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Titre : Comptes-rendus et mémoires / Comité archéologique de Senlis

Auteur : Société d'histoire et d'archéologie de Senlis. Auteur du texte

Éditeur : Société d'histoire et d'archéologie de Senlis (Senlis)

Date d'édition : 1914

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34445838j

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb34445838j/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 16447

Description : 1914

Description : 1914 (SER5,T6)-1916.

Description : Collection numérique : Fonds régional : Picardie

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k486479f

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 24/09/2008

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COMITÉ

ARCHÉOLOGIQUE DE SENLIS

RECONNU ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE

COMPTES RENDUS ET MÉMOIRES Cinquièmes-Série

TOME VI ANNÉES 1914-19-16

SENLIS

IMPRIMERIE K. VIGNON FILS

I, RUE SAINT-PIKÏIHK, I

m. ncccc. xvii

en 1877


COMITÉ

ARCHÉOLOGIQUE

DE SENLIS


COMITÉ

ARCHÉOLOGIQUE

DE SENLIS

RECONNU ÉTABLISSEMENT D'UTILITÉ PUBLIQUE

COMPTES RENDUS ET MÉMOIRES

Cinquième Série

TOME VI ANNÉES 1914-1916

SENLIS

IMPRIMERIE E. VIGNON FILS I, RUE SAINT-PIERRE, I

M. DCCCC. XVII


LISTE ALPHABÉTIQUE

DES MEMBRES

DU COMITÉ ARCHÉOLOGIQUE DE SENLIS PRÉSIDENT D'HONNEUR

Mgr le duc cTAumale (feu), G. C. #, Général de division, membre de l'Académie française, de l'Académie des Beaux-Arts et de l'Académie des Sciences morales et politiques, président d'honneur de la Société des Bibliophiles françois, etc. (Délibération du 14 décembre 1871.) PRÉSIDENT HONORAIRE

M. Longpérier-Grimoard (feu Alfred, comte DE), membre de la Société des Bibliophiles françois, de la Société' des Antiquaires de Picardie, etc. (Délibération du 12 mai 1887.) MEMBRES HONORAIRES

MM. EGGER (feu Emile), 0. membre de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), professeur à la Faculté des Lettres de Paris, etc. Délibérations des 13 décembre 1866 et 13 janvier 1887.)

LONGPÉRIER (feu Adrien DE), C. membre de l'Institut (Académie des Inscriptions et Belles-Lettres), ex-conservateur des Musées de France, etc. Délibérations des 13 décembre 1866 et 9 février 1882.)

CHABOUILLET (feu Anatole), 0. #, I. O, conservateur du département des Médailles et Antiques de la Bibliothèque nationale, vice-président de la Section d'archéologie du Comité des travaux historiques et des Sociétés savantes. (Délibération du 13 avril 1877.)

MONTAIGLON (feu Anatole de), I. Q, professeur à l'école des Chartes. (Délibération du 13 avril 1877.) MOREAU (feu Frédéric), 0. #, I. 0, Archéologue, de Fèreen-Tardenois. (Délibération du 3 mars 1883.)

Mgr Douais (feu), évêque de Beauvais, Noyon et Senlis. (Délibération du 5 avril 1900.)


MEMBRES FONDATEURS PERPÉTUELS

MM. Voillemier (feu le Dr J.-B.), premier président du Comité archéologique. (Délibérationdu 11 avril 1865). MAGNE (feu l'abbé J.-L.-F ), second président du Comité archéologique. Délibération du 14 mai 1868.)

Chartieb (feu Victor), notaire honoraire, ancien maire de Senlis. (Délibération du 17 juin 1868.)

VATIN (feu Liber-Casimir), président honoraire du Tribunal civil de Senlis, etc., etc. (Délibération du 13 juin 1872.)

Vernois (feu Eugène-Félix-Maxime), avocat, ancien maire provisoire de Senlis, président de diverses Sociétés locales, etc. (Délibération du 8 juillet 1888.) MEMBRES PERPÉTUELS

M"" ANDRÉ (Édouard) (feu), propriétaire du château de Chaalis. ROTHSCHILD (baronne James DE), y, château des Fontaines, à Gouvieux.

MM. BAILLY (feu Victor), 0. officier supérieur en retraite, commissaire du Gouvernement près le 2e Conseil de guerre.

Cambacérès (comte DE), 6, avenue d'Iéna, Paris. Chartier (feu Auguste), ancien président du Tribunal de Péronne, ancien conservateur-adjoint du Comité. CULTRU (feu Prosper-Emile), secrétaire de la Mairie et bibliothécaire de la ville de Senlis, conseiller municipal, vice-secrétaire du Comité.

DECAUX (Paul), route de Compiègne, Senlis.

Dru (feu Louis-Victor-Edmond), 0 #, propriétaire du château de Vez.

Dupuis (feu Ernest), membre du Conseil général de l'Oise, président du Comité.

FRÉMY (feu Théophile), ancien magistrat.

Hurhebourg (Eugène), 27 rue de Maubeuge, Paris, et à Saint-Maximin (Oise).

LA PERCHE (feu Stanislas).

Lasteyrie (comte Charles de), 6, rue de Solférino, Paris. Lucas-Championnière {feu le Dr Just), 0. membre de l'Académie des Sciences.


MM. Luppé (Pierre-Louis-F rançois, marquis DE), château de Beaurepaire, et 29, rue Barbet-de-Jouy, Paris.

ODENT (feu Eugène), maire de Senlis.

Paisant (Marcel), secrétaire d'Ambassade honoraire, sousdirecteur de la Compagnie française des mines d'or de l'Afrique du Sud, 7, rue Pasquier, Paris.

PATTE (Henri), #, notaire honoraire, 15, rue Perdonnet, Paris.

Vatin (Eugène), Juge de paix honoraire, Conservateur du Comité, Senlis.

Vincent (feu André), notaire à Paris.

WALLON (feu Louis), propriétaire à Apremont.

MEMBRES AUXILIAIRES

MM. Couard, I. P, archiviste-paléographe, correspondant du Ministère de l'Instruction publique, à Versailles, rue de la Pompe, 45.

Guegan (Paul), membre de la Société archéologique de Rambouillet, à Saint-Germain-en-Laye (Seine-et-Oise). LECOMTE (Maurice), membre de la Société d'histoire et de géographie de Provins, à Donnemarie-en-Montois (Seine-et-Marne).

MOREL (l'abbé), 0, curé de Chevrières.

PLESSIER (L.), conducteur de 1" classe des Ponts et Chaussées, à Compiègne.

REYNOLDS (Dr Elmer-R.), Depart. of Interior, Washington (U.-S.-A.).

Thomas (Félix), à Bray-Rully.

VITRY (Paul), conservateur adjoint au Musée du Louvre, 16 bis, avenue des Sycomores, Paris (16e).

MEMBRES ASSOCIÉS

MM. Ledodx fils, Acy-en-Multien.

QUIGNON (Hector), Q, professeur au Lycée de Beauvais.


N08 Noms, Prénoms, Qualités, Professions Dates de réception d'Ordre et demeures des Membres

1 Amic (Henri), les Bouleaux, à Gouvieux,

et 13, rue de Phalsbourg, Paris, 17e.. 14 juin 1917 2 ARCHIAC (comte Etienne D'), #, à VJI-

lers-Saint- Paul, par Nogent-sur-Oise,

et 46, rue Miromesnil, Paris, 8e 11 octobre 1877 3 ARNAUD DE l'Ariége (Joseph), Champ-

d'Alouettes, à Gouvieux, et 25, rue de

Surène, Paris, 8e 9 mars 1905 4 AUBERT (Marcel) archiviste-paléogra-

phe, 13, rue des Saints-Pères, Paris, 7*. 13 juin 1907 5 Audigieb (Georges), ancien député de

l'Oise, 54, boul. EmileAugier, Paris, 16e 8 juin 1899 6 BACOT (Joseph), agent de change, 29,

rue de Courcelles, Paris, 8e 8 novembre 1906 7 BALEDENT (l'abbé), curé de Versigny.

par Nanteuil. 12 avril 1877 8 BAYLE (Joseph), receveur des Actes ju-

diciaires et du Domaine, 15, rue de

Beauvais. Senlis. 14 juin 1917 9 BEAUDRY (1 abbé Amédée), 1$, secrétaire

de la Société archéologique et histori-

que de Clermont, à Breuil-le-Sec 14 mars 1907 10 BEAUFORT (le lieutenant-colonel de ca-

valerie en retraite de), 103, avenue

de Courbevoie, Asnières (Seine), etcha-

let de Varenne, Salbris (Loir-et-Cher). 19 février 1899 11 Bédotère (comte de LA), château de

Raray, par Rully 9 juillet 1891 12 BELLOY (Mme de), à Rosoy-en-Multien,

par Acy-en-Multien. 10 novembre 1904 13 Benoist (Paul), 7, rue de la Faisan-

derie, Chantilly. 14 décembre 1911 14 BERNARD (Henri), architecte, 23, rue des

Cordeliers. Compiègne 12 février 1885 15 BERTHAUT (Mmo), 30, avenue du Troca-

déro, Pans, 1G' 12 février 1914 16 Bied-Charreton (Gaston), à Fleurines,

par Pont-Sainte-Maxeuce. 14 novembre 1907 17 BOCQUENTIN (P.), régisseur du domaine

de Laversines, château de Laversines,

par Creil. 11 juin 1901 18 Bompard (Raoul), #, conseiller à la Cour *r

d'appel, 7, boul. Beauséjour, Paris, 16"

et Aumont (Oise). 21 janvier 1915 19 BONNAULT d'IIouet (baron Xavier de),

archiviste-paléographe, à Compiègne,

et ch. de IIailles,par Moreuil (Somme). 10 janvier 1901


Nos Noms, Prénoms, Qualités, Professions Dates de réception d'Ordre et demeures des Membres

20 BOULENGER (Jacques), 4>, archiviste-

paléographe, 22, rue Oudinot, Paris, 7» 12 mars 1908 21 BOULET (Paul), villa Sarrobert, à Fleu-

rines, par Pont-Sainte-Maxence, et à

Clermont. 14 décembre 1905 22 Broglie (prince François de), 0. 41,

rue de la Bienfaisance, Paris, 8°, et à

Lamorlaye (Oise) 10 décembre 1903 23 BRUMEAUX (Adonisl, ancien notaire, 10,

rue Margueritte, Paris, 17" 8 juillet 1909 24 Budin (Albert), docteur en droit, avocat

à la Cour d'appel, 10, rue Las-Cases,

Paris, 7e 10 mars 1898 25 Caix DE Saint-Aymour (comte de), 198,

boulevard Pereire, Paris, 17e 29 novembre 1862 26 Caltpê (Georges), bibliothécaire ho-

noraire de la Chambre des Députés,

14, rue Moncey, Paris, 9°, et à Vineuil-

Saint-Firmin 9 novembre 1905 27 Cambacérês (comte de), capitaine d'ar-

tillerie, 6, avenue d'Iéna, Paris, 16e.. 16 mai 1895 28 CAPLAIN (Henri), château de Vaux, près

Creil, et 12, rue Portefoin, Paris, 3e. 17 mai 1904 29 CAVILLON (l'abbé), aumônier de l'Hôpital

Général, Sentis 8 juillet 1897 30 CHASTEL (Dr André), 6, rue de la Ton-

nellerie, Senlis 7 juillet 1910 31 CHEVALLIER ( Paul), y% secrétaire de mai-

rie, à Montataire 2 avril 1914 4 32 Comuaz (Paul), à Gretz (Seine-et-Marne) 8 décembre 1887 33 CoRBiE(Ernest),àNanteuil-le-Haudouin. 5 décembre 1862 34 CORBIE (Marie-Ernest), agriculteur à

Silly-le-Long 9 avril 1908 35 Cuel (commandant Fernand), à

Crépy-en-Valois. 11 juin 1914 36 DEBACQ (Léon), à Chantilly 8 mai 1879 37 DECAUVILLF [Paul), O. ancien séna-

teur, manoir de la Nonette, à Gouvieux,

et 7, boulevard Beauséjour, Paris, 16'. 4 mai 1889 38 Decaux (Paul), route de Compiègne,

Senlis. Il janvier 1912 39 Delaunay Senlis (Mme Edgarl, 63, rue de la 11 janvier 1912

Faisanderie, Paris, 16", et à Senlis,

route de Compiègne 8 juillet 1909 40 Desabib (Paul), notaire a Creil 10 novembre 1904 41 Dorbon (Louis), hbraire, 19, boulevard

Haussmann, Paris, 9e 13 juin 1907 î


N°s Noms, Prénoms, Qualités, Professions Dates de réception d'ordre et demeures des Membres

42 Doria (François, comte), château d'Or-

rouy, et 18, rue Gaudot-de-Mauroy,

Paris, Il juin 1896 43 DOURLENT (l'abbé Louis), curé-archi-

prêtre de Senlis. il février 1898 44 Dufresne (Eugène), 4, rue du Puits-

Tiphaine, à Senlis 11 avril 1889 45 DUPLAQUET (Charles), conservateur des

Eaux et Forêts, administrateur du

Domaine de Chantilly, 17, rue du

Connétable, à Chantilly 9 novembre 1899 46 Ddpuis (Mlle Félicie), 7, avenue Beau-

cour, Paris, 8e 15 mai 1895 47 Fanart (Maurice), à Vineuil-S'-Firmin. 10 avril 1913 48 FAUTRAT (Léon), #, ex-inspecteur des

Forêts, secrétaire du Comité, a Senlis 8 août 1867 49 FAUTRAT (Georges), rue Bellon, à

Senlis. Il janvier 1912 50 FAUVELLE (Mme), Villevért, Senlis. 1896 51 FLEURY (Gustave), maire de Gouvieux 10 novembre 1904 52 Gazkau (Eugène), notaire à Senlis. 10 mars 1910 53 Gentil- DuGiED (Bertrand), 27, rue du

Connétable, à Chantilly, et villa Iris,

à Saint-Aubin-sur-Mer. 10 juillet 1913 54 GiLLET (Louis), conservateur du châ-

teau de Chaalis, par Ermenonville. 10 octobre 1912 55 Girard (Henry), Bertrand-Fosse, Plailly. 10 mai 1906 56 Gosselin^ (Paul), conservateur-adjoint

du Comité, rue Saint-Yves à-l'Argent,

Senlis 13 mars 1890 57 Goury (H.), architecte, 22, rue de Gou-

vieux, Chantilly, et 53, rue Cardinet,

Paris, 17= 11 novembre 1909 58 Gramont (le duc de), au château de

Vallière, par Plailly, et 52, rue de

Chaillot, Paris, 8' 4 mai 1899 59 Guérin (Emile), 3 bis, quai aux Fleurs,

Paris, 4e 1898

60 Guillemot (Etienne), archiviste-paléo-

graphe, 7, avenue Beaucour, Paris, 8e. 8 février 1900 61 Guillot (Paul), avocat à la Cour d'ap-

pel, 5, rue Frédéric-Bastiat, Paris, 8'. 9 mai 1901 62 IIalinbourp. (Frédéric), àBoursonne,

et 16, rue Marignan, Paris, 8e 13 octobre 1898 63 HENRioT (Pierre), O. lieut.-colonel en

retraite, à Sl-Nicolas, près Senlis. 14 novembre 1907 64 Heurteaux (Georges), la Chaussée de


IL Noms, Qualités, Professions Dates de réception d'Ordre et demeures des Membres

Gouvieux, et 100, boulevard Richard-

Lenoir, Paris, 11e 11 mai 1911 65 HURDEBOURG (Eugène), à St-Maximia,

et 27, rue de Maubeuge, Paris, 9e. fl juin 1898 66 Institution Saint-Vincent, à Senlis 1862 67 Joubert (Jean), a Vineuil-Saint-

Pirmin, et 23, rue Balzac, Paris, 8°. 9 novembre 1911 68 KERSAINT (comte de), conseiller général

de l'Oise, château de Versigny. par

Nanteuil, et 1, boulevard La'Tour-

Maubourg, Paris, 7e 9 décembre 1880 69 Kulp (Jacques-Frédéric), château de

Valgenseuse, Senlis, et 66, rue Per-

golese, Paris, 16e 13 juin 1895 70 Langlois notaire à Senlis. 10 juillet 1913 71 Langlois (Charles-Léon], Tour-de- Ville,

a Senlis. 10 juillet 1913 72 LA PERCHE (Mme Paul), à Compiègne, 10 juillet 1913

et 37, rue Jean-Goujon, Paris, 8e 11 mai 1886 73 Lasteyrie (comte Charles de), 6, rue

de Solferino, Paris, 7°. 8 décembre 1910 71 LAURAIN (Ernest). Q, archiviste dépar-

temental, a Laval (Mayenne) 12 octobre 1899 75 Lefèvre-Pontalis (Eugène), I. y,

professeural'Ecole des Chartes, direct'

de la Société française d'Archéologie,

13, rue de Phalsbourg, Paris, 17e.. 21 mai 1885 76 Lemarié (E.), ancien imprimeur, à Dam-

martin-en-Uoële (Seine-et-Marne). 13 octobre 1887 77 LoiR (Charles-Modeste), p, instituteur

à Mont-1'Evêque, par Senlis 11 avril 1907 î 78 Louât (Félix), notaire à Senlis 10 fevrier 1910 79 Ldppé (marquis Pierre-Louis-F rançois

de), château de Beaurepaire, par

Pont-Sainte-Maxence, et 19, rue Bar-

bet-de-Jouy, Paris, 1" 11 décembre 1892 80 Luppé (marquise de), mêmes adresses.. 11 décembre 1892 81 Maçon (Gustave), conservateur-adj'

du Musée Condé, à Chantilly. 4 mai 1899 82 Mahox (II. -M.), iî, ancien secrétaire de

la Mairie, 3, rue des Vétérans, Senlis. 9 mars 1899 83 Mareuse (Edgard), I. Q, membre des

Commissions des Inscriptions pari-

siennes et du Vieux-Paris, 81, boule-

vard Haussmann, Paris, 8°. 19 juillet 1894 84 MARGRY (Amédée), vice-président du

Comité, rue des Cordeliers, Senlis. 12 décembre 1867


Nos Noms, Prénoms, Qualités, Professions Dates de réception d'Ordre et demeures des Membres

85 MARICOURT (baron André de), à Ville-

métrie, par Senlis 9 juillet 1896 86 MARTIN (Léon), ancien député de l'Oise,

président de la Société d'Agriculture

de l'arrondissement de Senlis, Erme-

nonville. 12 novembre 1868 87 Masson (Frédéric), de l'Académie fran-

çaise, au Clos des Fées, Asnières-sur-

Oise (Seine-et-Oise), et 15, rue de La

Baume, Paris, 8' 12 octobre 1899 88 Masson (Charles), architecte-paysagiste

à la Chaussée, Gouvieux 14 avril 1910 89 Meister (l'abbé Louis-Antoine), curé-

doyen de Grandvilliers 4 mai 1893 90 Mercier (Victor), 0. conseiller à la

Cour de cassation, 77, rue Miromesnil,

Paris, 8e, et rue de Meaux, Senlis. 11 juillet 1872 91 MiCHON-CosTER(baronJoseph), 1, square

du Roule, Paris, 8e 8 novembre 1888 92 Moiron (comtesse PARENT du), 10, Pe-

tite Masterskaya,à Pétrograd, Russie. 8 octobre 1896 93 Moquet (Lucien), agriculteur à Mont-

l'Evêque 12 mars 1908 94 Motel (Georges), à La Chapelle-en-Ser-

val, et 22, place Malesherbes, Paris, 17e 10 novembre 19C4 95 Muller (l'abbé Eugène), Q, chanoine

honorre, vice-présicr du Comité, aumô-

nier de l'hospice Condé, à Chantilly.. 12 octobre 1876 96 Musée Conde (le), château de Chantilly. 4 mai 1899 97 Odent (Joseph), 80, boulev. Malesherbes,

Paris, 17- 8 juillet 1886 98 Paisant (Albert), président honoraire du

Tribunal de Senlis, à Senlis. 10 juin 1886 99 Paisant (Alfred), #, président honoraire

du Tribunal de Versailles, président de

la Commission des Antiquités et Arts

de Seine-et-Oise, 35, rue Neuve, Ver-

sailles (Seine-et-Oise) 5 5 décembre 1862 100 Paisant (Marcel), secrétaire d'ambas-

sade honoraire, sous-directeur de la

Compagnie française des mines d'or

de l'Afrique du Sud, 7, rue Pasquier,

Paris, 8e 12 mars 1908 101 Parmentier (Jules1, président du Tri-

bunal, à Soissons (Aisne), et20, avenue

Wagram, Paris. Il février 1886 102 PARSEVAL (Hubert de), place de Creil,


N OB Noms, Prénoms. Qualités, Professions Dates de réception d'Ordre et demeures des Membres

Senlis 9 juillet 1896 103 PATTE (Henri), #, notaire honoraire, 15,

rue Perdonnet, Paris, 10e, et 79 rue

du Connétable, Chantilly 13 novembre 1913 104 PAULMIER (Edmond), anc. receV des Fi-

nances, 75, rue de la Muette, Paris, 16e 19 juin 1890 105 PÉAN (Prosper), architecte, 62, boule-

vard Magenta, Paris, 10e, et à La Cha-

pelle-en-Serval. 8 juillet 1909 106 Picot (Emile), membre de l'Insti-

tut, 135, avenue de Wagram, Paris, 17e 8 novembre 1888 107 Pierret (Paul), à Eve, par Le Plessis-

Belleville, et 5, place Malesherbes,

Paris, 16' 10 novembre 1904 108 PoiRÉE(Oscar),àlaGâtelière,prèsSenlis. 14 décembre 1876 109 POIRET (Frédéric), #, avenue d'Aumale,

Chantilly, et 63, avenue d'Antin,

Paris, 8e 10 novembre 1904 110 PONTALBA (baron Edouard DELFAU de),

11, avenue de l'Opéra, Paris, 16e 3 novembre 1864 111 Pontalba (Michel Delfafj de), château

de Mont-1'Evêque, par Senlis 12 février 1880 112 Prddhomme (Henri), juge à Lille (Nord),

234, rue de Solférino. 1888

113 RADZIWILL (prince Constantin), château

d'Ermenonville, et22, avenue La Tour-

Maubourg, Paris, 7e 11 janvier 1883 114 REYRE (Antoine-Patrice), 9, rue Sainte-

Geneviève, Senlis, et 34, rue de Cha-

teaudun, Paris, 9e 9 avril 1895 115 Richebourg (M. de), chef d'escadron,

rue du Tour-de-Ville, Senlis 8 juin 1899 116 RICHEFEU (Charles), château de Gon-

dreville, par Betz, et 3, rue Méchain,

Paris, 14' 12 décembre 1895 117 ROEDERER (le comte), 5, rue Freycinet,

Paris, 10e 10 juillet 1913 118 ROTHSCHILD (baronne James de), $t, ÇJ,

château des Fontaines, àGouvieux, et

42, avenue Friedland Paris, 8' 13 juillet 1905 119 ROTHSCHILD (baron Robert de), château

de Laversines, par Creil, et 43, avenue

Friedland, Paris, 8B 13 février 1913 120 Rousset (Dr Léon), à Senlis 11 octobre 1889. 121 RUDAULT (Mme), Nanteuil-le-Haudouin. 10 février 1916 122 Sainte-Beuve (Auguste), ancien avoué,

rue du Chat-Haret, à Senlis. 3 novembre 1890


No, Noms, Prénoms, Qualités, Professions Dates de réception d'Ordre et demeures des Membres

123 SARGENTON (Henri), ancien agent de

change, à Chantilly, et 8, rue Christo-

phe-CoIomb, Paris. 10 novembre 1910 124 Tardif (Alfred), #, artiste décorateur,

à Monterésin, par Orry-la-V ille, et

29, rue Bayen, Paris, 17e 9 avril 1908 125 TARDIF (Charles), doreur- décorateur

Ï9, tue Bayen, Paris, 17e 13 novembre 1913 126 Toupet /Eugène), rue du Connétable,

Chantilly 13 octobre 1881 127 Tubqijet (Alphonse), à Saint-Fu'min. 12 février 1874 128 Torquet (Jean-Baptiste), conseiller

d'arrondissement, à Avilly, par Senlis. 15 mai 1882 129 Turqukt de laBotsserif. (comte Henri),

Vieux-Château de Senlis, et 95, ave-

nue Victor-Hugo, Paris, 10e 11 avril 1889 130 Turqhet de LA Boisserie (François),

Vieux-Château de Senlis, et 95, ave-

nue Victor-Hugo. Paris, 16e 10 novembre 1910 131 VALF.NTiN,architectedelaVilledeSenlip. 12 juin 1902 132 VALLON (Orner), administrateurdela

Compagnie du Nord, maire de Chan-

tilly, 4 rue du Connétable, Chantilly,

et 14, rue Jean-Goujon, Pans, 8e. 10 mars 1904 133 VANTROYS (Paul), avocat, 20, rue Alfred-

de-Vigny, Paris, 8e 13 juillet 1905 134 VASSELLE'(Eugène), conseiller à la Cour

d'Appel, 77, boulevard du Mail, Amiens

(Somme) 8 avril 1886 135 Vatin (Eugène), juge de paix honoraire,

conservateur du Comité, rue Neuve-

de-Paris, Senlis 14 avril 1870 0 136 Verbyst (Vital), agriculteur, à Baron.. 12 mars 1903 137 Vignon (Eugène), imprimeur du Comité,

1, rue Saint-Pierre, Senlis. 11 janvier 1912 138 Waru (André de), administrateur de

la Compagnie du Nord, château de

Bellefontame, Senlis, et 9, avenue

d'Eylau, Paris, 16e 10 juillet 1890 139 WIART (Eugène), architecte, 37, rue du

Connétable, Chantilly, et H, rue

Marcel-Reuault. Paris, 17<= 8 juillet 1909 140 Yamollet (l'abbé G.), curé doyen de

Chantilly 13 mars 1913 141 ̃ Yanville (comte Henri d'), château du

'l'illet, par Cires-Ies-Mello, et 36, rue

des Saints-Pères, Paris, 71 14 avril 1910



SOCIÉTÉS CORRESPONDANTES

Bibliothèque municipale de la ville de Senlis.

Comité archéologique de Noyon (Oise).

Société académique de l'Oise, à Beauvais.

Société d'Anthropologie de Paris.

Société d'Archéologie, Sciences, Lettres et Arts de Seine-etMarne, à Melun.

Société des Antiquaires de l'Ouest, à Poitiers (Vienne). Société dunoise, à Châteaudun (Eure-et-Loire).

Société historique et archéologique de Château-Thierry (Aisne). Société d'Agriculture de l'arrondissement de Senlis (Oise). Société d'Archéologie, Sciences, Lettres et Arts du département de Seine-et-Oise, à Versailles.

Société d'Agriculture, Sciences et Arts d'Angers (Maine-etLoire).

Commission archéologique de Maine-et-Loire, à Angers. Académie des Sciences, Inscriptions et Belles-Lettres de Toulouse (Haute-Garonne).

Smithsonian Institution de Washington, États-Unis. Société des Antiquaires de Picardie, à Amiens (Somme). Société d'Émulation d'Abbeville (Somme).

Société académique de Laon (Aisne).

Société d'Agriculture, Sciences, Belles-Lettres et Arts, à Orléans (Loiret).

Société archéologique de l'Orléanais, à Orléans (Loiret). Société d'Agriculture, Sciences et Arts de Douai (Nord). Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Marseille (Bouches-du-Rhône).

Société d'Archéologie, Sciences, Arts et Belles-Lettres de la Mayenne, à Laval.

Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, à Vendôme (Loir-et-Cher).

Société polymatique du Morbihan, à Vannes.

Commissiou des Antiquités de la Seine-Inférieure, à Rouen. Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron, à Rodez. Société historique de Compiègne (Oise).

Bulletin archéologique et historique du Ministère de l'Instruction publique, Paris.


Académiedes Sciences, Belles-Lettres et Arts du Puy-de-Dôme, à Clermont-Ferrand.

Société archéologique de Rambouillet (Seine-et-Oise). Société d'Histoire, d'Archéologie et de Littérature de l'arrondissement de Beaune (Côte-d'Or).

Académie des Jeux Floraux, à Toulouse (Haute-Garonne). Académie nationale des Arts, Sciences et Belles-Lettres de Caen (Calvados).

Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Besançon (Doubs).

Académie des Antiquaires de la Morinie, à Saint-Omer (Pasde-Calais).

Société académique d'Agriculture, Sciences, Arts et BellesLettres de l'Aube, à Troyes.

Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, à Rennes. Société archéologique de Vervins (Aisne).

Société des Antiquaires du Centre, à Bourges (Cher). Société historique du Cher, à Bourges.

Société archéologique et historique du Limousin, à Limoges (Haute-Vienne).

Société archéologique de Pétrograd, Russie.

Société littéraire, historique et archéologique de Lyon (Rhône). Société de l'Histoire de Paris et de l'Ile-de-France (aux Archives nationales), à Paris.

Société française d'Archéologie, à Caen (Calvados). Société nivernaise, à Nevers (Nièvre).

Société historique et archéologique de Pontoise et du Vexin, à Pontoise (Seine-et-Oise).

Archives historiques de Saintonge et d'Aunis, à Saintes (Charente-Inférieure).

Société d'Archéologie lorraine, à Nancy (Meurthe-et-Moselle). Institut archéologique du Luxembourg, à Arlon, Belgique. Annales du Musée Guimet, avenue du Trocadéro, 30, Paris. Comité de l'Art chrétien, à Nîmes (Gard).

Association des Études grecques, à l'École des Beaux-Arts, Paris.

Société historique et littéraire de Tournay, Belgique. Académie de Nîmes (Gard).


Bulletin de la Société neufchâteloise de Géographie, à Neufchâtel, Suisse.

Académie delphinale, à Grenoble (Isère).

Commission des Antiquités et des Arts de Seine-et-Oise, à Versailles.

Société des Sciences naturelles et archéologiques de la Creuse, à Guéret.

Société des Antiquaires de France (chez Klincksieck, 11, rue de Lille, Paris).

Société archéologique du Périgord, à Périgueux (Dordogne). Société archéologique, historique et scientifique de Soissons (Aisne).

Revue des Savants, fondée par le baron Thénard, au Ministère de l'Instruction publique, à Paris.

Académie nationale de Reims (Marne).

Société des Amis des Arts, à Évreux (Eure).

Société des Bollandistes, rue des Ursulines, Bruxelles, Belgique.

Société d'Ethnographie, 28, rue Mazarine, Paris. Société des Sciences morales, des Lettres et des Arts de Seineet-Oise, à Versailles.

Académie royale des Sciences, Arts, etc., de Stockholm (Suède). Journal héraldique de Pise, 115, via Piccini, Bari (Pouille), Italie.

Société archéologique de Sens (Yonne).

Les Amis des Sciences etArts, à Rochechouart (Haute-Vienne). Société libre d'Agriculture, Sciences, Arts et Belles-Lettres de l'Eure, à Évreux.

Société archéologique de Tarn-et-Garonne, à Mautauban. Société des Lettres, Sciences, et Arts de Bar-le-Duc (Meuse). Académie d'Hippone, près de Bône (Algérie).

Société d'Histoire et de Géographie de Provins (Seine-et-Marne). Revue de la Société des Études historiques (Bibliothèque de l'Arsenal), 1, rue de Sully, Paris.

Société d'Archéologique de Bruxelles, 11, rue Ravenstein, Belgique.

Commission historique du département du Nord, rue Nationale, Lille.


Société archéologique d'Eure-et-Loir, à Chartres. Société littéraire et historique de la Brie, à Meaux (Seine-etMarne).

Société archéologique et historique de Clermont (Oise). Société d'Études historiques et scientifiques de l'Oise, 15, place Ernest-Gérard, Beauvais.

Revue Mabillon (Dom Besse, à Chevetogne, par Leignon, province de Namur, Belgique).

Antiquarian Society, 21, Saint-Andrew-Street, à Cambridge, Angleterre.

Société archéologique de Montpellier (Hérault).

Bibliothèque de l'Université d'Aix (Bouches-du-Rhône). Bibliothèque d'Art et d'Archéologie, 19, rue Spontini, Paris. Société d'Archéologie et de Statistique de la Drôme, à Valence. Société Française des Fouilles archéologiques, 128, rue Bonaparte, Paris.


Président. m~i.. 1, n. Eugène MûLLER. Vice-Présidents. A m “, Amédée MARGRY. Secrétaire. Léon FAUTRAT. Vice-Secrétaire. Conservateur du Musée. Eugène V ATJN. Conservateur adjoint. Paul GOSSELIN. Trésorier.

1917

Bureau

>*«

Commission des Fonds

MM

VANTROYS.

ODENT(J.).

Commission du Bulletin

MM. MACON.

DE MARICOURT.

l'abbé CAVILLON.

Commission des Arènes

MM. MARGRY.

l'abbé Mùller.

Oscar Poirke.


PROCÈS-VERBAUX



PROCÈS- VERBAUX DES ANNÉES 1914-1915

SÉANCE DU 8 JANVIER 1914

PRÉSIDENCE DE M ERNE6T DUPUIS, PRÉSIDENT.

Etaient présents: M"' Mancheron, MM. le comte de Caix de SaintAymour, l'abbé Cavillon, Cultru, Dufresne, Jacob, Louat, Macon, l'abbé Muller, Michel de Pontalba, Roland, Sainte-Beuve, Toupet, Vatin, Vignon, l'abbé Yamollet.

Excusés MM. Corbie, Fautrat, Loir.

Le Comité manifeste toute sa sympathie à M. Fautrat, son secrétaire, et à M. Georges Fautrat, son fils, si cruellement affligés par la mort, toute récente, de II1™ Georges Fautrat, fille du regretté M. Dnard. M le Président, en ouvrant la séance, exprime tous les vœux et souhaits que la nouvelle année lui inspire il va au devant de ceux qu'il il sait exister, pour lui, parmi les membres présents, qui s'empressent de les lui confirmer par la plus chaleureuse approbation.

Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Mm* Chaumonot, présentée lors de la dernière réunion, est admise comme membre du Comité.

Est présentée, par MM. Dupuis et Maçon, M"' Berthaut, domiciliée à Pans, 30, avenue du Trocadéro. Il sera statué sur cette présentation dans la prochaine séance.

Apres l'énumération des publications reçues, la parole est donnée à M. Jacob, trésorier, pour la reddition de son compte de gestion de l'année 1913, appuyé de toutes tes pièces justificatives.

Il est établi ainsi qu'il suit

RECETTES

Solde en caisse au 1" janvier 1913 1.612 48 Cotisations 1.321 25 Versement de M. Rœderer comme membre

perpétuel 150 »»

Don de M. Marcel Paisant 50 »» Don de M. Alfred Paisant 50 na Rentes sur l'État 85 »» Intérêts de la Caisse d'épargne 40 »» Locations de jardins aux Arènes. 59 »» Subvention départementale pour 191i (325 fr.)

non ordonnancée Mémoire

TOTAL DES Recettes 3.36773


Recettes 3.367 73

DÉPENSES

Loyer pendant deux années, du

1" juillet 1911 à juillet 1913, à

raison de 500 fr. par an. 1.000 »»

Sous déduction de travaux de

couverture payés par le Comité

pour le compte du sequestre

et s'élevant à 52 90

Reste. «47 10

Impôts 25 50

Mémoire Vignon, imprimeur. 1.327 45

Cavaillier, relieur 64 »»

Concierge 25 60

Envoi de volumes. 20 »»

Assurance 6 80

Étrennes au facteur 5 »»

Charbon 8 80

Frais do recette 26 25

TOTAL 2.456 50 2.456 50 Excédent DES RECETTES 911 23 SITUATION AU 1" JANVIER 1914

Livret de Caisse d'épargne £50 81 Titre de rente. Prix d'achat 2 833 85 Espèces en caisse. 60 42 ENSEMBLE 3.745 08 A déduire

Fonds inaliénables versés par les membres

perpétuels 3 000 »» RESTE DISPONIBLE. 745 08 En conséquence, le budget pour 1914, est ainsi composé RECETTES

Somme restant disponible. 745 08 Cotisations 1.300 Subvention départementale. 325 »» Location de jardins 59 »» Rente sur l'État 85 »» Vente de volumes. 20 »» TOTAL DES RECETTES. 2.534 08


Recettes 2.534 08

DÉPENSES

Loyer. 500 50 Contributions 22 25 Assurance 6 80 Impressions. Reliure 1.300 nu Concierge 25 60 Dépenses imprévues et travaux

aux Arènes 678 93

TOTAL des Dépenses 2.534 08 2.534 08

Le Comité approuve à l'unanimité le compte du trésorier pour 1913, et le budget de 1914. Il renouvelle à M. Jacob tous ses remerciements pour le zèle et l'exactitude qu'il déploie dans les fonctions qu'il veut bien remplir si obligeamment depuis si longtemps.

Le comte de Caix de Saint-Aymour commence la lecture d'un mémoire sur La Seigneurie de Bouillancy, domaine de l'hospice des Incurables de Paris, et actuellement propriété de l'Assistance publique. Les archives de cette administration possèdent très peu de pièces anciennes sur Bouillancy. Il en est de même des Archives Nationales. Mais notre confrère a dans s>a collection un manuscrit de 190 pages in-4* intitulé « Tableau historique de la Terre et Seigneurie du PlessisBouillancy et des fiefs de Poix, Réez, Fosse Martin, la Tour, Chantemerle, Feux, Gueux, Bruxelles et Chanteraine ». Ce document fut écrit en 1759 et contient quantité de renseignements intéressants sur la seigneurie de Bouillancy, non seulement à l'époque où il fut composé, mais aux époques antérieures et jusqu'au Moyen-Age. Autour de ce manuscrit M. de Caix a groupé toutes les données qu'il a pu recueillir ailleurs, et nous donne sur cette ancienne localité une notice aussi complète que possible et dont il terminera la lecture dans notre prochaine séance.

M. Macon continue la lecture des Mémoires de J -B. de Junquières et s'arrête à l'année 1756. Il poursuivra cette intéressante communication au cours des prochaines séances.

La séance est levée à quatre heures.

Le Vice-Secrétaire,

P. CULTRU.


SÉANCE DU 12 FÉVRIER 1914

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

– Étaient présents Mllt Mancheron, MM. l'abbé Cavilion, Cullru, Decaux, Fautrat, Maçon, de Mancourt, le chanoine Muller, Odent (Joseph), Patte, Sainte-Beuve, Roland, Toupet, Turquet de la Boisserie et son fils, Vatin.

M. le comte de Caix et M. Corbie s'excusent de ne pouvoir assister à la séance.

M. le Secrétaire donne communication des envois faits par les Sociétés correspondantes.

Madame Berthaut, présentée dans la séance précédente par MM. Dupuis et Macon, est admise comme membre titulaire du Comité. M. Cultru fait connaitre qu'il a été très heureux de retrouver, dans une lettre de son père, du 27 septembre 1833, à M. Graves, secrétaire général de la préfecture de l'Oise, la tradition certainement perdue, qu'il n'avait lui-même jamais connue dans ses détails, de l'entrée à la bibliothèque de Senlis des manuscrits Afforty.

C'est à l'occasion de l'envoi successif, à M. Graves, des volumes d'Afforty, que M. Cultru père s'exprime ainsi

« Je m'empresse de vous adresser les trois premiers volumes de la « collection de M. Afforty. Vous les trouverez bien délabrés. Ils étaient « ainsi lorsque feu M. Broisse (frère de notre historiographe) les a sauvés « des mains d'un épicier au prix de tant la livre sa veuve les a cédés a « la mairie. Nous espérons les faire cartonner et mettre en état l'année « prochaine; quelques fonds sont compris dans ce but au budget « de 1834 ».

Les 5 derniers volumes ont été adressés à M. Graves le 27 décembre 1833. Ainsi, en trois mois, ce travailleur infatigable a parcoiru et releve, page par page, l'énoncé des documents contenus dans les 25 volumes de la collection Afforty.

C'est ce relevé, qui n'est pas une table proprement dite, que la Société académique de l'Oise possede, et que notre dévoué confjcre, M. Corbie, voudrait faire entrer à la bibliothèque de Senlis.

M. Macon poursuit la lecture des Mémoires de J.-B Junquieres depuis 1757 jusqu'à 1780. L'auteur habite alors Senlis, et relève nombre de faits intéressant l'histoire de notre ville. Il mentionne aussi les fêtes de Chantilly, auxquelles il assiste en qualité de lieutenant de la capitainerie d'Ijalatte. Ses loisirs lui permettent des occupations littéraires dont il tire quelque vanité. En 1759, il fait imprimer à Senlis, par Des Rocques, un ouvrage en 3 volumes in-12 intitulé L'Élève de Minerve ou Télémaque travesti en vers; notre confrère DI. Brumeaux en possède un exemplaire que M. Macon fait passer sous les yeux du Comité. En 1763, Junquières publie un poème badin intitulé Caquet-llonbec, la Poule


a ma tante, qui eut deux éditions la même année et eut l'honneur d'être réimprimé plusieurs fois depuis. M. Macon donne à ce sujet des explieations bibliographiques, et montre un exemplaire de la première édition dans sa reliure originale en maroquin rouge, qu'il vient de trouver chez le libraire Lucien Dorbon.

J.-B. Junquières est aussi fier des succès littéraires de son fils ainé que des siens propres il rapporte avec complaisance les applaudissements décernés par la cour de Chantilly, et surtout la faveur accordée par le public parisien à une petite comédie mêlée d'anettes que J -B. René Junquières fit jouer à la Comédie Italienne en 1763, le Gui de Chêne ou la Fêle des Druides.

Junquieres fut maire de Senlis de 1768 à 1771; il se plaint amèrement des soucis que lui apportent ces fonctions, imposées par le Roi. Cela ne l'empêche pas de noter des événements fort intéressants, et de donner un coup de patte a M™° du Barry, qu'il vit de près à Chantilly non loin du Roi vieilli et changé, qui parut honteux de la voir en spectacle à tant de monde et fit retirer la calèche où elle étoit ».

M. de Junquieres avait perdu son second fils en 1758 à la bataille de Sondershausen. Il avait marié sa fille a M. de Malfizieu elle mourut de la petite vérole le 28 décembre 1777. Puis ce fut son fils ainé qui, ayant gagné le mal pres de sa sœur, fut enlevé le 7 janvier suivant. Le troisième fils, Amable-Louis, était officier d'artillerie, en détachement à Saint-Domingue il donna sa démission et revint a Senlis, où il trouva sa mère aveugle et son pere désolé. Celui-ci ne s'intéresse plus a rien et clôt son journal à la mort de sa femme en 1780. Mais quand lui-méme eut disparu en 1786, Amable-Louis de Junquieres reprit le livre de famille et y consigna so» souvenirs avec verve et humour.

M. Macon donne lecture de ce qui regarde l'enfance et la jeunesse d'Ainable-Louis de Junquieres jusqu'à son entrée au régiment d'artillerie de Metz, en garnison à Auxonne. Il poursuivra cette intéressante communication au cours des prochaines réunions.

Le Secrétaire,

L FAUTRAT.

SÉANCE DU 10 MARS 1914

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents M"' Mancheron, MM. Brumeaux, l'abbé Cavillon, le comte de Caix de Saint-Aymour, Corbie, Cultru, Dufresne, Jacob, Maçon, l'abbé Muller, Roland, Toupet, Vatin, Vignon.

M. le Secrétaire fait rémunération des ouvrages envoyés au Comité. M. le Président exprime les regrets qu'a causés au Comité la mort de M. Rudault, de Nanteuil, et de M. Prevet, directeur du Petit Journal. M. Rudault, habitant à Nanteuil ce qui reste du château de Nanteuil et


de son parc, s'intéressait à toutes nos recherches locales. M. Prevet, qui avait acheté le chàteau de Villers-sous-Saint-Leu, savait apprécier l'utilité de nos travaux.

Est présenté par MM. Macon et Fautrat, M. Paul Chevallier, secrétaire de la mairie de Montataire.

Le comte de Caix de Saint-Aymour donne lecture de la fin de son Memoire sur la Seigneurie de Bouillancy. Il parle successivement des droits seigneuriaux dont jouissaient les possesseurs du domaine, de l'exploitation des bois, du chateau et de la chapelle seigneuriale, des deux paroisses et des fondations charitables qui y étaient attachées, des mesures locales, des baux, etc.

A propos de l'église de Bouillancy et de ses pierres tombales, M. de Caix rectifie la légende qui fait des ducs de Montmorency les seigneurs de cette terre aux xvi" et xvn' siècles et montre qu'un seul cadet de cette maison, de la branche des Bours, a possédé accidentellement Bouillancy, pendant une vingtaine d'années, du chef de sa femme Mario de Grouches. M. Macon continue la lecture des Souvenirs d'Amable-Louis de Junquieres, officier d'artillerie a Auxonne, a La Fère, à Douai, puis à Saint-Domingue, son bataillon est envoyé en 1776. Là, il apprend la mort de son frère et de sa sœur, la cécité de sa mère il donne sa démission et revient en France pour tenir compagnie à son père désolé. Il épouse à Paris, en 1780, Mu" de Manneville, et s'installe a Senlis dans la maison familiale de la rue Sainte-Geneviève. Le Comité écoute avec plaisir le récit humoristique des fiançailles, du mariage, de la naissance de trois enfants, mis en nourrice à Courteuil, à Pontpoint, à Pontarmé. La Révolution trouve M. de Junquières à Senlis il se réfugie a Paris pendant quelques mois, revient ensuite à Senlis, où sa caste est vue de très mauvais oeil, et prend enfin le parti d'émigrer, mais à contre-coeur. Sa femme meurt à Tournay le 22 novembre 1791, et il regagne tout de suite Senlis après un nouveau séjour à Paris, il se résigne à attendre 'les événements dans sa maison de Senlis en se consacrant à l'éducation de ses fils, jusqu'à ce qu'un décret d'arrestation lui soit signifié en août 1793.

L'heure avancée oblige M. Macon à remettre à la prochaine réunion la suite de cette intéressante communication, et la séance est levée a quatre heures.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.


SÉANCE DU 2 AVRIL 1914

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, ['RÉSIDENT

Étaient présents MM. le comte de Caix de Saint-Aymour, l'abbé Cavillon, Coibie, Cultru, Dufresne, le lieutenant-colonel Henrlot, Macon, baron de Maricourt, le chanoine Muller, de Parseval, Roland, Toupet, Vignon.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté. M. le Secrétaire passe en revue les publications reçues des sociétés correspondantes. Parmi les envois d'auteurs, à signaler une intéressante brochure de notre confrère M. E. Laurain, archiviste de la Mayenne Un dernier mot sur la croisade mayennaise de 1158 et le chartrier de Goué.

M. Paul Chevallier, secrétaire de Maine a Montataire, est admis comme membre titulaire du Comité,

MM. Jean Chantagut, secrétaire général, et Henri Létocart, directeur musical de la Societé des Amis des Cathedrales, sont présentés au Comité dont ils demandent le concours pour la réunion qu'ils ont l'intention de tenir à Senlis à la lin du mois de mai prochain.

On sait que l'objet de la Société des Amis des Cathédrales est de permettre, non seulement a ses adhérents, mais à tous, d'aller admirer et étudier les œuvres d'art d'inspiration religieuse dans le cadre architectural pour lequel elles furent primitivement conçues. La Société donne chaque année des réunions dans les Cathedrales ou Églises de France en plus de ces grandes manifestations, elle organise à Paris des conferences et des auditions de musique religieuse du Moyen-Age au xix* siècle. Leb Amis des Cathédrales ont visité en 1913 Reims et Evreux; ils doivent aller à Amiens le 28 avnl et venir à Senlis probablement le 26 mai, sous la conduite de leur président, M. Enlart. Le Président se fait l'interprète du Comité en assurant MM. Chantagut et Létocart de notre concours, et des explications sont échangées sur les moyens d'aider ces Messieurs dans l'organisation de leur excursion à Senlis. Il est dès à present entendu que notre confrère M. Marcel Aubert sera prié de faire la conférence historique et archéologique dans la Cathédrale, et que plusieurs de nos collègues l'assisteront dans la visite qui suivra et qui sera divisée en plusieurs groupes, à cause du grand nombre d'excursionnistes prévu.

Après avoir rappelé qu'il devra être procédé au renouvellement du Bureau dans la séance de Mai, M. le Président donne la parole à M. Macon pour continuer la lecture des Souvenirs d'Amable-Louis de Junquières depuis 1793 jusqu'à 1811. Dans un style plein d'humour et de bonhomie, l'auteur conte les épisodes de son internement à Chantilly, à Luzarches, à Picpus, au Luxembourg, son retour à Senlis en décembre 1794, la vie qu'y ont menée ses enfants pendant son absence, la peine qu'il eut à se faire rayer de la liste des émigrés, la reprise des conditions de vie normale


avec l'ordre et le bon sens, son élection comme électeur départemental, puis comme conseiller municipal et marguillier. Certains épisodes excitent la verve de M. de Junquieres, tels que le mariage de ses deux fils, celui de son cousin Chastellain de Popincour, la h uellemanie de son cousin de Malézi«u, l'opération de la taille que lui-méme dut subir, le passage de Napoléon I" à Senlis en 1810, etc., etc.

Le Comité écoute avec le plus vif intérêt la lecture de ces Souvenirs curieux et primesautiers, dont le texte a été pourvu par M Macon d'une copieuse annotation. Il est décidé que le manuscnt sera publié intégralement et formera le volume de l'exercice 1914, dont la distribution sera laite aux membres du Comité au pnntemps de 1915.

Après le règlement de l'ordre du jour de la prochaine réunion, la séance est levée à quatre heures.

SÉANCE DU 12 MAI 1914

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents MM. le comte de Caix de Saint-Aymour, l'abbé Cavillon, Cultru, Dufresne, Fautrat, Gazeau, Jacob, Loir, colonel Henriot, Odent (Joseph), Patte, Roland (Auguste), Tardif, Toupet, Vignon. M. Corbie s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. M. Maçon exprime aussi ses regrets de n'être pas à la réunion.

L'énumération est faite des livres et des objets offerts au Comité. Le comte de Caix fait hommage au Comité d'une notice sur la seigneurie de Clres-les-Mello.

Les premiers seigneurs de Cires étaient les d'Erquery. Henri de Marie, chancelier de France, devint possesseur de la seigneurie. En 1569, Yves Brinon en est propriétaire, et le domaine, en 1566, passa entre les mains du connétable Anne de Montmorency. Deux siècles plus tard, la seigneurie fut adjugée à Claude Patu, seigneur de Mello. Les Patu étaient de la basoche ils eurent des procès avec M" de Saint-Cyr. La Révolution fit table rase de tous leurs différends en litige.

Le travail de M. de Caix présente un intérêt local très appréciable. M. le Président parle des nouveaux vides que la mort est venue faire dans le Comité. M. Vantroys, qui depuis tant d'années s'intéressait, dit-il, à nos travaux, vient de disparaître. M" Chaumonot, enlevée soudainement, en pleine jeunesse, faisait depuis son arrivée à Senlis partie de notre Société. Nos regrets et nos souvenirs les suivent, et noua offrons à leurs familles en deuil, l'expression de nos sentiments de condoléance.

Le Musée du Comité vient d'être mis en état par des travaux de réfection, et le président, à ce sujet, exprime à M. Vatin tous ses remer-


ciements pour le soin et l'intelligence avec lesquels tout a été replacé dans un ordre parfait Le Comité s'associe aux sentiments de gratitude exprimés.

Le président rappelle que le bureau, au terme de son mandat, est soumis à réélection.

Sur la proposition de M. Joseph Odent, le bureau à l'unanimité est maintenu dans ses fonctions.

Le Conseil général s'est occupé des archives du bailliage de Senlis. Avant t790, elles se trouvaient au bailliage de Sentis une partie est déposée aux archives départementales.

M. le Maire de Bouvines écrit au Comité que le 27 juin sera célébré le 7" centenaire de la bataille de Bouvines, qui arrêta l'invabion germanique et constitua l'unité de la nation française. Un monument commémoratif, confié au ciseau du sculpteur Lefèvre, grand prix de Rome, doit être élevé sur le heu de la bataille. Le Comité désigne M. le comte de Caix pour le représenter aux fêtes du centenaire.

Les souvenirs de Sentis nous intéressent tout particulièrement à cette fête. Ce fut le chancelier Guérin qui conduisit au combat les milices communales, et le chancelier demeure l'une de nos gloires locales. Notre collegue, M. Vignon, est chargé de recueillir les souscriptions demandées pour subvenir aux irais du monument.

Le comte de Caix de Saint-Aymour lit en communication une étude sur un proces qui eut heu dix ans avant la Révolution entre le comte de Francheu et ses vassaux de La Chapelle-en-Serval, et sur les violences qui accompagnèrent ce procès, de la part des habitants de La Chapelle. Il s'agit, dans cette affaire, de terres, de patures et d'une allée dite Allée du Mail, dont les habitants revendiquaient la propriété. L'objet du litige n'a qu'un intérêt purement local, mais M. de Caix en prend l'occasion de montrer les changements qui s'étaient produits dans les tendances des paysans à la suite du progrès des idées nouvelles et l'excitation des esprits à la veille de la Révolution, excitation qui se traduisait, même dans notre paisible pays senhsieii, par des tentatives d'emeutes, qu'une imprudence aurait pu facilement transformer en véritable Jacquerie rurale.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.


SÉANCE DU II JUIN 1914

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents M"" Mancheron, MM. le comte de Caix de SaintAymonr, l'abbé Cavillon, Corbie, Cultru, Dufresne, Fautrat, le colonel Henriot, Jacob, Loir, Maçon, le chanoine Muller, Odent (Joseph), Quignon, Toupet, Vatin, Vignon.

Le procès-verbal de la séance précédente est adopté.

Le Secrétaire énumère les publications envoyées au Comité. Le Président fait connaitre que, sur sa proposition, le Conseil général, en souvenir de la bataille de Bouvines, a décidé d'allouer une somme de 100 francs pour subvenir aux frais du monument qui doit rappeler ce haut fait.

M. le commandant Cuel est admis comme membre de la Société. M. Corbie donne, sur la ferme de Fay, le résumé de chartes très intéressantes.

Le Cartulaire de Fay. Analyse des 80 chartes relatives à cette localité, premiere donation du roi Louis-le-Gros à l'abbaye de Chaalis en 1136.

Copie de la Charte de fondation de l'abbaye de Chaalis Janvier 1136. Sur les conseils de Suger, le Roi, qui avait vu mourir ses deux fils Charles et Philippe, pour attirer sur son dernier rejeton les bénédictions divines, résolut d'établir dans le voisinage de Senlis, sa résidence de prédilection, une maison de retraite et de prieres, une abbaye.

Il y avait alors dans la forêt d'Ermenonville, près de l'ancienne voie de Senlis à Meaux, à l'endroit qui porte encore aujourd'hui le nom de la Chapelle, un petit Prieuré de peu d'importance. Près de ce lieu le Roi et les Religieux de Citeaux, auxquels il avait fait appel, mettant à profit les généreuses donations des Bouteiller de Senlis et leurs alliés, élevèrent leurs constructions.

Avant de les commencer, Louis-le-Gros, pour subvenir aux besoins de la nouvelle abbaye, lui avait tait don de la terre et seigneurie de Fay La Borde, qu'il avait acquise do son chevalier Barthélemy de Fourcroy, située sur le Longmont, entre Béthisy, Verberie et Raray, et comprenant deux domaines séparés par le Fief de la Boissière appartenant au Roi et dépendant du domaine de Verberie.

Le Fiff de Barthélemy consistait alors en deux manoirs et 580 arpents de terre le domaine du Grand Fay, seul objet de cette étude, consistait alors en un Hôtel seigneurial avec bâtiments d'exploitation et 200 arpents de terre labourable, dont les désignations du début du xir siècle à la tin da xtv° siècle, sont encore actuellement celles du plan cadastral dans les communes de Saintines et Néry.

Outre les Bouteiller, d'apres les Chartes conservées, tous les seigneurs de la région de Senlis contribuèrent à la prospérité de la nouvelle abbaye par leurs donations de biens et rentes à citer principalement les


seigneurs de Fontaines, de Roquemont, de Villeneuve, de Raray, de Brasseuse, de Néry, de Saintmes, de Béthisy, de Bouillancy, de Nanteuil, de Ver, de Dammartin, de Gonesse, Etampes et Corbeil. Les seigneurs suzerains donnent a l'envie leur consentement aux donations et la plupart font remise à l'abbaye des droits qui leur sont dus.

Après l'aveu et dénombrement rendu en 1399 à la Chambre des Comptes, la propriété subit peu de modifications jusqu'à la vente des biens conventuels en 1791.

A partir du commencement du xvi" siècle, l'abbaye cesse d'exploiter directement, et donne à bail ses biens de Fay et la Borde à des fermiers moyennant des redevances en nature d'abord, qui ensuite sont remplacées pour la majeure partie par un fermage en argent, jusqu'à l'année 1791, où le domaine de Fay fut acheté par les Pommeret des Varennes. Après cette vente, les 80 chartes dont l'analyse a été donnée et presque toutes les autres restèrent entre les mains du notaire de l'abbaye, et lorsqu'en 1796 furent créées à Beauvais les Archives départementales, sur les 2.200 pièces du Chartrier de Chaahs, un tiers seulement sortirent de Senlis, bien qu'il n'en eût été remis aux nouveaux propriétaires qu'un peu plus d'un cent.

M. Macon, dans l'analyse des Mémoires du chevalier de Junquières, nous montre la vie tourmentée du chevalier pendant la période révolutionnaire, son arrestation, son transfert dans les lieux de détention, son élargissement. Tous ces faits, présentés avec beaucoup d'art, donnent à cette lecture un intérêt mouvementé.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.

SÉANCE DU 9 JUILLET 1914

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents MUo Mancheron, MM. l'abbé Cavillon, Corbie, le commandant Cuel, Cultru, Fautrat, Jacob, Macon, le chanoine Muller, Patte, Tardif, Toupet, Vatin.

Le procès-verbal de la séance précédente est lu et adopté, et M. le Secrétaire donne connaissance des publications envoyées par les Sociétés correspondantes. Il offre au Comité, de la part de M. Barbier, cultivateur, une pièce d'argent de 1748, monnaie du règne de Louis XV, trouvée au lieu dit la Justice, terroir de Senlis. Ce n'est pas la première fois que M. Barbier fait de pareils dons au Comité, et des remerciements chaleureux lui sont adressés.

M. Macon communique au Comité, de la part de notre distingué


confrère M. l'abbé Beaudry, secrétaire de la Société archéologique et historique de Clermont, un curieux document relevé dans les archives départementales de l'Oise. Ce sont les notes de police de tout le clergé de l'arrondissement de Senlis en 1804-1805 Outre qu'il donne, par cantons et communes, les noms de tous les prêtres, avec leurs prénoms, dates de naissance, situation avant la Révolution, ce document administratif, rédigé de façon plutôt bienveillante, reflète une excellente impression de la valeur morale de notre clergé au lendemain du Concordat; il nous montre aussi que la plupart des prêtres, refractaires ou constitutionnels, avaient repris possession des paroisses qu'ils gouvernaient avant la Révolution. Ces « Notices individuelles » constituent un document important pour l'histoire de l'arrondissement de Senlis, et le Comité émet le vœu qu'il soit publié intégralement dans notre Bulletin par les soins de M. l'abbé Beaudry.

M. Macon donne connaissance au Comité d'une étude de M. Emile Magne intitulée Un Ami de Cyrano de Bergerac le chevalier de Ligatières, et publiée dans les numeros d'avril, mai et juin de la revue le Temps present. François Payot, écuyer, sieur de Lignières, était né à Senlis le 2 novembre lt>26 il y passa son enfance et y fit de fréquents séjours dans le cours de sa vie; sa sœur épousa Charles de Trouillart, seigneur de Baron. Lorsque le Grand Condé se confina dans sa belle retraite de Chantilly, il y reçut souvent les poètes senlisiens Lignières et Louchault, qui le divertissaient par leur bonne humeur, leurs querelles littéraires et leurs chansons. Mais le second était un sage bourgeois de Senlis, tandis que le premier, libertin et athée, rapportait des bouges de la capitale une assez grande licence de moeuis et de singulières libertés d'esprit, que ses vers reflétaient sans vergogne. Cependant le talent de Lignières n'est pas contestable, et sa verve ironique piqua plus d'une fois Boileau son œuvre poétique est considérable, mais disséminée dans les recueils du temps il était trop insouciant et paresseux pour songer à assembler ses poésies et pour les porter chez un libraire il tient néanmoins sa place dans l'histoire littéraire de Senlis.

Bien plus sympathique est le doux rêveur, le délicieux conteur, dont l'àme délicate fut tant imprégnée du charme de notre région Au printemps dernier, notre érudit confrère M. Jacques Boulenger, dans un petit livre fort intéressant intitulé Au pays de Gérard de Nerval, s'efforçait de démêler la fiction de la réalité dans les récits consacrés par Gérard à ses courses et ses séjours dans nos beaux sites de Senlis, Chaalis, Loisy, Mortefontaine, Ermenonville; et il trouvait judicieusement que le village de Gérard était Mortefontaine, et pas du tout Montagny. C'est a l'aide de pièces authentiques qu'est arrivé à la même conclusion un autre écrivain de grande valeur, M. Aristide Marie, qui, deux mois après M. Jacques Boulenger, a publie chez Hachette un important et substantiel volume intitulé Gérard de Nerval; le poêle; l'homme. Ce fut un grand plaisir pour le Comité que d'entendre le compte-


rendu de ce livre fait par M. Macon, qui insista particulièrement sur les passages relatifs au Valois, au pays de Senlis, à la famille de Gérard, dont M. Marie a réussi à identifier la maison à Mortefontaine. Le chapitre intitulé les Origines, les Semences mystiques est particulièrement intéressant nous y voyons passer la spirituelle et vive Louise de Junquières, la majestueuse baronne de Feuchères, dont l'image poursuit cet amant spirituel que ne trouble aucune sensualité, poete qui ne voit l'amour qu'à travers le mirage des légendes, le mystere des nuits ou le merveilleux des songes; précoce exaltation d'un noble esprit qui devait sombrer dans la fohe

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.

SÉANCE DU 21 JANVIER 1915

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT

Étaient présents M"' Fauvette, MM.. l'abbé Cavillon, comte de Caix de Saint-Aymour, Corbie, Cultru, Dufresne, Fautrat, Macon, le chanoine Muller, baron de Maricourt, Loir, Tardif, Vatin.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le Secrétaire donne connaissance des publications adressées au Comité. M. 1p commandant Cuel s'excuse de ne pouvoir assister a la séance par une lettre très noble dont M. le Président donne lecture « 18 janvier 1915.

« Monsieur le Président et cher Confrère,

<i Votre convocation ramène ma pensée attristée et douloureuse vers mon Senlis tant aimé que je n'al point revu depuis sa mutilation. « Estimant que pour un soldat la seule façon de pleurer ses morts est de les vengpr ou tout au moins de collaborer à6 ce résultat, j'ai repris le harnais, consacrant ce qui me reste d'énergie à dresser nos jeunes soldats et a faire passer dans leurs cœurs ma foi inébranlable dans le triomphe final de notre chère patrie.

« Je devine les sentiments et regrets qui, en cette séance du 21 janvier, seront exptimés; je m'y associe de tout cœur et vous adresse ainsi qu'à tous nos confreres un salut respectueux et affectueux.

« Comm' Cuel,

a Chef d'escadrons, 1" dragons, Luçon. »

MM. Ernest Dupuis et Macon présentent pour faire partie de la SocicMé Archéologique M. Raoul Bompard, ancien député, conseiller à la Cour d'Appel, demeurant à Aurnont,


M. le Président prend la parole pour rappeler en termes émus les pertes éprouvées par le Comité, les souffrances de notre ville, la mort héroique de celui qui était à sa tête, la tenue de ceux qui dans les jours d'angoisse font leur devoir.

Il s'exprime ainsi

« Malgré et peut-être à cause des tristesses de l'heure présente, nous avons pensé qu'il convenait de tenter la reprise de nos réunions mensuelles. La difficulté des communications empêche beaucoup de nos collègues de répondre à notre appel, et cependant il est bon de sentir battre près de soi les cœurs généreux qui mettent en commun leurs douleurs indignées et la confiance tenace dans le succès de nos armes, dans le triomphe de la justice et du droit.

« Nous voudrions savoir ce que sont devenus nombre de nos confrères dispersés par les événements, séparés de leurs familles, et trop souvent préoccupés du sort de leurs enfants qui combattent héroiquement pour la défense de la patrie.

« Ensemble nous compatirons aux souffrances de notre malheureuse et chère ville de Senlis, et d'autant plus chère qu'elle a plus souffert. Je ne rappellerai pas les angoisses de ces lugubres journées qui ont vu le bombardement de la ville, le pillage, l'incendie de plus de cent maisons, le meurtre de citoyens inoffensifs, et l'assassinat de notre confrère et ami, l'infortune Eugène Odent, victime résignée de nos implacables ennemis. Des témoins oculaires, et parmi eux plusieurs de nos confrères, ont retracé et publié le récit émouvant de ces heures tragiques; ce seront pour ce sombre chapitre de notre histoire de précieux documents. « C'est encore de la Germanie, comme il y a quinze siècles, que se sont rués sur notre pays ces bandes sauvages apportant la destruction et la mort ils prétendent, ces nouveaux barbares, invoquant une soi-disant supériorité matérielle et morale, imposer leur domination par la violence et la terreur ils appliquent au développement des engins de mort et de destruction les progres de la science, qui ne doit avoir d'autre but que d'améliorer les conditions de l'existence. Ils sèment partout la terreur et ne récolteront que la haine.

« Vous vous associerez à nous, mes chers confrères, pour adresser à la famille de notre ami a jamais regretté, l'expression émue de notre profonde sympathie, en particulier à son beau-frère Joseph Odent, si éprouvé luimême dans ses affections par des pertes cruelles. Nous vous proposons de maintenir sur nos listes le nom de M. Eugène Odent, et de l'inscrire parmi les membres perpétuels du Comité.

« Depuis notre réunion du mois de juillet, nous avons perdu plusieurs de nos sociétaires, dont j'ai le triste devoir de vous rappeler les noms. « Notre excellent trésorier, M. Jacob, est décédé le 11 décembre dernier. Vous avez apprécié les soins particuliers qu'il apportait dans l'exercice do ses délicates fonctions; il était pour nous le financier parfait, exact, minutieux et conservant, malgré son âge, toutes ses facultés d'ordre et


XXXVII

de méthode. Nous n'oublions pas que nous devons à sa générosité le don de plusieurs ouvrages intéressants et en particulier les précieux registres de l'administration, au xvm* siècle, de l'abbaye de Gomerfontaine. « Au mois d'août mourait à Compiègne M. Francis de Roucy, qui avait pour notre ville un attachement qui remontait aux premières années de sa jeunesse; son goût éclairé lui permettait de comprendre les charmes de notre vieille cite il n'a pas eu la douleur de voir les ruines que froidement ont accumulées nos ennemis.

« Le mois suivant s'éteignait, loin de sa chère maison de Borest, M. Chariot, qui passait la plus grande partie de l'année dans ce pays qu'il aimait; lui non plus n'a pas eu la douleur de voir saccager et bouleverser le malheureux et intéressant village, qui dans les premiers jours de septembre a été le théâtre d'un combat violent et dont les fermes voisines ont été détruites par l'incendie.

« Entin, tout récemment, nous apprenions la mort de l'éminent artiste Francis Tattegrain, enlevé subitement a Arras ou il s'était rendu pour prendre des croquis de l'Hôtel de Ville et du Beffroi gravement endommagés par les bombardements M. Tattegrain venait avec plaisir dans notre ville, où il habitait la maison qui avait appartenu à son grand-père, le docteur Voillemier, le premier président de notre Comité lors de sa fondation en 1863. M. Tattegrain se rattachait ainsi à notre Société depuis l'origine, et il trouvait du reste dans les rues pittoresques de notre vieille cité des aspects qui convenaient au peintre d'histoire. « Je vous demande d'adresser avec moi aux familles des confrères disparus, l'expression émue de nos très sincères et très vifs regrets. » Ce discours est très applaudi.

Dès qu'il est achevé, le secrétaire M. Léon Fautrat demande au Comité à mettre en lumière le dévouement admirable des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul et de M. l'Aumônier, qui pendant la bataille livrée devant l'Hôpital Général de Senlis ont montré un calme, un courage bien dignes d'étre cités.

M. Léon Fautrat rend ainsi compte de ces heures tragiques et mémorables.

A l'Hôpital Général de Senlis, le 2 septembre 1914.

« Le mercredi 2 septembre, le bombardement de la ville de Senlis commençait à une heure. Les batteries étaient établies à Chamant, au champ des martyrs. La ligne de tir avait pour objectif la cathédrale; l'obus tombé sur le toit, le ravage des clochetona, l'incendie, les morts en peuvent témoigner. Le bombardement dura une heure. Le» habitants dans leurs caves séculaires trouvèrent un refuge contre la mitraille. A trois heures, l'armée ennemie pénétrait dans Senlis; elle s'avançait par deux voies la rue de la République, coupant la ville du nord au sud, les rues de Villevert, du Châtel, de Paris, formant un angle avec la précédente et conduisant à l'Hôpital.


« L'ennemi engagé de ce côté devait faire sa jonction au sommet de l'angle, faubourg Saint-Martin. Les combattants français de toutes armes avaient pris position le long du périmètre de la forêt de Chantilly, distante de la ville de un kilomètre. De là, nos mitrailleuses battaient l'ennemi sur les deux avancées. Les Allemands, pour se couvrir à mi-côte de la rue de Paris, prennent la rue transversale reliant les deux voies où ils sont engagés. Ils font marcher devant eux les Français pris sur leur route, de même que, dans la rue de la République, ils s'avancent précédés d'une ligne de nos concitoyens emmenés brutalement et devant servir de bouchers contre l'attaque.

« La bataille se livre avec acharnement devant l'Hôpital. Les ôtages tombent; une petite fille de cinq ans, au rang des ôtages, est frappée d'une balle. M. Victor Dupuis, comptable de l'Hôpital n° 11, après avoir essuyé le feu avec courage sur tout le parcours, parvient, en marchant devant lui, à gagner la forêt, protégé par une ligne de peupliers bordant le chemin. Un officier allemand et son cheval sont tués, soixante soldats ennemis jonchent le sol. Un chef blessé entre à l'hôpital, tue sur les marches d'entrée un hospitalisé. La cloche de la maison sonne l'alarme. L'Allemand devient fou furieux. La Supérieure s'avance près de lui, le prend par le bras et le contraint à monter dans les salles. A ce moment un blessé français descendait l'escalier. L'officier braque sur lui son arme, mais la sœur, de sa main, la lui fait abattre.

« Dans la salle, deux Allemands sont soignés parmi les blessés français. Ils disent la charité, le dévouemeut des Sœurs. La fureur du chef parait tomber. Il lait laver sa plaie, demande du cognac et se couche. Les murs de la salle sont tapissés d'empreintes de balles qu'ont envoyées les mitrailleuses des deux camps. Une balle a traversé le lit d'un blessé et la sœur reste à son chevet pour continuer les secours.

« Le mur exposé à l'est est criblé de mitraille, à l'exception d'un mètre carré où se trouvent le Christ et l'image de la Vierge. Tout autour de cet espace, les balles forment une auréole.

« Comme au Golgotha, de saintes femmes de Saint-Vincent-de-Paul sont là devant l'image du Christ, que le fer a respectée.

« Les cornettes blanches dans ce milieu, les blessés dans leurs lits, la pluie de balles, le Christ dominant tout, n'est-ce pas la charité, le martyre, le fait providentiel réunis pour montrer ce que donnent l'âme des humbles, la résignation, la toute puissance de Dieu. L'hospice, après cette scène, fut vite envahi. L'aumônier, l'abbé Cavillon, était à son poste, courageux et brave. Plusieurs fois, il fut menacé.

« Dut 1 Uuiui'ité des filles de la Charité souffrir de ce relief, les cœurs français le doivent connaître pour que le Père Vincent, en regard de ce trait émouvant, obtienne de la Miséricorde le pardon et le salut. « Une mitrailleuse avait été placée dans l'une des cours de l'Hôpital. Elle fut retirée. La sérénité d'ame de la Supérieure avait obtenu ce résultat. « Allumez, barbares, comme à Seulis, vos torches d'incendie la lueur


sinistre reflète le crime. La lumière qui dans nos hôpitaux éclaire le devouement des humbles, vient de celui qui donnera aux Francs, comme à Tolbiac, le salut de la France, dans la foi suppliante. »

Le comte de Caix de Saint-Aymour fait la communication suivante « Le Comité Archéologique de Senlis ayant bien voulu, ainsi que la Société Académique de l'Oise, me charger de la représenter au Septième Centenaire de Bouvines, je me suis rendu à Lille, le 27 juin dernier, et j'ai assisté aux Fêtes de Bouvines le lendemain dimanche 28. On sait que le véritable anniversaire de la célèbre victoire est le 27 juillet, mais des convenances locales en avaient fait avancer d'un mois la commémoration, « Dès le vendredi 26, Lille était en fête, et le 28 au matin, Bouvines. petit village de moins de 600 habitants, à 13 kilomètres du chef-lieu, était envahi par une foule énorme que des trains spéciaux et les tramways, sans parler des automobiles et des voitures de toute espèce, déversaient dans son unique rue. Avant même l'arrivée des autorités et leur réception à la mairie, on s'étouffait littéralement sur la petite place où se dressait l'estrade officielle et sur tous les terrains avoisinants, malgré le service d'ordre organisé par le 43" de ligne et le 9' cuirassiers, qui, avec les pompiers, le 6* chasseurs et une batterie d'artillerie de Douai, rehaussaient l'éclat de cette fête patriotique.

« A dix heures et demie, on procéda à la pose de la première pierre du monument qui sera élevé à la place de la pyramide provisoire actuelle, monument auquel ont souscrit le département de l'Oise, la ville de Senlis, et plusieurs collectivités de notre région.

« Au cours de la cérémonie, M. Etienne Lamy, délégué par l'Académie Française, dans un beau discours couvert d'applaudissements, célébra comme il convenait la grande victoire nationale du xnr siècle. « Puis un banquet de cent couverts réunit les autorités, les diverses délégations et les notabilités présentes. Ce banquet était présidé par M. le général Franchet d'Esperey, commandant le 1" corps d'armée, et M. Vancauwenberghe, président du Conseil Général du Nord, assistés du chef de cabinet du Préfet, de MM. Claude Cochin, député, Crépy SaintLéger, président du Comité d'organisation, Dehau, maire de Bouvines Lyon, recteur de l'Académie; Lefebvre, sculpteur, auteur de la maquette du monument, etc., etc.

o Un joli programme contenant, entre autres illustrations, la vue des ruines de notre abbaye de la Victoire, était vendu au profit de l'œuvre. « Enfin, après le banquet, la Fille de Roland, d'Henri de Bornier, fut jouée sur un théâtre de verdure, ménagé dans le beau parc de M. Dehau, maire de Bouvines, qui prit tant de part à l'organisation du centenaire. « Je n'entrerai pas dans plus de détails sur ces fêtes, que tous les journaux ont copieusement racontées. Je veux seulement soumettre à mes confrères quelques réflexions concernant notre Guénn. J'ai été frappé, une fois de plus, pendant cette journée, de l'oubli dans lequel est tombé le rôle joué alors par notre évêque, un des plus grands hommes


du un" siècle et qui fut très certainement le vrai vainqueur de Bouvines. Certes, dans cette réunion de gens éclaires, tout le monde savait son nom mais combien peu connaissaient la part tout a fait prépondérante qu'il avait prise à l'action Cette part prépondérante, que l'on retrouve dans les vieilles chroniques, est de plus en plus méconnue dans nos grandes histoires modernes, dans celles qui sont entre les mains de tout le monde. Si Lebon, Delpech et d autres érudits la célèbrent, beaucoup d'historiens récents la réduisent à bien peu de chose. Quelques-uns poussent l'ignorance des faits jusqu'à confondre Guérin avec son collègue de Beauvais, le prélat à la légendaire masse d'armes. Dans la série des vitraux qui ornent, depuis 1889, la jolie église de Bouvines, si l'on rappelle l'avertissement donné au Roi par Guérin de l'approche des ennemis, on ne donne aucune idée du rôle de général en chef qui lui fut dévolu par la confiance du Roi, des Barons et des Communiera.

