoires et documents publiés par la Société d'agriculture, d'archéologie et d'histoire naturelle du département de la Manche

Auteur : Société d'archéologie et d'histoire de la Manche. Auteur du texte

Éditeur : Imprimerie d'Elie fils (Saint-Lô)

Date d'édition : 1902

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34460585f

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34460585f/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 1902

Description : 1902 (VOL20).

Description : Collection numérique : Fonds régional : Basse-Normandie

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k486569d

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/09/2008

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MÉMOIRES ET DOCUMENTS

d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire Naturelle DU DÉPARTEMENT DC LA MANCHE

IMPRIMERIE JACQUELINE, RUE DES IMAGES, 23

PUBLIÉS PAR LA SOCIÉTÉ

VINGTIÈME VOLUME

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VINGTIÈME VOLUME

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Le Château de Saint-Lo (Manche)

ET SES CAPITAINES-GOUVERNEURS

PRÉLIMINAIRE

Cette présente étude eut dû trouver sa place naturelle en tête de notre Mémoire sur Les Capitaines et Gouverneurs de Saint-Lo pendant la Guerre de Cent-Ans (1). Ici elle n'a donc pas son véritable rang et l'on pourra nous rappeler l'adage qu'on ne doit jamais atteler la charrue avant les boeufs. Qu'on veuille bien nous pardonner cette irrégularité. Elle provient de ce que, tout d'abord, nous n'avions pas pensé à jamais revenir sur ce même sujet de la citadelle de Saint-Lo, ni à étendre les premières limites que nous nous étions tracées. Mais nous avons découvert une telle quantité de documents sur ce même thème que nous nous sommes laissé entraîner à l'approfondir et à reconstituer l'ensemble général de la vaillante forteresse, depuis ses origines jusqu'à sa fin dernière. Le sujet nous a charmé par son puissant intérêt, par ses nombreuses et dramatiques surprises, par une variété extraordinaire d'événements inconnus qui nous permettront de faire revivre beaucoup de noms oubliés et qui pourtant eurent du retentissement dans notre belle Normandie.

Que nos chers Collègues nous permettent donc aujourd'hui de leur présenter l'historique sommaire de leur vieux châteaufort, longtemps considéré comme inaccessible et inexpugnable

(1) Mémoires de la Société d'Archéologie et d'Histoire naturelle du département de la Manche, année 1901, p. 3 et suivantes.


Nous leur dirons ensuite ce qu'en furent les nombreux défenseurs qui succédèrent à ceux que nous leur avons déjà fait connaître et qui y déployèrent leurs héroïques qualités appuyées souvent de vertus civiques incomparables. Hippolyte SAUVAGE.


PREMIÈRE PARTIE LE CHATEAU-FORT

§ l«r. – ORIGINES ET PREMIÈRE PÉRIODE.

Défenses en Bois et Palissades

Tous les historiens de la ville de Saint-Lo, qui se sont répétés*avec un constant ensemble, reportent ses origines au temps de Charlemagne, qui dût y faire construire un ChâteauFort ou Castrum, afin d'y opposer une résistance sérieuse aux invasions des pirates Danois et autres barbares venus du Nord. Effectivement on apprend dans les très anciennes chroniques que ce souverain aux puissantes conceptions choisit partout de préférence les lieux d'où ses forces militaires pouvaient commander les passages, intercepter les communications, diviser les corps d'armée, protéger un territoire, surveiller le cours des fleuves ou le littoral de la mer.

A Saint-Lo, il établit sa forteresse sur un roc inexpugnable et fort élevé, situé sur la rive droite de la Vire, qui avait une certaine importance. Le sol de cette contrée plantureuse et fertile pouvait tenter toutes les convoitises il s'agissait de le défendre.

Bientôt une longue enceinte, entourée de palissades en bois eut circonscrit la partie la plus considérable et la plus forte du roc. Et au centre, on établit une large retraite pour les combattants armés. Celle-ci fut formée de vigoureuses pièces de charpentes capables d'offrir une énergique résistance, et le Castrum exista. Une bordure de fraîches et verdoyantes collines encadra ce tableau d'un caractère tout pittoresque.


Aussi, vers la fin du ixe siècle, quand les premiers Normands se présentèrent pour en faire le siège, ces primitifs retranchements leur opposèrent une résistance qu'ils ne purent vaincre.

Pour bien préciser, ce fut vers l'année 889 que s'accomplit cet événement.

Cependant vingt années plus tard de nouvelles bandes de leurs peuplades se représentèrent devant cette même enceinte. Rollon, l'un de leurs chefs, dans les premières années du xe siècle, dut user de subterfuge pour vaincre ceux que la force de ses armes n'avait pu soumettre. Il fit couper l'aqueduc qui portait les eaux dans la forteresse, et, peu de jours après, la garnison dut capituler.

Ce fut alors, selon la tradition, car l'existence de Rollon est presqu'absolument légendaire, que les envahisseurs devenus maîtres de la place violèrent la capitulation en égorgeant l'Évêque de Coutances et les habitants de Saint-Lo, auxquels ils avaient promis la vie (1).

Les fortifications furent démolies peu après à ras du sol castrum solo coœquatum est (2).

La durée des fortifications en bois avait été relativement fort courte à peine d'un siècle ou deux. Il était évident que sous le climat corrosif de la vieille Gaule le bois ne pouvait présenter qu'une résistance fort incertaine et secondaire. Malgré ses immenses forêts elle n'eut pu longtemps fournir à l'entretien des citadelles qu'il fallait édifier de tous les côtés. De plus, la province Normande par la vaste étendue de ses côtes maritimes et de sa température constamment humide se trouvait dans une situation particulièrement défavorable.

(1) Reginon, abbé de Prum. Chronicon.

(2) Dumoulin. Gâta Normannorum.


Les magnifiques travaux de MM. De Caumont (1) et Violletle-Duc (2), qui font autorité, ont démontré de la façon la plus probante que nos premières forteresses féodales carlovingiennes furent partout en bois, et qu'au xie siècle, spécialement en Normandie, elles furent remplacées par des donjons carrés ou rectangulaires, mais toujours en pierres. § 2°. DEUXIÈME PÉRIODE.

Le Donjon

D'après Piganiol de la Force (3) et Toustain de Billy (4), ce furent Robert Ier (1025-1048), ou plutôt Geoffroy-de-Montbray (1049-1094), évêques de Coutances, qui firent construire un nouveau château-fort à Saint-Lo. Cependant la plus grande partie des historiens reporte cet honneur à Henri, l'un des fils de Guillaume le Conquérant. Ceux-ci précisent même la date de 1090 pour cette réédification, qui plus exactement doit être celle de 1096.

Ces deux sentiments, selon nous, ne doivent susciter aucune divergence.

En fait, le prince Henri était devenu le suzerain de la Normandie, par suite du traité de cession que lui en avait fait son frère aîné, Robert Courteheuze, en 1096. A ce titre, il était tenu de la défense militaire de la province et naturelle-ment il dut faire appel pour cette entreprise à ses vassaux. Or, les évêques de Couiances possédaient en fief propre le territoire de Saint-Lo depuis déjà plusieurs siècles. Ils avaient (1) De Caumont. Histoire de l'Art dans l'Ouest de la France. 1831-40.

(2) Viollet-le-Duc. Dict. de l'Architecture française. 1853-68. (3) Piganiol de la Force. Nouvelle description de la France. 1784. t. ix, p. 378.

(4) Toustam de Billy. Mémoires sur l'Histoire du Cotentin. Saint-Lo, 1864.


donc tout intérêt à le voir pourvu des forces nécessaires pour sa défense. D'ailleurs, ils ne pouvaient pas se soustraire aux devoirs féodaux qui leur étaient imposés ils y apportèrent leur entier concours. Seulement ce ne furent évidemment ni Robert Ier, ni Geoffroy de Montbray qui purent le faire, puisqu'ils étaient morts, l'un en 1048, l'autre en 1094, et ce fut Raoul, évêque de Coutances, leur successeur, depuis 1094 à 1110, qui put agir utilement à leur place,

A cette époque, l'architecture des forteresses normandes ne fut plus celle des enceintes formées de palissades et de défenses de bois. Elle comporta, comme tous les châteaux des xie et xne siécles, un donjon carré ou rectangulaire, entouré d'un cordon de murailles crénelées avec boulevards, reliant entre elles quelques tours et quelques ouvrages d'une certaine importance. Le tout était rendu inaccessible par des fossés profonds, remplis d'eau, et creusés autour de l'escarpement. Enfin, dans ces enceintes étaient ménagées des cours et des bâtiments destinés même aux services intérieurs, avec même des écuries et des salles de provisions.

Nous connaissons encore divers châteaux de cette époque. Ils nous permettent de dire ce que devait être celui de Saint-Lo rétabli ainsi aux premières années du xne siècle. Tels paraissent avoir été ceux du Pin (Calvados), de Saint-Laurent-surMer, de Nogent-le-Rotrou (Eure-et-Loir), de Domfront, de Falaise, de Chamboy (Orne), et encore celui de Mortain, où l'on voit les assises d'un donjon carré enfin, celui de Vire. Tous étaient la sauvegarde des villes bâties sous leurs murs. Ces dispositions pouvaient donc permettre aux habitants de la contrée, lorsque survenaient des invasions étrangères ou des soulèvements nationaux, de se réfugier dans le donjon. Seulement, dans un espace aussi restreint, avec des hommes mal préparés à combattre, les provisions qui ne pouvaient jamais être très considérables, se trouvaient bientôt épuisées


au bout de quelques semaines, souvent même de quelques jours, et il fallait nécessairement se rendre à discrétion. C'est dans detelles conditions, qu'enll41,lechâteaudeSaintLo dut se rendre à Geoffroy Plantagenet, comte d'Anjou, lors de sa lutte contre Etienne de Blois, pour la possession de la couronne d'Angleterre. Après trois jours de siège, l'évêque de Coutances, Algare, qui était enfermé dans le château, bien fortifié et muny, d'après Dumoulin (1), donna l'ordre d'en ouvrir les portes.

11 n'en fut plus ainsi, en 1203, lorsque Philippe-Auguste eut confisqué la Normandie sur le roi Jean-sans-Terre. Les défenseurs du château de Saint-Lo, dévoués à la France, n'attendirent pas la capitulation de la place de Caen pour se soumettre ils rendirent leur château au roi Philippe, sans résistance aucune, sans même en recevoir la sommation, sponte suà (2).

Un siècle de paix et de tranquillité, qui suivit cette conquête de la Normandie, provoqua dans la ville de Saint-Lo une ère de prospérité. D'après Froissart (3), sa population s'éleva presqu'à 9.000 habitants et l'on y put compter une quantité de bourgeois enrichis par une grosse manufacture de draperies.

§ 3e. Troisième PÉRIODE.

Au temps du canon et de l'artillerie

Mais bientôt l'invention de l'artillerie à feu vint détruire à tout jamais l'importance politique des châteaux féodaux et l'économie du système de leur défense ce fut une véritable révolution dans l'art militaire. Aussi la forteresse de Saint-Lo (1) Dumoulin. Histoire générale de Normandie.

(2) Guill. Britonis. Philippidos, lib. VIII. Aristide Guilbert, histoire des villes de France.

(3) Froissard. Les Chroniques de la France.


ne put-elle présenter de résistance sérieuse lors de la première invasion anglaise.

La vieille forteresse devait toujours subsister. Cependant tout porte à croire que pour en empêcher les approches on avait dû établir des avant-postes, garnis de glacis et de gazonnements, afin de tenir en respect et à une certaine distance les batteries d'artillerie et amortir les coups portés par les boulets de canon.

En 1346, Edouard III, roi d'Angleterre, après avoir débarqué à La Hougue, et avoir pris Barfleur et brûlé Carentan, s'était hâté de marcher sur Saint-Lo, qu'il savait insuffisamment fortifié. Il occupa donc le château fort sans grande difficulté. Puis il pilla la ville de fond en comble, en y faisant un énorme butin consistant surtout en pièces de drap.

Dix ans plus tard, les bandes de Geoffroy d'Harcourt, se répandant dans la contrée, vinrent y jeter la désolation et l'épouvante (1356).

Peu après, en 1364, les défenseurs de la forteresse eurent à repousser l'attaque d'un parti de Bretons que Jean de Montfort avait lancé contre eux dans l'intention de les surprendre. Ce prince était alors en lutte avec Charles de Blois, au sujet de la couronne ducale de Bretagne. Croyant que son adversaire avait trouvé des auxiliaires jusqu'à Saint-Lo, il voulut les venir attaquer; mais ceux-ci taillèrent ses bandes en pièces et les anéantirent dans un des faubourgs de la ville. Le roi Charles V s'attacha bientôt à relever l'importance militaire de notre château fort de Saint-Lo.

Vers la fin de son règne, il y assigna rendez-vous aux troupes qu'il destinait à réduire successivement toutes les forteresses normandes possédées par Charles-le-Mauvais, roi de Navarre (1377). Il fit donc de cette forteresse le centre de ses opérations.


Nous voyons ensuite que Duguesclin, ayant échoué devant Cherbourg, en 1378, et voulant surveiller de près les Anglais, maîtres d'une aussi forte position, mit des garnisons dans toutes les places sûres du Cotentin, entre autres à Saint-Lo. Enfin, quand, la même année, Charles V eut résolu d'évacuer la presqu'ile, afin de pouvoir diriger une plus grande masse de troupes vers Le Languedoc, les villes de Saint-Lo et de Carentan furent les seules qu'il ordonna de ne point abandonner à la discrétion de l'ennemi. Au contraire, il eut à coeur de les maintenir en état de suffisante défense.

Cependant, plus tard, lorsque les Anglais voulurent entreprendre la conquête de la Normandie, et qu'ils jetèrent des troupes puissantes sur divers points de la province, qu'elles parcoururent en tous sens, le château de Saint-Lo se vit forcé de se préparer à de nouvelles luttes et de prévoir de sanglants combats.

En effet, vers l'année 1417, la Normandie tout entière fut envahie par les armées d'Henri V d'Angleterre, qui s'avancèrent bientôt jusqu'aux limites extrêmes de la province. Dans une précédente publication (1), nous avons déjà rappelé que le château de Saint-Lo, commandé alors par les capitaines Jean Tesson et Guillaume Carbonnel, dut capituler le 28 mars 1417, devant les injonctions du duc de Glocester. Nous ne voulons pas revenir sur les divers épisodes de cette lutte mémorable et funeste de la Guerre de Cent-Ans. Cependant nous devons faire rapidement observer que durant toute la période, qui s'écoula depuis cette nouvelle invasion étrangère jusqu'en 1450, que la Normandie fut recouvrée par les lieutenants du roi Charles VII, notre contrée fut continuellement en guerre.

(1) Voir les Mémoires de la Société d'Archéologie du Département de La Manche. t. XIX. H. Sauvage. Les Capitaines Saint-Lo pendant la Guerre de Cent Ans. p. 2i.


Une très succincte analyse nous permettra d'en rappeler quelques détails.

Ainsi, vers décembre 1432, Saint-Lo fut l'objectif d'un hardi coup de main que voulut tenter le duc d'Alençon, secondé par Raoul Tesson, pour reprendre cette forteresse. Le Comte d'Arundel fut lancé contie ces guerriers, afin de s'opposer à la capitulation de Saint-Lo, alors en grand danger. (1)

Tesson, mis au ban de la vindicte étrangère, fut proclamé traitre à la cause Anglaise et complice des Français. (2) Cette tentative sur Saint-Lo avait avorté; mais elle se renouvela bientôt. (3) D'après une missive de Hue Spencer, bailli du Cotentin, les forteresses de Caen, de Bayeux, de Neuilly-L'Evêque et de Saint-Lo devaient même être livrées par trahison au duc d'Alençon. (4)

Une capitulation du 15 septembre 1449 rendit enfin à la France la forteresse de Saint-Lo. La résistance de la garnison qui y était renfermée, au nombre de deux cents combattants, n'avait été que de trois jours seulement.

Aux premières années du règne de Louis XI, lorsqu'éclata cette guerre des grands vassaux contre l'autorité royale, à laquelle on a donné le nom de Guerre du Bien Public, SaintLo trouva l'occasion de témoigner ses sentiments. Selon l'expression de Toustain de Billy (5), « la fidélité de ses habitants envers leur souverain, et leur adresse parurent entières D.

Or, d'après cet auteur, voici ce qui arriva

(1) Archives nationales. J J. 475. n° 284.

(2) Bibliothèque nationale. Manuscrits français. P. LXV. n° 1983. (3) Les capitaines de Saint-Lo. Déjà cité. p. 30.

(4) Chronique du Mont-Saint-Michel, éditée par S. Luce. t. 2, p. 26.

(S) Mémoires sur le Cotentin. Ed. par la Société de Saint-Lo, p. 57.


Une partie de l'armée du duc de Bretagne étant venue assiéger le château de Saint-Lo, on feignit de lui disputer la porte située du côté de l'Hôpital, porte qui donnait accès à la rue Torteron. Les Bretons se jetèrent étourdiement dans le piège qui leur était tendu et se précipitèrent en foule vers ce passage qu'ils pensèrent avoir forcé victorieusement. Ils se crurent alors maîtres de la place et poussèrent les cris de triomphe « ville gagnée ».

On ferma aussitôt cette porte, ainsi que celle qui se trouvait au bout de la rue et qui était occupée par les soldats bien armés de la garnison.

Les Bretons se trouvèrent ainsi pris entre deux feux, de telle sorte que très peu d'entre eux purent échapper à la mort ou furent faits prisonniers. Leur capitaine fut pris et décapité, d'après le témoignage d'une enquête qui eut lieu plus tard, en 1551.