« Ce serait à nous, Senlisiens, qu'il appartiendrait de faire rendre complote justice a l'homme qui a le plus honoré notre petite cité, en montrant ce que lui ont dû le Roi et la France. J'ai tenté une mise au point insuffisante dans un article paru, au moment même des fêtes, le 27 juin, dans la Revue hebdomadaire, aiticle nécessairement écourté comme tout ce qui s'adresse au grand public. Il y aurait lieu de reprendre la question en l'élucidant d'une manière plus complète qu'elle ne l'a été jusqu'à ce jour.

« Cette étude aurait, en ce moment, un double intérêt d'abord de mettre a sa véritable place et de faire rendre une meilleure justice à un des plus grands hommes du xur siècle, qui nous appartient, en montrant ce qu'a été Guérin comme organisateur de la victoire et comme général, comme conseiller et ministre de trois rois, comme créateur du Trésor des Chartes et comme évoque.

a Puis, n'est-ce pas le cas de rappeler le souvenir de la campagne de Bouvines au moment où, sept cents ans plus tard, nous luttons contre les mêmes ennemis pour la même cause, c'est-à-dire pour notre existence nationale? En effet, si, comme on l'a calculé, c'est aujourd'hui la vingt-neuvième fois que les gens d Outre- Rhin envahissent et dévastent notre vieille Gaule, celle de ces invasions qui, par son acharnement contre notre France, par ses visées de domination mondiale, se rapproche le plus, peut-être, de l'horrible guerre qui nous est aujourd'hui imposée, est l'invasion de 1214.

« Celle-ci diffère cependant de l'autre sur un point très important, c'est que les Anglais et les Flamands, qui combattaient contre nous à Bouvines, sont aujourd'hui nos alliés et nos amis, et défendent avec nous la liberté du monde. C'est le gage certain que, plus complètement battus qu'à Bouvines, les Teutons que leurs atrocités sans nom ont mis au ban de l'humanité seront rejetés, non pas seulement des Flandres, du Hainaut, des Ardennes et de la Wallonie, mais aussi


de toutes les rives du Rhin qu'ils ont volées à notre race Gallo-Belge et dont ils ont fait contre nous la grande voie de leurs invasions. » Comme conclusion de sa communication, M. de Caix offre au Comité le numéro de la Revue hebdomadaire auquel Il est fait allusion plus haut et qui contient son article sur la Victoire de Bouvines.

La communication de M. le comte de Caix, pleine de souvenirs et de fins aperçus, fit une vive impression.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.

SÉANCE DU II FÉVRIER 1915

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

– Etaient présents M1"" Fauvelle, MM. Brumeaux, l'abbé Cavillon, comte de Caix de Saint-Aymour, Corbie, Cultru, Dufresne, Fautrat, Loir, Maçon, le chanoine Muller, Mareuse, le baron de Mancourt, Joseph Odent, Turquet de la Boisserie (François), Sainte-Beuve, Toupet, Vatin. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Il est donné connaissance des publications envoyées au Comité. M. Raoul Bompard, ancien député, est admis comme membre du Comité.

M. l'abbé Cavillon, aumônier de l'Hôpital Général de Senlis, dans un exposé très anecdotique, fait le récit des événements qui se sont passés pendant l'invasion à l'Hôpital Général.

L'Hôpital, situé sur la voie où la bataille de Senlis a été livrée, a été le lieu de faits de guerre, d'envahissement par l'ennemi, d'occupation par les blessés, que M l'Aumônier redit avec la plus grande précision et l'émotion du témoin de toutes ces tristesses. Dans le récit sont intercalées des lettres ajoutant à l'intérêt qui s'attache à tous ces souvenirs. Le Comité, très ému par cette narration fidèle, félicite M. l'abbé Cavillon de sa lecture.

Le baron de Maricourt, dans une page très documentée, donne sur les incendies de Senlis des indications qui rappellent à ceux qui ont vécu ces jours, les heures pleines d'angoisses en regard de tous ces crimes. Au milieu du brasier de la Sous-Préfecture et du Tribunal, il nous montre la prison restée debout, gràce à de tres courageux efforts. Le Comité remercie le baron de Maricourt de sa très intéressante lecture, qui montre à quel degré d'abaissement peuvent descendre des coutumes barbares mises en pratique avec une sauvagerie sans exemple.


Le Président remercie toutes les personnes qui ont fait au Comité des communications sur les tristes événements de Senlis. Il estime qu'il y aura lieu de réunir tous les documents parus ou à parattre sur la cilé tant éprouvée. Le Comité conservera aussi précieusement le souvenir des malheurs que la ville de Sentis a subis avec le dévouement que les fidèles ont montré dans la plus grande simplicité.

Le Secretaire,

L. FAUTRAT.

SÉANCE DU II MARS 1915

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPVJIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents M"' Mancheron, MM. le comte de Caix de SaintAymour, l'abbé Cavillon, Cultru, Dufresne, Léon Fautrat, Macon, le chanoine Muller, le baron de Maricourt, Joseph Odent, Loir, le comte Turquet de la Boisserie, François Turquet de la Boisserie, Toupet, Vatin. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. Le Secrétaire fait connaître les publications adressées au Comité. Le Comité demande à MM. Cultru, Turquet de la Boisserie et Léon Fautrat, de s'entendre avec la Municipalité pour le dépôt du mausolée de Puget, qui, par suite de l'installation du Tnbunal, va se trouver enfermé dans une pièce devant servir aux officiers ministériels. Le baron de Maricourt fait l'enumération des articles qui, dans les journaux et les revues, ont paru donnant le récit des événements de Senlis au moment du combat, du bombardement et des incendies Le Comité tient à réunir tous ces documents comme un hommage rendu à la. charmante ville tant éprouvée. La liste déjà longue des travaux produits sera complétée.

M. de Maricourt nous conte les aventures de Mademoiselle Desmarquettes, qui pendant la Révolution joua le triste rôle de déesse de la Liberté dans l'église Saint-rrambourg. Il esquisse la silhouette de cette vieille demoiselle, qui, tierement repliée sur ses souvenirs, vécut solitaire dans sa petile maison mystéileuse de « l'impasse des Cent culottes » et y vécut jusque vers le 2' Empire. M. de Maricourt s'excuse de cette communication « au pied levé » sur une autre page tragique de Senlis, les circonstances et la gravité de l'heure présente ne lui ayant pas laissé le loisir ni le goût de s'attarder en ce moment à réunir ses notes completes.

Mademoiselle Desmarquettes est une vieille figure provinciale comme les aimait Balzac ou Barbey d'Aurevilly et qui lorque nous serons sortis de la tourmente mériterait d'être remise en lumière.


M. Léon Fautrat, dans une causerie, rend hommage à la vaillance du capitaine d'artillerie Faucillon, du maréchal des logis Poignet, de l'artilleur Gustave Gaston, qui tous les trois ont trouvé la mort au chemin des Rouliers, sur Senlis, dans le combat d'artillerie qui a précédé le bombardement de la ville.

Le capitaine Faucillon se tenait en rase campagne avec son brigadier et le téléphoniste, pour repérer le tir de sa batterie placée a gauche, au chemin de Senhs a Crépy, chargée de répondre au feu de Montépilloy. Il transmettait par téléphone les ordres à son lieutenant. A un moment donné, après sept quarts d'heures de lutte, le lieutenant ne reçoit plus de communications. Il court à la station choisie par le capitaine. Il le trouve gisant à terre, le maréchal des logis et l'artilleur tués à ses côtés. Le capitaine vivait encore. Transporté a l'hôpital par le lieutenant, sur une civière, il expirait dans le trajet.

Sans abri, ce vaillant était resté près de deux heures, réglant le tir et servant de cible. Un obus tombé à ses pieds avait fait trois victimes, creusant, en forme d'entonnoir, la tombe de nos braves.

Une croix sur le chemin des Rouliers rappellera l'admirable courage des trois vaillants tombés au champ d'honneur.

Le Secrétaire,

LÉON FAUTRAT.

SÉANCE DU 7 AVRIL 1915

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRESIDENT

Étaient présents MM. le comte de Caix de Saint-Aymour, l'abbé Cavillon, Cultru, Dufresne, Guillot, Léon Fautrat, Macon, le comte Turquet de la Boissene, François Turquet de la Boissene, Toupet, Vatin. MM. Mareuse et le chanoine Muller s'excusent de ne pouvoir assister à la séance.

Le Secrétaire fait connaitre les dons envoyés au Comité. La Société historique d'Auteml et de Passy, dans une lettre très cordiale, exprime à la ville de Senhs les sentiments douloureux que lui ont fait éprouver les actes de vandalisme accomphs dans la vieille cité par les hordes germaniques.

M. Hompard remercie le Comité de l'honneur qu'il lui a fait, dit-il, en l'admettant au nombre de ses membres.

M. Joseph Odent donne communication au Comité de l'extrait d'une lettre- du commandant Fauvart-Bastoul au général Sebert; c'est le récit


de la bataille de Senlis, où le fils du commandant, Louis Fauvart-Bastoul, fut blessé mortellement

« La Guillarderie, 22 octobre 1914.

« Sa division, la 56,, avait combattu la veille et couvrait Senlis. Son régiment, qui le lendemain devait former l'arrière-garde, avait cantonné à Senlis même, au quartier du 3" hussards.

« Le 2 septembre, à cinq heures du matin, te capitaine reçut l'ordre de préparer le cantonnement de la brigade dans une localité au sud de Senlis, assez loin il remit donc le commandement à Louis; il m'écrit « Je le quittai non sans appréhension et avec des pressentiments, car je « le savais d'une bravoure folle ».

a Pendant le combat de sa division en avant de Senlis, Louis se retira donc à 800 mètres au sud de Senlis, sur la route de Paris, à un endroit où elle formait une éminence, assurant les vues et un bon champ de tir, à la lisière même de la forêt de Chantilly, à gauche de la route et de la forêt d'Ermenonville, à droite de la roule qui la sépare seule; il y fit établir de solides tranchées en échelons, assurant des feux croisés et un bon défilement. La route même fut barricadée et abritait une section de mitrailleuses. L'artillerie était hors d'état d'être employée à cause de la forêt qui ne lui laissait pas de champ de tir suffisamment efficace. « Ils avaient l'ordre de tenir jusqu'à six heures du soir. Tout était prêt quand la division le traversa en retraite, en bon ordre.

« Les Allemands n'osèrent pénétrer dans Senlis la division était écoulée ainsi que le convoi vers trois heures du soir, quand les Allemands fouillèrent Senlis à coups de canon. Ils bombardèrent la ville avec rage et surtout le clocher de la Cathédrale: N'éprouvant aucune riposte, ils entrèrent dans Senlis, occupèrent le faubourg Saint-Martin qui regarde Paris et tentèrent de déboucher. L'infanterie resta masquée, mais les mitrailleuses criblèrent leur tète de colonne qui ne put déboucher. « Tout disparut. Ils se jetèrent dans les maisons latérales et les jardins et tentèrent de déboucher sur un grand front. Ils furent arrêtés net par une intense fusillade.

« Nouvelle éclipse des Allemands qui envahirent alors l'Hôpital dont les fenêtres dominaient les tranchées. Quand les renforts furent arrivés, ils tentèrent une sortie en masse. A nouveau les mitrailleuses furent dirigées sur les Allemands.

« A ce moment, des clameurs qui n'avaient rien d'humain, de véritables cris de terreur.folle, retentirent du côté de Senlis. Près des tranchées, on aperçut quelque chose d'effroyable les Allemands avaient arraché de Senlis toute une troupe de femmes et d'enfants qu'ils avaient attachés les uns aux autres et qu'ils poussaient devant eux à coups de baionnette, pour paralyser notre tir, ou tout au moins se faire un rempart de ces corps innocents.

o C'est alors que Louis tomba, frappé d'une balle à la ceinture. »


Louis Fauvart-Bastoul mourut huit jours après, à l'hôpital Saint-Martin, à Paris, des suites de cette blessure.

Ce document demeure des plus précieux pour constituer avec le combat d'artillerie la grande lutte de la journée qui eut pour théâtre les environs de Senlis et la ville tant éprouvée.

Dans une causerie humoristique, M. Macon raconte l'existence d'une fille de Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé, qui porta le nom de M"" de Saint-Romain, née en 1759, religieuse au couvent de Notre-Dame de Meaux, pourchassée à travers l'Europe sous la Révolution et l'Empire, réunie a son père par la Restauration, et morte à Paris en 1834. Le Comte de Caix de Saint-Aymour lit en communication un mémoire sur l'Invasion Hispano-Allemande dans nos contrées en 1652. Rapprochaut les renseignements fournis par plusieurs « Mazarinades » des données de l'histoire générale et de documents tirés des Archives de l'Oise, notre confrère fait le récit des combats qui ont eu lieu au cours de l'été de cette lamentable année 1652, à Nanteuil, Brégy, Chevreville, etc. Puis, au mois d'octobre, il nous transporte a Creil, Pont-Sainte-Manence et Senlis où le prince de Condé, après la rentrée du Roi à Paris, essaya d'organiser la résistance avant de prendre le parti de passer en Champagne, puis à l'étranger. Senlis put conserver sa neutralité et fermer ses portes aux deux partis, mais tout le « plat pays » fut ravagé de Crépy à Chantilly, notamment le prieuré de Saint-Nicolas d'Acy. L'auteur insiste sur les atrocités commises alors par les reitres Allemands, Espagnols et Lorrains, mercenaires au service de l'armée royale aussi bien que de celle de la Fronde. Nos ennemis actuels usent des mêmes méthodes de guerre qu'ils ont apprises de leurs ancêtres, et les rapprochements faits par M. de Caix donnent à son étude, tres documentée et très vivante, un véritable intérêt d'actualité rétrospective.

Le Secrétaire,

Léon Fautrat.

SÉANCE DU 6 MAI 1915

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents M1"" Fauvelle, MM. l'abbé Cavillon, comte de Caix de Saint-Aymour, Cultru, Dufresne, Fautrat, Macon, baron de Mancourt, le chanoine Muller, Toupet, comte Turquet de la Boissene, François Turquet de la Boisserie, Vatm.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. 11. le Secrétaire énumèrc les envois faits au Comité par les Sociétés correspondantes.


M. le Conservateur du Musée présente quelques livres offerts au Comité par M™" Cazal, dont les quatre premiers volumes de la Description de Parts de Piganiol de la Force, édition de 1742, une édition du xvn" siècle du Pastor fido avec traduction française, un volume des Caractères de La Bruyère de la fin du xvn" siècle, etc.. Ce n'est pas la première fois que Mm" Cazal exerce sa générosité à l'égard du Comité, et M. le Secrétaire est chargé de lui transmettre de vifs remerciements. M. le Président donne la parole à M. Macon, inscrit à l'ordre du jour pour une communication intitulée ta Dernière Condé et sa mère. Cette mère est une danseuse de l'Opéra nommee Mlu Michelot, dont M. Macon présente au Comité la photographie d'un portrait peint vers 1785 et qui appartient au marquis de Chaumont-Quitiy. Elle y est représentée avec deux petites filles nées en 1780 et 1782 et dont l'ainée seule vécut c'est la dernière Condé; elle fut déclarée àba paroisse sous le nom d'Adélaide de Bourbon, fille du duc de Bourbon et de M11" Michelot; le parrain fut le prince de Soubise, grand-pere maternel du duc, et la marraine, qui n'en sut rien, fut la pieuse princesse Louise de Condé. Ce fut alors un beau scandale, qui contribua grandement à la séparation du duc et de la duchesse de Bourbon; leur carrière conjugale avait été courte; marié à quinze ans, l'Amoureux de Laujon, qui inspira le Petit Duc de Ludovic Ilalévy, n'en avait que dix-huit quand il tourna le dos à sa femme; le père et la mère du duc d'Engluen vécurent longtemps encore sans jamais &e réunir.

Adélaïde de Bourbon passa les premières années de son enfance à Saint-Maur et fut mise, à l'âge de sept ans, au couvent de la Conception à Pans, rue Saint-Honoré. La Révolution l'y trouva, et l'en chassa à la fin de 1791. Le duc de Bourbon était alors en émigration. M"" Michelot prit soin de sa fille, se cacha avec elle à la campagne, échappa par miracle aux pires dangers, car elle était suspecte au premier chef, et trouva un protecteur auquel elle donna un fils qui se nomma Charles Michelot de Saint-Port elle-méme d'ailleurs, des 1796, n'est plus désignée que bous le nom de M"" de Saint-Port.

Le duc de Bourbon quitta l'Allemagne en 1795 et vint s'installer à Londres, d'où il ne bougea plus jusqu'à la Restauration. Michelot et sa fille lui écrivirent dès lors fréquemment et, ne recevant pas l'appel désiré, partirent de Paris le 1" octobre 1797 et lui tombèrent sur les bras sans lui faire aucun plaisir. Il prit tout de suite son parti, déclara vouloir se charger de sa fille et la garder en Angleterre, mais en la séparant de la mere, qui devait regagner la France le plus tôt possible. Après des scènes de larmes et de désespoir, M"" de Saint-Port se résigna, mais réussit à prolonger de quelques mois son séjour à Londres en poursuivant le comte Edouard Dillon, le « beau Dillon » de la cour de Louis XVI, qui lui devait de l'argent depuis 1785. Elle quitta enfin Londres en mai 1798, mais fut retenue prisonniere à Gravelmes pendant quatre mois, et ne rentra qu'à la fin de septembre à Paris, où elle trouva


son appartement vide, ses meubles ayant été vendus à la requête de ses créanciers.

Adélaïde fut placée par le duc de Bourbon dans une aristocratique pension tenue à Barnes, près de Londres, par la marquise de Chabannes elle y resta deux ans, en sortit jeune fille accomplie, et fut confiée à une émigrée nommée M°" de Mauncz. Quand le prince de Condé, après la dislocation de l'armée des émigrés en 1801, vmt s'établir en Angleterre, à Wanstead, il fit la connaissance de sa petite-fille, en fut charmé, et la prit chez lui, où elle demeura sous l'égide de la princesse de Monaco, qui devint elle-même princesse de Condé en 1808.

Tous ces épisodes occasionnèrent une abondante correspondance, dont M. Macon donne une lecture détaxée, estimant que le meilleur moyen de faire l'histoire est de laisser parler les personnages. U termine cette première communication par la citation de jolies lettres du vieux prince de Condé, enfin livré au repos, et de la princesse Louise, qui, de son couvent de Varsovie, s'intéresse tendrement à la nièce et filleule dont on tui révèle l'existence.

L'heure avancée oblige M. Macon de renvoyer à la prochaine réunion · la suite de l'histoire d'Adélaïde de Bourbon et de sa mère, et la séance est levée à quatre heures.

Le Secrétaire,

L.FAUTRAT.

SÈ<)tCEDu)OJU)tt)9t5

PRÉSIDENCE DE M.ERNESTDUPUIS,PRÉSIDENT.

Étaient présents M°" Fauvelle, M*" Vatin, MM. l'abbé Cavillon, le comte de Caix de Saint-Aymour, Cultru, Fautrat, Maçon, Mareuse, Turquet de la Boissene (François), Toupet, Vatin, l'abbé Yamollet. M. le chanoine Muller s'excuse de ne pouvoir assister à la séance. Le proces-verbal de la dernière réunion est lu et adopté. M. le Secrétaire énumère les dons faits au Comité. A signaler tout spécialement Senlis pendant nmiaston allemande; carnet de notes d'un Senlisien, par M. Loup Bertroz, seconde édition, revue et complétée Les Allemands destructeurs de cathédrales et de trésors du passé. .Mémoire relatif aux bombardements de Reims, Arras, Senlts, Louvain, Sotssons, etc., accompagné de photograp)ues et de pieces justificatives, composé d'apres une documentation appartenant au Sous-Secrétariat d'Etat des Beaux-Arts (Parts, cachette). Parmi les pièces justificatives, se trouve )e fac-simi)é d'une page de la relation de M. le chanoine Dourlcnt, archtprêtre de Senlis


M. Léon Fautrat, dans un mémoire fort simple, donne, avec des renseignements précis, taperçu des événements qui se sont passés à Senlis en 1870 lors de l'occupation allemande

Le 15 septembre 1870, le duc de MccUembourg arriva à Senlis avec 4 000 hommes et 1 500 chevaux. Il prit possession de la gare, fit démonter les machines, donna l'ordre de porter les armes à la mairie. Un escadron de hussards rouges de Brandebourg et des troupes saxonnes vinrent ensuite. L'avant-guerre avait eu ses tenants. Un nommé Glaser, ingénieur des disques sur la ligne du Nord, parut a Senlis chamarré de broderies, et vint continuer sa féionie. De paisses citoyens furent contraints de monter sur la locomotive dans le trajet de Chantilly à Crépy. La ville obtint la rançon de cette vexation moyennant le paiement d'une somme de 10.000 francs. Le commandant d'étapes demanda la liste des hommes de 20 à 40 ans. La municipalité refusa et fut incarcérée. L'occupation prit fin en octobre 1871. Elle laissa dans tous les cœurs de douloureux souvenirs.

Les survivants de t870 sont rares. De jeunes générations se sont formées. H leur était réservé de voir une autre guerre, guerre de race, remuant toute l'Europe, et de laquelle t'épée de la France sortira victorieuse pour la cause du droit et de la civilisation.

Dans cette immense lutte, Senhs a eu sa journée. La bataille de Senlis, le meurtre, le carnage sont l'entrée en scène du terrible drame qui s'est joué dans les lieux mêmes Jeanne d'Arc, en 1431, prit position contre tes troupes du duc de Bedford. La bataille do Senlis, qui fut livrée le 2 septembre tSH, a été des plus complexes. Les différentes phases montrent bien que les actes de barbarie commis ne furent qu'un système mis en pratique pour semer la terreur, et ajouter aux impressions de faction l'horreur des crimes destinée à donner l'épouvante. Trois parties sont bien distinctes dans cette batalUe: 1" ie combat d'artiUene; 2° le bombardement de la ville; 3° la lutte contre les corps de t'armée exécutant un mouvement au sud-est de Senlis, vers Nanteuil-Dammartin. Le récit de ces événements est donné, appuyé sur des recherches sérieuses. Ces documents paraissent importants au Comité. Le Président remercie M Fautrat de les avoir communiqués.

M. Macon continue la lecture du captivant travail qu'il a consacré à la fille naturelle du duc de Bourbon et de M"' Michelot, dite M" de SaintPort. En 1802, Adétaide a vingt-deux ans, et il est temps de lui chercher un mari. Une première négociation avec le comte de Crenotte ne réussit pas; l'émigré se trouvait trop pauvre, et il redoutait un avenirincertain; bien qu'tt ne fut pas insensible aux charmes d'Adé)aide, il résista aux avances des princes, et se consola en donnant des leçons de français aux marmots de Hampstead. Son talent de professeur lui permit de s'offrir un beau parapluie, sous lequel it put venir à Wan&tead faire sa cour aux princes, sans crainte d'être mouitté.

La main d'Adélaïde fut ensuite offerte au comte de Rully, Patrice-


Gabriel Bernard de Montessus, d'une vieille famille de Bourgogne, qui l'accepta avec reconnaissance. Le mariage fut célébré dans la plus stricte intimité à Wanstcad le 23 novembre 1803. La princesse Louise de Condé. de son couvent de Varsovie, en félicita son frère le duc de Bourbon, et envoya « des témoignages de tendresse à celle dont j'avois de si bonnes raisons dans le temps de ne pas vouloir être la marraine, mais que je sens aujourd'hui par les mouvements de mon cœur être ma nièce, car moi je tranche le mot, une religieuse ne doit pas aller par deux chemins x. Quant à la mère, M"' Miehelot, elle fit la grande dame et remercia les princes en termes fort dignes, avec un geste d'absolution pour le duc de B ~urbon « J'oublie, Monsieur, tous les torts que vous avez eus envers moi; ils sont réparés, puisque c'est à vous en partie que notre chère enfant doit son bonheur x.

Adélaïde fut en effet heureuse, et fit le bonheur non seulement de son mari, mais aussi du vieux prince de Condé, qu'elle ne quitta plus et dont elle charma les dernières années. Le duc de Bourbon goûta moins ce bonheur familial, car il fut toujours fort agité de toutes manieres; quand son cœur se fixa pour de bon, ce fut pour son malheur.

La Restauration réunit toute la famille a Pans, y compris la duchesse de Bourbon, qui aurait bien voulu terminer ses jours avec son mari, mais se heurta au plus aveugle entêtement, le prince voulait rester libre, et il allait se précipiter dans le plus fatal esclavage. Le retour de Napoléon en 1815 dispersa tous les Bourbons le prince de Condé suivit Louis XVIII en Belgique, M"*° de Rully ne voulut pas le quitter. La duchesse de Bourbon resta seule à Pans. La princesse Louise et M°" de SaintRomain, fille naturelle du prince de Condé, regagnèrent l'Angleterre, amsi que Sophie Dawes, la future M"* de Feucheres, qui était venu relancer le duc de Bourbon à Paris; le duc lui-même, accompagné de M. de Rully, essaya vainement de soulever les provinces de l'Ouest, et s'embarqua promptement pour l'Espagne.

La chute détinitive de l'aigle ramena tout le monde à Paris, y compris Sophie Dawes, mais elle n'y trouva pas le duc de Bourbon, qui, dégouté de ces fluctuations politiques et voyant l'avenir en noir, gagna Londres à la fin d'août 1815; une autre Sophie, Sophie Harns, le consola pendant que Sophie Dawes l'attendait à Pans, sans perdre son temps d'ailleurs, car elle y jetait les bases de son futur établissement. Cette absence du prince nous a valu une copieuse correspondance, d'ordres très divers, et de jolies lettres de M"' de Itully, devenue la consolation du vieux prince de Condé. Elle l'entoure de soins affectueux, ne le quitte ni à Chantilly ni à Paris, le voit avec chagrin baisser de jour en jour « Je suis fort triste, écrit-elle à son père, de voir combien le moral baisse chaque jour; la surdité est à son comble, et comme tl n'entend presque rien, il lui a pris un goût de jeu qui fait que toute la journée est employée à cela. Hélas il faut bien l'amuser, ou plutôt le distraire, car rien ne l'intéresse si ce n'est vous et M"' la princesse Louise, dont il me parle perpétuelle-


ment; il ne peut comprendre qu'clle ne vienne pas le voir ». La princesse, complètement détachée du monde, s'était enfermée au Temple, tranformé en couvent, et n'en sortit plus. C'est entre les bras de M"' de Rully, assistée de la duchesse de Bourbon, que le pnnce de Condé s'éteignit le 13 mai 1818. Le duc de Bourbon arriva trop tard pour recevoir son dernier soupir. I[ se montra fort accablé, pleura dans les bras de la duchesse de Bourbon, l'embrassa en public, Je vous laisse à juger, écrivit la princesse a une amie, de l'effet que ce mouvement de sa part m'a fait éprouver; je m'y reporte souvent pour en jouir et pour m'aider à supporter sa froideur ordinaire, que nos âges ne sont pas faits pour anéantir a. Cette émotion momentanée ne fut en effet qu'une impression fugitive, et le prince continua de repousser sa femme jusqu'au jour où la mort vint ta chercher au cours de la procession de Sainte-Geneviève, ie )0 janvier t822

L'heure avancée interrompt cette intéressante' lecture, que M. Macon terminera au cours de la prochaine séance.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.

SÉANCE DU 8 JUILLET 1915

PRÉSIDENCE DE M. EMESTDtJPUtS, PRÉSIDENT

Étaient présents M"' Fauvelle, M"' Mancheron, MM. l'abbé Cavillon, Cultru, Dufresne, Fautrat, le comte de Kersaint, Macon, le chanoine Muller, le baron de Pontalba, Toupet, Vatin.

M. le Comte de Caix de Saint-Aymour, souffrant, s'excuse de ne pouvoir assister à la séance.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le docteur Debacq, de Verberie, a consigné, en des notes très intéressantes, les événements auxquels Il a été mêlé, en août et septembre 19)4, dans sa commune envahie par les Allemands.

Il a bien voulu, sur la demande de notre honorable confrère M. le comte de Caix de Samt-Aymour, adlesser au Comité copie de ces,notes. M. le Président mvite M. Cultru à en donner lecture.

Elle a été entendue avec le plus vif intérêt, comme tout document relatif aux faits de l'invasion dans notre région.

Le manusentde M. )e docteur Debacq sera déposé à la bibliothèque du Comité, et des temerciments seront exprimés à l'auteur.

M. Macon termine la lecture de son intéressant travail consacré Il la dernière Condé, Adélaïde de Bourbon, comtesse de Rully, et à sa


mère, M°" Michelot de Saint-Port. Celle-ci, sous la Restauration, vivait correctement à Pans, protégée de loin par le roi de Bavière, et de près par le marquis de Clermont-Gallerande, qui mourut en 1823. Tout en accablant le duc de Bourbon de protestations de tendresse, elle n'oubliait pas ses intérêts, et quand elle vit le prince en possession de la fortune paternelle après la mort du vieux ptince de Condé, elle lui réclama les frais d'éducation de sa fille, et même un diamant prêté en t78t. Cette réclamation donna heu à une correspondance où la bonne dame montra que sa tête n'avait rien perdu de sa vivacité. Elle obtint satisfaction, mais le prince lui tourna le dos pour toujours. C'est un malheur qui tomba successivement sur les meilleures et vieilles amies du prince, M"* de Vaudreuil, M"' d'Espincha], sur la duchesse de Bourbon elle-même, et enfin sur M*" de RuHy. C'est que le due de Bourbon était tombé sous le joug de Sophie Dawes, dont le regne allait être absolu. M. Macon conte avec humour son mariage avec l'honnête et naif Feuchères, bientôt promu gentilhomme et aide-de-camp du prince, t'mstattation du ménage au Palais-Bourbon, les premiers froissements entre la maitresse et la fille du duc de Bourbon, les angoisses du pauvre Feuchères, dont les yeux ne s'ouvrirent enfin que par les soins de sa propre femme. II se retira dignement, mais le scandale fut grand. Louis XVIII regimba; la comtesse de Vaudreuil s'éclipsa; le comte de Rully se fâcha; et comme M°" de Feuchères gardait tout son pouvoir, c'est M*" de Rully qui dut céder la place; elle sortit du Palais-Bourbon et ne revit plus son père. Le comte de Rully mourut à Pans en t83t; peu après, son neveu, le comte de Chaumont-Quitry, demeurait veuf avec quatre petits enfants; Adélaide de Bourbon, désormais seule au monde, voulut servir de mère aux orphelins; bien que sa réputation fut au-dessus de toute atteinte, elle voulut que la situation fût absolument régulière, et elle épousa M. de Chaumont-Q~itry; elle avait alors cinquante ans.

Sans avoir été mère, Adélaide connut donc les joies et les soucis de la maternité, grâce aux jeunes enfants qu'elle éleva, et qui lui rendirent en tendresse les soins dont elle les entoura. Elle eut même le plaisir de gater à leur tour les enfants de ceux qui l'aimaient comme leur mère, car elle jouit d'une longue vieillesse. Elle mourut à Paris le 29 mai 1874, âgée de 93 ans et six mois, et fut inhumée dans le tombeau de famille des Quitry à Chaumont-en-Vexin.

M. le chanoine Muller a fait une intéressante découverte dont il veut bien donner la primeur au Comité. Son attention ayant été attirée sur une statue de la Vierge placée dans le jardin de l'Hospice Condé, et absolument défigurée par des couches successives de peinture, it la fit gratter et nettoyer avec soin par un des soldats hospitalisés dans cet établissement charitable, et eut la surprise de se trouver en présence d'une statue en marbre, peinte certainement dès l'origine, c'est a-dire 6. la fin du xv siècle, date que t'érudit archéologue croit pouvoir lui assigner. It fait passer sous les yeux du Comité des photographies de la


statue, les accompagnant d'une dissertation appuyée sur une science depuis longtemps éprouvée et à laquelle le Comité se plait toujours à rendre hommage.

Après le reglement de l'ordre du jour de la prochaine séance, qui se tiendra le jeudi 14 octobre, le Comité se sépare à quatre heures. Le Secrétaire,

L.FADTRAT.

° SÉANCE DU 14 OCTOBRE 1915

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉStDENT.

Étaient présents M"' Mancheron, MM. Brumeaux, le comte de Caix de Saint-Aymour, Catipé, l'abbé Cavillon, Corbie, Cultru, Dufresne, Macon, ie chanoine Muller, Odent (Joseph), le baron de Pontalba, Vatin. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Vice-Secrétaire donne la liste des publications envoyées au Comité par les Sociétés correspondantes.

M. l'abbé Cavillon offre au Comité un exemplaire du récit émouvant des faits dont il a été un des témoins actifs, le 2 septembre i9H, à l'Hôpital général dont il est le dévoué aumônier L'~7op:t<tt de Setttis pendant l'occupation aMemande.

Le comte de Caix de Saint-Aymour lit en communication un récit des combats qui ont eu lieu le t" septembre 1914 aux environs de Verberic lors de la ruée de l'aile droite allemande sur Paris. Ce récit est extrait d'un travail plus étendu qui sera bientôt publié et pour lequel notre confrère réunit des documents depuis plusieurs mois. Pour le Combat de Verberte. M. de Caix a groupe un grand nombre de renseignements dont beaucoup, recueillis sur place, émanent de témoins oculaires. Ii s'est aide aussi de documents anglais. Nous ne pouvons naturellement donner ici une analyse de ce récit plein de faits, que les historiens futurs de la Grande Guerre consulteront avec fruit et dont le Comité a entendu la lecture avec un vif intérêt.

On se souvient que notre ?élé confrère M. Corbie avait découver) dans les greniers du Greffe du Tribunal de notre ville, des monceaux informes de registres et de documents qui n'étaient autres que les archives des anciens bailliages de Senlis et de Crépy. Il avait entrepris la besogne aride de mettre un peu d'ordre dans cet amoncellement poussiéreux, de dresser la liste des registres, de rassembler et d'essayer de classer par liasses les innombrables documents épars. Il ne voyait d'autre salut pour ces précieux documents que dans leur transfert aux Archives Départementales à Beauvais, l'erudit archiviste de l'Oise, M. Roussel, frappé


de leur intérêt par l'examen de sept registres que M. Corbie lui avait soumis, était fort désireux de les accueithr. Une solution favorable allait intervenir quand la guerre éclata. Aucune précaution ne put être prise en temps utile pour mettre à i'abn des accidents les archives du Tribunal et de la Sous-Préfecture, et tout périt dans t'incendie du 2 septembre 1914, M. Corbie donne la hste des 158 registres qu'il avait reconnus, et s'étend sur l'importance des innombrables liasses dont il déplore la perte Il y avait là une mine d'une grande richesse que les historiens de l'arrondissement de Senlis auraient exploitée avec profit. Le Comité s'associe aux sentiments exprimés par M. Corbie, le félicite de son zèle toujours si actif, et regrette avec lui que des considérations étrangères à l'intérêt pubhc l'aient empêché de parfaire en temps utile l'oeuvre si méritoire qu'il avait entreprise.

M. Corbie ajoute a sa communication une indication de registres conservés au Palais-de-Justice de Beauvais et provenant des bailliages de Beauvais, Compiègne, Clermont, Noyon, Chaumont. et des maîtrises des Eaux et Forêts de notre département; il signale enfin 99 registres enlevés du greffe seigneurial de Chantilly en 1792.

D'autre part M. Roussel, archiviste du département, a envoyé à M. le Président du Comité une note détaillée sur le « Roolle général de la convocation du ban et arrière-ban du batillage de Senlys pour l'année 1568 e, un des sept registres portés à Beauvais par M. Corbie, et par conséquent tes seuls qui aient échappé à l'incendie du 2 septembre t9t4. M. Macon annonce au Comité que l'impression des Mémoires des Junquières est terminée, et que le volume pourra être mis en distribution dans un mois; il tiendra lieu du Bulletin de l'exercice 1914. Pour l'exercice 1915, on puurrait publier au début de 1916 les procès-verbaux des séances des années )9t4 et 1915, avec deux ou trois annexes dont l'impression a été votée, la liste des membres et celle des sociétés correspondantes. Une conversation s'engage au sujet des dépenses à couvrir; il serait urgent de faire rentrer les cotisations dont le recouvrement, qui aurait dùétre'efïectuë au début de l'année, avait été ajourné en raison des circonstances M le Président examinera la question avec le Bureau. Après le règlement de l'ordre du jour de la prochaine réunion, la séance est levée à quatre heures.

Le Vice-Secrétaire,

CULTRU.


SEANCE DU nxOtEMB))E)9t5

PRÉS!DENCEDEM.E!tNMTDUPt]IS,P[tES)DENT

Étaient présents M"' Mancheron, MM. Brumeaux, ]e comte de Caix de Saint-Aymour, Catipé, l'abbé Cavillon, Corbie, Fautrat, Loir, Macon, Masson (Charles), le baron de Maricourt, Mareuse, le chanoine Mutler. Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. II est procédé à la distribution du volume de l'exercice 1914, uniquement consacré à la publication des Mémoires et Souuerttrs de MM. de JuNQuiÈRES. La réception de cet intéressant volume ne peut manquer de disposer favorablement tous nos confrères à verser leur cotisation de l'année 1915, qui leur sera bientôt demandée.

M. l'abbé Beaudry, notre confrère, secrétaire du Comité historique et archéologique de Clermont, est mobtiisé depuis le début de la guerre, et prodigue ses soins & nos blessés dans un hôpital d'Amiens. Il met à profit ses trop courts loisirs pour continuer les études historiques qui lui sont chères, et se rappelle aujourd'hui à notre souvenir en nous communiquant, par l'intermédiaire de M. Macon, un document qui intéresse notre région. Il s'agit d'un jugement du Parlement rendu le 3t]uil)et 1713 et terminant un proces intenté par Pierre Doutreleau, curé de Raray, aux seigneurs du lieu, Louis-Gaston, marquis de Crèvecœur, et sa femme Ilenriette de Lancy de Raray, marquise de Raray. Le procès avait été entamé en 1709 au bailliage de Senlis. Le curé réclamait aux seigneurs Ja dime des grains par eux recueillis dans l'enclos de leur château au. mois d'ao(it 1709 <; il demandait en outre qu'ils fussent « condamnés à lui payer la dime de 37 cochons de lait et de 54 agneaux n, dont la valeur serait fixée par des experts, « et a l'avenir en nature Les seigneurs répondaient tout d'abord que le curé <( n'était point gros décimateur dans la paroisse de Raray a, puis que le parc de leur château ne produisait rien, a il est rempli d'arbres, fermé de murailles tout autour, et sert d'embellissement au château; il y a plus de cent ans qu'il est dans cet état, sans que jamais les curés de la paroisse de Raray ayent, de mémoire d'homme et de tout temps immémorial, demandé ni prétendu dimes do telle nature qu'elles puissent être o. Ils n'ont jamais refusé au curé « de lui payer les dimes des agneaux, a raison de 3 sols chacun, et des cochons de lait, de treize un o, mais lui, de son côté, doit les recommander au prône de la grand'messe en qualité de seuls seigneurs de Raray, leur donner avant tous autres l'eau bénite, l'encens et le pain bénit. La dernière pièce de la procédure est une suprême requête du curé, en date du 10 juillet 17t3, demandant que a lesdits de Crèvecœur et sa femme fussent condamnés à lui payer tous les arrérages qui lui étaient dus de ladite dtme, tant domiciliaire dudit château que des fermes à eux appartenant dans ladite paroisse de Raray, et des autres grains et fruits par eux perçus et recueillis dans leur parc, et en outre aux dépens n.


Voici le jugement de la cour « Déclare le sieur Doutreleau, curé, non recevable en sa demande à fin de lever les grosses dîmes dans le parc de Raray; condamne ledit Crëvecœur et sa femme à payer audit curé la dime des cochons de lait et agneaux depuis l'année 1709, et continuer à l'avenir, sera tenu ledit curé faire les prières nominales pour lesdits s)eur et dame de Creveeceur, leur donner l'encens, présenter l'eau bénite et leur faire distribuer le pain benit, selon l'usage du diocèse de Senlis; condamne ledit Doutreleau en la moitié des dépens de la cause d'appel, l'autre moitié compensée. »

Le Comité charge M. Macon de remercier M. l'abbé Beaudry, et de lui transmettre l'hommage des sentiments. très sympathiques de tous les membres présents a la séance.

En raison de la température inclémente de la salle des réunions, un membre propose de lever la séance. M"' Mancheron offre alors au Comité l'hospitalité dans la maison de son oncle, M. Margry, notre premier viceprésident. La proposition est acceptée avec plaisir et gratitude, et le Comité se transporte à l'hôtel du Flamand, où la séance est reprise devant un feu clair et gai sous la présidence de M. Margry. Comme suite à la lecture qu'il a bien voulu nous faire dans la séance d'octobre, le comte de Caix de Samt-Aymour nous donne communication de passages de l'étude qu'il prépare sur la Ruée de l'aile droite allemande sur Paris en t')14. Ces passages concernent les combats qui ont eu lieu le t" septembre autour de Senlis. H nous est impossible de résumer cette lecture pleine de faits recuei)iis avec beaucoup de peine et de patience par l'auteur. Ce travail sera d'ailleurs prochainement publié in extenso. Tout ce que nous pouvons dire ici, c'est qu'il a été entendu par le Comité avec un vif intérêt.

Cette séance peu banale se termine par un thé offert gracieusement par M"" Mancheron et présidé par M. Margry, à qui depuis longtemps son état de santé ne permettait plus d'assister aux séances du Comité. Il nous montre les fragments de l'obus allemand qui a percé le toit de sa maison et pénétré dans sa chambre le 2 septembre 1914. On le féhcite du renouveau de verdeur qui marque sa quatre-vingt-huitième année, et on se sépare en comblant de vœux et d'actions de gràces le cher vtoe-pré&ident et ses aimables nièces.

G. MAÇON.


SÈ<)tCED"90ÈCEMB))Et9!5

PRÉSIDENCEDE M. EMESTDUPUtS, PRÉSIDENT

Etaient présents M' Mancheron, MM. Brumeaux, le comte de Caix de Saint-Aymour, l'abbé Cavillon, Corbie, Cultru, Dufresne, Fautrat, Langlois, Loir, Maçon.Margry,Toupet, Vatin.

Apres l'adoption du procès-verbal de la derniere séance, M. le Secrétaire donne connaissance de la correspondance et des publications reçues par le Comité.

M. Langlois (Chartes-t.fon), qui est venu se fixer à Senlis, impasse du Tour-de-Ville, demande à faire partie du Comité, dont il a été membre au temps où il habitait notre région. Il est immédiatement admis. Au nom de notre confrère M. E. Lemané, il est donné communication de divers passages d'un manuscrit dont il est fauteur, intitulé « Une semaine d'angoisse à Dammartm et ses eMU'ons..Septembre .i9: » Ce récit, émanant de témoins oculaires, est une très précieuse contribution à l'histoire des événements militaires qui se sont écoulés pendant ces jours tragiques au pied de )a montagne de Dammartin-en-Goeie et qui aboutirent à la victoire de l'Ourcq, prélude de celle de la Marne. Notre confrère le comte de Caix de Saint-Aymour, qui donne commuuication de ce manuscrit de la part de l'auteur, en fait ressortir tout l'intérêt et souhaite qu'il soit bientôt publié.

–M.Maçon expose dans une causerie le résultat de ses recherches sur le ProtesianftStne à Senlis, dont il a l'ambition d'écrire l'histoire depuis longtemps déjà, car il y a quatre ans qu'il a communiqué au Comité les documents relatifs au xvn* siècle. Aujourd'hui il nous soumet ceux du xvr. Les épisodes les plus émouvants se produisirent en 1562, et le récit en a été écrit, des le début du xvi[* siècle, par le chroniqueur senlisien Jean Mallet, dont les Afëtnotres ont été publiés en 1835 par Adheim Bernier. Cette rédaction avait été faite d'après les documents que nous ont conservés tes Registres de la ville de Senlis. Mais il y a d'autres sources que Jean Matlet n'a pas utilisées. Du côté catholique, Il faut mentionner les papiers de l'Official, dont Afforty a transcrit quelques pièces dans son immense et si précieux recueil et tout d'abord quatre actes d'abjuration datés du 5 octobre 153?, par conséquent antérieurs de trente ans aux événements relatés par Jean Mallet. Du côté protestant, nous n'avons pas de documents manuscrits, mais tes volumes du A/ari;t'otoge de Jean Crespin, publiés de 1554 à tM7, ont la valeur de témoignages contemporains on y trouve de nombreux renseignements qui font défaut dans les registres municipaux le plus ancien vise l'établissement du protestantisme à Senlis en 1546, après la répression de Meaux. Théodore de Beze a suivi étroitoment les récits de Jean Crespin dans son Ilistoire ecclésiastique des crises ré/brmeM au royaume de France; il retrace des épisodes tragiques de la persécution do 156~ dont Mallet, qui n'avait à sa disposition qu'une source unique, n'a pas eu connaissance. Il faut bien avouer qu'il y eut alors à Sentis, sous l'impulsion du puissant voisin


de Chantilly, le connétable Anne de Montmorency, qui ne plaisantait pas sur le fait de la religion, une explosion de fanatisme qui trouva des victimes dans toutes les classes de la société. Ce ne tut d'ailleurs qu'une flambée; l'influence modëratnce du maréchal François de Montmorency ramena ensuite la tolérance, et, en dépit du voisinage de Pans, aucun incident ne se produisit à Senlis au moment de la Saint-Bartbélemy. Documents catholiques et documents protestants présentent un caractère d'absolue véracité, d'entière bonne foi, et cependant ils sont contradictoires, non seulement, ce qui va de soi, dans l'appréciation des actes, mais jusque dans le simple exposé des faits. Ce qui fait dire à M. Macon que la vente historique est une chimère, et qu'il est bien difficile d'écrire l'histoire de façon exacte et impartiale.

M. Macon aborde ensuite un sujet moins palpitant. H commence la lecture d'un travail consacré à la Terre e( seigneurie de Afaiass:se, autrefois hameau assez important de la paroisse d'Apremont, représenté de nos jours par une seule ferme qui, depuis la mort de M. Frémy, appartient à M. le baron Robert de Rothschild. Il y avait là une chapelle dédiée à saint Georges et dont le service était assuré à tour de rote par le curé d'Apremont, les chanoines de Saint-Evremont de Creil, les religieux de Saint-Vincent de Senlis et ceux de Saint-Nicolas d'Acy, qui se partageaient par quarts les dimes du terroir de Malassise.

Les papiers Modaux de Malassise, conservés danb les archives de Chantilly, ne sont pas antérieurs au milieu du xiv* siècle. Le premier seigneur qu'ils mentionnent se nomme Pierre Latimier il a pour successeurs, à la fin du siècle, Rigaud de Belloy, puis son gendre, Jean de Bouconviiliers, que M Macon a autrefois signâtes comme propriétaires de bois dans la forêt de Chantilly.

A côté du fief principal, il y en avait d'autres, souvent de minime importance; résultat du morcellement de la propriété au moyen-âge. Un fief, comprenant une maison, avec terres et bois, est acquis en 1354 par un avocat de Senlis, Jean Maquille, qui avait des biens dans toute la région, à Chantilly, à Verneuil, Montagny, Mareuil il eut pour successeur à Matassise son gendre Jean Lorfèvre de Chambly, autre Senlisien notable. Un autre fief, d'une dizaine d'hectares de bois, appartenait à Philippe de la Grange, qui eut pour héritier, à la fin du xv* siecie, un important personnage, l'amiral Louis Matet de Gra\iHe, seigneur de Marcoussis, de Nogent-les-Vierges et autres lieux, ambassadeur à Venise, bibliophile éclairé (le Musée Condé possède de ses livres manuscrits). C'est ainsi que des coins de terre prennent de l'intérét en raison des personnages qui les posséderent.

Le jour qui tombe ne permet pas à M. Macon de continuer sa lecture, qui sera reprise au cours de la prochaine réunion, et la séance est levée a quatre heures.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.



PROCES-VERBAUX

DE L'ANNÉE 19-1.6

SÉANCE DU 13 JANVIER 1916

PRÉSIDENCE DE tf. ERNEST DUPUIS,PRÉSIDENT

– Étaient présents M°" Fauvette, MM. Brumcaux, l'abbé Cavillon, Dufresne, Fautrat, Langlois (Charte s-Léon), Loir, Maçon, Mareuse, le chanoine Muller, Pontalba (Michel de), Toupet, Vatin.

M. le comte de Caix, souffrant, s'excuse par écrit de ne pouvoir assisteratascance.

M. le Président offre au Comité des vœux qu'on s'empresse de lui rendre avec affection. Grâce à ses encouragements, à sa robuste confiance dans la vitalité de la France, à sa compréhension patriotique des devoirs qui s'imposent aux citoyens non-combattants, nous avons repris nos travaux dès le mois de décembre 1914, nos séances, toutes présidées par lui, ont été singulièrement actives et intéressantes pendant l'année 1915. Le volume annuel a été publié sans aucun retard; celui de l'exercice 1916 est en préparation. Absorbés comme tous les Français par les graves soucis de l'heure présente, nous servons la Patrie de notre mieux en donnant l'exemple du travail, de la confiance, en entretenant a Senlis, dans la cité meurtrie, un modeste foyer d'activité scientifique et titteiaire. L'honneur en revient à notre cher et vénéré Président, à qui nous sommes heureux de renouveler l'hommage de notre profond attachement. Après l'adoption du procès-verbal de la dernière séance, M. le Secrétaire donne connaissance de la correspondance et des publications reçues par le Comité.

M. Dufresne, qui a bien voulu entreprendre le recouvrement des cotisations des membres du Comité pour l'exercice 1915, indique les résultats de l'opération; its sont satisfaisants, et M. Dufresne est chaleureusement complimenté. M. Vatin donne quelques renseignements sur t'etat de nos finances, qui, sans être bntlant, permet de payer les frais du volume qui vient d'être distribué, et même de commencer l'impression du Bulletin de 1916.

M. Macon continue la lecture de son travail sur la Terre et Seigneurte de~aiasstse. Les fiefs qui la composaient, ou plutôt la divisaient, furent acquis et réunis par Guillaume Buttet, élu de Senlis, de 1414 à t428. Il eut pour héritière sa fille Amchne, qui fut mariée trois fois; du second mariage naquit une fille, Marie Giron, qui épousa un écuyer nommé Baudechon de Croix et lui apporta Malassise. M. Macon signale les faits


qui marquent l'activité économique et )e. réveil de la terre à la fin du xv siècle; on compte une vingtaine de maisons à Malassise en 1501, lorsque l'héritage de Marie Giron est partagé entre André, Nicolas et Michelle de Croix; la part de celle-ci restera distincte et formera un nouveau fief nommé la Maison-Blanche. Le reste est acquis peu après par Philippe do Boulainvitlicrs, seigneur de Verneuil, gouverneur de Clermont-en-Beauvaisis, qui eut pour héritiers son (ils Charles, puis son petit-fils Philippe, comte de Dammartin. Celni-ci vendit Matassise en 1532 à Jean-Jacques de Mesmes, seigneur de Roissy, qui parcourut une belle carrière parlementaire de son vivant, i) donna Malassise à son .fils Henri, qui en prit le nom la paix de Saint-Germain, qui termina la quatrième guerre de religion le 8 août 1570, fut appelée la paix boifeuse et maiass:se, parce que l'un des p'énipotentiaires, le huguenot Biron' était boiteux, et que l'autre, le catholique Ilenri de Mesmes, était seigneur de notre Malassise. Brantôme d[t que < M. de Roissy, qu'on appelloit Malassise, estoit un très grand, habile et subtil personnage d'estat, de science et de toute gentillesse t. Sa fille épousa Pierre de Masparault, et leur fils Henri épousa Anne d'Argouges ces noms sont ceux d'officiers de la reine Marie de Médicis au nombre de leurs censitaires a Malassise, il convient de citer l'architecte Salomon de Brosse. Le mariage de Marguerite de Masparault fit passer Malassise dans la famille de Bonvoust. Le duo de Bourbon en fit l'acquisition en 17M. L'hôtel seigneurial, devenu maison de ferme, et le domaine furent aliénés en 1793.

Quant au fief de la Maison-Blanche, on le trouve en 15i0 aux mains de Philippe Tristan, médecin à Sentis, qui eut trois fils, dont un, Claude, fut victime de la persécution dirigée contre les Huguenots en 1562 il eut la tête tranchée aux Halles à Paris )e 10 novembre. Un frère de Claude, François, homme d'armes du prince de Condé, demeurait à Matasbise en 1602; il vendit son hôtel et son petit domaine, en i606, à Josias d'Achisson. écuyer, marié à Charlotte de Lescout, qui épousa en secondes noces Jacques de Bidaehe. Puis le lief est acquis en 1622 par Jean de Rameru, s' du Coulombier, en 1633 par Louis de Meau)x, s' de Vallière, dont le petit-fils fut capitaine des gardes du maréchal de Tourville et vendit son domaine en 1717 a un bourgeois de Paris, Thomas Montaudouin. On rencontre ensuite, au cours du xv~r siècle, les familles Gras, Giloton de Beaulieu, Lhuillier de la Chapelle de la Villette, Namville cette dernière garda son bien sous la Révolution et l'Empire. En 1828 et 1830, le dernier prince de Condé acheta la Maison-Blanche, l'ancienne ferme seigneuriale de Malaasise, et tout ce qu'il put réunir des deux domaines. Les décrets de 1852 en amenèrent r<~)énation. Du vieux hameau de Malassise, il ne subsiste aujourd'hui qu'une ferme, l'hôtel de la Maison-Blanche, qui appartient à M. le baron Robert de Rothschild. Après le règlement de l'ordre du jour de la prochaine réunion, la séance est levée à quatre heures. Le Secféfait'e, LÉON FAUTRAT.


SÉANCE DU ~FÈWR)E)))9t6.

PRÉSIDENCE DE M.ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents M' Mancheron, MM. Brumeaux, l'abbé Cavillon, Corbie, Macon, Masson (Charles), le chanoine Muller, Toupet, Vatin. MM. le comte de Caix de Saint-Aymour, Fautiat et Langlois, s'excusent de ne pouvoir assister à la séance.

Le procès-verbal de la précêdenteréunion est lu et adopté. Revue est faite des publications envoyées par les Sociétés correspondantes. Madame Rudault, de Nanteml, désirant maintenir le nom de son regretté mari sur la hste des membres du Comité, est immédiatement admise comme membre titulaire.

M. le Président fait connaître que le bail dea locaux occupés par le Comité touche à expiration. Apres un échange de vues, il est prié d'en négocier le renouvellement. A ce propos, M. Vatin donne des indications sur la situation financière du Comité; sans être brillante, elle nous permet, toutes dettes payées, d'entreprendre l'impression du volume annuel.

M. Corbie communique au Comité un curieux document. Dans son Htsto~ue de !a ville de ChantIlly, M. Macon a conté l'assassinat, par la bande armée venue de Pans le 15 août 1792, du meunier Pigeaux dans la maison de Louis Duhamel, place du Marché (n* 24 de la rue du Connétable). M. Corbie a eu connaissance des papiers de la famille Pigeaux et y a trouvé lo '( Procès-vcrbal de constatation de la mort de M. Pigeaux, marchand fannier et meunier demeurant au Moulin neuf, paroisse de Gouvieux » (entre la Canardlère et la Chaussée). Ce document fut dressé le 15 août à 8 h. du soir par MM. Patin et Jean Detaltre assesseurs du juge-de-paix absent, accompagnés de deux notables, Nicolas-Barthélémy Hautin le jeune et Jean-Charles Gaudiveau L'assassinat avait eu lieu à 6 h. 1/2 du soir, comme le déclara Marie-Denise Antheaume, femme de Louis Duhamel, charcutier. Elle avait vu Pigeaux, poursuivi par des hommes armés, entrer chez elle, se réfugier à l'étage, puis son corps jeté par la fenêtre. Sur le pavé « gisait le corps d'un homme mort, ayant la tête séparée des épaules, et vêtu d'un habit de drap de Sttésie vert à boutons blancs, culotte de Nankin vert rayé, veste de basin blanc rayé, une chemise de toile, une paire do boutons de manche d'argent, bas de coton blanc à côtes, une paire de boucles à ses souliers et une paire de boucles à jarretières d'argent e. Suit le détail des objets trouvés dans les poches du malheureux, portefeuille, papiers, argent, et < un mouchoir de toile rayé fond rouge e. Parmi les papiers, signalons « un traité sous seing privé fait entre ledit Pigeaux et le sieur Potter, propriétaire de la Manufacture de porcelaines à Chantilly, le 26 juillet 179?, relativement à deux moulins a blé sis à Gouvieux, lieu-dit Toutevoye; une promesse de bail desdits deux moulins faite le 17 avril 1792-au profit dudit Pigeaux par M. Mascrany de Château-Chmon »,


seigneur de Villers-sous-Saint-Leu. Le corps de Pigeaux fut inhumé le lendemain dans le cimetière Saint-Laurent, dont remplacement désaffecté est aujourd'hui enclos dans les dépendances de l'Hospice Condé. M. le chanoine Mul!er donne un aperçu rapide d'un travail succinct consacré aux monuments d'ordre archéologique, des éghses surtout qui se trouvent dans la région de Chantilly, en indiquant de façon brève les détails d'architecture et de sculpture qui méritent d'attirer )'attenhon. L'heure avancée ne permet pas à M. Macon de commencer la lecture de l'HtStoWgue de la seigneurie de Laverstne, qui sera inscrite à l'ordre du jour de la prochaine réunion, et la séance est levée à quatre heures un quart.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.

SÈAHCEDt)9MARS)9~

PRÉSIDENCE DEM.ERNESTDUPUIS, PRÉSIDENT.

Étaient présents MM. Brumeaux, le comte de Caix de Saint-Aymour, l'abbé Cavillon, Dufresne, Fautrat, Langicis, Maçon, Mareuse, le chanoine Muller, Odent, Toupet, Vatin.

Le procès-verbal de la précédente séance est lu et adopté. Le comte de Caix de Saint-Aymour offre au Comité son nouveau volume qui vient de paraitre sous le titre La .Marche sur Parts de l'aile droite aHemande. Les derniers combat, 26 août-4 septembre 1914. Le Comité a entendu, dans une de ses précédentes séances, la lecture do fragments de cet ouvrage concernant les combats livrés autour de Verberie et de Senlis.

Le comte de Caix de Saint-Aymour fait la communication suivante sur Quatre statues pro)jena)t[ de l'ancienne eghse Sa:~t Rient « Dans sa séance du 12 mai 1915, il a été question à la Société des Antiquaires de France (Bulletin. p. 203-204) d'un érudit modeste et laborieux, qni fut en son temps a grand sonneur et concierge des tours de Notre-Dame de Paris et à la science duquel Mgr P. BatifM et notre confrère M. E. Mareuse ont rendu un hommage mérité. Cet hommage me parait fournir l'occasion de rappeler ici que cet érudit fut à Senlis un de nos précurseurs, et de signaler, d'après lui, l'origine de quatre statues anciennes qui doivent exister encore dans notre ville et dont la provenance ne peut être oubliée.

< L'érudit dont il s'agit est Antoine-Pierre-Marie Gilbert, mort à Paris le 5 janvier 1858 à soixante-treize ans, archéo)ogue distingué à qui son


titre de membre de la Société des Antiquaires de Picardie donna l'occasion de s'occuper des monuments et des antiquités de notre pays'.II publia notamment, en 1851 (BuNehM des Antiquaires de Picardie, t. iv, p. 248), un Mémoire sur ta découverte de quatre statues faite dans te terrain qu'occupatt l'ancienne egltse collégiale de SaiKt-7~t6M! à Senlis, en octobre ~~45, sm);t de quelques détails sur la cathédrale de cette tille. Sur les stx pages que comporte cet opuscule en ce qui concerne la découverte des quatre statues il y en a cinq qui sont la reproduction textuelle des légendes de saint Rieul et de saint Leuvain, tirées du Parfait prélat de notre vieux Jaulnay (Paris, 1648, p. 71 à 75). Je me contenterai donc de transcrire ici ce qui concerne la découverte et la description des statues

a Le 20 octobre 1845, écrit Gilbert, M. Dulac, propriétaire à Senlis, faisait faire des fouilles dans le terrain sur lequel était érigée anciennement l'égtise collégiale de Saint-Rieul, actuellement occupé par sa maison et son jardin. Les ouvriers, en creusant, découvrirent, à environ trois mètres de profondeur, quatre statues en pierre, dont trois de 1°'48 de proportion et la quatrième de t"'64. Ces statues représentent d'abord deux évëques revêtus de leurs habits pontificaux la troisième, un prince portant une couronne, la quatrième, sainte Agnès ou sainte Anastasie, toutes deux vierges et martyres et portant les mêmes attributs. Aux signes caractéristiques qui accompagnent l'un des deux prélats, on reconnait saint Rieul, premier évoque de Senlis et apôtre de cette contrée, qui vint y apporter la lumière de l'Évangile vers le milieu du troisième siècle (la Gallia Christiana le fait mourir à la fin de ce siècle). La seconde statue parait être celle de saint Leuvain, neuvième éveque de cette ville. »

On sait que c'est saint Leuvain qui fit ouvrir, vers l'année 495, le tombeau de saint Rieul, à la prière de Clovis, pour exposer ses reliques à la vénération des fidèles. C'est sans doute cette circonstance qui fit identifier par les découvreurs de 1845 la statue d'évoqué faisant pendant à celle de samt Rieui avec son huitième successeur, saint Leuvain. « L'exécution des quatre statues trouvées dans le terrain qu'occupait l'ancienne église Saint-Rlenl, dit encore Gilbert, appartient à la fin du xv ou au commencement du xvr siècle;. elle n'offre rien de remarquable. Ces statues ont.été données par M. Dulac, leur propriétaire, à l'église de Notre-Dame de Senlis ».

« Il est tout-a-fait dans nos attributions, ajoute en terminant M. de Caix, Il donna entre autres, en 1829, une Description de l'église cathédrale de Saint-Pierre de .Beautés (Beauvais, llfoisand, in-8 avec 2 pl.), et une Notice htstort~ue et descriptive de l'ancien prieuré d'Esserent près de Chanttft;/(Parts. Leleu, in-8 de 8 pp.; tirage a part de la Revue Archéologique, x' année). Vor la notice que lui a consacrée M. An. de Montatgton dans le Bulletm de ta Soclélé des Antiquaires de France de 1863, p. 33 à 42.


d'identifier les œuvres d'art qui peuvent exister dans la région dont nous nous occupons, et de rechercher et constater leur provenance, afin que la trace de cette provenance ne soit pas perdue. Si les quatre statues dont il s'agit ont échappé à la vigilance du Comité, c'est que leur découverte est antérieure de près de vingt ans à sa fondation. Mais puisque une circonstance fortuite 'a rappelé leur souvenir, j'espère qu'un de nos confrères voudra bien s'occuper de les retrouver, soit à la cathédrale, soit ailleurs, afin que nous puissions, dans une prochaine séance, noter dans nos procès-verbauxce qu'elles sont devenues, et indiquer, ne cartetur, qu'elles proviennent de la fouille faite sur l'emplacement de l'église SaintRieul en 1845.

Cette intéressante communication donne lieu à un échange de vues entre MM. le chanoine Muller, Fautrat et t'abbé Cavillon; et la conversation occupe la plus grande partie de la séance, qui est levée à quatre heures.

Le Secrétaire,

L. FAUTRAT.

SÈ<ttCEDU)3<WR[L!9t6

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS,PRÉSIDENT.

– Étaient présents M"' Mancheron, MM. le comte de Caix de SaintAymour, l'abbé Cavillon, Dufrfsne, Fautrat, Loir. Maçon, Vatin. Le proces-verbal de la précédente séance est lu et adopté. M. le Président prononce en termes émus l'éloge funèbre de son vieil ami, notre regretté confrère e M. Auguste Roland. Les membres présents s'associent à ces sentiments et émettent le vœu que le nom de cette ancienne famille soit maintenu sur la liste des membres du Conuté.

M. le Secrétaire donne connaissance des publications reçues des sociétés correspondantes, et surtout d'une brochure du plus vif intérêt, offerte au Comité par M"' Lucas-Championnière; c'est l'7?<o~e de Just LMcas-Champ:onn)ere, prononcé à Ja Soctëte de Chirurgte le 19 janvier 1916 par M. le professeur Lejars. La brochure est précédée d'un beau portrait de notre illustre et regretté confrère.

A l'occasion du procès-verbal, M. le comte do Caix de Saint-Aymour communique les premiers résultats de son enquête au sujet des Quatre statues prouenant de l'ancienne église Saint-Rieut dont il a parlé dans la dernière séance.

Sur l'indication de M. Fautrat et avec le concours obligeant de M. l'archiprêtre Dourlent, notre confrere a essayé de retrouver ces


statues à la cathédrale, et il semble que deux de ces sculptures existent encore dans cette église. L'une est cette de saint Louis portant la couronne d'épines, que Gilbert décrit ainsi « un prince portant une couronne ». L'autre serait celle de saint Leuvain, ainsi dénommé sur le socle.

« J'avais pensé, dit M. de Caix, que le roi ainsi indiqué comme « portant une couronne était « couronné lui-même et devait représenter Clovis, les trois premières statues trouvées sur le terrain de Saint-Rieul devant vraisemblablement faire partie d'un groupe ou plutôt d'une série de figures rappelant l'ouverture du tombeau de saint Rieul par son successeur saint Leuvain, vers 495, à la demande de Clovis. Mais, d'après les renseignements pris et l'examen de la statue attribuée a saint Louis, la couronne d'épines appartient bien à la figure primitive et n'est pas le fait d'une addition plus ou moins moderne. II s'agit donc bien ici de saint I~ouis et non de Clovis. Dans tous les cas, ces deux statues ont, à peu de chose près, les dimensions indiquées par Gilbert elles sortent évidemment du même atelier, et sont probablement l'œuvre de quelqu'un de nos vieux « tombiers » senlsiens. Dans son Mémoire, Gilbert indique ces statues comme appartenant à la fin du xv ou au commencement du XVI' siècle. D'après M. Marcel Aubert, qui les a étudiées et en a indiqué aussi la provenance dans sa belle Monographie de la Cathédrale de Senhs (Senlis, Dufresne, 1910), elles seraient beaucoup plus anciennes et auraient été exécutées au commencement du xiv siecle. M. Aubert donne la description des deux statues, p. 163-164. « Quant à la troisième statue qui complétait la série indiquée par Gilbert, et qu'il déclare porter les signes caractéristiques bien connus de saint Rieul, elle a été brisée à une époque déjà ancienne par un fou malfaisant, et le désastre a été tellement complet qu'il a été impossible de la reconstituer. Mais, d'après l'impression de ceux qui se souviennent l'avoir vue en place dans la cathédrale, ce saint Rieul était de la même dimension que les deux autres et appartient certainement à la même série d'ouvrages. Notre excellent confrère M. Cultru, qui a assisté, étant enfant, à la découverte de ces statues et qui les a suivies depuis leur transfert à la cathédrale, pourra nous donner lui-même son opinion sur les points soulevés ici, lorsque le retour du beau temps lui permettra de revenir a nos séances ».

En ce qui concerne la quatrième statue, celle d'une vierge martyre, M. de Caix se demande si ce n'est pas celle qui se trouve actuellement au bas du grand escalier de l'Evêche et qui appartient au Comité. Elle mesure bien 1"S4 de haut dimension indiquée par Gilbert et elle appartient, par sa facture, à la belle Renaissance. Elle serait donc beaucoup plus moderne que les trois piécédentes. Dans tous les cas, elle est due à un artiste certainement plus habile; elle est bien conservée, sauf la cassure de la palme que tenait la sainte dans la main droite, tandis que de la gauche elle soutient un livre ouvert.


En résumé, il semble évident à notre confrère, comme à M. Marcel Aubert, que deux des statues provenant de la fouille faite en t8'i5 sur l'emplacement de l'éghse Saint-RieuI et Signalées dans le mémoire de Gilbert publié en 1851, existent encore dans notre cathédrale de Senlis, et qu'une troisième, celle représentant saint Rieul, a été brisée dans les circonstances indiquées plus haut. Quant a la statue de vierge-martyre de Gilbert, c'est probablement la même qu) fait aujourd'hui partie de nos collections. H y aurait une recherche à faire a ce sujet dans nos anciens procès-verbaux ou dans les feuilles d'entrée de notre Musée. Notre confrère M. Mareuse, en s'excusant par écrit de ne pouvoir assister à la séance, a envoyé une découpure du journal l,a Liberté du Sud-Ouest donnant le compte-rendu d'une conférence faite Bordeaux, le 23 mars dernier, par M. Paul Courteault, professeur à la Faculté des Lettres, sur nos villes martyres, Arras, Soissons, Senlis. f< II a décrit Senlis, écrit NI. Mareuse, et sa belle cathédrale dans des termes qui ont soulevé les applaudissements de toute la salle. Je crois qu'il serait bon que le Comité prit note de cette belle manifestation en l'honneur de notre ville, manifestation à laquelle je suis heureux d'avoir pu participer x (écrit le 5 avril de Bègles, Gironde).

Le bail des locaux occupés par le Comité dans l'ancien Ëveché touchant à expiration, M. le Président donne connaissance du projet de nouveau bail, dont la discussion occupe le reste de la séance. Le Secrétaire, ·

L.FAUTRAT.

SÉANCE DU t) MAI 1916

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUI6, PRÉSIDENT.

Étaient présents M"* Mancheron, MM. le comte de Caix de SaintAymour, l'abbé Cavillon, Cultru, Dufresno, Mareuse, Michel de Pontalba, Tardif, Toupet.

M. Macon, empêché de venir, le fait savoir et est excusé. Le procès-verbal de la dernière séance est lu et adopté. M. le Président a reçu du ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts, cinq exemplaires d'un questionnaire recommandé aux Sociétés savantes et aux correspondants du ministère. Le Comité des travaux historiques (section des sciences économiques et sociales) leur serait reconnaissant de vouloir bien faire remplir, dans un certain nombre de communes, urbaines ou rurales, le questionnaire dont s'agit, relatif au


prix du pain, du lait, des œufs, des pommes de terre, du sucre, du bois a brûler, du charbon de terre, de la viande de bœuf et du porc, du vin et du beurre.

Ce prix est celui d'avant la guerre actuelle, pendant la période de janvier a juillet 1914, puis celui de fin décembre 1915, et, comme comparaison rétrospective, le prix en 1896, 18*!3 et 1850.

Les exemplaires de ce questionnaire sont à la disposition des membres duComité.

M. l'abbé Hamard, qui habite depuis dix ans Chanu (Orne) et qui se trouve dans l'impossibilité d'assister aux séances du Comité, dont il est membre, manifeste, par une correspondance du 19 avril dernier, son intention de donner sa démission

Le Comité, se rendant au désir de l'érudit abbe, lui exprime tous ses regrets de ne plus le compter, désormais, au nombre de ses membres. Le comte de Caix de Saint-Aymour, a propos d'une pièce d'archives lui appartenant, entretient le comité du vieux manoir de Fécamp ou Fescan, dont on voit les deux tours massives du xiv* siècle dans l'enceinte du Moncel, sur la route de Pont-Sainte-Maxence à Verberie. On prétend que ces tours sont un reste du château royal de Pont c'est l'avis exprimé par Graves et que notre confrere a reproduit lui-même dans la première série de ses Causeries du Desacier. Aujourd'hui M. de Caix est moins affirmatif, d'une part à cause de l'éloignement de ces tours du centre ancien de la ville de Pont, et, d'autre part, de la proximité trop grande des bâtiments conventuels de l'abbaye du Moncel, établie d'ailleurs en 1309 sur un terrain acheté à un gentilhomme appelé Landin, et non sur un emplacement appartenant au Roi.

Notre confrère n'insiste pas sur cette question, qui reste à élucider, mais il croit pouvoir expliquer ce nom de Fescamp porté encore aujourd'hui par ce \ieux manoir. La première mention de ce nom de Fescamp se trouve vers l'année 1576, époque à laquelle ce château fut, d'apres un renseignement de Glaves, pillé par les reitres. Le même auteur insinue que la denomination de Fescamp est a dérivée par corruption de sa destination primitive <, c'est-à-dire de ce que Pontpoint était un fisc royal, a Hscum nostrum qui dicitur Vicus Levandnacus D, en 842. Ftscum aurait ainsi engendré Fescamp.

Le document d'archives que nous apporte le comte de Caix donne l'explication de ce nom d'une manière beaucoup plus simple et plus plausible. Ce document, en parchemin, daté du 28 octobre 1613, est un bail à cens fait par devant Pierre Hachette, tabellion à Pont, à Robert Hobbe, maître pécheur, par Jacques de Fescan, escuyer, demeurant à Pontpoint en la paroisse Saint-Gervais e, d'une pièce de terre appelée Mothe, située sur le bord de l'Oise. Jacques de Fescan agit ici comme procureur et fondé de pouvoir de Louis de Fescan, son frère, écuyer, seigneur de Pont-Sainte-Maxence et de Brenouille, gentilhomme ordinaire de la reine Marguerite de Valois, demeurant en son hôtel « sis à SaintGermain des Prez les Pans, rue de Seyne, parroisse Saint-Sulpice ».


Cette pièce semble trancher la question de l'origine du nom de Fescamp ou Fescan donne à ce vieux manoir, lequel a dû être acheté par la famille de ce nom, soit a l'epoque de Fahéna'ion par les rois du domaine de Pont au xv' siècto, s'ti faisait partie de ce domaine, soit à tout autre moment antérieur à l'année 1576. (Notons en passant que M. le chanoine Muller, dans ses Rues de Senhs, cite un François Fécan, menuisier d'art, travaillant à la cathédrale et a Saint-Frambourg, vers 1540). Suivant un usage fréquent jadis pour toutes les habitations de gentilshommes qui n'étaient pas des seigneuries paroissiales, usage qui a persiste et dont nous voyons encore de nombreux exemples, le vieux manoir dont nous parlons aurait pris le nom de ses nouveaux possesseurs. C'est la conclusion de M. de Caix, et la pièce qu'il produit, constatant au commencement du xvtr siècle l'existence a Saint-GervaisPontpoint d'une famille de Fescan, ne peut guère permettre de doute à cet égard.

Les Fescan paraissent, d'ailleurs, avoir peu apres abandonné le pays, puisque le roi Louis XIV acheta bientôt leur manoir, dont il fit don aux Dames du Moncei par acte du t" mai 1709. Mais leur nom persiste et sert encore aujourd'hui a désigner cette vieille dépendance du Moncel. M. de Caix lit ensuite en communication un fragment de la biographie de Mgr de Roquelaure qu'ii vient de terminer et qui paraîtra en volume après la guerre. Ce fragment est le récit de l'élection de notre dernier évêque à l'Académie française en )77t.

La séance est levée à quatre heures.

Le ftce-Secretatfp,

CULTRU.

SÉANCE OU 8 JUIN 1916

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT

Étaient présents MM. l'abbé Cavdton, Cultru, Dufresne, Loir, Macon, le chanoine Muller, Toupet, Vatin.