Ce même récit nous a été narré également par le chevalier Houël (1). Seulement cet historien nous a laissé ignorer les sources aux quelles il avait puisé ses indications. De plus, en donnant à ce fait la date de 1450, il a commis une erreur évidente, parce qu'il appartient à l'année 1465. Enfin Houël, en désignant le capitaine qui dirigea cette démonstration sous le titre de duc de Bretagne, a laissé voir qu'il n'a pas su reconnaître qu'il avait affaire à un aventurier.

§ 4. HÔTES CÉLÈBRES ET ROYAUX.

En 1470, le roi Louis XI assigna les deux châteaux de Valognes et de Saint-Lo pour résidence au fameux Richard, comte de Warwick, surnommé Le Faiseur de Rois, et au duc Georges de Clarence, frère du roi Edouard IV d'Angleterre. Ces (1) Histoire de la ville de Saint-Lo. 182S, p. 47 et 48.


deux personnages étaients fugitifs et expatriés. Ils étaient venus chercher un asile auprès du roi de France, à la suite de graves événements qui forment l'un des plus palpitants des luttes de la Guerre des Deux Roses. Warwick, après avoir élevé Edouard jusqu'au trône, avait voulu l'en précipiter au profit du duc de Clarence.

Leur séjour en France fut de courte durée, à peine de quelques mois. Bientôt Warwick ayant fait appel au parti de Lancastre, parvint à former une armée de 60.000 hommes. Vainqueur à Nottingham, il proclama roi Henri VI, qu'il tira de la tour de Londres. Mais, l'année suivante (1471), Edouard IV, à la tête d'une armée formidable, battit à son tour Henri, à Barnet, où Warwick trouva la mort sur le champ de la bataille.

Assez peu d'années après, le roi Charles VIII, au retour de sa campagne de Bretagne, dans la quelle il avait été fait prisonnier, à la journée de Saint-Aubin-du-Cormier, le 26 juillet 1488, vint passer une partie de l'hiver en Normandie. Il se rendit à Saint-Lo, après avoir accompli un pèlerinage au Mont Saint-Michel. Son séjour dut alors s'y accomplir en 1489, et non en 1487, comme l'a cru Aristide Guilbert. (1) A son tour, François Ier honora également Saint-Lo de sa présence, en 1553. Son séjour y fut de deux jours entiers il se rendait, en ce moment, aux Etats de Bretagne, qui, dans une séance mémorable, tenue sous sa présidence, décidèrent que leur riche province demeurerait unie désormais à la couronne de France.

Le roi fut reçu dans cette ville avec toute la magnificence dont les habitants étaient capables, selon l'expression de Toustain de Billy. (2) Il y fit son entrée le dimanche 15 avril (t) Histoire des villes de France. Article Saint-Lo.

(2) Toustain de Billy. Ville de Saint-Lo, p. 66.


1533 (1), et, le dimanche suivant, 21 avril, il se trouvait Coutances, et, à Cherbourg le 28 du même mois (2).

Grâce à toute l'aimable bienveillance de notre vénéré Président, M. Lepingard, qui nous l'a signalée, nous avons pu connaître la description solennelle que fit à Saint-Lo François Ier, auquel l'histoire a décerné le surnom glorieux de Restaurateur des Belles-Lettres. C'est un document de toute première valeur pour notre ville. Il a été publié en 1868, dans le tome 3 des mémoires de notre chère Société.

Il révèle, en effet, les noms de la plus grande partie des personnages qui constituaient le cortège du Souverain, de son fils aîné, le Dauphin, et de ceux qui présidaient à leur brillante réception, à l'entrée de la ville, pour lui en présenter les clés. Rien n'y est laissé dans l'ombre et ce document a le caractère de la plus parfaite authenticité, puisqu'il provient des anciens registres de l'Hôtel-de- Ville de Saint-Lo.

En outre, il nous persuade de la façon la plus absolue que le Roi et le Dauphin durent habiter dans le château même de Saint-Lo, avec la plus grande partie de leur nombreux cortège, entre les quels on remarquait le révérendissime cardinal de Lorraine, le duc de Vendôme, M. de Nemours, M. de Nevers, le maréchal de Rothelin, M. de Longueville et bien d'autres encore. Il avait dû en être de même pour Charles VIII, en 1488. Nulle maison dans cette localité ne devait présenter les mêmes garanties de sécurité que la forteresse, dont les dépendances étaient considérables, puisqu'elles pouvaient contenir jusqu'à deux cents hommes.

(1) Le procès-verbal de cette entrée de François Ier reporte cet évènement à l'année 1532, mais comme à cette époque l'année commençait à Pâques, ce doit être en 1833 qu'il s'accomplit. Une inscription gravée sur le larmier d'une maison de la paroisse de Huberville, au canton de Valognes, et à 4 kilomètres de cette ville, rectifie parfaitement cette divergence.

L'an mil cinq cent et trente trois

Par cy passa le Roy François.

(2) Toustain de Billy. Ville de Saint-Lo, p. 66.


A nos yeux, il est inadmissible que les chefs de l'Etat aient jamais pu, à Saint-Lo, être hébergés dans une maison particulière, fut elle nommée La Vaucelle, comme l'a prétendu Toustain de Billy (1) à propos des rois Edouard d'Angleterre, François Ier et Charles IX.

Cet auteur n'a appuyé son dire que sur une tradition légendaire qui ne repose sur rien de sérieux. Bien au contraire, Monstrelet, qui fut le continuateur de la célèbre « Chronique de Froissard, » mort en 1402, a dit ceci à propos d'Edouard d'Angleterre

« Si chevaucha le dit Boy en telle manière que je vous dis, ardant et exilant le pays (2); et ne tournapoint vers la cité de Coustances, ains s'en alla par devers la grosse ville de Saint-Lou, en Costentin, qui valloit trois fois autant que la cité de Coustances. Si envoya ses gens devant (la forteresse) et fut tantôt la ville prinse, et courue à peu de fait, et robée par tout. Puis se meirent les Anglois à chemin devers Caen. Quand le Roy d'Angleterre fut venu assez près, il se logea dehors, et ne voulut oncques loger en la ville, pour le doute dufeu(*)». Ainsi de cette narration, qui est très précise, il résulte que

le roi Edouard III s'était présenté en personne devant SaintLo, en 1346. Mais comme son approche avait été précédée de violentes et innombrables dévastations, qu'il avait porté partout l'incendie (ardant) et les massacres, et qu'il devait redouter la réciprocité de ces mesures, il dut, par prudence, prendre de grandes précautions. Avant donc de rien engager de décisif contre la place assiégée, il resta sous sa tente, c'est-à-dire dehors, en plein ciel ouvert, ne voulant jamais loger en la oille.

(1) Toustain de Billy. Ville de Saint-Lo, p. 66.

(2) Ardant signifie brûlant et incendiant. Exilant veut dire chassant et expulsant.

(*) Monstrelet met ici le doigt sur ce fait en indiquant qu'il craignait les représailles.


Il nous est ainsi démontré de la façon la plus positive, par les contemporains, que La Vaucelle ne put servir d'asile au roi d'Angleterre. Il suffisait à Toustain de Billy de lire d'un œil attentif pour éviter toute équivoque et toute interprétation différente.

Sa version est d'autant moins vraisemblable que bien probablement l'édification de La Vaucelle, qui fut une splendide habitation, ne fut exécutée par la famille Boucard, qu'au xve siècle. Pierre Boucard, sieur du Mesnil-Amey et Richard Boucard, sieur de La Vaucelle, furent reconnus nobles par Raymond Montfort, en 1463 ces deux seigneurs, qui étaient fort riches, eurent encore un autre frère, Jean Boucard, évêque d'Avranches, de 1453 à 1484. Ce fut positivement ce prélat qui bâtit, orna et dota la chapelle très connue de La Vaucelle, dédiée à Sainte Pétronille, pour la quelle les populations avaient une dévotion toute particulière (1). Jean Boucard fit sa résidence à La Vaucelle, qui fut un très beau palais épiscopal.

Il est très admissible dès lors que Charles IX ait pu, avec sa mère, la reine Catherine de Médicis, occuper à La Vaucelle une pièce que l'on y désignait, paraît-il, sous le nom de Chambre du Roi. Au temps de Toustain de Billy elle n'existait plus il ne l'a jamais vue.

Quant à cette dernière visite de Charles IX, à Saint-Lo, elle est de l'année 1562, année dans la quelle la régente voulut faire connaître la Normandie à son fils, en l'y accompagnant. Les séjours de ces rois Charles VIII, François Ier et Charles IX, qu'ils se soient accomplis dans le château ou dans la ville de Saint-Lo, y furent, à n'en pas douter, l'occasion de fêtes et de grandes réunions.

(1) Toustain de Billy. Ville de Saint-Lo, p. 59.


§ 4. QUATRIÈME PÉRIODE.

Les Guerres de Religion.

Mais bientôt Saint-Lo et sa forteresse si renommée allaient attirer les regards et les convoitises des partisans de la Réforme, qui, au xvie siècle, provoquèrent dans toute la Chrétienté une révolution religieuse, qui sépara de l'église romaine une grande partie de l'Europe.

La lutte entre les partis fut tellement ardente à Saint-Lo, que, dans l'intervalle d'une quinzaine d'années, on vit le château, qui en était l'enjeu, passer tour à tour cinq ou six fois aux mains de chacun des adversaires.

Loin de la surveillance des Evêques de Coutances, aux quels depuis les origines de la féodalité appartenait la seigneurie temporelle de la cité, beaucoup de ses habitants s'étaient laissé séduire par les propagateurs des doctrines de Luther et de Calvin. Encouragés par les succès d'un ancien religieux apostat, nommé Soler, ils établirent des prèches publics à Saint-Lo. Dès 1560, les protestants se trouvèrent même assez forts pour se saisir ouvertement du château et s'y établir. Au mois de mai de cette année, ils mirent « à feu et à sac les

églises de cette ville, ainsi que les maisons de leurs principaux adversaires. Partout ils brûlèrent les images, brisèrent les croix, dérobèrent l'argenterie du culte, profanèrent les vases sacrés et les incendièrent. Ils allèrent jusqu'à incendier une bibliothèque précieuse formée par l'évêque Boucart. » Aucune résistance des catholiques ne leur fut

opposée.

Egalement ils travaillèrent avec ardeur à restaurer les fortifications de la citadelle, dans le but ostensible d'en faire l'un des boulevards du protestantisme dans le Cotentin et même


dans toute la Normandie. Au surplus, ils se sentaient puissamment encouragés par l'amiral De Coligny, sur le quel la reine Catherine de Médicis se reposait, d'un autre côté, du soin d'apaiser les troubles de la Province.

Dès que Montgommery eut connaissance des désordres que nous venons de décrire, il se hâta d'accourir à Saint-Lo et de s'y fortifier dans le château, avec le projet de se rendre bientôt maître du Cotentin tout entier (1).

Mais Matignon, l'un des chefs catholiques normands, se mit, peu de semaines après, en devoir de recouvrer la forteresse, avec l'aide du duc d'Etampes, accouru à la tête d'une armée venue de Bretagne.

Montgommery voyant que les forces dont il disposait étaient insuffisantes pour résister préféra se retirer, se réservant pour une occasion meilleure, plutôt que d'affronter un siège dont il prévoyait l'issue fatale (2).

Ceci se passait vers la fin de l'année 1561.

A peine une année plus tard, les protestants rentraient dans la place, toujours sous l'égide de Montgommery (1563). Puis deux édits de pacification replacèrent successivement Saint-Lo et son château sous l'obéissance du Roi (1563-1574). Nous nous réservons à donner, dans divers chapitres distincts, et sous les noms des Capitaines-gouverneurs de la citadelle à expliquer avec détails les alternatives dramatiques de cette époque mouvementée.

Matignon, qui commandait la Basse-Normandie, sut prévenir à Saint-Lo, comme dans toutes les autres parties de son gouvernement, par la promptitude et l'énergie de ses mesures, (1) Toustain de Billy. Ville de Saint-Lo, p. 82.

(2) Toustain de Billy. La ville de Saint-Lo, p. 82.

1i


le contre-coup des massacres de la Saint-Barthélémy (24 septembre 1572). Montgommery et Colombières, son gendre, qui étaient à Paris, à ce moment, y avaient échappé.

Cependant, deux années après, faute de soldats, Matignon ne put défendre Saint-Lo, non plus que Carentan, Domfront et Valognes contre Montgommery, descendu à La Hougue, avec 6.000 hommes de troupes Anglaises et Françaises. Celui-ci s'empara donc encore de Saint-Lo, le 2 mars 1574, presque sans effort. Il s'y enferma avec 2.000 soldats. Dans cette occurrence, Matignon jugea prudent de diriger d'abord ses efforts sur Granville et Cherbourg, qui, à ses yeux, avaient une importance capitale, parce que ces deux ports de mer pouvaient fournir de puissants subsides à son adversaire. Puis, ayant réuni quelques troupes, il ordonna à de VilliersEmmery, l'un de ses maréchaux de camp, de se porter sur Isigny, comme si son projet était d'investir lui-même Carentan. C'était un piège qu'il tendait à son ennemi.

Ne soupçonnant pas le traquenard, Montgommery détacha aussitôt 500 hommes de la garnison de Saint-Lo, afin de couvrir la place menacée il affaiblissait ainsi sa propre défense. Pendant ce temps, de Villiers prévoyant cette opération, revenait en toute hâte sur ses pas et allait camper devant Saint-Lo, sur les rives de la Vire. Fervaques et un autre maréchal de camp, avertis des intentions de leur chef, arrivèrent d'un autre côté.

Enfin, Matignon, arrêté dans sa marche par l'artillerie qu'il amenait avec lui, se présenta le dernier devant Saint-Lo. Montgommery comprit alors que le corps principal, c'est-àdire le gros de l'armée catholique ne se ferait pas attendre. Il comprit sans peine qu'il allait être bloqué de toutes parts et qu'un échec décisif et très grave pour son parti lui serait inévitablement imposé. A tout prix il lui fallait éviter de se


laisser enfermer ainsi entre quatre murs, dès le début de la campagne; et pendant une nuit sombre il s'échappa. Prenant aussitôt avec lui 600 chevaux, trois régiment d'infanterie et six canons, sous la direction de Fervaques, Matignon se jeta sur la route de Domfront, où Montgommery venait de se réfugier.

On sait le reste

De Villiers eut la mission de presser vigoureusement Colombières enfermé dans Saint-Lo. Le siège de la ville et de la citadelle traîna en longueur jusqu'au moment où Matignon eut forcé Montgommery de capituler à Domfront et fut revenu sur les bords de la Vire.

Perdant bientôt tout espoir de recouvrer Saint-Lo par composition, il ouvrit alors un feu terrible contre la place. La bravoure enthousiaste de Colombières y avait gagné jusqu'aux femmes. On les voyait, le jour, mêlées aux soldats de la garnison, les accompagnant dans leurs fréquentes sorties, ou combattre et secourir les blessés sur les remparts. La nuit était occupée à réparer les brèches faites par l'artillerie des catholiques qui n'avaient pas moins de 20 pièces de canon et 4 couleuvrines.

Enfin, dans les premiers jours de juin, le feu des assiégeants poussé avec une incessante furie réussit à faire aux murs une large brèche entre les tours de La Rose et du Beauregard (1). Les troupes tentèrent alors l'assaut et furent neuf fois repoussées. La mort du vaillant Colombières, que nous raconterons plus tard à l'article que nous lui destinons, abattit naturellement l'espoir des assiégés. Après avoir jusque là déployé un courage indomptable, ils ne songèrent plus qu'à fuir. (2) (1) D'après Houèl, la tour de la Rose était au Nord-Ouest de la citadelle, et celle de Beauregard au Sud-Ouest. Situées du côté de la Vire, elles formaient les deux points extrêmes de la forteresse. Elles existent encore en partie.

(2) Toustain de Billy. Saint-Lo. p. 98.


Et le flot des assaillants montant toujours & par l'endroit le plus escarpé, en face de l'Hôpital » la brèche fut emportée de vive force, après trois nouveaux assauts, le 10 juin 1574, jour de la fête du Saint-Sacrement. Le siège avait duré six semaines entières.

Les vainqueurs se répandirent alors, dit-on, dans la ville et se livrèrent à toutes les horreurs du pillage. et des représailles. Du côté des assiégés il y eut, paraît-il, 300 victimes. Les catholiques perdirent 60 des leurs; ils eurent une égale quantité de blessés. Le capitaine Hiberneau, qui avait laissé Montgommery s'échapper de Saint-Lo, et Sacy, furent du nombre des premiers. De Lavardin, de Villiers-Emmery et le capitaine Hette comptèrent parmi les seconds.

A dessein, nous avons cru devoir entrer dans d'assez nombreux détails sur ce dernier siège qui fut le plus important que soutint jamais le château de Saint-Lo. Il fut, du reste, le dernier dont nous ayons connaissance. Observons également que s'il se prolongea pendant six semaines c'est parce qu'évidemment les assiégeants furent ravitaillés du dehors, qu'ils ne furent pas complètement investis et qu'ils eurent toujours des connivences avec l'extérieur.

Si nous avions voulu décrire les moindres circonstances de ce fait d'armes, cela nous eut été facile, car les chroniqueurs du temps se sont multipliés pour les narrer. Au surplus nous pourrons en reproduire quelques dires, quand nous reviendrons plus tard à Colombières et à Matignon.