A propos de la commumcaUan hite flans la séance précédente par M. le comte de Caix de Samt-Aymour au sujet de l'origine du nom de Fécamp ou Fescan, notre confrère M. Laurain, archiviste'de la Mayenne, écrit de Laval qn'tt partage entièrement son avis. Voici un extrait de sa lettre

« Le 13 septembre 1613, Marguerite de Valois vendit à Louis de Fécan, chevalier, seigneur de Villars et de Pont-Sainte-Maxence, gentilhomme


ordinaire de Sa Majesté, la seigneurie, mairie et gros de Brenouille, greffe, droit de bâtir moulin, etc., pour 1.200 écus, avec droit de rachat par le roi. Louis de Fécan n'était peut-être qu'un prête-nom, car deux mois plus tard, le 24 novembre 1613, il cédait son acquisition à Philippe Le Bel, écuyer, sieur de La Boissière, pour le même prix. D'ailleurs il y avait entre les deux hommes des retapons étroites, car, le 27 janvier 1599, à BrenouiHo mémo, se celébrait le manage de Jean de Fécan avec Suzanne Le Bel. J'ai déjà noté au reste, dans les Pterrps tombales des Le Bel, p. 8, que ce Jean de Fécan avait tenu sur les fonts baptismaux de Brenouille, le 5 août t60t, une fille de Philippe Le Bel et d'Élisabeth Le Lieur ».

Le Comité apprend en outre avec plaisir que M. Lauram a terminé son travail sur Le Plessis-Bellevrlle, dont communication pourra être donnée dans une prochaine séance.

M Macon donne lecture d'une note relative au séjour de Grotius à Balagny-sur-Théram et à Senlis au printemps et dans l'été de l'année 1623. En raison de son intérêt, cette note sera publiée en annexe au procès-verbal de la séance.

M. Maçon communique ensuite au Comité un travail consacré à la seigneurie d'Ormoy-emmi-Ies-Champs, aujourd'hui Ormoy-Vitters, travail composé d'apres les documents conservés dans les archives du Musée Condé. La terre d'Ormoy, qui ie)evatt. en fief du château de Crépy-enValois, fut possédée jusqu'au xv siècle par la famille de ce nom de 1259 a 1425, on relève les noms (le Pierre d'Ormoy, Gui d'Ormoy, Gittes d'Ormoy, Colart d'Ormoy, Gilles II d'Ormoy. Ce dernier n'eut que des filles, mariées a Jean de Trossy, dit Morelet, à Galhault de Ilartennes et à Baudon de La rontaine. En 147?, le fils de Baudon, Jean de La Fontaine, marié a Jeanne de Marly, est seul seigneur d'Ormoy, dont Il baille un long aveu et dénombrement en 1491. Ce document montre que la seigneurie d'Ormoy avait été considérable a l'origine, car les fiefs qui en relèvent sont parsemés dans presque toute l'étendue du canton de Crépy.

Jean de La Fontaine n'eut que des fines, et la terre d'Ormoy finit par se fixer dans les mains de Hugues de Minty, mari de Suzanne de La Fontaine, ses co-héntiers conservant une part indivise. A la fin du xvi* siècle et dans les premières années du xvn', Pierre de Garges, seigneur de Villers-emmi-les-Champs, acquit les différentes parties de la terre d'Ormoy. Les Garges se distinguèrent dans la carrière des armes, et le Dtct:0)tndtre de la Noblesse de La Chenaye-Desbois leur décerne de grands éloges.

Le 19 septembre 1709, Bernard-Antoine de Garges, seigneur d'Ormoy, de Villers et de Vitteneuve-emmi-Ies-Champs, vendit la terre d'Ormoy à Michel Ileuslin, receveur général des finances de la généralité de Soissons. Sa veuve, ~fa~~e-E~isabeth Jourland, remariée à François Hue de Miromesnil, la vendit a son tour, le 6 mars 1720, à Victor-Marie, comte


d'Estrées, comte de Nanteuil, vice-amiral et maréchal de France. Les héritiers du maréchal d'Estrées, qui étaient Adrien-Maurice, duc de Noailles, et Louis-César, comte d'Estrées, vendirent au comte de Charolais le comté de Nanteuil en 1746 et la terre d'Ormoy en 1747. Le comte de Charolais agissait au nom de son jeune neveu Louis-Joseph de Bourbon, prince de Condé. L'adjudicatton judtctaire n'eut lieu qu'en 1761, le comte de Charolais étant mort et le prince de Condé étant majeur elle donne tout le détail des objets qui composaient le domaine d'Ormoy, dont le château devint ensuite une vaste ferme.

L'ordre du jour étant épuise, la séance est levée à quatre heures et demie.

Le Vtce-Secrëtatfe,

P. CULTRU.

Annexe au procès-verbal de la séance du 8 juin ~9~6.

Grotius dans l'arrondissement de Senlis en 1623.

Dans la Vie de Grotius éditée en 1752 par Debure, l'auteur, M. de Burigny, a consacré deux pages au séjour du célèbre Grotius à Balagny et à Senlis en l'année 1623

« Après avoir vécu un an dans le tumulte de Paris, il eut envie de jouir pendant quelque temps de la tranquillité de la campagne Le président de Mesmes lui offrit une de ses maisons c'était Balagny près de Senlis. Grotius l'accepta, et il y passa le printemps et l'été de 1623. Ce fut dans ce château qu'il commença ce grand ouvrage qui seul auroit suffi pour rendre le nom de son auteur immortel j'entends le livre du Droit de la guerre et de la paix. Il avoit avec lui sa famille et quatre amis les'pins illustres savants venoient quelquefois lui rendre visite, entre autres Saumaise et Rigaut. Il avoit tous les livres qu'il pouvoit désirer François de Thou, fils du président, qui avoit hérité de la bibliothèque de son père, une des plus belles de ce temps là, lui laissoit l'entière disposition de ses livres. Grotius, qui savoit que le président de Mesmes étoit très zélé catholique, eut l'attention de régler sa conduite de façon que le


président ne dût jamais se repentir du plaisir qu'il lui avoit fait de lui prêter sa maison il ordonna que tant qu'il seroit à Balagny, on ne lui serviroit point de viande à sa table les vendredis et les samedis il n'y reçut point de ministres réfugiés de Hollande il ne fit chanter ni psaumes ni hymnes enfin il ne voulut pas qu'on y fit aucun exercice ni public ni même particulier de la religion prétendue réformée. Il ne voulut voir que ceux qu'il ne pouvoit pas honnêtement refuser. De Balagny il faisoit quelquefois de petits voyages à Saint-Germain, où la cour étoit, pour cultiver la bonne volonté des ministres. Ayant appris que le président de Mesmes vouloit venir à Balagny, il en quitta le séjour pour se retirer à Senlis vers le commencement d''août il revmt à Paris dans le mois d'octobre Tout cela est parfaitement exact. M. de Burigny a d'ailleurs très soigneusement composé son travail d'après les lettres mêmes de Grotius, dont plusieurs éditions avaient déjà été publiées avant le milieu du xvme siècle. La bibliothèque du Musée Condé possède un joli elzévir édité La Haye en 1651 et intitulé Hugonis Grotti EpM~ofas ad Gallos; secunda editio, priore auctior et emendatior. Les pages 166-171 sont occupées par deux lettres adressées de Balagny à Pierre du Puy le 27 juin et le 21 juillet, une lettre au même écrite à Senlis le 4 août, une à François-Auguste de Thou, datée de Senlis le 7 août, une cinquième enfin, écrite à Senlis aussi le 24 septembre 1623 et envoyée à M. du Maurier à La Haye. Les originaux autographes de deux de ces lettres, celle à Pierre du Puy du 21 juillet, et celle à François-Auguste de Thou du 7 août, ont été acquis par M. le.duc d'Aumale et sont conservés dans les archives du Musée Condé à Chantilly; ils témoignent du soin qui a présidé à l'impression des lettres, car je n'ai relevé qu'une variante dans la première, victus au lieu de ctbus (apponeretur), et un mot grec oublié dans les quatre vers d'Euripide que cite Grotius dans la seconde, mmimè au lieu de minimum (quod tu minimum desideras), et une inversion sans importance, quod nihil mihi reliquit au lieu de quod mihi nihil reliquit. Ajoutons-y les formules et la signature, que ne donne pas l'imprimé Tuus lotus, H. Grotius; tuus pro merito, 71. Grotius.


Je cite quelques extraits de ces cinq lettres, pour montrer le parti qu'en a tiré M. de Burigny

De Balagny, 27 juin, à Pierre du Puy « Vivo, enim rerum omnium, tam quae apud nos quam quse apud vos geruntur, ignarus, et hanc ipsam ignorantiam in fructu rusticationis meae deputo. Si quid agam scire vis, alternis et studeo et deambulo, imo studeo etiam deambulando. Neque Thuanus mihi excidit, cujus quotidie libris utor, nescio an non nimis familiariter. Occurrunt mihi ssepe et Rigaltius et Salmasius, et apertissimum ingenium (Jhristiani. ».

De Balagny, 21 juillet, à Pierre du Puy « Nescio, vir clarissime, quo malo meo fato fiat ut quo magis calumnias fugio, eo me insequantur validius.Ego ut hue veni, districte imperavi ne Veneris ac Saturni diebus alius nobis ac nostris victus apponeretur quam quo populus hic utitur, fixum animo habens in ejus generis rebus sequendum dictum vetus ~ëdphord badizein 1. Si quid à familia secus est factum, id clam me ac nolante factum est. Pastorum exsulum ex quo hic sum vidi neminem. Ne psalmos quidem aut hymnos unquam cecinimus, nec quicquam fecimus quod ad exercitii religiosi, non jam dicam publici sed vel privati, speciem posset accedere. Qui me salutatum venerunt tales fuerunt ut eos repellere decorè non potuerim viri optimi Hogerbetii, scrumnarum mearum socii, filius, qui Silvanecti habitat (et deux autres Hollandais) extra hos adfuit mihi nemo. Quod si hac in parte minus cautum est, curabo in posterum ne quid fiat quod viro amplissimo et in me benignissimo H. Memmio invidiam creare aut displicere merito possit.

De Senlis, 4 août, à Pierre du Puy « Ego Balagniaco, quo dominus venturus expectabatur, Silvanectum secessi, et aut hic aut in agro vicino, nisi quid aliud impedit, transigam quod restat aestatis, adversus mala et multa et magna ex Deo et litteris solatium quaerens ».

De Senlis, 7 août, à François-Auguste de Thou « Si quid agam cupis scire (est enim et hoc amicorum), versor in examiMarcher sur la grande route, suivre tes chemins fréquentes, c'est-àdire faire comme tout le monde.


nandis controversiis praecipuis quae ad Jus Gentium pertinent, in quo labore ut faciam quod facio libentissime, tui scilicet ut meminerini, ipsa librorum tuorum inspectio singulis prope momentis me admonet. In Balagniaco loci dominus expectabatur ea res fecit ut Silvanectum secederem, ubi idem est aer innocens atque hilaris, et multa circum locorum amœnitas. ». H nous plaît d'entendre Grotius vanter l'air aimable et doux de notre charmant pays.

Le dominus loci Balagniaci nommé dans la lettre du 21 juillet « vir amplissimus et in me benignissimus H. Memmius était Henri de Mesmes, fils du président Jean-Jacques,. Burigny le qualifie de « président x il ne l'était pas encore en 1623, mais il le fut en 1627. Lieutenant'civil en 1613, prévôt des marchands en 1618, il mourut en 1650, huit ans après son père. En 1623, il était depuis deux ans le mari de Jeanne de Montluc, fille de Jean de Montluc, seigneur de Balagny, prince de Cambrai, maréchal de France, connu sous le nom de maréchal de Balagny. Et c'est ainsi que Henri de Mesmes possédait le château de Balagny, que M. de Burigny, ignorantJa géographie de notre région, a eu le tort d'appeler « Balagny près de Senlis », origine d'une confusion qui a subsisté jusqu'à nos jours en raison de la proximité du petit village de Balagny-sur-Aunette. La seigneurie de Balagny-sur-Aunette était un fief mouvant de Chantilly, et les titres féodaux qui la concernent sont conservés dans les archives du Musée Condé. Jamais elle ne fut possédée par la famille de Mesmes elle appartint au xvii* siècle aux Pleurre et aux Lescuyer 1602, noble homme Jacques de Pleurre, maître en la Chambre des Comptes 1606, Pierre de Pleurre pour moitié; 1617, Marguerite'Lescuyer, veuve de Jacques de Pleurre 1634, Anne de Refuge, veuve de Jean Lescuyer 1642, Anne-Marie de Refuge, veuve de M" Jean Lescuyer, maître des Requêtes, ayant la garde noble de Jean Lescuyer, son fils, seigneur d'Ognon, du fief des Carneaux à Villers-Saint-Frambourg, et pour moitié de la terre de Balagnysur-Aunette et des fiefs du Plessis et d'Arzillières à Barbery; noble homme Armand Lescuyer, seigneur pour moitié dudit Balagny et desdits fiefs.

Le Balagny du maréchal de France et de son gendre Henri


de Mesmes, le Balagny où Grotius reçut l'hospitalité en 1623, est Balagny-sur-Thérain Et pour ne laisser subsister aucun doute à ce sujet, je citerai cet article de l'Etat des terres et se''gKeuftM de la châtellenie de Senlis, dressé par Jaulnay en i642 et conservé dans les 'archives de Chantilly « Messire Henry de Mesmes, chevalier, président en la cour, seigneur de Balagny-sur-Thërain ». Enfin mon confrère et ami M. Poirée, qui a dépouillé avec conscience les précieux registres d'Afforty, a relevé dans le tome ix, page 5211, la note suivante « Grotius, venu en 1623 chez M. de Mesmes à Balagny-sur-Thérain pour rétablir sa santé, y travailla à son ouvrage De Jure belli et pacis D.

Le séjour de Grotius en 1623 n'en appartient pas moins à notre histoire locale, puisque Balagny-sur-Tbérain, commune du canton de Neuilly-en-Thelle, fait partie, comme Balagnysur-Aunette, de l'ancienne châtellenie et de l'arrondissement actuel de Senlis.

Le souvenir de Grotius est conservé dans notre région par un beau portrait de cet homme célèbre que possède le Musée Condé à Chantilly, portrait peint par Miereveit aux environs de 1615-1C20.

G. MACON.

SÉANCE OUI: OCTOBRE 1916

PRÉSIDENCE DE M. ERNEST DUPUIS, PRÉSIDENT

Étaient présents MM. t'abbé CaviHon, Corbie, Dufresne, Guillot, Loir, Maçon, Mareuse, le chanoine Mnller.

M. le comte de Caix de Saint-Aymour, non encore rentré à Paris, s'est excusé par ecnt de ne pouvoir assister à la séance. Amsi fait verbalement M. Fautrat, dont le /e[e ctiaritabie s'exerce sans répit autour de nos glorieux blessés.

Le procès-verbal de la prëcédente séance est lu et adopté. DepUM notre dernière réunion, nous avons eu la douleur de perdre un de nos plus dévoués confrères, M. l'abbé Clozier, curé d'Apremont. Tant que sa santé le lui permit, il assista régulièrement à nos séances et


prit part à nos travaux. Grace aux documents mis a sa disposition par son voisin et ami, notre confrère M. Caplain, il nous avait donné une étude bien complète sur le fief de Vaux-les-Creil, qui fut insérée dans. notre Bulletin. Il préparait d'autres travaux sur Apremont et Malassise quand la maladie le terrassa. Nous conserverons un cher souvenir de ce confrère érudit, aimable et courtois.

Madame Lucas-Championnière a eu la bonté d'offrir au Comité un très beau portrait en heliogravure et encadré de son regretté mari, notre cher et illustre confrère ]e professeur Lucas-Championniere. Ce don gracieux est accueilli avec un vif plaibir et une respectueuse gratitude. Le portrait sera placé dans la salle de nos réunions.

M. Macon donne lecture d'une notice intéressante sur deux peintres de la famille Vanloo qui habitèrent Senlis entre 1805 et 1815. L'un d'eux donna à l'église de Senlis un tableau de leur père, Charles-AmédéePhihppe, exécuté en 1761 et représentant la Guérison miraculeuse de saint Roch. C'est une très bonne peinture, aujourd'hui placée dans la chapelle Sainte-Geneviève.

Le Comité décide que ce petit travail sera imprimé en annexe au procès-verbal de la séance.

Dans notre dernière séance, M. Macon nous avait tracé l'historique de la seigneurie d'Ormoy-emmi-lcs-Champs, aujourd'hui Ormoy-Vitlers. Il passe aujourd'hui aux fiefs qui relevaient d'Ormoy, et nous en fait connaître deux, celui de Villeneuve-tes-Auger, qui appartint jusqu'à la Révolution à l'abbaye du Parc-aux-Dames, et celui de la Citerne, dont le chef-lieu existe toujours au même endroit, pres du hameau de Drucy, sous forme d'une ferme qui a remplacé l'hôtel seigneurial construit pour Raoul Daraine en 1527. Le fief de la Citerne, joint de bonne heure à la terre de Drucy, au fief de Brumieres et à deux autres fiefs qui relevaient de Chavercy, fut vendu par les héritiers des Daraine, en 1509, a Antoine de Piennes et a Sidoine de Corbie, sa femme. L'ensemble fut acquis en 1601 par Louis de Besançon, seigneur de Thiméeourt pres Luzarches, qui le vendit en 1606 a Paul de Cornoaille, avocat au siège présidial de Senlis. Enfin le domaine fut acheté en 1649 par Jacques Mailet, contrôleur général des Eaux et Forêts, et demeura dans sa famille. Le dernier document conservé dans les archives de Chantilly est l'aveu fourni au prince de Condé en 1773 par Jacques-François Mallet, prébident en la Chambre des Comptes, seigneur de Trumllly et de Drucy. Après le règlement de l'ordre du jour de la prochaine réunion, la séance est levée a quatre heures.


Annexe au procès-verbal de la .séance du 12 octobre 1916. Trois Vanloo à Senlis et Chantilly.

M. Margry m'a communiqué la note suivante, relevée par Boitel dans les registres de l'église de Senlis « Le 27 janvier 1812, en l'assemblée du Conseil de Fabrique présidée par M. de Malézieu, il a été exposé par M. le Curé que M. Vanloo, habitant cette ville et l'un des paroissiens, avait envoyé à l'église un grand tableau représentant saint Roch, ouvrage de M. Vanloo père, peintre célèbre, que ce tableau a été placé au second pilier du chœur, à gauche en entrant et que M. Vanloo faisait hommage à l'église de l'ouvrage de son pèce.- Il est arrêté que le Bureau écrira sur le champ à M. Vanloo une lettre de remerciements du don qu'il fait à l'église, et aussi des peines que se donnent M' Vanloo, ses filles, pour les quêtes qu'elles font pour l'entretien de l'église

Il y avait en 1809 à Senlis deux habitants nommés Vanloo, qui certainement étaient frères. L'un, Louis-Amédée, peintre, et célibataire, mourut le 16 février 1810 à 3 heures du matin, âgé de cinquante ans, à son domicile de la rue du Puits-Tiphaine. M. Cultru a relevé dans les registres de l'état-civil la déclaration du décès, faite le même jour par Jacques Grout, épicier, et Louis-Antoine Collaye, faiencier. II a aussi relevé la déclaration de deux autres décès celui de Jeanne-Françoise Vanloo, âgée de quatre ans, morte le 27 décembre 1809, fille de Jean-LaurentHippolyte'Vanloo, professeur de dessin, et de Jeanne-Marguerite Champion, domiciliés rue du Pigeon-Blanc et celui du professeur lui-même, qui mourut à Senlis, place Saint-Maurice, à l'âge de soixante et un an et demi, le 27 septembre 1815 à 11 heures du matin. C'est celui-ci qui, en 1812, avait donné à l'église le tableau de saint Roch, œuvre de son père, et dont les filles quêtaient pour l'entretien de l'église. Le nom de Vanloo ne parait dans les registres de l'etat-civil ni avant 1809 ni après 1815. La petite fille morte à l'âge de quatre ans en 1809 n'était donc pas née à Senlis, ce qui prouve que les Vanloo ne vinrent habiter notre ville qu'après 1805 et d'autre part il est probable


qu'après la mort du professeur de dessin sa veuve et ses' filles quittèrent Senlis, puisqu'on ne rencontre plus leur nom. La famille Vanloo fournit une légion de peintres au xviii*' siècle. Nos deux senlisiens ne figurent nulle part, et Bellier de La Chavignerie ne les mentionne pas dans son copieux Diciiottnaire des artistes lançais. Seul, M. Frédéric Villot, en rédigeant les notices des tableaux du Musée du Louvre, a signalé le nom de Louis-Amédée Vanloo, relevé dans les archives du Musée au bas de reçus de sommes payées pour des copies de portraits de Louis XVI d'après Duplessis. Or, Jal a trouvé dans les registres de Saint-Eustache de Paris que Louis-Amédée fut baptisé le l" mai 1760 (Dictionnaire critique de Biographie et d'Histoire, p. 797) il était fils de Charles-Amédée-Philippe peintre du Roi, et de Marie-Marguerite Le Brun, par conséquent petit-fils de Jean-Baptiste, et petit-neveu de CharlesAndré, dit Carle, le plus célebre de la famille. Ce Louis-Amédée, né en 1760, est donc, sans conteste, le peintre qui mourut à Senlis en 1810 à l'âge de cinquante ans.

Jean-Laurent-Hippolyte, professeur de dessin à Senlis, mort dans notre ville en 1815 a l'âge de soixante-un an et demi, donc né en 1754, est complètement inconnu, et son nom est révélé par notre registre d'état-civil. Le tableau de son père qu'il donna en 1812 à l'église de Senlis représente la guérison miraculeuse de saintRoch. Or, Charles-Amédée-Philippe Vanloo exposa au Salon de 176) quatre tableaux, dont le Baptême du Christ, peint pour l'église Saint-Louis de Versailles, et la Guérison miraculeuse de saint Roch, notre tableau. Donc Charles-Amëdëe-PhiIippe est le père de nos deux Senlisiens. A cette exposition de 1761, son frère Louis-Michel et son oncle Carle firent admirer, le premier un grand portrait en pied de Louis XV, le second une Madeleine dans le désert. Après avoir donné de grands éloges à ces deux peintures, le salonnier du Mercure de France (octobre 1761, p. 147) ajoute « C'est pour la première fois que l'on voit au Salon des preuves de la capacité de M. Amédée Vanloo, son neveu (neveu de Carle), premier peintre du roi de Prusse. II y a de lui quatre tableaux, dont deux de même grandeur, et qui sont ingénieusement composés, représentantdes Satyres dans ceux-ci il paroît avoir


recherché le Rubens. Dans la Guéftso~ miraculeuse de saint Roch, et surtout dans le Baptême de Jésus-Christ que le peintre a fait pour l'église de Saint-Louis de Versailles, on s'aperçoit davantage qu'étant de la famille il a tâché aussi de faire honneur à l'école du célèbre Vanloo. Les anges dans l'un et dans l'autre sont tels que l'Écriture les décrit on remarque sur leurs visages cette sérénité et cette pureté qui caractérisent les corps célestes, et dans les draperies cette fraîcheur et cet éclat lumineux qui doit les accompagner ».

C'était en effet la première fois que Charles-Amédée-Philippe Vanloo exposait au Salon, mais il était déjà très honorablement connu. Né à Turin en 1715, reçu académicien en 1747, il avait longtemps résidé à Berlin comme peintre du roi de Prusse. Il exposa pour la dernière fois au Salon de 1785. Il vivait encore en 1790 la date et le lieu de sa mort sont inconnus. Il est curieux qu'Amédée ne se soit jamais séparé du premier de ses tableaux exposés en public; nous ne pouvons que nous en féliciter puisque, grâce à la générosité de son fils aine, notre église possède un tableau de maître. Il est placé dans la chapelle Sainte Geneviève, la première à gauche du chœur, où il est d'ailleurs assez mal éclairé. Il montre le saint, malade de la peste, assis à l'orée d'un bois, le bourdon de pèlerin et le chapeau posés près de lui la jambe droite est nue, et il montre sa plaie à un ange délicieux qui, debout, les bras levés, le regarde avec sollicitude à droite, le chien du riche Gothard accourt, portant un pain dans sa gueule. C'est le sujet classique, tiré des Acta SaTK~oruTM et souvent représenté. Le P. Cahier (Caractéristique des Saints, i, 217) l'a relevé aussi dans une prose qui se retrouve dans divers missels du xvi" siècle

Languens dum in silva sittt, FontemDeussibinuttit, Praeostensa nebula.

Parvus canis panes portat A Gothardo, et reportat, Cane viro regula.

Sicvirsanctugeonfortatur Dum Gothardo consalatur InvaHemiseriEe;

Et per angelum sanatur Qui a Deo mittebatur,

Raphac) in nomine.


Pour conserver tous ces souvenirs, il serait'désirable qu'un cartel fût placé sur le cadre du tableau, avec cette mention LA GuËIUSON MIRACULEUSE DE SAINT ROCH

parChar!es-~4?Kë(Me-Pht!?ppe Vanloo, ~76L

Don de son fils Jean-Laurent-Hippolyte,

professeur de dessin à Senlis, 18i2.

II est intéressant de signaler qu'un troisième Vanloo, sur lequel je n'ai encore aucun rense'gnement, habitait Chantilly. M. le chanoine Muller a en effet relevé la mention suivante dans les registres de l'administration de l'Hospice Condé. Le 20 avril 1811, le Conseil ordonna la restauration des boiseries de la chapelle Saint-Laurent, située dans le cimetière, et celle « du tableau de l'autel où est représente le )nartyie de saint Laurent. Nous possédons dans cette ville M. Auguste Vanloo, dont le nom rappelle de grands talents en peinture. M. Vanloo, qui a vu le tableau de la chapelle Saint-Laurent, offre de le rétablir dans l'état qu'il étoit lorsqu'il a été fait originairement par Le Sueur si l'hospice veut lui fournir une nouvelle toile, cet artiste borne à cent francs le prix d'une restauration parfaite ». Sa proposition fut adoptée. (Mùller, Historique de l'Hospice Condé à ChaMtt~, dans les Mémoires du Comité archëo~oQftqMe de Senlis, année 1912; Senlis, r~HOK, 1913, p. 217).

Ce tableau ne se retrouve d'ailleurs pas à l'Hospice Condé. Qu'est-il devenu ? Voici donc de nouvelles investigations à exercer au sujet d'un tableau perdu et d'un artiste complètement inconnu.

G. MACON.


MÉMOIRES


Senlis, 1870~9~4

Septembre 1870 et septembre 1914, les deux mois, à quarantequatre ans de distance, auront laissé dans l'histoire locale de Senlis deux dates inoubliables. C'est le 15 septembre 1870 que l'ennemi vint à Senlis, par la vallée de l'Oise, deux mois après la déclaration de guerre.

Le 24 août, le Prince Impérial avait ramassé des balles à Sarrebruck. Woerth et Forbach avaient suivi.

Le désastre de Sedan était survenu le 2 septembre et les troupes de Mac-Mahon regagnaient Paris dans un état de triste dislocation.

Les événements se précipitaient.

Le 4 septembre, l'Empire tombé à Sedan voyait sa déchéance. Victor Hugo parlait au peuple de fraternité, et tout autour de Paris les troupes rejoignaient les centres indiqués. A Senlis, le dépôt du 6" Hussards se mettait en marche. Le jour du départ, un punch lui était offert au Café « CherAmi ». La brigade de gendarmerie se repliait. Le général Colombiers s'installait à Senlis, au « Grand-Cerf attendant sa brigade.

Le 14 septembre, à dix heures du matin, des uhlans arrivaient à Senlis. Un peu après, le duc de Mecklembourg, commandant la 6° division, faisait son entrée dans la ville avec 4.000 hommes et 1.500 chevaux. Le duc était en voiture, sa tête recouverte d'un bandeau, son bras en écharpe. Les débris de la citadelle de Laon, qu'un garde du génie avait fait sauter, l'avaient frappé. Il donna l'ordre au Maire, venu au devant de lui, d'accompagner sa voiture.

Les troupes s'emparèrent de la gare.


Le 30 septembre, les Saxons tinrent garnison à Senlis avec un escadron de hussards du Brandebourg. Ils firent publier de porter les armes à la Mairie, et M. Delatour fut nommé gardien responsable des tabacs.

La prise de possession de la ville fut relativement peu mouvementée, mais le serrement étreignait les cœurs restes à leur devoir. Ils n'étaient pas nombreux le sous-préfet, le marquis d'Auray, le procureur M. de Maintenant, et le juge M. François de la Haye. Les services des finances s'étaient émiettés. L'archiprêtre, M. Laurent, cet homme simple, était resté à la tète de son troupeau.

L'autorité allemande, dans la ville ouverte, allait s'exercer par les mains des Glœser, des sous-Glaeser, des Mantteufel, des Schwartskopen, du prince de Lippe, pendant les treize mois que dura l'occupation.

L'avant-guerre avait eu ses tenants. Un sieur GIscser, ingénieur des disques, qui, par ses fonctions, depuis dix ans explorait toutes les voies, était un espion notoire. Chaque soir, le Boche déguisé descendait au boulevard Magenta pour rendre compte, au réseau d'espionnage, de tous les faits relevés par sa félonie. Il vint à Senlis, chamarré de galons, se prélassant dans son grade, en instrumentant de la façon la plus éhontée. A un moment donné, d'honorables citoyens furent contraints de monter sur la locomotive dans le parcours de Senlis à Crépy. Cette vexation fut rachetée par une rançon de 10.000 francs. Le bon de rachat fut signé par von der Goltz, aujourd'hui commandant les forces turques.

La petite vérole noire vmt s'ajouter aux malheurs publics. Place Henri-IV, les morts succédaient aux morts. Des journées d'effervescence eurent aussi lieu à Senlis. Le drapeau rouge fut déployé sans résultat.

Il y eut, à Senlis, des arrestations provoquées par Glaeser, des ôtages mis en avant des hordes; mais les souvenirs, depuis un demi-siècle, en demeurent effacés. Un trait seulement est à retenir. Au départ des Allemands, dans une maison occupée, l'ennemi, en se retirant, chargea un poele de poudre et de cartouches. Sans un fait providentiel la maison eût sauté quand elle fut reprise pour être habitée.


On retrouve là la manière boche que quarante années plus tard les barbares allaient mettre en œuvre après le combat de Senlis.

Les survivants de t870 sont rares. Sur quelques poitrines est épinglée la médaille commémorative. De jeunes générations se sont formées. Il leur était réservé de voir une autre guerre,* guerre de race, remuant toute l'Europe, et de laquelle l'épëe. de la France sortira victorieuse, pour la cause du droit et de la civilisation.

Dans cette immense lutte, Senlis aura eu sa journée. La bataille de Senlis, le meurtre, le carnage forment l'entrée en scène du terrible drame qui s'est joué dans les lieux mêmes où en 1431 Jeanne d'Arc prit position contre les troupes du duc de Bedford.

La bataille de Senlis, qui fut livrée le 2 septembre 1914, a été des plus complexes. Ses différentes phases montrent bien que les actes de barbarie commis, ne furent qu'un système mis eit pratique pour semer la terreur et ajouter aux impressions de l'action l'horreur de crimes destinés à donner l'épouvante. Un officier d'artillerie, ayant pris part à la bataille, disait il y a quelques semaines, à Amiens, sur son lit d'hôpital « La bataille de Senlis a été le déclanchement de la victoire de la Marne ». Ces paroles lumineuses jettent un jour sur les événements dont le récit va suivre.

Trois parties sont bien distinctes dans cette bataille 1° Le combat d'artillerie;

2° Le bombardement de la ville;

3° La lutte contre les corps de l'armée exécutant un mouvement, au sud-est de Senlis, vers Nanteuil et Dammartin. I. COMBAT D'ARTILLERIE

Le mouvement ordonné pour faire refluer les troupes du côté de la Marne avait commencé le 1"' septembre dans la journée. Les troupes françaises et anglaises avatent passé l'Oise à Verberie. Les effectifs anglais occupaient Ruily dans la journée.


Des troupes de différentes armes, effectifs marocains, chasseurs alpins, dragons, cuirassiers, avaient pris, le 1" septembre, leurs cantonnements à Chaînant, au Plessis-Chamant, dans la ferme de Balagny (moitié ferme,. moitié gentilhommière), où Grotius, par ironie du destin, composa son traité De jure belli que les Boches allaient violer dans leur scène de carnage. Dans cette demeure passèrent la nuit des groupes du 13' et du 32° d'artillerie.

Ces deux groupes livrèrent, un combat acharné contre les feux de Montëpilloy, point culminant de la plaine, dominant tout l'espace et formant le centre du secteur dans lequel le grand combat allait se livrer.

Les batteries d'artillerie avaient été ainsi disposées Deux batteries du 13e entre la route de Senlis à Crépy et Balagny;

Deux batteries du 32' également entre la route et la ferme de Balagny;

Une batterie à la croix de Villemëtrie;

Une autre du 40° régiment, au nord du château de la Victoire, sur la colline de Montlévêque;

Trois batteries échelonnées sur la route de Montlévêque jusqu'à la rencontre de la route de Fontaine-les-Cornus; (Le livre-journal du sous-lieutenant Croiset, qui fut tué le 15 septembre, donne sur la marche de son régiment des renseignements très intéressants. !1 part des Hauts-de-Mcuse. Le 25 août, il passe à Saint-Mihiel, Chalons-sur-Marne, Reims, Compiègne. Le 30 août, il arrive à Itëmévillers, Gournay-surAronde, Meuvillers. Le 31 août, il est à Catenoy; il en part par alerte pour Saint-Nicolas-d'Acy. Il traverse Verderonne, Liancourt, Moyenneville, Monchy-Saint-Ëloi, Nogent-les-Vierges, Creil. Derrière lui, on fait sauter les ponts. Le 2 septembre, nouvelle alerte et départ; on tourne Senlis par le sud. On se met en batterie au nord du château de la Victoire. On ne sait où tirer.)

Plus de trente pièces du 75 se dressaient sur la ligne défensive, formant de Chamant à la route de Fontaine le périmètre du secteur.

En regard de cette ligne concentrique, vingt-six pièces


d'artillerie allemande, mises en batterie sur le versant est de la colline de Montépilloy, formaient l'offensive.

Le général allemand, venu prendre possession de Montépilloy, le trouvant occupé, avait dit « Une grande bataille va se livrer dans la plaine de Senlis. Mon artillerie comptera cent cinquante pièces de canon. Ne restez pas ici. Faites le vide dans le village ».

Cette réflexion parait utile à noter, parce que le grand combat n'eut pas lieu, et, à l'honneur de notre armée, les troupes françaises purent, tout en combattant toute la journée du 2 septembre, faire le mouvement qui les conduisait au sud-est, du côté de la Marne, où se formaient les contingents de la victoire.

Passons en revue le combat d'artillerie.

Dans la section de Balagny, un témoin oculaire nous donne le récit des faits. Il s'exprime ainsi

« Je me fais un devoir de vous raconter ce que j'ai vu de l'engagement de Senlis, où mon cher capitaine Faucillon a trouvé la mort.

C'est en même temps une consolation pour moi de vous apprendre les circonstances glorieuses au milieu desquelles il est tombé à son poste et comment il a su donner, aux dépens de sa vie, un admirable exemple de courage et d'énergie. « Depuis le départ de Fontainebleau, le 11 août, le capitaine Faucillon commandait la 26° batterie du 32* d'artillerie, qui était rattaché à la 5G* division de réserve. A la fin d'août, la batterie avait été transportée par chemin de fer et débarquée au sud de Montdidier, elle revenait de Woevre, où le 25 août elle avait participé avec succès au combat de Bugy. Depuis trois jours on battait en retraite sans combattre, lorsque le i" septembre, arrivant de Creil, nous traversâmes Senlis pour remonter vers Compiëgne où l'on entendait le bruit d'une violente canonnade et d'où remuaient les colonnes de l'armée anglaise. Pendant tout l'après-midi on demeura dans l'attente, et le soir on prit des cantonnements au village de PlessisChamant. Ce soir-là, le capitaine se montrait attristé de voir la retraite continuer sans arrêt et de se trouver si près de Paris.


Il nous disait aussi son espoir de voir se produire un engagement.

« Le 2 septembre on se leva avant le jour et on fit atteler rapidement dès le lever du soleil on se mit en route dans la direction de Senlis, on traversa la ville à nouveau pour déboucher dans la grande plaine qui s'étend entre la route de Crépy-en-Valois et la ligne de chemin de fer c'est dans cet espace à peine ondulé que notre batterie évolua toute la journée. Après un stationnement auprès de la gare et tandis que les aéroplanes allemands nous survolaient déjà, les batteries se dispersèrent pour prendre leurs positions.

« La 26' batterie se plaça auprès d'une ligne de peupliers le long de la voie ferrée, mais peu après elle effectua un changement de position et vint se ranger auprès des arbres de la grand'route, masquée par une mince rangée de pommiers en oblique sur la route, à environ deux kilomètres de Senlis. « Le capitaine, avec son brigadier téléphoniste et ses servants, avait établi son poste d'observation au milieu des pommiers. Il devait être à ce moment dix heures, le soleil commençait à chauffer, mais aucun signe de combat ne s'était encore manifesté. Devant nous et du côté de Montépilloy s'étendaient les tirailleurs de la brigade marocaine; le groupe du 25e d'artillerie avait pris position au sud de la voie ferrée, nous t'avons entendu tirer sans jamais le voir.

Les aéroplanes allemands n'avaient pas cessé leurs évolutions au-dessus de la plaine; à plusieurs reprises l'un d'eux tournoya au-dessus de nous et nous repéra au moyen d'une fusée. Le feu s'ouvrit peu après; tandis que les Allemands nous accablaient de shrapnells, nous répondions de notre mieux par des rafales violentes. Les batteries ennemies étaient situées derrière le village de Montëpiltoy; on voyait même des observateurs se montrer au haut du clocher d'où l'on découvrait sans doute toute la plaine.

« A un moment donné, un général, que l'on m'a dit être le général Ditte, vint constater la bonne tenue de la batterie. Mais vers onze heures, les choses s'aggravèrent les shrapnells avaient cessé et l'on commençait à recevoir de gros obus à fumée noire qui éclataient avec fracas et avec lesquels on


faisait connaissance pour la première fois. Bientôt la rangée de pommiers est couverte de projectiles arrivant par groupe de six et de douze, elle disparait dans la fumée; le fil du téléphone est cassé, de gros peupliers sont abattus. Cependant le capitaine et ses hommes demeuraient immobiles et la batterie recevait régulièrement les ordres de tir; en ce moment critique ou il était le point de mire de deux batteries d'obusiers allemands, le capitaine mettait un point d'honneur à ne pas quitter un poste qu'il avait choisi et estimait être encore le meilleur pour observer.

« Vers onze heures et demie, une terrible rafale survint, les commandements cesserent; à la batterie on crut que le capitaine avait été touché, le lieutenant Lecompte se porta sous le feu auprès de lui le capitaine, étendu par terre à côté de son bouclier, avait la cuisse gauche presque arrachée par un éclat d'obus; à côté de lui gisaient le brigadier téléphoniste, mort en tenant son écouteur à l'oreille, et un peu plus loin le servant Martin; le même projectile les avait atteint tous les trois. Le capitaine avait conservé un souffie de vie; il put encore dire quelques mots au lieutenant Lecompte, lui parler de sa femme, lui exprimer qu'il désirait être enterré au cimetière de Senlis. « Le lieutenant avait pris le commandement, bientôt arriva l'ordre d'amener les avant-trains il était près de midi et nous avions eu pour mission de tenir jusqu'à midi.

On eut la chance d'évacuer la position sans dommage la batterie partit soûs les ordres du maréchal des logis chef; il fallut transporter notre capitaine sur une civière jusqu'à Senlis. Avec les infirmiers et quelques hommes, j'aidai le lieutenant Lecompte dans cette tâche; le capitaine vivait faiblement, il m'avait reconnu, mais pendant le transport, épuisé par la perte de sang, il expira.

« On arriva à Senlis au moment où le bombardement de la ville commençait, de fortes colonnes d'infanterie s'écoulaient à travers les rues et les encombraient. Notre petit groupe parvint enfin à l'hospice où le corps du capitaine fut confié à la Mère supérieure; là il nous fallut lui dire adieu et l'abandonner: tout ce que nous avions pu faire avait été de le remettre en des mains sûres.


« La retraite continuait au dehors sur la grand'route; au sortir de la ville, deux mitrailleuses avaient été disposées de chaque côté de la route pour prévenir un coup de main. Ce soir-là, le groupe du 32e prit le bivouac d'alerte à La Chapelleen-Serval ».

Aux sections de Villemétrie et de Montlëvéque, les bombes et les boulets pleuvaient de Montëpilloy. Dans leur trajectoire, ils passent au-dessus de Montlëvéque. La plus grande partie du village s'est réfugiée au château, chez le maire, M. de Pontalba. Le maire conserve le plus grand sang-froid. Il reçoit ses hôtes, les conduit à l'abri et demeure dans tout le combat, impassible, circulant partout où il juge sa présence utile et raffermissant les courages que pouvait émousser la mitraille. C'est, au-dessus du village, un feu roulant de projectiles. Le maire, avec la plus grande simplicité, sut faire tout son devoir.

Aux sections de la route de Montlëvéque à Chaâlis, les feux de Montépilloy envoient des boulets qui ne font pas taire nos batteries, mais, passant au-dessus, tombent dans le massif de pins. Ils eurent pour témoin le brigadier forestier du Biat, qui se tint dans la forêt pendant tout le combat.

Borest reçoit la mitraille et la ferme de M. Duchêne est éventrée par les obus.

A Fontaine, les obus tombent dans le parc du château. Au-delà de Montépilloy, Baron est atteint du côté de l'est et du côté du nord. Barbery et les fermes de Beaulieu, entre Rully et le centre du secteur, sont saccagées.

L'ordre avait été donné, de notre côté, de cesser le feu à onze heures et demie. Nous l'avons su de source sûre.

Pendant le combat, la Croix-Rouge installée à Saint-Vincent soignait plus de soixante-quinze blessés, de grands blessés, atteints de balles meurtrières. L'ordre de l'évacuer avait été apporté à dix heures et transmis par l'Inspecteur général, qui donnait une heure pour ce travail. Le tumulte du combat fit réduire ce délai à vingt-cinq minutes. Les pauvres blessés furent mis dans le train sanitaire, et dans le temps donné le transbordement était effectué.

A ce moment, un officier d'état-major venait dire à l'Inspecteur général que le feu allait cesser à onze heures et demie.


A la cessation du feu, les troupes françaises s'éloignèrent du combat, les batteries de Chamant par la rue de la République, celles de Montlëvêque par le Vieux Chemin de Meaux, la Longue Route en forêt et le Pavé Davesne.

Les troupes marocaines, les chasseurs alpins, les soldats des i5}', 276', 294°, 36!' régiments d'infanterie traversèrent la ville, prenant position à sa sortie, sur le périmètre de la forêt de Chantilly.

Les Boches suivaient à une heure près. Dans le secteur, en retraitant, on se battit à Fontaine, devant le château les Boches avaient fait irruption, en escaladant le mur du parc. A Borest, des combats eurent lieu dans les entourages murés. Des soldats du 154' soutinrent la lutte; cent cinquante furent faits prisonniers. Dix-sept Français furent tués dans les enclos et, parmi eux, le vaillant capitaine Toussaint

Le point de ralliement de l'infanterie était le carrefour de la Croix des Gens d'Armes, en forêt d'Ermenonville. II. LE BOMBARDEMENT

Les Boches ont pour tactique, avant le combat, de semer la terreur. Ayant occupé Chamant, ils avaient installé des pièces d'artillerie sur une ligne faisant face à la cathédrale, ayant, à gauche, des bouquets de bois masquant la ville basse. Leurs projectiles décrivaient une parabole comprenant, dans son plan vertical, le clocher, la place Henri-IV, la partie nord de la place de Creil.

L'objectif était donc bien l'église. Des bombes endommagèrent le clocher. Des obus tombèrent sur la toiture. Il y avait peu de monde dans les rues ceux qui revenaient de l'embarquement des blessés, l'Archiprêtre descendu du clocher, et la colonie qui avait été confiée à l'abbé Cugnières pour s'éloigner de Senlis. L'abbé Cugnières fit la conduite et le ravitaillement de la colonie de soixante membres, avec une sollicitude toute fraternelle.

Un sapeur-pompier venant à la Mairie à l'ordre, fut tué par un obus, sur la place de la Halle.


Les habitants supportèrent avec calme le bombardement, ayant pour abri les caves séculaires.' Les bombes tombaient dans les rues du Châtel, aux Fromages, la rue du ChancelierGuérin, la rue de Meaux, la place de Creil.

Le bombardement cessa à une heure et demie.

Les Boches croyant avoir fait place nette, entrèrent dans la ville par la route nationale, le chemin de Villevert, le boulevard.

Le drame commencé se continue par un acte barbare, dans lequel l'hypocrisie se mêle à la cruauté.

II est environ deux heures. Le général boche vient à l'Hôtelde ville. Le maire est à son poste. Le général le demande. Monsieur le Maire, lui dit il, y a-t-il des soldats français dans votre ville ?

Le maire répond

Notre population est calme. Je ne connais pas les mouvements de troupes, n'ayant pas à les diriger.

Quelle sagesse dans cette réponse Quelle hypocrisie dans la demande

Le général savait, depuis cinq heures du matin, que les troupes françaises se repliaient devant Senlis, et il demande s'il y a des troupes françaises dans la ville Il va au combat devant les nôtres, et il demande s'ils sont là

Le maire de Senlis à son poste quand on le demande, sa réponse à un langage plein de fourberie, voilà l'auréole qui toujours illuminera le champ des martyrs où sont tombés le premier magistrat de la cité et les six ôtages exécutés, pour que le crime, tout le crime fût consommé.

III. LA BATAILLE DE SENLIS

A trois heures, l'armée ennemie pénétrait dans Senlis elle s'avançait par la rue de la République, coupant la ville du nord au sud, et les rues de Villevert, du Châtel et de Paris, formant un angle avec la précédente et la rejoignant au faubourg SaintMartin conduisant à l'Hôpital. Les troupes ennemies devaient faire leur jonction au sommet de l'angle.


Les Français avaient pris les dispositions suivantes, décrites par le commandant Fauvart-Bastoul dans le récit de la mort glorieuse de son fils Louis

« Le régiment qui devait former l'arrière-garde avait cantonné à Senlis, au quartier du 3' Hussards.

« Le 2 septembre, à cinq heures du matin, le capitaine reçut l'ordre de préparer le cantonnement de la brigade dans une localité au sud de Senlis, assez loin; il remit donc le commandement à Louis; il m'écrit « Je le quittai non sans appréhension « et avec des pressentiments, car je le savais d'une bravoure « folle ».

« Pendant le combat de sa division en avant de Senlis, Louis se retira donc à 800 mètres au sud de Senlis, sur la route de Paris, à un endroit où elle formait une éminence, assurant les vues et un bon champ de tir, à la lisière même de la forêt de Chantilly, à gauche de la forêt d'Ermenonville, à droite de la route qui la sépare seule. Il y fit établir de solides tranchées en échelons, assurant des feux croisés et un bon défilement. La route même fut barricadée et abritait une section de mitrailleuses. L'artillerie était hors d'état d'être employée à cause de la forêt qui ne lui laissait pas de champ de tir sufilsamment efficace.

« Ils avaient l'ordre de tenir jusqu'à six heures du soir. Tout était prêt quand la division le traversa en retraite, en bon ordre. « Les Allemands n'osèrent pénétrer dans Senlis; la division était écoulée ainsi que le convoi vers deux heures du soir, quand les Allemands fouillèrent Senlis à coups de canon. N'éprouvant aucune riposte, ils entrèrent dans Senlis, occupèrent le faubourg Saint-Martin qui regarde Paris et tentèrent de déboucher. L'infanterie resta masquée, mais les mitrailleuses criblèrent leur tête de colonne qui ne put déboucher. « Tout disparut. Ils se jetèrent dans les maisons latérales et les jardins et tentèrent de déboucher sur un grand front. Ils furent arrêtés net par une intense fusillade.

« Nouvelle éclipse des Allemands, qui envahirent alors l'Hôpital dont les fenêtres dominaient les tranchées. Quand les renforts furent arrivés, ils tentèrent une sortie en masse. A nouveau les mitrailleuses furent dirigées sur les Allemands.


« A ce moment, des clameurs qui n'avaient rien d'humain, de véritables cris de terreur folle, retentirent du côté de Senlis. Près des tranchées, on aperçut quelque chose d'effroyable les Allemands avaient arraché de'Senlis toute une troupe de femmes et d'ènfants qu'il avaient attachés les uns aux autres et qu'ils poussaient devant eux à coups de baionnette, pour paralyser notre tir, ou tout au moins se faire un rempart de ces corps innocents.

« C'est alors que Louis tomba, frappé d'une balle à la ceinture.

Les mitrailleuses battaient l'ennemi sur les deux avancées. Les Allemands, pour se couvrir, à mi-côte de la rue de Paris, prirent la rue transversale reliant les deux voies où ils étaient engagés. Ils font marcher devant eux les Français pris sur leur route, de même que, dans la rue de la République, ils s'avancent précédés d'une ligne de nos concitoyens emmenés brutalement et devant servir de boucliers contre l'attaque.

La bataille se livre avec acharnement devant l'Hôpital. Les ôtages tombent; une petite fille de cinq ans, au rang des ôtages, est frappée d'une balle. M. Victor Dupuis, comptable de l'Hôpital n° 11, après avoir essuyé le feu avec courage sur tout le parcours, parvient, en marchant devant lui, à gagner la forêt, protégé par une ligne de peupliers bordant le chemin. Un officier allemand et son cheval sont tués, soixante soldats ennemis jonchent le sol. Un chef blessé entre à l'Hôpital, tue sur les marches d'entrée un hospitalisé. La cloche de la maison sonne l'alarme. L'Allemand devient fou furieux. La Supérieure s'avance près de lui, le prend par le bras et le contraint à monter dans les salles. A ce moment, un blessé français descendait l'escaller. L'officier braque sur lui son arme, mais la sœur, de sa main, la lui fait abattre.

Dans la salle, deux Allemands sont soignés parmi les blessés français. Ils disènt la charité, le dévouement des sœurs. La fureur du chef paraît tomber. Il fait laver sa plaie, demande du cognac et se couche. Les murs de la salle sont tapissés d'empreintes de balles qu'ont envoyées les mitrailleuses des deux camps. Une balle a traversé le lit d'un blessé et la sœur reste à son chevet pour continuer les secours.


Le mur exposé à l'est est criblé de mitraille, à l'exception d'un mètre carré où se trouvent le Christ et l'Image de la Vierge. Tout autour de cet espace, les balles forment une auréole.

Comme au Golgotha, de saintes femmes de Saint-Vincentde-Paul sont la devant l'image du Christ, que le fer a respectée. Les cornettes blanches dans ce milieu, les blessés dans leurs lits, la pluie de balles, le Christ dominant tout, n'est-ce pas la charité, le martyre, le fait providentiel réunis pour montrer ce que donnent l'âme des humbles, la résignation, la toute puissanc'e de Dieu L'Hospice, après cette scène, fut vite envahi. L'aumônier, l'abbé Cavillon, était à son poste, courageux et brave. Plusieurs fois, il fut menacé.

Dût l'humilité des filles de la Charité souffrir de ce relief, les cœurs français le doivent connaître pour que le Père Vincent, en regard de ce trait émouvant, obtienne de la Miséricorde le pardon et le salut.

Une mitrailleuse avait été placée dans l'une des cours de l'Hôpital. Elle fut retirée. La sérénité d'âme de la Supérieure avait obtenu ce résultat.

Après la bataille, le feu fit son œuvre. Sur un parcours de un kilomètre, les barbares mettent le feu. Le pétrole, les grenades, les bombes incendiaires sont entre les mains de sauvages qui, semblables à ces hordes mises en œuvre par Néron, sèment leurs sinistres flammes.

Ce n'est partout qu'un crépitement de murs qui s'affaissent, des poutres qui tombent, et pour éclairer ces horreurs des gerbes de feu s'élancent vers le ciel.

Pendant que le dernier cycle du drame infernal se dessine dans les flammes, les infirmières de la Croix-Rouge, peu nombreuses, sont au chevet des blessés; les sœurs de charité, qui n'ont pas interrompu un seul instant leur labeur bienfaisant, s'inclinent avec plus d'àme encore vers les pauvres victimes des combats.

Le feu ne cesse de grandir.

Allumez, barbares, dans les demeures paisibles, vos torches d'incendie; la lueur sinistre reflète le crime. La lumière qui dans nos hôpitaux' éclaire le dévouement des humbles, vient de


Celui qui donnera aux Francs, comme à Tolbiac, le salut de la France, dans la foi suppliante.

La bataille de la Marne, à laquelle se rendaient nos combattants de Senlis, en est le sûr garant.

PENDANT LA BATAILLE – APRES LA BATAILLE Pendant la bataille, les habitants de Senlis, restés pour se rendre utiles dans l'épreuve et ne pas déserter le poste au moment du danger, avaient trouvé, pour la plupart, dans les habitations souterraines, une protection efficace. Les artisans, les pauvres gens occupant de petites maisons d'ouvriers, dont les murs et les planchers ne pouvaient servir de boucliers, se réfugièrent à Saint-Vincent, la maison ouverte à toutes les infortunes. M. l'abbé Conen, supérieur de Saint-Vincent, et M. l'abbé Bresson, directeur de l'Institution, étaient dans l'antique demeure. Ils avaient donné l'Hôpital auxiliaire n° 11 la maison de Saint-Louis, et grâce à cette offre généreuse, la Croix-Rouge s'y était établie, avec le concours du docteur Ader, de deux religieuses de Saint-Joseph de Cluny, des religieuses de Saint-Vincent et de quelques dames profondément dévouées. Plus de soixante-quinze blessés, venus la veille du combat, étaient soignés avec la plus grande sollicitude. La maison de Saint-Louis ayant été donnée aux blessés militaires, le sous-sol de Saint-Vincent fut le refuge des pauvres. Plus de cent cinquante, venant de Senlis, de Barbery, de Verberie, des pays occupés, demeurèrent là abrités, nourris, réconfortés, pendant les deux jours que dura l'orage. Il ne resta plus ensuite que les pauvres de l'extérieur qui, n'ayant plus de foyer chez eux, trouvèrent dans la vieille demeure une sollicitude toute paternelle.

Les blessés de la Croix-Rouge avaient été évacués, avonsnous dit, le jour du combat. Les grands blessés, faute de temps pour les accommoder dans les voitures, furent placés dans les wagons, avec les matelas et les brancards de transport. Le lendemain et le surlendemain de la bataille, ils furent vite remplacés. Un grand nombre de blessés gisaient dans les bois,


en plaine et dans les faubourgs. M. le Supérieur de SaintVincent, M. Sainte-Beuve et M. le baron de Maricourt se mirent à leur recherche, et la Croix-Rouge vit promptement tous ses lits occupés.

M. le Supérieur et M. le Directeur se prodiguaient, jour et nuit, près de ces enfants.

Les blessés restèrent à la Croix-Rouge pendant tout le mois de septembre. Un jour vint l'ordre d'évacuation. On alla porter les pauvres malades au train samtaire. Beaucoup témoignèrent, dans leurs lettres, du souvenir qu'ils avaient emporté de la maison les ayant abrités.

La Croix-Rouge ne reprit son service que le 17 décembre. Elle a lieu d'être satisfaite de son œuvre, conduite dans les jours périlleux. Elle a un profond sentiment de reconnaissance pour la maison de Saint-Vincent ayant donné asile à sa grande entreprise de charité, pour les bonnes sœurs que les petits soldats de France et d'Algérie n'oublieront jamais, pour les jeunes filles qui, toutes, ont travaillé en cette ruche, où chacune apportait avec tant de grâce le meilleur d'elle-même, pour soulager et guérir.

Après le combat, le meurtre, l'incendie, il y eut des larmes à contenir, des devoirs à remplir, des misères à secourir. Ceux qui restèrent à Senlis s'employèrent à ces choses, tâche immense, pleine d'angoisses, de serrements de cœur et de généreuses explosions. Les adjoints, MM. Gaston de Parseval et Robert, se donnèrent pleinement pour les besoins de la cité.

Le grand et pieux devoir était de s'incliner avec respect devant le lieu du crime où le premier magistrat de la cité fut exécuté, et de ramener au champ du repos la noble victime. Ce fut un jour d'octobre. Autour d'un tertre qui reçut le sang du martyr, les adjoints, l'archiprêtre, quelques conseillers municipaux et un petit groupe de fidèles, se pressaient en proie à une vive étreinte.

La voiture prit les restes bénis de la chère victime, et tous, muets d'émotion, suivirent, sur un parcours de trois kilomètres, le chemin de la Croix que traçait le convoi.

Inoubliable journée d'agonie, marche funèbre que Dieu


éclaira de son soleil, pour rendre plus purs et plus vibrants les souvenirs.

Quelques semaines plus tard, les ôtages furent ramenés à Senlis, et c'est au cimetière que reposent tous ceux qui ont trouvé la mort pour satisfaire à la cruauté des barbares.' Chacun, en regard de ces sanglants sacrifices, fit en lui-même la promesse d'apporter au soulagement de toutes les victimes, cette passion du bien que font naître dans les cœurs des événements si poignants.

La Ville fit de larges distributions. La Conférence des Pauvres et les Sociétés de secours se donnèrent à leur mission. Le fourneau s'alluma le 1" août pour ne s'éteindre qu'en avril. Les pauvres ont été secourus.

Les grandes douleurs, portées si dignement, ne sont pas allégées.

Les ruines autour desquelles, chaque semaine', des visiteurs apportent leur tribut de curiosité et de pitié, demeurent debout, pour montrer ce que l'orgueil dément peut infliger d'outrages impies aux nobles lois de l'Humanité.

Tous ces faits n'ont pu inspirer une pensée fugitive. Pour ceux qui ne sont plus, l'encens des autels a fait monter vers Dieu les voix suppliantes, semblables à celles qui, dans la cathédrale de Metz, ont détourné l'âme de Colette Baudoche de la compromission germaine.

Les dévouements de ceux qui restent ont eu leur récompense, les uns en voyant leurs mérites reconnus, les autres en faisant cortége au malheur pour en atténue/ les effets.

La croix qui s'elève au chemin des Rouliers, rappelle la tenue héroïque des artilleurs de France; celle du champ des martyrs redit qu'en regard du grand sacrifice, Senlis, comme Péronne, pourrait porter en ses armes la croix de celui qui l'a tant méritée.

LÉON FAUTRAT.




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Le Lys

LA TERRE & SEIGNEURIE DU LYS

Dans le Précis statistique sur le canton de Creil, publié en 1828, M Graves ne consacre que quelques lignes au hameau du Lys « On a réuni à Lamorlaye, en 1825, la très petite commune du Lys, à peine composée de douze maisons. On y voit encore l'emplacement d'un ancien château. Ce petit lieu avait une paroisse sous le patronage du prieur de Nointel et sous l'invocation de saint Vaast l'église encore subsistante est un bâtiment tout moderne, fort dégradé ».

Un petit dossier conservé dans les archives du Musée Condé contient des renseignements sur l'ancienne seigneurie du Lys malheureusement, les titres du moyen-âge ont été perdus, même ceux du xvie siècle, et le premier document de ce dossier porte la date du samedi 13 novembre 1599. En ce jour, par devant Martin Haguenyée et Claude de la Morlière, notaires à Paris, François Le Maire, écuyer, seigneur de ParisisFontaine, Longueil, de Morangle en partie et du Lys, et dame Jeanne de Belloy, sa femme, demeurant à Parisis-Fontaine (bailliage de Senlis), vendent à leur gendre Charles de Marc, écuyer, seigneur de Montcrépin, demeurant au Lys, la terre et seigneurie du Lys située près l'abbaye de Réaumont, consistant en hostel seigneurial, colombier à pied, granges, estables, bergeries, cour, puys, jardin, le lieu comme il se comporte, haulte justice, moyenne et basse, prévost, lieutenant, greffier, droictz de chasse, censives tant en chappons, poulies, grains que argent, champarts, rentes foncières seigneuriales, garennes en troispièces, contenant ensemble "34 arpens ou environ, trois


pièces de boys, aulnoye et haulte fuslaye, contenant ensemblement trois arpens ou environ, 30 arpens de pré en une pièce, 150 arpens de terre ou environ en plusieurs pièces, le tout es environs durlit hostel seigneurial, six arpens de fortes terres assiz près la rivière sur le chemin tendant de Boran au Lys, cinq sols tournois d'autres cens que doibvent quatre arpens de terre et ung arpent de pré assiz au terrouer de Morancy près ledit Boran, et généralement tous les droitz de propriété, seigneurie, justice, chasse, possession, noms, raisons et actions qui appartiennent auxdits sieur et damoiselle de ParisisFontaine tant de leur conquest que du propre de ladite damoiselle Jehanne de Belloy par le décedz de feu Charles de Belloy, son frère, qu'aultrement audit lieu du Lys. de plus ample déclaration et désignation de ladite terre et seigneurie ledit sieur de Montcrespin s'est tenu pour content, disant les bien sçavoir pour y estre demeurant depuis ti ois ans eu ça ». De cet acte il ressort que la terre du Lys avait appartenu au xvie siècle à la famille de Belloy, dont l'héritière, Jeanne, l'avait apportée en mariage à François Le Maire de Boullan en 1506 sans doute, la fille de François et de Jeanne, nommée Françoise, avait épousé Charles de Marc, seigneur de Montcrépin, et le jeune ménage avait établi sa résidence au manoir du Lys; disons tout de suite qu'un acte postérieur désigne la nouvelle dame du Lys sous le nom de « Françoise de Boullan, dite Le Maire

La terre du Lys mouvait en plein fief de la seigneurie de Goussainville, et M. de Montcrépin dressa aussitôt un aveu et dénombrement pour If bailler à messire Jean Nicolai, chevalier, conseiller du Roi en ses conseils d État et privé, premier président en sa chambre des Comptes, seigneur de Presles, Ivors, Goussainville, et baron de Courville en partie. Voici d'abord le domaine propre du seigneur du Lys « Un manoir qui se consiste en deux corps d'hostel tenant ensemble, cour, grange, estables, colombier à pied, jardin, le tout enclos et fermé de murailles, contenant un arpent et demy ou environ » derrière les écuries, un autre boquet de trois quartiers, enclos de fossés près de ce boquet, une pièce d'aunaie et pré de 8 arpents, le pré, dit de la Fosse, tenant d'un côté aux marais et d'autre


côté aux terres labourables; dix arpents de pré en une pièce derrière l'hôtel, tenant d'un côté au marais; la justice haute, moyenne et basse le droit de chasse sur toute la terre et plaine du Lys 50 arpents de bois et garenne en trois pièces, proches l'une de l'autre la première, contenant 28 arpents, tient d'occident aux terres des religieux de Royaumont et d'orient à celles du seigneur du Lys la seconde, nommée le boquet Frémont, contient 12 arpents et touche au chemin de' Boran à La Morlaye la troisième, de 5 arpents, est au nord et au devant du manoir. Puis les pièces de terre une de 60 arpents vers La Morlaye, tenant au grand marais commun une de 30 arpents, tenant au grand chemin de Boran à La Morlaye et d'un bout aux 5 arpents de bois qui sont près de la porte de l'hôtel seigneurial une de 10 arpents à l'ouest, vers l'église; 4 arpents de terre à froment tenant à la sente qui va du Lys à Boran et d'autre côté au petit marais de Boran un arpent au chemin de Boran à Senlis, un arpent près le moulin de la rivière de Boran une pièce de 10 arpents au lieu dit la Justice, tenant aux terres de Rnyaumont; enfin 40 arpents de terre en plusieurs pièces au terroir du Lys.

Suit la liste, très longue (car le sol est fort morcelé), des biens tenus en censive par les habitants du Lys et des villages voisins. Ce document révèle l'existence de quatorze maisons, sans compter l'église et le presbytère, occupé par le curé Louis Fournier elles appartiennent à des laboureurs, Jean Bigot, Adrien Antheaume, Guy Devillaine, Pierre Parisis, Thomas Monnier, Florent Deschamps à Louis Deshayes, marchand jardinier, à Martine Levasseur, veuve de Jean Moreau, tisserand en toiles, à Thomas Barbault, pâtre et garde des bêtes à cornes du Lys la maison de Parisis est près de l'église les deux maisons de Guy Devillaine sont aussi près de l'église, tenant d'un côté au jardin du presbytère, d'un bout sur la rue et d'autre bout au marais et au pré de l'église. Ces quatorze maisons ne constituent pas tout le village du Lys elles en forment la partie orientale. La partie occidentale était dans la censive de l'abbaye de Royaumont (dont l'abbé était seigneur du Lys en partie), et comprenait cinq ou six maisons situées au long de la rue du Lys, sur une longueur


d'environ 220 mètres, depuis la grande route de Viarmes à Gouvieux jusqu'à un sentier qui subsiste et qui relie la rue du Lys au grand chemin de Senlis. Ce sentier formait la séparation des deux seigneuries. En outre, en face du point où la rue du Lys aboutit sur la grande route, se trouvait une importante ferme appartenant à l'abbaye de Royaumont et dont les terres, environ 150 hectares, sont comprises dans la forêt actuelle, au dessus de ce qui subsiste de l'ancien village. De cette ferme, située dans un grand enclos, il reste la maison où furent loges les gardes de la forêt au temps de M. le duc d'Aumale. Le château du Lys, dont on ne trouve plus le moindre vestige, était assez éloigné du village il se trouvait sur le chemin du Lys à La Morlaye, tout près et à l'ouest du point où la route de la Cave débouche de la forêt pour se continuer par la chaussée de Baillon. L'aspect de ce territoire a été si complètement bouleversé par la disparition des terres cultivées, la plantation de la forêt, la création de nombreuses routes, qu'on ne peut se rendre compte de l'ancien état des lieux que par la comparaison des plans de l'époque avec les cartes modernes. Signalons encore une maison dont on chercherait vainement la trace au milieu de la forêt la Muette du Lys ou maison de la Garenne, située à la pointe septentrionale des 28 à 30 arpents de bois qui s'étendaient au dessus de l'espace compris entre le château et l'eglise. Il n'y avait alors pas d'autres bois dans toute la plaine du Lys, sauf quelques petits boquets appartenant a des particuliers. Quant aux maisons qui dépendaient de l'abbaye de Royaumont, elles étaient habitées en 1G0O par Jacques B'on, marchand, Jean Mardret et Claude Tesson, laboureurs, Simon Itabier et Martin Fleury, manouvriers. En somme, le village se compose alors d'un manoir seigneurial, écarté à l'est, d'une église, d'une vingtaine de maisons, et, à l'ouest, de la ferme de Royaumont.

Charles de Marc, seigneur de Montcrépin et du Lys, mourut le 7 janvier 1632, et sa veuve, Françoise Le Maire de Boullan, le 22 janvier 1638. Tous deux furent inhumés dans l'église du Lys. Leur épitaphe portait qu'ils a\ aient laissé à l'église une rente de 10 livres pour dire un libéra, sur leur tombe tous les dimanches après la grande messe, et une grande messe et


vigiles le jour anniversaire de leur mort. Après eux, la seigneurie du Lys appartint à leur troisième fils, Henri de Marc le 7 mai 1638, il en fit la foi et hommage à Antoine Nicolai, seigneur de Goussainville, premier président en la Chambre des Comptes il lui paya la somme de 300 livres tournois « pour les droits de relief et pour les mutations advenues tant par les décedz de Charles de Marc, son père, de Philippe de Marc, son frère, le délaissement de la damoiselle de Boullan, sa mère, que par l'acquisition qu'il a faite d'Antoine de Marc, son frère »

Dix ans après, Henri de Marc mourut à son tour. Le 2 août 1648, Jean de Saint-Leu, « intendant de la ville de Senlis, demeurant à Coye, fondé de procuration spéciale de damoiselle Louise de Boullan, veuve de feu Henry de Marcq, escuier, seigneur du Lis, demeurant au Lis, au nom et comme tutrice de damoiselle Magdeleine de Marcq, fille dudit deffunct et d'elle, aagée de cinq ans et demy », porta au château de Goussainville la foi et hommage due à messire Antoine Nicolai. Il est probable que la petite Madeleine mourut jeune, car il n'est plus question d'elle par la suite. La terre du Lys, je ne sais par quels arrangements, revint à la famille de Boullan, non pas à la seule veuve de Henri de Marc, Louise de Boullan, mais aussi à une Jeanne de Boullan qui pouvait être sa sœur et qui mourut au Lys en 1659.

Le 7 mai 1659, « damoiselle Jeanne de Boullan, fille d'âge nubile, estant de présent demeurant en la maison seigneuriale du Lys, gisante au lit malade, toutefois saine d'esprit et d'entendement », fit appeler le notaire de Beaumont, Regnault Lejeune, et lui dicta son testament en présence de témoins. Elle léguait à l'église du Lys « la somme de 550 hvres tournois qui seront constituées à intérest au taux du denier 18, laquelle rente sera employée à faire dire trois services annuels et à pei'pétuité, sçavoir le premier le jour anniversel de son décez, le second au premier jour vacant après la Pentecoste, et le troisiesme le lendemain de la Purification ou tel autre jour suivant en cas d'empeschement, auxquels services sera dit les vigiles à neuf leçons, recommendasses, le Libéra sur la tombe avec le De profunclis et oraison, et seront annoncés aux


prônes les dimanches précédents oultre ce, sera fait pareille recommandation es festes principales de l'année aux prônes qui se feront de laquelle rente sera payé au sieur curé 15 livres, et le pardessus à ladite église, et sera fourni par ladite église et marguilliers lors en charge les luminaires, ornemens, calice et tout ce qui conviendia administrer pour la décoration desdits services ». La somme léguée, produisit une rente de 30 livres 11 1 sols 1 denier, et la terre du Lys en demeura chargée.

Louise Le Maire de Boullan épousa en secondes noces Henri de Belloy. Le 3 février 1665, Nicolas Nicolai, seigneur de Goussainville, lui délivra, signé de sa main, un extrait de l'aveu et dénombrement du Lys reçu en l'an 1600 puis le 20 septembre, Louise de Boullan, « femme autorisée par justice au refus de messire Henry de Belloy, chevalier, seigneur de Fontenelle, son mary », fit dresser un acte de foi et hommage par devant Nicolas Chastellain, greffier et tabellion ordinaire de la prévôté et marquisat de Goussainville. Il est probable qu'elle n'eut pas d'enfant de ce second mairage, car après elle la terre du Lys appartint à un membre de sa famille, René Le Maire de Boullan, seigneur de Parisis-Fontaine, Bercourt et Longueil; il n'en jouit pas longtemps, et mourut peu après, laissant trois enfants, Antoine, Benoît et Geneviève, dont le premier seul était majeur.

Le 13 juin 1G8G, par devant Georges Thibault, notaire à Saint-Leu-d'Esserens, Antoine Le Maire de Boullan bailla la terre et seigneurie du Lys, à titre de ferme et prix d'argent, pour 'l'espace de neuf ans, à Guillaume Quinepeut, Catherine Turbier, sa femme, Jacqueline Tesson, veuve, et Louis Turbier, demeurant au Lys. La redevance annuelle était fixée à 1500 livres. Le bailleur se réservait « la cave, cuisine, sallette, les deux salles ensuite, le grenier sur la grande salle de l'hôtel seigneurial, l'usage do l'écurie proche la remise et du jardin dudit hôtel pendant que ledit seigneur ou autre de sa part sera au Lys, et encore l'avenue du bois et allée qui conduit de la maison seigneuriale à l'église ».

Deux ans après, le 30 septembre 1G88, Antoine Le Maire de Boullan, chevalier, seigneur de Parisis-Fontaine, Bsrcourt et


Longueil, agissant tant en son nom que pour son frère et sa sœur encore mineurs, vendit la terre et seigneurie du Lys à Henri-Jules de Bourbon, prince de Condé, à la charge d'entretenir le bail de 1686 ou de dédommager les fermiers. L'acte mentionne que la terre du Lys est grevée de « 40 livres 10 sols de rente en plusieurs parties vers l'église et cure du Lys pour des obits ». Le prix d'acquisition était de 38.000 livres, dont 27.460 furent versées au vendeur le reste fut ainsi réparti « 4.000 livres aux Carmes deschaussez de Senlis pour le principal de 200 livres de rente qui leur ont esté léguées par 'deffunte dame Louise Le Maire de Boullan par son testament du 6 juillet 1678 6.000 livres aux héritiers de deffunte damoiselle Anne Le Roy, à laquelle ladite deffunte dame avoit légué ladite somme 510 livres aux religieux pénitens de Franconville pour le remboursement de 30 livres de rente au denier 18 à eux deues par ladite dame de Boullan par contrat du 17 septembre 1683. ». La présence de mineurs nécessita l'avis d'un conseil de famille, et l'acte de vente fut approuvé par Claude de Verny, seigneur de Faverolle, oncle Marguerite Le Maire de Boullan, fille âgée, tante, demeurant à Senlis François de Reins, chevalier, seigneur de Saint-Lubin, oncle à cause de sa femme; Nicolas d'Anglos, chevalier, seigneur du IIamel, beaufrere Adrien de Villepoix, chevalier, seigneur dudit lieu, et Louis Charondas, chevalier, seigneur de Cauly, cousins. Le manoir du Lys devint définitivement une ferme. Nous avons le bail consenti, le 26 mars 1710, à Denis Taupin et Marie Mennessier. Ils eurent pour successeurs, le 20 décembre 1716, Jean Mahieu et Simone Tesson, auxquels le petit domaine fut affermé par le fermier général de Chantilly, Alexandre Masson des llazards, moyennant 2G0 livres par an, deux dindons et six poulets. Ce faible prix indique une diminution du domaine en culture et annonce les projets du seigneur de Chantilly. En 1719, le duc de Bourbon fit labourer et planter t)ute la plaine du Lys, y compris les terres qui appartenaient à des particuliers, mais dont il était le seigneur censuel. La forèt du Lys, qui contient environ 1000 hectares, est donc une forêt toute moderne. Il y subsista longtemps des enclaves, surtout sur le territoire de Gouvieux, au dessus de la Vieille-


Route prolongée. Les archives de Chantilly conservent une foule de contrats d'acquisition, passés de 1718 à 1790. Un des premiers fut celui du 11 novembre 1718, par lequel le prince acquit les biens de la fabrique du Lys, 18 arpents 3 quartiers de terre en neuf pièces, qui lui furent cédés par l'assemblée de paroisse composée de François Fleury, curé, François Parent, marguillier, receveur de la fabrique, Nicolas Taupin, Denis Taupin, Jacques Goujon, Jean Mahieu, Louis Mennessier; le prix était de 800 livres, représentées par une rente annuelle et perpétuelle de 40 livres, remboursable en biens fonds elle ne fut jamais remboursée, et cette rente s'ajouta à celle de 40 livres 10 sols dont la seigneurie était dejà grevée. A l'origine, il n'y avait dans la plaine d'autres chemins que ceux du Lys à Royaumont, Boran, Précy, Gouvieux, Senlis et La Morlaye le duc de Bourbon et son fils Louis-Joseph, prince de Condé, créèrent toutes les autres routes qui coupent la forêt du Lys, celles qui la relient à la forêt de Chantilly à l'est, et, au sud, au bois de Bonés à travers les marais de la Thève. Les religieux de Royaumont suivirent l'exemple du duc de Bourbon et plantèrent en bois les terres qu'ils possédaient au-dessus du village du Lys, soit environ 150 hectares. Quand la forêt fut créée, les chemins tracés, le prince se debarrassa des bâtiments, terres et prés excentriques. Le 17 novembre 1735, il vendit à Firmin de Monsure, chevalier, seigneur de Monsure, Tillet et autres lieux, et à dame Catherine-Agnèse Gibout de Lamaury, sa femme, demeurant à Senlis, « les bâtimens de la maison et ferme seigneuriale de la seigneurie du Lys actuellement existans, cour et jardin en dépendant », quelques pièces de terre et pré, « la maison appelée du Cabaret, tenant de face à la rue du Lys, d'un côté au chemin qui conduit à Royaumont, d'autre à unp maison réservée par le vendeur, le tout pour être tenu en roture à la charge d'un sol de cens par arpent, le prince gardant tous droits de seigneurie. Il se réservait aussi la place située devant l'entrée de la ferme, avec les ormes qui l'ornaient. L'acquéreur s'engageait à faire détruire, dans l'espace d'un an à dater du jour de la vente, « tous les bâtimens et ferme seigneuriale actuellement existans, en sorte qu'il ne reste aucune habitation


ni autres bâtimens ». C'est ainsi que disparut le vieux manoir du Lys.

La maison du Cabaret formait l'angle méridional de la rue du Lys et de la route de Royaumont, en face de la ferme de l'abbaye. Elle avait été acquise au xvne siècle par Louise Le Maire de Boullan, ainsi que les deux maisons qui suivaient immédiatement, et en face, au nord de la rue, à l'angle du grand chemin, une grange avec 5 quartiers de terre, le tout dans la censive de l'abbaye de Royaumont. Le 27 décembre 1738, le prince de Condé reconnut devoir à l'abbaye un cens annuel de 16 s. 9 d. pour la maison qu'il s'était réservée près du Cabaret en vue d'y loger un garde, et pour un arpent 10 perôhes de terre au nord de la rue.

La paroisse du Lys était pauvre, et le curé vivait surtout du droit de dîme qu'il exerçait sur les terres. Quand le duc de Bourbon créa la forêt, il décida, mais sans contracter d'obligation, qu'une somme de 450 livres serait annuellement payée au curé à titre d'indemnité pour les plantations faites sur les terres décimables de la cure. Le curé Charles Duflos de SaintEnne s'en contenta il n'en fut pas de même de ses successeurs, Mille et Ransson, qui, de 1750 à 1772, ne cessèrent de protester contre la modicité de cette indemnité. Il leur fut constamment répondu que la somme de 450 livres était supérieure a celle qu'aurait produite la perception de la dîme sur les terres plantées en bois depuis 1719. Ils réclamaient aussi, pour la fabrique, 3 quartiers plantés en bois près du boquet de Boran et qui, selon eux, n'avaient pas été compris dans la vente des terres de la fabrique en 1718 à chaque réclamation, on s'évertua vainement à leur prouver qu'ils étaient dans l'erreur. C'est que la fabrique n'était pas riche, et à grand'peine pouvait-elle subvenir à l'entretien de l'église. En 1757, Alexandre Legrand, de Chantilly, eut l'adjudication des « réparations et construction à faire à l'église et au presbytère de la paroisse du Lys » la dépense montait à 790 livres, dont les deux tiers incombaient au curé, « tant en qualité de gros décimateur du Lys qu'à cause des réparations locatives et usufruitières au presbytère ». Les travaux terminés, le curé et la fabrique refusèrent de payer les sommes dues à l'entrepreneur,


et celui-ci fit opposition, entre les mains du trésorier du prince de Condé, au paiement des rentes ou indemnités servies annuellement au curé comme à la fabrique. Le 10 décembre 17.17, le Conseil du prince autorisa son trésorier à payer à Legrand « la somme de 450 livres d'une part, qui est due au sr Mille, curé, et échue au 30 novembre 1757, et celle de 241 1. 13 s. d'autre part, due tant audit curé qu'à la fabrique du Lys pour les années 1755, 1756 et 1757 », soit un total de 69l 1. 13 s.

Il est probable que le curé se plaignit aussi de sa misère aux religieux de Royaumont, dont une partie des terres, plantée en bois, était comprise dans la nouvelle forêt. Dans ce bois de Royaumont, se trouvait enclavé un morceau de 55 ares qui appartenait à la cure du Lys, et sur lequel, en 1819, la fabrique de La Morlaye éleva des prétentions « comme étant aux droits de la ci-devant fabrique du Lys conformément à l'arrêté du Gouvernement du 7 thermidor an xi » (26 juillet 1803). C'est donc à cette dernière date que la paroisse du Lys fut supprimée et rattachée à celle de La Morlaye. En 1819 aussi, la fabrique de La Morlaye demanda au prince de Condé le paiement des rentes servies à l'église du Lys jusqu'à la Révolution. Le 27 mai 1819, M. Lemoine de Gatigny, intendantgénéral du duc de Bourbon, adressa la lettre suivante « à Messieurs les curé et marguilliers de l'église de La Morlaye S. A. S. Msr le duc de Bourbon a reçu la réclamation que vous lui avez adressée pour rentrer en jouissance de deux parties de rente, montant ensemble à 80 f. 50 c., constituées originairement au profit de l'église du Lys. Vous annoncez à S. A. S. que l'église du Lys, ayant été supprimée, a été réunie à celle de La Morlaye, mais que les rentes appartenant à l'église supprimée étant concédées à celle qui la remplace, vous priez S. A. S. de vouloir bien rétablir l'usage de cette rente en faveur de l'église de La Morlaye. M«r le duc de Bourbon me charge, Messieurs, de vous prévenir qu'il vous accorde votre demande avec beaucoup de plaisir, et que cette rente vous sera payée à compter du 1" janvier dernier, sous la condition d'acquitter à l'avenir les fondations pieuses qui ont été le motif de cette rente, mais négligées depuis longtemps ».


En 1815, le prince de Condé était rentré en possession de son domaine forestier. Comme tous les bois provenant de couvents ou d'églises, le bois de l'abbaye de Royaumont enclavé dans la forêt du Lys avait contribué à former le Domaine extraordinaire de l'État dont l'aliénation fut autorisée par la loi du 15 mai 1818. Le 9 novembre 1819, par devant le sous-préfet de Senlis et les agents de l'Enregistrement et des Domaines, le duc de Bourbon acquit aux enchères publiques « le bois des Moines », situé dans la forêt du Lys, commune de Gouvieux, confrontant du nord et de l'est aux bois du prince, du sud aux marais du Lys, de l'ouest aux dits bois du prince et à des terres et prés appartenant à divers particuliers, d'une contenance de 159 hectares 79 ares.

La ferme de l'abbaye avait été aliénée. Le 10 novembre 1792, les administrateurs du directoire du district de Senlis adjugèrent à Louis-Denis Moreau fils, marchand de dentelles à Chantilly, « une maison sise au Lys, composée de plusieurs appartements au rez-de-chaussée et au premier, cour, jardin, écurie, etc., et un jardin clos de murs, contenant environ trois arpens, dépendant de la ci-devant abbaye de Royaumont, et occupée par le C. Parsonnier, garde », au prix de 10.200 livres. Le 15 mai 1810, Louis-Denis Moreau et Charlotte-Adélaïde Peyrard, sa femme, vendirent à M. Antoine Lefèvre, cultivateur demeurant au Lys, « une maison située au Lys, composée de trois pièces au rezde-chaussée et au premier étage, grange, étable à vaches, toit à porcs, un petit bâtiment à côté de la maison bourgeoise dans lequel il y a un bûcher, et cave dessons, un jardin potager enclos de murs, une partie de bois servant de garenne. et l'emplacement de la maison bourgeoise construite par les vendeurs, lesquels s'obligent de la faire démolir incessamment et d'enlever tous les matériaux, sauf les pierres qui proviendront de ladite démolition et qui font partie de ladite vente le tout contenant un hectare 53 ares 21 centiares (ou 3 arpents environ), tenant d'une part à la route de Royaumont et des autres parts aux bois impériaux ».

Antoine Lefèvre fut plus tard garde-général des forêts de Chantilly; son uniforme et son épée, offerts au Musée Condé par sa petite-nièce, M"* Hémet, sont exposés dans une vitrine


de la salle du Jeu-de-Paume. Le 5 avril 1829, il vendit la maison du Lys au duc de Bourbon, qui en fit une ferme. Le 5 juillet 1852, le duc d'Aumale vendit la ferme du Lys, avec les terres et prés en dépendant, au total GO hectares en 11 pièces, à M. Emile-Alexandre-César Lefebure de Sancy de Parabère, au prix de 75.000 francs. Le 22 octobre 1876, la veuve de M. de Sancy, Charlotte Lefebvre des NoHtes, céda, moyennant 12.000 francs, la maison avec l'enclos, comprenant plus de deux hectares, à M. le duc d'Aumale, qui l'affecta au logement des gardes de la forêt.

Enfin, le 12 février 1894, le prince vendit au baron Henri de Rothschild la maison et la forêt du Lys, pour le compte de l'Institut de France, nu-propriétaire du domaine de Chantilly. G MAÇON.


Le Fief de la Cave

A GOUVIEUX

Ce fief est aujourd'hui représenté par la maison dite des Bouleaux, propriété de M. Amie. La seigneurie de Gouvieux appartenait, on le sait, à l'abbaye de Saint-Denis, qui la vendit au xvii* siècle au Grand Condé mais le fief dont nous allons tracer un court historique en fut toujours distinct et appartenait au moyen-âge aux seigneurs de Boran aussi l'appela-t-on d'abord le fief de Boran, ou Borrenc, selon l'orthographe ancienne.

Au xiv" siècle, la famille de Gisay possède la terre de Boran. Jean de Gisay, écuyer, eut deux fils et une fille, Guillaume, Étienne et Jeanne, qui hérita de ses frères. Elle épousa Robert de Bordeaux, dont elle eut une fille, Guillemette, mariée à Jean du Bosc, écuyer. Ceux-ci n'eurent aussi qu'une fille, Jeanne, qui porta en mariage la terre de Boran et notre fief à Jean de Sovenart, écuyer. En 1458, Jean de Sovenart et sa femme vendirent leur seigneurie de Boran et Gouvieux à noble homme Oudin Qucruel, écuyer, sieur de Martainville. L'orthographe du nom de cette nouvelle famille se modifiera au début du xvie siécle, et Quéruel deviendra Karuel.

Le chef-lieu du fief paraît être alors en ruine; c'est une situation générale dans nos campagnes au sortir de la guerre de Cent Ans. Aussi le seigneur de Boran chercha-t-il un tenancier pour remettre son bien en valeur. Le 2 juillet 1474, des lettres d'Étienne Menton, garde du scel de la châtellenie, de Creil, notifient que par devant Noël Lebel, clerc, tabellion juré en ladite châtellenie, « comparut Guillaume Vinant, demeurant à Précy, lequel reconnut avoir pris à titre de droit cens, annuel et perpétuel, de Oudard Quéruel, écuyer,


seigneur de Borrenc, par la main de son fils Jehan Quéruel, une masure close de fossez, avec la cour, jardin et tout le lieu comme il se comporte, qui jadis fut messire Regnier de Précy (voici le nom d'un seigneur antérieur aux Gisay), faisant le chef-lieu d'un fief que ledit seigneur a à cause de sa terre et seigneurie dudit Borrenc en la ville, terroir et appartenances de Gouvieux, séant icelle masure audit Gouvieux à la Garenne, avec toutes les terres, prés et jardins appartenant audit fief et dépendant de ladite masure et lieu, assis audit Gouvieux et environ, avec une autre masure etcaue qui est près de la masure ci-dessus déclarée ». Cette cave, vestige d'une ancienne maison ou manoir, finit par donner son noni au fief. Le bailleur se réservait tous les droits seigneuriaux, « cens, rentes, avoines, chapons, justice et seigneurie appartenant audit fief » la redevance annuelle était fixée à 8 livres tournois et 2 chapons; le preneur s'obligeait à édifier « maison manable sur ladite masure, et les terres labourer bien et suffisamment, et tout mettre et tenir en bon état ». Voici donc l'acte de naissance, ou plutôt de renaissance, de notre fief. Nous ne connaissons pas les tenanciers qui succédèrent h Guillaume Vinant; nous pouvons cependant citer, en 1530, demoiselle Jeanne de Sebonvalle, et, en 1543. Jean Chottier, marchand laboureur.

Outre le domaine direct, que nous mentionnerons plus loin, ce fief comportait de nombreux héritages tenus à cens ou rente; ils appartenaient presque tous à des habitants de Gouvieux et se trouvaient dispersés dans le village et aux environs. Ils sont énumérés dans un cahier de déclarations dressé en 1518 pour Jean Karuel. seigneur de Boran, de Méré et de Martainville, « à cause de son fief de Gouvieux estant du corps de sa seigneurie de Borrenc ». Il est intéressant de donner l'analyse de ce cahier, dont le premier et le dernier feuillet ont malheureusement disparu, car, outre les noms des habitants de Gouvieux, on y trouve les lieux-dits dont certains subsistent rue de la Treille, rue des Repas, rue des Tertres, etc.. Les vignes sont en Génard, en Bélizet, à la rue de la Treulle (Treille); les terres et les prés sont aux Repas, à Faigne, la Mothe-Louvet, Crosne, la voie Bernaise ou Bournaise, au


courtil Pierre le Borgne, à l'Épinette, au bout de Chaumont, à la Couture, au Coq blanc, à Maubuisson, Burosy, au Tertre, à la uoie Lisaise, aux Glaises, à la fontaine de la Roche, au passage Merci-Dieu, à la Terrière, en Marisy, à la fosse Demi-pré, à l'île Lambelet, aux Planches, à Saint-Germain, à la rue des Marais, à la Goussolle, au Sausset autrement dit Marisy, à Thouvoye, etc.. En voici les propriétaires Colette la Brune, fille de Denis le Brun; Martin Gérard, Jacques Protin, Jean Gonthier, Toussaint le Clerc, Jean Devaux, Guillaume Quinepeult, Guillaume Duquesnel, Toussaint Guérin, Jean Mulot; Jacques, Martin, Jean et Étienne Quinepeult; les Tesson, les Mennessier, les Foyen, dont les noms ont persisté si longtemps. Citons encore d'autres noms de famille Delamotte, Bunel, Dagornel, Coqu, Desjardins, Marquet, Truppet, Aubert, Martin, Fauveau, Musart,.Duval, Léauté, Debrébant, Chiquet, Couvreux, Chrétien, Leborgne, Méthelet, Gourdault, Colin, Offroy, Mahieu, Geoffroy, Landon, Lemonnier, Psautier, etc.; Jean Panart, dit de Piennes, « franc archer pour le roy u; Guillaume Guérin, procureur et receveur de l'abbaye de Saint-Denis à Gouvieux; Gérard Lefevre, prévôt de la justice de l'abbaye à Gouvieux Guillaume Lefèvre, sergent de l'abbaye. C'est alors le triomphe de la petite propriété. Quatre maisons sont tenues à cens et rente une dans la rue du Saussoy, elle appartient à Jean Gonthier trois dans la rue de Velargennes, sans doute démembrement d'une grande maison qui appartenait dès le xive siècle à la famille Tesson une est à Guillaume Tesson, la seconde à Martin Tesson, la troisième à Jean Psautier.

Le 1C juillet 1530, Guy Karuel, écuyer, seigneur de Boran, et l'ernelle de Refuge, sa femme, vendirent à noble homme Jean Potart, écuyer, seigneur de Brizemont et de Morency-laVille, au prix de 590 livres tournois, « un fief, noble tenement, ses appartenances et appendances, assis au village de Gouvieux et communément appelé le fief de Borrenc, ainsi que ledit fief se comporte tant en cens, rentes, hommages, reliefs, seigneurie, justice, que autres droits seigneuriaux, avec 8 livres tournois de surcens annuel et perpétuel à prendre sur la maison, fief, terre et seigneurie dudit fief, que tient à présent


demoiselle Jeanne de Sebonvalle ». Huit ans après, Jean Potart rétrocéda son acquisition à Guy Karuel. Enfin, le 15 avril 1543, Antoine de Saint-Leu, garde du scel aux contrats de la ville et châtellenie de Beaumont, délivra des lettres notifiant que par devant Nicolas de Saint-Leu, notaire à Beaumont, messire Guy Karuel, seigneur de Boran, commissaire ordinaire des guerres et gentilhomme de la maison du roi, et Pernelle de Refuge, sa femme, vendent à noble homme Mathurin du Pont, seigneur de la Cave, gentilhomme de la fauconnerie du roi, et à Françoise de Belloy, sa femme, un fief nommé le fief de la Cave, assis à Gouvieux, « pour en jouir comme en a joui et jouit à présent Jehan Chottier, marchand demeurant à Gouvieux ». Le prix etait abaissé à 400 livres tournois. Les vendeuis s se réservaient « la souveraineté et relief du fief aux droits et prouffits de relief quand le cas y escherra, selon la coustume de relief deu par usance des fiefs estans dans la chastellenie de Mello, qui est du bailliage de Senlis ». C'est donc au seigneur de Boran que le seigneur de la Cave devait porter foi et hommage, fournir aveu et dénombrement, et payer les droits dus pour cause de succession-ou de transmission.

Nous avons, à la date d'octobre 1544, « le dénombrement et déclaration que baillent par escript les habitans de Gouvieux cy après nommés à noble homme Mathurin du Pont, escuier, seigneur de la Cave, fauconnier de la fauconnerie du roy nostre sire, des maisons et héritages qu'ils tiennent de luy à cause de son fief qu'il a pris de monsr de Borenc, scitués au terroir de Gouvieux n. Jean Chottier possède une maison dans la rue de Velarnennes, la grande rue; dans la même rue, la maison des Tesson est ainsi divisée « Guillemette Tesson, fille mineure de Guillaume Tesson, deux espaces de grange avec sa partie d'un jardin, tenant d'une part à Nicolas Langlois, d'autre part à la cour, d'un bbut audit Langlois, avec deux espaces d'estables Jehan Tesson le jeune, fils de Guillaume Tesson, luy est échu trois espaces de maison séant en la rue Velargennes, tenant d'une part à Nicolas Langlois et d'autre à la cour, d'un bout à Simon Descourtieux à cause de sa femme, d'autre bout à Denis Tesson; à Denis Tesson est échu pour sa part d'une maison séant en la rue Velargennes, assavoir


deux espaces de maison avec trois espaces de granges et estables, tenant d'une part à Jean Chottier, d'autre à Toussaint Méthelet ». Nicolas Langlois et les héritiers de Denis Langlois possèdent des jardms en la même rue JeanNoudart, marchand à Senlis, détient 77 verges de pré et jardin au lieu dit les Repas, tenant d'une part aux hoirs Denis Langlois, d'un bout à la rue de Velargennes, d'autre bout à la rue de la Treulle (rue de la Treille). Loys le Clerc possède une maison en la rue de Chaumont. Des biens en censive sont tenus par Germain le Borgne, Pierre Morand, Jean de la Fontaine, sire Pierre de la Motte, Pierre Foyen, Jean Duval, Jean Marquet, Louis Quinepeult, Jean Duquesnel, Massin Bunel, Jacques Lefebvre, Jean Mayeux, Geffroy Conin, Guillaume Quinepeult, Gaspard de Méry, Jean Gontier, Clément Tesson, Jean Protin, Pierre Guérin, Nicolas Duquesnel, Robert Desjardins, Nicolas Duclou, Toussaint Guérin, Simon Quinepeult, Noël Rabier, Gérard Defrance, Nicolas Musart, Jean Gérard, Jean Fauviau, Jean Coqu, Denis Guérin, Jacques Mahieu, Antoine d'Angicourt, Jean et Michel Méthelet, Denis et Étienne Mennessier, Pierre Bourillon, Philippot Regnard, la veuve de Jean Mulot, etc.. La fille de Mathurin du Pont, Françoise, épousa Marcolin Pupal, écuyer, gentilhomme de la fauconnerie du roi, qui devint ainsi seigneur de la Cave le 3 octobre 1560, il bailla l'aveu et dénombrement du fief à Guy Karuel, chevalier, seigneur de Boran. Le domaine direct du fief est ainsi composé: la maison et lieu seigneurial de la Cave, cour, jardin, colombier, grange, étable une pièce de bois et garenne contenant 10 arpents, tenant d'un côté au chemin de Boran près du bois et de la maison, une pièce de terre de 13 arpents et une autre de 20; devant la maison, une pièce de pré de 10 arpents un clos de vigne de 2 arpents deux autres pièces de terre de 7 et 2 arpents. Vient ensuite la liste de tous les héritages particuliers qui doivent cens et rentes les maisons que nous avons déjà rencontrées sont ainsi désignées « les héritiers Jehan Chottier, pour une maison, cour, jardin, terre derrière, où pend pour enseigne l'image saint Nicolas, séant au lieu dit la rue Velargenne, tenant d'un côté aux hoirs Guillaume Tesson, d'autre côté à Martin Tesson, 6 deniers parisis » Martin Tesson,


maison, cour, jardin, terre derrière, à la rue Velargenne, tenant d'un côté aux hoirs Jean Chottier, d'autre aux hoirs Denis Langlois Jean Tesson, greffier, trois espaces de maison, grange, étable, séant à la rue Velargenne, tenant d'une part aux hoirs Nicolas Langlois, d'autre côté à la cour, d'un bout à Denis Tesson; -Denis Tesson, pour sa part d'une maison, cour, jardin, étable en la même rue, tenant d'un côté à Martin Desjardins, d'autre côté aux hoirs Jean Chottier, d'un bout sur la rue Guillaume Méthelet possède une maison en la rue de Chaumont, etc. En 1566 fut dressé un « papier cueilleret des censives deubz à noble homme Marcollin Puppal, escuyer, seigneur de la Cave, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roy nostre sire, et fauconnier de sa fauconnerie et de Monseigneur le Connestable ».

De Françoise du Pont, Marcolin Pupal eut trois fils, Claude, César, François, et une fille, Léonore, mariée, par contrat du 8 novembre 1571, à Balthazar Hourier, écuyer, seigneur de la Boissière. Le fils aîné, Claude, mourut avant son père, laissant deux fils, Henri, né le 1er décembre 1567, et Émery. Le second fils, César, précéda aussi son père dans la tombe, et mourut au début de 1573. Devenu veuf, Marcolin Pupal épousa en secondes noces, par contrat du 14 novembre 1573, Claude de la Mare, demoiselle d'Essuilles. Voici le contrat « Comparut personnellement Marcolin Pupart (sic), escuyer, seigneur de la Cave, gentilhomme de la fauconnerie de monsieur le mareschal de Montmorency, demeurant audit lieu de la Cave, d'une part; et damoiselle Claude de la Mare, damoiselle d'Essuilles, assistée de François et Charles de Franssures, aussy escuyers, ses beaulx frères, gentilshommes de la fauconnerie du Roy nostre sire et recongnurent volontairement, pour parvenir au traicté de mariage encommencé par parolles et devis, et qui au plaisir de Dieu prendra perfection en face de nostre mère hidncte Église, entre ledict Pupart, escuyer, avec ladicte damoiselle, avoir faict, firent et font par ces présentes les dons, déclarations, accodz, traictez et promesses matrimonialles cy après déclairées; c'est assavoir que ledict Pupart pour parvenir audict traicté de mariage a donné, cédé, et délaissé. à ladicte damoiselle Claude de la Mare la moictyé


de tous et chacuns ses biens, terres, héritaiges, acquestz, conquestz et biens immeubles à luy appartenans et faictz constant le mariage de luy et de sa feue femme et depuis durant sa viduité. pour en jouir par ladicte damoiselle en tous prouffictz sa vie durant tant seullement aprez le décez dudict Pupart, escuyer, et tant que douaire aura lieu et selon les us et coustumes du bailliage de Senlis et conté de Beaumont. Et oultre a esté accordé par ledict Pupart, escuyer, advenant le décez à icelluy premier, ladicte damoiselle aura et prendra ung quart de tous et chacuns les biens meubles qui se trouveront -et pourront trouver au jour dudict décez audict lieu seigneurial de la Cave ensemble aura et prendra ladicte damoiselle la moictyé de tous et chacuns les acquestz et conquestz immeubles qu'ilz feront ensemble durant et constant leur dict mariage; ce faisant a promis et sera tenue ladicte damoiselle payer et acquicter la moictyé des debtes et créances qui se trouveront au jour du décez d'icelluy escuyer estre deues. Et en ce faisant ont promis et promectent ledict escuyer et ladicte damoiselle prendre l'un l'aultre par loy de mariage en dedans quarante jours. Ce fut faict et passé le quatorziesme jour de novembre l'an mil cinq cens soixante treize. Témoins Fiacre Leclercq, patricien demourant à Gouvieux, Robert IIeuzet, escuyer. noble homme Baltazar Horier, escuyer, seigneur de la Boissière, Nicole Lucien, prebtre, Robert de Boullongne et Gilles de Lihuz, tesmoins dudict Essuilles, qui ont signé ce mynut avec lesd. partyes. Lefebvre ».

Tout en signant au contrat du second mariage de son beaupère, Balthazar Ilourier réclamait l'exécution de son propre contrat de mariage, et demandait même sa part de la succession de sa belle-mère Françoise du Pont et de son beau-frère César Pupal. Un arrangement intervint par devant Jean Lobry, notaire à Senlis, et fut enregistré le 7 février 1574 par Jacques Dolé, garde du scel aux contrats en cette ville. Ce document nous apprend que Jean Hourier, écuyer, seigneur de Beaudéduit, avait donné en mariage à son fils Balthazar le fief du Fay au terroir de Thoix, avec d'autres héritages sur lesquels avait été assigné le droit de douaire de Léonore Pupal; de son


côté, Marcolin Pupal avait promis bailler à Balthazar la somme de 1000 livres tournois, faire banquet, et autres choses contenues au contrat en outre, ledit Pupal a baillé à Balthazar la somme de 300 livres tournois pour la fourniture d'une chambre, pour et au lieu que ledit Pupal luy avoit promis bailler tant bestail que plusieurs ustensiles et biens meubles ». Moyennant le paiement d'une somme de 800 livres tournois, que Balthazar promit de remployer en héritages qui seraient propres à sa femme, le gendre tint son beau-père quitte de tout ce qui était porté au contrat et renonça à tout ce qui pouvait lui revenir de la succession de sa belle-mère et de son beaufrère. Balthazar IIourier, seigneur de la Boissière, demeurait alors à Brassy, près Conty en Picardie. L'acte fut passé au château de la Cave.

En réalité, Marcolin Pupal achetait par cette transaction la portion du fief de la Cave qui devait échoir à sa fille Léonore par suite du décès de sa première femme et de son fils César aussi dut-il payer le droit de quint à sa suzeraine, Catherine de Karuel, dame de Bellebrune et de Boran, qui en accusa réception et le reçut en foi et hommage le 21 mai 1580. Trois ans plus tôt, le 7 août 1577, il avait déjà rempli son devoir de vassal envers Catherine de Karuel, « combien que par devant il eust fait tous devoirs envers feu messire Guy de Karuel mais pour recongnoistre ladite dame comme sa dame féodale, luy a fait lesdites foi et hommage et serment de fidélité ». La transaction du 7 février 1574 ne fut ratifiée par Léonore Pupal que le 7 novembre 1580, et, le même jour, elle et son mari vendirent à leurs neveux Henri et Émeiy, moyennant 33 écus un tiers et 12 deniers, les droits successifs qui pouvaient leur appartenir par le décès de François Pupal.

Il est probable que Marcolin Pupal mourut en 1587, car, le 27 et le 29 juillet de cette année, Henri Pupal, le petit-fils aîné, et Balthazar Hourier, comme mari de Léonore, portèrent foi et hommage à Catherine de Karuel. Le droit de relief était de 40 écus d'or Pupal en paya 3G deux tiers, et IIourier 3 un tiers puis celui-ci vendit à son neveu la part, minime d'ailleurs, que le droit successif lui donnait dans la terre et seigneurie de la Cave, dont Henri Pupal se défit trois ans après, par voie d'échange.


Le 6 novembre 1590, comparurent par devant Pierre Hays, notaire à Beaumont, Antoine de Joigny, écuyer, seigneur du Plouy et de Novillers, et Marie de Savary, sa femme, demeurant à Boran; Henri Pupal, écuyer, seigneur de la Cave, y demeurant, et Esther Derain, sa femme. Antoine de Joigny cède à Henri Pupal l'hôtel seigneurial de Novillers et tout ce qui en dépend. Henri Pupal cède à Antoine de Joigny le fief de la Cave, « qui se consiste en une maison, grange, estables, coulombier, fouleries, cave, cour, jardin à verdure, le tout enclos de murailles et fossez, contenant deux arpens 15 arpens de bois taillis situés au devant et à l'opposite de ladite maison 1,0 arpens de pré en une pièce tenant à ladite maison, plantés de saulx et arbres fruitiers; 7 arpens de prés enclos de fossez et plantés de saulx à l'entour; 3 arpens de vignes enclos de fossez et haies vives, assis proche ladite maison; 74 arpens de terres tenues en fief dudit fief de la Cave en six pièces; la somme de 4 livres tournois de menus cens à prendre sur plusieurs héritages détemptez par plusieurs particuliers et tenus à censive dudit fief; plusieurs pièces de pré et 74 arpens de terre labourable en 21 pièces mouvant de l'abbaye de SaintDenis, du prieuré de Saint-Leu-d'Esserens et d'autres personnes un escu sol de rente foncière à prendre chacun an sur Estienne Gesseaume, demeurant à Gouvieux; 20 sols tournois de rente foncière sur les enfants de Nicolas Dagornay; 20 sols sur les hoirs feu Noël Mennessier 10 sols sur Clément Musart; 4 1. 10 s. à prendre sur la veuve Guillaume Lemoyne, à la charge que sur ladite somme de 4 1. 10 s. t. en doit estre desduit et défalqué un escu sol pour subvenir à faire dire, chanter et célébrer ung obiit pour feu Claude de Pupal, escuyer, père dudict Pupal; ledict fief de la Cave mouvant et relevant de la dame de Borrencq à cause de sa terre et seigneurie de Borrencq ». Pupal cède aussi un autre fief situé au Mesnil-Saint-Denis soulte en sa faveur de 1.200 écus sol, dont 200 seront versés à Maître Chastellain, conseiller du roi au bailliage et siège présidial de Senlis, créancier de Pupal; 200 autres écus seront remis à Pupal, et les 800 écus restant seront payés après le décès d'Antoinette Derain, belle-sœur de Pupal, veuve d'Émery de Pupal, qui en touchera l'intérêt à titre de douaire, soit


66 écus 2/3 par an. Que si Esther Derain, survivant à son mari, voulait exercer son droit de douaire sur la maison et fief de la Cave, M. du Plouy jouirait de la seigneurie de Novillers. Antoine de Joigny ne s'installa pas tout de suite à la Cave, car un acte du 16 septembre 1591 nous apprend que Henri Pupal et lui demeurent tous deux à Boran. Par cet acte, Antoine de Joigny, seigneur du Plouy, vend à Henri Pupal 38 arpents de terre et 2 arpents de pré dépendant du fief de la Cave, pour la somme de 400 écus d'or sol, « par le moyen qu'il demeure quitte vers ledit acheteur de la somme de 100 1. t. de rente, faisant moitié de 200 1. t. en quoi led. seigneur du Plouy vendeur estoit tenu et obligé par chacun an à paier audit acheteur pour raison du payement du reste des deniers de l'acquisition par luy faicte du fief de la Cave, lesquelles 200 1. t. led. acheteur avoit laissées pour subvenir au droit de douaire que pourroit cy après prétendre sa femme sur led. hostel seigneurial de la Cave; desquelles 100 1. t., faisant moitié desd. 200 1. t., ledit vendeur demeure par le moyen de la présente vendition quitte et déchargé; et ne restera à payer que lesd. 100 1. t. de reste, et demeureront lesd. 38 arpens de terre et 2 arpens de pré ainsi vendus pour hypothèque de lad. somme de 100 livres tournois de rente ainsi rachetées ».

Il est probable qu'Antoine de Joigny racheta ensuite la terre de Novillers, car il s'intitule seigneur du Plouy, de Novillers et de la Cave dans l'acte de foi et hommage qu'il rendit pour le fief de la Cave, le 6 avril 1598, à Catherine de Karuel, dame de Bellebrune et do Boran. Le 1er mai 1613, Il fit, devant le bailli de Senlis, la déclaration des terres et prés de son domaine tenus en censive de l'abbaye de Saint-Denis. Il eut pour successeur son fils Henri, qui, de 1635 à 1663, habita le plus souvent la Cave et se consacra entièrement à l'agrandissement et l'exploitation de son domaine. Le dossier de la Cave contient un grand nombre de contrats d'acquisition ou d'échange conclus entre lui et les habitants de Gouvieux. Peu sont passés par devant notaires la plupart sont écrits sur papier libre et signés par les intéressés et deux témoins. Plusieurs sont de la main d'Henri de Joigny il signe d'abord Henri de Joigny, puis Le Plouy ou Le Plouy-Belbrune; il


était seigneur du Plouy, de Bellebrune, de Novillers on l'appelait M. du Plouy. Le tabellion de Gouvieux pour l'abbaye de Saint-Denis est alors Claude Mullot. Parmi les habitants de Gouvieux, nous relevons les vieux noms de Taupin, Masson, Foyen, Mahieux, Tesson, Mennessier, Parent, Méry, Laversin, Chrétien, Musart, Thomassin, Durier, Quinepeut, Gesseaume. Dans un acte du 19 mars 1661, Henri de Joigny ajoute à ses titres celui de seigneur de Touteville, et l'acte mentionne qu'il demeure audit lieu de Touteville lez Asnières. Le dernier acte signé par lui porte la date du 18 décembre 1663 il dut mourir au printemps suivant, car, le 11 juin 1664, son fils « Henry de Joigny, dict Blondel » (c'est ainsi qu'il signe), chevalier, seigneur du Plouy, Novillers, Touteville, la Cave et autres lieux, demeurant audit lieu de Touteville, se transporta au château de Boran pour l'acte de foi et hommage dû à Claude-Barbe de Renecourt, veuve d'Henri d'Ardancourt, marquis de Rozière, seigneur de Boran et de la Tour de Morancy, en son vivant lieutenant-général des armées du roi et gouverneur de Marsal. Le 24 juillet 1669, Henri de Joigny, dit Blondel, « demeurant ordinairement au lieu seigneurial de la Cave », présenta l'aveu et dénombrement du fief à la dame de Boran. Le document débute par la description de la maison et des environs « La maison et lieu seigneurial de la Cave, consistant en corps de logis, grange, écurie, étables, colombier à pied, le tout couvert d'ardoise et de tuile, cour, jardin et enclos, anciennement ladite maison enclose et fermée de fossés une pièce de bois en haute futaie et droit de garenne, tenant d'un côté au chemin qui conduit de Gouvieux au Dozay, d'autre et des deux bouts audit seigneur de la Cave une pièce de terre située proche ledit lieu, contenant 13 arpents une autre pièce de terre contigue, 20 arpents une pièce de pré de 10 arpents derrière la maison; une piece de 15 arpents au dessus du bois, tenant d'un côté au chemin qui va de Gouvieux à Boran, d'autre au chemin du Dozay une pièce de terre de 7 arpents située en Crosne, terroir de Gouvieux, tenant d'un côté au chemin de Gouvieux à Toutevoie, d'un bout au pré de Marizy une pièce de terre qui fut anciennement vignes, sise proche la maison, enclose de haies une pièce de terre de deux arpents près de la


maison. Tel était le domaine du fief, mais non pas le domaine entier du seigneur de la Cave, car il possédait d'autres terres qui n'étaient pas dans la mouvance de Boran.

L'aveu énumère ensuite, en 129 articles, les biens tenus en censive du fief de la Cave, soit sept maisons et environ 118 arpents de terre, pré et vigne; chaque arpent est grevé de 4 à 6 deniers de cens. Trois des maisons sont dans « la rue de Villargenne » et appartiennent à Claude Mullot, procureur et tabellion, à Denis Boursier, maçon, et à Guillaume de la Chaussée une masure est dans la rue du Saulsoy et appartient à Antoine Poirée, cordonnier à Gouvieux Denise Durand, veuve Cosme Mullot, possède une masure sur la rue de Chaumont enfin deux maisons, sises l'une près de l'autre au lieu dit la Couture, sont à la famille Delafontaine, représentée alors par Henri Delafontaine, laboureur, Françoise Dumoulin, veuve de Guillaume Delafontaine, et Denise Delafontaine, veuve de Guillaume Tesson et remariée à Jacques Quinepeut. Nous rencontrons pour la première fois dans cet aveu un arrière-fief de la Cave « Un fief situé dans le village de Gouvieux, appelé le fief de Villargenne, qui se consiste en une maison seigneuriale, corps d'hôtel, grange, écuries, étables, colombier, le tout couvert de tuiles, cour, jardins et enclos, le tout fermé de murs, aboutissant sur la rue de Villargenne ». Cette maison représente celle que possédait en 1544 Guillemette Tesson, fille mineure de Guillaume Tesson en effet, en face de cet article du dénombrement de 1544, une main du xvne siècle a écrit cette note « la maison de M. Villargennes ». Cette maison dut être érigée en fief noble sous le règne de Louis XIII nous avons l'acte de foi et hommage rendu par Louis d'Eaubonne, seigneur des Tournelles, de Villargennes et de Thoury, à Henri de Joigny, seigneur du Plouy et de la Cave, le 23 novembre 1647. En 1658, le fief de Villargennes appartient à Charles Budé, écuyer, sr de Baigneaux en 1670, a François Guillory, écuyer, sr de Saveuse, puis à Louis Guillory, dont la veuve, Madeleine Jouanne, fit son testament le 10 août 1679 et choisit comme légataire universelle sa belle-soeur, Claire Guillory, femme de M" Ilector de Guiry.


Ceux-ci eurent une fille, Claire-Madeleine de Guiry, qui épousa, par contrat du 29 décembre 1688, Jean-Louis Guillemin de Kercadou, comte d'Igny, et lui apporta le fief de Villargennes Jean-Louis mourut en mars 1732, et sa veuve le 29 octobre 1736. Leur fils, Jean-Clair, mourut en août 1750, laissant un fils qui avait reçu les prénoms de son grand-père et qui est ainsi désigné dans un acte de 1767 Jean-Louis Guillemin de Kercadou, comte d'Igny, chevalier, seigneur vicomte de Passy, Courcelles, Rozoy, Violaines, Villargennes et autres lieux, capitaine de cavalerie au régiment des Cuirassiers, écuyer ordinaire du Roi. Il avait épousé, par contrat du 23 mai 1744, Marie-Thérèse- Laurence Coupard. Le 28 février 1767, M. d'Igny vendit à Antoine Doisy. bourgeois de Paris, et à Marie-Anne Cayeux, sa femme, « une ferme sise au village de Gouvieux, appelée le fief de Villargennes, tenant d'un côté à la rue de Villargennes, d'autre aux terres qui en dépendent, d'un bout à Claude Mahieu, fils de Jean, aux droits d'Alexandre Mullot, et d'autre bout à Claude Gérard » le prix total était de 11.000 livres, dont 1.500 pour le fief même de Villargennes, et 9.500 pour les biens en roture. Le 15 mars suivant, Antoine Doisy fit dresser l'acte de foi et hommage du fief de Villargennes, « situé à Gouvieux en la grande rue conduisant dudit Gouvieux à Chantilly, communément appelée la rue Villargennes, consistant en une maison et corps d'hôtel seigneurial, granges, écuries, étables, colombier, le tout couvert de tuiles, cours, jardin et enclos, contenant le tout ensemble 145 perches, depuis longtemps joint à un autre enclos tenu en roture de S. A. S. (le prince de Condé) à cause de sa seigneurie de Gouvieux, contenant 585 perches, ledit fief de Villargennes relevant de la seigneurie de la Cave ».

Nous avons laissé le fief de la Cave aux mains d'Henri de Joigny en 1669. Henri n'eut qu'une fille, qui épousa François de Braque, seigneur du Luat, et en secondes noces AlexandreFrançois Simon, écuyer. Du premier mariage elle eut un fils et deux fillps François de Braque, chevalier, Jeanne de Braque, et Louise -Élisabeth, qui épousa Pierre Giboust, sieur de Lamaury, un des 200 chevau-légers de la garde du Roi; du


second lit vint Alexandre-Louis Simon, écuyer, sieur de Brunville. M"18 de Lamaury mourut avant sa mère, laissant une fille mineure, Catherine. Le partage de la succession de Louise de Joigny eut lieu le 15 février 1705; il est dit dans l'acte que François de Braque, sa sœur Jeanne et Alexandre-Louis Simon habitent le château de la Cave. François de Braque, en sa qualité d'aîné, eut pour sa part « le château de la Cave, l'ancienne garenne, contenant 10 arpens, le bois y joignant et le petit bois de réserve pour futaie, qui est en roture, contenant 13 arpens l'avenue de Boran et celle de Gouvieux à Précy, avec les arbres desdites avenues et une perche de terre au-delà des arbres le bois appelé la Vigne, contenant 15 arpens, dont 2 sont en fief et 13 en roture une pièce de terre en fief contenant 12 arpens, sise devant l'hôtel de la Cave, vers Gouvieux l'ancien jardin du château, enclos de haies et de fossés, qui comprend un bouquet d'ormeaux et quelques pièces de terre. Le reste des terres et prés, « tous les bois, tant en plein que vide, nommés les Bouleaux, contenant environ 78 arpens », sont partagés entre les autres héritiers C'est la première fois qu'apparaît le nom des Bouleaux le bois était sans doute de plantation récente.

Le 1er mai 1712, Alexandre-François Simon de Brunville, mousquetaire du roi, qui avait déjà aliéné la moitié de son héritage, vendit le reste à Guillaume Mennessier, laboureur à Courteuil, au prix de 3230 livres, dont 1430 furent versées à un créancier du vendeur, le sieur Desforges, tailleur d'habits à Paris. François et Jeanne de Braque, qui habitaient le château de la Cave, dressèrent immédiatement une demande en retrait lignager, et, le 23 mai, Mennessier leur céda son acquisition moyennant le remboursement du prix.

Jeanne de Braque épousa Charles de Mondcsir, chevalier, seigneur de Chauleney; elle est déjà veuve en 1720. Catherine Giboust de Lamaury épousa Firmin de Monsure, chevalier, seigneur d'Agnières.

Le 2 septembre 1720, M. et M1"" de Monsure, qui habitaient ordinairement Précy, vendirent au duc de Bourbon leur part du domaine de la Cave; outre le prix, 14.000 livres, le prince accordait à M1"* de Monsure, sa vie durant, la jouissance et


habitation de la maison seigneuriale de Rotheleu, près Breuille-Vert, qui lui appartenait. Le 14 septembre, ce fut le tour de Mm. de Mondésir, qui céda sa part au prince moyennant 23.000 livres. L'acte spécifie que MmD de Mondésir, qui demeure à Gouvieux, « conservera pendant sa vie les honneurs qu'elle a dans l'église de Gouvieux et le banc de M. de Braque avec les droits honorifiques ».

Enfin, le surlendemain 16 septembre, François-Henry, marquis de Braque, seigneur de la Cave, y demeurant, vendit son domaine de la Cave au duc de Bourbon moyennant 30.000 livres de prix principal, et 5 000 livres « pour les épingles de la dame son épouse n, Elisabeth-Adélaïde de Chaulcez de Plumault. En outre, « Msr le Duc accorde auxdits seigneur et dame de Braque leur logement dans le château de Verneuil, avec remise et écurie dans le bas château, l'usufruit et jouissance du jardin Duval, ensemble le banc et les honneurs du seigneur dans l'église paroissiale ». Après la mort de Mme de Montereau, qui occupe le château de Chaumontel, M et Mme de Braque quitteront Verneuil et auront « l'usufruit et jouissance du château de Chaumontel, ainsi que le banc et les honneurs du seigneur dans l'église paroissiale ». M. le Duc promettait en outre de faire remettre à M.~de Braque, par le capitaine des chasses de Chantilly, huit douzaines de lapins par an, depuis le 15 juillet jusqu'au dernier jour du carnaval.

Le propre fief de la Cave ne comportait que 89 arpents, mais le domaine entier, tant en fief qu'en roture, avec ce qui mouvait d'autres seigneurs que celui de Boran, comprenait 151 arpents de bois, 340 arpents de terre et 29 arpents de pré. Les bois se décomposaient ainsi « devant la Cave, la pièce ancienne, 23 arpents la Vigne, 15 nouveau planté, joignant la Vigne, 5 les Bouleaux, 78; nouveau planté joignant les Bouleaux, 30 ». En 1721, le duc de Bourbon fit la foi et hommage du fief de la Cave à la dame de Boran, Marie-Madeleine de la Vieuville, veuve de César-Alexandre de Baudéan, comte de Parabère et de Pardaillan, brigadier des armées du Roi, mort de la petite vérole le 13 février 1716. Le château de la Cave devint alors une maison de gardes et une faisanderie les bois furent joints au domaine forestier de Chantilly les terres et les prés entrèrent


dans la ferme générale de la seigneurie de Gouvieux et furent loués à des laboureurs par le fermier de Gouvieux, qui était Martin Pigeaux en 1732. Plus tard, le domaine de la Cave retrouva son autonomie; le dernier bail, sous l'ancien Régime, fut celui du 20 novembre 1786, par lequel M. Lambert, administrateur-général du prince de Condé, loua, moyennant une redevance annuelle de 02 livres, prix bien minime, à JeanFrançois Goriot, marchand farinier et meunier demeurant à Gouvieux, la quantité de 110 arpents de terre en plusieurs pièces dépendant de la terre et seigneurie de la Cave. On sait que les biens du prince de Condé émigré furent définitivement confisqués en 1792 les bois, réunis au domaine extraordinaire de l'État, ne furent pas aliénés et firent retour au prince en 1815. Les terres et prés furent morcelés et vendus. C'est ainsi que, le 1er avril 1794, Jean-Antoine Doisy, qui possédait le fief de Villargennes à Gouvieux, acquit la maison de la Cave au prix de 30.000 livres, et, le 20 mai, 21 arpents de terre en 12 lots autour de la maison.

Le 16 novembre 1807, Jean-Antoine Doisy, sa mère MarieAnne Cayeux, et sa femme Marie-Augustine Roux-Monclar, vendirent leurs biens de Gouvieux à Louis May, propriétaire à Paris, marié à Jeanne-Josèphe Devie. Louis May fit de mauvaises affaires et vit ses biens saisis et vendus au tribunal de Senlis le 29 septembre 1812. L'adjudicataire fut un notable négociant de Paris, Joseph-Valentin Colliau, qui fut ensuite maire de Gouvieux et se rendit acquéreur de nombreuses propriétés dans le pays.

Le 22 juillet 1828, le duc de Bourbon, dernier prince de Condé, qui consacrait la fin de sa vie à la reconstitution et à l'extension du domaine de Chantilly, acquit de M. et M"" Colliau (Geneviève-Victoire Gagnage), le bâtiment et enclos de la Cave, et un très grand nombre de pièces de terre, pré et bois sur les terroirs de Gouvieux, de Saint-Maximin, de Lamorlaye et du Lys. Le prix total de l'acquisition était de 400.000 francs, dont le duc de Bourbon, mort en 1830, laissa la plus grande partie à payer à son jeune héritier, Henri d'Orléans, duc d'Aumale.

Voici donc de nouveau la maison et les bois de la Cave


englobés dans le domaine de Chantilly. Ce fut pour peu de temps. Exilé en 1848, le duc d'Aumale se vit forcé par les décrets de janvier 1852 de se défaire des biens qu'il possédait en France, sous peine de confiscation. S'il réussit à trouver un acquéreur fictif pour le domaine de Chantilly, les nécessités de l'opération le décidèrent à aliéner définitivement certains bois excentriques. Par contrat passé devant M' Caron, notaire à Chantilly, le 5 juillet 1852, M. Laplagne-Barris, président à la cour de Cassation, agissant au nom du prince, vendit à M. Nicolas-Stanislas llautin, propriétaire demeurant à Marlyla-Ville, la maison de la Cave et le bois des Bouleaux, celui-ci contenant 86 hectares 86 ares 13 centiares, « aménagé en vingt coupes réglées et amplement pourvues de réserves ». G. MAÇON.


NOTES POUR SERVIR A L'HISTOIRE DE

Gouvieux

Jusqu'à la fin du xne siècle, la terre de Gouvieux fit partie du domaine royal. De cette époque reculée, il nous reste deux documents, l'un en original, conservé dans les archives du Musée Condé, l'autre en copie dans le précieux recueil d'Afforty

Le premier est une belle charte de l'année 1130, émanée de la chancellerie royale, et conQue en ces termes

« In nomine Patris et Filii et Spiritus Sancti. Ego Ludovicus, Dei gratia Rex Francorum, omnibus fidelibus sancte Dei ecclesie curam gerentibus, tam presentibus quam futuris, notum esse volumus quod capellam que in honore beati Germani episcopi et confessoris apud villam que vocatur Goivils sita est, que omnino libera de indominio nostro est neque ullum servitium episcopo sive archidiacono neque parrochie de qua est debet, ecclesie beati Vincentii Silvanectensis, concedente Philippo filio nostro, secundo anno in regem coronato, annuente etiam Adelaide regina, uxore nostra, cum omni curte eidem capelle adjacente, et ea que ad ipsam capellam pertinent, in perpetuum concessimus. Hoc autem, ut perpetualiter firmum et inviolabile permaneat, sigilli nostri auctoritate corrobari precepimus. Astantibus in palatio nostro quorum nomina subscripta sunt et signa. S Philippi junioris Regis. 8. Ludovici buticularii. S. Hugonis constabularii. S Manasse camerarii. Anno incarnati Verbi millesimo c° xxx°, regni nostri xx° i°. (Suit un beau monogramme où se trouvent toutes les lettres du mot Ludovicus). Data per manum Symonis cancellarii ».

1 Collectanea Silvanedensia, à la Bibliothèque municipale de Scnlis.


Donc, Louis VI donne à Saint-Vincent de Senlis la chapelle de Saint-Germain à Gouvieux, avec tout ce qui en dépend. Cette chapelle, qui fait partie de son domaine, est libre de toute charge et ne doit rien à l'évêque de Beauvais, à l'archidiacre, non plus qu'à la paroisse de Gouvieux. Le jeune roi Philippe est associé à la donation c'était le fils aîné de Louis VI il avait été, par la volonté de son père, sacré et couronné à Reims le 14 avril 1129 il mourut prématurément le 13 octobre 1131 il n'en porte pas moins son numéro d'ordre dans l'ancienne chronologie des rois, et c'est pourquoi, dans un manuscrit du xiv8 siècle conservé au Musée Condé, Philippe VI de Valois est appelé Philippe VII. L'acte porte aussi l'assentiment de la reine Adélaide (fille de Humbert II, comte de Maurienne), et le témoignage des grands officiers du roi, le bouteiller Louis de Senlis, le connétable Hugues de Chaumont, le chambrier Manassès. Le chancelier se nomme Simon.

Le 9 novembre 1131, le pape Innocent II délivra une bulle pour confirmer les donations faites à l'abbaye de Saint-Vincent, parmi lesquelles il cite celle de la chapelle Saint-Germain et du moulin de Gouvieux, u et molendinum de Guivils » 1. Ce moulin avait-il été donné par une charte spéciale, ou faisait-il partie des biens qui dépendaient de la chapelle, « et ea que ad ipsam capellam pertinent », peu importe. Ce moulin subsiste encore aujourd'hui, c'est le moulin dit à Huile; il est situé entre le moulin de Chaumont, dit de la Ville, et le moulin Languedoc, placé à la pointe nord de Gouvieux. La chapelle Saint-Germain se trouvait tout près du moulin, dont elle était séparée par la route; l'endroit où elle se dressait porte encore le nom de Saint-Germain, ou plutôt de Saint-Germer. Je suppose que le nom fut ainsi modifie, à une époque que je ne puis déterminer, pour éviter toute confusion avec la chapelle Saint-Germain qui se trouvait à Quinquempoix près Chantilly et qui appartenait aussi à la paroisse de Gouvieux. De cette seconde chapelle, j'ai longuement parlé dans mon Historique des édifices du culte à Chantilly et dans mes travaux sur ta Ville de Chantilly. La 1 Aflbrty, tome xm, p. 700.


chapelle Saint-Germain de Gouvieux est désignée sous le nom de Saint-Germer sur le plan gravé de Delavigne (1751). On suit les destinées de la chapelle de Saint-Germain ou Germer jusqu'à la Révolution. Elle avait été cédée de bonne heure par l'abbaye de Saint-Vincent à l'abbaye de Saint-Denis, de qui le Grand Condé acheta la seigneurie de Gouvieux en 1663. La chapelle était donc à la nomination du prince et relevait de sa justice. A la fin de sa vie, des difficultés s'élevèrent entre ses officiers et le chapelain de Saint-Germer, messire Michel Millet, prêtre, doyen de Saint-Marcel-les-Paris, qui négligeait l'entretien de l'édifice et le service du culte. Le 22 juin 1686, le Conseil du prince prit la délibération suivante « Sur le rapport de l'assignation donnée à Son Altesse Sérénissime au Châtelet à la requête du sieur Millet, chapelain de Saint-Germer de Gouvieux, pour procéder sur la saisie faite des héritages dépendant de ladite chapelle faute de déclaration, avec défense aux officiers de Chantilly de passer outre sur l'instance pendante devant eux au sujet de ladite saisie, prétendant ledit sieur Millet n'avoir pu être traduit devant eux, mais seulement au Châtelet, attendu qu'il est demeurant à Paris, il a été arrêté qu'on interjettera appel comme de juge incompétent de l'ordonnance du lieutenant civil, et on demandera le renvoi devant le juge de Chantilly ».

Au mois de janvier 1692, le fils du Grand Condé fit signifier à Michel Millet, par exploit d'huissier, qu'il eût à faire réparer la chapelle. Millet fit la sourde oreille, et l'affaire fut portée devant la chambre des Requêtes du Palais. Le chapelain fit défaut, et, le 14 avril, la cour le condamna « à faire faire toutes les réparations nécessaires à la chapelle Saint-Germer de Gouvieux, à la bien entretenir à l'avenir en sorte que la messe y pût être célébrée décemment, comme aussi à faire réparer et entretenir en bon état la maison dépendant de ladite chapelle ». Si les travaux n'étaient pas commencés sous huitaine, le prince y ferait procéder après la visite d'experts choisis par les deux parties ou d'un expert nommé par le juge royal le plus rapproché de Chantilly; la dépense serait supportée par les revenus du chapelain, saisis entre les mains de Jean et Nicolas Taupin, laboureurs, fermiers du domaine de la chapelle.


La consistance de ce domaine nous est connue, grâce à la déclaration au terrier qu'en fit, le 12 août 1752, le fermier Philippe Thomassin, au nom du chapelain de la chapelle SaintGermer, messire Charles Boullemer de Lamartinière, doyen de l'église collégiale Notre-Dame de Dammartin « 2 arpens de pré au lieu dit la chapelle Saint-Germer, tenant d'occident à la terre et aux bâtimens de ladite chapelle; un arpent de pré derrière la chapelle un arpent et demi de terre trois quartiers de pré au même lieu au milieu de ces pièces, une grange composée autrefois de foyers bas et haut, le tout autrefois enclos de murs ». Sur d'autres points du terroir de Gouvieux, plusieurs pièces de pré et de terre d'une contenance totale de 4 arpents. « Le tout chargé de 9 deniers de cens et de surcens, d'une mine d'avoine et d'une poule, conformément aux anciennes prestations, ce que le comparant a toujours payé comme fermier des anciens chapelains ».

x x

Outre le moulin de la chapelle Saint-Germain, le roi de France possédait, au xne siècle, un autre moulin à Gouvieux c'était le moulin de la ville (il a conservé ce nom) il se trouvait au-dessus du premier, à l'entrée de la rue de Chaumont. En 1151, le roi Louis VIT le donna à l'abbaye de Saint-Vincent, à titre de concession perpétuelle, moyennant une redevance annuelle de six muids de grains, dont trois de seigle, et trois de seigle et froment mêlés par quantités égales. Le roi obligeait en outre ses hommes de Gouvieux de faire moudre leurs grains à ce moulin, ou au moulin que l'abbaye de Saint-Vincent tenait de la générosité de ses prédécesseurs. Voici le texte de ce document, d'après la copie qu'en a faite Afforty 1.

« Ego Ludovicus, Dei gratia rex Francorum, omnibus tam futuris quam presentibus notum fieri volumus quod molendinum nostrum de Govis ecclesie Beati Vincentii Silvanectensis, ex petitione Balduini, ejusdem ecclesie venerabilis abbatis, amici nostri, ad trecensum sex mediorum, trium videlicet siliginis, 1 Collectanea Stivanectensia, t. xiv, p. 120.


et trium equalis mixture frumenti et siliginis, in perpetuum possidendum concessimus, ita scilicet ut de eadem modiatione a nativitate sancti Johannis inchoante tres modios ad festum sancti Remigii, tres vero ad Pascha, prefata ecclesia persolvat. Precipimus igitur ut nullus hominum nostrorum de Govis, qui ad molendinum nostrum ex jure et consuetudine molere debent, aliud molendinum quam nostrum vel molendinum Sancti Vincentii, quod in eadem villa ex dono predecessorum nostrorum ecclesia haberi dinoscitur, molendi causa adire presumat, et servientes nostri, si hoc scire potuerint, inde justitiam faciant. Quod ut ratum sit in posterum et inconcussum, sigilli nostri auctoritate presens scriptum confirmari precepimus. Actum publice Silvanectis anno Dominice incarnationis m" g0 Lv°. Astantibus in palatio nostro quorum substitulata sunt nomina et signa. S. comitis Theobaldi, dapiferi nostri. S. Guidonis buticularii. S. Mathei camerarii. S. Mathei constabularii. Data per manum Hugonis cancellarii ».

C'est donc à la requête de son ami Baudouin, abbé de SaintVincent, que le roi Louis VII fit écrire cette charte par son chancelier Hugues, dans son château de Senlis, où il était entouré de ses grands officiers, le comte Thibaud, écuyer tranchant, Gui de Senlis, bouteiller, Mathieu, chambrier, Mathieu de Montmorency, connétable.

Le chapitre de Notre-Dame de Senlis avait aussi des biens à Gouvieux, et il était seigneur d'une partie de la terre. Or, par suite de donations ou d'acquisitions, l'abbaye de SaintVincent se trouva posséder des choses qui tombaient sous la suzeraineté de Notre-Dame, et le chapitre voulut l'obliger à s'en défaire. Il s'ensuivit un désaccord, coutentio », que des médiateurs de bonne volonté parvinrent à arranger, « tandem bonis viris mediantibus in hoc modum intervenit compositio ». L'abbaye ne serait pas obligée de vendre ce qu'elle possédait sur la terre du chapitre, qui, ses droits sauvegardés, en assurait la jouissance paisible à perpétuité « videlicet quod possessiones quas ad presens in terra eorum habemus ab eis vendere nullatenus compellemur, sed, salvo jure ipsorum ecclesie, eas pacifice in perpetuum possidebimus ». Le chapitre imposait en outre à ses hôtes ou vassaux de Gouvieux l'obligation de faire moudre


leurs grains aux moulins de Saint-Vincent; si l'un d'eux y contrevenait sans raison, il serait frappé d'une amende au profit du chapitre, qui de son côté rembourserait à SaintVincent le dommage subi « Hospites eorum de Govix #d molendina nostra que in eadem villa sunt consuetudinarie ibunt ad molendum si aliquis ipsorum hospitum alibi molere presumpserit dummodo ibi molere possit, super hoc ad ipsos canonicos debata queremonia, molturam nobis justa estimatione reddi facient; ad ipsos vero emenda pertinebit ». Cet accord fut promulgué en 1219 par une charte de Henri, abbé de SaintVincent, conservée en copie dans le recueil d'Afforty (xv, 361), et aussi par une charte de Robert, doyen du chapitre de Senlis, dont le Musée Condé possède une copie délivrée en janvier 1285 par Adam Halot, bailli de Senlis.

,Au xne siecle aussi, nous constatons l'existence d'un moulin qui a complètement disparu. Il se trouvait à peu près à michemin entre Gouvieux et Toutevoie, en amont du moulin Lépine, qui est moderne. C'était le moulin de Tousac; le nom s'est conservé on voit sur le plan de Delavigne, gravé en 1751, une petite remise boisée dite la remise de Tousac. Ce moulin constituait un fief relevant de la seigneurie de Gouvieux il est probable qu'il fut détruit pendant la guerre de Cent Ans et ne fut pas rétabli, car il n'est plus mentionné après le XIVe siècle. Le premier document qui le concerne porte la date de 1188 et se trouve en original dans les archives du Musée Condé le voici

« In nomine sancte et individue Trinitatis, amen. Quum una et sola memorie custos est scriptura, literarum representacione omnibus tam presentibus quam futuris notum fieri decrevimus quod Petrus Coqus, assensu uxoris sue et Radulfi filii sui ceterorumque filiorum suorum, dedit et concessit Achardo et heredibusejusmolendinum de Tousac, tenendum jure hereditatis. tali intercedente pactione quod Achardus tres partes bladi exeuntis de molendino reddet Petro vel ejus successori de quindecima die in quindecimam, et quartam habebit de farina prefatus Achardus duas partes retinebit, et terciam de edomada in edomadam reddet Petro de piscibus vero Achardus medietatem habebit, et aliam reddet prefato Petro de die qua sumserit


in crastinum. Ad construendum molendinum Petrus Coqus dabit nemus, et adducet super aream molendini Achardus vero ligna in nemore et in area molendini faciet parari. Cetera vero que molendino necessaria erunt, Achardus inveniet, et de inventis opus consummabit.'Ad officium vero molendini Achardus equum vel asinum de suo proprio instaurabit. Et si Achardus in aliquo predicte pactionis articulo deliquerit et de delicto convictus fuerit, in misericordia Petri vel successoris sui remanebit. Instaurato autem molendino, Petrus Coqus nichil preter arborem et grossos solidos et le nœu et le planche ad construcionem molendini invenire tenetur. Et ut hoc ratum habeatur, sigilli communie Silvanectis auctoritate confirmari volumus. Hujus rei testes sunt presbiter Sancti Aniani, Petrus presbiter de Govix, Petrus Coqus et sui filii, Radulfus de Vilers, Arnulfus de Paris, castelanus, Rogerus de Monasterio et suus filius. Actum anno Verbi incarnati M° c° Lxxx° vin0. » Résumons ce document, qui fut scellé du sceau de la commune de Senlis en présence du curé de Saint-Aignan, de Pierre, curé de Gouvieux, de Pierre le Queux et de ses fils, de Raoul de Villers, d'Arnulphe de Paris, châtelain, de Roger du Moustier et de son fils. Pierre Le Queux, avec le consentement de sa femme, de son fils Raoul et de ses autres fils, donne et concède à Achard et à ses héritiers le moulin de Tousac, aux conditions suivantes du blé qui sortira du moulin, Achard donnera les trois quarts à Pierre et à son successeur, de quinzaine en quinzaine, et gardera l'autre quart; de la farine, Achard retiendra les deux tiers, et fournira l'autre tiers à Pierre, de semaine en semaine; du poisson pris en la rivière, Achard aura la moitié, et portera l'autre moitié à Pierre le lendemain de la pêche. Pour la construction du moulin, Pierre le Queux donne le bois et l'aire, mais Achard mettra le bois en œuvre et fera les travaux de l'aire. A celui-ci incomberont aussi la fourniture et le travail de toutes autres choses nécessaires au moulin, ainsi que l'acquisition d'un cheval ou d'un âne. Pierre Le Queux n'aura donc' à foui nir pour la construction du moulin que l'arbre, les grosses solives, « et le noeu et le planche ». La redevance due par le moulin de Tousac fut plus tard fixée à dix-huit mines de blé de mouture. Ce revenu constituait


un fief tenu en foi et hommage de la seigneurie de Gouvieux. En 1326, ce fief appartient à Ernoul Sans-Raison, demeurant à Creil; en 1366, à Jean Bonnart, aussi de Creil, à cause de sa femme Marguerite, sans doute fille et héritière d'Ernoul. Ceuxlà sont les successeurs de Pierre Le Queux. Un des successeurs d'Achard vendit le moulin au seigneur de Gouvieux; en 1366, le seigneur de Gouvieux est l'abbaye de Saint-Denis, qui certainement fait exploiter le moulin par un fermier, mais n'en doit pas moins verser la redevance annuelle de dix-huit mines de blé de mouture à son vassal Jean Ronnart, possesseur du fief.

Au mois de janvier 1196, le roi Philippe-Auguste donna tout ce qu'il possédait à Montmélian, Plailly, Louvres, Gouvieux, Auvers et Roberval, au chevalier Richard de Vernon et à son fils, aussi nommé Richard, en échange de la terre et seigneurie de Vernon. De ces deux Richard de Vernon, nous avons d'abord deux accords conclus avec le seigneur de Chantilly en 1205 et en 1219. Le premier prononçait la communauté de la rivière de Nonette entre les deux seigneurs voisins, depuis la chapelle de Saint-Germain de Chantilly jusqu'à Avilly. Le nom de la rivière n'est pas donné; le document dit seulement aqua de Gouoix, l'eau de Gouvieux. Par le second accord, Richard de Vernon et Gui le Bouteiller procèdent au partage de l'eau le second voulait être le maître absolu de la partie de la rivière qui touchait à sa maison. Entre le moustier de Saint-Germain (monasterio sancti Germani) et la Genevraie (au-dessus du Hameau du parc actuel), la rivière fut divisée en deux parties la première, qui s'arrêtait au mur de la ferme qui appai tenait aux religieux de Saint-Leu-d'Esserens (dans le Jardin anglais du parc), fut attribuée au seigneur de Gouvieux; la seconde, au seigneur de Chantilly; au delà de la Genevraie, jusqu'à Avilly, la communauté subsistait.

Au mois d'avril 1231, Jean de Vernon et sa femme Élisabeth affranchirent leurs serfs de Gouvieux. Nous connaissons la charte de Jean de Vernon par le vidimus qu'en délivra le roi


Philippe le Hardi en 1286; elle est en latin, en voici la traduction littérale

« Moi, Jean de Vernon, chevalier, châtelain de Montraélian, notifie à tous par ces présentes, que du consentement et de la volonté de ma femme Élisabeth, dans un but de charité et pour le salut de mon âme, j'ai affranchi et donné à la liberté tous mes hommes et femmes de corps, et leurs héritiers à perpétuité, de ma terre de Gouvieux, et aussi tous les étrangers qui viendront s'y établir pour y vivre aux us et coutumes des autres qui déjà y demeurent. Et je leur ai remis et quitté à perpétuité la mainmorte et les deniers qu'ils me devaient annuellement a titre de capitation. Mais ils seront tenus de me rendre chaque année, le jour de la fête de saint Denis, à moi et à mes héritiers, 73 livres parisis de cens, ainsi que les poules, corvées et autres revenus accoutumés. Eux-mêmes, en reconnaissance de ma libéralité, voulurent et accordèrent que chaque masure de ma terre de Gouvieux, habitée ou vide, paierait annuellement et à perpétuité un chapon à moi et à mes héritiers. Mais si quelqu'un d'eux abandonnait ma terre de Gouvieux pour aller se fixer ailleurs, causant ainsi une diminution de mes revenus, moi et mes héritiers saisirions tout ce qu'il pourrait posséder à Gouvieux, et lui-même retomberait en condition servile. » Jean de Vernon dut mourir en 1235, car au mois de janvier 1236 son frère Guillaume confirma un legs de cent sols de rente à prendre sur le cens de Gouvieux, fait par le testament de Jean à l'abbaye de Chaalis pour le salut de son âme et des âmes de ses prédécesseurs, « pro remedio anime sue et antecessorum suorum ».

Jean devait être jeune encore quand il mourut, car son frère Guillaume, qui lui succéda comme seigneur de Gouvieux, vécut jusqu'en 1280. Guillaume épousa Alix de Meullent, dont il n'eut qu'une fille, Marie, laquelle fut mariée à un chevalier nommé Guillaume Kaletot. Le nom de Guillaume de Vernonparaît dans une charte latine de février 1274, relative aux moulins de SaintVincent à Gouvieux. Dans ce document, frère Adam, abbé de Saint-Vincent, rappelle d'abord que son abbaye possède à Gouvieux, de temps immémorial, « a tempore a quo non est humana memoria », deux moulins. Or, les deux rives du canal


ou bassin par lequel l'eau est « dérivée » (dirivatur) et dirigée vers les moulins, étaient inondées sans cesse, et l'eau s'écoulait sur la route, qui était toujours humide, boueuse, dégradée, d'où accès difficile aux moulins, dépréciation de leur valeur, et dommage énorme pour l'abbaye, « et nostre ecclesie predicte enormem ingerebat lesionem ». Ému de cet état de choses, l'abbé Henri, prédécesseur d'Adam à l'abbaye de Saint-Vincent, résolut de faire garnir le bassin ou canal de murs en pierre et d'écluses, et s'assura d'abord le consentement de Guillaume de Vernon, qui autorisa le travail en déclarant qu'il ne pouvait nuire à son domaine. Lorsque les travaux furent achevés, ils furent examinés par Guillaume, assisté de trois chevaliers, par l'abbé Henri, accompagné de trois chanoines de Saint-Vincent et de beaucoup d'hommes de Gouvieux, « cum jamdicte ville multis hominibus ». Après approbation donnée à l'oeuvre accomplie, on conclut l'accord suivant si, dans la suite, les religieux veulent occuper par des constructions un plus grand espace de terre, ils en demanderont la permission au seigneur ou à ses représentants si les murs et écluses qui viennent d'être construits se dégradent soit par vétusté, soit par des débordements d'eau ou par tout autre accident, les religieux pourront les reconstruire, mais dans les mêmes dimensions exactement, « in latitudine, longitudine et altitudine consimiles sicut primos ».

A la mort de Guillaume de Vernon, le douaire de sa veuve fut constitué sur la ville d'Auvers et la terre de Gouvieux les chartes de ce traité sont du mois de juillet 1280

« A touz ceus qui ces lettres verront et orront, Aalis de Meurlent, famé jadis feu Guilliaume de Vernon, chevalier et chastelein de Montméliant, saluz en Nostre Seingneur. Je faz asavoir à touz que j'ai receu de monseingneur Guilliaume Kaletot, chevalier et chastelain de Montméliant, pour fin et pour portion de douaire de toute la terre qui fu jadis au dit Guilliaume de Vernon, chevalier, que il avoit et tenoit en France et en Veuquesin le françois, c'est asavoir le manoir et la vile d'Auvers de lez Pontoise o toutes ses apartenances qu'eles que eles soient en toutes choses; et si ai receu en la vile de Gouviz en l'éritage qui fu au dit Guilliaume de Vernon, chevalier,


toute la censse de la feste saint Denise qui pooit et devoit demourer en la mein du dit Guilliaume Kaletot, chevalier, et tout le censement et la champart d'icele vile de Gouviz, o toute la seingnourie et la joustice que le dit Guilliaume avoit ou pooit avoir es choses desus dites, à tenir à moi la dite Aalis toutes les choses desus dites tant comme je vivrai, bien et en pés, ou à cil à qui je les voudré baillier, tout le cours de ma vie, sanz empeeschement et sanz contredit que le dit Guilliaume Kaletot ne ses hers i puissent metre des ore en avant. Derechief je faz asavoir à touz que je ladite Aalis ai baillié à ferme au dit Guilliaume Kaletot, chevalier, tant comme je vivrai, toutes les choses desus nonmées si comme eles sont expresses et chascune par soi, lesqueles choses je avoie receues pour mon douaire de toute la terre qui fu au dit Guilliaume de Vernon, chevalier, en France et en Veuquesin le françois, pour quatre cenz et cinquante livres de parisis à rendre et à paier chascun an à moi ladite Aalis tant comme je vivrai, ou à mon certain conmandement, quites et delivres de toutes choses demouranz en la mein dudit Guilliaume Kaletot, chevalier, sanz rien paier au dit Guilliaume ne à autre par quelcomque raison que ce peust estre, à rendre et à paier à deus termes au Temple à Paris par la mein du trésorier nostre seingneur le roi ou de son atourné, c'est asavoir deus cenz et vint et cinc livres de parisis dedens les huitieues de Noël, et deus cenz et vint et cinc livres de parisis dedenz les huitieues de la cension nostre Seingneur ensuiant; en tele manière que pour chascun jour de quoi li dit Guilliaume se défaudroit de poiement, il seroit tenuz à paier et à rendre à moi la dite Aalis ou à mon certain conmandement pour chascun jour de chascun terme de quoi il se défaudroit de poiement après terme passé, fust de tout ou de partie, cinquante solz de parisis pour les couz et pour les donmages que j'auroie eu ou mon conmandement. ».

La charte, très longue, prévoit tous les cas qui peuvent se présenter et assure toutes sûretés à dame Alix. Elle data ces lettres du jeudi en la fête saint Pierre-aux-Liens de l'année 1280. De son côté Guillaume Kaletot fit dresser en son nom un acte d'engagement tout aussi développé, daté du mardi devant la fête saint Pierre-aux-Liens et enregistré par la chancellerie


royale à Paris en même temps, « juillet 1280 ». En fait, Alix de Meullent se déchargeait de l'administration de son douaire, moyennant une somme annuelle de 450 livres parisis que Guillaume Kaletot devait lui payer au Temple à Paris.

Par lettres datées de Paris le jour de l'Exaltation de la sainte Croix 1283 (14 septembre), Guillaume Kaletot pria le roi Philippe-le-Hardi d'approuver l'échange qu'il voulait faire de ses terres de France contre celles que possédait en Normandie l'abbaye de Saint-Denis. Le roi donna son approbation le jour de la Toussaint, en spécifiant que le douaire d'Alix, veuve de Guillaume de Vernon, et celui qui pourrait être dû plus tard à Marie, femme de Guillaume Kaletot, seraient assignés sur les terres de Normandie prises par Kaletot en échange de ses terres de France.