Après la chute de Saint-Lo, où Matignon séjourna une semaine pour y faire traiter les blessés, reposer son armée et réparer les démolitions faites aux murailles. Puis il partit pour Carentan, afin d'en faire le siège. Après un simulacre de défense, la place se rendit le 28 juin.

Dès lors la paix fut rendue à la Basse-Normandie.


§ 5. Cinquième Pékiode

La Baronnie de Saint-Lo

Matignon reçut de la Cour l'ordre de démanteler le château et la ville de Saint-Lo il ne crut pas devoir le faire. Au contraire, parce qu'il regardait comme indispensable d'entretenir une garnison dans le château (1), il fit exécuter presqu'immédiatement aux portes et aux murailles les opérations qu'il jugea les plus urgentes.

Puis, profitant bientôt des ressentiments qu'Arthur de Cossé, évêque de Coutances, avait conservé contre Saint-Lo, qui, en 1562, avait été témoin des violences et des humiliations que les sectaires Réformistes lui avaient imposées, en privant ces prédécesseurs depuis une trentaine d'années déjà des revenus de Saint-Lo, et en lui infligeant à lui-même les plus odieux outrages, Matignon, disons-nous, lui proposa d'échanger cette baronnie contre certains domaines qui seraient dans l'avenir plus profitables à l'Evêché.

En effet, en 1562, les Calvinistes, après avoir provoqué de grands désordres à Coutances même, s'étaient emparés du prélat et de plusieurs chanoines de sa cathédrale. Tous se croyaient cependant en sûreté sous le bénéfice de la paix pourtant ils furent emmenés prisonniers à Saint-Lo, dans le château.

La manière dont ils traitèrent le prélat fut abominable »^ au dire de Toustain de Billy (2). Us le promenèrent par les rues de la ville, monté sur un âne, la face tournée vers la queue qu'ils le contraignirent de tenir au lieu de rênes et de bride. Ils le vêtirent d'une vieille jupe, en guise de chappe,

(1) Toustain de Billy. La ville de Saint-Lo, p. 87. (2) Toustain de Billy. Id. p. 91.


avec une espèce de mitre de papier. Comme cortège, ils lui donnèrent ses ecclésiastiques en équipage non moins ridicule et ils furent suivis de toute la canaille de la cité, qui, à l'envi leur chantèrent mille injures et leur firent toutes sortes d'insultes.

Heureusement, les catholiques indignés de scènes aussi scandaleuses s'empressèrent de conduire à Gran ville le prélat, sous la protection de plusieurs cavaliers prêts àledéfendre (1). Arthur de Cossé ayant donc consenti à la cession de la Baronnie de Saint-Lo, sous la réserve toutefois de la terre, chasteau et seigneurie de La Motte-Lévesque,i\ reçut en échange de Matignon les fiefs de Montgardon et de Moutiers-en-Bauptois, d'un revenu annuel de 3.000 livres tournois, et, en outre, d'une rente de 500 livres.

Il fut de plus stipulé qu'en cas de guerre les Evêques de Coutances seraient reçus et logés à Saint-Lo, c'est-à-dire dans le château-fort.

Le contrat fut passé à Caen, le 22 mai 1576, devant Jean Le Maistre et Jean de La Haye, tabellions royaux. Dès l'année suivante, Matignon, par arrêté daté de Torigny, le 27 février 1577, enjoignit aux échevins etaux receveurs des finances de Saint-Lo d'employer uniquement les revenus de leur communauté à la réfection et à la mise en état des portes et des ponts de la ville (2).

D'après un autre document, il fit, dans le même temps, boucher la porte du Neufbqurg, aplanir le jardin du château et élever la citadelle de la manière qu'on la voyait en dernier lieu, avec ses remparts, ses fossés et ses ravelins (3) ou demilunes (4). Enfin, il fit réparer les murailles de tous côtés. (1) Toustain de Billy. La ville de Saint-Lo, p. 92.

(2) Toustain de Billy. Déjà cité, p. 107.

(3) Ravelin. Terme de fortification, d'après le Dictionnaire de l'Académie.

(4) Toustain de Billy. Déjà cité, p. 407.


Il n'est pas douteux pour nous qu'une fois en possession de la baronnie de Saint-Lo, Matignon s'empressa d'apporter de nombreuses transformations à la vieille forteresse. Ce fut à ce moment que probablement durent disparaître les derniers vestiges qui lui donnaient encore un caractère féodal. Ainsi, le donjon qui devait être au sommet principal du roc fut complè-* tement rasé.

Cependant on conserva l'enceinte avec probablement quinze ou seize tours crénelées. Et, en dehors de cette enceinte, les fossés qui en défendaient l'approche furent maintenus et même élargis.

Egalement le pont-levis qui accédait à la rue Torteron fut refait dans des conditions meilleures et l'on conserva encore pour les approvisionnements, au pied de deux tours, deux portes d'entrées.

Quant au château proprement dit, ce fut sur l'emplacement de l'antique donjon, en contre-haut et en face de l'entrée du pont-levis, presqu'à l'extrémité opposée des cours intérieures, qu'il fut édifié. Destiné d'abord aux Matignon jusqu'à ce qu'ils eussent fixé définitivement leur résidence au splendide et somptueux château de Torigny, il reçut des proportions considérables et en rapport avec les goûts de luxe et de bien-être que les gentils hommes Français avaient rapporté des guerres d'Italie avec les armées de Charles VIII, Louis XII et François Ier. Le château, du reste, fut constamment occupé depuis par ses capitaines et ses gouverneurs jusqu'au moment de la Révolution Française. Un décret impérial de 1811 en ordonna la démolition, en même temps que celle des fortifications de la ville de Saint-Lo et les travaux de destruction commencèrent dès l'année suivante.

D'après Piganiol de la Force (1), la ville de Saint-Lo était (1) Piganiol de la Force. Nouvelle description de la France, 1784. T. IX, p. 391.


entourée d'une muraille antique affectant à peu près la figure d'un trapèze d'environ 150 toises de long, sur 120 toises de large. (1) Ses murs et ses tours étaient fondés et creusés dans le roc, qui était fort escarpé et très haut. Cet auteur ajoute « La plupart de ces tours ont été rasées, ou vendues ou fieffées à différents particuliers, ainsi que la place appelée le Beauregard, qui était la seule de la cité ayant une vue sur la rivière de Vire.

L'important événement qui fit passer la baronnie de SaintLo de la main des évêques de Coutances, qui la possédaient depuis la plus haute antiquité, en celle du célèbre Matignon, nous a porté à rechercher ce qu'était ce grand fief. Ici les documents abondent et nous n'avons eu que l'embarras du choix. Il nous a suffi de nous reporter aux déclarations du temporel du diocèse de Coutances faites par ses divers évêques, Sylvestre de La Servelle, Guillaume de Crévecœur, Gilles Deschamps, Pandoulphe de Malatesta, Philbert de Montjeu, Gilles de Duremort, Jean de Castiglione, Richard de Longueil, Geoffroy Herbert, Philippe de Cossé, Payen d'Esquetot, et Etienne Martel, dont nous avions précédemment signalé les actes (2).

Tous leurs aveux, toutes leurs déclarations de soumissions envers les rois de France sont formulés dans les mêmes termes, bien que quelques-uns des moins anciens soient plus explicites. Afin de faire bien comprendre les droits actifs ou passifs de cette baronnie, nous croyons devoir énoncer ici une analyse de la soumission passée par Payen d'Esquetot, le 25 septembre 1549 (3), au roi Henri II, le quel n'étant encore que Dauphin, était venu à Saint-Lo avec François Ier, en 1532, ainsi que nous l'avons déjà dit.

(1) Nous pensons que ces mesurations sont plus exactement celles de la citadelle que celles de l'enceinte fortifiée de la cité. (2) Mémoires de la Société d'Archéologie de Saint-Lo, 1900, tome XVIII, p. 22.

(3) Toustain de Billy. Déjà cité, p. 65.


Au point de vue de la défense militaire du château de Saint-Lo, ces chartes sont d'un intérêt d'autant plus grand qne jusqu'ici personne ne les a connues d'une façon certaine. Toustain de Billy n'a, en effet, indiqué que le nombre de quatre chevaliers comme devant le service d'aost au Roi en compagnie de l'Evêque de Coutances, et il n'a même pas rappelé leurs noms. De Gerville (1), de son côté, élève à cinq le nombre des chevaliers tenus à ce service et il donne les six noms de Saint-Gilles, de Gourfaleur, de Courcy, de SaintOuen de Baudre, de Soule et d'Aigneaux. Cet auteur se reporte au Liber feodorum Philippi régis Augusti. Tout cela est assez obscur et nos textes y porteront la pleine lumière. Disons, tout d'abord, qu'à l'époque féodale la Baronnie constituait l'indication d'un des grands fiefs, qui relevaient directement de la couronne royale.

Celle de Saint-Lo, possédée par les évêques de Coutances, avait notamment sous sa dépendance, à titre de fiefs, les seigneuries de Saint-Jean-d'Aigneaux (2), de Saint-Gilles (3), du Mesnil-Rouxelin (4), de Canisy (5), de Courcy (6), de La Soulle (7), de Tresly (8), de Saint-Ouen-de-Bauldre (9), de Sainte-Croix de Saint-Lo (10), de Rampan (11), de SaintGeorges-de-Montcoq (12), de Gourfaleur (13), et quelques autres encore.

(1) Châteaux du département de la Manche. Château de SaintLo, p, 70.

(2) Agneaux. Canton de Saint-Lo.

(3) Canton de Marigny.

(i) Canton de Saint-Lo.

(5) Canton de Canisy. Chef-lieu.

(6) Canton de Coutances.

(7) Soules. Canton de Canisy.

(8) Trelly. Canton de Montmartin-sur-Mer.

(9) Baudre. Canton de Saint-Lo.

(10) Canton de Saint-Lo.

(M) Canton de Saint-Lo.

(12) Canton de Saint-Lo.

(13) Canton de Canisy.


Les quatre premières de ces seigneuries, qui étaient, en l'an née 1549, en la possession de Jean de Sainte-Marie, de Guillaume de Saint-Gilles, de Gilles de Bauldre et de Philippe Carbonnel, se trouvaient tenues nominalement chacune aux devoirs d'un chevalier, pour et au nom de l'évêque de Coutances, pendant quarante jours, chaque fois que le Souverain leur faisait appel, en temps de guerre, c'est-à-dire pour le service d'ost, selon l'expression consacrée.

Quant à Jehan de Gourfaleur, pour son fief de Gourfaleur, s'il n'était obligé qu'à payer 24 sous tournois pour l'aide de l'ost du rord, il était, en outre, durant quarante jours, assujetti à garder l'huys, c'est-à-dire la porte de la chambre de l'évêque de Coutances, au château de Saint-Lo.

Au surplus, tous les tenants des fiefs dépendants de l'évêché de Coutances, au nombre d'environ vingt-cinq, devaient personnellement monter la garde au château de Saint-Lo, pour sa défense, en tous temps. (1)

Cependant, malgré la grande autorité de Matignon et la ferme volonté qu'il avait manifestée de maintenir le château de Saint-Lo en parfait état de défense, les Huguenots, qui étaient fort nombreux dans le Cotentin et surtout aux environs de Saint-Lo, inspiraient toujours des craintes sérieuses. M. d'O, (2) l'un des favoris du roi Henri III et l'un de ses conseillers les plus écoutés, voulut prendre l'initiative de lui demander le démantelement du château, afin d'ôter aux ennemis de la tranquillité publique toute velléité de s'en emparer, de s'y fortifier et d'y constituer même le siège d'une nouvelle guerre. (i) Voir pièce justificative in fine.

('2) Fr. d 0 fut surintendant sous Henri III, depuis 1B78. Bien qu'il fut universellement haï pour ses concussions, il resta en place à l'avènement de Henri IV. Ses prodigalités surpassaient encore ses éxactions.


Consulté à ce sujet, de Longaunay, alors gouverneur de la Basse-Normandie, en écrivit énergiquement au Roi, en insistant sur l'urgence de multiplier les moyens de rendre à la forteresse tous ses plus puissants moyens de résistance. Jean de Gourfaleur, seigneur de Bonfossé, qui était, en ce moment, capitaine.du château, se montra très naturellement très hostile au démantelement dont il avait été question Cela se passait vers novembre 1585 (1).

Le roi, par lettre du 18 de ce même mois, envoya à Longaunay une lettre des plus flatteuses sur sa vive résistance à cette destruction, qui eut été désastreuse et absolument contraire aux intérêts du parti catholique. (2)

Peu après, De La Haulle-Duchemin ayant été établi gouverneur de Saint-Lo, la résolution fut prise très sérieusement d'achever les fortifications du château, en même temps que celles de la ville elle-même, d'après les plans restés inachevés de Matignon, devenu maréchal de France, en 1579. (3) Les travaux furent conduits avec vigueur, et, d'après de Gerville (4), les parties qui en subsistaient lorsqu'il visita Saint-Lo vers 1820, se reportaient bien à cette époque. Il constata seulement l'existence de deux tours, l'une dans le jardin de la Préfecture, l'autre près de la rampe, entre la prison neuve et Torteron.

Il n'est pas douteux que Matignon avait multiplié tous ses efforts pour donner à Saint-Lo tout le plus grand essor et tout l'éclat possible.

Du reste, à tous égards, cette ville le méritait, car si l'on ajoute foi à l'éloquente manifestation du roi Henri IV, dans son édit de création du collège de cette ville, daté du mois de décembre 1609, « Saint-Lo était l'une des principales villes et la (1) Toustain de Billy, déjà cité, p. H7 et 118.

(2) Id.

(3) Toustain de Billy Déjà cité, p. 126.

(4) Châteaux de la Manche. Saint-Lo, p. 69.


« troisième de la province de Normandie (1) ». Nous ne voulons pas douter de la sincérité de cette suprême manifestation royale qui plaçait Saint-Lo immédiatement après Rouen et Caen. Dans un tel état de choses il était logique que le titre de chef-lieu du département de la Manche revint à Saint-Lo, quoique de prime abord il eut été attribué à Coutances.

Sous l'administration des Matignon les prévisions de guerres prochaines ne se réalisèrent pas et les constructions militaires du Maréchal cessèrent d'être utiles. La Baronnie de Saint-Lo put donc jouir d'une assez grande tranquillité.

Cependant l'énormité des impôts sous lesquels succombaient ses habitants les entraîna, en 1635, à une violente sédition, tellement grave qu'ellemotiva des lettres de grâce et d'abolition de la part du roi Louis XIII. Il en avait été ainsi également à Rouen, dès l'année précédente.

Quelques années plus tard, en 1639, survint l'insurrection des Nu-Pieds, dont l'étincelle partie d'Avranches parcourut rapidement le Cotentin et toute la Basse-Normandie. Le chef des révoltés osa même un jour afficher, sur les portes de SaintLo, un placard rempli de menaces pour ses échevins et ses administrateurs municipaux. Les populations eussent peut-être répondu à l'appel de Nu-Pieds, le général des révoltés, car l'émotion avait été vive au milieu d'elles; mais elles gardèrent un prudent silence dès qu'elles virent avec quelle énergique vigueur Gassion, délégué par la Cour, à la tête d'une petite armée, fit procéder dans Avranches à de sanglantes exécutions. Ces moyens amenèrent bientôt une pacification complète. Ces derniers événements n'eurent' qu'une valeur historique relativement secondaire..

Mais ce qui contribua exceptionnellement à donner un certain éclat à la baronnie de Saint-Lo durant toute la dernière (1) Toustain de Billy. Déjà cité, p. 133.


période de son existence, ce furent plusieurs de ses Capitainesgouverneurs, qui furent des hommes de mérite, et, par dessus tout, cette grande famille de Matignon, dont chacun des membres sut conquérir les premiers rangs dans l'Etat. Elle fut également remarquée par ses alliances avec les familles les plus notables de la France.

Entre tous, Jacques-François-Léonor de Goyon de Matignon obtint du roi le titre de Pair de France, par lettres patentes de décembre 1715, à l'occasion de son mariage avec la duchesse de Valentinois, fille unique d'Antoine de Grimaldi, prince souverain de Monaco. Ce mariage avait eù lieu le 20 octobre 1715, et l'une des conditions du contrat fut que lui et leurs enfants seraients substitués au nom et aux armes de Grimaldi. A la mort de son beau-père (le 12 février 1731) la principauté de Monaco lui fut acquise. Depuis elle est restée à ses descendants directs, représentés, en ce moment, par S. A. Sérénissime Mgr le Prince régnant Albert de Monaco, duc de Valentinois, comte de Torigny et baron de Saint-Lo, grand d'Espagne de 1 re classe et Grand-Croix de la Légion d'honneur. Elu membre correspondant de l'Institut de France (Académie des Sciences, dans la section de géographie), le 27 avril 1891, ce prince s'est fait connaître particulièrement par de remarquables voyages maritimes et des découvertes scientifiques de premier ordre. C'est un savant d'une éminente distinction, qui a bien voulu prendre rang parmi les membres de la Société d'Agriculture, d'Archéologie et d'Histoire naturelle de la Manche. § 6e. Les PLANS DU CHATEAU DE SAINT-LO Notre Mémoire serait incomplet s'il ne parlait pas de la topographie de la citadelle de Saint-Lo.

Nous en connaissons deux plans qui se complètent l'un par l'autre et nous permettent d'en reconstituer l'ensemble.


L'un se trouve aux Archives Nationales, dans un carton classé T. 429, avec le n° 18, sous le titre Emigrés et condamnés. Il provient des archives et papiers trouvés au château de Thorigny, lors de l'arrestation du duc de Valentinois, qui mourut dans les prisons de la Conciergerie avant son appel devant le Tribunal Révolutionnaire, en 1793.