Mais, en concluant l'échange, Kaletot n'avait pas dit aux religieux de Saint-Denis que ses terres étaient grevées, non seulement du douaire d'Alix de Meullent, mais aussi d'une dette de 4012 livres 10 sols tournois qu'il était incapable de rembourser. Il ne l'avoua qu'après que l'acte d'échange fut passé, et confirmé par le roi. Il fallut trouver un arrangement les religieux de Saint-Denis prirent à leur charge le douaire d'Alix qu'elle leur afferma par acte séparé, et prêtèrent à Guillaume Kaletot le montant de sa dette celui-ci s'engagea à leur payer annuellement 1° la somme de 450 livres parisis pour le douaire, 2° celle de 500 livres 31 sols 3 deniers tournoisjusqu'au complet remboursement du prêt. Comme gage de leur créance, les religieux occupaient les terres de Normandie qu'ils avaient cédées à Kaletot. L'acte est du mois de juin 1284 le voici in extenso « A touz ceus qui ces présentes lettres verront et orront, Gile de Compingne, garde de la prévosté de Paris, saluz. Nous fesons asavoir que en nostre présence personelment establi monsegneur Guillaume Caletot, chevalier, sire de Berneval en Cauz, aferma en droit par devant nous qùe comme il eust eschangié et delessié par non d'eschange à religieus homes l'abé et le covent de Saint Denis en France Montméliant,


Plailli, la ville d'Auvers emprès Pontoise, les apartenances d'icele vile, Gouviz et les apartenances, et tout quant que il avoit en France et en Wequesinle françois, quites et delivres de touz doaires, de tous fés et de toutes manières de charges, pour Berneval en Cauz et pour tout quant que les diz abé et couvent avoient en Normendie et Wequesin le normant et madame Aaliz de Meullent, jadis femme monsegneur Guillaume dé Vernon, chevalier, fust asenée par la reson de son doaire sus ladite vile d'Auvers et sus les apartenances d'icele et eust à Gouviz la cense de la feste de saint Denis et tout le censement et le champart d'icele vile o toute la seigneurie et la joutice que ledit monsegneur Guillaume avoit ou povoit avoir es choses desus dites, les queles chouses asenées pour doaire à la dite dame valoient chascun an quatre cenz et cinquante livres de parisis de rente si comme li dit monsegneur Guillaume Caletot, chevalier, disoit et li dit chevalier fust tenuz à rendre et à délivrer aus diz abé et covent les dites viles oveiques toutes les apartenances d'iceles quites et delivres du fés et de la charge du douaire devant dit, et en eust pris le fés sus soi en fesant l'eschange des choses devant dites, si comme il requenut et confessa toutes ces choses estre voires en droit par devant nous; derechef comme, fait l'eschange devant dit, les diz abé et covent eusent trové et enquis que la dite terre de France et de Wequesin le françois, de laquelle li dit chevalier avoit eu covenances oveiques les diz abé et covent qu'il la leur délivreroit quite et délivre de doaires et de toutes charges de dettes, estoit oveiques le dit doaire obligiée à plusieurs créanciers en quatre mile douze livres et dis souz de tournois, de quoi il n'avoit onques avant l'eschange ne ou tretié de l'eschange parlé ne fait mention aus diz abé et covent, et leide chouse, dure et grief fust au dit chevalier et aus diz abé et covent de rapeler ou d'anientir l'eschange des choses devant dites, mesmement comme nostre segneur le roy de France s'i fust jà asentiz et acoidez, et le dit chevalier ne fust pas aaisié ne ne peust pas o le profit de ses oirs et sanz leur grant domage paier les dites quatre mile douze livres et dis souz de tornois sanz grant partie de sa terre vendre fait l'eschange devant dit et octroié dou roi, li dit chevalier requist les diz abé et covent par lui et par


ses amis que pour Dieu et pour pitié et pour ce que il gardast ses oirs de domage, si qu'il ne li covenist pas vendre sa terre, qu'il li vousisent prester ladite somme de deniers à rendre si com il est ci desouz contenu. Après ce le dit chevalier requenut que puis ladite requeste il avoit eu et receu en deniers nombrez des diz abé et covent quatre mil douze livres et dis souz de tornois par cause de prest pour aquiter les dites deites envers les créanciers à qui il estoit tenu, de laquele somme de deniers il se tint pour bien poié en deniers nombrez par devant nous en renonçant à ce que il puisse dire que les devant diz deniers ne li aient estez bailliez et livrez sans nul défaut avant la confection de ceste leitre, si comme le dit chevalier confessa et requenut en droit par devant nous toutes et chascune des choses desus dites estre voires. Et pour délivrer et pour enterinement desdomagier les devant diz abé et covent et leurs successeurs du doaire devant dit et pour rendre et por poier les dites quatre mile douze livres et dis souz de tornois, li diz monsegneur Guillaume Caletot, chevalier, gaja en nostre mein et promist par son loial créant aus diz abé et covent à rendre et à poier chascun an c'est à savoir quatre cenz et cinquante livres de parisis pour le dit doaire tant come la dite dame vivra,- et cinc cenz livres trente et un sout et trois deniers de tornois pour le prest devant dit aquiter jusques à tant que les dites quatre mile douze livres et dis souz de tornois soient enterinement parpoiées. Et voust, gréa et octroia le dit chevalier par devant nous que les diz abé et covent dès meintenant tiègnent et poursuient en leur mein en non de gage Berneval en Cauz, Fraeles et un leu que l'on apele le Manoir, asis en la forest de Lyons. » k

L'abbaye de Saint-Denis, riche et puissante, possédant de nombreux domaines, avait une organisation administrative de premier ordre. A Gouvieux, elle se heurta tout d'abord à des voisins qu'elle trouva gênants. Jean de Trie, comte de Dammartin, qui possédait l'étang et la chaussée de Gouvieux, lui réclama des droits, des terres et des prés qu'elle lui dénia formellement. Les deux parties résolurent de s'en rapporter à


un arbitrage; au mois de janvier 1285, Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis, choisit pour arbitre Geoffroy de SaintLaurent, de Paris; le comte de Dammartin désigna de son côté un habitant de Beauvais, Dernier Béquet; Gautier de Chambly, qui allait occuper l'année suivante le siège épiscopal de Senlis, fut nommé tiers arbitre. Il est probable que la voie d'arbitrage ne donna pas de résultat, car le différend fut résolu par des jugements rendus au parlement de Paris. Dès 1287, les droits de haute et basse justice furent reconnus à l'abbé de Saint-Denis dans l'étendue de la seigneurie de Gouvieux. La question de l'étang ne fut réglée que neuf ans plus tard. Dans ses Antiquitez de l'Abbaye de S. Denys, Doublet mentionne un « Arrest de l'an 1296 in Parlamento Omnium Sanctorum, contre le comte de Dampmartin, au profit des manans et habitans du village de Gouvieux appartenant à l'abbaye de S. Denys, qu'iceux habitans pourront mener paistre leurs bestiaux en la queue de l'estang de Gouvieux et à l'entour, ainsi comme l'eau viendra à croistre et à décroistre, et y cueillir l'herbe »

L'abbaye hérita aussi d'un procès pendant entre Guillaume Kaletot et le bailli du roi à Senlis au sujet de la justice; un arrêt de la cour royale du mois de février 1287 [1288 n. st.] débouta le bailli et attribua toute la justice à l'abbaye. Le chapitre de Notre-Dame de Senlis possédait des biens, terres et hôtes, sur le terroir de Gouvieux, et revendiquait sur ces biens la justice haute et basse, avec le droit de juger tous les cas qui pouvaient se présenter. En avril 1285, le chapitre de Senlis et les religieux de Saint-Denis s'accordèrent pour faire faire une enquête qui serait soumise au jugement de la cour royale. Des lettres du roi Philippe, en date du mois d'août 1287, prononcèrent en faveur de l'abbaye de Saint-Denis, qui conservait toute justice, à l'exception cependant de la connaissance du tréfonds appartenant au chapitre, « excepta cognitione trefundi dictorum decani et capituli », à l'exception aussi de la justice des hôtes du chapitre dans certains cas déterminés 2.

Voir mon historique de l'Etang et la Chaussee de Goumeux; Senlis, Dufresne, 1910, in-8 de 56 pages.

» Afforty, xvi, 472, 511.


Ce fut ensuite le tour du prieuré de Saint-Leu d'Esserens, qui avait aussi des biens à Gouvieux. Outre la justice sur ses hôtes, il revendiquait un droit sur la rivière d'Oise depuis le confluent de la Nonette jusqu'à la chaussée du bac de SaintLeu ou plutôt il se défendait contre l'abbaye de Saint-Denis, qui cherchait à établir solidement sa propriété dans toute l'étendue de la seigneurie de Gouvieux, au risque d'empiéter sur les droits des voisins. Entre Saint-Leu et Saint-Denis, un accord fut conclu au mois de septembre 1288 dans les termes suivants

« A tous ceux qui ces présentez lettres verront et orront, Guiart de la Porte, à ce tans prévost de Senlis, et Hue le Bazenier, garde dou scel de la prévosté de Senlis, salut. Nous faisonz assavoir que comme descort et plait fust meuz par devant nous entre religieus hommez l'abbé et le couvent de 'saint Deniz d'une part, et le prieur et le couvent de Saint Leu de Cerenz d'autre, seur ce que li dis prieur et couvent ou non de euz et de leur églyse disoient que il sont en sesine et en possession de avoir toutez manièrez de joustice en leur hostez demourans en la ville de Gouviex en leurs masurez et en leurs mesonz et en tout le terrouoir qui est tenu de eus en la dite ville de Gouviex, l'abbé et le couvent de Saint Denis en France devant dis affermans le contraire item seur ce que li diz prieur et couvent de Saint Leu affermoient ou non de eus et de leur églyse estre en possession paisible de avoir, de lever et de recevoir une coustume que l'en apele travers de toutes chosez qui entrent ou issent ou flueve de Oyse dez ou flueve que l'en appele Honnête dusquez à la chaucié dou bac de Saint Leu, l'abbé et le couvent de Saint Deniz desuz dis affermans au contraire que ou fleuve devant dit, si comme il se comporte de la partie dou terrouoir de la devant dite ville de Gouviex, que à euz apartient toute redevance ou coustume de toutez chosez qui entrent ou issent oudit flueve, et espéciamment une coustume que l'en apelle vitrage et le roage des chosez devant ditez, et que il en estoient en seisine dou recevoir; item seur ce que li dis prieur et couvent affermoient que ils estoient en possession pesible de avoir toute manière de joustice haute et basse ou flueve devant dit dedenz les termez desuz motis,. l'abbé et le


couvent de Saint Denis devant dis affermans le contraire, si comme lez ditez partiez le recordèrent, requenurent et affermèrent en droit par devant nouz par leurs procureurz; à la parfin les ditez parties, présentez en jugement par devant nouz par leurs procureurs, requenurent et confessèrent, de l'assentement de leurs seigneurs et de leurs mestrez, si comme il disoient, et dou conseilg de bonnes genz, que il avoient fait pais et concordace entre euz des descors desuz dis en la fourme que il s'ensuit; c'est assavoir que tout ce que li dis prieur et couvent de Saint Leu ont en la dite ville de Gouviex en terrez, en mesonz, en cens, en masurez, en champars, en moulins, en chief cenz, en crais de cenz, en chaponz, en rentez, en justicez et en toutez autrez chosez estanz en la dite ville et ou terrouoir, soit extimé par bonnez gens que il puet valoir de rente par an, et, l'extimation faite, li devant dis abbé et couvent de Saint Denis leurs seront tenuz à aseoir autant de cenz ou de rente ailleurs en deniers souflisamment en reconpensation et en eschange dez devant dis bienz apartenanz à la devant dite églyse de Saint Leu, et lez devant dis biens apartenanz à la devant dite églyse de Saint Leu remaindront perpetueument dez ici en avant a l'église de Saint Deniz par l'assise par l'assignation, recompensation et eschange devant ditez j et à la devant dite extimation faite furent esleuz dou quemun assentement dez ditez partiez Jehan d'Eschantilli et Jehan dit Byseut, escuiers, qui jurèrent par devant lez procureurs des ditez partiez eus la devant dite extimation bien et loialment faire, enqueste faite avant toutez chosez à bonnez personez et loiaus seurl'extimation devant dite, et de le raporter bien et loialment auz ditez partiez, si comme lez dis procurateurs l'affermèrent par devant nouz. Item il fu acordé entre lez devant dis procureurs, faite avant l'estimation et l'assignation des chosez desuz ditez, que li dis prieur et couvent de Saint Leu, ou non de euz et de leur églyse, puissent prendre et recevoir dedens les termez desuz dis paisiblement le travers devant dit ou devant dit flueve, et en ce se assentirent li abbez et li couvens devant dis en tant comme il leur apartient, et li devant dis abbez et couvenz leur vitragez et leurs rouagez devant dis si comme il ont usé et


acoustumé. Ce fu fait en l'an de grâce nostre Seigneur mil deuz cens quatre vinz et wit ou mois de septembre '). En somme, c'était une acquisition que l'abbaye de SaintDenis voulait faire c'était en effet le meilleur moyen d'agrandir le domaine et d'éviter toutes difficultés à l'avenir. Déjà, en juin 1284, elle avait acquis les biens de Gilles de Versailles à Gouvieux. Au mois de décembre de la même année, elle décida les religieux de Saint-Vincent de Senlis à lui céder, moyennant une redevance annuelle de 30 livres tournois, leurs moulins de Gouvieux et tout ce qui en dépendait, ainsi que les cens, rentes, justice et droits qui leur appartenaient sur certaines masures, terres et prés. L'acte de vente prévoit une amende de 5 sols parisis pour chaque jour de retard dans le paiement de la rede-' vance annuelle Il nous apprend que les moulins étaient chargés d'une rente de deux muids de froment envers la léproserie de Saint-Lazare de Senlis. Cette vente fut consacrée par quatre documents conservés dans les archives du Musée Condé la charte originale d'Adam, abbé de Saint-Vincent la charte d'approbation de Robert, évéque de Senlis la charte de Mathieu de Vendôme, abbé de Saint-Denis enfin les lettres du roi Philippe promulguant celles d'Adam voici ce dernier document « Philippus, Dei gratia Francorum rex, notum facimus universis tam presentibus quam futuris quod nos litteras abbatis et conventus Sancti Vincentii Silvanectensis vidimus in hec verba. Universis présentes litteras inspecturis, Adam, miseratione divina monasterii Beati Vincentii Silvanectensis abbas humilis, totusque ejusdem loci conventus, salutem in Domino. Notum facimus quod cnm nos haberemus, teneremus et possideremus in villa et tetr.torio de Couviz, Belvacensis djocesis, ex donatione seu concessione régis, duo molendina sita in aqua Le 7 ma; 1659, un jugement rendu par Claude Lorsel, écuyer, conseiller du Roi, premier président et lieutenant-général au bailliage et siège présidia) de Senlis, condamna l'abbé de Saint-Denis, qui était alors le cardinal Mazann, a payer aux religieux de Saint-Vincent la rente annuelle de 30 livres au jour qu elle est due, une année d'arrérages échue, et cinq sols parisis par chaque jour de retard. Lorsque le Grand Condé devint seigneur de Gouvieux en 16G3, la rente fut inscrite sur l'état annuel des chargLS du domaine de Chantiijy, et fut servie a l'abbaye de Saint-Vincent jusqu'à la Révolution.


dicte ville cum eorum pertincnciis, item census et redditus super quibusdam masuris dicte ville justiciasque sive jura ad dictum monasterium nostrum pertineiicia, nos, pensata utilitate monasterii nostri, omnia et singnJa predicta, cum eorum pertinenciis et quicquid habebamus vel habere poteramus in predictis jure vel ratione quibuscunque, dedimus et concesstmus ecclesie Beati Dyonisii in Francia, tenenda et possidenda ex nunc in perpetuum ab abbate et conventu Sancti Dyonisii et eorum successoribus qui pro tempore fuerint pacifice et quiete, pro triginta libris turon. percipiendis et habendis nobisque et successoribus nostris annuatim in octavis beati Dyonisii persolvendis a predictis abbate et conventu Sancti Dyonisii super censa sua quam habent in predictis villa et territorio de Gouviz ita tamen quod si prefati abbas et conventus deficerent in solutione triginta librarum turon. predictarum, ipsi nomine pene pro qualibet die qua deficerent nobis et successoribus nostris quinque solides parisienses solvere tenerentur, quousqfto de dicta pecunie summa a dictis abbate et conventu nobis esset plenarie satisfactum; cedentes et transferentes in dictos abbatem et conventum omne jus, dominium, proprietatem, possessionem, omnem actionem realem aut personalem quam habebamus vel habere poteramus in premissis promittentes bona fide nos super duobus molendinis et aliis rebus predictis nichil cujuscunque juris in posterum rectamare et contra premissa vel aliquod premissorum non contra facere vel venire. Immo omnia et singula predicta predictis abbati et conventui Sancti Dyonisii et successoribus eorum garantizabimus et defendemus nostris propriis sumptibus, quantuncumque necesse fuerit et super hoc fuerimus requisiti, obligantes quantum ad hoc predictis abbati et conventui Sancti Dyonisii nos, omnia bona nostra et ecclesie nostre predicte; ita tamen quod ad solvendum magistro et fratnbus leprosarie Sancti Lazari Silvanectensis duos modios frumenti, quos ipsi dicunt se habere annuatim ad mensurarn Parisiensem super duobus molendinis predictis, nullatenus teneamur, nec etiam ad portandum garandiam super hoc predictis abbati et conventui Sancti Dyonisii seu ipsos defendendum contra magistrum et fratres leprosarie predicte. Reservamus etiam nobis et monasterio


nostro quicquid reddituum sive proventuum habemus et habere consuevimus in predictis villa et territorio de Gouviz ratione prebendarum seu annualium que habemus et habere consuevimus in ecclesiis Beate Marie, Beati Reguli et Beati Frambaldi Silvan., que per manus capitulorum dictarum ecclesiarum hactenus percipere consuevimus et habere..In cujus rei testimonium presentes litteras abbati et conventui Sancti Dyonisii sigillis nostris dedimus sigillatas. Actum anno Domini millésime ducentesimo octogesimo quarto, mense decembris. Nos autem predicta omnia et singula, prout superius sunt expressa, rata et grata habentes, ea volumus, concedimus et approbamus, salvo tamen in omnihus jure nostro et jure quolibet alieno. In cujus rei testimonium presentibus litteris nostrum fecimus apponi sigillum. Actum Parisiis anno Domini miHcsimo ducentesimo octogesimo quarto, mense decembris. » Afforty a transcrit dans son précieux recueil les lettres par lesquelles l'abbaye de Saint-Denis acquit, en février 1285, le moulin de Toutevoie

« A tous ceux qui. ces présentes lettres verront Oudart de la Neufville, garde de la prévosté de Paris, salut en Nostre Seigneur. Nous fesons asavoir que en notre présence établi personnellement Monsë'' Philippe de Nantuel, chevalier, afferma et requenut en droit devant nous qu'il avoit, tenoit et poursuivoit en la ville de Gouvis et terrouer dudit lieu seur pluseurs héritages sis mines d'avoine et sis chapons de rente annuelle, et sur la rivière de Gouvis un moulin moulant tout enfermé, sien quite sans parçonnerie [partage]; derechef que il avoit en lad. ville de Gouvis joustice et seigneurie; lequel moulin tout enterignement [entièrement] si comme il se comporte, joustice et seigneurie quelqùe elle soit, haute et basse, cens, redevances, coutumes, avoines, chapons, prez, terres, se aucunes y en avoit, avec tout quamque H dis Mons~ Philippe avoit ou povoit avoir en la ville et terrouer de Gouvis, sans rien retenir à soy ne à ses hoirs, il requenut en droit par devant nous avoir vendu, quité, otroyé et delessié par nom de vente à tousjours à religieuses gens l'abbé et couvent de Saint Denys en France Collectanea Silvanectensia, t. x\t, p. 446.


et à leurs successeurs, pour cent livres de parisis que ti dis Monseigneur Philippe avoit ja eus et receus en bons deniers. D'autre part vint par devant nous Mons6'' Gui de Nantuel, chevalier, et se feist et establit principal deffendeur et garantisseur, comme de son propre fait, de toutes les choses devant dittes et de chacune d'icelles. En tesmoing de ce nous, avec les sceaux des devant dis chevaliers et a la requeste d'iceulx, avons mis en ces lettres le seel de la prévosté de Paris. Donné l'an de grâce en*' Lxxx° iv° ou mois de fevrier [1285 n. st.] ». Afforty a aussi transcrit des lettres de Pierre de Latilly, Chanoine de Soissons, « commis par le Roy à la recherche des droits de franc fief dus sur nouveaux acquêts par les gens d'église ces lettres, données en 1293 et confirmées par le roi Philippe en mai 1294, constatent que les religieux de SaintDenis ont financé avec Pierre de Latilly par la main du prévôt de Montmélian, c'est-à-dire ont payé les droits, soit 100 livres tournois, pour les choses qui suivent dix hvrées de terre parisis, ou environ, de revenu annuel acquises de Philippe de Néri, chevalier, sur un moulin à Gouvieux, et onze sols de menus cens sur deux arpents de pré et trois hostises. Je ne sais de quel morlin il s'agit ici; ce ne peut être que celui de Toutevoie.

Une autre vente faite à l'abbaye de Saint-Denis par Pierre de Tiverny, chevalier, et Isabeau, sa femme, nous est connue par le document suivant, daté du mois de février 1294 « Philippus, Dei gratia Ftancorum rex., notum facimus universis tam presentibus quam futuris quod nos litteras infra scriptas sigillo carissimi avunculi et Sdelis nostri R. comitis Claromontensis munitas vidimus in hec verba. A touz ceus qui ces présentes lettres verront nous Roberz, fiuz de roi de France, cuens de Clermont, salut. Nous fesons assavoir à touz présenz et avenir que nous les lettres ci dcssouz escriptes, scellées du seel Pierre de Tyverni, chevalier, veismes en ceste fourme. A touz ceus qui ces lettres verront nous, Pierres de Tyverni, chevaliers nostre seigneur le roi de France, salut. Sachent tuit que comme nous et Ysabiau, jadis nostre famme Collectanea St~anec<eMta, x\i, C53 et 709.


ou tans que ele vivoit, eussions donné, outroié et quitté à touz jourz à l'abbé et au convant de Saint Denis en France censives, hostises, avoines, chapons et autres rentes en la ville et ou terroer de Gouviz, et toute justice haute et basse sur les hostises et censives devant dites, et quanque nous avions ou avoir poions par quelque reson que ce fust en ]a ville et ou terroer dessus dit, pour huit livres parisis chascun an de pension ou de rente à noz vies tant seulement, et nous aions entendu que excellant prince monseigneur Robert, conte de Clermont, fiuz de roi de France, ait mis et mette encore aucun débat, pour quoi li dit religieux n'en joissent paisiblement, comme les choses dessus dites soient de ses arrière fiez, nous prions et requérons le devant dit conte que les devant dites convenances vueille gréer, loer et confermer par ses lettres en manière que li dit religieus en puissent joir paisiblement à touz jours. Donné a Paris, l'an de grâce .mil deus cenz quatre vinz et treze ou mois de fevrier. Et nous, à la requeste dudit chevalier, le bail et la vente des choses dessus dites en tant comme à nous apartient volons, gréons et aprovons. ». Février 1293 [i294_j. Le vidimus de la. chancellerie royale est daté de Paris, l'an 1294, au mois de mai.

On voit par ce qui précède que, dès les premières années de son entrée en possession, l'abbaye de Saint-Denis eut à cœur d'accroître son domaine et surtout de bien établir ses titres de propriété, qui furent soigneusement classés dans ses archives. Pour plus de sûreté, elle se fit aussi délivrer par la chancellerie royale des expéditions de certains titres; celle de la charte d'affranchissement de 1231 lui fut remise au mois de juin 1286. On se rappelle que par cette charte les habitants de Gouvieux étaient obligés de payer annuellement 73 livres parisis au seigneur, ainsi que les poules, corvées et autres revenus accoutumés, et, en outre, un chapon par masure. KnHn les habitants ne pouvaient aller se fixer ailleurs. Un curieux document de 1371 nous apprend que cette derniere servitude n'existe plus, et que toutes les redevances autres que


celle des 73 livres ont été rachetées en 134t pour une somme de 200 livres. Ce document est un factum juridique présenté au Conseil des religieux de Saint-Denis pour examiner les moyens de faire rentrer les termes en retard de la redevance de 73 livres

« Le cas est tel. Mons~ Jehan de Vernon, chevalier, estoit seigneur de Montméliant et de Gouvieux. Il avoit à Gouvieux grant quantité de hommes et femmes de corps, de mortemain et de formariage. Il les manumist et franchist parmi ce que ilz ne pourroient jamais aler demeurer en autre lieu hors de la dite ville de Gouvieux pour diminuer les droits dudit seigneur, et se ilz y aloient, tous leurs biens seroient acquis audit seigneur et si retourneroient en la dite servitude; et si lui deurent, eulx et leurs successeurs, paier chascun an L\xin livres et certaines rentes et chapons que leurs maisons lui doivent par an, si comme tout ce puet apparoir plus plainement par ses lettres. « Depuis ces choses, ledit seigneur bailla par eschange ladite terre de Montméliant et de Gouvieux à mess" les religieux de Saint Denys en France, avec tous les droits, seigneurie, possession que il y avoit, en eschange d'autre terre que lesdiz religieux lui baillèrent.

« Lesdiz religieux ont toujours esté paiez des dites i.xxui livres de rente et en ont jouy par la manière qui s'ensuit, c'est assavoir que les habitans de la ville de Gouvieux, aussi bien les frans de nativité que les manumis, faisoient sur eulx tous assiète montant à ladite somme, et eslisoient nn ou v ou vi des manumis qui avoient la paine et estoient chargés de cueillir, lever et recevoir ladite taille et la faisoient bonne, et estoit portée et paiée tout entièrement aus diz religieux ou à leurs gens au lieu de Gouvieux; ne lesdiz religieux n'orent deffaut des choses accordées audit mons'' Jehan de Vernon jusques à l'an mil cccxLi; et quant ilz deffailloient de paier, lesdiz religieux ou leurs gens prenoient la proye de la ville. '< En icellui an cccxn, se trairent lesdiz habitans de Gouvieux par devers lesdiz religieux, et parmi jic livres que ilz paieroient leur fu ottroyé plaine et entière manumission et franchise, retenu Lxxni livres de rente par an, de certaines avoines et autres charges contenues es lettres que lesdiz


manumis en ont, et doivent paier aus diz religieux les dessus diz habitans Lxxi~i livres de rente en la manière acoustumée et semble que il feussent franchiz de la servitude en quoy ilz estoient astraints de demourer en ladite ville et de la peine de perdre leurs biens seulement s'ilz s'en aloient demourer hors.

Tous les ans depuis ledit an cccxn que ces choses leur furent ottroiées, ont payé lesdiz habitans jusques environ x ou xn ans a; desquelz x ou xn ans il ne paièrent riens par deux années, car ilz estoient fugitifs et dispers en divers lieux et en divers pais pour les ennemis qui tenoient la ville de Creilg. « Et après ce qu'ilz furent vidés de Creilg, c'est assavoir environ \'ni ans a, se trairent lesdiz habitans par devers lesdiz religieux les religieux eurent pitié d'eulx, et, désirans que leur dite ville de Gouvieux fust habitée et repueplée, leur quittèrent les arrérages des diz 11 ans, qui finirent l'an LX, et depuis l'an LX jusques à présent n'ont paié que la moitié des dites LXXiH livres, et ainsi en demeurront à paier la moitié par x ans tous acompliz.

« Si soit sceu par mess" du conseil des religieux de Saint Denys comment lesdiz religieux pourront 'estre paiez et contraindre lesdiz habitans à paier les arrérages des dites i.xxiu livres de rente d'ycelle rente dores en avant à tous jours « Qui poursuira par voie de simple saisine, ilz joiront cependent

« Par voie de propriété aussi

« En cas de nouvelleté nous n'avons pas les derniers explois, ou en cas personnel, etc.

n Et devant que on les poursuive

« Et si on les poursuira ensemble ou particulièrement, car il puet estre que li uns aime bien paier sa part et l'autre non « Et si l'on poursuira les habitans ou les manumis et leurs postérités. ».

Le 3 juillet 1371, le Conseil, l'abbé présent, décide que le bailli, le procureur et le gardien se réuniront à Gouvieux, et, « au lieu là où la proie [dépouille, récoltes] de la ville sera, dira le procureur au gardien que les religieux sont en saisine de prendre la proie pour Lxxm livres e au cas de non-paiement


de ladite rente une fois l'an, « et requerra que it prengne la proie, et si les habitans ou aucuns d'eulx s'opposoient, que l'on leur donnast jour en parlement La situation des habitants de Gouvieux n'était sans doute pas brillante, car deux ans après on leur accordait encore des délais. Leur sort dut être plus lamentable à la fin de la guerre de Cent Ans, lorsque les Anglais, chassés de Creil en 1429, y rentrèrent en 1434, brûlèrent Saint-Leu en 1436, et ne quittèrent la région qu'en 1441.

Le domaine de la seigneurie de Gouvieux comprenait des bois qui faisaient corps avec la forêt de Chantilly; on les appelle encore les bois Saint-Denis. Le voisinage de Chantilly valut aux' religieux plus d'une affaire litigieuse. Il suffit d'en citer deux, dont la première, survenue en 1316, reçut une solution amiable, consacrée par des lettres de Philippe-le-Bel en date de février 1317; en voici quelques termes « Du bois de Gouvieux que l'on dit Landelieu, il est ainsi accordé, que la garenne à toutes bestes grosses et menues sera commune aus dix seigneurs (l'abbé de Saint-Denis et Guillaume le Bouteiller, seigneur de Chantilly), et y pourra chascuns des seigneurs chacier ou faire chacier, et faire sien ce que il pranra ou fera pranre toutes fois que il li plaira. Et aura chascuns des seigneurs un sergent tant seulement, qui pourront porter arc et seetes (sagettes, flèches) à garder ladite garenne, qui feront serment aus deus seigneurs sur le lieu de garder bien et loyaument ladite garenne. Toute la justice dudit bois est aus religieus. La justice de la garenne sera commune aux deus seigneurs ».

A la fin du xiv" siècle, Amaury d'Orgemont, seigneur de Chantilly, souleva un différend au sujet de la chasse dans les bois de l'abbaye, notamment dans « les bois de Gouvion et de Landeleu, assis dans la garenne de Chantilly et dedans les fins et mettes d'icelle forest «. Après la mort d'Amaury, les religieux obtinrent le désistement pur et simple de son fils Pierre (10 janvier 1401).

Au-dessous de ces bois, l'abbaye avait affecté au pâturage des bestiaux de Gouvieux un espace de 200 à 250 arpents en friches et bruyères, dit les Usages. Ce canton, aujourd'hui


planté, fait corps avec la forêt. En 1404, Godefroy Leroy, sergent de l'abbaye, saisit une cinquantaine de bêtes à cornes, appartenant à Pierre d'Orgemont, seigneur de Chantilly, trouvées pâturant sur ces Usages. I! s'ensuivit un procès dont les archives du Musée Condé conservent un témoignage, un long factum rédigé en 1410 pour les religieux de Saint-Denis; je n'en citerai qu'un passage « Entre les droiz et seigneuries que ilz ont, ilz sont seigneur de la ville et terrouer de Gouvieux; ouquel terrouer y a plusieurs pastiz et pasturages où les habitans d'icelle ville ont acoustumé de mener leur bestail pasturer. Les religieux ont droit et sont en bonne possession et saisine que aucun ne peut mener ne faire mener ses bestes, et par espécial bestail à corne, paistre ou pasturer es patiz ou pasturages de la dicte ville, si non qu'il fust des demourans et habitans de la dicte ville de Gouvieux. ». Ici encore l'abbaye eut gain de cause.

En 1481, « Antoine des Essarts, seigneur de Thieux, maistre des eaux et forests es pays de France, Champagne et Brie, fit crier par tous les lieux du bailliage de Senlis que chacun qui voudroit dire avoir droit es usages es forets, praries, maresquages, terrouers et autres lieux '), devrait présenter ses titres dans un temps déterminé, sous peine de la perte des droits et de la saisie des bestiaux au pâturage. Les habitants de Gouvieux firent aussitôt leur déclaration et justifièrent du droit d'usage dont ils jouissaient « depuis deux cens ans ença sans empeschement ». Les chiens employés à la garde des bestiaux doivent porter au col un billot de un pied et demy de long, pour garder qu'ils ne fassent mal aux conins (lapins) et autres bestes sauvages de la garenne ». La commune de Gouvieux jouit de ses Usages jusqu'au 25 février ) 1837, jour ou elle les vendit à M. le duc d'Aumale. Quant à la seigneurie de Gouvieux elle-même, je rappelle qu'elle entra dans le domaine de Chanttlly par l'acquisition qu'en fit le Grand Condé le 18 juin 1663 l'abbé de Saint-Denis était alors le cardinal de Retz.


Dans les documents dont l'exposé vient d'être fait, il est souvent question des moulins de Gouvieux, c'est-à-dire des moulins situés sur la Nonette entre la Chaussée et l'Oise. Mais il en est un, le premier de tous en suivant le cours de la Nonette, que nous n'avons pas mentionné; c'est le moulin de la Couture, situé entre la Chaussée et Chaumont. L'accord provisoire conclu en septembre 1288 entre l'abbaye de SaintDenis et le prieuré de Saint-Leu d'Esserens n'avait-il pas été suivi d'effet? Toujours est il que le moulin de la Couture appartenait au xvu" siècle au prieuré. Le 27 septembre 1663, messire François Dufour, conseiller du Roi en ses conseils, aumônier ordinaire de Sa Majesté, prieur commendataire du prieuré de Saint-Leu d'Esserens, dom Mathieu Melin, prieur claustral, dom Jean-Baptiste Bonny, dom Benoît Chafin et dom Claude Dumatz, religieux du prieuré, vendent au Grand Condé « leur moulin à eau appelé de la Cousture, moulant blé et le convertissant en farine, assis à Chaumont, paroisse de Gouvieux, maison, grange, cours, prés et terres, lieux et pourpris comme ils se comportent, avec le cours et chute d'eau, tenant le total d'un côté à la rivière des Nonettes, d'autre au chemin qui conduit de Chaumont à la Chaussée, à présent tenu à bail par François Masson, meunier, qui en rend chacun an 350 livres et deux chapons Le prince achetait en même temps des religieux une pièce de bois dans la forêt de Chantilly, le fief de la Couture à Gouvieux et Chaumont, le droit de dime sur 250 arpents de terre du terroir de Saint-Maximin qu'il faisait enclore dans son nouveau parc. Le prix total était de 25.328 livres tournois, dans lequel le moulin figurait pour 7.040 livres. Le 6 janvier f686, le Grand Condé donna la jouissance du moulin de la Couture, pour vingt ans, à l'un des ouvriers d'art qui avaient contribué aux embellissements de Chantilly. Henri de Marie, qui signe lui-même « Henry de Maerle, Ilollandois », s'appelait en réalité Hendricit de Marjyne. Le prince l'avait ramené de Hollande en 1673 avec son frère Antoine pour faire les « cabinets de trediage du parc sous la direction de Le Nôtre. En 1G8G, il est dit « commandeur des ouvrages des cabinets de Son Altesse Sérënissime en 1689, « menuisier et gouverneur de la Machine o [la machine élévatoire des eaux,


dans le pavillon de Manse). H ne jouit pas longtemps du revenu du moulin de la Couture, car il mourut le 27 février 1692, âgé de quarante-cinq ans seulement, et fut inhumé dans l'église de Gouvieux. Ses descendants francisèrent son nom, qui devint Marlin.

Nous avons la prisée du moulin de la Couture, faite le 2 janvier 1711 à la requête de Jacques Goujon, meunier sortant, et d'Étienne Pigeaux, nouveau preneur. La famille Pigeaux compta des meuniers jusqu'au milieu du xix' siècle; le dernier fut NicoIas-Maximin Pigeaux, propriétaire du moulin de la Canardière

Ëtienne Pigeaux et Marie Lecomte eurent un fils, Martin, et deux petits-fils,Nicolas Pigeaux de Beaulieu et Claude Pigeaux, tous meuniers. En t737, Martin Pigeaux est receveur ou fermier des revenus de la terre et seigneurie de Gouvieux pour le prince de Condé; il le fut jusqu'en 1778. Le 2 avril 1769, le prince de Condé loua pour neuf ans à Martin Pigeaux, conseiller du Roi, élu en l'élection de Clermont, demeurant à Sailleville, tous les revenus de la seigneurie de Gouvieux moyennant 6800 livres par an. Martin sous-loua le moulin de la Couture, pour 1000 livres, à son fils Nicolas Pigeaux de Beaulieu.

Le 13 septembre 1778, le nouveau fermier de Gouvieux, Antoine Doisy de Villargennes, bourgeois de Paris (marié à Marie-Anne Cayeux), loua le moulin de la Couture, pour neuf ans à dater du I'" janvier 1780, moyennant 1300 livres par an, à Antoine Devaux, marchand farinier et meunier demeurant à L'Isle-Adam, et à Catherine Dubacq, sa femme. Une contrelettre jointe à l'acte stipule « qu'au pardessus des fermage, charges, clauses et conditions portées audit bail », les époux Devaux paieront aux époux Doisy une somme de 500 livres par an, ce qui portait le prix du bail à 1800 livres.

En i782, Martin Pigeaux offrit d'acheter le moulin de la Couture. Le 27 décembre de cette année, le prince de Condé, représenté par son intendant, André-Joseph Antheaume de Surval, vendit à Martin Pigeaux, à titre de cens et rente non rachetable, le moulin de la Couture et dépendances, moyennant Voir l'Étang et la Chaussée de Gouvieux, pp. 55-56.


une redevance perpétuelle de 1500 livres par an, et une somme de 12.000 livres une fois payée. La Révolution trouva donc Martin Pigeaux propriétaire du moulin. C'est au profit de l'État qu'il dut racheter la rente perpétuelle.

Le moulin de la Ville se trouve à l'entrée de Chaumont. Vendu par l'abbé de Saint-Vincent à l'abbé de Saint-Denis en décembre t284, il appartint au Grand Condé lorsque ce prince acquit la seigneurie de Gouvieux.

Le 9 juillet 1690, par devant Georges Thibaut, notaire à Saint-Leu d'Esserens, Nicolas Boullomer de Lamartinière, receveur général de Chantilly, en la présence et du consentement de Charles Baharet, meunier du moulin, baille à loyer pour cinq ans, moyennant 800 livres par an, 4 canards et 4 chapons, à Henri de Marle, Hollandais de nation, depuis plusieurs années au service de S. A. S. M~ le prince de Condé pour la conduite des ouvrages des eaux du château de Chantilly, y demeurant, et à Jean Hautemulle, meunier demeurant au moulin de Creil, le moulin à blé de Gouvieux nommé le moulin de la Ville, la maison, terres, prés et héritages en dépendant, « comme aussi toutes les dépendances du moulin de la Couture situé au dessus dudit moulin de la Ville, au pardessus néanmoins de ce que S. A. S. a concédé audit de Marie, pour du tout en jouir par les preneurs tout ainsi que ledit Baharet en a fait en vertu du bail que ledit sieur de Lamartinière lui en avoit fait le 25 octobre 1686 ». Le 2 décembre )M)0, Henri de Marie, gouverneur de la Machine de Chantilly, cède à Hautemulle sa part du bail du moulin de la Ville, et lui loue en outre le moulin de la Couture, dont il avait la concession gracieuse depuis 1686.

Le 8 février 1710, les moulins de la Ville et de la Couture sont loués à Étienne Pigeaux et à Marie Lecomte, sa femme. Un nouveau bail leur est consenti le Il mai 1715, à dater du 1" janvier 1717, par Denis Thibaudière, fermier général des terres et domaines dépendant de la succession de Louis III,


prince de Condé. Le prix du bail est de 1350 livres, 4 canards et 12 chapons gras et vifs.

Pendant vingt ans encore, Martin Pigeaux exploita le moulin. Devenu fermier des revenus de la seigneurie de Gouvieux, il loua le moulin, le 11 décembre 1737, à Pierre Foyen, laboureur à Gouvieux, et à Marie Gesseaume, sa femme, moyennant 1000 livres par an. En 1769, le prix est abaissé à 900 livres; le meunier est alors Fasquel. Puis on trouve Goriot. Le dernier bail fut consenti, le 20 novembre 1786, à Jean-François Goriot, « marchand farinier et meunier demeurant dans ledit moulin, et à Marie-Rosalie Macré, sa femmè, moyennant 2056 livres par an », prix élevé qui comprenait le loyer de sept arpents de terre à prendre dans le clos Saint-Denis à Gouvieux, situés entre la rue du Saussay et la rue conduisant aux prés de la Ruche, les deux arpents qui donnaient sur ]a rue de Villargennes étant réserves au prince de Condé.

C'était un renouvellement anticipé, car ce dernier bail ne devait dater que du 1"' janvier 1789. Mais avant de le commencer Goriot offrit d'acheter le moulin à titre de concession perpétuelle, moyennant une redevance annuelle de 65 setiers de blé-froment, mesure de Senlis. Ceci était l'équivalent du prix du bail, et d'autre part la considération de se décharger des réparations, parfois importantes et coûteuses, fit accepter l'offre. Par acte du 5 août 1788 passé devant Patin, notaire à Chantilly, M. Antheaume de Surval, au nom du prince de Condé, vendit le moulin de la Ville à Goriot, à titre de cens et rente non rachetable, moyennant 65 setiers de blé par an, rendus à Chantilly en argent ou en nature.

Le moulin à Huile, situé au-dessous du moulin de la Ville, fut aussi vendu à l'abbaye de Saint-Denis par les religieux de Saint-Vincent en décembre 1284 mais tandis que le moulin de la Ville ne servait qu'à moudre le blé et demeurait le moulin banal de la seigneurie de, Gouvieux, son voisin passa par des destinées diverses. Au xiv siècle, ce fut un moulin à tan. Il paraît ruiné lorsque l'abbaye de Saint-Denis se décide à l'aliéner


au début du xve. Le 5 février 1406 [1407 n. st.], des lettres de Mahieu du Potis. garde du scel de la châtellenie de Creil, notifient que" Oudin de Servoisier, demeurant à Cires-Ies-Mello, prend à droit cens ou rente annuelle et perpétuelle, de l'abbé et couvent de l'église Saint-Denis en France, une place, paroiz et lieu ainsi comme tout se comporte et estent hauttetbas, nommé le moulin à tan, séant à Gouvieux. avec un quartier de terre ou environ où on souloit prendre la terre de quoy on refaisoit les escluses », moyennant 10 s. 4 d. parisis de rente annuelle, et avec obligation de faire rebâtir le moulin. Nous ignorons les destinées du moulin pendant trois siècles nous savons seulemeut qu'il est devenu moulin à huile, et qu'il est chargé d'une rente de 15 1. 10 s. envers l'abbaye de Royaumont. Le 25 septembre 1725, par devant Jacques Thibaut, notaire à Saint-Leu, Jacques Duquesne, prêtre, docteur et doyen de la faculté de Théologie de Paris, maison et société royale de Navarre, vend à Pierre Foyen, laboureur demeurant à Chaumont, paroisse de Gouvieux, et à Nicole Parentin, sa femme, moyennant 3000 livres, une maison, moulin à huile, grange, colombier et lieux en dépendant, cours d'eau, droit de pêche, pièce de pré y joignant, contenant le tout environ six arpents, entre la rivière et la chaussée appelée le Pavé une pièce de terre et pré proche le moulin, de l'autre côté du chemin, tenant d'un côté au pré de Saint-Germer; le tout en la censive et mouvance du seigneur de Gouvieux. Le 27 juillet 1737, Pierre Foyen et sa femme cédèrent leur acquisition à Martin Pigeaux, fermier et receveur de la terre et seigneurie de Gouvieux, et à Madeleine Daubigny, sa femme, moyennant 400 livres de surcens, rente foncière, annuelle et perpétuelle, non rachetable. Pigeaux transforma le moulin à huile en moulin à blé et le céda, le 17 août 1744, au prince de Condé, qui se chargea de servir la rente de 400 livres aux Foyen, ainsi que la rente due a l'abbaye de Royaumont le jour de la Chandeleur. Puis le prince loua le moulin à Martin Pigeaux. Le fermier suivant fut Claude Lemaignan. En 17S9, c'est Claude Pigeaux, fils de Martin.

Le 2 juillet 1780, Antoine Doisy de Villargennes, fermier et receveur de Gouvieux, loue le moulin à blé communément


appelé moulin à huile à Louis Bénard (fils d'Étienne, bourgeois à Attainville), marchand farinier et meunier, âgé de vingtquatre ans, et à Geneviève Collinet, sa femme, âgée de vingt-trois ans, moyennant 1800 livres par an. Enfin, le 22 décembre 1782, le prince de Condé vendit le moulin aux époux Bénard, moyennant 1000 livres de rente seigneuriale non rachetable, 400 livres de rente à servir aux héritiers Foyen, et 9500 livres de deniers d'entrée.

Le moulin Languedoc, tout près de Gouvieux, fut établi en août t'791 par le sieur Bon Languedoc, en dépit des protestations de Louis Dénard et de l'opposition de M. Antheaume de Surval, régisseur du prince de Condé à Chantilly. J'ai parlé plus haut du vieux moulin de Tousac, qui a disparu. Il était situé à peu près à mi-chemin entre Gouvieux et Toutevoie, avant d'arriver au moulin Lépine, qui est moderne. a

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Le moulin de Toutevoie, je l'ai dit plus haut, fut acquis par l'abbaye de Saint-Denis en février 1285. Le revenu en était affecté aux charités. I! fut aliéné au XV siècle. Le 11 octobre 1445, Philippe, abbé de Saint-Denis, baille à cens, surcens ou rente annuelle et perpétuelle, à Henri MuHot et à Guillemette, sa femme, demeurant en la paroisse de Précy, « la maison, moulin, lieu, appartenances et dépendances d'icelle, tant en rivière que en jardin, séans en la ville et paroisse de Gouvieux », appartenant au maître des charités, moyennant 6 livres parisis à payer chaque année « à nous ou au maître des charités Pour le xvi° siècle, nous n'avons qu'un seul document. Le 13 janvier 1568, Jacques Delamotte, laboureur à Gouvieux, déclare, tant en son nom que comme tuteur de sa sœur Jeanne, qu'il est propriétaire des trois quarts par indivis « du moulin à eau moulant blé appelé le moulin de Toutevoye, la totalité dudit moulin chargée de six livres parisis de gros cens envers l'abbaye de Saint-Denis à cause de son office des charités ». Le 8 mai 1C18, le moulin fut vendu par sentence de licitation au bailliage de Senlis et adjugé à Nicolas de Brons, écuyer, seigneur des Bordes et de Compigny, capitaine de la marine du


Ponent, lieutenant pour !e comte de Lusse au gouvernement de la ville de Senlis. Le 28 mars 1625, un titre nouvel fut passé par lequel Nicolas de Hrons se reconnut propriétaire du moulin, chargé de 7 livres 10 sols tournois (équivalant à 6 livres parisis) envers les religieux de Saint-Denis. Le 9 mai 1630, Nicolas de Brons loua le moulin à Jean Gravé.

En 1662, le propriétaire du moulin est le sieur Lumague, seigneur de Villers-sous-Saint-Leu il loue le moulin à Michel Gérard, puis (1668) à François Loir. Le 25 septembre 1666, l'abbaye de Saint-Denis vendit au Grand Condé, moyennant 1000 livres, le fief et rente seigneuriale de six livres parisis. A Lumague succéda, comme seigneur de Villers et propriétaire du moulin de Toutevoie, Paul de Mascrany. Le 17 mai 1681, une sentence du juge de Chantilly le condamna, ainsi que son fermier, Pierre Foucroy, à payer au prince de Condé ou à son receveur la rente de 7 I. 10 s. tournois, avec une somme de 67 10 s. pour neuf années échues. A cause de cette rente, son fils, Louis de Mascrany. dut passer déclaration du moulin au terrier de Gouvieux le 8 mars 1696. Louis de Mascrany devint président au Grand Conseil son hôtel à Paris était rue Chariot, au Marais.

En 1724, M. de Mascrany fit édifier un second moulin en arrière du moulin de Toutevoie, et, pour faire tourner ce nouveau moulin, fit pratiquer une saignée ou dérivation de la Nonette, sans avoir égard à un exploit d'opposition signifié au nom du prince de Condé le 11 septembre 1724. Les choses seraient restees en l'état si ce nouveau bras de la Nonette n'avait produit des inondations dans la prairie de 120 arpents dont le pâturage appartenait aux habitants de Gouvieux et de Précy. Dès 1735, des réclamations furent présentées au Conseil du prince de Condé, seigneur de Gouvieux; et le duc de Luxembourg, seigneur de Prëcy, y joignit les siennes. Attaqué en justice, M. de Mascrany ne put justifier du droit de construire le second moulin et fut condamné à le démolir par jugement des Requêtes du Palais en date du 18 juillet 1746. Aussi n'en est-il pas question dans la déclaration passée au teriier de Gouvieux le 10 mars 1753 par Cilles Dubus, receveur des droits de rivière demeurant à Saint-Leu-d'Esserens,fondé de pouvoirs de M~Louis


de Mascrany, marquis de Mascrany, comte de Chateau-Chinon, seigneur de Villers-sous-Saint-Leu « Une maison dans laquelle il y a moulin à bled, tournant et virant, lieux et pourpris ainsi que le tout s'étend et comporte, contenant quatre arpens, tant terre que pré et autres bastimens que ceux formant ledit moulin, dans laquelle pièce au total est un autre corps de logis et bastimens, traversé par la rivière Nonette faisant tourner ledit moulin.

En 1769, M. de Chàteau-Chinon, fils de M. de Mascrany, demanda au prince de Condé la permission de rétablir le second moulin; i! renouvela sa requête en )773 et 1782, sans aucun succès.

J'ai plaisir à terminer ce court historique des vieux moulins de Gouvieux par la transcription intégrale d'une note que je dois à l'obligeance de M. Charles Masson, architectepaysagiste à la Chaussée de Gouvieux, qui la rédigea d'après les indications données par M. Henri Mommelé

« La chapelle Saint-Germer se trouvait placée à 40 mètres à droite du chemin de Gouvieux à Chaumont, à peu près en face de ]a propriété de M. Price au moulin Saint-Germer. Il y a cinquante ans, on voyait encore les ruines de la chapelle et la chaussée qui y conduisait; elles figurent sur le cadastre. « Le moulin de Saint-Germer a été reconstruit il y a environ soixante-dix ans; sur un vieux plan, il porte le nom de moulin à Huile. Les principaux propriétaires ont été MM. Bénard, Thiébaut, Mnissen, et enfin actuellement M. Price. « Le moulin de la Ville, possédé par les familles Goriot, Dupuis, a été brûlé en 1848. Reconstruit par M. Thiebaut, ce moulin avait une très grande importance. Par le mariage de M°" Couturier, il passa dans la famille Salignac-FéneIon; puis à M. Loup, à M. Fuseuil. C'est ce dernier qui fit abattre le bâtiment central. Les deux ailes ou pavillons qui restent sont* aménagés en habitation et occupés par M. le baron Henri Foy. « Le moulin de la Couture a appartenu à M. Pigeaux, puis à Jean-Jacques-Rousseau Flint, à la famille FIercqmann: actuellement à M. le baron H. Foy.


« L'emplacement du moulin de Tousac est bien déterminé des chemins y conduisaient de part et d'autre de la rivière; ils sont maintenant sans but apparent et forment des impasses inutiles. Les fondations, en larges pierres, sont très visibles. Le souvenir d'un sieur François, qui y faisait de blé farine au xvm" siècle, n'est pas encore perdu; mais on ignore les causes de la destruction de ce moulin Je crois la destruction du moulin de Tousac beaucoup plus ancienne. Il ne figure pas sur le plan de l'ingénieur Nicolas Delavigne, gravé en 1751. G. MACON.


Les lieutenants de Jeanne d'Arc La brillante épopée de Jeanne d'Arc jette dans notre histoire l'éclair de l'épée qu'elle portait. Il reste peu de chose à dire de ses victoires, de sa gloire, de son martyre. Tout a été écrit, même l'outrage. Pour rehausser les mérites de la Vierge de Domremy, il convient de parler de ses soutiens. En les mettant en pleine lumière, ils placeront encore plus haut l'héroïne de la France. C'est ce que vient d'entreprendre l'abbé Émile Cesbron, dans une brochure où le duc d'Alençon, Guy de Laval et Ambroise de Loré montrent ce que peut la valeur française sous la direction d'un chef inspiré. Laissons parler l'abbé Cesbron nous complèterons son récit en relatant ce que fut l'un de ses héros dans la lutte contre l'Anglais, et en empruntant son histoire à un vieux manuscrit de la province du Maine qu'a bien voulu nous communiquer le comte Henri de Clinchamp.

Jeanne avait fait appel au duc d'Alençon, baron de ChâteauGonthier, pour le commandement de ses troupes. Cet appel se fit après l'audience donnée par le Roi à la Pucelle d'Orléans. Le duc, dans son naïf langage, raconte son entrevue avec Jeanne « Je chassais aux cailles près de Saint-Florent-lesSaumur mandé à Chinon, je trouvai Jeanne devisant avec le Roi ». Le lendemain, le duc a une entrevue dans la chambre du Roi avec Jeanne et le seigneur de La Trémoille. Jeanne demanda au Roi de faire don de son royaume au Roi du Ciel, après ce que le Roi des Cieux ferait pour lui. Quel blasphème diraient les puissants du jour! Quelle inspiration d'en Haut! ne cesseront de répéter ceux qui pensent, avec l'Aigle de Meaux, que Dieu mène les hommes à leur destinée.


Le duc d'Alençon était lié par une rançon. Elle fut payée par les braves gens du Maine. Alençon, près de Jeanne, fut son confident quand elle redit au Roi une chose très importante que le Roi avait faite en secret. Il raconte qu'il vit mainte fois Jeanne recevoir le pain des forts, comme l'admirèrent en l'église de Baron ceux qui vécurent en ces temps.

Alençon considéra comme un miracle la prise des bastilles d'Orléans. « Aux Tournelles, dit-il, je me serais fait fort de tenir plus de six jours A Jargeau, sur l'ordre de Jeanne, il donne l'assaut et prend la ville « II faut besogner quand Dieu veut », avait-elle dit. « Retirez-vous de la, beau duc x, avait-elle observé en montrant un point visé par une machine; Alençon venait d'obéir, quand à l'endroit même fut tué le sieur du Lude. Jeanne fut frappée par une pierre. Ce fut le signal de la prise. « Beau duc, dit-elle, je voudrais aller à Meung A Beaugency, l'ennemi est battu « Le gentil roi, dit-elle, aura là grande victoire x. Le Roi peut alors aller à Reims; le 17 juillet, a lieu le sacre; Alençon arme le Roi chevalier; il est près de lui, nommé pair de France.

Alençon et Jeanne, malgré les conseils des courtisans, veulent délivrer Paris. < Mon beau duc, appareillez, dit-elle, je tiens à voir de plus prcs Paris Saint-Denis est en son pouvoir. Le soir venu, Jeanne veut donner l'attaque, mais on apporte au duc l'ordre de se replier sur Saint-Denis. Il fait jeter un pont sur la rive gauche pour entrer dans Paris de ce côté; par ordre, le pont fut rompu. Le 24 octobre 1429, le duc d'Alençon vit le Roi; il lui demanda de l'envoyer avec Jeanne dans ie Maine. Les conseillers ne voulurent souffrir « que la Pucelle et le duc d'Alençon fussent ensemble )'. Alençon se retira, et Jeanne fut privée d'un grand soutien.

Tous les volontaires du Maine étaient venus dans le Valois avec Alençon. Ayant payé de leurs deniers la rançon du duc, ils avaient cœur de payer la rançon de la France. Quatre siècles plus tard, on les retrouve avec Sonis et Charette à Patay, permettant a Chanzy, par leur charge héroïque, de conserver une armée à la Patrie. Nob!es fils de la presBaron, parotsse de l'Oise, au pied du versant est de MonteptHoy où vint camper t'armée anglaise, eu regatd des troupes de l'armée du Roi.


qu'île armoricaine, ils n'ont pas eu souci des honneurs, mais de tous les devoirs qu'ont à remplir les Français de cœur. Honneur à leur courage

Guy de Laval et André de Loubéac vinrent retrouver le Dauphin, à Selles en Berry, avec les renforts qu'avaient levés, à leurs frais, les dames de Laval. Guy vit la Pucelle monter à cheval, « armée, tout. en blanc, sauf la tête, une petite hache en main, sur un grand coursier noir, et ne souffrant qu'elle montât. Menez-le à ]a croix, dit-elle. Et lors elle monta, sans qu'il mût, sans qu'il fût lié ».

Les guerriers de Laval, comme le duc d'Alençon, n'eurent aucun doute sur la mission de Jeanne. Ils firent très brillamment leur devoir, à Jargeau et à Patay. Grâce à leurs instances, ils firent admettre le connétable de Richemont parmi les troupes royales.

A Reims, Guy de Laval vit sa baronnie élevée en comté, en récompense des services rendus à la cause du Roi. Après !e sacre, Alençon et les seigneurs de Laval se dirigèrent sur Paris. Ils prirent part à toutes les luttes qui, favorables à Charles VII, lui donnèrent les places de la Loire.

Le 25 septembre 1429, Laval fut repris aux Anglais. Guy et André quittèrent la Pucelle pour affermir la victoire dans la province du Maine. André de Loubéac avait reçu de sa grand'mère l'épée de Du Guesclin « Dieu'te fasse aussi vaillant que celui qui la portait o. Le maréchal de Loubéac, en toutes circonstances, se rendit digne de cette armure. Ambroise de Loré fut choisi par le Roi pour conduire la Pucelle à Blois, lieu fixé pour la concentration des troupes. La Pucelle le prit de suite en amitié, en souvenir des combats qu'il avait livrés avec Alençon pour la délivrance du Mont Saint-Michel. Trop au courant des choses de la guerre pour se livrer de suite et croire à l'inspiration, Ambroise de Loré se montra un peu hésitant. !1 ne douta plus après la prise d'Orléans, et il reçut de Jeanne la mission d'aller chercher à Blois les vivres qui manquaient. Il prit part à tous les assauts et vit tomber toutes les bastilles, devant l'armée anglaise qui s'empressa de lever le siège. Il la poursuit à Meung, à Beaugency. A Patay, avec 1500 cavaliers, il met en désordre 4000 Anglais défendus par


des retranchements et des pieux en terre. Après le sacre, on le trouve toujours à l'avant-garde. U surveille avec Xaintrailles les mouvements du duc de Bedford, qui s'avance vers Senlis. Il rapporte cette marche au Roi, et bientôt les deux armées furent en présence. L'armée du Roi était nombreuse; celle de Bedford était mieux établie, sur les hauteurs de Montépitloy. Si les Français avaient précipité leur marche, ils auraient pu écraser l'ennemi au passage de la Nonette. Les dispositions prises, les archers du Roi se battirent contre les Picards avec une violence extrême, puis le Roi revint à Crépy, et le duc de Bedford se replia sur Paris, sans entrer dans Senlis. Ce fut le commencement de la délivrance du pays. Dix jours après, Ambroise de Loré rejoignit Jeanne d'Arc, qui s'était dirigée vers Senlis, d'où elle repartait le 26 août pour gagner Saint-Denis. Le 29 août, Lagny s'était rendu au Roi Charles VII nomma Ambroise de Loré gouverneur de cette place importante. C'est là qu'il vit avec douleur les troupes royales revenir du siège de Paris et se replier sur la Lon'e. Il fit là ses adieux à la Pucelle. Ambroise de Loré batailla si bien contre les Bourguignons et les Anglais que « les dits n'approchèrent oncques des barrières plus près que du trait d'une arbaleste ». Ambroise de Loré tenta de s'emparer de Rouen, de concert avec Grandpierre, qui devait livrer une porte de la ville. Le plan fut soumis au Conseil, et le retard dans l'exécution fit tout manquer. Loré, découragé, se démit de sa charge. Rappelé par le duc d'Alençon, il accourut dans le Maine, s'enfermer dans la place de Saint-Celerin. Laissons le résumé du travail de l'abbé Cesbron pour voir Loré à l'oeuvre chez lui, avec ses compagnons du sol. Saint-Celerin était la seule place du Maine qui ne fût pas au pouvoir des Anglais. Ambroise de Loré y soutint trois sièges consécutifs.

Les Anglais l'attaquèrent en t431. Loré était absent, et pendant plusieurs mois Jean Armonge, son lieutenant, tint tête à l'ennemi. Instruit de ces faits, Loré rassemble un corps de 800 hommes de l'Anjou. Les Anglais détachèrent contre eux 3.000 hommes. Ils surprirent un parti de 400 hommes à Vivoin. Loré, prévenu de cette attaque, marcha de Beaumont vers Vivoin. Loré fut enveloppé et pris. Un renfort survenu permit


de renouveler le combat. Les Français donnèrent tête baissée sur les Anglais, pénétrèrent au ce'htre de leurs bataillons et dégagèrent leur chef. Les Anglais laissèrent 600 hommes sur le champ de bataille, et un grand nombre des leurs furent faits prisonniers. Les Anglais, sur l'annonce de l'arrivée d'un corps de Français, levèrent le siège de Saint-Celerin, abandonnant l'artillerie et leurs munitions.

Loré, grièvement blessé, se fit transporter au château de Beaumont, où il se remit. Rétabli, il voulut donner à l'ennemi des nouvelles de sa santé. Il partit du Maine avec 800 hommes, et passa la rivière d'Orne au-dessus de Caen, ne marchant que la nuit. On tenait alors Ja foire Saint-Michel, devant l'abbaye de Saint-Étienne de Caen. La foire avait attiré un grand concours de monde. Les Anglais, surpris, furent en un instant tués ou faits prisonniers. Les marchands, terrifiés, abandonnèrent la place et se jetèrent dans la ville, avec un tel désordre qu'on ne put fermer la porte. Le pillage se fit avec ordre. Pendant ce temps, Loré, avec 50 lances et 100 archers, repoussait la garnison anglaise, accourue au secours. En lapoursuivant, quelques hommes entrèrent assez loin dans la ville, mais ils furent forcés de se retirer. Loré, avec ses 150 hommes, escorta sa troupe chargée de butin jusqu'au passage de la rivière. Après la traversée, le général, au nom du Roi et du duc d'Alençon, commanda de rendre la liberté aux femmes, aux ecclésiastiques, aux vieillards, aux laboureurs, sans leur faire aucun outrage. L'ordre, publié sous peine de mort, fut ponctuellement exécuté. Après la levée du siège de Saint-CeJerin, Ambroise de Loré, Frouley, Dreux de Ronssoy et Ganetier do la Posé, gentilshommes manceaux, sortis de la ville après un rude combat, avaient perdu la vie, aux abords de Rennes.

Leurs compagnons vengèrent leur mort, et Guillaume de Saint-Aubin, campé avec 80 combattants à Loufougères, mit en pièces 200 Anglais. La guerre de partisans était de tous les jours.

En 1432, le comte d'Arondel assiégea Siiié-Ie-Guiliaume, Gilles de Lavai l'en fit déloger. La garnison anglaise de SainteSuzanne avait attiré dans une embuscade ceux de SiHé qu'elle fit prisonniers. De Loré est instruit du fait, il marche avec


300 hommes contre les Anglais, tue et met aux fers plus de 300 combattants. Le 1~'tnai, les Anglais, par bravade, s'en furent planter un may devant le château de Saint-Celerin. De Loré leur donna la chasse et vint mettre le may devant Fresnoy. Les Anglais firent une sortie et poursuivirent les Français jusqu'en un point de Loré s'était embusqué. De Loré et son lieutenant Armonge se battirent avec acharnement et 500 des Anglais mordirent la poussière. Le gros de la troupe se retira au château d'Ortes. De Loré fit une sortie la nuit de Saint-Celerin, reconnut l'ennemi au clair de lune, le chargea. Les Anglais étaient environ 3.000, commandés par le comte d'Arondel. Ils fléchirent à l'attaque, mais revenus de leur trouble, ils repoussèrent les Français. Armonge s'était encore mis en embuscade. Un combat opiniâtre eut lieu et plus de 600 Anglais restèrent sur place. Montioué, maréchal de Fresnay, fut fait prisonnier.

Le comte d'Arondel résolut d'en finir et vint mettre une troisième fois le siège devant Saint-Celerin. Le général mit ses pièces en batterie et fit sauter à la mine le rocher sur lequel s'élevait le château. Rien n'y fit. Le siège dura trois mois. De Loré était sorti de la place, y laissant sa femme et ses enfants. Il rassembla ses troupes pour secourir les assiégés. Le comte d'Arondel en étant informé, fit pointer trois canons qui ouvrirent une brêchc et l'ordre de l'assaut fut donné. Armonge et un grand nombre de ses soldats périrent les armes à la main. La garnison, privée de son chef, capitula. Le comte d'Arondel, victorieux, rasa la place jusque dans ses fondations et s'en fut assiéger Sillé-le-Guillaume.

Les causeries de ces temps, c'était la bataille. Amory d'Anthenaise commandait la place. II convint qu'avant six semaines, les armées se rendraient à une lieue de Sillé, pour livrer le combat, et que la place serait rendue si les Anglais étaient victorieux. D'Anthenaise donna des ôtages et le comte d'Arondel s'engagea à les rendre si la victoire n'était pas de son côté. Un corps de 6.000 des nôtres vint camper à Conlie, commandé par le comte de Richemont. Les courriers de l'armée anglaise s'y rendirent aussi. Les Français, arrivés les premiers, ne voulurent pas céder la place. Les Anglais furent repoussés et s'établirent


sur les bords d'un ruisseau où le comte d'Arondel vint prendre ses quartiers. Les deux camps étaient si proches que les soldats pouvaient communiquer entre eux. Le matin, t'armée de Conlie marcha droit au rendez-vous. Les Anglais firent face, mais le comte d'Arondel retourna à son camp. Il donna pour prétexte le choix plus avantageux du terrain occupé par nos troupes. !1 disposa les siennes de façon à mettre derrière elles le ruisseau et le village. Les Français s'avancèrent à un quart de lieue du camp, faisant tout pour attirer l'ennemi. D'Arondel ne répondit pas. Son camp était entouré de buissons, de haies vives, de fossés profonds. On se contenta, comme à Montépilloy, de s'observer. Le général anglais lut sommé d'accepter le combat ou de rendre les ôtages. Les ôtages furent remis et d'Arondel s'en alla assiéger Sillé qu'il prit d'assaut. Beaumont se rendit sans combat. L'année 1433, Meslay, à quatre lieues de Laval, fut occupé par les Anglais. Le Maine et l'Anjou eurent alors à subir les horreurs du pillage, et les vainqueurs, chargés de butin, passèrent en Normandie.

En 1434, de Loré, Loubéac et de Breuil portèrent secours au maréchal de Rieux assiégé en Saint-Denis. Une troupe de 600 hommes était allée porter secours à l'armée de siège. De Loré marcha contre elle, en fit un grand carnage et s'empara du chef Mathago.

Le vendredi 13 avril 143C, Paris rentrait, avec Charles VII, sous l'autorité royale. Ambroise de Loré était nommé Prévôt de Paris. A cette époque, un grand fléau s'abattit sur la capitale. La mortalité devint effroyable. Le Roi et les princes furent obligés de quitter les lieux contaminés. De Loré resta seul, et son énergie fut telle qu'il sauva la ville des entreprises nouvelles des Anglais. En 1441, on le trouve conduisant des bateaux pour ravitailler l'armée de Charles VII assiégeant Pontoise. Les Anglais étaient campés à l'embouchure de l'Oise. Rien ne put l'arrêter. Il passa bravement devant eux sans être inquiété.

L'histoire d'Ambroise de Loré s'arrête là. Il périt sans doute en quelque rencontre, sur les bords de l'Oise. Le Roi n'eut jamais d'officier plus intrépide et de sujet plus fidèle. Sans cesse il batailla, attaché à la France et au Roi, comme le lierre


se tient uni aux grands chênes du Bas-Maine qui fut son berceau. Ce guerrier fut dans l'Ile-de-Françe, le Valois et le Maine, le soldat de la Pucelle, le défenseur du sol, le précurseur de ceux qui, quatre siècles plus tard, couverts de blessures, furent à Patay les chevaliers de l'Honneur et de la Patrie envahie.

Ambroise de Loré s'armait d'hermine, à trois quintefeuilles de gueules. Né au château de Loré, dont il portait le nom, il avait le titre de baron d'Ivry qu'il tenait de sa femme, héritière de cette seigneurie. Il eut plusieurs fils et une fille, Ambroisine, mariée à Robert d'Estouteville, seigneur de Beynes et Prévôt de Paris.

C'est à Saint-Celerin qu'Ambroise de Loré fut informé de la prise de Jeanne. Aucun des soutiens de Jeanne ne put voler à son secours. Tous étaient ardemment aux prises avec l'ennemi. Le noble chevalier pleura de toutes ses larmes la grande libératrice du pays.

Pas plus que Jeanne, son chevalier ne vit la fin des misères de la France. L'oeuvre de Dieu est toujours lente. Ses instruments tombent, mais à son heure apparaît le salut. A Margny-les-Compiëgne, une église votive va s'élever dans le voisinage du lieu où Jeanne fut capturée. Elle sera bâtie avec le concours de tous.

Si les lieutenants de Jeanne sont avec elle dans l'éternel repos, demeurons les continuateurs de leur œuvre. Français de cœur, meurtris de tous les maux de la Patrie, aidons à dresser le monument qui sera le gage de la Délivrance. L'heure de Dieu, en effet, apparaît toujours quand les hommes glorifient ses martyres. LÈOK FAUTRAT.


La Seigneurie et le Domaine

BOUILLANCY

propriété de l'Hospice des Incurables (aujourd'hui à l'Assistance publique)

La seigneurie de Bouillancy et ses dépendances appartiennent depuis l'année 1672 à l'Hospice des Incurables, représenté actuellement par l'Assistance Publique. Les Archives de cette administration contiennent fort peu de documents anciens sur ce domaine. Il en est de même des Archives Nationales. Je crois donc intéressant de résumer ici les données qui me sont fournies par un manuscrit de ma collection.

Ce manuscrit, de 190 pages in-4° est intitulé

« Tableau historique de la Terre et Seigneurie du Plessis Bouillancy et des fiefs de Poix, Réez, Fosse Martin, La Tour, Chantemerle, Feux, Gueux, Bruxelles et Chanteraine. » Il résulte de plusieurs passages de ce document qu'il fut écrit en 1759. Mais il nous est impossible de dire dans quelles circonstances et pour quel but il fut composé. Dans tous les cas, il nous donne des renseignements qu'on ne saurait plus, je le crois tout au moins, trouver ailleurs. Ce sera mon excuse si ces-renseignements paraissent au lecteur d'un intérêt bien médiocre. Nos modestes études ne nous fournissent pas toujours le moyen d'éviter le genre ennuyeux. Je passe donc, sans plus long préambule, à l'examen de ce que contient notre manuscrit, en y ajoutant tous les renseignements que j'ai pu trouver ailleurs sur la seigneurie de Bouillancy et les diS'érents fiefs qui en dépendaient.


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La Seigneurie de Bouillancy du X~ au XVIIe siècle Son acquisition par les Incurables

Constitution du domaine

Le Plessis-Bouillancy est dans le pays Multien à douze lieues de Paris et à égale distance quatre lieues de Meaux et de Dammartin; il dépend aujourd'hui du canton de Betz. La paroisse se divise en Plessis d'en haut et Plessis d'en bas. La petite rivière de Gergogne (autrefois appelée Jargogne ou Jargonne), affiuent de la Marne, prend sa source tout près de là, à la fontaine de Gueux, et arrose la prairie de Bouillancy A la fin du xvn° siècle, la terre du Plessis-Bouillancy comprenait les fiefs de Bouillancy, Poix, Réez, Fosse-Martin, la Tour, Chantemerle, Feux, Gueux et Bruxelles.

Les fiefs de Bouillancy, de Feux et de Gueux relevaient en plein fief, foi et hommage du roi à cause de son comté de Meaux. Ceux de Poix, Réez, La Tour, Chantemerle et Bruxelles étaient des arrière-fiefs relevant de Bouillancy. La seigneurie de Bouillancy changea souvent de propriétaires depuis que nous en trouvons la première trace au xi" siècle.

A cette époque, elle dépendait du comté de Crépy et fut comprise dans les localités qui constituèrent, avec Betz et Nanteuil, vers 1030, la part laissée par Raoul II à Thibaud I", son second fils.

Un siècle plus tard, nous voyons un Adam de Bouillancy lequel en 1124, remet à l'évêque de Meaux la Chapelle SaintQuentin, à deux lieues de cette ville, près de laquelle fut fondée l'abbaye de Fontaines, ordre de Fontevrault. En 1185, Guy de Nanteuil, descendant du Thibaud que nous nommons plus haut, est seigneur de Bouillancy. Puis, un En 1695, les Incurables payèrent 50 sous 8 deniers pour être confirmés dans la jomssance de leurs eaux en exécution de l'Arrêt du Conseil du 21 juin de cette année.


Pierre Choisel, chevalier, fils de Jean et de Marguerite et mari d'une dame Béatrix, est qualifié du même titre en 1225 Après lui, Simon, châtelain de Béthisy, possède le domaine en 1280.

Bouillancy passe enfin, quelques années plus tard, à la puissante maison des Bouteillers de Senlis.

Guillaume le Bouteiller rend au Roi le 15 mars 1396 un aveu et dénombrement de Bouillancy complété bientôt par un autre aveu rendu le 7 septembre 1397.

Les vassaux cités comme relevant alors de Bouillancy sont les suivants

Messire Raoul, sire de Gueux, pour un fief sis à Bouillancy Raoul de Soegy (Brégy?) dit le Gruier, pour un autre fief au même lieu;

Pierre Le Bergier, demeurant à Lévignen, pour un fief situé et assis en la ville de Villers-Saint-Genest;

Jean de Montgroisin (Montgrésin) dit le Borgne, pour un fief en ladite ville et terroir.

A ces quatre fiefs dont la consistance est détaillée dans l'aveu, il faut ajouter les deux suivants qui y sont mentionnés comme déjà perdus à la fin du xiv' siècle

Un fief sis audit Villers-Saint-Genest, autrefois possédé par M' Jacques le Vacher;

Et un autre fief sis à Puysieulx en Multien, jadis possédé par M" Oudart de Retheuil.

L'aveu et dénombrement complémentaire du 7 septembre 1397 concerne un fief tenu du Roi assis en la vilie, terroir et appartenances de Cuvergnon-en-Valois, lequel fief relevait de Bouillancy et était alors possédé par Jacques Marcadé, premier sommellier de corps du Roi. On ne savait plus au xvui" siècle ce qu'était devenu ce fief.

Il nous faut ensuite passer au xvi* siècle pour trouver la trace de seigneurs de Bouillancy. En 1540, Hugues de Vaux, fils du seigneur de Saintines, comparaît à la Réformation de la Gruerie de Valois, comme propriétaire de Bouillancy. Ce Pierre Choisel est probablement le même que le Pierre de Villemétrie qui vend cette terre a t'évoque Guérin en 1224 (Cfr. Chanoine MuLLER dans Cornité archéol. de Senlis, i879, p. 39C.).


C'est peu d'années après que cette seigneurie arriva, nous ignorons comment, à la famille de Grouches, puisque nous voyons, au milieu du xvi" siècle, Henri de Grouches, d'une vieille et noble maison picarde, qualifié, entr'autres titres, de seigneur du Plessis-Bouillancy, Réez, Fosse-Martin, Chantemerle, etc.

Il avait épousé par contrat du 10 mai 1557 Claude de Girard, dame de Cramayel en Brie, fille de Jean de Girard, d'une ancienne maison du Poitou, et de Valentine Lorfèvre, dame de Cramayel, elle-même fille de Valentine Luillier, dame d'Ermenonville. Claude de Girard était morte avant le 5 janvier 1575. C'est sa fille Marie alors âgée de six ou sept ans qui, dans le partage fait entre ses enfants le 20 août 1566, est qualifiée dame du Plessis-Bouillancy, Reez, Poix et Fosse Martin. Cette Marie de Grouches fut mariée

1° Par contrat du 6 juillet )576, à François de Paillart, chevalier, seigneur de Choqueuse, Bonvillcrs, etc., fils de Jean, gouverneur de Beauvaisis, etc., mort sans enfants avant le 3 octobre 1594;

2° A Josias de Montmorency, chevalier, seigneur de Bours, qui survécut à sa femme, et se remaria à Louise Hotman, veuve de Catherin d'Aumale.

Josias de Montmorency mourut le 20 juillet 1616, laissant de Marie de Grouches, sa premiere femme, Jean de Montmorency, seigneur de Bours, enseigne à 14 ans de la Compagnie de son père et noyé par accident en 1622, avant la réalisation de son mariage avec Louise d'Aumale, fille de Catherin, seigneur de Nancelles, dont son père avait épousé la veuve. On voit dans quelles circonstances deux cadets de Montmorency possédèrent pendant quelques années une vingtaine la seigneurie de Bouillancy.

La mort tragique du jeune Jean de Montmorency fit revenir cette seigneurie et ses dépendances dans la famille de Grouches en la personne de Robert II de Grouches, son oncle, bailli de Valois, seigneur de divers fiefs dans ce pays et en Brie, marié à Anne de la Rivière. Ce Robert était le fils de Henri, cité tout à l'heure.