Ce plan peut remonter à l'année 1780 environ. Toutes les parties qu'il indique des fortifications sont dessinées avec une netteté irréprochable et teintées au carmin. Nous ne pouvons exprimer à son égard qu'un seul regret, celui qu'il ne nous donne guère que le tiers de la forteresse, et que nous n'en possédions pas la clé. En effet, les vnigt-quatre lettres de l'alphabet sont portées sur autant de parties de son ensemble, et nous n'avons pu rencontrer la nomenclature à laquelle correspond chacune de ces lettres. Par suite nous ne pouvons préciser certains détails sans hésitation. Pourtant quelques indications nous apprennent que les deux tours qui défendaient l'entrée de la forteresse et recelaient le mécanisme complet du pont-levis, étaient occupées par le Major de la place et le Magasinier.

A droite du pont-levis, du côté de l'Est, une ligne de murailles se dirigeait vers une tour, formant à angle droit le point de départ d'une deuxième ligne de murs se dirigeant vers le Nord-Est, avec une tourelle servant de geolle, située à une certaine distance.

Des fossés creusés dans le roc défendaient l'approche de ces deux murailles dans toute leur longueur. Il en était de même tout autour de l'enceinte générale, excepté du côté de l'Ouest où la rivière de Vire constituait une défense plus résistante encore.

Les jardins de la citadelle s'étendaient de la tour droite du pont-levis jusqu'aux pieds de la geolle. Pour les jardins du château, ils occupaient toute la partie intérieure et droite de


l'enceinte, depuis le pont-levis jusqu'à l'habitation Aa Duc de de Valentinois, devant la quelle était une Vaste cour. Une avenue triomphale et large permettait l'accès à celle-ci. A gauche de la tour du pont-levis, et du côté de la Vire, qui constituait elle-même un moyen sérieux de défense pour la citadelle, une muraille prenait la direction de l'Ouest jusqu'à une tour d'angle. Puis formant équerre, un nouveau mur, parallèle à la rivière, formait la troisième face du quadrilatère, qui avec une quatrième muraille longeant le Nord, complétait l'enceinte fortifiée et entière. Le long de la Vire se trouvaient deux tours, dont l'une semble avoir été nommée La Tourelle.

Naturellement tout l'ensemble de ces murailles d'enceinte était surmonté de créneaux et de machecoulis. Enfin sur leurs sommets étaient les boulevards, ou plate-formes.

De cette sorte, notre plan fait connaître cinq tours, dont deux au levant et trois au couchant plus les deux tours surplombant le pont-levis. En tout, il indique sept tours.

Une poterne existait aussi au pied de la tourelle servant de geolle, sur la droite.

Quant au corps de garde, il était de ce même côté droit, mais en dehors du fossé.

Toutes différentes sont les perceptions de notre second plan original, qui existe à la Bibliothèque nationale, section des Estampes, classé à la série du département de la Manche, arrondissement de Saint-Lo V. A. n° 103.

Il est plus ancien que le précédent de 25 à 30 ans, et il a l'avantage de faire connaître les renvois aux vingt-quatre lettres de l'alphabet qui s'y trouvent sur différents points indicateurs.

Prenons donc connaissance de ces précieuses notions.


A. Porte de la citadelle, donnant accès vers la ville de Saint-Lo.

B. Tour située sur le sommet du rempart. Elle servait de magasin à poudre. Sa situation était à droite, vers le nord. C. Jardin de M. Le Monnier, président. A gauche de la porte A.

L. Rues par lesquelles on descend de la ville, pour arriver au bas du faubourg Saint-Georges.

S. Eglise Notre-Dame.

T. Eglise Saint-Thomas. En dehors de la citadelle, vers le midi.

V. Porte de Torteron, accédant à la rue de ce nom. Là sont deux tours, dont l'une à l'angle du quadrilatère de la Forteresse. On peut en tirer la conclusion que quatre tours formaient chacun des angles de l'enceinte.

Ce deuxième plan indique huit tours, plus les deux du pont-levis de l'entrée. Ces deux là étaient circulaires quant à l'extérieur, mais elles avaient une face rectiligne à l'intérieur du château-fort.

X. Rue Torteron. C'était à l'extrémité de cette rue qu'était la citadelle.

Y. Le grand Pont sur la Vire. Il a six arches.

Z. Auberge du Soleil-Levant. Place Des Champs où se tenaient les foires.

AZ. Auberge de La Licorne, au bas de la rue de Torteron. Le château est figuré aussi bien sur ce plan que sur le précédent, à l'extrémité intérieure de la citadelle et bien en face du pont-levis. Il était donc situé dans la partie la plus élevée de la forteresse. Derrière lui et assez proche, est une muraille crénelée, aux extrémités de laquelle sont deux tours cette mu-


raille est la plus étendue en longueur des quatre lignes formant l'enceinte.

Au moyen de nos deux plans, qui contiennent des solutions de continuité dans cette enceinte, et en reliant l'ensemble des murs les uns aux autres, on peut en reconstituer la totalité entière. Cependant on n'y peut parvenir ainsi qu'au moyen de certaines fictions.

Il n'en est pas moins certain que le quadrilatère de cette enceinte présentait quatre lignes absolument inégales en longueur. Celles dont les développements étaient les plus considérables se trouvaient au Nord et à l'Est. Le mur le plus court était celui du Sud, qui, vers son milieu, encastrait le pont-levis

Notre deuxième plan avait été rédigé à l'occasion d'un procès criminel, dans le quel sont rappelés les noms de MM. de la Maugerie et de La Luzerne. § 7e. LES ANCIENNES PORTES DE Saint-Lo. Comme annexe de toutes ces fortifications du Château et de la ville, entourée de murailles formidables, nous croyons devoir ajouter ici la liste des anciennes portes de Saint-Lo. Nous en donnons la nomenclature telle que M. le Président Lepingard a eu l'extrême amabilité de la dresser à notre intention. Nous ne saurions assez l'en remercier avec la complète effusion de notre gratitude. Cette liste nous paraît précieuse à conserver elle forme un chapitre tout entier dont nous tenons à reporter l'unique honneur vers son auteur. Anciennes portes.

Il y avait autrefois trois portes, situées au Neufbourg. Deux d'entre-elles se trouvaient au haut du dit lieu la troisième était à l'entrée de la rue Croix-Capey (sic).

3


Une comme on va à la Fontaine Venise.

Une autre proche du Pont-Leton.

Une autre proche l'église Saint-Thomas, pour aller aux Fourchemins.

Une autre située à Béchevel.

Une autre appelée Porte-Nique, proche de Saint-Thomas. Deux autres situées proche le Carrefour de l'Hôpital. Une autre proche du Pont de Vire.

Une autre sise au haut de Falourdel

Une autre à La Croix-Cauvet.

Une autre au haut de la rue Saint-Georges.

Une autre au bas de la dite rue Saint-Georges, appelée Porte au Four.

Deux autres appelées Portes Dollée avec ponts-levis et corps de garde attenant à la porte.

Deux autres sises à l'entrée de Torteron; à l'entrée de la ville de Saint-Lo (sic), avec leurs ponts-levis.

Une autre au Vaudevile Mêle.

Une autre à Pot d'Airele ou d'Airin (route de Carentan et Saint Georges).

Deux à la rue des Ruettes. L'une au haut; l'autre au bas. Une sise proche des moulins de Vire.

Une sise proche du presbytère de Notre-Dame. § 8. RÉSUMÉ

Créé comme tant d'autres par Charlemagne, au vin0 siècle,

c'est-à-dire aux origines de la Féodalité, le château de SaintLo perdait tout caractère lorsque l'Assemblée constituante eut, dans sa séance mémorable du 4 août 1789, décrété l'anéantissement de ce régime politique et social. En réalité, la forte-


resse fut établie pour assurer la défense de la baronnie de Saint-Lo qui doit remonter aux mêmes temps.

Pendant les dix siècles de son existence il a subi de nombreuses variations que nous avons énoncées. Elles se rattachent d'une façon caractéristique aux dénominations que nous pouvons appeler l'âge du bois, l'âge de la pierre avec son donjon isolé, et l'âge de la poudre à canon, avec pour tableau dramatique son épisode de la guerre de Cent-Ans, l'époque des guerres de Religion, et enfin le gouvernement des Matignon, devenus possesseurs de la Baronnie de Saint-Lo. L'Empereur Napoléon 1er fit bien disparaître les derniers vestiges de Saint-Lo fortifié. Mais la charte de 1815, en rétablissant les anciens titres a relevé fictivement l'éclat de sa brillante renommée. Ce n'est plus qu'un nom désormais, et cependant il saura toujours évoquer des souvenirs de luttes ardentes pour des causes saintes et respectées, comme encore les reminiscences de personnages illustres et surtout de merveilleuses traditions immortelles qui ne sauraient disparaître. Hippolyte SAUVAGE.

Pièce Justificative

Aveu rendu au roi Henri II, le 28 septembre mil cinq cent quarante neuf, de la Baronnie de Saint-Lo, par Payen d'Esquetot, évêque de Coutances.

(Archives nationales. Chambre des Comptes. Normandie. Cotentin. Anciens Aveux Originaux. P. 292, nos CLX et 439). DU ROY NOSTRE SIRE EN SA VRAYE SUBIECTION ET OBÉISSANCE A CAUSE DE SON DUCHÉ DE NORMENDIE,

Nous Paien de Esquetot, par la permission divine Evesque de Coustances,

Confessons et advouons tenir neuement et sans moien par hommaige de féaulté les héritaiges, possessions et revenus


temporeles tant en chef que en membres que nous tenons et possédons par raison et à cause du dict évesché, des quelles possessions spéciallement de ce qui est tenu franchement et noblement à court et usage les parties enssuyvent Premièrement la Baronnye de Saint Lo avec ses appartenances et deppendences quelzconques tient espanchement et noblement à court et usage, gaige pleige, jurisdiction et congnoissance des causes, querelles et autres choses tant en la forme et manière que nous et nos prédécesseurs Evesques de Coustances en avons jouy et usé ou temps passé tant en jurisdiction de cours, de cheminages, voyes, sentiers et chemins, estaulx de tavernages, de mesures de bledz et de boires, de petites pouches ou l'on apporte vendre le charbon en la ville de Saint Lo, qui debvent estre d'une verge de long et demye de laize à la mesme verge, que aultres choses.

Item la congnoissance, jurisdiction, correction et pugnition de crime de toutes aultres malfaçons et deffaulx et de tous draps et de tous aultres mestiers quelzconques qui sont faicts en la dicte ville de Saint Lo, tant en fort que dehors, etc., etc. Item la congnoissance, pugmtion et correction de l'aulne et poix (poids).

Item les coustumes, halles, couvertz et estallages avecque la jurisdiction qui en despend d'icelle ville de Saint Lo. Item la congnoissance des foires de Saint Gilles et la Magdalaine, et des marchez d'icelle ville avec leurs appartenances et deppendences en la dicte ville de Saint Lo et illec environ. Item la congnoissance des édiffices vieulx et nouvcaulx, empeschements, debatz ou controuverses qui en naienssent, etc., etc.

Et generallement de toutes aultres choses qui à droict, franchise et dignité de baronnye appartient; obéissant faire plus à plaine déclaration, sy mestier en est.


Item nous avons plusieurs terres en la dicte baronnye et dommaines, manoirs, tant à Saint-Lo, chasteau à Bonfossé, nommé le chasteau de la Motte-Levesque, que aultrement, granges, manoirs, maisons, halles, chastel ou forteresse, cohues, coulombiers, jardinages, bois, sans tiers et sans dangier, terres arréables et non arréables, préz, moulins à blé et à draps, etc., etc.

La quelle baronnye s'estend en plusieurs lieulx, villes et paroisses. C'est assavoir ès paroisses Nostre-Dame, Saincte Croix, Sainct Thomas de Sainct Lo, Sainct George de Montcoq, Sainct Oxien de Vaudru, Le Mesnil Rouxelin, Aigneaulx, Sainct Gilles, Gourfallour, Canegy, Courcy, Blanville, Lingreville, Trely, Sainct André du Valjouas, Sainct Denys-leGast, Cenilly, Le Puistomy, Brevant, Foville, Valloignes, Esqueurdreville, Cherbourg, Saincte Croix de Frantonne, Sainct Martin et Sainct Ebvremont de Bonfossé, Annebou, La Mansselière, Sainct Sanson de Bonfossé, Malleville, Bouille, Sainct Louet sur Lozon, que ailleurs.

De nous sont tenuz plusieurs francz fiefz, membres de fiefz, arrieres fiefz, vavassories et tenements franchement à court et usage, etc., etc.

C'est assavoir Item Jehan de Saincte Marie, escuier, tient de nous, par foy et hommaige le fief, terre et seigneurie d'Aigneaulx, o ses appartenances, par un fief de haubert entier, dont le chef est assis en la paroisse Sainct Jehan d'Aigneaulx, et nous en est deu service de Ost. C'est assavoir le tiers d'un service de chevalier par quarante jours, icelluy service passant par nostre main et allant au Roy nostre sire en l'acquit de la dicte baronnye toutes foys que le Roy nostre dict seigneur faict semondre et prendre ses services de ost et avecques ce nous est deu service d'un chevalier en la garde du chastel du dict lieu

(\) Ouen de Baudre.


comme il est acoustumé d'ancienneté toutes foys que le cas s'offre, etc., etc.

Item Guillaume de Sainct Gilles, escuier, tient de nous par foy et hommage le fief de Sainct Gilles, avec toutes ses appartenances par ung fief de haubert entier, dont le chef est assis en la paroisse de Sainct Gilles et nous en doibt tel et semblable service de chevalier estant et passant en nostre main et allant au Roy, nostre dict sire, en lacquict de la dicte baronnj e et que la garde du dict chastel de Sainct-Lo nous en est due à cause du dict fief d'Aigneaulx, selon ce qui est cy dessus déclaré, etc. Item Gilles de Bauldre, escuier, seigneur du Mesnil Rouxelin, tient de nous par foy et hommage le dict fief du Mesnil Rouxelin, o toutes ses appartenances par le tiers de ung fief de haubert, dont le chef est assis en la dicte paroisse du Mesnil Rouxelin, et nous en doibt service de chevalier, passant nostre main et allant au Roy nostre sire, en l'acquit de la dicte baronnye, comme aussy la garde du dict chastel de Saint Lo. Item Philippes Carbonnel, escuier, tient de nous par foy et hommage le fief de Canecy, avecques ses appartenances, par demy fief de haubert, etc., dont le dict fief est assis en la dicte paroisse de Canecy et nous en doibt service de demy chevalier, passant nostre main et allant au Roy, nostre dict sire, en l'acquit de la dicte baronnye toutes foys que le Roy faict semondre ses services d'ost, etc.

Item à cause de la dicte baronnye de Sainct Lo tenons et nous appartient le fief de Courcy par demy fief de haubert à toute justice et jurisdiction que seigneur Baron peult ou doibt avoir en la paroisse de Courcy près Coustances, et en est deu au Roy, nostre dict sire, service de demy chevalier à cause de la dicte baronnye toutes fois que le Roy faict semondre ses services d'ost. Et en icelluy demy fief avons manoir, etc., droict de patronnage, etc., etc., du quel demy fief Gilles de Guernet, escuier, tient de nous par hommage ung quart de fief de hau-


bert nommé et appelle le fief de la Haulle (Soulle), assis en la dicte paroisse de Courcy, et nous en doibt la moitié du dict service passant nostre main et allant au Roy nostre dict sire, en l'acquit de la dicte baronnye, etc., etc.

(Suit la nomenclature de divers devoirs rendus par les seigneurs ci-après nommés pour leurs fiefs)

Les héritiers de Guillaume Potier, pour fief situé à Courcy. René Dangerville, seigneur de Grainville, pour fief à Tresly. Ameurry de Bauldre, pour fief à Saint Ouen de Bauldre. Ravend de Parfourru, pour fief à Sainte Croix de Saint Lo. Michel Clerel, pour le fief de Rampan, à SuGeorges de

Montcoq.

Guillaume Le Chevalier, pour le fief de Lignerolles (ou Vignerolles).

Jehan de Caumont, pour le fief de Gourfalleur.

Jehan Ferey, pour le fief du Chouquay, à Valjouas. Jehan du Hamel, pour le fief au Vicomte, à S'-Ebremont de Bonfossé, etc., etc.

Item Nous avons en la dicte ville de Sainct Lo des denrées qui y sont apportées, en prinse, (1) c'est assavoir de vin, de poisson et de toutes aultres marchandises en l'estat et selon ce qui est accoustumé d'ancienneté.

Et, pour raison de nostre dicte baronnye et appartenances d'icelle, sommes tenuz faire ou faire faire au Roy nostre sire service d'ost, c'est assavoir de quatre chevaliers pour quarante jours toutes foys qu'il faict semondre, prendre et faire ses services d'ost en la manière et selon ce qu'il est accoustumé faire d'ancienneté, etc.

(1) Prinse, c'est-à-dire par confiscation.


Item Nous sommes tenuz de faire garder par nostre geollier ès prisons de nostre dict hostel et chastellerie du dict lieu de Sainct Lo ung jour et une nuyct seullement les prisonniers qui, par cas de crime ou aultrement, sont prins en la dicte ville par les sergens et officiers du Roy, nostre dict sire, s'ilz sont admenez ès dictes prisons; et les faire rendre au jour de lendemain après heure de soleil levé, et mettre hors les dictes prisons par payant le geollage comme il est accoustumé de faire d'ancienneté et auparadvant le temps des guerres, etc., etc. Faict le vingt cinquiesme jour de septembre mil cinq cent quarante et neuf. Suit la signature originale P. E. de Coustances.