Il fut le père de Pierre, qualifié marquis de Gribeauval seigneur du Plessis-Bouillancy, Poix, Reez, Fosse Martin, Chantemerle, le Luat, Villers-Campfert, Limeux, Belleperche, Coutures, Douville, etc., gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, capitaine au régiment de ses gardes, tué au siège de Saint-Omer.

Ce Pierre de Grouches avait épousé par contrat du 19 juillet 1636 Claude Rouault, fille de Nicolas, chevalier, marquis de Gamaches, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, capitaine de 50 hommes d'armes de ses Ordonnances, baron de Hélicourt, vicomte de Tilloy, etc., et de Françoise Mangot. Au cours de ce xvne siècle, nous avons plusieurs aveux et dénombrements du domaine de Bouillancy, datés respectivement des années 1604, 1640, 1665, 1667 et 1671.

Les aveux de 1604 et de 1665 sont rendus par les seigneurs du Plessis-Bouillancy, Poix, Reez et Fosse Martin; celui de 1667 par le seigneur du fief de Feux et celui de 1671, par le seigneur de Gueux. Ce n'est, en effet, comme nous le verrons bientôt, qu'à la suite de la vente du domaine de Bouillancy à l'Hospice des Incurables, que tous ces fiefs furent réunis à la seigneurie principale.

En 1640, Claudine Rouault, dame d'Acy, veuve de Pierre de Grouches, seigneur de Gribeauval, Bouillancy, etc., dont la tombe se voit encore dans ~église de Bouillancy, était tutrice de sa fille Marie-Françoise de Grouches 2.

Celle-ci, qualifiée personnellement dame de Gribeauval, Villers-Campfert, le Plessis-Bouillancy, Fosse Martin, Poix, etc., épousa, par contrat du 29 juin 1662, François des Essars, marquis de Lignières, gouverneur de Saint-Quentin, colonel d'Infanterie, tué en Candie. Françoise mourut elle-même en 1697, ne laissant qu'une fille nommée Claude, restée célibataire. Les Lignières avaient fait, d'ailleurs, d'assez mauvaises affaires. Leur domaine de Bouillancy fut saisi par leurs créanciers et vendu judiciairement; il fut adjugé à l'Hospice C'est seulement au mois de mai )C8t que le marquisat de Gribeauval fut régulièrement érigé en faveur d'Augustin de Grouches, neveu de Pierre. C'est Claudine Rouault, dame d'Acy, qui fonda en 1653 une chapelle dédiée à la Sainte Famille, à Bouillancy, comme nous le dirons plus tard.


des Incurables à Paris par sentence du Chatelet le 6 août 1672 sous différentes charges qui seront indiquées ci-après. Ce domaine ne comprenait alors que la seigneurie du PlessisDouillancy proprement dite, et les fiefs de Poix, Réez, Fosse Martin, la Tour et Chantemerle.

Mais neuf ans plus tard, une importante acquisition vint arrondir la terre de Bouillancy dans les mains de ses nouveaux propriétaires.

Le 25 septembre 168), en effet, messire Jean-Jacques de Mesmes et dame Marguerite Bertrand de la Basinière, ~son épouse, vendirent à l'Hôpital les fiefs, terre et seigneurie de Gueux situées sur la paroisse du Plessis-Bouillancy et consistant en « une maison et hôtel seigneurial, colombier, grange, étable, bergerie, le tout couvert de thuilles, cour, jardin et pourpris entouré de murailles. A ce clos contenant 5 arpents étaient joints 309 arpents 4 perches de terre et prés, et les fiefs de Chanteraine et de Bruxelles. Ce fief de Gueux avait haute, moyenne et basse justice, institution de Maire et autres ofEciers pour l'exercice de la justice, droit d'amendes, d'aubaines, de confiscations, cens et redevances diverses. Le tout passa, bien entendu, à l'Hospice des Incurables, acquéreur du domaine.

Le fief de Feux était déjà venu se joindre aux autres dépendances du domaine de Bouillancy dans les circonstances suivantes

Parmi les charges imposées à l'adjudicataire de Bouillancy et sur lesquelles nous reviendrons plus loin, se trouvait l'obligation de suivre à ses risques et à ses frais l'appel de la sentence du Chatelet donnée sur production des parties le 1"' août 1G72 et prononcée le 3 desdits mois et an sur le procès pendant entre le poursuivant les criées de la terre du Plessis-Bouillancy et Messire Louis Séguier, aumônier ordinaire du Roi et seigneur du fief principal de Feux et du Plessis-Bouillancy et Fosse-Martin en partie. M. Séguier demandait que l'article énoncé dans l'aveu et dénombrement fourni le 10 décembre 1640 par Madame de Gribeauval comme tutrice de la marquise de Lignières sa fille, article dans lequel ladite dame avait qualifié Madame de Lignières de dame du fief


de Feux, fut rayé dudit aveu, et que lui, Séguier, fut maintenu en possession et jouissance des fiefs et seigneuries de Feux, du Plessis-Bouillancy et Fosse-Martin en partie, avec tous les droits en dépendant, suivant que ses auteurs en avaient joui, avec défense à la dame de Lignières ou à ses ayant-droit de prendre la qualité de seigneur de Feux. La sentence intervenue déboutait, conformément à la jurisprudence, M. Séguier de sa prétention de se qualifier seigneur eK paWte du Plessis-Bouillancy et de Fosse-Martin. Quant au surplus et pour ce qui concernait le fief de Feux, le jugement ordonnait que « les parties contesteroient plus amplement Cela aurait pu durer longtemps si M. Séguier n'avait pas donné au conflit la solution la plus « élégante comme on dirait aujourd'hui. En effet, les Incurables s'étant rendus, dans l'intervalle, acquéreurs du Plessis-Bouillancy et d'une partie du fief de Feux, l'aumônier du Roi ne voulut pas continuer à plaider contre les pauvres, et, le 23 novembre 1674, il leur fit donation de la partie principale du fief qui lui appartenait, soit 40 arpents de terre labourable et de tous les droits seigneuriaux et féodaux qui en dépendaient. Puis, quelques jours après cette donation, par deux actes passés le 7 décembre suivant 1674, le même M" Séguier vendit, cette fois,àl'llôpital des Incurables 44 arpentsdeterre labourable en roture et en la censive du seigneur de Gueux, situés au terroir de Bouillancy; 2° une ferme consistant en bâtiments, grange, etc., et 101 arpents de terre et prés, le tout situé au Plessis d'en Haut et en la censive dudit Hôpital, à cause de sa seigneurie du Plessis-Bouillancy.

Diverses acquisitions partielles vinrent encore peu à peu compléter le bloc primitif de la seigneurie.

Le 21 mai 1681, Ëtienne Besnard et Denise Desisles, sa femme, vendirent à l'Hôpital 4 arpents de jardins à herbes et arbres fruitiers, 4 travées d'une grange faisant partie de 12 travées couvertes en tuiles situées à Fosse-Martin, une bergerie située dans la cour commune de ladite grange, et un petit jardin sis au Plessis-Bouillancy devant la grande porte du Petit Noyon et 14 pièces de pré, le tout d'une contenance de 10 arpents, 1 quartier 1/2 et 2 perches.

Le 10 jum 1682, Marie Besnard, femme séparée « de biens


et d'habitation o de Nicolas Hubert, autorisée par justice, vendit aux Incurables un arpent, terroir de Bouillancy, près le bois de Monterolle, et 4 livres 10 sols de rente à prendre sur une maison du Plessis, lieu dit la Rue Fourmantel appartenant à François Hostellet. Puis le 28 décembre 1682, autre vente par la même, d'une des 12 travées de la grange citée plus haut. Enfin le 2 juillet 1683, autre vente encore par la même femme Hubert de 5 quartiers de terre près le chemin de Crépy, de 3 quartiers 23 perches lieu dit le chemin de Nanteuil, d'un demi-arpent au Dessus des Clos, et d'un autre demi-arpent de terre.

Le 11 juillet 1682, Nicolas Besnard et Marguerite Lenfant, sa femme, vendent à l'Hôpital, 4 pièces de terre sur le PlessisBouillancy contenant 4 arpents 3 quartiers 15 perches, une petite maison sise audit Plessis, rue Jean, plus des rentes 8 livres à prendre sur la maison de défunts François Lucet et Pierre Redon, sise en la grande rue du Plessis d'en Haut T livres réduites à 4 liv. 10 s. « parce qu'elle était mal paiée n, à prendre sur les héritiers de Nicolas Queue et sur une maison sise au Plessis d'en Haut, occupée par François-Sébastien; 7 livres et 2 poulets à prendre sur une maison à Bouillancy « proche la Madelle » et ses dépendances.

Le 28 décembre 1682, Antoine Besnard vend encore aux Incurables

Un jardin d'arbres fruitiers sis à Fosse-Martin contenant 1 quartier 28 perches, 5 livres et un chapon de rente dus par Pierre Hermant, manouvrier au Plessis, et 4 livres de rente dues par Marie Le Duc, veuve de Jean Coustant.

Le 16 janvier 1683, Pierre Besnard et Léonarde Bernier, sa femme, vendent 26 pièces de terre contenant 18 arpents 2 quartiers 7 perches 1/4, une maison à Fosse-Martin, appelée la Grande Ferme, contenant trois travées, compris l'écurie à chevaux couverte de tuiles avec fournil, four, laiterie et droit de cour commune; « plus une laiterie toute neuve avec poulier au-dessus, le tout couvert de thuilles, joignant la porte de derrière de ladite maison; plus une travée et demie de grande grange couverte de thuilles tenant à celle d'Estienne Besnard et à la cour commune; » et une travée de grange sise à Fosse-


Martin dans ladite grange et 3 travées d'appentis, le tout couvert en tuiles.

La reste de cette grande grange de Fosse-Martin, soit quatre travées, fut acquis avec quelques petits bâtiments y attenant, par les Administrateurs de l'Hôpital, de Pasquier Besnard et Geneviève de Sassy, sa femme, le 28 juillet 1684. Il y eut, au même moment, un procès entre l'Hôpital et Pierre Besnard au sujet de terres qu'il avait vendues sises à l'Orme Hurtubie, à la Haye de la Sault, à la Voyette et sur lesquelles des empiètements avaient été commis par le s' Le Roy de Jossigny et par les consors Jean Desils. Ces difficultés se terminèrent par une transaction en date du 19 septembre 1685 aux termes de laquelle Pierre Besnard et sa femme donnèrent à l'Hôpital d'autres terres sises aux lieux dits Sur le Chemin de Paris, les Haquenelles, au Dessous du Montoir de Réez, au Chemin Vert et au Chemin de Meaux. Un autre procès surgit encore à propos de la vente de terres faite par Pierre Besnard le 16 janvier 1683. Parmi ces terres était une pièce située lieudit « au-dessus du Fond Blontin qu'un nommé Louis Brescord, marchand à Acy, prétendait lui avoir été vendue pas Pasquier Besnard, frère de Pierre. On transigea le 21 mai 1685. M. Lecomte, administrateur, au nom des Incurables, abandonna une certaine quantité de terre « proche le Mitoy » et Pasquier Besnard consentit de son côté, à une cession de terre au terroir de Fosse-Martin, lieudit le Pré Henry.

D'autres acquisitions furent encore faites par l'Hôpital Le 22 mai 1684, uri demi-arpent terroir de Bouillancy, lieudit la Fosse aux Prêtres, près la remise du Chemin de Nanteuil, à Pierre Bouchel et Jeanne Bontemps, sa femme;

Le 7 juillet 1683, 1 j arpents 21 perches à M"' JacquesFrançois Bourdereau, procureur au Chatelet et D"' Marie le Camus, sa femme;

Le 13 décembre 1683, une maison manable contenant trois travées couvertes de chaume à deux étages de haut assis au Plessis-Bouillancy, cave à côté de lad. maison du costé du chemin conduisant au Mitoy et une travée de grange cy-devant en masure du costé de l'Église avec les deux jardins


à herbes et à arbres devant et derrière lad. maison o à Nicolas Tavernier, se portant fort de Madeleine Babille, sa femme, et de Nicole Héraut, sa mère, veuve de Jean Tavernier. Enfin le domaine de Bouillancy était complété dès l'origine, par le fief de Chanteraine, lequel avait cette particularité d'être la seule dépendance de'Bouillancy dépendant et relevant en plein fief d'un particulier, c'est-à-dire du seigneur d'Auger « dit des Francs Fiefs de Nanteuil. » Le l" juin 1718, les Administrateurs de l'Hospice rendirent la foi et l'hommage et fournirent l'aveu et le dénombrement de ce fief à Madame de Pierrecourt, dame d'Auger, par l'intermédiaire de M. Philippe de Villiers, sieur de Guignardière, désigné à cet effet, par acte du 27 mai précédent, comme « homme vivant et mourant du fief de Chanteraine. » Ils lui payèrent en même temps la somme de 40 livres à laquelle ladite dame avait volontairement réduit les droits plus considérables qui lui étaient dus « à cause du décès du précédent homme vivant et mourant. » Et pour terminer la liste des acquisitions faites par les Incurables, postérieurement à leur achat de 1672 et avant la rédaction de notre manuscrit, nous citerons la dernière, en date du 2 juillet 1747. Il s'agit de 3 quartiers de terre au terroir du Plessis-Bouillancy, lieu dit le Fond BIouquier, cédés par François de Ville, Françoise Paysanne, sa femme, et Geneviève de Ville, fille majeure, pour demeurer quittes des cens, surcens et droits seigneuriaux, dont ladite pièce de terre était chargée envers ledit Hôpital, à raison de 4 deniers obole de cens et de 2 boisseaux de blé de rente.

Tel était le domaine de Bouillancy appartenant à l'Hospice des Incurables. Il nous faut revenir maintenant à l'acquisition primitive de 1672 pour en indiquer les charges et montrer les difncultés auxquelles elle donna lieu.

On désignai ainsi le représentant des vassaux de main morts, lesquels, ne moorant pas, n'auraient jamais payé à leur seigneur les droits auxquels donnaient heu Couverture de la succession d'un fief à relief, retrait féodal, etc.


II

Charges de l'acquisition faite par l'Hospice

des Incurables

Procès et contestations diverses

Les différentes formalités consécutives à l'acquisition de Bouillancy par l'Hospice des Incurables en 1672, se poursuivirent pendant les années suivantes avec la lenteur coutumière. Par Lettres Patentes du Roi en date d'octobre 1672 et de juin 1685, et enregistrées successivement au Parlement, en la Chambre des Comptes, au Bureau des Finances et à la Chambre du Trésor au Palais, les fiefs de Bouillancy, Feux et Gueux furent amortis, c'est-à-dire que les Incurables furent autorisés à acquérir ces fiefs en payant les droits d'amortissement La prestation de foi et d'hommage pour les fiefs relevant directement du Roi fut rendue en 1673 avec toutes les formalités d'usage et au nom de l'Hôpital, par un sieur Jean Jacquard, « nommé pour homme vivant et mourant des terres et seigneuries du Plessis-Bouillancy, Poix, Réez, Fosse-Martin et Chantemerle, du fief de Feux et seigneurie de Gueux. » s. L'aveu et dénombrement de ces mêmes terres ne put être rendu que le 22 janvier 1687 3.

L'adjudication faite au profit de l'Hospice des Incurables comportait quelques charges.

Ils devaient, d'abord, distraire de leur acquisition 44 arpents de terre vendus précédemment par M. et Madame de Lignières à Louis Gerson, par contrat passé devant Le Vasseur, notaire à Paris, le 10 janvier 1667. Cette réserve paraît n'avoir donné lieu à aucune dimculté.

L'amortissement était le droit que payaient les gens de main-morte pour posséder une propriété immobilière.

Arrêts de la Chambre des Comptes des 27 juin et 31 juillet t673, 18 et 20 juillet t685. Jugements du Bailliage et Siège Présidial de Meaux des 30 octobre 1673 et 28 juillet t685.

Lettres d'Attache de la Chambre des Comptes au Bailliage de Meaux en date du 28 février 1687. Sentence dudit Bailliage du 8 novembre 1688.


Il n'en fut pas de même, comme nous l'avons vu plus haut, du procès avec M. Séguier dont nous avons raconté l'heureux dénouement.

En l'année 1673, le 28 juillet, pour mettre fin à une contestation soulevée avec Pierre Hervé, sous fermier du domaine de Meaux, et avec Anne de Bourgogne, dame de Marcé contestation qui avait déjà donné lieu à un arrêt du Conseil du 11 février précédent–les administrateurs de l'Hôpital payèrent: 1° 5500 livres à ladite dame de Marcé comme « donataire du Roy » des droits de quint et requint de la seigneurie de Bouillancy, en vertu de Lettres Patentes du 27 août 1672; 20 5500 livres aux sieurs Caboud et Macé, intéressés dans les fermes des domaines du Roi des Élections de Meaux, Provins et Coulommiers, sous le nom de Pierre Hervé, et en paiement de ce qui pouvait leur être dû, sur le quint et requint et sur les droits seigneuriaux et féodaux de la terre de Bouillancy. Dix ans plus tard, le 23 septembre 1683 (puis le 29 novembre 1686) les Administrateurs s'acquittèrent d'une autre dette en payant au Prieuré de N.-D. de Nanteuil-le-Ilaudoin la somme de 190 livres à laquelle montait le droit d'indemnité de deux pièces de terre sises en la seigneurie de Chevreville, dépendant dudit Prieuré, l'une contenant 3 quartiers et l'autre quatre arpens, faisant partie des héritages acquis par l'Hôpital, de M. le Président Jean-Jacques de Mesmes, par contrat du 25 septembre 1681, comme nous l'avons vu plus haut. Une troisieme affaire fut plus longue à régler.

Il s'agissait, cette fois, d'un conflit entre les seigneurs de Bouillancy et les Religieux de Saint-Fiacre en Brie, conflit ayant pour origine une vente de biens ecclésiastiques faite à Meaux le 12 avril 1577. Les Religieux, appuyés sur un arrêt du Conseil du 29 août 1642, prétendaient, en remboursant le prix de cette aliénation, se mettre en possession d'une ferme et de divers héritages, droits seigneuriaux, etc., au terroir du Plessis-Bouillancy. C'eut été un partage de la seigneurie que ne pouvait admettre Madame de Gribauval. Aussi transigea-tDroit du au seigneur à chaque vente d'un fief relevant de lui. Le quint était primitivement )e cinquième du fief vendu et le requint le cinquième denier du qumt.


elle le H mai 1644, moyennant la promesse d'une somme de 2500 livres tournois qu'elle paya en abandonnant auxdits Religieux 24 arpents de terre au terroir de Bouillancy, sur le chemin conduisant à Nanteuil, amortis et quittes de droit d'indemnité, droit d'honneur et de seigneurie « pour le regard des personnes desdits religieux seulement. » H était également convenu que lesdits religieux rentreraient en possession immédiate de 3 arpents en deux pièces provenant de la même aliénation pour en jouir « en toute indemnité et amortissement » ainsi que des 24 arpents.

Cette transaction n'ayant pas été ratifiée en temps voulu par les enfants mineurs de Madame de Gribeauval et celle-ci n'ayant fourni aux Religieux de Saint-Fiacre que 6 quartiers de terre au lieu des 3 arpents promis, une autre transaction intervint le 4 janvier i668 entre le marquis et la marquise de Lignières, gendre et fille de Madame de Gribeauval et les Religieux, auxquels ils abandonnèrent 6 quartiers de terre à prendre en une pièce de 7 quartiers et demi, au Petit Merisier, terroir du Plessis-Bouillancy, plus, pour représenter le revenu desdits 6 quartiers de terre depuis 1644 jusqu'à 1668, deux arpents de terre à prendre dans une pièce contenant 3 arpents et demi 16 perches lieu dit le Haut du Chemin de Crépy, le tout déchargé des droits d'indemnité et autres droits seigneuriaux, ainsi que du droit d'amortissement. C'est le paiement de ce dernier droit qui amena des difricultés entre l'Hospice des Incurables et les Religieux de Saint-Fiacre. Le premier refusant de payer ce droit pour compte des Religieux, ceux-ci entamèrent une procédure et le ii mars 1692, ils obtinrent sentence du Châtelet de Paris condamnant les Administrateurs de l'Hospice à leur fournir « dans le mois pour tout delay » la décharge des droits d'amortissement des 26 arpents de terre à eux délaissés en vertu des transactions de 1644 et de 1668, ou de leur payer la somme de 592 livres 6 sols 8 deniers, montant de ces droits, des 2 sols pour livre et et des intérêts du jour de la demande. La contestation prit fin par la remise, le 6 mai suivant, à Dom Benoist Alleaume, Religieux et procureur conventuel du Prieuré de Saint-Fiacre, du reçu de ladite somme payée en l'acquit des Religieux pour


le droit d'amortissement et nouvel acquit dû au Roi à cause de ces 26 ou 27 arpents de terre possédés par Saint-Fiacre en la terre et seigneuries du Plessis-Bouillancy.

Mais les Administrateurs des Incurables n'étaient pas au bout de leurs peines et ils devaient vérifier plus d'une fois encore l'exactitude du vieux proverbe qui terre a, guerre a. C'est ainsi que quelques semaines avant leur acquisition, le 10 juin 1672, le Châtelet de Paris avait rendu une sentence déboutant les habitants de Bouillancy de certaines prétentions. Profitant du désarroi des affaires de leur dernier seigneur, le marquis de Lignières, et de la laborieuse liquidation qui en était résultée, ces habitants avaient réclamé 15 à 16 arpents de pré, marais et usage qu'ils prétendaient leur appartenir dans la prairie de Bouillancy et aux environs de l'étang dudit lieu, pour en jouir ainsi que des arbres, aulnaies et saulsaies qui y étaient plantés « sans préjudice de plus grande quantité, lesquels usages étaient compris dans la saisie réelle de la terre sous le titre de 20 arpents d'eau ». Ils allaient même plus loin, et demandaient que les deux moulins de la seigneurie fussent déclarés non bannaux et qu'ils ne fussent point vendus avec le titre de banalité.

On avait passé outre à ces prétentions dans la sentence d'adjudication; mais les habitants avaient appelé au Parlement de cette sentence du Châtelet et il fallut, suivant les habitudes de la justice du temps, une bonne quinzaine d'années pour que, le 21 juillet 1687, la 5' Chambre des Enquêtes mit l'appel au néant et ordonnât que la sentence du Châtelet du 10 juin 1672 serait exécutée.

Enfin les Administrateurs des Incurables eurent maille à partir avec leurs voisins les seigneurs de Betz et d'Acy. Des contestations surgirent avec les premiers au sujet de la lisière des bois de Montirolles appartenant à, l'Hôpital, sur laquelle lisière M. Lallemant, seigneur de Betz, commit un empiètement en 1690. Un procès-verbal de mesurage fut dressé par Gérard, arpenteur ordinaire du Roi le 4 novembre 1700, et un arrêt de la Grand'Chambre du Parlement rendu le 5 août 1701, ordonna l'entérinement dudit procès-verbal donnant raison à l'Hôpital. Mais il paraît que ces lisières boisées impor-


taient beaucoup à M. Lallemant, peut-être au point de vue de la chasse, car le 22 mars 1713, par acte passé devant Courtois, notaire, le seigneur de Betz, achetait à l'Hôpital le bois en question, contenant 354 perches, moyennant la somme de 900 livres (qui ne fut payée d'ailleurs que le 23 août 1740) et l'obligation de tenir sa nouvelle acquisition en plein fief, foi et hommage de la seigneurie du Plessis-Bouillancy. Avec M'' Jacques Cadeau, seigneur du Haut et Bas Acy, c'est aussi une question de limites compliquée d'une question de voierie qui troubla les relations de bon voisinage. Il s'agissait du chemin qui avait toujours, de temps immémorial, servi de limite aux domaines de Bouillancy et d'Acy. Les Administrateurs de l'Hôpital et M'' Cadeau eurent la sagesse de s'en rapporter à des arbitres le premier Président du Parlement de Paris et Messieurs Symonnet et de Champeron, conseillers en la Grande Chambre. Une transaction fut signée par leurs soins le 10 septembre <744 et les parties reçurent chacune la moitié du chemin litigieux et les droits de seigneurie, justice et voierie afférents à cette moitié.

D'autres procès surgirent encore entre les Incurables, seigneurs de Bouillancy et diverses personnes, au sujet de leur domaine. Nous en citerons seulement quelques-uns En 1689, les fermiers et receveurs des Incurables avaient, dans l'intérêt public, fait creuser un fossé pour établir une conduite d'eau dans l'étang du Moulin, à travers une pièce de pré que le sieur Richer prétendit lui appartenir à cause de dame Marie-Jacqueline Nivet, sa femme, auparavant veuve de Claude IIerteloup, ëc'uyer, comme propriétaire d'une ferme sise au Plessis-Bouillancy et relevant de la seigneurie. Le procès commencé, une transaction intervint le 7 avril i700, par laquelle les Administrateurs reconnaissant au SI Richer sa propriété, s'engageaient à combler le fossé. Puis dix ans après, le 13 août 1710, le S'' et la dame Richer consentirent à l'échange de 5 perches à prendre dans le pré litigieux pour y établir le passage des eaux, contre un morceau de terre en jardin alors en friche contenant 8 perches ou environ.

Le 16 mai 1712, cette acquisition fut complétée par celle de 4 perches de pré près du moulin de Bouillancy dont les


Administrateurs s'étaient également emparé pour conduire l'eau dans l'étang dudit Moulin, et que son propriétaire, Thomas Dupont, consentit alors à leur vendre.

En 1718, les Administrateurs demandèrent à MM. de Brégy, de Creil, Lavoisiére et Lucy la restitution de 6 quartiers de terre faisant partie d'une pièce de 3 arpents 6 perches, mesure du Plessis, située au lieudit Galinée et tenant à MM. de Creil, de Claye, de Brégy et aux Marguilliers de Meaux. Nous n'avons pas le résultat de ce procès qui durait encore en 1724. III

Rentes seigneuriales. Vignes

Malgré ces difficultés incessantes, l'Hospice des Incurables ne cessait de consolider sa situation seigneuriale à Bouillancy, notamment par l'acquisition de rentes.

Le 26 septembre 1681, il acheta 30 setiers de rente annuelle, « composant 2 muids et demi de grains, les deux tiers bled froment et l'autre tiers avoine, le tout mesure de Meaux et y rendu ». Cette rente en nature due par Remy Pierre Bernier et consorts, du PIessis-PIacy, fut acquise de M' Louis Roussin à d"' Françoise Plastrier, sa femme plus 48 arpents de terre labourable au Plessis-Bouillancy. Le 12 juillet 1684, M" Gabriel Destancheau, seigneur du Plessis-Placy, reçut des Incurables la somme de 1092 livres pour le droit d'indemnité qui lui était dû par l'Hôpital à cause de cette acquisition de rente assise sur des terres en sa seigneurie.

Les 13 'et 19 septembre 1741, les héritiers Castel, de Berly et Pierre passèrent aux Incurables titre nouvel de ladite rente de 30 setiers.

Notre manuscrit donne, en outre, la nomenclature d'un certain nombre de baux à rente créés ou renouvelés par les Incurables dans leur seigneurie de Bouillancy et dont nous citerons quelques-uns

Le 24 mai t683, MM. Le Comte et Baussan, administateurs de l'Hospice, prirent notamment divers baux à rente à charge


de planter en vignes 1° à Louis Marland, vigneron à Bouillancy, une pièce de terre d'un arpent, lieudit « au desçuz de la Ferme Montigny », à charge de 5 titres de rente foncière non rachetable, payable chaque année à la Saint-Martin d'hiver. Cette rente était divisée en 1641 entre plusieurs qui en avaient donné titre.nouvel.

2° Un demi arpent au même lieu et aux mêmes conditions à Nicolle Le Fèvre, veuve de Pierre Mahieu, à charge de 2 livres 10 s. de rente 4

3° à Henry d'Estaing, un demi-arpent moyennant 50 sols de rente foncière

4° Enfin à Antoine Gland un demi arpent moyennant 50 sols de rente.

On remarquera cette obligation imposée de créer des vignes. La culture de la vigne paraît, d'ailleurs, avoir joué déjà un rôle important à Bouillancy avant la fin du xvn" siècle, car un bon nombre des rentes foncières créées par l'Hospice des Incurables sont assises sur des terres complantées en vignes. C'est ainsi que le 21 mai 1685, les Administrateurs concèdent à Prudent Le Fëvre une maison manable et ses dépendances, près l'église du Plessis-Bouillancy, 12 perches de terre « à faire chenevière » près le Ponceau, et 7 quartiers « commencés à être plantés en vignes x derrière la Maison de Montigny, à charge de 32 livres 18 sols et 11 deniers de rente. Le 2t mai 1685, bail à Louis Bourdereau de 3 quartiers 9 perches plantés en vigne lieudit le derrière du Clos de Montigny à charge de 3 livres 15 s. de rente foncière. Le 20 novembre 1693, bail à Prudent Le Fèvre d'un demiarpent de vignes lieudit « proche et derrière la ferme de Montigny », à charge de 4 deniers de cens et 59 sous de rente foncière.

Le 1" mai 1701, bail à Louis Le Febvre de 1 quartier 3 perches de vignes à Bouillancy, lieudit « dans le Clos de Montigny à charge de 4 deniers de cens et de 1 livre 8 sous 6 deniers de rente foncière.

Le 12 mai 1701, bail à Antoine Pierre d'un quartier de vignes même lieu, à charge de 1 livre 5 sols de rente foncière. Le 10 mai 1701, autre bail à Guillaume Cotteret d'un quartier


23 perches de vignes au même lieu, à charge de 3 deniers de cens et do 2 livres 2 s. 8 deniers de rente foncière. Le même jour, bail à Thomas Dupont d'un quartier 3 perches de vignes au même lieu, à charge de 4 deniers de cens et 1 livre 8 s. 6 d. de rente foncière.

Le même jour, bail à Pierre Barlemont d'un quartier 17 perches de vignes au même lieu, à charge de 4 deniers de cens et de 1 1. 18 s. i6 deniers de rentes.

Le même jour, bail à David Thiron d'un quartier de vignes au même lieu, à charge de 1 livre 5 sols de rente.

Le même jour, bail à Antoine Gland d'un demi-arpent 8 perches et demie de vignes au même lieu, à charge de 8 deniers de cens et de 2 1. 19 s. 6 d. de rente.

Le 15 mai 170), bail à Denis Hostellet d'un quartier 17 perches de vignes au même lieu à charge de 6 deniers de cens et de 1 livre 18 sols 6 deniers de rente foncière.

Vers le même temps, 'à une date indéterminée, bail à Jean Arnoult d'un arpent et demi de vignes moyennant une rente foncière.

Comme on le voit, les vignes ne manquaient pas à Bouillancy. Si nous en croyons une tradition locale, le vin y était bon et suffisait à la satisfaction des habitants à cette époque où l'eau de mort n'avait pas encore commencé à ruiner notre race En résumé, en additionnant les rentes foncières créées, tant sur des vignes que sur des terres labourables et en y ajoutant celles provenant d'acquisitions faites de la famille Besnard on arrive à un total de rentes connues en 1759, s'élevant à 124 livres 8 sous 8 deniers.

Parmi ces rentes acquises des Besnard, il y en a une assise sur la maison de François Lucet et Pierre Redon, rue Fromentel, à Bouillancy, une autre sur les héritters de Nicolas Queue, au Plessis d'en Haut, une troisième sur une maison à Bouillancy, proche la Madelle, une quatrième à prendre sur Marie Le Duc, veuve de Jean Coustant, une enfin sur le curé de Reez. Plusieurs de ces rentes consistent en chapons, notamment une de deux chapons « vifs, gras et à plumes payables à la SaintÉtienne, au château du Plessis-Bouillancy, dont le titre nouvel fut passé la 3 juillet 166t par Adrienne Desprez, veuve de Nicolas Desjardina, à la marquise de Gnbeauvat comme aiant )a tutelle et garde noble de M"' sa fille ».


Les rentes ci-dessus devaient être payées au receveur de Bouillancy. Par contre, celles qui suivent étaient payables au bureau de recettes situé dans l'Enclos de l'Hospice des Incurables à Paris.

C'est d'abord une rente annuelle de 50 livres que doivent Nicolas Masson et Madeleine Ferry, sa femme, en échange de la permission à eux donnée par les Administrateurs le 22 mars 1728, d'établir à leurs frais une tuilerie sur un arpent de terre lieudit la Place Publique.

Puis une autre rente de 22 livres et 6 deniers de cens, dus par Henry Guyot et Françoise Ponsart, sa femme, en échange d'une maison à eux délaissée le 27 juillet 1745, sise à Bouillancy, rue Fromentelle, et de ses dépendances, le tout contenant 25 perches 7/24°.

Enfin 6 autres deniers de cens et 25 livres de rente foncière non rachetable dûs par Pierre-Paul Herman et Marie-Madeleine Masson, sa femme, pour le délaissement à eux fait le 22 juillet 1746 d'une maison à Bouillancy, son jardin et ses dépendances, contenant environ un demi arpent touchant au chemin du Mitoy et au Cimetière.

IV

Droits seigneuriaux de Bouillancy

Il pgut être intéressant de résumer les droits dont jouissaient les Incurables, en qualité de seigneurs de Bouillancy et de ses dépendances.

La terre du Plessis-Bouillancy et le fief de Gueux avaient haute, moyenne et basse justice. Les fourches patibulaires étaient placées entre l'Orme Hurlubie et le chemin de Sennevières La justice de tous les fiefs réunis pour former le 1 Ces fourches patibulaires à piliers et les poteaux « à mettre carcans », tombés en ruines dans la première moitié du xw siècle, avaient été retevés à la suite de Lettres de Terrier accordées par le Roi le 3t août i673.


domaine s'exerçait dans une salle du château de Bouillancy. C'était aussi dans ce château que se trouvaient les prisons seigneuriales.

Le seigneur avait droit d'aubaine, de deshérence, de bâtardise de confiscation et d'amende arbitraire quand le cas y cchéait. t.

De même il avait le droit de requérir le renvoi des hôtes et justiciables lorsqu'ils avaient été « convenus ou appelés pardevant d'autres juges que son Maire.

Ce Maire était institué par le Seigneur qui nommait également les Procureurs, Greffiers, Sergents et autres OfHciers pour l'exercice de la justice. Tous ces fonctionnaires étaient amovibles à la volonté du Seigneur.

H existait sur le territoire de Bouillancy deux moulins banaux, l'un à vent, l'autre à eau, où les habitants desdits fiefs et seigneuries étaient tenus de faire moudre leurs grains et il était interdit à tous autres meuniers a d'aller ni chasser dans l'étendue desdites terres x sans la permission du seigneur ou de ses meuniers, sous peine d'amende et de confiscation de leurs grains et de leurs voitures.

La ferme principale avait un colombier peuplé de 300 paires de pigeons et les autres fermes de simples « volets à pigeons ». Le seigneur avait de plus un four banal (en chaume) dans chacune des terres et seigneuries. Il avait des censives en argent, grains, poulles, chapons, cens 3 et rentes, et plusieurs rentes en argent, grains, pourceaux, limitations, divisions, s

C'était le droit d'hériter des bâtards morts sans enfants légitimes et intestats. li y a ici une dérogation à la Cou<uMS de ~Ueaux qui disait formellement dans son article 30 « succession du bâtard vient au Roy, Et s'il décède sans testament faire, la succession vient au Roy, et s'il fait testament, ledit testament accompli, ce qui reste appartient au Roy, car les successions des bâtards sont et appartiennent au Roy, s'ils n'ont enfans de leurs corps procrées en mariage. u

D'après l'article 206 de la Coutume de Meau. les biens confisqués judiciairement appartenaient au Haut-Justicier, saut en cas de condamnation pour Le&e-Majesté, hérésie ou fausse monnaie.

3 Le cens ordinaire était de 6 deniers par arpent.


franchises, libertés~ fouages avenages droit de ban et de corvée, hommes et femmes de corps 3, vins, lods et ventes etc., droit de voirie et de chasse à cor et à cri droit de vente de 12 deniers et 4 deniers de saisine, droit de champart sur plusieurs terres et héritages contenus dans la Seigneurie

1 Le fouage était un droit dû au seigneur sur chaque feu, maison ou famille et qui se prenait sur chaque chef de famille « tenant feu et lieu ». On n'en pouvait demander que cinq années et il se payait en argent ou en grains suivant la déposition des coutumes. La coutume de Meaux ne mentionne point ce droit.

L'avenage est un droit dû au seigneur pour l'usage qu'il a concédé aux habitants de ses terres

3 Les hommes et femmes de corps étaient serfs, mainmortables et attachés à la Glèbe (voir Coutume de Meaux, art. 1, 2, 5, etc.). Les lots et ventes se payaient moitié par le vendeur, moitié par l'acquéreur à moins de stipulation contraire, au seigneur dont l'héritage vendu relevait (Coutume de Meaux, art. 199).

Le 2 mai 1G83, le Marquis de Thémines, Gouverneur et Lieutenant Général pour le Roi en survivance et conjointement avec le duc d'Estrées, de la Province de i'He-de-France et du Pays Laonnois, fit lire, publier et afficher au-devant de la porte de l'église du Plessis-Bouillancy une ordonnance du 17 avril de ladite année portant défense à tous habitants des villages situés dans ce Gouvernement de sortir avec fusils, arquebuses brisées, mousquets, pistolets et autres armes à feu sous quelque prétexte que ce fut. Les Administrateurs des Incurables signifièrent le 25 mai une protestation au Greffe de la Gruerie de Nanteui). Plus tard, lors de la vente du domaine de Nantouil par le Prince de Condé, ils mirent opposition aux droits extraordinaires inconnus dont M. le Prince ni ses prédécesseurs n'avaient joui sur la terre de Bouillancy, notamment le prétendu droit de voierie sur la partie des grands chemins traversant ladite terre, le droit de travers, le prétendu droit de propriété de toutes les bruyères, landes et terres inculteb et vagues « scitués dans l'étendu des finz et limites de lad. terre », enfin le prétendu droit de 10 sols a prendre chaque année sur chaque habitant, de Bouittancy et le droit de chasse au gros et menu gibier. Ce dernier droit fut encore l'objet d'un arrangement entre le Comte de la Marche et les Administrateurs le 15 juillet 1767. Ceuxci consentirent à laisser pendant 7 années ledit prince chasser sur les terres de Bouillancy, Fosse-Martin et dépendances et d'y établir un garde avec gages.

L'aveu du 15 mars t396 détaitte la quotité de ce droit de champart (10 gerbes pour cent et 2 gerbes de moisson, amene dans la grange) et toutes les terres qui en sont chargées.


Chaque borne plantée dans l'étendue de la seigneurie donnait lieu au paiement de 5 sols au profit du seigneur.

Ce dernier avait le droit de contrôle sur les poids et les mesures, et faisait étalonner celles dont se servaient les habitants de la seigneurie

Le seigneur possédait encore le droit de rouage, c'est-à-dire de 4 deniers sur un chariot et de 2 deniers sur une charrette; Le droit de forage ou congé de vins, savoir une pinte de vin que les hôtes ou sujets vendant du vin devaient payer chaque année celui qui vendait du vin sans ce congé payait une amende de 60 sols au seigneur

Le droit de faire crier et défendre au mois d'août de charier des gerbes avant le lever du soleil ou après son coucher, sous peine d'une amende de 7 sous 6 deniers;

Le droit de ménage consistant en 12 deniers sur chaque vache laitière payable le Jeudi absolu sous peine de 60 sous d'amende.

Le droit de corvée de voitures 3 et de bras, en diverses saisons, mais surtout en mars; faute de faire ces corvées, les habitants étaient condamnés à 60 sols d'amende et pour les contraindre, le seigneur était autorisé à décrocher leurs portes et leurs fenêtres et à leur interdire d'aller travailler sur leurs héritages.

Voici quelques renseignements sur les mesures en usage à Bouillancy L'aune dont on se servait était semblable a celle de Meaux la mesure pour le \in était celle d'Acy-en-Multien, de même que cellepour le blé il fallait 12 septiers pour faire un muid, 4 minots pour un septier, et 2 boisseaux pour un minot La mesure pour l'avoine, plus grande que celle pour le blé, était aussi cette d'Acy 12 minots pour un muid, 4 minots pour un setier.

Quant à l'arpent. il contenait i'!4 perches et la perche 18 pieds carrés. Chaque arpent de terre était chargé de 6 deniers par an de cens ordinaire. On appelait ainsi le jeudi saint à cause de l'absoute solennelle que l'évêque donnait ce jour-)& à ceux qm avajent été soumis à une pénitence publique.

3 Le 13 juillet t'75t, une sentence du Maire de Bouillancy ordonna que les parties y dénommées seraient contraintes par toutes voies raisonnables et légales de (dira les voitures et journées a la corvée ainsi que le seigneur avait droit de les faire faire pour le rétablissement de la chaussée qui va de Réez à Fosse-Martin.


Tout individu qui se mariait sur lesdits fiefs, terres et seigneuries devait apporter ou faire apporter aux gens et officiers dans le château « une pièce de chaire (sic) double qui vaille deus, une pinte de vin et un pain aussy double » sous peine d'une amende de 60 sous envers le seigneur

Les « fonds » des Églises, presbytères et autres dépendances des deux paroisses de Saint Pierre de Bouillancy et de Saint Martin de Réez dépendaient de la justice seigneuriale. V

Château seigneurial

Nous avons déjà dit plus haut que le château de Bouillancy était le siège de la justice seigneuriale et contenait les prisons. D'après un bail de 1756, nous voyons que le château du Plessis-Bouillancy comprenait alors « plusieurs chambres par bas, au premier, second et troisième étage, grenier au dessus et écuries avec deux terrasses devant ledit château « du costé de la Citadelle et du Jardin, jusqu'à la rue qui va du château au Plessis d'en haut ».

II y avait aussi des fossés secs, assez larges pour qu'on put y dresser des meules.

A l'époque dons nous parlons, ce château constituait encore une entité indépendante de la ferme, puisqu'il avait un concierge spécial du nom de Gauthier, et il était encore habitable, puisque nous voyons les Administrateurs des Incurables imposer à leurs fomiers l'obligation de les « nourrir et héberger dans ce château, eux et « les personnes qui iront de leur part, avec leurs chevaux, pour les affaires de l'Hôpital, sans en prétendre aucune indemnité ».

C'était, d'ailleurs, une habitation purement théorique et ostentatoire, uniquement destinée à servir d'emblème à la seigneurie, car il résulte des clauses du bail que toute idée de Nons connaissons une sentence du Présidial de Meaux, du i" avril 1735 qui condamne un pariicuher et sa femme à cause de leur mariage, à payer ce droit.


luxe était écartée de l'usage que les Administrateurs en faisaient. Les jardins même qui entouraient ce château étaient loués au fermier et une clause du bail de 1756 nous montre qu'il fallait passer par les deux portes de la Ferme pour arriver au Château.

VI

Paroisses & Chapelle du Château

Institutions de Charité

Dans l'étendue de la terre du Plessis-Bouillancy se trouvaient deux paroisses Saint-Pierre du Plessis et Saint-Martin de Réez. La paroisse du Plessis, ainsi que le château, était dans le Plessis d'en Bas 1.

L'église de Bouillancy, de style ogival primitif, est une belle et solide construction

Le maître-autel est posé sur trois ou quatre belles pierres tombales dont l'une, du xvn* siècle, est celle du marquis de Gribeauval, et une autre un peu plus ancienne, porte le nom d'un Montmorency.

C'est cette dernière qui a fait -croire que Bouillancy avait longtemps appartenu à cette illustre famille qui a joué un si grand rôle et possédé tant de fiefs en Ile-de-France, et c'est ce qui a permis à des imprimeurs de cartes postales de mettre sous la reproduction de l'église ces mots quelque peu audacieux

« Chapelle du château des ducs de Montmorency. La cure de Bomllancy possédait des terres et un clos, comme il résulte d'un mesurage fait le 8 septembre 1741 et d'un autre du 24 mai 1744. Dans ce clos extstaient même de grands arbres qm donnèrent heu a des difficultés la même année entre les Curé et Marguuhera de Bouttlancy et Louis Morel, marchand de bots, adjudicataire d'une coupe d'arbres faite par les Administrateurs des Incurables.

Cette éghsc a hcuseusemcnt peu souffert du passage des Allemands en t914. Quelques obus sont seulement tombés sur quelques malbons du village lors du bombardement de VtHers-Saint-Genest, mais aucune sur l'Église.


D'abord, aucun Montmorency n'a jamais habité dans le modeste manoir de Bouillancy;

Puis, l'église paroissiale n'a jamais servi de chapelle au château

Enfin, ce ne sont pas les ducs de Montmorency qui ont été un instant propriétaires de Bouillancy, mais un modeste cadet de la branche de Dours, ainsi que nous l'expliquons plus haut. A part cela, l'inscription est exacte

Le 31 décembre 1683, le sieur Le Comte, administrateur des Incurables, donna à cet Hôpital une somme de 1600 livres pour constituer une rente non rachetable de 40 livres destinées à être distribuées chaque année aux pauvres habitants malades des deux paroisses et des hameaux dépendant de la seigneurie. Au milieu du xvm" siècle, c'était le fermier de Bouillancy qui était chargé par son bail de payer ces 40 livres.

Il y avait aussi à Bouillancy une Charité fondée à une époque que nous ignorons, mais antérieurement à 1683, et destinée à fournir aux pauvres desdites paroisses et hameaux des lits, du linge et autres choses suivant leurs besoins et nécessités.

C'est Claudine Rouault, veuve de Pierre de Grouches qui, comme nous l'avons déjà dit, établit dans le château de Bouillancy par acte du 24 octobre 1653, une chapelle en l'honneur de la Sainte Famille. On devait y célébrer la messe tous les jours « lorsque les seigneurs ou dames ou leurs enfans seroient présens audit château, et eux présens ou absens, tous les dimanches et festes ».

Cette chapelle était à la nomination et présentation des seigneurs ou dames du Plessis-Bouillancy, comme Patrons laïques, et à la collation et provision de l'évêque de Meaux. Il ne pouvait y être nommé et présenté qu'un prêtre séculier. Pour la doter, Madame de Gribeauval avait donné 16 arpents de terre labourable en plusieurs pièces situées au terroir d'Oissery, bailliage de Senlis. La fondatrice avait prévu le cas la chapelle serait « évincée desdites terres » malgré elle et ses successeurs et ceux-ci seraient alors tenus de fournir, au lieu et place de ces 16 arpents de terre, 32 arpents d'autres terres « à prendre dans les meilleures terres qui appartenoient


à lad. dame au terroir et seigneurie du Plessis-Bouillancy, amortis à ses frais et dépens ». De plus, Madame de Gribeauval s'était obligée à fournir les ornements, calice, luminaire et autres choses nécessaires et à entretenir à perpétuité ladite chapelle de toutes réparations quelconques.

Le 3 novembre 1653, l'évêque de Meaux alorsM. Séguieravait donné ses lettres approbatives de la fondation. Dix ans après, le 6 août 1663, Madame de Gribeauval, entrée en religion au monastère de la Visitation Sle-Marie du faubourg de Meaux et sur le point de faire profession, abandonna à la chapelle du château de Bouillancy 100 livres de rente au principal de 2100 livres qui venaient de lui être constituées par le même acte par Messire Ignace Rouault, marquis d'Acy, son frère.

Cet abandon parait avoir été fait pour tenir lieu de la donation du 24 octobre 1653; en effet nous voyons, le 12 décembre 1680, les Administrateurs des Incurables, devenus dans l'intervalle, propriétaires du domaine de Bouillancy, former opposition à la vente par décret, de la terre et seigneurie d'Acy, saisie sur ledit Ignace Rouault et sa femme, afin que cette terre ne fut vendue qu'à la charge expresse de supporter les charges de dotation et d'entretien de la Chapelle du château de Bouillancy fondée par la dame de Gribeauval.

Le 27 janvier 1684, une sentence colloqua lesdits Administrateurs pour être payés sur le prix de la terre d'Acy, d'une somme de 1000 livres destinée à constituer une rente de cinquante livres, devant être employée à maintenir les ornements, luminaires et autres objets nécessaires à la célebration du culte, et à entretenir les bâtiments de la Chapelle. La même sentence ordonnait encore que lesdits Administrateurs et Charles Lemaire, curé d'Acy et chapelain de ladite chapelle seraient colloqués et payés d'une somme de 1266 1. pour les arrérages de la rente de 100 1. échus depuis le 1er octobre 1671, plus de la somme de 2100 1. pour le principal de cette rente, à la charge d'en constituer immédiatement 100 1. de rente, réprésentant les 16 arpents de terre primitivement donnés par la marquise de Gribeauval pour la fondation de la Chapelle. Cette sentence fut exécutée de point en point par des actes


du 18 août 1684, du 18 janvier 1692, des 4 et 15 mars 1700, etc., et la rente passa successivement, après le Chapelain Charles Lemaire, à M™ Henry Le Navetier, que nous trouvons posséder la même qualité en 1700 et à M™ Charles Caudrillier, chapelain en 1715.

C'est à ce moment que le service religieux cessa dans la Chapelle du Château de Bouillancy. Le 12 octobre 1714, en effet, le Cardinal de Bissy, alors évêque de Meaux, écrivit une lettre aux Administrateurs par laquelle il leur manda que le chapelain du château de Bouillancy lui avait demandé de transférer le service dont il était tenu dans sa chapelle et de permettre qu'il se fît à Paris, dans l'Église de l'Hôpital des Incurables.

Les Administrateurs donnèrent un avis favorable et prièrent le Cardinal d'accueillir la demande du Chapelain.

Depuis lors le service de la Chapelle de Bouillancy s'acquittait dans l'Église des Incurables par des chapelains dont les honoraires étaient payés par l'Hôpital, lequel touchait directement la rente primitive de 100 livres, réduite maintenant au denier 40 et ne produisant plus que 55 livres.

La Chapelle du château de Bouillancy, avait été l'objet de quelques fondations particulières qui s'arrangeaient peut-être assez mal du transfert du service à Paris. Mais on sait qu'il y a des accommodements avec le ciel.

C'est ainsi que le 23 décembre 1678, Louis Le Prestre, écuyer, avait donné à l'Hôpital des Incurables 125 livres de de rente à prendre sur 1000 livres de rente qui lui étaient dues par l'Hôtel-Dieu de Paris. Cette donation était faite à la condition de paier 75 livres par an à un ecclésiastique pour dire 3 messes basses chaque semaine pour le repos de l'âme du donateur dans la Chapelle du château de Bouillancy, et de faire des Instructions familières et chrétiennes aux pauvres au moins de quinze jours en quinze jours. Cette rente fut remboursée par l'Hôtel-Dieu aux Incurables par contrat passé devant Chuppin, notaire, le 31 mai 1680.

Une autre messe chaque semaine avait été fondée dans la même chapelle par une demoiselle Potin.


VII

Bois

Situé dans la grande plaine du Multien, Bouillancy ne possédait pas de bois important sur son territoire. La ferme du Plessis comprenait cependant 18 arpents de bois taillis sous forme de garennes ou remises à gibier. Ces taillis étaient loués avec les terres labourables. Le fermier (bail de 1756) devait en faire faire la coupe tous les dix ans « suivant les Ordonnances » et rendre à chaque coupe « les places d'icelles vuides au plus tard au 15 avril, à peine de tous despens, dommages et intérets. » De plus, il devait « laisser tous les anciens ballivaux sans pouvoir les ébrancher ny éboter et laisser 16 nouveaux balliveaux de brin, des plus droits et des mieux venus, par chaque arpent et à chaque coupe », suivant l'indication des propriétaires. Il lui était interdit d'envoyer ni laisser aller aucuns chevaux ou bestiaux dans les bois ou garennes. Bien que dépourvue de grandes masses forestières, Bouillancy ne manquait pas, d'ailleurs, de bois de haute futaie. Il y avait, en effet, sur la seigneurie, beaucoup d'arbres épars. Un état du 12 mars 1759 évalue leur nombre à 10584. L'Hospice des Incurables, depuis son acquisition, avait obtenu la permission de prendre dans diverses pépinières du Roi, les plants nécessaires à l'entretien de ces plantations.

Il fallait, d'ailleurs, obtenir une autorisation spéciale du Conseil d'État pour la coupe de ces arbres, soumise aux droits de gruerie et de quint dûs au Roi et au comte de Nanteuil, comme nous le montre une opposition faite en 1742 par le Procureur du Roi en la Gruerie de Valois tant pour le Roi que pour la Maréchale Duchesse d'Estrées, comtesse de Nanteuil. Ces arbres épars de Bouillancy étaient considérés, en effet, comme faisant partie du Buisson de la Tour et de la Garenne de Réez, lesquels étaient enclavés dans les bornes de ladite Gruerie, limitée depuis le village d'Acy jusqu'à la fontaine de Gueux par la rivière de Gergogne, en vertu d'un procès-verbal de M. Mille, commissaire député par le Conseil, en 1540, pour faire cette délimitation.


Ce qui semble prouver, d'ailleurs, la réalité de ces droits, c'est que, lors de l'acquisition, le 1er octobre 1622, par Madame Jeanne de Chastaignier, comtesse de Nanteuil, de la moitié du quint appartenant au Roi dans les bois de la Gruerie de Valois et de Nanteuil-le-Haudouin, le bois de la Tour, tenu de cette Gruerie par le sieur de Bourg et contenant 6 arpents 28 perches, fut compris expressément dans cette vente.

Cela n'empêcha pas les administrateurs des Incurables de protester plus tard, au moment de la saisie réelle de la terre de Nanteuil en 1745, contre ces prétentions des Seigneurs de ce domaine. Ils firent notamment opposition

Au prétendu droit de connaître en première instance par les gruyers de Nanteuil et de Valois de toutes les matières et de tous les différends qui avaient rapport aux bois dépendant de la terre et seigneurie du Plessis-Bouillancy Au prétendu droit de gruage qui consistait à prendre des « brindelles » et autres menus bois verts et secs et à permettre de couper des bouleaux pour faire des balais dans une partie des bois de lad. seigneurie

Au prétendu droit de quint, soit en bois, soit en argent, au choix du comte de Nanteuil, et au droit de requint en cas de revente de partie des bois de ladite seigneurie

Au droit prétendu dans l'étendue de ladite seigneurie sur les bois plantés ou « accrus », sur les bruyères, landes, friches et terres vaines et vagues, que les dites bruyères fissent ou non partie des anciens bois i

Et généralement à tous les autres droits exprimés ou non exprimés dans la saisie réelle dudit comté de Nanteuil que l'on aurait voulu étendre à la seigneurie de Bouillancy. Tout ce qu'admettaient les Administrateurs des Incurables, c'était le droit de police sur les bois de leur dite seigneurie du Plessis-Bouillancy, exercé par les officiers de la Gruerie de Nanteuil de la même manière et dans les mêmes conditions que les Maîtres particuliers des Eaux et Forêts du Roi. Nous n'avons trouvé aucun renseignement nous permettant d'indiquer quel fut le sort de ces protestations et la solution de ce conflit.


VIII ·

Mesurage et Baux

Comme la sentence d'adjudication de la seigneurie de Bouillancy de 1672 ne faisait point l'énumération des terres dont elle était composée, les Administrateurs des Incurables demandèrent et obtinrent le 31 août 1673 des Lettres en forme de Terrier, scellées du Grand Sceau et entérinées par le Bailly de Meaux le 18 novembre de la même année. En vertu de ces lettres, des publications furent faites comme d'usage et des déclarations fournies par les propriétaires des héritages mouvant de la dite seigneurie. Les Administrateurs adressèrent donc au Bailly de Meaux une requête demandant qu'il fût ordonné que la cloture du terrier serait une fois seulement publiée en la ville de Meaux à jour de marché et aux lieux et endroits où il serait besoin et que, pour parvenir à ladite cloture, les mesurage, arpentage et bornage de tous les héritages contenus en la seigneurie seraient faits par deux arpenteurs nommés d'office. Sur cette requête, le bailliage de Meaux rendit le 18 janvier Ifi79 une sentence conforme,' désignant Jean Baudouin et Pierre Rain, arpenteurs royaux, pour faire lesdits mesurage, arpentage et bornage après avoir prêté serment. Cette sentence fut publiée et affichée dans les paroisses de S'-Martin de Rez-Fosse-Martin, de S'-Pierre et S'-Germain de Brégy, de S'-Germain de Puisieux, de SteMarie-Madeleine de Sennevières, de S'-Martin de Chevreville, de S'-Denis de Villers-S'-Genest, de S'-Germain de Betz et de S'-Pierre du Plessis-Bouillancy, suivant trois procès-verbaux des 8, 12 et 15 mars 1682.

En conséquence, les arpenteurs royaux sus-désignés procédèrent au mesurage, arpentage et bornage de la seigneurie de Bouillancy et dépendances au cours des années 1683, 1684 et 1685; et sur ce mesurage général, un relevé fait par Monvoisin, arpenteur-géographe le 24 janvier 1732, constata que l'Hôpital' des Incurables possédait à Bouillancy, Feux, Gueux et Fosse Martin, 1405 arpents 1 quartier 9 perches de terre, auxquels') il faut ajouter une acquisition faite en 1747 de 3 quartiers, ce-* qui porte l'ensemble du domaine à 1406 arpents 9 perches.


En 1759, ce domaine était divisé en 3 baux

10 Celui de la ferme du Château du Plessis-Bouillancy et de la ferme de Fosse-Martin (avec Poix, Réez et Chantemerle) contenant 874 arpents 4 perches, dont 18 arpents en bois et 6 arpents 3 quartiers de sables, savarts et grès, suivant mesurage fait en janvier 1752 par Nicolas Laisnë, arpenteur royal au bailliage de Meaux. Ces deux fermes étaient louées, par acte du 1er décembre 1756, à André Prévost et Marie-Catherine Afforty, sa femme, pour une période de neuf années, moyennant un fermage de 7.000 livres payables à Paris en trois termes, plus 40 livres à payer chaque année aux pauvres de Bouillancy et à titre de pot de vin « pour une fois seulement » 300 livres d'aumône, « pour aider à acheter des lits pour coucher les pauvres malades de l'Hôpital. » De plus, les cens, surcens, rentes foncières, le tiers des lods et ventes et des amendes étaient abandonnés au fermier, qui, par contre, devait payer toutes les charges et redevances pouvant être dues à des seigneurs étrangers par les terres louées. Outre les terres et bois, ce bail comprenait les deux étangs et les deux moulins banaux plus une masure, reste de la ferme du Château Vert, détruite depuis longtemps.

2° Celui de la ferma de Feux au Plessis d'en Haut, comprenant 224 arpents 2 quartiers 10 perches 1/33, loués le 28 mai 1755 à Charles Guénot et d11» Marie-Jeanne Huyot, sa femme, pour neuf ans, moyennant 1800 1. de fermage payable en une seule fois à Paris à la Saint-Martin d'hiver; plus la charge de payer les cens, charges et redevances seigneuriales qui pouvaient exister sur les terres louées, enfin de payer une seule fois 36 livres pour acheter des lits à l'Hôpital. Les bailleurs se réservant entr'autres choses, les censives, lods, ventes et autres redevances dépendant du fief de Feux, et le droit d'être hébergés, eux, leurs gens, leurs chevaux et leurs équipages, par le fermier. Le fermier de Gueux avait la même charge. Le 20 janvier 1758, Louis Morel, charpentier, fit la prisée des deux moulins banaux loués au ménage Prévost avec la ferme de Bouillancy. Cette prisée se monta à la somme de 2870 livres 2 s. 4 d. sur laquelle 1528 1. 5 s. appartenaient aux propriétaires.

Le sieur Laisné, arpenteur, avait fait le plan de la ferme de Feux le 10 janvier 1753.


3° Enfin, celui du fief, terre et seigneurie de Gueux contenant 309 arpents 29 perches suivant un plan fait par Nicolas Laîné, arpenteur royal, le 21 décembre 1754 et jours suivants, loués le 28 novembre 1755 à Martin Lenfant et Marie-Théodore de Rome, sa femme, pour neuf années moyennant la somme de 1800 livres payables en deux termes, Noël et Pâques, plus 36 livres une fois données pour acheter des lits à l'Hôpital. Nous ne nous arrêterons pas sur les conditions de ces baux qui sont, d'ailleurs, presque exactement et textuellement les mêmes que celles des contrats actuels dans la même région. Nous ferons seulement observer que les Administrateurs se réservaient, bien entendu, les droits de haute, moyenne et basse justice; ainsi que le droit de chasse; la tuilerie établie à Bouillancy; le château seigneurial de ce lieu; 6 chapons gras à la S'-Martin d'hiver, etc.; mais ils abandonnaient les étangs qui devaient être pêchés et rempoissonnés tous les deux ans, au plus tard au mois de mars.

Le fermier de Feux devait planter chaque année 12 arbres fruitiers aux endroits qui lui seraient indiqués par les propriétaires celui de Gueux devait de même planter tous les ans 100 pieds de saulx et 20 ormes le long des chemins. Ce même fermier de Gueux devait chaque année 6 chapons gras et 12 paires de pigeonneaux; celui de Bouillancy, 6 chapons. Chaque fermier devait payer à forfait tous les ans une somme représentant les réparations locatives qui restaient à la charge du propriétaire celui de Bouillancy et Fosse-Martin payait 40 livres, celui de Feux 15 livres et celui de Gueux 20 livres. Les fermages totalisés du domaine de Bouillancy s'élevaient à la somme de 10716 fr. 6 sous, 8 deniers, plus les petites redevances en nature que nous avons indiquées, auxquelles il faut ajouter les 30 setiers de grains à livrer chaque année dans les greniers de l'Hôpital. Enfin, deux rentes foncières faisant ensemble 75 livres, et le « casuel », c'est-à-dire les lods et ventes estimées annuellement à 200 livres.

Tel était, au milieu du xvme siècle, les revenus que tirait l'Hospice des Incurables de son domaine de Bouillancy. Il est intéressant, au point de vue économique, de constater que ce domaine resté tel quel, ou à peu près, aux mains de l'Assistance


publique, et divisé en deux fermes (plus deux corps de ferme délabrés), dont l'un porte encore le nom de ferme du château formant un total de 570 hectares en terres labourables et bois, produit aujourd'hui un revenu annuel d'environ 34.500 francs. Les propriétés de l'Assistance publique à Bouillancy n'ont pas souffert du passage des Allemands en 1914.

C" DE CAIX DE SAINT-AYMOUR


L'Invasion des Hispano-Allemands AU NORD DE PARIS

EN 1652

Combats de Nanteuil et de Brégy.

Senlis menacé.

Noyon, Creil, Pont-Sainte-Maxence et autres villes occupées ou assiégées.

En ce temps de cataclysme mondial dans lequel nous vivons depuis tant de mois, de quoi peut-on s'occuper sinon de la guerre, ou tout au moins de guerre ? L'obsession de la magnifique et tragique histoire que nous écrivons chaque jour avec notre sang et avec nos larmes, absorbe aussi bien le fouilleur d'archives au milieu de ses paperasses délaissées que le soldat qui combat sur le front ou l'homme d'Etat qui prépare la victoire. Je me suis donc demandé si je ne pourrais apporter ici quelque glane sur un sujet d' « actualité rétrospective » pour ainsi parler, et qui, en remuant en nous les mêmes fibres que font vibrer les évènements quotidiens, ne détonneraient pas trop avec les préoccupations qui nous assiègent.

Trouver des faits militaires ayant eu pour théâtre la région qui fait l'objet de nos études n'est pas chose facile depuis l'époque de Henri IV. A vrai dire, dans les trois derniers siècles, nos pays de Senlisien et de Valois n'ont vu aucun fait d'armes important; et c'eut été de ma part une prétention outrecuidante de rédiger hâtivement un récit de ce qui s'est passé dans notre « petite patrie » pendant la Ligue et sur cette campagne de 1589, au cours de laquelle la victoire de Senlis sauva la Monarchie Française, campagne sur laquelle les


documents abondent et qui, bien que traitée sommairement par plusieurs auteurs, attend encore son historien. Aussi ai-je dû me borner à chercher dans les Annales du xvii" siècle si je ne trouverais pas quelques faits de guerre peu connus, non relatés dans nos grandes histoires, et qui se seraient passés sur notre territoire. Évidemment, je ne prétends faire aucun rapprochement entre les très petits évènements militaires dont je vais parler dans les pages qui suivent et ce que nous voyons en ce moment tous les jours. Mais s'il est permis de comparer les petites choses aux grandes; il sera assez curieux de retrouver, il y a deux siècles et demi, plusieurs localités de notre région, non pas victimes des. mêmes horreurs on n'en connaît pas d'analogues dans l'histoire à celles que commettent nos adversaires d'aujourd'hui mais foulées par l'invasion des mêmes ennemis.

1

C'est, si mon lecteur veut bien le permettre, aux plus tristes jours de la Fronde que nous allons nous transporter. La guerre civile battait alors son plein. D'un côté, le jeune Roi Louis XIV représenté par sa mère-régente Marie de Médicis et par le Cardinal Mazarin de l'autre, les Princes et les grands seigneurs mâtés naguères par Richelieu, et qui tentaient, avec l'aide d'un Parlement de plus en plus envahissant, un retour offensif de la féodalité contre le Pouvoir Royal. Au mois de février 1651, la coalition des Frondeurs obtenait le renvoi de Mazarin, devenu le bouc émissaire de la cabale et consacrait le triomphe du Prince de Condé, de Gondi et de tous les brouillons qui demandaient la liberté de pêcher en eau trouble. La réactionne devait pas, d'ailleurs, se faire attendre. Dès le mois d'août suivant, Mazarin était rappelé et Condé exilé dans son Gouvernement de Guyenne. C'est de là qu'il traita avec l'Espagne et avec l'Angleterre et qu'il leva de nouveau l'étendard de la guerre civile contre le Roi qui venait d'avoir ses treize ans et avait fait en septembre sa déclaration de majorité. Le Duc d'Orléans, Gaston, Premier Prince du Sang et oncle de Louis XIV, marchait d'accord avec les, enne-


mis de son neveu, sous les auspices du Parlement qui allait jusqu'à mettre solennellement à prix la tête de Mazarin avec des raffinements de détails incroyables et des appels à la trahison sous toutes les formes les plus répugnantes

C'était l'anarchie complète.

La France était sillonnée d'armées en campagne qui la ravageaient à tour de rôle. Sans parler de celle du Roi, Mazarin avait la sienne puis, dans l'autre parti, les Princes avaient les leurs, et même Mademoiselle de Montpensier avait la prétention d'entretenir des troupes à ses ordres.

Mais il n'y avait pas en France que des troupes françaises. Comme nous venons de le dire, Condé, chef du parti des Princes, avait appelé l'étranger à son secours, et le vainqueur de Rocroi n'avait pas craint de se déshonorer en acceptant contre le chef de sa maison en même temps son Roi le concours de cette Maison d'Autriche, dont il avait, dix ans plus tôt, battu les vieilles légions. Ce sont là les surprises de l'histoire des guerres civiles.

Il ne faut pas, d'ailleurs, juger ces faits avec nos sentiments et notre mentalité actuels. Le patriotisme, ou tout au moins 1 le patriotisme général et national tel que nous l'entendons aujourd'hui n'existait pas encore au milieu du xvne siècle. La féodalité, mise à la raison par la main de fer de Richelieu, lequel avait voulu la remplacer partout par les « gens du Roi, » ancêtres de notre fonctionnarisme moderne survivait néanmoins dans les idées et dans les mœurs. Chaque grand seigneur avait sa clientèle représentant ses vassaux, ses sujets d'autrefois. La société politique se composait en haut de Princes au-dessus des lois ou se considérant comme tels, armés d'un prestige inouï dont nous ne pouvons plus maintenant nous faire aucune idée, et en bas de gens soumis à leur patronage, attachés à eux par des liens pour ainsi dire familiaux, lesquels les suivaient dans le bien comme dans le mal, et qui, pour emprunter l'expression usitée alors, leur «appartenaient ». Le Roi n'était encore que le premier de ces princes et il ne représentait en somme, que le personnage le plus important dans 1 Cet Arrêt du Parlement est du 29 décembre 1651. (Arch. Nat. U 188, f. 175-177.)


cette série de patronages particuliers qui constituaient alors l'ordre politique et social. Cet état qui frisait l'anarchie, explique donc surabondamment que les grands Frondeurs aient fait appel à l'étranger et que Condé, et aussi un noble soldat comme Turenne, aient pu passer d'un camp à l'autre sans être déshonorés ni à leurs propres yeux, ni même aux yeux de ceux qu'ils abandonnaient.

Comme conséquence de cet état de choses, la guerre se faisait alors de couronne à couronne, ou de prince à prince; elle n'avait rien de national. De petites forces composées de noblesse ou de soldats de fortune se combattaient aux frontières. Quand survenait la mauvaise saison, on prenait de part et d'autre ses quartiers d'hiver. La guerre, pour beaucoup, était une profession. On voyait encore parfois des corps de routiers, comme au temps de du Guesclin.

Le Duc de Lorraine, Charles IV, chassé de son duché par Richelieu en 1631, était le principal « entrepreneur de guerre » du moment. Il avait organisé une troupe de six mille soldats vivant de combats et de rapines, qu'il louait au plus offrant. C'était une machine admirablement organisée, traînant partout derrière elle ses « goujats », ses voitures, son ravitaillement en armes et son butin et, pour le reste, vivant copieusement sur le pays, cela va sans dire. Cela représentait, en très petit, quelque chose comme la grande mécanique allemande qui s'est déclanchée contre nous au mois d'août 1914 et dont nous et nos braves alliés sommes en train d'user ou de briser les derniers ressorts.

Pour le moment, le Duc de Lorraine était à la solde de la Maison d'Autriche, dont son arrière-petit neveu François III devait absorber les possessions allemandes en devenant en 1745, l'époux de Marie-Thérèse, la dernière des Habsbourg. Félix Austria, nube! Notons donc en passant que ce bandit du xvn° siècle était le prédécesseur direct et l'arrière grand oncle du vénérable et pieux massacreur des Serbes, des Croates, des Tchèques, des Roumains et de beaucoup d'autres, Sa Majesté Apostolique François-Joseph II de Lorraine-Habsbourg, notre adversaire actuel, et le dernier empereur de l'Austro-Hongrie.


Cette Maison d'Autriche n'avait pas manqué l'occasion que lui fournissait la Fronde de s'immiscer dans les affaires de France pour essayer de lui porter le coup mortel; elle avait donc accueilli avec plaisir la demande de secours que lui avait adressée Condé et les Princes.

Nous n'avons pas à raconter ici les opérations de l'armée de reitres du duc Charles de Lorraine, dont nous venons de parler. Ses incursions n'atteignirent pas la petite région dont nous nous occupons. Elles ne dépassèrent pas, de ce côté, Lagny-sur-Marne et Dammartin-en-Goële.

Il n'en est pas de même malheureusement, en ce qui concerne les armées de l'Archiduc Léopold-Guillaume d'Autriche, frère de l'Empereur, Gouverneur des Pays-Bas catholiques, que son double évêché de Strasbourg et de Passau n'empêchait pas d'être un des plus actifs guerroyeurs de son siècle. Déjà, dès l'hiver de l'année 1650, l'Archiduc Léopold avait franchi la frontière du Nord à la tête d'une armée d'Allemands et d'Espagnols. Au mois de juin, il avait manqué- enlever la ville de Guise-en-Thiérache; en août et en octobre, il avait menacé Paris, puis s'était retiré en apprenant la capitulation de Bordeaux, assiégée par le Roi en personne et sous la menace d'une armée royale, qui ne trouvant plus l'Archiduc, battit au moins le 15 décembre à Rethel, les troupes de Turenne, malheureusement alors parmi les dissidents. Le Valois ne parait pas avoir subi l'invasion en cette circonstance. Mais il n'en fut pas de même dix-huit mois plus tard. Au printemps de 1652, en effet, les évènements s'étaient précipités.

Au mois de février de cette année, Mazarin avait pris Angers et soumis l'Anjou. Deux mois après, en avril, Turenne, heureusement rallié au Roi, avait sauvé l'armée royale à Bléneau, puis conduit la Cour à Saint-Germain, d'où après avoir bataillé pendant cinq mois autour de Paris, il devait faire rentrer « glorieusement le jeune Louis XIV, le 21 octobre suivant, dans sa capitale, épuisée d'anarchie, et qui depuis plusieurs semaines, refusait même des vivres aux armées des Frondeurs qui l'entouraient, et rappelait son Roi à grand cris.


C'est dans cet intervalle de temps qui s'écoula entre la bataille de Bléneau et la rentrée du Roi à Paris (avril-octobre 1652) que se placent les événements qui intéressent notre histoire locale et que j'entreprends de relater ici.

Il est inutile de faire remarquer que nos histoires générales ne font pas l'honneur à ces évènements de les mentionner. Il faut, pour en retrouver la trace, fouiller les Archives ou lire ces feuilles volantes, que l'on a qualifiées du nom de Mazarinades et qui sont, pour ainsi dire, la gazette donnant au jour le jour les détails de cette dernière guerre civile engendrée par la Fronde.

Ces Mazarinades sont des pamphlets. On ne peut donc admettre sans contrôle tout ce qu'elles disent et il est nécessaire de faire la part des exagérations qu'elles contiennent. Mais il ne faut pas non plus user du procédé trop commode consistant à éluder les difficultés d'interprétation qu'elles présentent, en leur refusant toute valeur et en n'en tenant aucun compte. Ces pièces volantes sont très évidemment pleines de contradictions et d'erreurs, souvent volontaires, puisqu'elles sont l'œuvre des partis. Elles sont imprimées au jour le jour, rapidement et sans soin, rédigées dans un français incorrect que les fautes typographiques rendent parfois plein d'obscurités mais elles n'en sont pas moins des documents contemporains qu'on ne peut négliger. Elles nous donnent notamment des notions intéressantes sur les incursions des Impériaux dans le Nord de la France.

Ces Impériaux, maîtres des Pays-Bas, voulaient profiter des dissensions intestines des Français pour reconquérir l'Artois et les places de la Flandre maritime. Tout en faisant le siège de plusieurs de ces places, Dunkerque, Gravelines, etc., ils lançaient donc de temps à autre des corps de troupes pour incursionner en Picardie et dans le Nord de l'Ile de France, afin d'attiser la guerre civile en faisant miroiter aux yeux des Frondeurs une aide effective qui ne venait jamais, et par


surcroît, de ravager les terres de France, ce qui était pour eux tout bénéfice.

C'est ainsi qu'au commencement de la campagne de 1652, on annonça qu'une petite armée commandée par un lieutenant de l'Archiduc s'avançait vers Paris.

On a prétendu que cela avait été une fausse alerte un produit de l'imagination des Frondeurs. Tout en tenant grand compte de l'état d'esprit des Parisiens de ce temps, état d'esprit qui crée ce qu'on a appelé avec raison la fièvre « obsidionale » et qui donne naissance à des fantasmagories tout à fait extraordinaires, il me paraît difficile d'assimiler aux cent mille Cosaques qui, il y a quelques mois, ont amusé notre badauderie patriotique2, des mouvements ennemis faits à quelques lieues de Paris, ayant donné lieu à des précautions prises et à des changements de front opérés par des hommes de guerre tels que Turenne et Condé.

Dans tous les cas, sous le bénéfice de ces observations et sans nous porter garants de l'exactitude des faits rapportés, nous allons les rappeler ici, en nous servant de pièces dont M. Moreau, le savant spécialiste en Mazarinades, si sévère quand il s'agit de vérifier l'authenticité de ces pamphlets, ne conteste pas la valeur. Il les trouve « exagérés » sans doute, mais ne les déclare nullement, comme un certain nombre d'autres, faux ou controuvés.

Donc, au mois de juin 1652, un corps de troupes impériales aurait envahi le Nord de la France, sous la conduite du Duc Ulrich de Wurtemberg, arrière grand-oncle lointain de celui

1 V. DUC D'AUMALE Histoire des Princes de Condé, vi, p. 180. 1 On a expliqué de plusieurs manières ce curieux exemple d'aberration « obsidionale » arrivée d'officiers russes en Écosse par Archangel, transports secrets de territoriaux anglais circulant la nuit dans des wagons aux rideaux fermés, etc. L'explication la plus ingénieuse et la plus pittoresque est la suivante il paraîtrait qu'on donne en Angleterre, dans le commerce de la « coqueterie », le nom de russes aux œufs provenant du grand empire slave. Une dépêche aurait été envoyée au mois d'août 1914 à un négociant anglais par son correspondant de Russie, disant « Expédions cent mille russes par Archangel n. Ce télégrammo fut reçu par une employée nouvelle et ignorant cette terminologie commerciale. Elle ne put retenir sa langue, et de la vint ce bruit extravagant.


qui commande en ce moment sur notre front, du même côté, une des principales armées allemandes.

Cette armée se serait composée des régiments suivants Les deux régiments de Flandre, cavalerie et infanterie; le régiment de Hainaut, infanterie; le régiment des Wallons, cavalerie; le vieux régiment d'Artois, cavalerie; les quatre régiments liégeois, trois de cavalerie et un d'infanterie, qui constituaient en temps ordinaire la garnison de Liège et de sa province; le régiment de l'Archiduc lui-même (450 chevaux), plus mille chevaux levés à Bruxelles et à Anvers

En comptant les régiments de pied à douze cents hommes et ceux de cavalerie à une moyenne de quatre cent cinquante chevaux, cela pouvait faire 4.150 cavaliers et 3.600 fantassins, ce qui concorde absolument avec ce que dit notre plaquette, qu'il y avait là 8.000 hommes effectifs.

Cette armée était partie d'Anvers et était venue en droite ligne à Ypres où elle était restée deux jours. De là elle passa par Courtrai où elle demeura trois jours, puis à Landrecies. Enfin passant près d'Arras, mais ne pouvant traverser la Somme à Amiens dont le gouverneur était le Duc d'Elbeuf resté fidèle à la cause royale, elle opéra ce passage à La Capelle (?) et vint à Crécy d'où elle gagna Marchais près de Liesse, puis Vauxsous-Laon où elle séjourna deux ou trois jours et où elle aurait fait sa Revue.

De Laon, l'armée impériale prit son chemin vers Coucy où peu de temps auparavant le Duc de Lorraine avait battu les troupes du Maréchal d'Estrées, Gouverneur de Soissons. Puis, cette dernière ville refusant naturellement le passage .aux Impériaux, ils avaient été traverser l'Aisne à Braine pour venir de là à Vesly-sur-Aisne, où ils étaient demeurés une semaine entière. Ils séjournèrent ensuite une autre semaine à Fismes, 1 Cette nomenclature est empruntée à la pièce intitulée L'arrivée des trouppes de l'Archiduc Léopold à Nanteml-lc-Haudouin et à Dampmartin, ensemble le nombre de leurs régtmens, tant cavalerie qu'mfanterte, conduittes par le Duc de Wittemberg. Avec la liste de leur marche, depuis leur départ jusques à ce jourd'hui. Ensuite la prise des Mulets du Mareschal de Turenne, plus la lettre de Mademoiselle i l'Archiduc et la response qu'il luy à faicte. A Paris chez Claude Leroy, au Mont Saincte Geneviève M.DC.LII. 8 pages petit in-quarto.


puis s'installèrent à Villers-Cotterets où ils attendirent les ordres de princes qui auraient envoyé au-devant d'eux quinze cents chevaux « pour les saluer de leur part ».

Cette manière de faire la guerre en zigzaguant de l'ouest à l'est et du nord au sud par des marches et des contre-marches de toute nature, et en faisant de longs séjours dans toutes les localités où l'on passe, a lieu de nous étonner aujourd'hui, nous qui voyons des armées de millions d'hommes se battre le 22 août sur la Meuse et recommencer le 6 septembre sur l'Ourcq et sur la Marne. Pour comprendre cette incohérente stratégie, il ne faut pas oublier qu'au temps dont nous parlons, la diplomatie et les intrigues jouaient presque toujours un rôle bien plus important que les combats et que, surtout dans les guerres civiles, on négociait beaucoup plus qu'on ne se battait. Tout en allant et venant, la petite armée impériale dont nous venons de suivre la route, avait pénétré jusqu'aux environs de Villers-Cotterets. S'il faut en croire d'autres pièces du temps, elle aurait reçu en chemin des renforts considérables et se serait étendue un peu à l'est, depuis La Ferté-Milon « jusques en deçà de Senlis » Elle aurait donc occupé une ligne passant par La Ferté-sous-Jouarre, Lizy-sur-Ourcq et Dammartin. Il y a là, dans tous les cas, une exagération évidente.

Quoi qu'il en soit, et suivant nos documents, l'avant-garde ou l'aile droite commandée par le Marquis de la Boullaye, français, était forte de deux mille chevaux et huit mille hommes de pied et postée au nord de Dammartin, entre cette ville et Nanteuil, avec six canons. Le corps de bataille, commandée par le Duc de Wurtemberg, le Comte de Fuensaldagne et don Gabriel de Tolède, consistait en trois mille chevaux et sept mille fantassins avec sept canons ces troupes appartenaient à l'Archiduc. L'arrière-garde formant l'aile gauche, à la tête de laquelle était le chevalier de Guise, avait quatre mille hommes fournis par le Duc de Lorraine et trois mille Liégeois levés 1 La deffaite de huit cens hommes des troupes du Mareschal de La Ferle Senneterre, près Nantheuil, par l'armée de l'Archiduc Léopold, ensemble les particularités et la prise de leur bagage. A Paris, chez Loys Hardouin, rue Samt-Victor, m.dc.lh. Avec permission. – 8 pages in-quarto.


pour le compte du Prince de Condé, avec six pièces de canon. Cette arrière-garde occupait les environs de Meaux. L'objectif de cette armée qui, comme on le voit, possédait des effectifs très considérables pour l'époque, puisqu'en additionnant le détail, nous y trouvons douze mille fantassins et quinze mille chevaux, était de rejoindre celles du Duc d'Orléans et du Prince de Condé alors à Poissy et à Saint-Cloud et qui, par ce renfort, se seraient trouvés à la tête d'une quarantaine de mille hommes. Leur intention était alors d' « aller retirer le Roy détenu par les Mazarins et se saisir des personnes du cardinal Mazarin et de ses adhérents ». On voit quel intérêt majeur avaient les royalistes à empêcher cette jonction. Les ordres de la Cour étaient, du reste, formels, et le 21 juin, le Roi écrivait de Melun à Turenne (Mi chaud et POUJOULAT, tom. m, p. 443) pour lui enjoindre d'empêcher cette jonction. Malheureusement les troupes qu'ils avaient à opposer à celles de l'Archiduc étaient bien inférieures en nombre. Le Maréchal de la Ferté-Sennectaire, laissé en avant-garde près de Dammartin-en-Goèle, n'avait que trois mille hommes qu'il venait de ramener des frontières de Lorraine, et le Maréchal de Turenne avec un corps de neuf à dix mille hommes effectifs, se tenait à Crécy-en-Brie, Lagny-sur-Marne et Chelles 1 abrité derrière la Marne et ne pouvant raisonnablement abandonner ce poste de défense avantageux pour aller affronter des forces presque trois fois supérieures. D'ailleurs, en restant sur ce front, il s'interposait entre Paris et le gros des Impériaux dont une partie arrivait par La Ferté-sous-Jouarre. Néanmoins, les troupes loyalistes avaient un intérêt tellement puissant à arrêter ou tout au moins à retarder la marche de l'ennemi sur Paris, que le Maréchal de La Ferté-Sennectaire, qui, nous l'avons vu, était sous Dammartin, n'hésita pas à se jeter, dès qu'elle se mit en mouvement, et avec les trois mille hommes qu'il commandait, sur la troupe du Marquis de La Boullaye, 1 C'est le 18 juin 1652 que Turenne marcha de Villeneuve-Saint-Georges à Lagny où il passa la rivière « et se logea vers Dammartin, afin d'empescher un corps que l'on disoit qui venoit de Flandre et devoit venir le long de la rivière d'Oise. » (Mérn. de Turenne, publ. par Paul Mahjchal, pour la Soc. de VHisl. de France. Paris, 1909, i, p. 201. Cfr. Gazette de France, 1652, p. 612.


forte de deux mille cavaliers et de huit mille fantassins avec six canons. 11 s'avança donc au-devant de cette troupe dans la direction de Nanteuil-le-Haudouin.

Le Maréchal s'étant posté sur une éminence avantageuse près de Nanteuil, avec environ mille hommes et trois canons, commença, dès qu'il les vit s'avancer, à canonner les troupes du Marquis de La Boullaye et lui tua quelques hommes. Mais les six canons de l'ennemi étant entrés en jeu, les trois pièces des troupes royales furent bientôt démontées. Le Maréchal fit alors charger, sous la conduite du Comte de Vaubécourt, son lieutenant, les huit cents chevaux et les deux cents dragons que celui-ci avait sous la main; mais ils furent immédiatement « salués de trois pièces chargées de cartouches » au lieu de boulets je pense qu'il faut voir ici la mitraille du temps et cette cavalerie, ayant perdu une quarantaine d'hommes, fut mise en déroute, le Comte de Vaubécourt, son chef, ayant même un instant été prisonnier.

Sans perdre de temps, le Marquis de La Boullaye fondit avec ses deux mille cavaliers, soutenus de près par ses huit mille fantassins, sur les deux mille hommes qui restaient au Maréchal de La Ferté, lequel, après avoir résisté pendant une demie heure, et ayant perdu trois cents chevaux tués et cinq cents hommes de pied restés sur le terrain, battit en retraite dans un complet désordre, abandonnant à l'ennemi ses morts et son bagage. Le gros des fuyards se sauva avec le Maréchal vers Crépy-en-Valois. « Quantité de blessés se retirèrent vers Senlis, dont les habitans, dit notre document (p. 7) ont refusé de les recevoir dans leur ville, et ont esté contraints de demeurer aux Faux-Bourgs où ils se font panser ».

Pendant que ceci se passait autour de Nanteuil, un petit corps de huit cents chevaux de l'armée loyaliste, laissé en arrière près de Lagny-le-Sec (où il était campé à la Grange-auDiable, à une lieu de Saint-Soupplets) avait tenté d'intervenir en faisant une diversion sur la gauche de l'ennemi 1.

1 La deffdile des troupes du General Rosé dans la plaine de Brégy par le Duc de Wurtemberg et le Comte de Fuensaldagne, et la construction du pont de Charenton par les tiouppes des Princes et ceux du Mareschal de Turenne à celi4t de la Barre. A Paris, chez Claude Le Roy au Mont-Sainte-Geneviève. m.dc.lii. 7 p. in-4'.


Le Commandant de ces huit cents chevaux se lança bravement avec six cents cavaliers, les trois quarts de son effectif, sur le corps de bataille des Impériaux où il fut reçu par quatre régiments un régiment du I Iainaut, un de Liège'et deux autres du Duc da Wurtemberg. Le combat eut lieu au sud de Chèvreville, dans la plaine entre Ognes et Brégy. Devant les forces supérieures qui leur étaient opposées, les six cents chevaux durent céder et se retirer sur leur poste de Lagny-le-Sec, poursuivis par l'adversaire. Une lutte opiniâtre eut lieu sur ce point qui était retranché, entre l'église de Lagny et la Grange-au-Diable, « dont chacun en sait assez les particularités d'ancienneté », dit une de nos Mazarinades. Mais ils ne purent tenir longtemps et s'enfuirent bientôt droit à Mons probablement Montgé à côté de Dammartin, puis de là au château de Nantouillet, enfin à Charny près de Claye-en-France, d'ou ils purent rejoindre à Charenton le corps de l'armée royale fort de quatre mille hommes, sous le commandement du général Rose (Rosen), un des généraux allemands au service du Roi et de Mazarin.

La victoire de l'armée envahissante aurait donc été complète, d'autant plus que Turenne qui s'était avancé à Lagny-surMarne et à Chelles pour observer les mouvements de l'ennemi, en apprenant la défaite de son collegue La Ferté, craignant peut-être une rencontre inégale, s'était empressé de reculer jusqu'à Brie-Comte-llobert. Mais il n'entrait pas dans les desseins des Impériaux de permettre aux Frondeurs d'obtenir une victoire complète. Ils reprirent le chemin du nord abandonnant les troupes des Princes et le Marquis de la Boullaye, lequel arrivé à Lagny les attende vainement les négociations et les intrigues se poursuivirent donc entre les royalistes et les Mazarin, et la Fronde continua.

Les évènements qui se passèrent ensuite, c'est-à-dire le combat de Charenton, les tentatives de passage de la Seine par l'armée royale au même lieu, à Saint-Cloud et à Epinay, sont en dehors de notre sujet. Mais nous devons raconter en quelques mots une autre incursion qui eut lieu un peu plus tard, c'est-àdire après le combat du Faubourg Saint-Antoine (2 juillet) et qui intéresse notre région.


Une armée de l'Archiduc avait pénétré en France entre le Catelet et Guise, toujours dans le but apparent de s'acheminer vers Paris et de faire sa jonction avec les troupes des Princes, mais en réalité pour faire du dégât et pour entretenir la guerre civile. Les Impériaux avaient passé la Somme malgré la résistance du Duc d'Elbeuf, Gouverneur de Picardie pour le Roi, qui avoit bordé cette rivière de ce qu'il avoit de troupes », dit la pièce qui nous sert ici de guide

Le Duc se retira vers la ville de Chauny où il fut rejoint par le Maréchal d'Estrées, gouverneur de Soissons. Les habitants de Chauny avaient promis de refuser le passage aux Impériaux, sur l'engagement formel d'être secourus non seulement par les troupes du duc et du Maréchal, « mais par d'autres qu'ils attendoient de l'armée du Maréchal de Turenne. » Les Impériaux comptaient sept mille chevaux et six mille fantassins, avec dix-huit pièces de canon. Les habitants de Chauny résistèrent pendant deux jours, mais sommés pour la dernière fois de se rendre avant l'assaut, ils envoyèrent dire au Duc d'Elbeuf que s'ils n'étaient pas secourus dans les six heures, ils seraient contraints de se rendre. Le Duc et le Maréchal d'Estrées dont les troupes réunies ne se montaient qu'à environ quatre ou cinq mille hommes et six pièces de canon, tinrent conseil et résolurent de secourir la place malgré l'infériorité de leur nombre, comptant sur l'effort que feraient de leur côté les habitants. Mais le comte de Fuensaldagne qui commandait l'ennemi ayant appris ce qui se préparait, leur fit dire que s'ils faisaient le moindre acte d'hostilité contre lui, il n'y aurait pour eux aucun quartier, ce qui les fit rester tranquilles spectateurs du combat, lequel malgré le courage des royaux, se termina naturellement en faveur des Impériaux. Le Duc et le Maréchal perdirent douze cents tués et huit cents prisonniers, parmi lesquels le duc d'Elbeuf et le sieur de Manicamp. Chose assez 1 La sanglante deffaite des trouppes Mazarxnes en Picardie (sic), où le Duc d'Elbeuf et le sieur de Manicamp qui les commandoient ont été faits prisonniers par l'Armée de l'Archiduc Léopold, Commandé par le Comte de Fuensaldagne et te Marquis de Sfrondi ade, où il y eut douze cens hommes tués, huit cens prisonnières (sic) avec perte de leur canon et bagage. A Paris, chez Salomon De la Fosse, Su (sic) quay de Gesvres, vers le Pont Marchands (sic) m.dc.lii. 8 pages in-quarto.


singulière ne pouvant probablement s'encombrer de tous ces prisonniers, les vainqueurs se bornèrent à prendre les chevaux et les équipages, laissant les cavaliers s'en aller à pied où bon leur semblait. (Mém. de Turenne, p. 206.)

Le Maréchal d'Estrée put s'échapper avec le reste en sauvant quatre pièces de canon, dans les bois voisins (de Laigue), Chauny se rendit et le vainqueur se contenta de désarmer ses habitants.

Cette incursion des Impériaux fut, d'ailleurs, arrêtée peu après. L'armée royale, venant de Pontoise, avait pris le chemin de Creil et de Senlis le 24 juillet « pour occuper ces postes et y observer la marche de l'armée d'Espagne ». Quelques jours après, elle était à Pont-Sainte-Maxemce et le 28 juillet, on signalait que Fuensaldagne et ses forces étaient en retraite vers Notre-Dame-de-Liesse. (Mémoire envoyé à Turenne, publ. par Michaud et POUJOULAT, op. cit. p. 445.)

Le coup des soudards de l'Archiduc était donc manqué. D'ailleurs, satisfaits de leurs déprédations, les Impériaux « engraissés de contributions et de pillages », comme l'écrit le duc d'Aumale, reprirent encore une fois le chemin de la Flandre et de l'Artois, d'où ils devaient revenir de nouveau par la Champagne avant la fin de cette néfaste année 1652. III

On peut s'imaginer ce qu'avaient à souffrir les localités envahies, pendant ces campagnes successives. Toutes les Mazarinades sont remplies de plaintes à ce sujet, aussi bien les pièces émanées des Frondeurs que celles publiées par les Royalistes. Le fond des armées des deux partis était formé, en effet, de mercenaires étrangers et surtout allemands. C'était une habitude qui remontait déjà loin, comme en fait foi le cri patriotique et paternel de Henri IV, à la bataille d'lvry « Sauvez les Français » En 1652, on appelait les soudards de l'Archiduc « Espagnols » parce qu'ils portaient l'écharpe rouge 1 Lettres de l'abbé Viole, du 25 juillet et du 4 août, publiées par le duc d'Aumale, op. cit. vi, p. 538.


de Castille mais la plupart venaient d'Allemagne ou des" rives du Rhin. De plus, il ne faut pas oublier qu'à cette époque, et par un procédé qui a été remis en honneur par nos ennemis actuels, les armées en guerre, amies ou ennemies, vivaient sur le pays, le « mangeaient », suivant l'expression courante aussi imagée que cynique. Les malheureux habitants des contrées occupées par les Impériaux durent supporter toutes les horreurs. Nous n'avons pas le récit des atrocités commises. Néanmoins l'un de nos documents 1 nous permet de juger de tout ce qu'ils avaient souffert, par l'exaspération des paysans. Voici en quels termes s'explique la piece dont nous parlons « Le mal est que les païsans par eux ruinéz sont attroupéz et arméz aux passages, aux bois et dans les lieux couverts, en résolution de se vanger des cruautés qu'ils leurs ont esté faites, de tuer tous ceux qui tomberont entre leurs mains, ce qui les met grandement en peine, à moins que de marcher tous ensemble. » On essayait parfois de se servir de la soif de vengeance des paysans pour les organiser contre l'envahisseur. Dans un Mémoire adressé par le Roi à Turenne (publ. par Michaud et Poujoulat, op. cit., p. 445), nous lisons qu'il lui recommande de rassembler « ce qu'il pourroit de paysans de la Thiérache, qui sont gens aguerris et capables de faire le dégast chez les ennemis, pour se venger de celui qu'ils ont souffert. » Il n'est pas nécessaire, encore une fois, de faire un grand effort d'imagination pour se figurer les cruautés auxquelles il est fait allusion ici, supportées par ces malheureux du fait des envahisseurs. Il suffit de se rappeler les tableaux de guerre tracés avec leurs pinceaux réalistes par ces peintres flamands contemporains que nous avons tous vus aux Musées de Bruxelles et d'Anvers, et qui resteront les témoins véridiques de toutes ces horreurs, à moins que les Teutons, qui sont aujourd'hui et pour peu de temps encore maîtres des Musées Belges qu'ils pillent, parait-il, comme tout le reste, ne détruisent ces tableaux d'atrocités séculaires, dans la crainte qu'on ne puisse leur trouver un renouveau d'actualité. Ils ne détruiront pas, dans tous les cas, ces planches de Callot si suggestives, 1 La deffaite de huict cens hommes des Troupes du Mareschat de la Ferté. etc., p. 8.


que la gravure met à l'abri de leur vandalisme intéressé et qui représentent la guerre et les horreurs commises, alors déjà, par leurs prédécesseurs.

Nous avons encore une autre preuve des traitements auxquels étaient soumises les malheureuses populations rurales, dans le récit d'une tentative faite sur la ville de Noyon, au mois de juillet après la prise de Chauny que nous avons racontée tout à l'heure.

Le 16 juillet 1652, le duc de Wurtemberg et le Prince de Ligne, à la tête d'une troupe de huit cents cavaliers allemands, arrivaient devant Noyon, venant de Chauny, par les bois de Grisolles. Ils furent immédiatement signalés dans le faubourg de Dame-Journe (?). Ils procédèrent sans retard à un pillage en règle des faubourgs. Après celui d'Applaincourt, par lequel ils arrivaient, ce fut le tour de celui de la route de Morlincourt. Si nous en croyons notre document, après le pillage vint l'incendie « Et ont amené ajoute-t-il, une quantité de paysans pour faire payer rançon; ceux qui n'avoient de quoy, ont esté tuez en chemin; il y a eu cinquante maisons brûlées. ». Ces gentillesses continuèrent au faubourg du Veu (?) où ils mirent le feu partout.

Enfin, quand ils eurent bien ruiné les faubourgs, ils songèrent à s'occuper de la place elle-mème. Ils sommèrent donc par un Trompette la ville de Noyon de se rendre, « ou fournir dix mil pistoles de contribution, sinon que dans huict jours il estoit résolu de mettre la ville à feu et au pillage et de brûler le seigneur Évesque (de Baradat) dans son lict ».

La réponse du seigneur Évêque et du Mayeur de la ville au Trompette, a été, ajoute notre document « que la ville estoit au service du Roy de France et non pour ses ennemis, qu'elle estoit en estat et résolue de se deffendre, et non pas de contribuer; que si le Duc son Maistre (à cause de la grande course qu'il avoit faite), avoit à faire de demy-douzaine de

1 Relation véritable de l'entreprise faite par le prince de Lingne (sic) et le Duc de Witlemberg sur la ville de Noyon, avec la deffatle des troupes Espagnolles devant la dite ville, et le récit de tout ce qui s'y est fait et passé. A Paris, chez Jean Le Rat. 1652, 8 pages in-quarto.


bouteilles de vin, qui ne s'en fiat pas nécessité (qu'il ne s'en mit pas en peine) ».

Devant cette fière réponse, qui ne manquait pas d'ironie, l'ennemi n'insista pas et se retira avec son butin mais « s'en retournant ils ont pillé, violé et brûlé plusieurs villages. » C'était toujours la conclusion de ces sortes d'expéditions. Fort heureusement pour Noyon, Henri de Baradat, son évêque, était un homme énergique, qui avait déjà montré son courage lors de l'invasion de 1636. Aidé des Chanoines de sa Cathédrale auxquels il donnait le bon exemple, il organisa la défense, faisant de fréquentes inspections, réparant avec activité les fortifications de la place et montant la garde à son tour alternatif avec son clergé et les habitants. Les reïtres de Wurtemberg ne s'y frottèrent plus et se contentèrent d'avoir ruiné pour longtemps les abords de la ville. On retrouve encore une trace de la terreur qu'inspiraient les soldats étrangers, quelques semaines plus tard, dans la « Harangue faite au Roy à son arrivée en la ville de Compiègne », par le Maire de la dite ville. (Paris 1652, 8 pages in-4°). Il y est question de « ce torrent d'estrangers que nous avons veu sur le point d'inonder sur nos campagnes et nos villes », torrent auquel le Roi doit opposer une digue.

Partout, en ce triste temps, comme le dit un historien du Duc de Lorraine 2, c'étaient des plaintes désespérées des habitants des pays occupés contre les soldats qui « violaient leurs filles ̃et leurs femmes et les emmenaient avec eux. » Nous avons revu cela plus d'une fois dans la présente guerre.

On pourrait multiplier à ce sujet les citations de documents contemporains. Nous nous bornerons aux suivantes A la fin d'avril 1652, le Roi écrit deux lettres à Turenne pour lui signaler les excès « des chevaux légers allemands et autres troupes estrangères » servant dans l'armée que commande le maréchal, lesquels, s'écartant de leurs cantonnements, pillent les campagnes et les villages, « n'épargnant pas mesme les maisons seigneunalles », volent les bestiaux et massacrent de sang froid les pauvres paysans qui osent venir leur réclamer II y avait alors trois ans que le Roi n'était venu à Compiègne. 8 .F. DES ttORïRT Charles IV et Mazann, Nancy, 1899, in-8", p. 471.


leur bien. Le Roi donne des ordres sévères pour mettre fin à ces excès'.

Dans une lettre à Le Tellier du 23 août suivant, Mazarin lui dit « que les Wittembergs les Wurtembergeois, c'est à dire les allemands commandés par le duc de Wurtemberg bruslent tous les lieux où ils passent. »

Enfin, le 23 décembre de cette même année 1652, le Roi intervient encore pour signaler.les excès commis, cette fois par les soldats ennemis, et menace de représailles. Ayant appris que les troupes commandées par Condé brùlent les villages des environs de Sainte-Menehould et en particulier ceux qui appartiennent à M. de Vaubecourt, un des lieutenants de Turenne, il écrit à ce Maréchal et à M. de la Ferté « pour vous dire que vous ayez à faire entendre audit Prince de Condé, par un Trompette, que si les dites trouppes bruslent dans mon royaume, qui est une manière de faire la guerre non pratiquée jusqu'à présent par les Espagnols, j'ay résolu de faire user des mesmes voyes contre les biens dudit prince de Condé, et dans les lieux qui luy appartiennent et à ceux de son party, situés dans mon royaume; sur quoy vous me ferez sçavoir ce qu'il vous aura respondu. » 3.

Cette menace produisit sans doute de l'effet, puisque nous n'avons aucun renseignement concernant les représailles promises, dont les biens de Condé situés dans notre région auraient certainement souffert.

Nouuelle collection de Mémoires sur l'Itistoire de France, publ. par Michaud et Powoulat. Pans, 1830, tome m, p. 437 et 438. Lettres de Mazarin, publ. par CHÉRUEL. Pans, 1889, tome v, p. 152. Michaud et POUJOULAT, op. et loc cit. p. 451. Pour en finir avec les méfaits des envahisseurs de la seconde Fronde et a défaut des régistres municipaux de Sen-lis qui manquent précisément pour cette période (de 1610 à 1665), on pourrait peut-être avoir quelques détails précis sur les atrocités allemandes et espagnoles de 1652, en compulsant les registres paroissiaux où les cutés inscrivaient parfois des notes intéressantes sur les événements qui avaient lieu dans leurs villages. Je recommande en passant cette source de documents à Messieurs les Instituteurs qui y feraient peut-être de curieuses trouvailles.


IV

Notre pays senlisien n'était malheureusement pas définitivement débarrassé de l'invasion des soudards impériaux et il devait souffrir encore cruellement de leur passage au cours de cette année de malheur 1652.

Les Parisiens, las de guerres civiles, avaient enfin résolu de. rouvrir leurs portes au Roi et à sa mère. Le Parlement, sous. la pression de l'opinion et fatigué, lui aussi, de ces désordres qui ne pouvaient profiter qu'à des grands seigneurs ambitieux, avait rendu un Arrêt solennel par lequel tout propriétaire d'une troupe armée quelconque était sommé de l'éloigner à dix lieues de Paris. L'exaspération contre les fauteurs de désordre était telle que le Prince de Condé lui-même, tout en refusant encore de faire sa soumission au Roi, fut obligé d'obéir à cette injonction d'ordre militaire. Il quitta donc Paris le 12 octobre avec les mercenaires à sa solde, quelques jours avant que le Roi y fit sa rentrée triomphale le 21 du même mois. Pendant que le reste de ses troupes, presque toutes composées de soudards hispano-allemands, quittant Villeneuve-Saint-Georges, allaient camper entre Dammartin et Villers-Cotterets et finissaient de « manger » consciencieusement nos cantons actuels de Nanteuille-Haudouin et de Crépy-en-Valois, le Prince de Condé arrivait à son château de Chantilly à la tête de trois cents chevaux. Son premier soin fut de s'assurer des passages de l'Oise, et il envoya immédiatement sommer la ville de Creil de se rendre. Une de nos Mazarinades nous donne le détail de ce qui se passa en cette circonstance

Je ne m'arrêterai pas ici à cet épisode d'histoire locale dont notre ancien confrère le docteur Boursier a parlé dans sa consciencieuse « Histoire de la ville et châtellenie de Creil » (Paris in-8° 1883). Il a même intégralement reproduit dans ce livre la plaquette en question. Je rappelle seulement cet événement pour le situer au milieu des faits de cette guerre civile, ce qu'a négligé de faire M. Boursier.

1 La Prise de Creil par les Trouppes de M. le Prince, etc. Paris. Chez Jacques le Gentil. (Daté de Creil le 16 octobre 1652.)


Après quelque hésitation, car les habitants de Creil étaient restés fidèles au Roi, lequel y avait même passé le 23 septembre précédent et encore le 3 octobre, en allant de Compiègne à Pontoise, cette ville, ne pouvant avoir la prétention de résister aux forces importantes dont le Prince, son voisin de Chantilly, la menaçait, se soumit le 14 octobre et reçut une garnison de deux cents hommes Pont-Sainte-Maxence fut occupé également le même jour et, maître des deux passages de l'Oise, le Prince de Condé voulait s'assurer tout le pays en deçà, de manière à pouvoir y faire hiverner dans de bonnes conditions son armée, pour le cas où, la paix ne se concluant pas encore, il serait obligé d'attendre le printemps pour recommencer la guerre civile.

Dans ce but, dès le 12 octobre, et pendant que M. le Prince rentrait à Chantilly, un corps de lorrains à sa solde, détaché du gros de son armée qui, comme nous venons de le dire, était vers Dammartin et Nanteuil occupait toute la vallée de la Nonette jusqu'aux portes de Senlis. Dans la nuit du 12 au 13, quatorze ou quinze cents de ces soudards entraient dans l'enceinte du prieuré de Saint-Nicolas d'Acy en escaladant les murailles et-en brisant les portes « avec des haches, grandes cognées et béliers ». Il faut lire dans un procès-verbal conservé aux Archives de l'Oise (Série II, 2593) le récit des déprédations, des excès et du pillage complet auxquels se livrèrent en cette fin de mois les gens de guerre, dit ce document, « tant,duparti des ennemis que des armées du Roy ».

L'armée royaliste du Maréchal de La Ferté Saint-Nectaire s'était mibP, en effet, à la poursuite des Lorrains de M. le Prince. Passant par Meaux et ayant traversé la Marne le 11 octobre, elle campa à Borest, d'ou elle alla à Montlévêque (Mêm. du duc d'Yorck et Mèm. de Turenne, p. 218) puis elle vint à Courteuil, et dès le 14 octobre, elle remplaça à Saint-Nicolas d'Acy les reîtres de Condé qui avaient déguerpi. Le Maréchal en personne, avec 500 chevaux, « outre les maîtres et les valets », avait pris son logement dans le malheureux prieuré. Ils achevèrent de détruire ce que les Lorrains avaient laissé debout et intact, tant à la Maison conventuelle qu'aux fermes de Courtillet, d'Avilly, etc..


Une requête présentée le 18 février 1653 à l'administrateur des biens séquestrés du Prince de Condé, alors à l'étranger, estime à 440 pieds d'arbres de haute futaie, le bois nécessaire aux réparations du prieuré et de ses dépendances. Les reîtres de l'armée royale ne se contentèrent même pas de ruiner le prieuré de Saint-Nicolas. Ne pouvant enlever par un coup de main le château de Chantilly, ils saccagèrent le parc et tuèrent les cerfs et les oiseaux rares de la volière pour améliorer leur ordinaire

Les pauvres habitants de Senlis, au milieu de cette invasion du plat pays à leurs portes, ne savaient à quel saint se vouer. Ils comprenaient que dans l'hypothèse d'un hivernage, le prince de Condé avait absolument besoin de leur ville comme place d'armes. Ils ne voulaient donc pas l'exaspérer. D'un autre côté, restés jusque là royalistes et traditionnellement fidèles au sang de Henri IV, ils cherchaient le moyen de se tirer d'affaire sans trop de dommages de part et d'autre. Au moment de l'invasion des Lorrains à Saint-Nicolas-d'Acy, il fut d'abord question, tant les appréhensions étaient grandes, d'envoyer offrir immédiatement les clefs de la ville à Monsieur le Prince. Mais le Gouverneur, M. de Saint-Simon, obtint de ses administrés de tenir bon « et ne se rendre pas sans voir au moins un siège formé devant leur place ».

La plaquette à laquelle nous empruntons ces détails 2 est datée du 16 octobre. A ce moment, les troupes royalistes du du Maréchal de La Ferté semblaient dominer la situation, puisqu'elles occupaient toujours le prieuré de Saint-Nicolas et la vallée jusqu'à Chantilly. Elles devaient y rester jusqu'au 25, et être rejointes par le Maréchal de Turenne lui-même Cela ne rendait pas, d'ailleurs, la situation moins critique pour les « bonnes gens de Senlis », ni pour les nombreux paysans qui s'étaient réfugiés dans leurs murs, car malgré la présence des troupes royales dans la vallée, le Prince faisait 1 DUC d'Aumale, op. clt. VI, p 255.

1 Récit véritable de tout ce qui s'est fait et passé dans les villes de Senlis et Soissons, sur les demandes de M. le Prince. Paris, chez Noel Polletier, au Mont Saint- Hilaire. M.D C LU. 8 pages in-4*.

3 Lettre à Lenet, publiée par le Duc d'Aumale, op. cit. vi, page 581.


« continuellement filer ses troupes » par la forêt et ses cavaliers se montraient sans cesse aux portes de la ville.

La consternation était grande et les Senlisiens affolés ne savaient à quel saint se vouer.

En fin de compte, ils s'arrêtèrent à une solution qui montre le complet désarroi moral où l'on vivait à cette époque désastreuse. Ils se gardèrent bien d'ouvrir leurs portes à l'un des des deux partis bien que bons royalistes, ils ne se souciaient pas de livrer leur ville à la soldatesque, quelque bannière qu'elle suivît. Mais, désireux de rester loyaux sujets du Roi et craignant en même temps de rompre en visière avec leur puissant voisin de Chantilly, ils envoyèrent à la Cour une députation composée de deux officiers de justice et de deux échevins, pour exposer leur situation et en même temps ils s'adressèrent directement à Condé pour connaître ses intentions, le suppliant de ne pas permettre que leur ville fut « assiégée par ces estrangers », et ils ajoutèrent « qu'ils ont tant de confiance en sa Bonté, qu'ils espèrent qu'il aura quelques esgards à une Ville qui est proche de ses terres et qui en seraient endommagées par la licence de telles trouppes, qui vivent sans ordre et sans discipline ».

La pièce à laquelle nous empruntons cette dernière citation (Récit véritable..) était imprimée avant le retour des deux députations envoyées au Roi et à Condé, et elle se termine de nouveau en exprimant l'espoir que M. le Prince empêchera « que la ville de Senlis soit assiégée en cas qu'il agisse en ceste Armée estrangère, qui n'obéit volontiers qu'aux chefs de leur Nation. Si ce n'est- continue patriotiquement le rédacteur de cette feuille que la paix qu'on attend ne fasse changer de face aux affaires, fasse revenir les Princes du sang auprès du Roy, et que l'on renvoie les Estrangers en leurs Pays ». Comme on le voit, c'est toujours la même hantise des soudards allemands et espagnols qui composaient le fond de toutes les armées et dont les horribles excès qu'ils commettaient partout ou ils passaient, faisaient la terreur des villes aussi bien que des campagnes.

Cette fois encore, cependant, la ville de Senlis fut épargnée mais ses environs du côté du Valois, comme du côté de Chantilly,


furent complètement ravagés. Ce sont même les excès commis par le gros de ses troupes, cantonnées comme nous l'avons dit plus haut, à Nanteuil et à Crépy, qui détournèrent d'abord l'attention de M. le Prince de notre ville et qui le forcèrent à prendre d'autres soins.

Les soudards étrangers qui composaient en grande majorité l'armée à sa solde, commettaient, en effet, de tels excès que Condé fut obligé d'intervenir personnellement pour les apaiser. Déjà ils avaient ruiné tous les villages de la plaine de Crépy, pillant, brûlant, violant, et détruisant complètement toutes les paroisses jusques et y compris Rully. S'ils ne vinrent pas jusqu'à Barbery, c'est que l'armée royale y était déjà, pillant et détruisant tout de son côté, comme à l'ordinaire.

Par le même document déjà cité (Archives de l'Oise, série H, 2593), nous apprenons, en effet, qu'en quittant Saint-Nicolas le 25 octobre, les troupes du Roi s'étaient campées à Barbery où elles restèrent jusqu'au 31 octobre et où on les retrouve encore le 6 novembre. De là, elles observaient les escadrons du Prince qui ravageaient tranquillement la plaine du Valois. Sans doute les mercenaires allemands ne ménageaiept-ils pas plus les fermiers et les terres de leur maître, alors le plus grand propriétaire de la contrée, que ceux de son cousin et allié, le duc d'Orléans, titulaire du duché de Valois. Condé crut donc de son intérêt de mettre le « holà » à toutes ces atrocités. Il se rendit en personne à Crépy, réunit ses troupes et porta leurs campements un peu plus loin du côté de Béthisy, où il restait probablement encore quelque chose à « manger ». Cette diversion, et probablement aussi la présence de la petite armée royale maintenant commandée par Turenne, sauva donc cette fois Senlis de l'invasion des soudards hispanoallemands.

Puis le Prince de Condé, poursuivant sa trahison, et n'ayant pas voulu accepter l'amnistie du 22 octobre, refus qui le fit déclarer rebellent criminel de lèse-majesté le 13 novembre, s'en alla guerroyer en Champagne, jusqu'au moment où il fut forcé de gagner le Luxembourg (février 1653), puis Namur (mars 1653). Il quitta pour longtemps la France, et Senlis, restée fidèle au Roi, n'eut plus à souffrir du voisinage de ce


prince turbulent et « incertain », comme le qualifie la Palatine à qui les victoires de Rocroi, de Fribourg, de Nordlingen et de Lens, ont pu mériter dans l'histoire le surnom de Grand n, mais dont la France ne peut oublier le mal que lui fit sa défection pendant ses dix années de Fronde.

V

Malgré ce que nous avons dit plus haut de la mentalité des partis en présence au milieu du xvne siècle, il nous est impossible de ne pas éprouver aujourd'hui un sentiment de douleur, ressemblant presque à de la honte, en voyant des Français s'entre-déchirer avec l'aide des pires ennemis de leur pays. Mais, encore une fois, nous ne devons pas oublier, à la décharge de nos pères, que la France en tant que nation, n'était pas alors tout à fait achevée, que le morcellement féodal et la clientèle personnelle qui en avait été la conséquence, faisaient sentir leur influence, et que les grandes unités nationales, qui, depuis cette époque, ont sans cesse tendu a se former, et dont la guerre actuelle n'est en somme que le dernier effort de réalisation n'étaient au commencement du règne de Louis XIV qu'à l'état latent et embryonnaire. Notre pays lui-même, bien qu'il fut de ceux où le travail de fusion était déjà le plus avancé, était loin de former la solide et inébranlable entité nationale que lui a donnée son histoire depuis plus deux siècles et demi.

Nous voyons aujourd'hui l'admirable résultat de ce travail séculaire. Espérons que l' « union sacrée » qui nous fait faire front à l'ennemi, avec tant d'héroïsme et de ténacité, sera le commencement d'une ère nouvelle dans laquelle les Français oublieront leurs préférences politiques pour ne songer qu'au bien public, et se montreront aussi unis dans la paix prochaine qu'ils l'ont été dans la présente guerre que terminera bientôt une éclatante victoire.

Cle DE CAIX DE SAINT-AYMOUR.


MEMENTO ARCHÉOLOGIQUE

POUR

LES ENVIRONS DE CHANTILLY J'ai cru bon, pour répondre aux désirs de quelques esprits curieux avec lesquels les événements actuels m'ont mis en relation, de rédiger à la hâte ce petit mémento.

Si j'ai pu ainsi leur fournir une aide et un instant de distraction, ma tache d'ami vrai et d'archéologue m'aura été très douce.

I. DE CHANTILLY A SAINT-MAXIMIN, CREIL Saint-Maximin. Église Quelques souvenirs du x(e siècle au portail, où un tympan semi circulaire que supporte un linteau en forme de mitre, est cerné par un cordon de pointes de diamant, à l'avant-chœur et à la base du clocher. Le chœur et la pyramide du clocher avec ses arêtiers toriques appartiennent aux xii" et xine siècles.

Creil. L'adossement du chevet droit de l'église à, un mur de défense de la ville, explique la bizarrerie du plan de l'édifice et ce mélange de détails architecturaux du milieu du xn" siècle jusqu'au xvie. Le clocher avec flèche à crochets date de 1551 c'est l'œuvre de Michault de Bray.


Regarder un chapiteau à feuilles lacinées qui porte sur un phylactère le dicton Espérance une clef de voûte qui a reçu l'armoirie de la corporation des maréchaux-ferrants; une toile de la IIire « Les Bergers à la Crèche ».

Thiverny. Petite église du xn* au xive siècle. Le portail en applique à triple redent, est orné de colonnettes dont les chapiteaux montrent des têtes d'un caractère semi-barbare, d'archivoltes en tores brisés comme nos pays semblent les avoir affectionnés, et de cordons floraux très élégants, mélange de souvenirs de l'antique et d'influences franques. Voir une verrière du xme siècle de Saint Leufroi en costume épiscopal.

L'on a beaucoup discuté sur la façon la meilleure de comprendre et d'exécuter le vitrail. J'oserai dire que le vitrail du xm° siècle est celui qui semble convenir le mieux à la décoration religieuse des églises verre épais, teinté dans la masse, tenant de sa fusion même en apparence plus rudimentaire, des irisations et des inégalités chatoyantes, cerné de plombs qui dessinent franchement les formes, partagé en morceaux diversicolores de dimensions relativement petites, faisant ressortir de préférence sur la palette le rouge et le bleu. Montataire. Mons ad Theram a dressé au haut de la falaise rocheuse église et château.

L'église a retenu les empreintes diverses des xii" au xvie siècle.

Le milieu du XII" siècle revendique la nef où l'on surprend des larmiers à modillons historiés (cavalier en costume de guerre), des sommiers de baies à claveaux simulés. La fin du même siècle, le xin" et le xiv" ont apporté à l'édifice cette noble élévation et cette dignité de formes que l'on y admire. L'on regardera avec attention plus d'un chapiteau d'un symbolisme vigoureux et d'un faire remarquable.

Au x\>" siècle les combles des basses-nefs et le clocher ont été aménagés pour la défense militaire. Au xvi° construction du portail du midi où sculpture de l'Annonciation. Dans l'église belle statue de la Vierge.


Château des anciens seigneurs de la Tournelle, de Clermont et des Madaillan dans une situation admirable.

Près de Creil, Vaux où restes d'une chapelle de la Vierge xii8 siècle, et Verneuil où église des xu' et xvi" siècles avec porche. Pays de l'architecte Salomon de Brosse.

Nogent-les-Vierges. Sur la place de l'église, autel de station que domine une colonnette de la fin du xne siècle dont le couronnement représente une abbesse.

L'église appartient à deux grandes époques. Le roman revendique avec orgueil, outre la nef, deux bras de croix voûtés en berceau et le clocher central, l'un des plus importants de la région par ses dimensions et son originalité colonnettes gravées, torses, etc.

Saint Louis agrandit le chœur selon le style magnifique et infiniment sage que l'on sait.

A signaler un vitrail du xin" siècle représentant le ChristJuge. Le Christ est assis sur une nuée ainsi que l'indiquent David, le prophète Isaïe et l'Apocalypse, entouré de deux anges qui portent l'un la colonne de la flagellation, l'autre la croix, de la Vierge et d'anges qui intercèdent ou agitent l'encensoir. Au-dessus, le soleil et la lune éteignent leur lumière; au-dessous, les morts soulèvent le couvercle de leur sépulcre.

Deux statuettes en bois peint des deux Vierges de Nogent, xnie ou xive siècle.

Statue en marbre de Jean Bardeau, secrétaire de Henri II, œuvre de l'orléanais Michel Bourdin. Pierres tombales, basreliefs du xvs siècle représentant la naissance et le trépassement de la Vierge.

Villers-Saint-Paul. Villers est aussi pour l'archéologue un lieu préféré de pèlerinage. La façade du xne siècle est une des plus caractéristiques que l'on puisse étudier « Ici, dit Viollet-le-Duc, ici les ébrasements plus profonds, supportent des archivoltes épaisses, décorées de bâtons rompus, de méandres. Un pignon trapu couvre le portail. La sculpture d'ornement est d'un assez beau caractère, quoique sauvage.


La sculpture des figures est d'une grossièreté toute primitive. Les figures ne sont guère indiquées d'ailleurs que dans un petit relief carré qui représente Samson terrassant le lion ». La nef a retenu l'austère gravité du roman primitif. L'on y notera le caractère des chapiteaux, les niches ménagées en bancs le long des murs, les arcs doubleaux qui partageaient autrefois les nefs en leur longueur pour supporter un plafond en bois. L'extérieur de ces nefs ne le cède pas en intérêt pour les cordons formés avec une libre fantaisie de personnages grotesques.

A cette nef succèdent, dans l'élévation et la lumière, un transept et un chœur du plus ancien xme siècle. C'est le contraste des deux styles, le roman et le gothique. 11 faut noter le clocher en batière qui monte du bras de croix nord, l'enfoncement ménagé en beau loculus derrière l'autel pour recevoir des reliques, une verrière intéressante du xm8 siècle, où la Vierge présente l'Enfant-Dieu, quelques pierres tombales des Brunel (xive s.), des vestiges de peintures murales (histoire de Saint JeanBaptiste), un reste très beau d'un monument de Guillaume Brunel et de sa femme Jacqueline que conduit à Dieu Saint Jacques son patron.

II. DE CHANTILLY A SAINT-LEU

Saint-Leu-d'Esserent. L'église et le bourg attestent la générosité des Dammartin, des Boulogne et autres grands seigneurs qui ont fondé et soutenu le prieuré de ce lieu. Deux pilastres surmontés de chapiteaux sauvages qui sont demeurés engagés à l'entrée de l'église sont un reste de l'édifice primitif du xie siècle qui se composait d'une nef principale voûtée en bois et de deux bas-côtés terminés probablement par une abside et deux absidioles.

Après cette date obscure trois époques apparaissent dans la construction de l'édifice. Le porche fermé qui est une rareté architecturale en nos pays, la vaste salle où tribune qui le surmonte et le clocher de la façade appartiennent au premier quart ou au milieu du xue siècle. L'on trouve grand contentement et avantage à étudier là le système de voûtage avec les


arcs étranges et zigzagués qui le soutiennent, les colonnes massives dont les chapiteaux sont chargés de personnages, de monstres ou de palmettes, les cordons variés qui courent sur le nu des murs ou cernent les fenêtres. Il y a en particulier au clocher certaines particularités qui méritent un regard attentif. Ce sont les motifs du larmier, les arêtiers ou étrésillons rigides qui sont retenus par des bagues le long des rampants. Le chœur, le tour du chœur ou déambulatoire et les cinq chapelles en hémicycle qui rayonnent vers l'orient, sont marqués de ce cachet de perfection que la seconde moitié du xne siècle (1160) imprimait à ses œuvres sagesse des proportions, force et élégance, flore typifiée souple et grasse, science consommée de la statique. Noter les colonnes monolithes à bourrelets de plomb, les chapiteaux à têtes saillantes, la voûte encore sexpartite. Il est un endroit de l'édifice (c'est autour de la petite porte latérale du midi) où ce style encore roman deviendra avec l'arrivée du xui° siècle plus sage encore et plus raisonné.

A partir de cette direction nouvelle des travaux, le triforium est bâti hors des combles; les tailloirs et les bases épousent dans leur coupe les retombées des arcs.

A regarder entr'autres, la statue merveilleuse du patron Saint Leu (xin* siècle), l'effigie couchée de Renaud de Boulogne, le vaincu de Bouvines, le banc-d'œuvre (xv° siècle), les boiseries de la sacristie.

Il ne faut pas oublier de visiter à côté de l'église les restes du prieuré (portes à machicoulis), habitation carrée, soutenue par de gros piliers engagés à saillie semi-cylindrique, cloître, murs de défense avec petit chemin de ronde, le tout restauré par le nouveau propriétaire avec une sollicitude savante et passionnée.

Villers-sous-Saint-Leu. L'église, sous le vocable de SaintDenis, s'annonce de plusieurs époques-: de la première moitié du XIIe siècle (1120 environ), du xme siècle qui voûta la nef et ajouta les bas-côtés et de la Renaissance. Le clocher surtout mérite un regard attentif.

Noter dans l'église un morceau de vitrail d'Arbre de Jessé


(xvi° siècle), une très belle statue de la Vierge et un tableau l'Adoration des Bergers signé (?) Simon.

Précy. Ici encore, juxtaposition des styles des xn°, xme, xv" et xvi8 siècles.

Belle statue de la Vierge du xve siècle portant les armoiries des Rouvroy de Saint-Simon.

Boran. Église nef des débuts du xin" siècle dont la voûte était formée d'un plancher de bois et les baies ménagées entre les retombées des grandes arcades.

Édicule, à l'entrée, de la même époque. A quel usage était-il destiné?

Transept des xv. et xvic siècles. Clocher d'un style mélangé. Voir plusieurs statues remarquables d'époques différentes, une Vierge avec Enfant du xme; une autre du xvi«j un SaintAdrien avec ses caractéristiques, un lion et une enclume; une stalle du xvj"; un vitrail d'un dessin brutal, mais d'une coloration agréable, don probablement de Kerver, sieur de Boran. III. DE CHANTILLY A GOUVIEUX, ROYAUMONT, &. Gouvieux. L'église a retenu au milieu de retouches et d'additions multiples quelques piliers des débuts du xm° siècle. Regarder les fonts pédicules avec vasque en carène du xiv" siècle; une Vierge d'un beau caractère du xv". Visiter à Gouvieux le camp Romain, la rue des Carrières. De Gouvieux, par la fraîche forêt du Lys, on atteint vite Royaumont.

Royaumont. Restes de l'abbaye crstercienne que SaintLouis fonda en 1228. Débris pittoresques du clocher de l'église, cloître, ancien réfectoire où l'on trouve encore la chaire du moine lecteur.

Le nom de Saint Louis plane sur ces lieux où se continuent les œuvres de sa royale charité.

Orry. Petite église intéressante de la seconde moitié


du xiie siècle. Porte à triple rentrant ouverte en arcs brisés. Abside en hémicycle selon la formule romane.

Voir près de Montgrésin la tuilerie de Comelles de la fin du xii" siècle, laquelle appartenait jadis à l'abbaye de Chaalis. Survilliers. Quelques détails intéressants dans l'église Plusieurs chapiteaux d'un très beau caractère de la fin du xne siècle, où le sculpteur a copié avec une rare recherche de la vérité le nénufar et autres plantes alors de mode dans la flore lapidaire; reste de galeries hautes du xme comme l'école de l'Ile-de-France les multipliait volontiers.

Luzarches a conservé l'une de ses anciennes églises SaintDamien célèbre par le pèlerinage qu'y faisait autrefois chaque année la Confrérie des Médecins de la Faculté de Paris. Cette église est un édifice hybride qui est néanmoins très digne d'une étude minutieuse. Le xu" siècle revendique deux des absides terminales et l'étage inférieur du clocher. L'abside principale en cul-de-four repose sur un massif de maçonnerie pentagonal en dehors et est contrebuté par des pilastres que couronnent des chapiteaux coniques en bonnet phrygien comme l'on en voit à Saint-Germer, à Saint-Étienne de Beauvais, à Bitry, et cantonné de billettes.

L'abside du nord est un peu moins archaïque. L'autre date probablement du milieu du xm" siècle.

La Renaissance a renouvelé l'architecture de Saint Damien surtout au portail. Là deux cartouches laissent encore voir l'un la naissance des deux saints guérisseurs, Cosme et Damien, l'autre l'ostension de leurs reliques et l'affluence des souffrants qui venaient pendant la neuvaine du pèlerinage profiter des soins charitables des médecins.

Un vallon peu éloigné abrite quelques restes encore remarquables de l'abbaye d'Hérivaux du milieu du xne siècle façade ouverte par un portail cantonné d'une double paire de colonnes et une baie en cintre percée très haut; deux travées à voûte sexpartite que soutiennent des colonnettes à bagues. statue d'apôtre dont le corps émacié est vêtu comme d'un fourreau.


IV. DE CHANTILLY A SENLIS

Saint-Firmin. Église en partie du xv. siècle. Beaux vitraux du xvie siècle, dons du prieuré de Saint-Nicolas-d'Acy et des seigneurs du pays; statues de saint Jacques et d'une sainte

Courteuil. L'église a gardé du xin' siècle son chœur et avant-chœur; fonts baptismaux du xiv" siècle. Belle statue de la Vierge de la même époque; restes de monuments; pierres funéraires de Gui de la Tour, de François. Waroquier et de Jean Mathon.

Eugène MÛLLER.


Jeanne d'Arc et Senlis (1429-1431)

AVERTISSEMENT

La présente notice a pour but de combler une regrettable lacune qui s'est produite dans notre Catalogue des Baillis de Senlis au cours de l'impression un accident a fait disparaître une partie tellement essentielle de notre texte que le nom de Jeanne d'Arc ne s'y rencontre même plus. Et pourtant, nous avions pris soin de signaler quelle heureuse influence avait eue dans notre bailliage l'apparition de la sainte héroïne les coalisés fuyant à l'aspect de son étendard, les populations enthousiastes maudissant leur long asservissement, et tant d'autres prodiges qu'enregistrent chroniqueurs et historiens. Tel encore sera le thème du présent appendice; il nous offre un champ plus vaste que notre catalogue et nous en profiterons pour mettre à leur point exact les réponses qui nous paraissent devoir être faites aux questions préliminaires qui suivent. 1° Quelles sont les causes qui ont appauvri nos archives pendant cette période si intéressante ? Les faits eux-mêmes nous répondront, sans commentaires, avec une parfaite clarté. Le Senlisis est occupé depuis plusieurs années par les AngloBourguignons suivant leur habile système, ils ont laissé à notre bailliage sa complète autonomie; mais les chefs de toutes les administrations (militaire, civile, financière, religieuse) sont choisis par eux. L'assemblée de ville est présidée par leur


Bailli ou son Lieutenant-général c'est lui qui la convoque, règle l'ordre du jour, propose et fait voter les nombreux impôts et les taxes; le procès-verbal est rédigé sous son contrôle, transcrit au cartulaire quand il l'ordonne, ou souvent omis ou inachevé quand il s'en désintéresse. Atournés et habitants se sont ainsi déshabitués de toute initiative ils votent, mais ne discutent plus et il en est de même dans toutes les branches de l'administration, sans compter qu'au moment de l'évacuation précipitée, plus d'un dossier, et des plus importants sans doute, aura été joint aux bagages des fuyards le 16 août 1429. 2° Nous croyons devoir protester contre de fantaisistes et regrettables théories auxquelles Flammermont subordonne son récit pendant les années qui nous occupent. Dans les pages 64 à 73 de son Histoire de Senlis, il entreprend de démontrer quel était l'État des esprits chez les Senlisiens comme chez les Anglo-Bourguignons au moment de la crise libératrice; comme s'il était prudent pour l'historien d'aborder un problème aussi complexe quand il n'a pour argument que de fugitives apparences Quoi qu'il en soit, il divise sa thèse en deux périodes A). De 1424 à 1429, il énumère les bonnes relations établies entre les vainqueurs et les vaincus; les Anglais « ont fait de grands efforts pour se faire aimer de nos habitants et ils ont réussi ». Ou bien, sous une autre forme « En 1429, nos populations regardent comme leurs sauveurs les Coalisés qui les ont délivrés des Français ou Armagnacs qui leur ont fait tant de mal. » Trompeuses apparences, répondrons-nous. Les Anglais étaient déjà et sont restés d'habiles colonisateurs, et les mouches ne se sont jamais prises avec du vinaigre les Senlisiens, calmes et avisés, ont fait contre mauvaise fortune bon cœur; et pour qui ce cœur bat et palpite, l'auteur lui-même va nous l'avouer en abordant la seconde partie de son théorème.

b). « Cependant, les succès de la Pucelle ont ébranlé la « confiance des habitants dans les armes anglaises. Deux fois « en huit jours, ils s'empressent d'envoyer des députés porter « leurs hommages au roi des Français et à la Pucelle. leur « supplique est exaucée. Et dès lors, depuis Crépy jusqu'à « Montépilloy, Compiègne, Senlis, Saint-Denis, Paris et Gien,


t où l'armée française est rentrée, aucune défaillance n'est « signalée dans leur zèle et leur patriotique dévouement » Ils vont même en donner de nouvelles preuves dans la crise finale. « Compiègne est assiégée par les coalisés connaissant « la faiblesse de cette place, Jeanne d'Arc veut la secourir. « elle y est prise dans une sortie. »

Cette catastrophe est classée par l'auteur comme un vulgaire incident par une allusion à la joie des coalisés, à la désolation des Compiègnois et du parti français; mention est faite, néanmoins, de l'inquiétude du comte de Vendôme en voyant l'émotion des Senlisiens; mais les chroniqueurs contemporains et modernes suppléeront largement à ce silence prémédité. Quant à l'auteur, il est exclusivement préoccupé des ravages prodigués dans nos campagnes par les bandes armées, des exigences et de la rapacité des belligérants; il analyse des enquêtes dont le résultat met, en somme, la balance de l'indiscipline à peu près égale entre les deux partis. Mais il oublie de tenir compte de la rudesse des mœurs à cette époque le plus souvent, et à moins d'un intérêt spécial, les gens de guerre ne vivent que de pillage. En définitive, la responsabilité incombe surtout à l'assaillant, c'est-à-dire en ce moment à l'Anglo-Bourguignon. Toutes ces objections à sa thèse, l'auteur les connaît assurément mieux que nous; mais il veut placer, à tout risque, la conclusion qu'il prépare depuis sept mois; et tandis que l'IIéroine inspirée, vendue à l'encan, est traînée de prisons en cachots par ses bourreaux jusqu'au bûcher de Rouen, il lui adresse ce blasphématoire adieu « De 1424 à 1429, nos populations. ont pu travailler en paix à réparer leurs pertes. Tout fut perdu quand les Français vinrent, sous la conduite de Jeanne d'A rc, délivrer des Anglais et en même temps ruiner ce beau pays. La venue de Jeanne d'Arc et des Français fut considérée comme un malheur par les habitants du Senhsien et du Valois. ».

Flammermont était membre de notre Comité Archéologique, il lui avait récemment offert un exemplaire de son Histoire de Senlis, et un autre à moi-même avec une aimable mention d'envoi raison de plus pour le prévenir courtoisement de la surprise et des regrets que nous éprouvions tous de le voir


consacrer son talent à la propagation de pareilles doctrines. « Cher Confrère », me répondit-il textuellement, « veuillez « leur dire de ma part le patriotisme est une formule poétique « laissons Christine de Pisan prodiguer à la Pucelle ses hymnes « et ses fleurs l'historien n'écoute que le langage des faits. « A ceux dont j'ai invoqué le témoignage, ajoutez celui-ci « au point de vue dynastique, les droits du roi d'Angleterre au « trône de France étaient au moins égaux à ceux de Charles VII. « Voilà et restons bons amis ».

Ainsi fut fait. Mais nous n'en conseillons pas moins au lecteur 1° de ne tenir aucun compte de pareilles théories, 2° de ne demander à ce Précis historique que le simple exposé des faits, que l'auteur classe, du reste, avec méthode et appuie d'érudites références.

Des innombrables publications dont s'enrichit chaque jour la bibliographie de Jeanne d'Arc, nous avons lu un bon nombre, mais la plupart de nos Notes sont extraites 1° des Archives municipales de Senlis; 2° d'Afforty, qui les a transcrites ou analysées dans ses Recueils; 3° des ouvrages bien connus de Quicherat, Wallon, Mgr Debout, et de Flammermont luimême dans son Histoire de Senlis, etc. Aux faits signalés par ces historiens, nos documents n'ajouteront aucun nouvelincident (et nous en avons ci-dessus indiqué la cause) toutefois, à ceux qui s'intéressent à notre ville et à son antique bailliage, ils ajouteront quelques menus détails qui ne nous ont pas paru dépourvus d'intérêt.


I. DERNIERS MOIS DE L'OCCUPATION

DE NOTRE BAILLIAGE

PAR LES ANGLO-BOURGUIGNONS

Les documents qui suivent nous prouveront que les conquérants n'avaient en rien modifié les procédés administratifs établis dans notre ville et son bailliage par les rois de France; la nom seul du souverain a été changé.

1427

Trois assemblées de ville seulement sont transcrites par Afforty Le 15 juillet, séance tenue par les atournés, et dans laquelle il est procédé à l'examen des comptes du grenetierà-sel. Cet octroi consiste en une taxe municipale qui a été concédée à la ville par le roi d'Angteterre suivant lettres vérifiées en la cour des Comptes à Paris le 6 juillet 1426. Les ventes faites par le préposé s'élèvent à 28 muids un minot, « desquels faut rabattre 2 muids et demi pris pour le Régent, qui n'a rien payé à la ville ».

Autre séance le 22 dudit mois, en présence de Mr le Bailli, messire de Thian, assisté des a,tournés, « avec 22 assistants », parmi lesquels Jean de Warru, élu en l'Élection 2 Nomination annuelle des atournés, sans incident. 2° Une taille de 200 liv. p. sera assise sur la ville pour le roi d'Angleterre' et une autre de 800 liv. sur tout le diocèse. 3° Une somme de 8 liv. est allouée sur la caisse municipale pour quelques réparations à faire dans notre église paroissiale de S'-Maitin. 4° Est accordé que l'on paiera à M" Hélin de Bailleul, capitaine de Pont-Ste-Maxence et gruyer de la forêt de Ilalatte, ainsi qu'à ses subordonnés, la récompense qui leur a été promise pour la destruction de neuf loups depuis deux années. 5° « Nota que la taille pour le roi d'Angleterre monte à 340 liv. t. ». T. vin, pp. 4387 et suiv.

2 Ce Jean de Warru est encore nommé dans plusicurs des séances suivantes.


En décembre, simple mention du greffier disant que le droit de chaussées a été donné à bail à Richevillain moyennant 20 liv. p., jusqu'au 24 juin prochain.

Le 6 novembre, sentence rendue par Mre Jehan de Thian, chevalier, bailli et capitaine de Senlis, en faveur de la ville au sujet de deux pièces de terre qui lui appartiennent, sises près la porte S'-Rieul

1428

Le 23 février, M" P. Rousselet, prêtre, chapelain de la chapelle Sainte-Catherine en l'église de Senlis, lui donne, à titre de surcens ou rente annuelle, un pré contenant cinq quartiers sis à la fontaine Sle-Prothaise, tenant à un autre pré appartenant à l'église S'-Rieul.

Au mois de juillet suivant, l'église de St-Rieul entre en possession de cinq quartiers de pré qui lui ont été légués par défunt Pierre Lorfèvre, conseiller du roi et chancelier d'Orléans. Le donateur défunt est représenté par Jean Caïn, bourgeois de Senlis, comme procureur de Jeanne de Sens, veuve dudit P. Lorfevre, et de Pierre, leur fils, châtelain de Pont-SleMaxence, et exécuteur du testament de son père 2. A l'actif de l'administration anglaise pendant cette année, nous trouvons 1° dans les, régions du pouvoir central, un long arrêt rendu par le Parlement entre le Chapitre de Senlis, le Prieuré de S'-Nicolas-d'Acy, le seigneur de Chantilly, Pierre d'Orgemont, etc., au sujet des droits de garenne, chasse. pâture, etc., dans les cantons forestiers de S'-Léonard, Avilly, Gouvieux, Précy, etc. « Datum Parisis in Parlamento nostro, 23a die martii, an. D' 1428 ante Pascha, Regni nostri septimo. Sic signatum per judicium Curiee, Clemens 3 » (23 mars 1429). 2° En ce qui concerne les affaires municipales, les cinq assemblées de ville qui suivent. Le 18 juillet, au commandement de Mr* de Thian, assisté des atournés, dont l'élection annuelle 1 Ces deux pièces sont sans doute celles qui furent plus tard le Champ du Marché.

1 Ces deux actes en Afforty, t. n, p. 551.

3 AtTorty, t. u, p. 3C4.


est à l'ordre du jour. Néanmoins, l'un d'eux, Pierre Don, est prié de rester en fonctions une année de plus, parce que d'importantes affaires restent en suspens, pour lesquelles sa compétence est nécessaire ses gages seront portés de 4 liv. 16 s. p. à 8 livres pour douze mois. Août, le 5, compte fait par les atournés avec le grenetier, J. Mallet, pour le sel par lui vendu depuis un an il doit à la ville 61 liv. pour les 25 muids de sel qu'il a livrés, sur lesquelles il retiendra 112 sols p. pour ses gages.

Le 25 septembre, assemblée de 200 habitants tenue par les atournés. Les plaintes sont générales au sujet de la rareté et du haut prix du blé, surtout « depuis que les pays de Gastinois, « de Beausse et autres sont de nouvel recouvrés en l'obéissance « du Roy (d'Angleterre) et qu'ils viennent s'approvisionner chez « nous en conséquence, est decidé de pourvoir au fait des « brasseurs des commissaires iront à Paris pour avoir copie « de l'appointement que l'on dit avoir été donné sur le fait de la « brasserie. Après quoi vingt notables, avec les officiers du « roi, feront un règlement sur ce sujet pour la ville et les « environs. Et pour que d'ici-là, les brasseurs ne mettent pas « tremper le plus de grain possible, il est appointé que le « prévôt, assisté des sergents, fera l'inventaire exact des grains « déjà préparés, lesquels seuls pourront être brassés, sous « peine d'amende arbitraire ».

t Plusieurs habitants demandent que les portes de Creil, Bellon et de Meaux soient démurées et ouvertes. Est conclu que chacun, suivant sonintéiêt, pourra s'employer à préparer ladite ouverture, mais que le capitaine seul peut permettre qu'elle devienne définitive.

Le 30 novembre, séance présidée par Guillaume Le Fruitier, lieutenant -général, assisté des atournés, et vingt habitants présents 1° De nouvelles précautions sont prises au sujet des brasseurs un tarif leur est imposé pour la vente de leurs produits une commission est nommée pour en surveiller l'exécution. 2° « II sera donné au grand ministre de l'ordre des « Cordeliers, qui nouvellement est venu demeurer à Senlis avec « quatre notables clercs-théologiens, la somme de 24 liv. p. « pour une fois, afin qu'ils achètent blé, vin, bûches, fagots et


« fanées, à ce qu'ils demeurent dIus longtemps en notre «ville".

Le 1er décembre, séance tenue par les atournés en présence de plusieurs notables. Il est decidé que Jean Fermèle, héritier de son père, ne paiera que 6 liv. sur les 13 que redevait le défunt dans la précédente imposition assise pour la forteresse et le roi (d'Angleterre), et ce, afin d'éviter tout procès

1429

De janvier à juin, nos atournés n'ouvrent pas leur registre, pas même pour nous dire que, par ordre du Régent anglais, notre bailli, messire de Thian, a imposé à la ville de Compiègne et autres, des réquisitions consistant surtout en bois de piques, chariots 2, etc. aujourd'hui, il en réclame la Livraison Il les conduira lui-même à l'armée anglaise qui assiège Orléans depuis le 12 octobre précédent, et il assistera, le 12 février, à la bataille de Rouvray (dite des Harengs), dont l'issue permet de ravitailler surtout en poisson l'armée assiégeante. Enfin, en juin, le 26, assemblée de ville en présence du lieutenant général et de 68 assistants 1° Élection annuelle des atournés 2° Assiette d'une taille de 400 liv. confiée à huit commissaires à l'instant nommés 3° Une autre commission réglera les comptes qui sont en souffrance avec le Clergé pour le fait de la forteresse 4° Une troisième, composée des atournés, des représentants des parties, du receveur des domaines, etc., délibérera sur le fait du procès des pâtures en la forêt de Chantilly, dans lequel sont intéressés le seigneur de ce lieu, le Prieuré de St-Nicolas d'Acy, le Clergé de Senlis, et autres. 5" Est ordonné que l'orr munira de clefs les logettes de garde sises sur les remparts, et que les clefs seront confiées à chaque dizainier, qui les remettra au chef de service de nuit.

Le 7 juillet, autre séance en laquelle est arrêté le compte du grènetier depuis un an il a vendu 26 muids 2 minots de sel Afforty, t. vm, pp. 4387-90.

Voir M. Sorel dans ses notes sur cette ville à cette époque.


moyennant 78 liv. 2 s. G d. p., sur lesquels il faut déduire les droits sur 4 setiers « baillés sans gabelle au gouverneur du Valois, soit 16 s. p., et aussi 56 s. p. pour son salaire, de sorte qu'il ne redoit que 73 liv. ».

Le 19 juillet, compte-rendu très sommaire; il n'est question que du guetteur de nuit installé au clocher, moyennant 16 s. p. par semaine. Le 20 dudit mois, séance présidée par M" de Thian, bailli et capitaine rien d'écrit. Ce silence de nos édiles est déjà un indice des préoccupations politiques qui agitent les esprits et les coeurs.

Nous n'avons pas interrompu l'analyse du registre municipal pendant les six premiers mois de cette mémorable année mais nous citerons ici différents actes de l'autorité supérieure anglaise ce sont les derniers (en ce qui concerne notre ville) auxquels elle apposera son scel. Et d'abord, de notre bailliage les sentences qui suivent, dans l'ordre chronologique: le 13 janvier, en faveur du Chapitre de Sl-Rieul. 2° Le 12 avril, en faveur des atournés. Ceux-ci exposent que, après le siège ruineux de 1418, il a lallu pourvoir à la réparation des remparts et au paiement des dettes pour quoi une assemblée des trois ordres a voté l'établissement d'une imposition de dix mille liv. sur tous les habitants, y compris les réfugiés; parmi ceux-ci, les époux Conard furent taxés à 32 s., monnaie courante devenue veuve, la femme refusa de payer, et persiste dans son refus malgré plusieurs condamnations elle prétend qu'elle est si pauvre qu'elle s'est placée comme chambrière en l'hôtel de Mre Guillaume le Heauvoisier, cure de Baron. Les experts nommés par le tribunal n'acceptent pas ses excuses en conséquence, elle est condamnée de nouveau en tous les frais et dépens mais la taxe sera réduite d'environ un tiers en monnaie actuelle « à cause de la hausse du cours de l'argent ». Le 4 mai, sentence enregistrant la déclaration faite par Mre J. de Montagny, écuyer, qu'il renonce à tout droit qu'il peut avoir « es bois qui furent à défunt Robert du Murât, son grandpère, séans à la Saussoye, terroir de Senlis, tenus et mouvans en censive des religieux de la Victoire, voulant que lesdits religieux les possèdent à toujours. ».

Le 2 juillet, sentence donnant au Chapitre de St-Rieul main-


levée définitive pour les portions qu'il possède en la forêt d'Halatte i,

En second lieu, diverses ordonnances royales notifiées au bailliage de Senlis, et parmi lesquelles celle qui suit: Le 6 juillet, « Henry, par la grâce de Dieu roi de France et d'Angleterre. », considérant que dame Alips de PraëDes est décédée, laissant un testament par lequel elle lègue des sommes importantes pour la fondation d'une chapelle en laquelle seront dites des messes pour le repos de son âme; que le s'' de Praëlles, chevalier, veuf de ladite dame, a porté devant notre bailliage de Senlis des difficultés survenues entre lui et l'exécuteur testamentaire que pendant cette instance, le s' de Praélles luimême décéda que ledit procès fut repris par le s'' Gilles de Lorris, écuyer, gendre des défunts, et d' de Praëlles, sa femme; que ces derniers, après diverses tentatives d'accommodement restées sans effet, furent condamnés l'exécution du testament que lesdits époux ont affecté à cet objet divers biens sis proche Senlis et Barbery mais que de nouvelles oppositions ont été faites par des tiers qui demandent le transfert de la cause au siège de Beaumont, dans le ressort duquel est leur domicile; « considérant toutefois que les époux de Lorris habitent Praëlles, « en la châtetlenie de Beauvais, et est en l'ancien ressort de « notre dit bailliage de Senlis, et que dure et sumptueuse chose « seroit auxdits supplians d'aller plaider pour cette cause au « siège séant à Beaumont, attendu le péril des chemins. x en conséquence, S. M. ordonne que la cause sera portée devant son bailli de Senlis.

Plus d'un document atteste déjà chez nos envahisseurs une inquiétude qui va grandir de jour en jour. Le P. Daniel nous en révèle la cause avec une touchante simplicité « C'est que Dieu avoit voulu que la France se reconnût redevable de sa conservation A la force de son bras tout puissant. Et alors, dans cette fatale conjoncture où le royaume étoit près de succomber, parut à la tête de nos armées la fameuse Pucelle d'Orléans, que bien des gens regarderoient comme un personnage fabuleux, Pour ces différents actes, voir Afforty, t. xx, à ces années et dates. s Ces documents en Afforty, t. xx, p. 840, 856 et suiv.

3 Damel, //tstoi)-e de France, t. vi, p. 52.


si cette scène s'étoit passée dans des temps plus reculés de notre histoire: mais c'est un fait si atteste. qu'on n'oseroit le contester sans se rendre ridicule n.

Dès lors, nous pouvons* suivre dans le même auteur (et dans tant d'autres !) le récit des prodigieux événements qui vont libérer une partie du sol national, et préparer son prochain et total affranchissement.

De la fin de février au 25 avril 14-~9, Jeanne d'Arc, la bergcre inspirée de Domrémy, est présentée à Charles VII, à Chinon elle est agréée par lui; comme chef militaire, elle entre dans Orléans dont elle fait lever le siège le 7 mai. De ce jour au 18 juin, nombreuses victoires en Orléanais. Puis, marche triomphale vers Reims, où entrée le 16, et sacre le 17. Départ pour Paris le 22 halte à La Ferté-Miion le 29, sur les frontières de notre bailliage là continuent d'afHuer les soumissions de toutes les villes de l'Ouest et du Nord, de Senlis entre autres, dont les atournés représenteront encore la formule dans quelques jours

Août. Pendant les dix premiers jours de ce mois, nombreuses hésitations et contremarches Bedford garde avec vigilance toutes les routes vers la capitale, l'état-major de Charles VU est divisé, et lui-même fort indécis. La marche vers l'ouest est néanmoins résolue. Le )t, l'armée française entre à Crepy, où l'enthousiasme est inexprimable. Les 12 et 13, simples démonstrations, l'une vers Lagny-le-Sec, l'autre vers Dammartin, l'ennemi r<~te sur la défensive.

Le 14, départ généra) pour Senlis. D'après Monstrclet, les Anglais suivent les deux iivea de 1~ Nonette <[ i)s ont établi leurs premiers retranchements au village de Uar (baron) et d'autres à Borest, à Mont-Dallé (Montlevêque), ils campent à Villemëtrie. Les Français s'avancent en plaine par les voies herbeuses, parallèles d'un côté à la nvière et d'autre aux côteaux de Rozieres et de Montépilloy, 2 dont l'antique castel est occupé par le Itoi son camp. dans la vallée, fait face a

'VoirPtecesjus)!ficatives,n*t. 1.

s L'un de ces chemins, onen)ës de l'est à l'ouest, conserve encore au Cadastre le nom de Chcmt'n des ~nf/tan la per~tstance de cette traditton poputaire depuis bientôt cinq !-iectes est mtéressante à signaler.