A cet acte est joint le sceau du prélat, contenant un écusson à trois fasces. La légende est illisible.


EN LA PAROISSE DE RAMPAN

1

Ce fief, qui relevait par un membre dé haubert de la châtellenie de Colombières (1), appartenait, au xive siècle, à Thomas de Champeaux, bourgeois de Saint-Lo; sa fille Jeanne ayant épousé Raoul de Crennes (ou Cranes), ce dernier est ainsi mentionné dans un aveu de la seigneurie de Colombières, rendu au Roi, le 9 mars 1394, par Jehan de Coulombières, chevalier

« Raoul de Crennes, escuier, tient de moy, à cause de sa femme, par un siziesme de fief, à Rampan et illec environs, en la vicomté de Baieux. (Archives nationales, P 306) (2). Nous ignorons comment le Buret sortit de la famille de Crennes quoiqu'il en ait été, aux termes d'un acte provenant du chartrier d'Asnières (Archives du Calvados, F. 1100) le

(1) Ce membre de haubert est évalué, tantôt un huitième ou un sixième, tantôt un quart.

(2) Ibid. Extrait d'un aveu du temporel de l'Erêché de Bayeux parl'évêqueZanondeCastillon,en 14S3: « Mgr Guillaume de Feremeville (?) tient d'icelle baronnie (Saint-Vigor) neuement et noblement, ung quart de fieu de chevalier nommé le fieu de Port, assis ès vicomtés de Biieux et Vire, dont le chef est assis en la paroisse de Lestanville. du quel les héritiers maistre Raol de Cranes, à cause de sa femme, tiennent un huitiesme (?) de fieu assis en la paroisse de Rampan, et, à cause de ce, nous sont deuz reliefs, XIII08 et aides coustumières. avecques. jours de service d'ost aux despens du d. Destremeville (?) et de ses successeurs, seigneurs du d. fieu de Port, et entre les quatre portes de Normendie quand l'ost du Prince est mandé. Telle est l'origine de ce nom de Port donné à l'un des fiefs de la paroisse de Rampan, appelé aussi fief d'Airel.


fief du Burel (sic) fut, en 1450 (1), donné par contrat de mariage à Chardine de Saint-Gire, épouse de Jehan Lambert, écuyer, seigneur de Champrepus, en la vicomté de Coutances. Il était fils de Jehan et de Jehenne Bouran. Le père de Chardine, qui lui constitua ce fief en dot, s'appelait Henry il demeurait en son « ostel » à Guéron. Un aveu du 14 mai 1494 nous apprend en outre que Chardine de Saint-Gilles (sic) « dame du fieu, terre et seigneurie du Buret était à cette époque, veuve de Lucas du Fresne, écuyer (2). Bernard Le Pigny, seigneur de Rampan, qui vivait au début du xvie siècle, fut également seigneur du Buret, comme en fait foi cet extrait d'un autre aveu rendu au Roi, en 1534, par Jean de Bricqueville, seigneur de Colombières « Les hoirs Bernard Le Pigny tiennent du dit fief (Colombières) un quart de fief, par hommage, assis à Rampan et illec environs, en quoy il m'est tenu 50 sols tournois de rente » (3).

A dater de Bernard Le Pigny, le Buret suivit le sort de la seigneurie de Rampan-La Meauffe dont notre Président, M. Lepingard, a donné une très complète et intéressante monographie dans le XVIe volume de ces Mémoires. Il appartint donc successivement, par droit d'héritage, aux familles Suhard (4), Du Chastel et Du Fayel, de 1537 à 1790. II

Afin d'éviter des redites, nous nous bornerons à analyser ici un aveu et dénombrement du fief du Buret, rendu à Gabriel (1) Cette date peut aisément se concilier avec Zanon de Castillon, cité plus haut, car en 1453, l'évêque ne parle que des ayant droit de Raoul de Crennes.

(2) Archives du Calvados (Charlricr d'Asnières).

(3) Cf. Statistique monumentale du Calvados, par M. de Caumont, T. III, p. 719.

(4) Aveu rendu à Jean de Bricqueville, seigneur et châtelain de Coulombières et des seigneuries de Bernesq et Osmanville, par Jean Suhard, écuyer, sieur de Lison, à cause de ladite seigneurie et châtellenie de Coulombières, du fief du Buret, quart de haubert assis à Rampan (22 mai 1549). (Ibid.).

N


de Bricqueville, chevalier, seigneur et patron du lieu, châtelain de Coulombières, Soulles, Bernesq et Bonfossé, le 23 mai 1622, aux plaids de gage-plège de la châtellenie, par Louis du Chastel, écuyer, seigneur de Rampan-La Meauffe, Airel et le Buret, ce dernier fief sis à Rampan et déclaré relevant, par un quart de haubert, de la châtellenie de Coulombières (1). Fief ALLAIN, 4 acres.

Aine Samuel Chatrefou, monnoier à Saint-Lo, héritier, à cause de Jeanne Cauvin, sa femme, fille et héritière en sa partie de défunt Ollivier Cauvin, pour « demye vergée de terre

ou viron, portion en pray et l'autre labourable, sur quoy y a quelques poiriers, nommée le Vallon, faisant boutz et costez. le chemin tendant à l'escluze du moullin d'Ecalhan. Item, portion de maison. faisant boutz et costez. le chemin tendant à la Doublerie. »

Puînés Roullande Cauvin, sœur de la d. femme Chatrefou,

pour un quartier de terre en jardin planté de pommiers, et une portion de maison, bute le dit aîné.

Jean Legendre, à cause de sa mère, pour une vergée, bute le chemin tendant du Pont-Hébert à l'église de Rampan Robert Cauvin, de la paroisse de Saint-Georges, pour 3 vergées, nommées le Grand Merleroi, bute le chemin tendant du Pont-Hébert au manoir du seigneur Louis Le Menuet, « à cause du conquest qu'il a faict de Guillaume Doublée, « fils Jean », pour un quartier de terre, bute, d'un bout, au chemin tendant du Pont-Hébert à Saint-Lo, et, d'autre but, sur le chemin du moulin d'Escalhan. Item, trois quartiers « de « terre. faisant butz et costez le dict Le Menuet et l'eaue « d'Escalham. »

Fleury Cauvin, pour une vergée et demie en deux pièces la (4) i p. parchemin Chartrier d'Asnières (Archives du Calvados). F. 4400.


première contenant trois quartiers et une maison, « butte le « chemin tendant du Mesnage-ès-Doubletz au moulin d'Es« calham » la seconde, contenant trois quartiers, bute le chemin tendant du Pont-Hébert à Saint-Loetle dit chemin d'Escalham. Robert Grente, pour deux pièces, la première d'une vergée, nommée la Vallée, bute l'eau du moulin d'Escalham; la seconde, appelée le Bas-Camp, contenant une vergée, bute au chemin tendant du Pont-Hébert à Saint-Lo.

Jean Cauvin, pour une demi -vergée, bute l'eau d'Escalham Item, pour une vergée trois quartiers et demi, mêmes buts. Georges Cauvin, pour deux pièces la première d'une vergée et demie, bute le chemin tendant du Pont-IIébert à SaintLo la seconde, contenant un demi-quartier plus une demie vergée tenue avec François Cauvin.

Jean et Martin dits Patrix, pour une vergée et demie sise ès Haulx-Champs, bute le chemin tendant du Pont-Hébert à l'église de Rampan.

Redevances. & A cause du quel fief ou vavassorerie, les dicts aisné et puisnez doibvent, sans division, par chacun an, les rentes et services qui ensuivent allant à mon dict sieur, passants la main du dict aîsné. au terme Sainct-Michel. douze razières d'avoine rattez. 4 sols tournois pour resséantize (1); item, au terme de Noël, 2 pains, 2 guellines item, au terme de Pasques, 20 œufs et sont tenus les dicts aîsnez et puisnez, porter les rentes susdites en la maison de Guillaume Capelle où l'on a accoustumé à faire la recepte, ou en la maison et grenier du dict sieur, sur paine d'amende. Item, doibvent service de prévosté en leur rang avec relliefs, traiziesmes et aides (1) ARTICLE 188 DE LA Coutume DE Normandie. Caution pour non resséance sur le fie/. « les hommes et tenans ne seront resséans du fief, ils seront tenus de bailler piège resséant dudit fief, de payer les dites rentes et redevances pour ladite année


coustumières, gasteau de mariage, le cas offrant, avec obéissance de gaige-plège, court et usage de la dite sieurie (1). FIEF Es BOURSINS, 2 acres.

Aîné Jean Cauvin, pour cinq vergées, bute au chemin tendant du moulin d'Escalhan au Mesnage-ès-Doublée. .PM:tës Louys Le Menuet, pour une demi vergée, cinq perches < une maison dessus estante, jouxte au douyt d'Escalham. »

Les héritiers de Robert Doublée, pour deux vergées en une pièce nommée le Clos-de-Haut, bute au chemin tendant du Pont-Hébert à Saint-Lo.

Gilles et Pierre dits Doublée, fils Jean, pour un quartier, cinq perches.

Redeoances A la Saint-Michel, 10 rasières d'avoine rattées, 3 pains, 2 guellines à Pâques, un chapon, 20 œufs. FIEF DE SAiNCT-SEpHORiAM (2), 5 acres.

~4.:Më Jean Cauvin, fils Guillaume, pour quatre vergées et demi, en une pièce, bute le chemin du Pont-Hébert à Saint-Lo.

jPM~ës Guillaume Cappelle ou les représentants le droit de Jean Couldran, pour une vergée en 2 pièces, jouxte le dit chemin et l'eau de Vire. Item pour quatre vergées et demi, jouxte l'eau de Vire, le dit chemin et le douyt d'Escalham. Redevances A la Saint-Michel, 20 rasières d'avoine à Noël, 2 pains, 2 guelines à Pâques, 20 œufs.

FIEF DU BoscQ, 4 acres.

Aînés Guillaume et Georges Vallée, frères, pour 12 ver()) Ces services se répètent pour tous les fiefs qui suivent. (2) Alias Samt-Hiphorien (aveu du 24 septembre 14!iS. Archives du alvados, F. 1100).


gées, 11 perches, en 4 pièces; la I' contenant 11 perches, bute le chemin du Roy la 2e, d'une acre, nommée les Afayesc~, bute au chemin de dessoubs le Clos-d'Airel (1) la 3% de 7 vergées, assise ès -SoMMa/s, bute à commune des fya/s la 4e, d'une vergée en pré.

Puinés Les représentants Jean et maistre Jacques dicts Vallée, pour une pièce nommée le ./a/'e~-<ïM- VesyMe, portion du grand jardin qui fut Hervieu Vallée, contenant 4 vergées, cr 3 maisons dessus estant e, bute le chemin allant de SaintGeorges à Rampan, le chemin du Roi et celui allant du village ès Cousiez, au moulin qui fut à noble homme Michel Clerel, et l'outreplus de la pièce (12 perches), Raoulet Lenepveu, ou le représentant son droit, à cause de sa femme, héritière de Thomas Vallée.

Louis Couespel, héritier de Raulette Vallée, ou ses hoirs, pour 7 perches, avec une portion de maison.

Redeoances A la Saint-Michel, une livre de cire. FIEF DE LA HERVEURIE, 13 vergées (2).

.4~ Gilles Tostain, fils Thomas, ou ses représentants, pour 4 vergées. 3 quartiers « un mesnage dessus estant », bute le ruisseau de la fontaine du dit ménage.

~*K!Mës Les représentants de Guillaume Cappelle, pour 3 vergées, un quartier en une pièce, bute le chemin de la Tos~a:nne~'e tendant à l'église de Rampan.

Geffroy Tostain, ou ses hoirs, pour 5 vergées en une pièce, supportant un ménage.

Redevances A la Saint-Michel, 19 rasières d'avoine, à la (1) On se souvient qu'il y avait à Rampan un fief de ce nom, également nommé le Port.

(2) Alias La //e?'u!e (plaids du H avril ~83. Jehan f ambert, escuier, sieur du Buret à cause de d"° Chardine de Saint Gire, sa femme). (Archives du Calvados, F. HOO).


mesure de Rampan à Noël, 2 pains, 2 guelines à Pâques, 20 œufs.

FIEF AU VE RDIER, 8 vergées.

~4:~ Melchicedech Le Soudain, ou ses hoirs, pour 6 vergées en 2 pièces: Ia~de4 4 vergées, bute au douet d'Escalham la 2°, de 2 vergées.

Puiné Geffroy Tostain, pour 2 vergées en une pièce. Redevances A la Saint-Michel, 7 mettants de froment, mesure de la dite sieurie, et 8 sols tournois pour resséantise à Noël, 2 pains, 2 guelines à Pâques, 20 œufs.

FIEF AU PERDRIEL, 3 acres.

Aîné Guillaume Tostain, ou ses représentants, pour 4 vergées, bute la rue .Pes~et et le chemin tendant de Saint-Lo au Pont-Hébert.

Puînés Laurentet Annet dits Tostain, pour une pièce de 8 vergées, mêmes buts.

Redevances A la Saint-Michel, 3 sols, 4 deniers à Noël, 2 pains, 2 guelines à Pâques, 20 œufs.

FIEF Es CRESPEAUX, 2 acres et demi.

~tës: Les représentants de Jean Doublée, pour 2 acres, « le chemin du moullin passant parmy. butte, d'un but, l'eaue du moullin d'Escalham; d'autre but, à une pièce de terre nommée le Jardin-de-la-Carderie et au chemin de SâintLo ».

Redevances 3 sols de resséantise, un demi-boisseau de froment, 10 rasières d'avoine, à la Saint-Michel.

ALLERONS La Croix-Patrix, 7 vergées et demi, 3 perches; bute au chemin tendant du Pont-Hébert à Saint-Lo, tenue par les représentants d'Ollivier Cauvin, moyennant un boisseau de froment de rente à la Saint-Michel et une gueline courte à Noël.


.DeM.r pièces contenant une vergée et demie, bute au chemin des Prez, tenues par Jean Tostain, fils Simon (1). FIEF DE LA JEHENNERIE, 15 vergées.

Aîné Jean Cappelle, fils Gilles, pour le tout, bute le chemin des Varendes et le douet de la Jehennerie.

Redevances A la Saint-Michel, 2 boisseaux de froment, mesure de ladite sieurie; et 12 sols tournois à Noël, 2 pains, 2 guelines; à Pâques, 20 œufs.

FIEF OBITTE, 7 acres.

Aîné Guillaume Cappelle, sieur de la Vesquerie, pour 5 acres, 3 vergées, un mesnage dessus estant, faisant butz et costez le chemin tendant de la Tostainnerie à l'esglize du dict lieu de Rampan, Gilles Tostain, la rue des Perroux(?), le chemin tendant de l'hostel ès Bourdons à la dicte esglize de Rampan et ès vieilles rues ».

PM~ës Gilles Cauvin, pour une demi-vergée, avec une maison, bute au chemin tendant à l'église de Rampan. Gilles Tostain, fils Thomas, pour 2 vergées.,

Laurens et Annet dits Tostain, frères, pour 2 vergées plantées en poiriers et pommiers.

Redevances A la Saint-Michel, un boisseau de froment, 8 rasiëres d'avoine, le tout mesure de Rampan, et 13 sols de rente à Noël, 4 pains, 6 guelines à Pâques, 40 œufs. FIEF Es HENRYES, 9 vergées.

.4:~ Gilles Cappelle, pour 5 vergées en 2 pièces, bute le chemin tendant de Saint-Lo au Pont-Hébert.

Redevances A la Saint-Michel, 6 rasiëres d'avoine rattées. (1) Apparemment, le Pray Lucas, de même contenance, tenu le 14 mai 14S7 par Chardin Fleury. (Archives du Calvados, F. HOO).


ALLERON La Forfaiture 4 vergées, bute au chemin tendant du Pont-Hébert à Saint-Lo, tenues par Gilles Cappelle, fils Guillaume.

Redevances A la Saint-Michel, 2 rasiëres d'avoine rattées. FIEF DE LA DEVistÈRE, 10 vergées, « une maison dessus estante. jouxte le douyt d'Escalham ».

.4:~ Le dit Cappelle.

Redevances A la Saint-Michel, 10 rasières d'avoine, 2 boisseaux et demi de froment, 2 rasiëres d'avoine « d'escroist (1) « de fief mesure du dit lieu à Noël, 2 pains, 2 guelines à Pâques, 20 œufs.

FIEF AU SAULT-VAUTIER, 3 acres en une pièce, bute l'eau de Vire aîné, André Clérel, écuyer, tant en son nom, qu'à cause de la damoiselle, sa femme.

Redevances A la Saint-Michel, 14 sols, 2 pains à Noël, 2 guelines à Pâques, 20 œuîs.

Les vassauxdu Buret étaient en outre astreints à faire moudre leur blé « à plaine mouture aux moulins de la seigneurie qui, de son côté, devait 50 sols de rente payables à la châtellenie de Colombières, le jour Saint-Michel, sur lepas du cymetière de Saint-Clair, « à la quelle fin, le Prévost ou Recepveur de la dite chastellenie est tenu s'y comparoir le dit jour, viron dix a unze heures du matin, pour faire la recepte des dits deniers, la quelle somme, les hommes et tenants de la dicte sieurie de la Meauffe sont tenus payer à ma descharge, passans la main du Prevost d'icelle sieurie, le quel mon prevost est subject de m'en bailler acquit vallable des dits deniers, sur payne de payer pareille amende que celle en quoy je pourrois estre condampné envers la d. chastellenie, et suis aussy subject à la Court et Jurisdiction à simple gaige-plège de la d. chas(1) Accroissement.

4


tellenie, aussy subject en relliefs, XIII~, aides coustumiëres, le cas offrant. D

Il y avait, en outre, un fief du Hommet qui faisait peutêtre partie, en 1622, du domaine non fieffé « De noble homme, Bernard Le Pigny, seigneur des fiefs, terres et seigneuries de Rampen, Airel et le Burel, je, Guillaume Capelle, confesse et advoue tenir par foy et par homaige, ung fieu ou tènement, nommé le fieu du Homet, contenant 5 vergées de terre ou viron, assis au dit fieu du Burel, joux, d'un costé, à mon dit Seigneur et, d'aultre costé, Alexis Chardine et sa femme, bute à Geoffroy Tostain, et en confesse debvoir à mon dit Seigneur, parchacun an, de rente, au terme Saint-Michiel en septembre, trois quarterons de cire, les quels je dois rendre (?), sur peine d'amende, à la recepte de mon dit seigneur. Relief s, XIII~, aides accoutumées, gasteau de mariage, quand le cas s'offre. « Baillé aux plés de la dite seigneurie du Buret tenus par moy Guillaume de la Roque, lieutenant du sénéchal de la dite seigneurie, le douziesme jour d'avril l'an mil V° et traize, qui fut reçu par le dit Seigneur, saouf à y mettre reproches.–<S:e De la Roque (Fief du Hommet-Les Capelles (1), trois quarterons de cire. )

G. DU BOSCQ DE BEAUMONT.

(i) Chartrier d'Asnières (Archives du Calvados).


Smt-Lo Phces et Rues

La place Belle-Croix faisait partie du Vicus de Doled, d'après un échange fait, en mai 1261, entre Radulf-Martin et les Prieur et Frères de la Maison-Dieu de Saint-Lo, (1) et dépendait de la Basse-Dollée, (2) la Grant-Dollée unissant avec le bief supérieur du Moulin de Dollée, (3) bief qui commence au Moulin-au-Cat et est élevé de 5 à 6 mètres au-dessus du canal de fuite de la première de ces usines.

Cette place était bornée, vers le N.-O., comme de nos jours par « la rue allante de la Porte de Dollée en la rue Saint« Georges, (4) à l'Est, par une voie assez déclive qui la sépare « d'un pâté de maisons au S. par la rue tendante de la Porte« Dollée au Moulin de Dollée (5)

Son étendue n'a pas dû varier beaucoup elle a même été conservée dans son intégrité, sinon agrandie vers la fin du xv~ siècle, grâce à une association de « Bourgeois demeurant « près et aux environs de cette place. (6) A cette époque, les Evêques de Coutances n'étaientplus Barons de Saint-Lo, mais

(1) Archives de l'hôpital de Saint'Lo. Livre rouge.

(2) id. id. Sentences du ;27 octobre 147S rendue « Es pies ordinaires de la sergenterie de Saint-Lo tenus par Richard de Caumont, écuyer, de la quelle il résulte qu'une < Veue fut assise d'office. devant la Croix du Carrefour de la Basse-Dollée.

(3) Archives de l'église Notre-Dame de Saint-Lo. Cartulaire de 1437.– Acte du mercredi jour de la Conversion Saint-Paul, an de grâce mil iijc lvj, folio 63.

(4) id. id.

(8) id. id. Acte du 18 juillet 1MO, folio 82.

(6) Actes devant les Tabellions de Saint-Lo, des 6 et 7 septembre ia91.


bien le Maréchal Jacques de Matignon, dont la femme, haute et puissante dame Françoise de Daillon, était la Procuratrice et savait tirer argent de tout. Or il advint qu'elle mît en vente, comme terrain vain et vague, la Place au Change, dont la Croix avait été abattue pendant les troubles religieux de 1262 à 1574, (1) sans se préoccuper de savoir si elle ne blessait point les intérêts de ses vassaux.

L'un de ceux-ci, Gilles Nicques, mercier et Bourgeois de Saint-Lo, après s'être corverti avec quelques-uns de ses voisins, fieffa, le 12 juin 1591, au prix de 5 sous tournois de rente, la place en question, sous la condition de « faire restablir la « Croix à ses despens Bientôt après et par contrat du G septembre de la même année, < Il accueillit et associa à sa FieSe

Me Jean Le Trésor, l'aîné, avocat (2)

Charles Trouvey, un protestant

Jean Feron, un serrurier

Me Vincent Barbey (3);

Jacques Corbrion (4)

Nicolas Hébert (5);

Charles Boutin;

Et Guillaume Capelle; sieur de la Vesquerie, tous bourgeois

comme lui,

(i) Actes devantlesTabelions de Saint-Lo, du 6 septembre IS91. (2) Jean Le Trésor possédait une maison près de la Croix-auChange (Acte devant les Tabellions de Saint-l,o, du 21 juin 1SS1). (3) Vincent Barbey possédait une maison sise à la Belle Croix. (Acte devant les Tabellions de Saint-Lo, du i2 juillet 1585). (4) Jacques Corbrion. Il acheta, vers 1S79, une maison ayant appartenu aux hoirs Jean Pipart, de Villiers-Fossard, la quelle était située à l'est et vis-à vis de la Croix-au Change. Journal des rientes du Trésor de l'église Notre-Damede 1S79 et de 1597). Cette maison, qui avait appartenu à l'Hôtel Dieu de Saint-Lo, est aujourd'hui la propriété de M. Hinard.

(S) Nicolas Hébert, qui était cordonnier, avait une maison près la Belle de la Croix au Change. (Acte devant les Tabellions de Saint Lo, du 18 mars ia93).


En signant l'acte du 6 septembre, les contractants s'engagèrent à faire et à continuer la rente due au Maréchal de Matignon mais il laissèrent à Gilles Nicques, la charge de relever la Croix, le huguenotisme de quelques-uns ne leur permettant pas de contribuer à la restauration du signe de la Rédemption. Dès le lendemain, un groupe d'habitants du même quartier grossit encore la société ce furent

Philippe Gouye (1)

Jacques Le Benneur

Jean Gardie

Thienotte, fille et héritière de Jean de la Mare Catherine, veuve de feu Pierre Patrix (2)

Nicolas Le Four

Jean Châtreiou

Samson Bernard

Julien Le Conte;

Et Jean Le Franc. (3) En tout dix-neuf personnes pour

payer une rente de v sous tournois, soit un peu plus de trois deniers par tête. En 1667 (4) Antoine Guillebert, Pierre Féron et Marin Michel en étaient débiteurs tant pour eux-mêmes au droit de Gilles Nicques, que pour les autres co-tenants. A l'origine, la place Belle-Croix eut le nom de Place au

(1) Philippe Gouye était protestant, (Acte de mariage du Juillet 1S8S, célébré parle ministre de la Vigne). Il possédait les maisons, n°~ 13, 15 et 17, appartenant à la famille Lepingard, et situées rue Belle-Croix. (titres particuliers).

(2) La famille Patrix, qui était huguenote, possédait, au xvti" siècle, une maison sise au bas de la rue Saint-Georges, maintenant appartenant à M. Hinard.

(3) Jean Le Franc vend à Nicolas Hébert une maison sise devant la Croix au Change (Actes des tabellions de Saint-Lo, du 18 mars l!i9S).

(4) Journal des rentes de la Baronnie de Saint-Lo. (Archives du département).


Change qui s'étendit à la partie du Faubourg avoisinant. On lit, en effet, en tête des statuts d'une des Corporations de Drapiers de Saint-Lo, établis le 14 juillet 1464, le titre que voici < Cy ensuyt les Estatuts et ordennances du mestier de la Drapperie de la ville de Sainct-Lo, pour le cartier DE LA PLACE AU CHANGE, en la rue et cartier Sainct-Georges », etc. (1) Elle garda ce nom jusqu'à la fin du xvi" siècle et prît alors celui de Belle de la Croix au Change (2) qui devint, par corruption, et par abréviation Belle-Croix, désignation qu'elle a conservée jusqu'à nos jours. (3)

La Croix qui ornait la place s'appela des mômes noms elle eut de plus celui de Croix du Carrefour de la Basse-Dollée (4) On ne saurait douter que les noms de Place au Change et de Croix au Change soient venus de la présence de changeurs qui établirent leurs comptoirs au carrefour ainsi que sur le terrain vague situé proche de la Croix. Ces marchands d'argent avaient intérêt à se fixer à proximité des nombreux Drapiers, Sergiers, Teinturiers et Tanneurs, dont les établissements bordaient la Haute et la Basse-DoDée et ces derniers étaient nombreux, car, non seulement, ainsi que nous venons de le voir, le quartier de la Place au Change avait une corporation de Drapiers qui lui était spéciale, mais encore la rue Saint-Georges et le Mesnil-Croc en comptaient une seconde. Quant à l'appellation Belle-Croix, nous devons faire remarquer qu'au Moyen-Age, et encore à présent dans le nord du département, certaines places étaient désignées sous le nom de Belle, Bel ou Bouel; ainsi Saint-Lo possédait le Belle du Château, le Belle de l'Eglise Saint-Thomas à Gourfaleur, à Moon, l'église avait aussi son Belle. On a dit, en parlant de (1) Archives départementales. Baronnie de Saint-Lo. (2) Actes devant les Tabellions de Saint Lo du 18 mars dM)3. (3) id id. id. da8S. (4) Archives de l'Hôtel-Dieu de Saint-Lo. Sentence du 27 octobre 1475, carton B., 127.


la Place au Change, le Belle ou la Belle de la Croix au Change, appellation qui, par abréviation, se sera transformée en Belle de la Croix et 6:eMM< en la Belle-Croix. Gilles Nicques, à n'en pas douter, releva la Croix abattue, mais assurément ce n'est pas celle d'aujourd'ui.

Au xvi" siècle et même plus tard, les croix n'étaient pas aussi élevées leur fût était carré et le Christ faisait corps avec le croisillon. Tout au plus pourrait-on considérer comme en ayant fait partie le bloc de granit qui surmonte le socle du monument actuel et dans lequel s'emboîte l'arbre de la Croix. Cette base ressemble à celle de la Croix-Canuet, en la NeuveRue, comme à tous les soubassements éparpillés dans SaintLo et aux environs, ainsi à l'Auge-Guéret, au douyt de Béchevel, au Moulin-au-Cat, etc.

La Croix, telle que nous la voyons, date des premières années du siècle. Elle a été restaurée et consolidée, il y a deux ans, par les soins et aux frais de plusieurs personnes du quartier. Puisse-t-elle être toujours respectée et ne pas subir le sort de ses devancières.

E. LEPINGARD.


Saint-Lo, sa poterne

ET LES RUES Y ACCÉDANT. –)-<~MM€~–

Saint-Lo était jadis une des plus fortes places de guerre de la Basse-Normandie. Son histoire est là qui en donne une preuve indiscutable. Des restes de ses murailles et des tours qui l'environnaient sont encore debout pour dissiper le moindre doute à ce sujet. Au besoin, un des tableaux de la galerie du château de Thorigny fournirait sur ce point une preuve irréfutable.

Toutefois, si, dans ce tableau la ceinture de la forteresse est représentée en entier, on n'y trouve plus trace de la Poterne, alias la Molière, qui jadis occupait à mi-côte le versant occidental de la Place et était flanquée, au Nord et au Sud, par les tours encore existantes de la Rose et du Beauregard qui dominent celle-ci le Bas-Torteron ainsi que l'Hôpital cellelà les rues de Dollée, du Moulin de Vire et la Verte Rue de Bas.

Cet ouvrage militaire existait des l'an 1238, comme nous l'apprend une Charte de Huges de Morville, évêque de Coutances et Baron de Saint-Lo, par la quelle le Prélat aumônait à l'Hôtel-Dieu une vergée de pré sous la Poterne. Quelques années plus tard, une autre charte souscrite, en 1246, par Guillaume, évêque de Coutances, concédait au même établissement une place (non spécifiée) sous la MouÈRE ou Po-


TERNE (1), entre la maison de Guillaume du Buhot et le chemin par le quel on conduisait les chevaux à l'abreuvoir situé au-dessous de la Tour la Rose, le quel, par parenthèse, a été détruit depuis peu temps.

Mais si ce chemin permettait les sorties tentées par les assiégés renfermés dans la forteresse, il fallait nécessairement que cette troupe accédât aisément à la Poterne ou Molière. Une rue fut ouverte à cet effet entre la Porte de Dollée et le Rempart de la partie Ouest de l'enceinte. Cette voie reçut également le nom de rue de la POTERNE, nom qui se retrouve dans un contrat du 7 avril 1582, passé devant Le Chibelier et La Rose, notaires à Saint-Lo, par le quel acte Maistre Jacques Girard, bourgeois de Saint-Lo, achetait de Gillette Chatrefou, veuve de Michel Le Robineur, cr un terrain non clos, anciennement en « jardin, sis en l'enclos de la Ville, en la rue de la Poterne, faisant ~s et costés à la dite rue, aux masures où y « avoit maisons précédent les troubles, et ès murailles et « fortereses du dit Saint-Lo de présent ruinées. D Cette rue de la Poterne (intra muros) fut, par la suite, appelée rue du Rampart, nom qu'elle porte encore aujourd'hui et qui rappelle le voisinage des fortifications donnant jadis du côté de la rivière de Vire. Cette voie communique avec l'Enclos par les rues à la Paille, du Rouxelet et de la Chancellerie.

Puisque nous en sommes à parler des rues accédant à la Poterne, nous ne saurions oublier celle du Bas-Torteron, la quelle butait aux Douves ou Fossés de MAURHGART, comme nous l'a révélé un acte de 1433, par le quel .T~Me/t'n Le « Veryter possédait un 77o~, Afa/!o:'y ou Afes/:a~e en la dite « rue, lequel butait aux Douves et Fossés de Mauregart r. < (1) Poterne. Terme de fortiScation < Fausse-Porte, galerie < souterraine ménagée pour faire des sorties secrètes, et qui < communique de l'intérieur d'une place ou <<'MM OM~a~e dans « le fossé de cette place ou de cet ouvrage. (Dictionnaire de < l'Académie Française). T. II. P. A70.


Reste à savoir de quel côté de la rue les ruisseaux écoulaient leurs eaux. Nous inclinons à penser qu'ils ne sont autres que le modeste ruisseau qui, en ce temps-ci, se jette dans la Vire après avoir longé le côté sud de la rue Torteron. Quant au nom de Douves et Fossés DE MAUREGARD il paraît naturel de le remplacer par celui de BEAUREGARD qui depuis des centaines d'années, s'applique au côté ouest de la Forteresse de Saint-Lo. D'ailleurs, Beauregard et Mauregard ont trop de ressemblance pour que le premier de ces noms ne soit pas le véritable alors qu'il était usité durant des siècles et qu'il le soit encore de nos jours.

E. LEPINGARD.


Gourfaleur, qui fait partie du canton de Canisy, est situé au S. S. 0. de Saint-Lo, dont il est éloigné de 5 kilomètres environ. Cette commune est bornée, au N. par la Vire qui la sépare de Saint-Thomas de Saint-Lo; à l'E. et au S.-E. par la Mancellière; au S.-O. par Saint-Samson-de-Bonfossé; et enfin à l'O. par Saint-Ebrémond-de-Bonfossé.

Son nom s'est modifié avec le temps on le trouve sous la forme Gorfalou, en 1190, qui devient Corfalor en 1210, 1259, 1260; Corfalour en 1268 et Gorfalour en 1278. Dès le milieu du xve siècle son appellation actuelle était fixée. Nous n'en chercherons pas la signification. M. l'abbé Le Canu, dans son histoire des Evêques de Coutances, lui donne pour étymologie Gor -F'a~M, village de l'autre côté de l'eau de son côté, M Dubosc, ancien archiviste de la Manche, estimaitque les trois syllabes Gor-fal-our, se traduisaient par Ruisseau tombant dans la rivière, ou plus simplement, confluent. Convenons que s'il fallait adopter l'une ou l'autre de ces interprétations, les deux rives de laVire, dans tout son parcours, ne compteraient qu'une série ininterrompue de Gourfaleur.

Sou& l'ancien régime, cette localité dépendait de la Vicomté de Coutances et des sergenteries de Saint-Gilles et de Moyon. Lors de la création de l'Election de Saint-Lo, au xvif siècle, elle fut rattachée à cette nouvelle circonscription administrative devenue, depuis, l'arrondissement chef-lieu.

Le sol de Gourfaleur est accidenté la terre labourable et les prés ou prairies en occupent la majeure partie quelques


ombreux boscaux s'y voient encore, surtout aux abords de la rivière de Putange, mieux connue sous le nom de ruisseau du Ponthain. Il fut un temps où ce petit cours d'eau s'appelait 1'aM-e~' Yc~an~e, à cause de la Basse-Yvrande, village de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé, non loin du quel on trouve le Pont-d'Yvrande sur le chemin tendant de la route d'Avranches à l'église de Gourfaleur.

Quoique ayant été divisé en plusieurs seigneuries, Gourfaleur ne compte pas, à proprement parler, de château. On y remarque seulement deux maisons de Maître, Béron et La Cour, toutes les deux agréablement situées. De belles avenues conduisent au premier de ces manoirs.

L'Eglise seule est à visiter, non à cause de son style pur et de son ensemble, car elle a été remaniée sans souci de la question architecturale et archéologique, mais parce qu'on y rencontre des vestiges de roman, notamment au portail ainsi qu'à de rares chapiteaux. Les fenêtres sont ogivales et à meneaux fourchus.

Le plus ancien titre qui, à notre connaissance, mentionne Gourfaleur est la Charte de Guillaume le Conquérant, duc de Normandie (1056). vidimée et confirmée par Philippe V, dit le Long, roi de France (mars 1319). Par ce document le Duc-Roi rendit à l'église de Coutances ses anciennes possessions et entre autres e la Parroisse de Gourfaleur (t), que, d'après l'avis des Evëques, il enleva aux chanoines de Saint-Lo de Rouen, parce que ceux-ci ne vivaient pas canoniquement. Cette restitution comprenait non seulement les Fiefs, terres et Seigneuries qui se partageaient le territoire de Gourfaleur, mais aussi l'église elle-même avec ses dépendances ou aumônes. La majeure partie de ces terres nobles relevaient de la (i) Histoire ecclésiastique du Diocèse de Coutances, par Toustain de Billy, T. ler, p. 22, 23, 24.


Baronnie de Saint-Lo, le plus important des domaines de l'Evêque de Coutances (1).

A l'origine, les Fiefs en question étaient au nombre de six, savoir

1° Le Fief de Gourfaleur proprement dit, tenu par un Fief entier de Haubert: « Guillelmus de Corfalor tenet de eodem (Episcopo Constanciencis) Feodum unius militis. a (2) 2° Le Fief d'Anisy tenu également par un Fief de Haubert < T'Aom<M<~e~4/ust~eKe< de eodem Feodum unius militis apud Gorfalor. (3)

3° Le Fief du Hommet se relevant par un cinquième de Fief, sis à Saint-Lo et à Gourfaleur « Petrus de Humeto tenet de Constantiensi Episcopo quintam partem unius Feodi apud sanctum Laudum et Cor/a/o/ ('4)

Une Fieferme perpétuelle, appelée plus tard seigneurie de Tourniëres, qu'au nom du roi Saint-Louis, Mathieu, abbé de Saint-Denis et Symon de Clermont, comte de Nesle, ses Lieutenants, concédèrent, en mars 1270, à Raoul de la Garnerie et à ses héritiers. (5)

Le Fief de Cahaney, dont l'existence nous est révélée par une charte de juin 1263 insérée, sous le n° 11, au Livre rouge de la Maison-Dieu de Saint-Lo et souscrite par « Samson Le Tor< neor, de Corfalor x qui en obtint la confirmation de « Johannes de Cahanel de dicto feodo dominus capitalis. » Le nom de ce Fief est le seul qui se lise sur la carte cantonale de (1) Aveu de la baronnie de Saint-Lo rendu au roi, le d7 avril 1SS3, par Etienne Martel, ~veque de Coutances.

(~) Historiens des Gaules, t. 23, Scripta de feodis, p. 612 B. (3) id. id p. 6~ B (4) id' t. 23. Scripta de /eodM ad regem ~)ee<aK<&M~, p. 6H E.

(5) Cartulaire normand, par M. L. Delisle, n° 802, p. ~86.


Canisy (commune de Gourfateur, (1) sous la forme très défigurée de Village de Hague Annel a Ce n'était peut-être qu'une franche Vavassorie.

Peut-être, encore, devrait-on considérer comme une autre Vavassorie noble le Fief du Pont, situé à Gourfaleur, sur la rive gauche de la Vire et voisin, aujourd'huy, comme au temps jadis, du chemin de Saint-Lo à Tessy-sur-Vire. Le cartulaire de l'Hôtel-Dieu de Saint-Lo contient, en effet, deux chartes l'une de décembre 1250 et l'autre d'octobre 1251, (2~ les quelles confirmaient, dans des termes identiques, la donation d'une rente de 6 boisseaux de froment et d'un chapon faite à la Maison-Dieu < dans le Fief du Pont par Nicolle, jadis fille de Robert Duredent. Enguerand de Semilly, chevalier, souscrivit le second de ces actes le premier fut donné par Helye Lucas, de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé. Peut-être le Fief du Pont était-il déjà scindé en Grand-Pont et en Petit-Pont, comme il le fut beaucoup plus tard.

Par la suite et à une époque inconnue, quelques-unes de ces seigneuries perdirent leur autonomie par suite de leur rattachement aux autres fiefs leurs voisins. Tels sont les Fiefs d'Anisy et du Hommet, ainsi que la Vavassorie du Pont. Les deux premiers devinrent partie intégrante du Fief de la Mottel'Evêque au quel leur Gage-Piège fut réuni. La vavassorie du Pont eut un sort pareil et fut réduite à l'état d'ainesse de la Fiefferme aliénée par Saint-Louis et appelée plus tard < Seigneurie de Tournières » et, plus tard encore « La Cour » Nous n'avons, des lors, à nous occuper que des Fiefs de Gourfaleur, de Cahagnes et de Tournières, nous réservant de parler pour chacun d'eux, en premier lieu, des familles qui possédèrent successivement ces terres nobles ensuite du peu que nous connaissons de la consistance de leur domaine, tant ne6é que non fieffé.

(t) Carte dressée en 1837, par Biteuzé d'Aumesnil.

(2) Livre Rouge. Chartes, n°" 172 et 176.


§ ler. Fief de Gourfaleur. partie, Familles. Les sires de Gourfaleur sont les plus anciens seigneurs connus du Fief noble de ce nom.

Au cours du XIIIe siècle, apparaît, d'abord, Guillaume 1er, chevalier, qui vivait en 1210 et tenait alors, en la souveraineté du Roi, le fief de Gourfaleur relevant de l'évêque de Coutances, baron de Saint-Lo.

Est-ce lui que le livre noir du Chapitre (année 1251) désigne comme Seigneur et Patron de Gourfaleur ? ou faut-il considérer celui-ci comme un fils homonyme du précédent ? Il serait téméraire de se prononcer. Il convient cependant de noter qu'en 1259, Renouf de Gourfaleur, chevalier (Ernulfus de Corfalor, 7M:/es) présidait les assises de Vire comme Bailli de Caen. Le Guillaume de 1251 et Renouf étant contemporains, on pourrait, jusqu'à un certain point, les considérer comme frères et partant fils de Guillaume 1* d'autant que celui-ci étant chevalier en 1210 devait avoir à cette époque une trentaine d'années au moins et être plus que septuagénaire en 1251.

Guillaume II eut pour fils et successeur Henry de Gourfaleur qui, par charte d'avril 1268, confirma non seulement les donations faites au Prieur et aux Frères de la Maison-Dieu de Saint-Lo, mais aussi les acquisitions par eux réalisées dans l'étendue de son Fief et aussi de la paroisse de Gourfaleur. Un des siens, Robert de Gourfaleur, probablement frère de Henry, fut cure de Saint-Ebrémond-de-Bon-Fossé II mourut antérieurement à 1275. (2).

(1) Archives de l'Hôpital de Saint-Lo Registre de 1727. Grand in-folio établi par Me David Vaudevire, prêtre, un des Directeurs de l'établissement.


A compter de cette année, jusques vers le milieu du xve siècle les renseignements sur cette famille nous font complétement défaut. Toutefois elle reparaît, antérieurement à 1442, en la personne de Guillaume de Gourfaleur, troisième ou quatrième du nom, suivant un acte du 7 mai 1456, analysé dans le registre des titres de l'Hôtel-Dieu de Saint-Lo. (1) Il avait épousé demoiselle Marie de Verson qui, à la date précitée, était veuve.

De leur union sortit Jehan Ier de Gourfaleur, écuier, le quel hérita du Fief de ce nom. A ce titre il céda, par acte du 5 janvier 1442, à Jehan Le Jolivet « une dîme à bled et limages à prendre en la dite paroisse (de Gourfaleur) en laquelle dîme, « l'Evêque de Coutances lève le tiers de son produit Il lui vendait, en même temps, < une maison, assise en son manoir de Gourfaleur, où l'on a coustume d'engranger icelle dîme. » Cette vente était un acheminement à l'abandon du Fief luimême. Il eut lieu au profit de Jehan de Caumont, entre les années 1442 et 1446.

Toutefois, l'aliénation consentie par le seigneur de Gourfaleur fut l'objet d'une clameur en retrait-lignager, intentée tant par Marie de Verson que par ses petits-fils Baindeult et Jehan de Gourfaleur le jeune, tous deux fils du vendeur. Des arrangements s'en suivirent. Jehan de Caumont concéda une maison à la Dame douairière de Gourfaleur 40 écus d'or à Baindault et une rente de 10 livres tournois à Jehan de Gourfaleur le jeune. Ces transactions sont de 1456 et de 1459, d'après le registre de Me David Vaudevire. (1) Les de Gourfalour devinrent ainsi étrangers à la paroisse de e& nom il prirent celui de seigneur de Bonfossé dont ils tenaient la seigneurie. Il n'apparaît pas que Jehan de Caumont, le nouveau propriétaire du Fief de Gourfaleur, se soit qualiné seigneur de (t) Archives Hôtel-Dieu de Saint-Lo. Registre des titres de 1727.


cette terre noble, non plus qu'Ecuyer ou Noble Homme. En 1422, le roi Henri V d'Angleterre l'avait nommé Changeur de la Monnaie de Saint-Lo, en même temps que trois autres bourgeois de cette ville, Martin Varroc, Guillaume Boutebosc et Roger Rouxelin. En 1437, il était maître de cet atelier et sieur du Mesnil-Rouxelin. (1) Plus tard il occupa un poste de judicature, car, le 25 janvier 1444, il signait un mandement de Hue Spencer, Bailli du Cotentin, daté de Saint-Lo. Trois ans après, le 16 février 1447, il faisait partie, ainsi que sa femme et Jehan, son fils ainé~ « de la Confrairie de Saint-Jean aux « Chapiaux et payait un salut d'or pour entrée. (2) Lui ou son fils aîné Johan de Caumont, car on ignore la mort de l'ancien maître de la Monnaie, fut l'un des Trésoriers de l'Eglise Notre-Dame de Saint-Lo, qui firent construire, en 1464, la tour méridionale de cette Basilique l'inscription gravée sur la façade du monument est là qui en témoigne. Mais si ni l'un, ni l'autre ne fut reconnu noble dans la sergenterie de Saint-Lo, par Monfault, Johan lIe du nom, profita des dispositions de l'ordonnance de 1470, par la quelle les roturiers détenteurs de Francs-Fiefs furent anoblis moyennant finances. H porte, en effet, le titre d'Ecuyer et de Seigneur de Gourfaleur dans un acte de cette même année, inséré dans le Cartnlaire de l'Abbaye de Saint-Lo. (3)

Richard de Caumont, écuyer, lieutenant, à Saint-Lo, du Vicomte de Carentan, (4) succéda au précédent. Il figure, à la date du 20 juin 1474, parmi les associés de la Charité de Saint-Jehan, avec les titres d'Ecuyer et de Seigneur de Gourfa(1) Archives de Notre-Dame de Saint-Lo. Registre des rentes de 1437.

(2) Archives de Notre-Dame de Saint-Lo. Statuts de la Confrérie de Saint-Jean aux Chapiaux.

(3) Archives du département de la Manche.

(4) Archives de l'Hôpital B. 127.

S


leur. (1) Il semble n'avoir point laissé d'hoirs mâles, car, d'après une sentence rendue, le 16 décembre 1521, par le Bailliage de Carentan, dame Jehenne de Caumont était Dame de Gourfaleur; elle était alors placée, probablement à cause de minorité, sous la tutelle de Me Robert de Caumont, curé du Mesnil-Rouxelin, un de ses proches. (2)

Jeanne de Caumont épousa, peu d'années après, noble homme Guillaume de Clinchamps qui, aux droits de sa femme, contestait à l'Hôpital de Saint-Lo tout ensemble la dîme et la grange dîmeresse que cet établissement charitable possédait à Gourfaleur par suite de la donation de Jehan Le Jolivet, écuyer, seigneur d'Audouville. La dame de Gourfaleur avait une sceur, Perrette de Caumont, qui épousa Me Pierre Le Soudain, monnayer de la Monnaie de Saint-Lo. Celle-ci, aux droits de ses ancêtres, fut reçue en 1530, tailleresse en cette monnaie.

M""= de Clinchamps mourut sans enfants, car on trouve, en 1540, noble homme Jehan de CaMmo~ écuyer, titré seigueur de Gourfaleur, sans qu'on sache le degré de -parenté qui les unissait. Un arrêt des Grands Jours de Bayeux, tenus le 1' octobre de cette même année, le condamne à payer 2.000 livres tournois à Noble homme Jehan Le Jolivet, seigneur d'Audouville. Le sieur de Gourfaleur se pourvut devant le Parlement à Rouen et obtint des délais de payement. Il parvint à se libérer nous le voyons, en effet, comme tenant le Fief de Gourfaleur, d'après l'aveu que l'Evêque de Coutances, Etienne Martel, baron de Saint-Lo, rendit au Roi en l'an 1553. Ce fut lui qui, avec un grand nombre de notables de la cité et des environs, se prononça, en l'an 1555, pour la création d'un siège de Vicomte. On le retrouve, le 4 juillet 1584, qui constituait, (i) Archives de Notre-Dame de Saint-Lo. Statuts de la Confrèrie de Saint-Jean aux Chapiaux.

(2) Archives de la Manche. Registre du Bailliage de Carentan.


devant les Tabellions de Saint-Lo, une rente de 8 écus d'or sol au profit de Me Jehan Rouxelin, seigneur de Cahenney, lieutenant à Saint-Lo du Bailli de Cotentin. Toutefois sa mort dut advenir peu de Lemps après puisque, dans un acte du 29 avril 1588, demoiselle Marguerite de Caumont, femme de Jehan Le Bas, fils Jehan, est dite « Fille de feu Noble homme Jehan de Caumont, seigneur et patron (honoraire) de Gourfaleur. Il laissa deux fils Jehan et Pierre de Caumont.

Jehan de Caumont troisième du nom, recueillit dans la succession de son auteur la Seigneurie de Gourfaleur. Il n'en procéda pas moins en justice avec son puîné au sujet du partage de certaines rotures, ainsi que cela ressort d'un acte passé devant les Tabellions de Saint-Lo, le 15 octobre 1588. Roissy le maintint noble de même que Pierre, son frère, et non son oncle, comme l'indique à tort le sieur de Mesmes. L'acte précité en administra la preuve. Me Melchior de Caumont, leur parent, était alors curé de Gourfaleur. Nous ignorons l'époque du décès de Jean de Caumont, dont l'héritière fut demoiselle Judith de Caumont, sa fille, la quelle était mariée en 1640 < à un Juge de la Justice de Cérences suivant le rôle de la noblesse du Cotentin. Elle épousa, en secondes noces, Me Jean Pignard, sieur du Hautboscq, avocat au siège de Cérences et reçut, le 20 octobre 1657, de Pierre Béron ou de Béron, écuier, sieur du Jardin et de Gourfaleur, une somme de 1100 livres tournois à-compte sur les deniers dont il lui était redevable < à cause de la dite seigneurie de Gourfaleur et demeurée en ses mains pour son assurance. Cette somme servit à payer le prix de certains héritages sis à Cérences et achetés 2.200 livres tournois par Me Pignard et sa femme. De ce qui précède il résulte évidemment que le Fief de Gourfaleur avait été vendu soit à Daniel de Béron~ soit à son fils Pierre, peut-être par Jean de Caumont lui-même, ou par ses héritiers, mais sûrement à cause des affaires embarrassées du


sieur de Gourfaleur les termes du contrat du 20 octobre 1657 î le laissent sunisamment entendre.

Pierre de Béron, premier du nom, appartenait à une famille de Monnoyers de la Monnaie de Saint-Lo. Il était fils de Daniel de Béron, écuyer, sieur de la Noës, maitre de cette monnaie, en 1602, et de Jeanne Cornical; il fut, sans doute, protestant comme eux. Il épousademoiselle Marie Briot, fille d'Isaac, bourgeois de Paris et de Suzanne Rambour.

On le trouve, en 1661, recevant l'amortissement d'une rente de 335 livres tournois due par honorable homme Robert de Soubslebieu, de Montmartin-en-Graignes, en 1663, échangeant des terres situées à Gourfaleur avec M~ Gilles Denis et Gervais Denis, prêtres curés successifs de Saint-Ebrémond-de-BonFossé. H mourut avant le 24 septembre 1665, et Marie Briot, sa veuve, épousa en 1666, Louys de Gron, escuier, sieur de la Chapelle de la Court et de Silly. Pierre de Béron laissa quatre enfants deux fils et deux filles.

Son fils aîné, Pierre II de Béron, lui succéda comme seigneur et patron de Gourfaleur; Daniel fut sieur de la Porte. Les filles se nommaient Marguerite et Jeanne. L'aînée épousa Nicolas Bonnel, écuyer, sieur de Cantebrun et Brescey la cadette, François de Bossel, écuier, sieur et patron de Parfourru.

Le seigneur de Gourfaleur, dont le nom figure dans l'aveu rendu au Roi en 1670, par François de Matignon, à cause de sa Baronnie de Saint-Lo, procédait, en 1683, devant le bailliage de cette ville, avec les héritiers Baudet à cause d'une rente seigneuriale en froment en 1681, avec David Fauchon, sieur de la Suhardière, au sujet de l'estiniation des héritages formant l'apport de la dame Fauchon, sœur de Pierre de Béron et enfin, avec Nicolas Le Crosnier, de Gourfaleur; une rente seigneuriale de 6 boisseaux de froment, mesure de Vil-


ledieu, 6 pains, 6 chapons et 60 oeufs était l'objet du débat. Les Denis, sieurs de Colombières intéressés dans l'affaire avaient, acquiescé à la demande du sieur de Gourfaleur.

Pierre II de Béron mourut dans l'intervalle qui sépare le 27 mars 1699 du 9 mars 1708, car, à cette dernière date, son frère Daniel est dit seigneur et patron de Gourfaleur. Ceci résulte de l'acte de baptême de Daniel de Béron, fils du nouveau seigneur et de Noble Dame Marie Bellegia Richier. Daniel de Béron, premier du nom, eut également deux filles, Louise-Marie et Marie-Elisabeth. L'aînée épousa le sieur de la Bazoge, dont elle était veuve, le 5 novembre 1737 la seconde fut mariée à Messire Gabriel-Charles de Frotté, seigneur de Couterne. La date de la mort de Daniel, leur père, ne nous est pas connue.

Daniel II, son fils, fut le dernier Béron qui porta le titre de seigneur de Gourfaleur. Sa mort advint entre le 5 février 1724 et le 5 novembre 1736. Il ne laissa point d'héritier direct. Son fief et ses biens échurent à ses deux sœurs et demeurèrent indivis entre elles, suivant un acte de procédure du 6 avril 1759 (1) qui les déclare ( héritières en commun des Biens des Seigneur et .Dame de Béron. Ceux-ci poursuivaient et faisaient alors condamner un de leurs hommes, David Culleron, pour avoir < indûment pratiqué des trous à l'extérieur et à < l'intérieur de sa fuye, où se trouvaient des pigeons tant a Bisets que gros pigeons. »

II est à remarquer que Messire Gabriel-Charles de Frotté, chevalier, époux de Marie-Elisabeth de Béron, ne prît point les titres de Seigneur et de Patron de Gourfaleur, non plus que son fils et successeur Messire Charles-Gabriel Daniel, si ce n'est, pour celui-ci à partir de 1775, alors qu'il poursuivait en

(1) Bailliage de Saint-Lo. Archives départementales.


justice les M~' Tanneurs de Saint-Lo ou leurs héritiers pour obtenir le payement des arrérages d'une rente de 621 livres tournois dont la corporation des Tanneurs et Mégissiers lui était redevable. Parmi les débiteurs, on compte les Le Menuet, du Hamel, Durand, Adam, Dufour, Le Cousté, Dubuisson, etc., etc., tous bourgeois ou notables de Saint-Lo. On le retrouve, le 1~ juin 1782, procédant à l'encontre du sieur Philippe Ozenne, de Gourfaleur. Il se qualifiait alors, seigneur et patron honoraire de Coutern, Gourfaleur et autres lieux. Il fut vraisemblablement le dernier à se revêtir de ces titres seigneuriaux.

LEPINGARD.


-c<~T)X6~

ORNITHOLOGIE

ANOMALIE DU BEC CHEZ UN FREUX

Le 15 février 1902, un de nos concitoyens eut l'occasion de tirer un corbeau cherchant sa nourriture dans un champ, près le village du Hutrel. En s'emparant du produit de sa chasse, il fut surpris de voir que chez cet oiseau, d'ordinaire complètement noir, la base du bec était entourée d'une peau nue et blanchâtre, et qu'en outre la mandibule supérieure était recourbée et beaucoup plus longue que l'inférieure. Pensant être en possession d'un sujet d'espèce rare dans notre contrée, il vint le mettre gracieusement à ma disposition. C'était un Freux.

Le Freux, Frayonne ou Grolle, Co~pMS~'M~t7e~Ms, appartient au genre Corbeau, famille des Corvinés. Il habite les régions septentrionales de l'Europe, mais pendant la saison des frimas, il émigre vers les régions tempérées. On le rencontre en Normandie de novembre en mars.

Contrairement aux autres corbeaux, le Freux n'est pas omnivore, il se nourrit exclusivement de graines, de vers etd'insectes.

Tandis que chez les Freux le bec est épais, robuste, conique, convexe, comprimé sur les côtés, à mandibule supérieure dépassant très peu l'inférieure et à pointe entière, chez notre sujet, il présente une conformation tout à fait différente.


La mandibule supérieure dépasse l'inférieure de ringt-huit M:7~'M<~es Mais cette partie saillante n'est pas brusquement recourbée comme chez les oiseaux de proie, elle conserve, au contraire, dans toute sa longueur sa forme convexe et légèrement recourbée; la face interne reste toujours concave jusqu'à l'extrémité de la pointe qui est mince, un peu aplatie et arrondie. Sur les bords tranchants de cette partie allongée de la mandibule, on remarque, de chaque, côté deux petites échancrures situées à peu près à égale distance l'une de l'autre, permettant, sans doute, à l'oiseau de prendre et surtout de retenir facilement l'objet de sa nourriture.

Pourvu d'un bec ainsi conformé, ce Freux ne pouvait prestement saisira la surface du sol une graine ou un insecte de petites dimensions; il devait aussi éprouver quelque difficulté pour enfoncer la pointe longue et recourbée de son bec à une profondeur de près de huit centimètres dans une terre durcie par les rigueurs de l'hiver.

Sauf cette particularité dans la mandibule supérieure, l'oiseau possède tous les autres caractères des Freux. Il n'appartient pas à L.n genre spécial parmi les Corvinés il n'est pas une variété, une sorte de métis provenant d'un croisement -entre espèces différentes. puisque cette conformation du bec ne se rencontre chez aucune espèce de Corvinés. Ennn, de semblables individus auraient été remarqués depuis longtemps et les naturalisres en auraient fait mention dans leurs ouvrages. Nous nous trouvons en présence d'un cas remarquable d'anomalie, d'une véritable difformité.

Ce corbeau fait maintenant partie de la belle collection d'Ornithologie de notre Musée, il est placé dans la section des oiseaux habitant ou de passage dans le département de la Manche.

FERD SÉBIRE.


LISTE DES MEMBRES

DE LA

SOCIÉTÉ D'AGRICULTURE, D'ARCHÉOLOGIE ET D'H!STOtRE NATURELLE

du Dépetfte]EOOnt de la ]M«ïM*he

PRÉSIDENTS D'HONNEUR

MM. Le Préfet de la Manche,

Le Maire de Saint-Lo,

MEMBRES D'HONNEUR

S. A. S. Mgr le prince de Monaco, comte de Torigni, baron de Saint-Lo, etc., Correspondant de l'Institut, G. C.~ MM. le baron PRON, C. ancien Préfet de la Manche. Léopold DELISLE, G. 0. Membre de l'Institut, Administrateur général de la Bibliothèque Nationale. ADMINISTRATION

Président M. E. LEPINGARD.

Vice-Présidents MM. l'abbé BLANCHET, Chanoine, Curé de Sainte-Croix.

le D'' BERNARD, 0. Conseiller

général dû canton de Saint-Clair

et Conseiller municipal de Saint-

Lo.

Secrétaire M. GAMBILLON.

Secrétaire adjoint M. le Dr R. LE CLERC.

Conservateur M. G. GUILLOT.

Conservateurs adjoints MM. A. DiEu.

ONFROY.

Bibliothécaire M.

Trésorier M. E. LE CONTE D'OLLONDE.

Classificateur de la section d'Archéologie :M. P. DERBOIS. Classificateur de la section ~s<o{~ Naturelle M. SÉBiRE.


MEMBRES RÉSIDANT DANS LE DÉPARTEMENT MM.

BARBARoux, Imprimeur, Propriétaire et Directeur du Messager de la Manche.

Le Docteur BERNARD, 0. Conseiller général et Conseiller municipal de Saint-Lo.

L'abbé BLANCHET, Chanoine, Curé de Sainte-Croix de Saint-Lo. G. DU BoscQ DE BEAUMONT, le Mesnil-Vitey, Airel (Manche), et 31, rue de Lubeck, Paris.

J. BosQ, Conseiller municipal de Saint-Lo.

E. BosQ, Banquier, à Saint-Lo.

H. CHARDON, 0. Maître des requêtes au Conseil d'Etat, Paris et Saint-Lo.

DE COMMINES DE MARSILLY, 80, Avenue Kléber, Paris, et Saint-Lo.

P. DELAUNAY, Notaire, à Saint-Lo.

P. DERBois, ancien Professeur, à Saint-Lo.

A. DESPLANQUES, Maire d'Airel.

A. DIEU, Avocat, Conseiller municipal de Saint-Lo. Le vicomte Georges DOYNEL DE LA -SAUSSERIE, Maire de Sainteny.

G. DuBois, Propriétaire, à Saint-Lo.

GAMBILLON, Chef de Division de la Préfecture de la Manche, en retraite, Saint-Lo.

G. DE LA GpouDiÈRE, Propriétaire, au Dézert.

G. GUILLOT, Avocat, à Saint-Lo.

HÉDouiN, Curé de Dangy.

Georges D'HÉRissÉ, Inspecteur de la Banque de France, 66, rue Miromesnil, Paris, et Saint-Lo.

P. JACQUELINE, Orfèvre, à Saint-Lo.

L. JOUANNE, Avoué, à Saint-Lo.

Docteur R. Ln CLERC, Conseiller municipal de Saint-Lo. A. LELLERC. Ancien Notaire,' à Saint-Lo.

E. LE COMTE D'OLLONDE, Architecte, à Fervaches. LE FÈVRE, Docteur en Pharmacie, Saint-Lo.


MM.

Le vicomte Raoul LE FORESTIER D'OSSEVILLE, Conseiller général et Maire du Hommet-d'Arthenay.

Alphonse LEMERRE, Libraire-Editeur, à Paris et à Canisy. LE MONNIER, Supérieur du Collège diocésain de Saint-Lo. E. LEPINGARD, Avocat, Chef de division de la Préfecture de la Manche, en retraite, à Saint-Lo.

LE TuAL, Imprimeur, Conseiller municipal de Saint-Lo. Docteur LHOMOND, Saint-Lo.

MARIE, Gérant de Propriétés, Maire d'Agneaux, à Agneaux. ONFROY, Propriétaire, à Saint-Lo.

PANNIER-LACHAUSSÉE, Avocat, à Saint-Lo.

PÉROCHE, Directeur honoraire des Contributions indirectes, en retraite, 7, rue de la Bassée, Lille et Saint-Lo. POULAIN, Juge de Paix d'Octeville, en résidence à Cherbourg. RAULINE, Député, à Saint-Lo.

J. REGNAULT, Procureur de la République, à Coutances. SAVARY, Directeur du Collège diocésain de Saint-Lo. SÉBtRE, Propriétaire, à Saint-Lo.

SICOT, Négociant, Conseiller municipal de Saint-Lo SIMON, Propriétaire, à Saint-Lo.

A. THOUROUDE, Greffier en chef du Tribunal de première instance, à Saint-Lo.

TRAVERS (Emile), Archiviste-Paléographe, ancien Conseiller, de Préfecture, 18, rue des Chanoines, Caen et Saint-Lo. VALLÉE, Propriétaire, à Saint-Lo.

VIALATTE, Directeur d'assurances, à Saint-Lo.

MEMBRES NON RÉSIDANTS.

MM.

A. DE COURSON, ancien Sous-Préfet, aux Planches-sousAmblie (Calvados), et 26, rue de l'Orangerie, Versailles Bouts, Capitaine d'artillerie.

FIERVILLE, Proviseur honoraire, 241, rue de Charenton, Paris.


A. DE LAppARENT, Membre de l'Institut, ancien Ingénieur des Mines, Professeur à l'Institut catholique, 3. rue de Tilsitt, Paris, et La Cassine, par Vendresse (Ardennes). Léon LEcoRNu, Ingénieur en chef des Mines, 3, rue GayLussac, Paris.

LENNIER, Naturaliste, au Hâvre.

L'abbé LEROSEY, Chanoine honoraire d'Angers, Aumônier des Religieuses de l'Immaculée-Conception, Niort. LESTANG, Contrôleur principal des Contributions directes, à Louviers.

L. MOREL, Prêtre de l'Oratoire, à l'Hay, par Bourg-la-Reine Seine).

SAiGE. Correspondant de l'Institut, Archiviste de S. A. S. Mgr le Prince de Monaco, à Monaco, et n° 22, rue Pigalle, Paris.

SAUVAGE (Hippolyte), ancien Juge de Paix, 53, boulevard Bineau (Neuilly-sur-Seine).

SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES.

Aisne. Société académique de Laon.

Société historique et archéologique de Château-Thierry. Algérie. Académie d'Hippone.

Allier. Société d'émulation et des Beaux-Arts du département de l'Allier.

Alpes-Maritimes. Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes.

~4.e~e/e. Société Jersiaise, à Jersey.

A/'t'e~e. Annales agricoles, littéraires et industrielles de l'Ariège.

-Sasses-.Pyrë~ëes. – Société des Sciences, Lettres et Arts, à Pau.

~OMeAey-<~M-7PAdMe.– Académie des Sciences, Agriculture, Arts et Belles-Lettres d'Aix.

Société de Statistique de Marseille.

Calvados. Académie nationale de Caen.

Société des Beaux-Arts de Caen.

Société des Antiquaires de Normandie.

Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de Bayeux.


Côte-d'Or. Académie des Sciences, Arts et Belles-Lettres de Dijon.

Doubs Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon.

Drôme. Société départementale d'Archéologie et de Statistique de la Drôme.

Société d'Histoire Ecclésiastique et d'Archéologie religieuse des diocèses de Valence, Gap, Digne, Grenoble, etc à Romans (M. U. Lechevalier, président).

Eure. Société d'Études préhistoriques aux Andelys Gard. Académie de Nîmes.

Société d'études des Sciences naturelles de Nîmes. Gt~oM~e. Société des Sciences philosophiques et naturelles de Bordeaux.

Haute-Garonne. Société d'Archéologie du Midi de la France, à Toulouse.

Société d'Histoire naturelle de Toulouse.

Haute-LoiN. Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Commerce du Puy.

Herault. Société archéologique, scientifique et littéraire de Béziers.

7//e-e~-Vïta:/te.– Societé archéologique d'Ille-et-Vilaine, à Rennes.

Indre-et-Loire. Société d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres du département d'Indre-et-Loire.

./erse,y.– Société Jersiaise pour l'étude de l'Histoire et de la Langue du Pays,

./M/'a.– Société d'Émulation du Jura, à Lons-le-Saulnier. Loire.- Société d'Agriculture, Industrie, Sciences, etc., de la Loire.

Loire-Inférieure. Société académique du département de la Loire-Inférieure.

Société archéologique de Nantes.

Société des Sciences naturelles de l'Ouest de la France, à Nantes.

Loir-et-Cher. Société des Sciences et Belles-Lettres de Loir-et-Cher.

Zo~ére. – Société d'Agriculture, Industrie, Sciences et Arts du département de la Lozère.


Maine-et-Loire. Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers.

Manche. Société archéologique d'Avranches et de Mortain. Société académique de Cherbourg.

Société des Sciences naturelles de Cherbourg.

Société académique du Cotentin, à Coitances.

Société archéologique, artistique, littéraire et scientifique de l'arrondissement de Valognes.

Marne. Société d'Agriculture de la Marne.

Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts du département de la Marne.

Nord. Société centrale d'Agriculture, Sciences et Arts du Nord.

.P.y/'<~ees-0/e/~o~es. Société agricole, scientifique et littéraire des Pyrénées-Orientales.

~?Ad/:e.–Société littéraire, historiqueet archéologique de Lyon. Saône-et-Loire. Société Eduenne des Lettres, Sciences et Arts, à Autun.

Société d'Histoire naturelle d'Autun.

Société d'Histoire et d'Archéologie de Châlons-sur-Saône. Société des Sciences naturelles de Saône-et-Loire. Sarthe. Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe.

Seine. Société de Saint-Jean, 35, rue de Grenelle, à Paris. Seine-et-Marne. Société d'Archéologie, Sciences et Arts de Seine-et-Marne.

Seine-et-Oise. Société archéologique de Rambouillet. Seine-Inférieure.- Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Rouen.

Société des Sciences et Arts agricoles et horticoles du Hâvre. Société Géologique de Normandie, au Hâvre.

Société Havraise d'études diverses.

Société d'études des Sciences naturelles d'Elbeuf.

Somme. Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens. Société des Sciences, des Lettres et des Arts d'Amiens. Société d'émulation d'Abbeville.

Tarn-et-Garonne. Société archéologique de Tarn-et Garonne.

Var. Société académique du Var, à Toulon.

Yonne. Société des sciences historiques et naturelles de l'Yonne.


.Allemagne Société d'Histoire naturelle de Metz, 25, rue de FEveché.

Etats-Unis d'Amérique. -The Smithsonian Institution. Minnesota-Academy et natural Sciences.

Bureau d'Ethnologie (au Directeur), à Washington. Geological-Survey (au Directeur), à Washington. Urugay. Musée National de Montevideo.


Le CAa~eaM de Saint-Lo et ses Capitaines- Gouverneurs, M. Hippolyte SAUVAGE 1 Le Fief du Buret en la paroisse de Rampan, M. Du BOSCQ DE BEAUMDNT. 41 Saint-Lo, places et rues, M. LEPINGARD 51 Saint-Lo, sa Poterne et les /'Mes y accédant, M. L.EPINGARD 56 Gourfaleur, M. LEpiNGARD 59 Histoire Naturelle. Anomalie du bec chez un Freux, M. Ferd. SÉBiRE. 71

MM.

HfPPOLYTH SAUVAGE. Du BOSCQ DE BEUMOKT.–E. LEPINGARD. M. Ferd. SÉBiRE.

Le Chàteau de Saint-Lo et ses Capitaines- Gouverneurs 1 Le Fief du Buret en la

parot.'MedeTi'ayMpa'M. Saint-Lo, places et rues Saint-Lo, sa Poterne et les rues y accédant. Gourfaleur ~ts~o:'re Naturelle.-Anomalie du bec chez un