Senlis et aux Anglais. Le 15, jour de l'Assomption, messe en plein air, où Jeanne d'Arc reçoit la sainte Communion' puis l'armée s'avance vers l'ennemi, qui ne quitte pas ses inexpugnables abris à la fin du jour, rentrée au camp après quelques sanglants, mais partiels engagements. Le )C, même tactique des deux paits et mêmes combats isolés Enfin, retraite générale Bedford rentre à Paris, évacuant complètement Senlis; « il a « expérimenté combien un mauvais succès pouvoit nuire à ses affaires dans un pais où il étoit plus maitre des villes que <' des cœurs

II. RESTAURATION DU GOUVERNEMENT NATIONAL EN LA VILLE ET BAILLIAGE DE SENLIS

Charles VII diffère de quelques jours son entrée à Senlis et ramène son armée à Crépy. Le 17 août 1429, il y reçoit deux députations lui apportant d'importantes soumissions celle de Senlis renouvelle ses précédentes protestations « Ceux-là de

« dedans considérans la grande conqueste que le Roy a faicte en « peu de tems par l'aide de Dieu et le moien de la Pucelle, et « que ilz avoient veu la puissance au Duc de Bedford qui, près « de leur place, n'avoit osé combattre le Roy et se estoit recullé « a Paris, ilz se rendirent au Roy et à la Pucelle Le comte « de Vendosme demeura garde de la place et y acquit honneur a et chevance. »

Charles VII fait à nos délégués bienveillant accueil et leur

promet l'octroi prochain de nouvelles lettres d'abolition. De plus, il envoie de suite les maréchaux de Boussac et de Rais, qui procéderont à la nouvelle organisation de la ville et du La communion de Jeanne d'Arc devant iSenhs nous est connue par les documents publiés par Quicherat. Un des témoins entendus dans le proces de réhabilitation dtxii etiam Puellcem. co~tft't per /)'atrent Htcardum ante t;f<ta)n de Senhs et recipere corpus Chnslt cum ducibus de Clermont et d'~ie~çon per duos '~tes (t. n, p. 450).

Voir 77;s<ofre de &en<:s par MM. Vatm et Dupuis, p. 19} et suiv., et celle de Flammermont.

P. Daniel, p. 66.

<Quicherat,t.IV,p.23.


bailliage cette opération sera d'autant plus facile que le comte de Clermont, lieutenant-général des pays d'Outre Seine, et le grand Chancelier de France, Regnaud de Chartres, archevêque de Reims, ont choisi Beauvais comme résidence ordinaire. Au bailliage est promu M" de Marcoignet, dont Guillaume le Fruitier restera le lieutenant-général le chevalier Alain Giron sera capitaine de la ville; Mgr. J. Fouquerel restera titulaire de l'évêché, malgré ses attaches avec les Anglais; mais le serment enthousiaste à l'instant prêté an Roi par les trois ordres répond sunisammentdu futur dévouement de la population. L'autre délégation est celle de la ville de Compiègne, qui offre au Roi comme à son armée le plus filial accueil. Le 18, départ général pour cette ville, en laquelle réception enthousiaste, attestant le plus ardent patriotisme. Les détails en sont notés par les chroniqueurs de toutes les époques. Par eux nous connaissons la résidence offerte au Roi, à la Pucelle, aux capitaines, les incidents survenus pendant les onze jours qui suivent les soumissions de villes du nord et de l'ouest les nouvelles lettres d'abolition accordées à Senlis; les fallacieuses négociations proposées par le duc de Bourgogne pour retenir le Roi loin de Paris les promenades militaires de la Pucelle dans la vallée de l'Oise jusqu'à Xoyon, etc. Elle obtient enfin permission de faire une nouvelle étape vers la capitale, où l'appellent ses voix. Le 25, avec le duc d'Alençon, elle rallie à Senlis les troupes du comte de Vendôme. Elle y prépare sa prochaine entreprise par la prière et la revue de son équipement elle communie deux jours de suite elle fait acheter par le dépensier royal une haquenée que l'évêque Fouquerel vendit tres cher, et qu'elle fut obligée de lui rendre parce qu'elle était impropre au service Afforty a insère dans son tome xx les pièces de ta procédure faite après le décès de l'évêque Fouquerel. Cttons ce passage Innocent Lefèvre, receveur du Domame, doit, pour raison d'une assignation faite par le R"y pour )a vendition de ladite haquenëe que S. M. a achetée pour Jehanne la Pueelle, 100 saluts d'or qui valent 105 1. par.. Item, Jehan MaUet, grenetier du grenier à sel, pour pareille cause de ladite haquenée doit autres tOO saluts d'or vnlans aussi 105 1 par. n. Et plus )otn, au chapitre des denrers dus et non re<,us « Do Innocent Lefèvre, receveur de Senhs, 50 saluts d'or pour la haquenëe que le Roy eust pour Jehanne la Pucelle x.


La breve station de Jeanne d'Arc en notre ville marque l'apogée de sa carrière comme chef militaire désormais, en effet, des obstacles incessants feront échec a ses inspiration' sans lasser sa persévérance. Elle quitte Senlis le 25 avec d'AIençon et son corps d'armée, entre à St-Denis, et commence contre Paris les travaux d'approche; elle les poursuivra sans relâche jusqu'à l'arrivée du Roi, qu'elle trouvera bien tardive. Le 29 août, il commande le départ de Compiègne pour Senlis, ou la plus empressée réception lui est faite ainsi qu'à l'armée. Les soumissions de villes abondent; toutes celles de la région sont occupées, et l'ennemi expulsé de toutes parts Parmi les actes royaux datés de ce moment, citons 1° Une charte en faveur de l'Hôtel-Dieu de Senlis, auquel est octroyé un droit de paisson en la forêt d'Halatte; 2° Diverses ordonnances relatives au décès de l'évêque J. Fouquerel, la prestation de serment de sou successeur, et diverses main-levées du droit de régale sur le temporel. A ce sujet, Afforty a réuni de nombreux documents, parmi lesquels

1° « Lettres du Roi adressées le 30 août aux maîtres de sa chambre des Comptes, et à son procureur Senlis, déclarant que ledit jour il a reçu le serment de fidélité de maître Jehan, en qualité d'évêque de Senlis pour quoi il enjoint à ses officiers de lui donner main-levée du temporel. « Datum in villa nostra Silvanectensi, die penultima augusti. etc. 2° Suivant les registres capitulaires, « le lendemain, 31 août, le Roi confère à Jacques Fuzelier, prêtre, une prébende vacante en régale par la mort de Jean Buffet, précédent titulaire. o » 3° « Mense augusti, 31. Ltttenc Francorum Regis, quibus canonicatum et prebendam in Ecclesia Sllvanectensi, liberam et tMcaït~em in regalia per Eptscopt (J. Fouquerel) obitum, Dans les documents publiés par Quicherat, relevons ce passage de l'interrogatoire de Jeanne relatif au cheval de Senlis « Hespond que Il fut renvoyé a Mgr de la TremotUe pour le rendre à Mgr de Senlis. Et dit aussy qu'ette n'estott point contente de le retenir pour deue raisons il ne vatot rien pour gens d'armes, et elle avait oy que l'évesque était mal content que on avoit prms son cheval. ».

1 AfTorty, t. n, p. 588. Dans ce même tome, p. 103 et suivantes, nombreuxextraits des manuscrits de Deslyons au sujet des titulaires del'évéché.


coM/eri Jacoho Rigallo. Dafum Silvanecii, die M~ima menst's augusti. A. D. M. cccc xxfx' ')

Quant aux atournés, ils ne nous leguent aucun procès-verbal d'assemblée, mais seulement divers comptes de leurs dépensiers, qui font quelques brèves allusions à la situation présente. Leur principale préoccupation est que toutes les sommes libres sur le budget sont employées tant en gens d'armes qu'à la réception du Roi au retour de son sacre mais ils sont prêts à faire, sans se plaindre, tous les sacrifices nécessaires. Toutefois, d'incessants courriers viennent supplier le Roi de conduire à St-Denis le gros de son armée.

Le 7 septembre, il y fait son entrée, et, le 8, est donné à la capitale un premier assaut qui reste infructueux la Pucelle est légèrement blessée, et la continuation de la lutte remise au lendemain. Mais, le 9, le Roi ordonne la retraite générale. L'armée entière est rentrée à Gien le 21 septembre, y compris Jeanne d'Arc, qui ne reparaîtra dans nos régions que six mois plus tard.

Le 16 octobre, les atournés de Senlis tiennent séance en présence de 123 habitants. Il est donné lecture d'une ordonnance de Charles VII autorisant un octroi municipal sur toutes les boissons vendues en la ville par plus de cent voix contre seize, l'assemblée fixe le montant du droit et décide qu'il sera an'ermë, innovation contre laquelle protesta un habitant nommé Regnault le Chaussier

Le 26 octobre t429, autre séance tenue par les atournés et le lieutenant-général, Guillaume Le Fruitier en tout, 97 assistants. « Fut exposé que le conte de Clermont, Lieutenant-Général du Roy en ces parties deça la rivière de Seine, avoit commis c M" le Comte de Vendosme et M" Guillaume Jouvenel de « remonstrer aux habitans de cette vf))e les affaires du Roy « afEn d'avoir aucun aide pour l'entretennement des gens d'armes du Roy et pour les grandes affaires qu'il a de présent « laquelle chose a été grandement remonstrée par lesdits « seigneurs de Vendosme et Jouvenel. requérans l'aide dessus a dite jusqu'à la somme de mille livres tournois si faire se 7htd. p. 587.

Afforty, u, 506, ot yni. 4.M).


pouvoit bonnement. Sur quoy a été conclud que, 'considéré la pauvreté et affaires de la ville, et les grans frais, mises et despcnses qu'elle a eu à supporter à la venue du Roy et à son occasionna ville ne pourroit supporter si grant charge et a-t-on conclud que ladite ville fera ledit aide jusqu'à la somme de 400 liv. par., en ce non compris le Clergie d'icelle ville ». « Ce fait, a esté ordonné que autres 400 liv. seront cueillies

« sur les habitans pour acquitter la ville de partie de ce qu'elle « doit et pour les affaires d'icelle Autre assemblée des atournés et de 87 personnes )e 27 décembre, mais rien ne fut écrit.

1430

Senlis fait bonne garde contre les Coalisés. Sans doute ces nouvelles incursions de l'ennemi causent à notre ville de cruelles souffrances le flux continu des gens de guerre ravage les campagnes et tient notre garnison en alerte perpétuelle. Mais sans exprimer le moindre regret du paisible asservissement qu'elle a naguère subi, notre municipalité accepte toutes les charges que lui imposera la libération dénrntive aux capitaines de la garnison, elle fournira toutes les ressources necessaires; aux frères en péril, des secours de toute nature elle se contentera de mettre une limite sévère, mais légitime, à l'entrée en ville des troupes que déplacent sans cesse les péripéties de la lutte. Nous en aurons pour preuves tous les documents que nous allons citer.

Le 24 avril, sont présents les atournés, les officiers de ville et 250 habitants. Il est exposé par Florens de Boncaut Que Robert de Plailly, capitaine de Chantilly, a envoyé lettre dtsant qu'on lui rende son clerc et son varlet que M. le Bailli de Senlis et M" Jean de Brye, lieutenant de M. de Vendôme et capitaine de la ville, ont fait emprisonner; sinon il fera saisir des habitants par représailles. Il lui sera répondu que les habitants ne sont intervenus en rien dans ces arrestations et n'ont aucun droit de justice quant aux « menaces et deffiales », le Conseil dira ce qui lui plaira. 2° Le canonnier Robin dit qu'il a été « affolé )' par un canon et demande assistance il ne lui sera rien donné, vu la pauvreté de la ville. 3° Une poterne établie dans le rempart,


vers le jardin de Guillaume Le Fruitier près la Fosse-aux-Anes, sera dëmaconnée et remplacée par un fort huis en outre, on ôtera les dos d'âne qui sont au long du rempart depuis la Tour, à l'endroit de la fontaine S'-Gilies, entre ledit rempart et le mur du jardin de M" G. Le Fruitier et, ce fait, icelle poterne sera remurée. 4° « Que si la Pucelle, qui est à Lagny-sur-Marne, avec en tout Tm~e hommes de cheval, y vouloit entrer (à Senlis) et sa compagnie, l'on lui remonstreroit la pauvreté de vivres de la ville tant en foin, avoine, comme vin, e< lui f)//T!rott-OM de y en~er jusqu'à trente perso~tMes des plus notables de sa compagnie, e! non plus. »

Jeanne d'Arc, en effet, a quitte la cour dès la fin de mars elle est venue à Lagny-sur-Marne « parce que ceux de la place fesoient bonne guerre aux Anglois deParisetaiHeurs. ». Bientôt pourvue de nombreuses recrues, elle multiplie les sorties dans l'une d'elles est capturé Franquet d'Arras, chef de bandes bourguignonnes, au sujet duquel elle répondra dans son procès « qu'elle fut consentante à son exécution pour ce qu'il confessa estre murdrier, larron et traître et dit encore que son procès dura xv jours, et en fut juge le bailli de Senlis et ceulx de la justice de Laigni.

Vers le 15 avril, la nouvelle se répand que les coalisés préludent au siège de Compiègne c'est là que ses voix appellent notre héroi'ne. Or, les routes par Senlis lui sont connues, et le bailli de cette ville (M" de Marcoignet) est près d'elle; ainsi s'expliquent les négociations avec nos atournés, dont nous venons de transcrire la réponse peu empressée. Sans doute, les conseillers de la Pucelle n'ignorent pas que la réserve de nos municipaux leur est imposée par la multitude des charges qu'ils supportent avec un louable dévouement mais la jeune guerriere n'en reste pas moins fort indécise. Surviennent alors, avec leurs troupes, le grand-chancelier Regnaud de Chartres et le comte de Vendôme ils lui offrent de la conduire par le Valois et Soissons, d'ou l'accès vers Compiègne sera plus facile. Malgré de tristes pressentiments, elle accepte, et trouve à Soissons une Quicherat.

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hospitalité moins fraternelle encore, et pour des motifs bien moins légitimes l'état-major seul est admis, et les troupes campées sous les murs désertent pendant la nuit. Le départ a lieu le lendemain, 13 mai, avec une escorte réduite et derrière elle le capitaine de la place la vend et la livre à l'ennemi. C'est sous ces fâcheux pronostics qu'a lieu l'entrée le 14 dans la ville assiégée Dès le soir même, Jeanne d'Arc fait versPontl'Evêque une sortie qui reste sans résultat, et le blocus devient plus étroit. Le 17, Jeanne part pour Crépy elle y lève quelques recrues, avec lesquelles elle rentre le 23, dès l'aube, dans Compiègne. Une sortie est de suite organisée et effectuée vers cinq heures et demie de l'après-midi. Fatale expédition, dons Monstrelet donne un touchant récit « Iceulx François, voyant leurs ennemis se multiplier, se retrahirent devers leur ville, tousiours la Pucelle avecques eulx. faisant grant manière d'entretenir ses gens. Mais ladicte Pucelle fut tirée de dessus son cheval par un archier auprès duquel estoit le Bastard de Vendosme, à qui elle se rendit et donna sa foy et il, sans détay, l'emmena prisonniere à Margny. ». Suit la minutieuse description de la joie des vainqueurs, de la désolation des vaincus, des premières étapes de l'infortunée captive.

Ainsi se terminait, le 23 mai 1430, vers 8 heures du soir, la période triomphale de cette merveilleuse mission elle avait durée environ douze mois, dont un tiers dans notre bailliage ou ses frontières elle en avait assuré ou préparé la délivrance définitive ou prochaine. Et maintenant, pendant une année encore, l'héroïne inspirée va subir le désolant martyre dont nous saluerons le terrifiant dénouement.

Quand à la désolation causée par cette catastrophe à Compiègne, Senlis et dans toute la région, les témoignages abondent dans les chroniques anciennes et nouvelles. Notre cartulaire va nous en fournir une irréfutable preuve.

Le 29 mai, assemblée de ville à laquelle sont présentes centvingt personnes des trois ordres, parmi lesquelles l'abbé de S'-Vincent, le commandeur de S'-Jean, M" Regnault le Sergent, religieux de S'-Maurice, Jean Chevallier, prieur de MontëVoir Fintëressante étude de M. P. Champion sur cette période.


pilloy, etc.. l°Est exposé par le Conseiller de ville « comme « Mgr. de Vendosme vouloit bieMsçauotf~auou.~oMté des habi« tans, ascauo!~ si ils se veulent tenir le serment qu'ils ont « ~a)< à tenir le serutce du Roy ? Lesquels ont respondu que à « ce veulent tenir leur serment comme ils !'OTt< juré ». Malgré sa forme imprécise et ses réticences, la portée morale de ce grave incident demeure incontestable. Reste à. expliquer pour* quels motifs aucun des assistants ne prononce le nom de l'infortunée captive, dont le souvenir est dans tous les esprits et la sainte image devant tous les yeux? En tout cas, ce n'est pas la crainte que leur inspirent les coalisés; ils nous le prouvent sans désemparer. 2° « Item est remontré comment Alain Giron (capitaine de la ville) veut aller à Compiègne pour secourir cette ville. Or, M. de Vendôme ne restera pas à Senlis sans troupes, et il a nommé capitaine M" Denis de Chailly. Mais Il est répondu « que ledit Alain a déclaré qu'il n'alloit à Compiègne que pour peu de tems, et que si partie de l'ost ennemi passoit la riviere, il reviendroit de suite à Senlis et pour ça est conclu qu'il n'est point nécessaire d'avoir autre garnison. Les Senlisiens restent donc, sans peur ni regrets, les adversaires de leurs anciens envahisseurs et soi-disants amis ils vont continuer à nous leprouverparles soins donnés à leur propre forteresse, par les secours prodigués à leurs frères en péril. « Le i"juin, séance tenue par les atournés et jusqu'à cent assistants lectures de lettres patentes de Charles VII du 6 mai précédent, et de lettres closes du 29 dudit mois ». Rien autre le texte en aurait été pourtant fort intéressant Le 26 dudit mois, assemblée de cent-vingt habitants présidée par le bailli (de Marcoignet). 1° Élection annuelle des atournés et des dépensiers les mêmes titulaires sont maintenus, et leurs gages seront fixés par dix notables 2° La sergenterie de ville et celle du guet, précédemment confiées au même titulaire, seront désormais séparées, et toutes deux sont à l'instant pourvues. 3° Chaque dizainier fera l'inventaire des personnes de sa dizaine et notera les retraits il présentera son travail demain Notons que cette prolongation de pouvoirs n'était usttëe que dans de graves circonstances, et nous sommes à la ve'He d'événements importants.


avant l'heure de none. 4° « Défense de pénétrer es fossés de tout le tour de la ville pour pescher, prendre herbe ou mener pasturer des bestiaux, en peine d'être mis prisonnier 5° Une somme de 300 liv. sera assise pour les affaires de la ville. 6° Item, est conclu que chaque habitant sera présent en !'hoste< de ville quand l'on fera assemblée, à peine de 12 don. par. d'amende au profit de la ville. 7° Item, seront réparés le boulevard d'emprès la Malmaison, et les appuyées des murs d'entour S'-Vincent.

Août, le 29. Présidence de messire Loys de Marcoignet, bailli de Senlis. Longue liste de 92 assistants, parmi lesquels le lieutenant-général, Guillaume Le Fruitier; Frère Jean Lefevre, gouverneur de S'-Jean de Senlis; M" Siquart de Viezbonac, religieux de S'-Maurice. R)en n'est transcrit sur le registre. Le 10 octobre,prësidencedulieutenant-genéral; 36 assistants, outre les atournés. « Est conclu. que l'on coT'ptera avec toute personne qui aura baillé chevaux pour mener vivres à ComptèsfKe et qui ont été perdus et que l'on donnera à chacun varlet qui les a conduits, 2 sols par. 2" que en lieu de Messier, qui étoit guetteur de nuit au Beffroy, est commis R. Diseur, aux gains accoutumés Le 15 dudit mois, autre assemblée en laquelle « Rien d'écrit ».

En effet, en notre cité tous les yeux sont tendus vers Compiègne, et tous les esprits occupés par les préparatifs que fait le comte de Vendôme pour une grande expédition disciple et émule de Jeanne d'Arc, il veut délivrer la ville qu'elle a tant aimée il veut punir ses bourreaux. Lui-même va nous faire le récit de son entreprise.

e Fondation d'un service a Notre-Dame de la Pierre par M" de Vendosme pour le vœu qu'il avoit fait si le siège de Compiègne pouvoit être levé.

« En l'honneur de Dieu et de sa glorieuse Mère, Nous, Louis de Bourbon, comte de Vendosme et de Chartres, seigneur d'Espernon et de Montdoubleau, souverain maitre d hôtel de France, lieutenant-général de M" le Roy de deçà la rivière de Seine, avons ordonné perpétuel service estre fait en l'église Notre-Dame de cette ditte ville de Senlis, comme nous fussions demeuré lieutenant-général de mondit seigneur es pays deçà


la rivière de Somme (sic), durant lequel tems le duc de Bourgogne et les Anglois eussent mis le siège devant la ville de Compiègne, à très grosse puissance, qui est demeuré très longuement, durant lequel siège les Ang]ois et Bourguignons ont donné plusieurs forts assauts à la dicte ville et aux gens estanz en garnison en icelle, desquels il y a eu plusieurs morts et prins le tems durant; et aussy le long tems que dura ledit siège, et la grande diminution des vivres qui y estoient, dont ils n'avoient plus'nuls, ]a ville a été très fort grevée, et les gens de dedans si fort lassez et grevés que impossible chose estoit qu'ils se puissent plus tenir;

« Pour laquelle chose nous eussions étez délibérez d'assembler notre frère le maréchal de S"-Pévere et les autres capitaines de cette ville frontière, pour secourir et ravitailler laditte ville de Compiègne de notre pouvoir, et, pour ce faire, nous assemblants en cette ditte ville de Sentis. Pourquoy, nous confiants en Dieu et en sa glorieuse Mere, connoissants leur grande puissance et miséricorde, et la grande grâce et victoire qu'ils ont toujours fait et donné à M" le Roy, promismes et vouasmes à Dieu et à sa glorieuse Mère que si, de leur grâce, il leur plaisoit nous donner force et puissance et vertu de lever ledit siège et en faire départir les Anglois et Bourguignons, ou au moins avitailler laditte ville, et les gens de dedans réconforter, et que nous, mondit frère le maréchal et notre compagnie puissions retourner sauvement et à notre honneur en cette ditte ville de Senlis, nous fonderions un service solennel et perpétuel en l'église de Notre-Dame de cette ville, dont la messe soit célébrée devant l'Image de la Pierre, à tel jour que Dieu et sa glorieuse Mère nous auroient fait cette grâce, c'est à sçavoir les vêpres, premières et secondes matines, messe et tout le service de l'Annonciation Notre-Dame, ainsy et en telle forme, solemnité et sonnerie comme il est fait et célébré en la ditte église le jour de l'Annonciation de Notre-Dame.

« Et après ce, nous départismes et mondit frère et notre compagnie, pour aller, à l'aide de Dieu, accomplir notre entreprise, à très petite puissance au regard desdits Anglois et Bourguignons, mebmementau regarddesgens denotre pays, lesquels nous avions mandez et n'estoient encore arrivez. H n'étoit


pas chose possible à nous de la parfaire si Dieu n'y eust étendu sa grâce et sa miséricorde. Touttesfois, en suivant notre entreprise nous vinsmes près d'icelle ville de Compiègne et appercumes lesdits Anglois et Bourguignons qui venoient à l'encontre de nous, en bataille à très grosse puissance, et étoient de trois à quatre mil combattants, et nous n'estions pas plus de douzevingt fusts de lance en toutte notre compagnie et néanmoins, par la grâce de Dieu et de sa glorieuse Mère, nous passâmes outre et fismes mener et conduire tous les vivres dedans la ditte ville sans quelconque perte et dommage; et, icelle pourveue, même furent prinses deux de leurs bastilles, où il y avoit plusieurs desdits Anglois et Bourguignons morts, et dont les autres furent tous si épouvantez que, cette nuit, ils passèrent tous outre la rivière et laissèrent leurs logis, et le lendemain se départirent dudit siège, mirent le feu en leurs logis et autres bastilles, et s'enfuirent honteusement à leur grand déshonneur. Par quoy laditte ville et ceux de dedans furent pleinement délivrés du tout et déchargés des peines et travaux qu'ils avoient longuement soufferts. Et dès là, nous suivismes nos ennemis en pays de Picardie, et retournasmes à notre honneur et sans quelconque perte

« Par quoy nous, voulans accomplir notre dit vœu et promesse, et reconnoissant la grande grâce que Dieu et sa glorieuse Mère nous ont fait, avons donné et donnons par ces présentes à la dite église quatre livres de rente annuelle et perpétuelle pour faire et accomplir ledit service en icelle église en la forme et maniere que dessus est dit et estre distribué par la manière qui ensuit, c'est à sçavoir soixante sols tournois pour estre distribués aux gens d'icelle qui seront présents à faire ledit service; dix sols tournois pour le luminaire et les sonneurs; cinq sols tourn. qui seront offerts à la messe pour estre distribuez au prêtre qui chantera laditte messe et aux assistants à l'autel et les autres cinq sols seront donnez et distribuez aux pauvres qui seront présents en icelle église audit service. Lesquelles quatre livres tournois de rente nous promettons payer, fournir et faire valoir par chacun an, et à ce obhgeons

Les 25 et 26 octobre H30.


tous nos biens et ceux de nos hoirs présents et à venir, par ainsy que touttes et quantes fois que nous et nos hoirs voudrons bailler lesdittes quatre livres tourn de rente en bonne assiète et suffisant, nous en demeurerons quittes et déchargez envers ceux de la ditte Église, et ils seront tenus faire ledit service perpétuellement comme dessus est dit. En témoing de ce, Nous avons fait mettre notre scel à ces présentes le 20° jour de décembre, l'an 1430

Ainsi s'accomplissait, les 25 et 26 octobre 1430, la prédiction faite à Jeanne d'Arc par ses voix dans sa prison de Beaulieu Les CoMpïé~noM seront assistés avant la Saint-Martin d'htuer.' Cette heureuse nouvelle lui parvient sous les verrous de Tournay elle en éprouve une consolation d'autant plus légitime, qu'après s'être dévouée pour cette ville jusqu'au martyre, elle voit Dieu bénir les efforts des patriotes qui ont suivi son exemple. Reste à expliquer par quels motifs lesdits imitateurs de la Pucelle ne prononcent jamais son nom, ne font même pas la moindre allusion à leur inspiratrice nos atournés craignentils, par une allusion quelconque, d'accroître contre la victime la fureur des coalisés toujours en armes sur nos frontières ? Les capitaines veulent-ils réserver au Roi seul tout l'honneur de la nouvelle entreprise? Ou bien craignent-ils d'appeler l'attention sur l'indifférence injustifiable de Charles VII en tout ce qui concerne la captive? En tout cas, pleins de confiance dans l'avenir, les uns et les autres reprennent l'exercice ordinaire de leurs charges.

Le 20 décembre, assemblée de ville tenue par les atournés, « en tout 80 personnes Est expose que Nosseign" de Vendôme et de Boussac ont decidé de se transporter près du Roi Charles VI I, pour lui rendre compte de la situation et prendre ses ordres. Ils désirent que l'assemblee élise deux délègues .qui les accompagneront; et à l'instant sont élus Florens Boucaut et Laurens Sorin ils seront munis des pouvoirs de la ville, qui fera les frais de leur voyage. Mais le clergé n'est pas Affoty, t. n, p. 110, et t. x\[, p 17, où le texte est en partis détruit voir aussi Dtb). Nationale, une autre cop;e faite par Afforty et insérée dans la Cet!, ~oreau, t,24!). p. 99; et MM. Sorel et Champion, qui. dans leurs études sur cette époque, indiquent de nombreuses références.


représenté à la séance sur la prière des atournés, il fait, en l'église de Senlis, une assemblée en laquelle siègent l'archidiacre, le doyen de S'-Frambourg, le curé de S'-Aignan, et autres. A l'unanimité, ils déclarent ratifier, au nom de tout le clergé, l'élection faite par l'assemblée de ville C'est à propos de toutes ces épreuves que Flammermont se livre aux appréciations fantaisistes exposées dans notre avertissement. Sans doute, la lutte sera longue et douloureuse, mais les Senlisiens ont pour toujours fermé leurs portes aux Coalisés; Dieu bénira leur patriotisme ils verront les Anglais chassés de Paris en 1436, de Creil en 1441, de France en 1453. Tout était donc gagné quand l'étendard de Jeanne d'Arc flotta devant les tours romaines de la cité des Sylvanectes. Aussi est-ce à leur roi lui-même qu'ils sont allés confier leurs inquiétudes et demander appui. Aucun compte-rendu officiel de ces conférences ne nous est parvenu; seul, le dépensier municipal nous renseigne sur les péripéties du voyage; mais nous aurons pour indices la nature et la connexité des mesures qui vont être aussitôt prises; plus d'une portera pour en tête: De par le Roy; la plupart auront pour but d'assurer l'énergie des commandements civils et militaires, de réprimer l'indiscipline des gens de guerre, de prévenir la disette, de veiller à la défense de la place. Et d'abord, le bailliage est confié à un capitaine connu par sa vaillance.

« Le 27 dudit mois de décembre 1430, lettres de provisions « données par le roy Charles VII à messire Jehan de Brye, « chevalier, nommé bailly de Senlis, en remplacement et par « résignation de Richard Potaire, escuyer d'escurie du Roy. N. (') Afforty, t. 8, p. 4,396. Nous ne donnons qu'une breve analybe,

parce que le texte est transcrit httéraiement par Flammermont en sa page 108.

2 Notre Bailliage aurait donc été, à un moment donné, pourvu de trois titulaires l* M" de Marcoignet qui, peut-être, aurait manifesté l'intention de se démettre, et restera en fonctions jusqu'à l'arrivée de son successeur; 2° R. Polaire, dont les lettres de commission n'ont pas été expédiées, et sont annulées, sur la pnère de notre ambassade; 3' J. de Brye, qui sera officiellement reçu par son prédécesseur le 25 mai suivant.


1431

Les débuts du procès de l'infortunée Jeanne d'Arc à Rouen (12 janvier) n'ont pas interrompu les conférences de nos ambassadeurs avec le roi, à Chinon. La périlleuse et pénible situation de notre ville parait avoir été envisagée sous toutes ses faces et le lieutenant-général M. de Vendôme a été pourvu des pouvoirs les plus étendus pour assurer la sécurité à cette place, et à ses habitants tous les soulagements que comportait une lutte sans merci. Nous avons pour preuves de cette haute sollicitude toutes les délibérations municipales qui vont suivre. « Le 22 janvier, nombreuse assemblée tenue par les atournés jusqu'au nombre de 200 personnes. Est expose Que M" Jacq. de Villers, sgr. du Plessis-Choisel, occupe et fait hayer grand nombre de pâturages et francs pays à chasser, et qu'il ne veut cesser. Est résolu que le Conseil, au nom des habitants, parlera à M" de Villers pour qu'tl se départisse de son entreprise, ou qu'il montre ses titres. En outre des haies et fossés seront faits par la ville partout ou besoin sera. 2" Par ordre du lieutenantgénéral, tout habitant ou tout bétail qui sera pris es fossés de la ville sera saisi ou conduit en prison. 3° Toute haie étant autour de la ville et qui sera jugée nuisible, ou gênera le guet, sera supprimée. 4° Sera démolie une maison sise à la porte S'-Sanctin, et qui appartient à Robert Nouu'oy. 5° Si l'on trouve six arbalètes de petit prix, elles seront achetées et données aux dizainiers faisant le guet sur les portes.

Le l~mars, notification aux autorités judisiaires et municipales de Senlis de l'an et du Parlement siégeant à Poitiers par lequel sont enregistrées les provisions données à messire Jean de Brye, bailli de Senlis.

Le 8 mars suivant, présidence des atournés en tout 13 personnes. « 1° Au nom du Roy, est défendu que nul, de quelque état qu'il soit, porte ou fasse porter hors la ville, blé, farine, ou pain, par quelque voie ou manière que ce soit, sans le congé des atournés et par cédnle d'eux ou de ceux qui par eux y seront commis sur peine de confiscation dudit blé, farine on pain, et d'amende arbitraire envers le Iloy. Item, et si aucun fait au


contraire. ceux qui dénonceront le délinquant auront lettres de confiscation, et le surplus sera donné pour Dieu. Item, que nul portier ne soit si osé de laisser transporter. ces denrées, sur peine de 20 s. p. d'amende envers le Roy, par chacune fois qu'il en sera surpris '). Item,pour les voituriers et boulangers. « Et sont ordonnés ceux à qui il faudra parler pour faire céduler un enseignement de passer, c'est à savoir Geoffroy Lorfèvre, Jehan de Mëraumont, Clément Morlaye et chacun d'eux. ». Le 2 mai, assemblée tenue par M. le bailli de Senlis (M" de Marcoignet encore en fonction), assisté des atournés et gens du roi. Est résolu que le s' Méraumont, qui conteste la cote qui lui est appliquée dans les deux tailles qui sont en recouvrement, paiera « vu le papier des assièttes, pour le reste de ses tailles, 8 s. p. avec les dépens du clerc qui recueille les tailles perçues par les sergents

Le 25 dudit mois, autre séance présidée par M'" le bailli (de Marcoignet) assisté des atournés, gens du roi et autres, formant en tout 87 assistants. « 1° Est exposé que messire Jean de Brye est sur le pays en venant vers la ville pour illec demourer comme Bailly de Senlis, et que en sa compagnie est un capitaine nommé Prigehan (Prigent), qui se dit capitaine de la ville; lequel a en sa compagnie grand nombre d'hommes d'armes pour illec demourer. A été conclu que l'on rescrira devers M*" J. de Brye en lui remontrant la povreté du pays, comment M. de Vendôme est chargé de la capitainerie de notre ville, et comment en son département il deffendit que l'on ne mist aucuns gens d'armes en ladite ville jusqu'à son retour et pour ce a été conclu que l'on n'y en mettra aucun ». 2° « Est résolu que toute personne trouvée faisant de l'herbe ou pêchant dans les fossés de la ville, paiera 20 s. p. chaque fois qu'elle y sera trouvée, et chaque dénonciateur du délit aura le tiers de l'amende. »

Le 29 dudit mois du mai, séance tenue par les atournés, en présence de 200 personnes, parmi lesquelles messire Loys de Marcoignet, simple assistant, Guillaume le Fruitier, lieutenantgénéral, etc. Comparait messire Jean de Brye, chevalier, bailly de Senlis, lequel présente certaines lettres royaux contenant bimpte analyse vu le peu d'importance.


que l'on reçoive et loge en cette ville un nommé Prigehan et sa compagnie lesquelles lettres sont lues en l'assemblée et ensuite portées devers les gens d'église. Et à icelles a été donnée la réponse qui s'ensuit dient iceux habitans que ils ont été et seront vrais, obéissans et loyaux sujets du Roy notre sire, comme ils ont bien montré par expérience en plusieurs fois depuis sa venue. Au surplus, ils dient que, au regard et considération de plusieurs choses touchant le bien et honneur du Roy, de sa ville et du pays à l'environ dont ils ont l'intention luy informer, ils ne sont pas délibérés, quant à présent, de donner entrée à Prigehan et sa compagnie. Aussy ne veuleut pas reffuser, ne contredire la volonté du Roy, mais, comme dit est, ont l'intention de lui rescrire prochainement l'estat de laditte ville et du pays d'environ requérans très humblement que cette présente réponse ne luy veuille desplaire. »

Notons que de ces deux importantes délibérations il résulte évidemment que le roi avait donné à nos ambassadeurs la plus grande latitude au sujet des mesures à prendre pour limiter la quantité de troupes à admettre en garnison sinon, se seraientils permis d'opposer un pareil refus à leur bailli, comme à leur capitaine ? 2° que ledit bailli a fait auprès du roi des démarches personnelles pour obtenir une modification momentanée à ses précédentes décisions; ~"que M. de Vendôme a entrepris et va poursuivre de nouvelles démarches près du roi pour qu'il ne donne pas suite à laponcession qu'il venait de faire au nouveau bailli 4° les délibérations suivantes nous prouveront qu'il a obtenu gain de cause.

Ici nos atournés nous permettroi.t une digression que nous impose le désolant dénouement du drame de Rouen « Le xxx* jour de mai audit an xxxi, dame Jehanne, que on

nommoit la Pucelle. estant en ung eschaffaut que chascun la povoit veoir bien clairement. fut fait un preschement à Rouen, et là lui fut démonstrë les grants maulx qui par elle estoient advenus. au royaulme de France. Et fut liée à une estache qui estoit sur l'eschan'aut, qui es'toit fait de piastre, et le feu sur lui et là, fut bientost attainte et sa robe toute nrse et puis fut le feu tiré arrière, et fut veue de tout le peuple toute nue. »


Et l'auteur, témoin oculaire, ami des Anglo-Bourguignons, ajoute cette précieuse remarqué devenu axiome historique « Assez avoit là et ailleurs qui dtsoten< qu'elle estoit martyre « et pour son droit signeur. » 1

L'Histoire a confirmé cette sympathique appréciation la blanche victime liée à ce hideux poteau n'a que 19 ans 4 mois et 24 jours. Elle emporte au Ciel un triple souvenir de ce mois de mai que les décrets de Rome ont consacré à la Reine des Vierges c'est en mai 1429 que la Pucelle a sonné le réveil de la France c'est en mai 1430 qu'elle a été capturée; c'est en mai 1431 qu'elle subit le martyre. C'est donc à bon droit en mai que la Catholique Église rappellera par une fête, désormais annuelle et bientôt nationale, que la Vierge de Domrémy fut le modele de toutes les vertus, la synthèse de tous les héroismes. Et si les bourreaux ont pu soustraire ses cendres à notre vénération, ils auront été impuissants contre l'influence de ses célestes inspirations, qui bientôt vont assurer (pour toujours, espérons-le) le salut de la France.

Le 27 juin, assemblée présidée par messire Jean de Brye, bailli du Senlisis, assisté de son lieutenant-général et des atournés, comprenant 92 assistants, parmi lesquels messire Loys de Marcoignet. Élection annuelle des atournés et des dépensiers. Deux arrêtés sont ensuite rendus par le bailli 1° Nouvelle défense de pénétrer dans les fossés, ni dans les eaux de la ville, à peine d'être réputé pour traître, si ce n'est par ordre des autorités et pour le service. Item, le fermier de la pêcherie appartenant au Roi, ne pêchera point depuis le moulin de la porte de Paris jusqu'au dessus vers le nord, e à l'occasion de la forteresse et pour sa seureté ». Ainsi dit et fait en présence du procureur du Roi.

Sont ensuite réglés les comptes de deux tailles précédemment cueillies, dont partie a été employée au fait de la guerre. etc. Le 19 juillet, présidence des atournés. « Est conclu: 1° parceque les gens d'église veulent fortifier et remettre à point le chastel de Montlëvêque ladite forteresse sera desmolie et 1 Extrait du Jouruat d'un bourgeois de Paris, publié dans. les Mémoires de la Société de t'fhstoire de Pans, an. 188t, p. 266-70.


abatue tellement que l'on ne pourra s'y loger. Item pareillement sera desmolie la forteresse de Ponthermer. Et pour ce faire a été commis Clément Morlaye qui prenra le maçon et autres personnes à ce connoissantes ».

Le 22 dudit mois, sont présents les atournés, le lieutenantgénéral et\ jusqu'à ]00 personnes. Est conclu: i" Que pour payer les dettes de la ville et les dépenses à venir l'on assiéra une taille de 400 liv. p. 2" Que l'on fera réparer les ponts et les herses des portes que l'on posera des barrières le long des rues de S'-Martin et de la Bretonnerie que le mur en pierres qui est devant les Bouticles sera reconstruit. 3° « Etat des tailles en quoy Jehan de Warru a été assis comme habitant cette ville ». Cette taille montait à 800 liv., dont moitié pour le roi et le reste pour la forteresse, et la cote du susnommé était de 48 liv., dont on lui rabat moitié parcequ'il est clerc.

Le 26 de ce même mois, présidence des atournés et du lieutenant-général 120 assistants, parmi lesquels les gens d'église ci-après nommés et qui représentent tout le clergé « M'~ Jehan Baudoin, déan de Senlis M~ Robert Fouques, archidiacre M'e Raoul Eveillard, déan de S'-Rieul M" Adam Fouques, déan de S'-Frambauld M" Nicole du Sautouer, chanoine et official M~ Pierre Duval, Mre Jehan Godefroy, M''° Jacques Lefèvre, le Prébendier de S'-Nicolas, et M~ Jehan Nicaise, tous les cinq, chanoines de Senlis M" Robert de Mëraumont, chanoine de S'-Frambauld; M'JehanCordeillier,prestre; M" Jehan Andrieu, religieux de S'-Maurice. ».

Est remontré par le procureur de la ville « Que le défaut de labours, le peu de grains qui se trouve dans la ville et aux champs pour la présente moisson, que le désordonné gouvernement des gens de guerre étant dans les forteresses voisines,aussi bien que de ceux qui ont coutume de suivre la guerre, occasionnent des gastines qui pourroient amener la famine, dépeupler notre ville, et la réduire es mains de l'ennemi ». Or la nouvelle se répand que le maréchal de Boussac, venant de Lagny en grande armée, arrivera en notre ville, de jour ou de nuit. Déjà le Conseil, prévenu de cette arrivée par le capitaine de Lagny, avait répondu que plusieurs de nos assemblées avaient conclu que l'on ne permettrait pas l'entrée de pareille quantité de gens


de guerre. Aussitôt est déhbëré et conclu, à l'unanimité « Que si mondit sgr. le maréchal ou autre capitaine se présente de jour ou de nuit, on ne le mettra dans la ville à plus de 40 chevaux et à mondit seigneur on paiera pour cette fois sa dépense, en envoyant pain et vin à son armée. Et si il insiste pour l'entrée de ses troupes, il lui sera répondu que on ne mettroit pas toute son armée. Pour entretenir ladite conclusion et réconforter les portiers dans le cas où Mgr. !e maréchal seprésenteroit à l'une des deux portes présentement ouvertes, il y sera placé six personnes armées et embastonnées à celle de Paris, Mahieu Dencre, lui sixième à celle de St-Rieul, Lorens Soren lui sixième lesquels se sont chargés de ce faire. x » Notons que ce grave incident va être suivi d'un plus surprenant encore lorsque nous aurons analysé ses péripéties, nous indiquerons sans peine en vertu de quelle autorité notre municipalité a pu être aussi audacieuse envers un tel personnage. Nos documents ne nous disent pas quel accueil fit Mgr. de Boussac à la dépêche qui précède ce qui est cestain, c'est qu'il ne vint pas à Senlis; et nous allons le retrouver parcourant le Soissonnais, sans s'occuper de notre ville

Le 9 septembre )431, assemblée tenue par les atournés, en présence du lieutenant-général Guillaume Le Fruitier et de 120 personnes. Kst remontré que dans la précédente séance a été conclu qu'aucun chef de guerre ou grand seigneur à grosse compagnie de gens d'armes ne serait reçu en cette ville. Aujourd'hui, nous apprenons par les messagers par nous envoyés en Laonnois quelle est la conduite tenue par les troupes de M. le maréchal, surtout dans les villes de Laon, Vailly et Bruyères: pillage des maisons, emprisonnement des habitants, impunité pour les soldats délinquants, renchérissement des denrées, etc. En conséquence, « par les assistants tous ensemble (et pour ce que les uns sont notés plus que les autres de avoir été de ladite conclusion première) a esté conclu que si mondit sgr. le mareschal, M. le chancelier, ou autre seigneur, vient ou veut venir par deçà, soit à puissance ou non, que oK ne /e mettra dedans la t):~e en que/que manière que ce soit. Et Nous ne donnons de ce texte et du suivant qu'une simple analyse, parcequ'ils sont htttratementrappoitës par Flammermont p. t08t).


afin qu'il. n'en ignore. et ne se mette en chemin, on lui rescrira par cette manière. »

Ici se termine notre analyse, avec le registre municipal qu'interrompt une lacune de six années concluons donc. Notre gouverneur, Mgr. de Vendôme, avec autant d'activité que d'opportunité, met à profit les instructions et les pouvoirs exceptionnels donnés à notre ambassade ci-dessus mentionnée impôts pour la forteresse surveillance à nos remparts et dans les plaines suppression des repaires pouvant abriter l'ennemi dans notre voisinage et, surtout, énergiques mesures pour préserver la population de l'indiscipline des armées en marche. Appliquées avec le concours d'un bailli et d'un capitaine vigilants, ces réglements ont assurément ramené un peu de calme et de bienêtre dans notre région mais la lutte poursuivie autour de nous pendant dix années encore rendra bien précaires les résultats de tant d'efforts. Et néanmoins, à aucun moment, jusqu'à la libération définitive du royaume () 453), les Senlisiens ne pourront être accusés d'avoir violé, pas même regretté, le serment de fidélité fait au Roi et à Jeanne d'Arc au mois d'août 1429. Dès lors et jusqu'à l'entière métamorphose de la France en 1789, l'antique cité des Silvanectes, devenue le chef-lieu d'un des quatre premiers et plus renommés bailliages du royaume, demeurera.sans conteste un des joyaux de l'Ile-de-France. A. MARGRY.


PIËCES JUSTIFICATIVES ? 1. Lettres d'abolition

~459, aoû<. Première abolition accordée à la ville de Senlis par le roi Charles VU. « Charles, p. 1. g. d. D. R. d F. sçavoir faisons que comme nous ayons entendu que les gens d'église, nobles, bourgeois, et habitans de notre ville de Senlis ayant bonne voulentë de nous reconnoistre (comme faire doibvent) pour leur souverain seigneur. s'il nous plaisoit mettre en oubli les choses passées au regard d'eulx et la division qui a esté longuement et encore est en ccttuy nostre royaulme (pour laquelle cause et pour la salvation de leurs corps et biens leur a convenu adhérer et converser tant avec les Bourguignons à nous désobéissans comme aussy aux Anglois nos anciens ennemis.) et leur. tout pardonner et abolir en les recevant en nostre bonne grâce comme nos vrays et loyaux subgès. Pour ce est-il que Nous, ayans considération aux choses dessus dites. Avons quitté, pardonné et aboli. par ces présentes, et à chascun d'eulx qui fera le serment de nous estre vray subgès, tous cas, crimes, délits, et offenses en quoy l'en pourroit dire aucun d'eulx avoir délinqué envers nous, nostre Majesté ou couronne, tant en matière de guerre que aultrement .Avecques ce, voulons que se aulcuns des habitans de quelque estat ou nation qu'ils soient (hormis anglais natif d'Angleterre) s'estoient, depuis un an, eulx absentés de la dite ville pour cause de ladite guerre ou aultrement, qu'ils puissent à leur loisir y retourner dedens un mois à compter de la date de ces


présentes, et jouir de tous leurs biens meubles et immeubles .en faisant le serment dessusdit. Donné à La Ferté Milon le xi' jour d'aoust, l'an de grâce H29 et de nostre règne le sepliesme Ainsi signé par le Roy en son Conseil, D. Budé « Seconde et Mei<!eufe abolition. Charles. [comme cidessus). Avecque ce, Voulons et auxdicts habitans octroyons de grâce espéciale, que se, pour occasion de la guerre qui a esté au pais, aucun s'en estoit absenté, il y puisse rentrer en ses Liens dedens un mois à compter du jour de ces présentes en faisant le serment dessus dit, et aussy que se aulcuns s'en veulent partir, ils le puissent faire au regard de leurs personnes dedens quatre jours, et tous leurs biens meubles et immeubles vendre en dedens trois sepmaines, et tous leurs héritaiges en dedens trois mois, et ainsy faire le puissent sans aulcun contredit ou empeschement. Donné à Compiengne le xxn' jour d'aoust 1429. Ainsy signé par le Roy en son Conseil, D. Budé ». Afforty, xx, 797 et 837 et 854 où l'auteur explique que chacun de ces vidimus est accompagné de quatre ~autres copies expédiées à Senlis le 26 janv. 1446 et destinées aux églises Notre-Dame, St-Rieul, S~-Frambourg et St-Vincent.

N" 2. Examen général des comptes des dépensiers det-~29àt446~ 2

« C'est l'estat total des Receptes et Mises de la ville, et mesmement de la recette des aides donnez par le Roy N. S. en lade ville pour estre emploiez en la forteresse et ès deppendances Ainsi qualifiée par le greffier, sans doute parce que le roi ajoute que les biens confisqués en 1418 sur les Armagnacs leur seront rendus. Ce simple procès-verbal de t8 budgets successifs ne contient guère que des chiffres nous ne lui emprunterons donc que le chapitre 1" qu'i! consacre à l'année 1429-30, dont le texte original nous aurait été d'un si grand secouts; mais Il disparu depuis longtemps puisque Afforty n'en fait aucune mention.


d'icelle, veues et visitées par nous Jehan le Charon, lieutenant général de Mgr. le bailly de Senlis (et autres), au moyen des comptes des argentiers et collecteurs d'icelle ville, depuis la Saint-Jehan-Baptiste (1429) jusques à la Saint-Jehan-Baptiste (1446), présens et appeliez. tous députés etesleuzparles habitans dudit lieu pour en recevoir et conclure lesdits estats et comptes, le samedy (30'') jour de décembre, l'an (1446) et les jours ensuivans, reddigez par escript en chascun an et chascun compte, par la forme et manière que s'ensuit.

Et pour procéder à l'exécution de la visitation desdits estats et comptes, nous transportames en l'ostel de ville de Senlis ledit samedi. en la présence des dessus nommez, en la présence desquelz fut veu et visité le compte de Jehan Hénin dit le Besgue, commençant à la S'Jehan (1429) et finissant à la S* Jehan (1430) tant en receptes comme en mises 2; lequel compte avoit autrefois esté veu et visité entre les habitans seulement, et lequel de rechief veismes et visitames tout au long et entièrement en chascun chappitre des receptes et chascun chappitre des mises. Et se monte la Recepte totale dudit compte à mil ixcxxi I., vi s. x[ d. ob. p. en laquelle Recepte totale est comprinse la recepte de l'aide donnée par le Roy pour ledit an, c'est assavoir de quatre sols parisis pour queue de vin vendue à détail et de deux s. p. pour queue vendue en gros, et se monte à n~Ixi 1. p.

Et les Mises totales, tant en forteresse comme autrement, se montent à M.vni" I. xxvi 1., n s., vi d. p. En laquelle mise est comprinse la mise de la forteresse et des deppendances d'icelle qui se monte à \'c 1 xxxl 1., xvii s. p. Et n'est point comprinse en lade mise de la forteresse le sallaire des attournez, ne pareillement ès mises des comptes subséquens mais les ont desbatus les gens d'Église, disans qu'ilz ne sont pas tenus entièrement de paier le sallaire desdits attournez, comme au regard de plusieurs affaires et despenses qui ne concernent point le fait de la forteresse. Mais, toutes voies, sont-ils' Smt une serie de délégués nommés les uns par le Clergé, les autres par l'assemblée de ville.

C'est ce premier compte et ]e suivant dont nous déplorons t'trrëparable perte.


tenus de y contribuer au regart des affaires, paiemens et travaulx regardans et concernans les visitations, emparemens et réparations d'icelle forteresse, à proportion de la mise emploiée en la forteresse. Et par ainsi appert que lesd. habitans ont plus mis en la fortification que reçu dudit aide in~xvf] xvil s. p. Et le seurplus desdttes receptes, oultre et pardessus les affaires que la ville a eu à soustenir, ont esté emploiées.. tant en gens d'armes, que en la réception du Roy N. S. au retour de son sacre, en dons fais au Roy N. S., et autres cappitaines, pour l'entretennement de lad" ville en l'obéissance du Roy N. S., qui estoit en la frontière des Anglois entre bien trente villes que forteresses tenans le partiz contraire du Roy N. S., et qui estoient chascunjour devant lad" ville tant en embusches comme autrement pour prendre les laboureurs et le bestail de lad* ville. ».

Nota. Ainsi se termine ce bref procès-verbal, sans le moindre écho de tous les intéressants détails dont le compte original devait être si abondamment pourvu. Même irréparable concision a l'égard du compte suivant. Le troisième seul pourra suppléer à ce rapide contrôle.

Néanmoins, à titre de document financier, nous donnerons la conclusion de ce factum à partir de son f° 13 le rédacteur fait sur l'ensemble de ces dix-sept budgets des remarques qu'd n'est peut être pas inutile de mettre en lumière

« Desquels comptes et estats nous avons recueilli des chappitres des receptes d'iceulx comptes la Recepte totale tant des Tat~es que des Aides, lesquelles toutes ensemble montent à la somme de xxn mil vu" 1 x Iiv., vin s., vr d. p. Et les Mises totales (recevables ès chappitres des mises desdits comptes), en icelles comprinses les mises de la forteresse, se montent, à comprendre le salaire de nos commissaires dessus indiquez, à xxiimilvji"xxx)xHv:,ixs.,vid.p. Ainsi appert que les Heceptes excèdent les Mtses dessus dites de xx I., xix s. p. Toutes lesquelles mises ont esté emploiées tant en la forteresse comme en plusieurs autres despenses faites depuis le sacre du Roy N. S. en plusieurs uo)/ages tant devers le Roy comme ailleurs pour la paix de la ville et du pays; pour advitaillements fais par eulx en la ville de Compiengne, de SI Denis,


de Crei)g, durant les sièges qui y furent mis de plusieurs dons fais à plusieurs seigneurs tant de sang roial comme cappitaines pour supporter leurs despenses ad ce qu'ils se peussent entretenir en lad' ville à la salvacion d'icelle et du pays. estant environné de toutes parts de villes et forteresses ennemies. et pour la despense du recouvrement de la forteresse de PontS'Maxence recouvrée par Mgr le comte de Dunnois et autres cappitaines.

Et pour ce que, pour les octroys du Roy des Aides dessusdites, il nous est apparu que le Roy veult iceulx aides par lui octroiez estre employez en M:se de forteresse et des deffenses d'icelle, nous avons fait distraction et séparation, en chacun estat et compte, de la recepte de la forteresse, particulièrement à l'encontre de l'autre recepte non employée en forteresse, et pareillement distraction en chascun chappitre et compte de la mise de la forteresse et des despenses à l'encontre de la mise totale. Et se monte la Recepte des aides recepvables des dits comptes, comprins en la recepte totale à un miI\'i"Lv Iiv.,xviu s., v d. ob. Et la Mise faite pour la forteresse, à comprendre le sa~atre des attournez par nous tauxez pour raison de leurs paines en la fin desdits estats jiu" x )., v s., x d. p. et le sallaire de nous commissaires avecques les escriptures xxvi L p. montant en somme le tout à uc Lxx 1., Y s., x d. p..

Ainsi appert que lesdites Receptes et Mises compensées les unes d'entre les autres touchant le fait de la forteresse, les Mises montent plus que les Receptes de v xiniL,vu s., n d. et Il doubles. De laquelle plus Mise que Recepte des dites Aides, les gens d'esglize du Clergé de lad" vj]le don~e~ un quart, sur lequel ils dient avoir baillé à la ville pour les repparations d'icelle plusieurs sommes de deniers et si dient que par lad* ville et n'en ont point esté paiez durant les dix-huit années, pour tousjours rabattre du quart de la mise de la forteresse en quoy ils pourroient estre tenuz dont lesdites gens d'esglize ont à compter avecques lesdits habitans ce qui est un compte particulier entre eulx, non conSn~nt le fait du Roy. Et par approbation de ce présent estat total faict par manière de procès-verbal et rédigé par escript conclud le xviii' de décembre mil imc x 1 vu, nous y avons mis noz seings manuels


et le contre-scel aux causes du Bailliaige. Ainsi signé avec paraphes Jehan le Charon; Fresnel; Romain. » Archives municipales de Senlis cc, 47.

? 3. Extrait des comptes du dépensier de la ville, t43t-32 ¡

C'est le compte de Jehan Redenard, despensier de la ville de Senlis, pour un an commençant le jour de la S'-Jehan-Baptiste 1431 et finissant ledit jour de l'an 1432, des Receptes et Mises par lui faites pour ladicte ville.

S'ensuivent les Receptes faictes.

De P. Brunel, pour le loyer de la maison séante emprès la Porte de Paris, au coing derrière les Bonshommes, pour ladicte année, xx s. p. De J. Adot, pour loyer de moitié de la granche appartenant à la ville, séant en Vitel, et fut jadis à R. Capessante, pour lad' année, xxxn s. p. De J. Degeresme, pour loyer du jardin de lade granche, xuii s. p. Du loyer de xx s. p. pour la place estant sous l'auvent de la boucherie, au bout de l'estal feu P. Branquette, joignant la maison M. Bugnée, néant car il n'y a riens. De la revenue de la Chaucée de la ville que a tenue J. Lesneur, pour lad" année, Yt 1. p. Du vendage de la marée. lequel n'a pu être reloué moyennant xii I. p., néant. Du forage des vins vendus en gros, appartenant à la ville par don du Roy, baillé à J. de S'-Just, pour lad" année Ixnn s. p. De la ferme des vins, donnée aussi par le Roy, reçu 1 pour les vins vendus en détail, vc 1 x 1 p.; pour ceux vendus en gros, c.vi I. p. Ferme de la pesche de S. Jorlain à qui a esté vendu pour lad' année pescherie

Cahier de 23 f"parchemm grand in-4°,b)en cent et bien tenu. Il est d!v<sé en deux parttea: .Recette et Dépense, et ce!)e-o en ptusteurs chapitres pourvus de tttrrs que nous cotons de i à XI. Nous mettons entre gu~Uemets les passages transcris textuellement, et soulignons tes plus importants. Les abrevfattons sont indiquées par un pointillé.


et poisson ès eaux sis ès prez de la porte de Paris, depuis la chaucée d'icelle porte en montant jusqu'au pont Genier vIxxI. p.; pour même cause, de 0 Delassus à qui a esté concédé ledit droit ès prez sis derrière le jardin Guillaume le Fruictier, depuis la Porte-aux-Asnes jusqu'à la Tour-des-Bouticles, que icelle ville a acquatté dudict G. le rruietier et de feu G. Dampieu v)n I. p. Tailles d'une taille assise en icelle année pour paier plusieurs affaires touchans la forteresse, laquelle taille se monte en somme toute. à la somme de nii~xvi I. xvii s. nu d. p. Nota. Suivent dix articles relatifs à la vente de débris de charpente; à des créances en souffrances; à la vente d'un cheval <' que J. Duchange ot à aller devers le Roy et qui est revendu moyennant vi 1. vin s. p.; à un reliquat de compte de xx 1. 1 d. ob. que le présent dépensier reçoit de P. Basin, son prédécesseur.

« Somme totale de la Recepte x)i<= I. xvni 1. v s. 1 d. ob. p. ».

Dépense

Cy-après s'ensuivent les Mises faictes. par mandement des Atournez et aultrement deument.

1° Les payes faictes pour les cens et rentes que la ville doit chascun an Au Chapitre de Notre-Dame pour divers cens et surcens sur la maison de la ville, riens payé. A celui de St Rieutle pour mesme cause, idem. – A celui de S' Framboult, pour xiii s. p. de cens sur un estai de boucher, idem. A l'Ospital S' Jehan de Jérusalem, pour les cens qui lui sont deus pour partie du Champ duMarchtë, idem. -Aux religieuses du Moncel, paié pour mesme cause xn d. p. Aux mesmes pour trois années d'un droit cens de xxx s. p. à elles deues pour la grange et le jardin qui furent achetés par la ville de J. Capessainte et sont situés enVitel~, près desCordeHers.init.,

1 Plus tard t'ont Jumet, sur le vieux chemm de Meaux. Dans la suae.'ce quartier prit le nom de la .Poterne, et l'appellation Vt!e< fut apphquëe au quartier de la Porte de ~7eaux.


x s. p. A M" J. de Villers, chevalier, sgr du Plessis-Choisel, pour xi d. p. de cens que la ville lui doibt par chascun an pour une grant place estant hors la Porte de Paris où l'on faict le gué aux chevaulx, et ou l'on moicte [mouille) les toilles, néant paié. Aux Maistre, Frères et Sœurs de l'Ostel-S'-Ladre, pour x s. p. de rente que la ville leur doit chascun an pour partie de la Porte de Paris, du costé de derrière la Malmaison.et qui fu au conte de Porcien, x s. p A J. Beu, clerc et sergent de la forest d'IIalatte, x s. p., pour le don de may que la ville doit chascun an aux gruier et sergens de lade forest pour droit de pasturage que le bestail à cornes de la vacherie de Senlis, qui va par la porte SI Rieulle, a en lad* forest, et pour lequel don de may il est en oultre payé nn" )., xxxn s. p. « Somme de ce chapitre, ex] s., un d. p.

« II* Autres mises touchant les onices d'icelle ville. « A noble et puissant sgr Mgr le conte de Vendosme, cap« pitaine de la ville, pour la parpaie de 1 xnu 1. p. en quoy la « ville est tenue aud. sgr à cause de ses gaiges de cappitaine, « pour deux années eschevées le 29'jour d'aoust 1431 dernier', « comme il appert par mandement et quittance. cy, xxu I., « xu s Il d. o. p. Plus, aud. sgr pour ses gaiges de six mois, « c'est assavoir septembre, octobre, novembre, décembre 1431, « janvier et février 1432, suivant mandement et quittance, « xvt I. p. Plus, aud. sgr sur ce que la ville puet lui devoir à « cause de ses gaiges. comme appert par mandement et « quittance, \v:l. p. Plus, aud. sgr, sur ce que la ville puet « lui devoir à cause desd. gaiges pour les mois de mars, avril « et may, comme appert par mandement et quittance du 16 may « 1432, c. v)ii s. p. Gaiges des Atournez et autres officiers a de ville. Nota. Gages ordinaires augmentés d'une gratification de 63 sols, « pour les grans travaulx et paines qu'il leur a convenu supporter à l'occasion des guerres et grandes affaires que la ville a eu, et à cause des réparacions de la forteresse Viennent ensuite l'advocat et conseiller de la ville, le clerc de la ville, le sergent du guet, le sergent de l'hôtel de ville, le guetteur de nuit au heffroi et son fude, l'nrbflpstrier de la ville. D'eu Il resulle que led. sgr a pns le gouvet'nemfnt de Senlis le ?9-août m9.


« Somme de ce chapitre c. un" I. u d. o. p. ».

« Itl* Autres mises touchans les guètes de jour, tant au clocher de l'église Notre-Dame que sur la porte de Paris. Somme dudit chapitre x L nu 1., i s., un d. p. ». « IV. Autres mises. touchans les réparacions et le fait de la forteresse'. Aux Religieuses. de S'-Remy-les-Senlis, pour de vieles pierres de taille prinses au pourprins de leur esglise et emploiées ès murs de lad' ville entre la porte de Paris et la tour des Bouticles, x L. s. p. A 40 compagnons, pour despences par eulx faictes, les 15, 16 et 20 juillet 143), en gardant les champs contre les larrons, ad ce que les labours et gaignages peussent estre mis en seureté, c xi s., 1111 d. p. -A P. Leborgne, pour prest fait par lui à la ville pour bailler à me. FI. Boucault et L. Sorin envoyez devers le Roy, xxviu s., if d. p. A P. Entrevesthe, thieullier, pour dix milliers de thieules et un quarteron de noures employées à couvrir la Tour-aux-Bouticles estant à l'endroit de la Malemaison. A J. Leclerc, quartinier en ce quartier, pour avoir mis en ouvraige les ouvriers qui ont fait de nuef les murs de la porte de Paris à la tour de la Maiemaison, nu 1. p. Pour deux cents planches employées au plancher de la tour qui est près du ruissel qui vient de la fontaine S' Gilles, et pour de la chaulx employée à refaire la tour qui est à l'endroit de la Malemaison, xxii s. p. Pour 410 livres de métail dont on a fait culeuvrines et canons, et pour 21 livres de plonc, xix 1. p. Pour divers travaux à la tour que l'on accommode de nuef devant les Bouticles, L xxxn s. p. ». Suivent des charrois de bois, de merriens, etc. provenant du Bois des Bourgeois, qui fut feu Guillaume Buffet. « A P. Duberle, laboureur, pour trois journées à aler quérir pieux en la forest d'Halatte, et espines ès buissons et hayes qui sont ès chemin de Crespy en alant à Barberi, dont l'on a fait hayes sur les arestes des grans fossez, L nir s. p. A Asselin de Guibert, clerc du bailliage, pour plusieurs actes et lectres, xii s. p. La taille dite pour ta forteresse devait faire face à toutes les dépenses d'intérêt général, et surtout a celles d'ordre militaire travaux défensifs, garnisons, correspondances avec les villes amies, les chefs d'armée, le Roi, ainsi que le prouve l'exposé qui suit.

13


Aux fermiers du vin vendu en détail. à cause des droits non payés par quelques habitans, L xxn s. p. Pour bûches et fagots pour les garnisons, c xuii s. p. Pour six cents de thieuUes pour couvrir la tour nouvellement charpentée en la cour de la Malemaison, à l'endroit des Bouticles, xxx s. p. Pour la corde à sonner la cloche de jour du guet que l'on fait au clocher Notre-Dame, xvin s. p. Pour bûches et fagots distribuées aux personnes faisans guet en l'Ostel de ville, v; I., VIII s., 6 d. p. -A messire Loys de Marcoignet, pour la récompensation de certains tilleux que ledit messire avoit vendus à la ville en son ostel, lesquels par déiiberacion des habitants avoient esté ordonnez estre apportez en l'ostel de ville (et ne l'ont pas été pour certaines causes), xxvms.p.'– A divers, pour avoir fait ès bois de Notre-Dame à Aulmont, soixante-cinq clayes, et icelles amener en la ville pour la forteresse, L xix s., im d. p. A 11. Grilleu, pour la restitucion de la monnoie par lui avancée concernant l'ost estant devant la ville, suivant mandat du ~février 1432, xl. 1. s. vind.p. Pour un quarteron de chevrons pour faire des barrières et des appuiées sur tes remparts, x L Mil s. p. A Bonefils, voiturier, pour quatre journées de son hosteril (outillage) et deux chevaulx à amener ardille et chaulx en la Malmaison pour employer en la tour des Bouticles, xxxn s. p. Achat d'un cheval qui a esté baillé à J. Duchange pour aller, au nom de la ville, en embassade devers le Roy, avec aucuns de la ville de Beauvais, et porter lettres remonstrant le gouvernement du pays de pardeça, ix 1. 12 s. p. Achapt d'un cheval qui a esté baillé à FI. Boucaut et L. Sorin pour leur voyage devers le Roy a Chynon, suivant mandement du 10 may 1432, xxxn s. p. Pour une corde de chanvre pour servir à tirer le batel de la cloche qui sert à sonner le guet estant au clocher Nostre-Dame, VIII s. p Pour location d'un cheval et hosteril (équipement) à aler quérir pleteux (pierres plates) à la carrière S* Nicolas, employées à faire le chemin nouvellement fait es galeries de S* Vincent, suivant mandement du 28 mai )432, xu s. p. Pour cire dont on a fait Tous tes précédents paiements sont fait sur mandats datés de juillet à décembre 1431; tes suivants sont mandatés de janvier à juin U3?.


torches qui ont été portées à ]a procession que l'on fit le onziesme jour de ce mois, là où furent portées les fiertes de Monsieur S' Rieule, et autres fiertés, suivant mandement du 20 juing, cxvm s. p. Pour pierres d'estaille qui furent mises en une grant bresche de mur fendu près la porte S' Santin, XXIIII s. p. Pour pain mené en la ville de Compiègne pour l'avitaillement des habitans, l'ost levé devant icelle, suivant mandement du 27 juing, mi s. p. Pour charroi de divers matériaux pour mettre en la cour de devant les Bouticles, en la Malemaison, xvr s. p. Aux compagnons arbalestriers pour don à eulx fait ad ce que ils fréquentent le jeu de l'arbalestre qui est nécessaire pour la défense de la ville, C s. p. Pour avoir fait encorder une des arbalestres de la ville et deux journées d'un cheval, x) s., Y: d. p. Pour remboursement de trois prêts baillés à FI. Boucault et L.'Sorin, lors du voyage qu'ils firent à Chynon, suivant mandement du I" octobre 1431, L xxx s., vt d. p. A plusieurs compaignons, pour leur sallaire d'avoir esté chascun trois jours entiers à la porte S* Rieule, en mars et juillet derniers, pour garder diligemment que par icelle porte ne entrast grant nombre de gens d'armes, selon la délibéracion de la ville, suivant mandement du 14 novembre 1431, xxxv) s. p. A M. Dencre, P. Cotterel et autres jusqu'au nombre de sept vingt-quatre personnes, pour despense de bouche faite par eulx, environ le mois d'aoust dernier (1431) que MMgrs les Chancellier et Afarescha~ de France arrivèrent audit Senlis par la porte de Paris; à laquelle furent commis lesdits habitans pour la garder ave'c les portiers qui estoient ès dits jours, c xvii s. p. A C. Lecirier, pour avoir esté à la porte de Paris faire guet que nul ne emportast blé ou farine hors de la ville, et aussi pour savoir quels gens y entroient en laquelle porte il a esté commis par délibéracion de l'assemblée, et en icelle est resté l'espace de cent seize jours, commençans le 6 octobre 1431 et finissans le 3 février 1432; c'est assavoir à 11 s. par jour, la somme de xui I. nu s. p. A J. Néret, commis à la porte S' Rieule pour les mêmes causes, temps et prix, xiu 1. nn s. p. A J. Desmay, pour la vente d'un veugloire de feu tout enfusté de bois tout nuef et assis sur deux rouelles, pour la garnison, vJn I. vni s. p. A Hennebert, mareschal, pour une chambre à canon, pour


la garnison, xxnii s. p. A CI. Morlaye, pour avoir fait terminer les murs entre le cimetière SI Rieule et la porte SI Santin, et fait espiner en plusieurs places sur les murs pour la seureté de la ville, suivant mandement de novembre 1431, ix s. p. ». Dans ce même chapitre, les f*" 12 à 14 inclus sont occupés par trois autres séries de ces mêmes travaux à la forteresse classés sous trois titres din'érents desquelles séries est extrait ce qui suit Plastriers (maçons), où est expliqué, sous quatre articles, que 1° dans la tour dite de Bouticles ont été faits l'entablement, les planchers, une cheminée nuefve, la closture du pignon 2° sur la porte SI Rieule, dans la logette une cheminée nuefve, la closture du pignon, etc. Le tout moyennant xxx 1. p. Huchters et Charpentiers, dix-huit articles, parmi lesquels « pour avoir fait sur les murs de la ville, derrière S' Vincent, entre le dortoir dudit et la Poterne, quarante-neuf toises d'appuiées au prix de vm s. p. la toise, suivant mandement de juillet 1431, cxi s. p. ». Autres appuiées entre la tour du moulin des Bonshommes et la porte de Paris; travaux divers au pont de la porte SI Rieule, etc. Couvreurs (et terrassiers), 17 articles, parmi lesquels « avoir nettoyé à parfonds le « ruisseau qui vient de la Fo~tame d\4ra.tne~ et qui chiet en « la rivière audessoubz du moslin du roy, depuis lad" rivière en « remontant jusqu'au poncel, suivant mandat de juillet 1431, cy xxxvn s. p. ».

« Somme de tout ce chapitre v~xx 1. nu s., v. d. p. ». cc V" Autres mises. touchans les voyages.

« A deux femmes, pour un voyage par elles fait à Laigny-surMarne et de là à Meleun, à porter lettres devers Mgr. le Marescha!, qui contenoient que il lui pleust que s'il venoit ès marches de deça, de tourner son chemin par aultre partie que par la ville, suivant mandement du )4juillet H31 xi. vin s. p. -Aux deux x

Les articles 2 et 4 du présent f° 12 augmentent de L xxtt s. p. les frais du voyage mentionné ci-dessus de FI. Boucaut à Chinon. Référence inédite à l'actif du persévérant souvenir de notre Fons Arenarum ces temps d'obscurantisme avaient donc quelques lueurs de lucidité ? 'l

s Les mandats se succèdent ainsi de mois en mois jusque la fin de décembre de la présente année t!3t nous noterons le début de la série suivante.


mesmes femmes, pour un autre voyage à porter lettres au mesmes Mgr le Mareschal. qu'elles rencontrèrent environ Plailli, suivant mandem' du 4 aoust 143), nu s. Jiii d. p. -Au hérault de m" Jehan Foucaut qui avoit apporté nouvelles de la venue dudit seigneur afin que l'on puisse soy pourvoir, xvi s. p. Aux deux femmes ci-dessus, pour voyage par elles fait ès villes de Laon et V ailly-sur-Esne pour savoir des nouvelles des gens d'armes estans par delà en la compaignie de Mgr le Mareschal, L VIII s. p. A une femme pour un voyage fait à Rouen pour savoir la conduite des Anglois et comment ils se contenoient en leur siège de Louvius (Louviers), suivant mandat du 23 septembre 1431, x 1. Yin s. p. A une femme pour un voyage à Beauvez à porter lettres devers Mgr le Cha~ce~ier et Mgr le Mareschal contenans en substance de eulx desporter de venir par deçà, xii s. p. A deux autres femmes, pour un voyage à Crespy-en-Valois pour savoir où Mgr le Mareschal, qui estoit venu de Compiègne audit Crespi, tenoit son voyage lesquelles rapportèrent qu'il le tenoit droit en Laonnois, x s. p. A une femme pour un voyage à Beauvais à porter lettre devers Mgr le Chancellier contenans en substance qu'il lui pleust de excuser la ville devers Mgr le Mareschal du reffus que on lui avoit fait d'entrer dedens la ville, x s. p. A Mairetpour un voyage par lui fait à Beauvais devers Mgr le Chancellier à lui porter lettres qui contenoient en substance que il meist sus le subside que l'on vouloit prendre des vins des habitans de Senlis estant de la recepte d'Oise, xvi s p. A Durel, pour un voyage à Blois à porter lettres de par la ville devers le Roy, Mgr de Vendosme et Mgr de la Trémouille, contenans le mauvais estat du gouvernement des esprits et des gens d'armes estans de par deçà, jn) I. p. A Rosier, hérault M'" Théaude, pour avoir apporté lettres envoyées par le Roy N. S. touchant les tresves ès marches/le par deçà, x L vin s. p. A Delavigne, pour un voyage en la ville de Mesnil-Aubry à 'porter lettres devers le Bastard d'Aulnoy, touchant qu'il lui pleust de soy desporter de bouter feux, vui s. p. -A P. Choron, pour argent presté à la ville dont partie en fut distribuée à une femme qui avoit lettres de par la ville de Beauvais, et l'autre partie fut distribuée à la fille Liégeoise et une autre femme qui avoient


porté autre lettre au Mesnil, pour ce que le capitaine avoit respondu qu'il prenroit femmes et encans, suivant mandement du 17 décembre 1431, xvi s. p. A J. Leployeur, pour un voyage au pays de Picardie pour savoir là où les ambassadeurs du Roy et de Mgr de Bourgongne avoient besongne sur le fait des tresves'. A G. Brisgodet, poursuivant de la ville de Beauvais, et à la trompette Alain Giron, pour leur sallaire d'avoir porté lettres de la part de cette ville en celle de Compiengne devers les capitaines, bourgeois et habitans d'icelle, faisant mencion que il leur pleust venir audit Senliz, pour conclure avec les habitans de Beauvais, Senliz et aultres villes pour ce assemblez avecques m' Theaulde pour la conservation des tresves dites et aussi porter lettres devers les cappitaines d'Ermenonville, Boissy, Nanthueil, Verberie, Besthisy, Sainctines, Crespy, Villers-Costerest, Vé, et Viviers, pour conclure avecques les villes dessus nommées 1111 1. vu s. p. A J. Loploycur, pour prest à lui fait par la ville, et appointement fait par lui, pour soy rachepter des prisons de Noyon, là ou il a esté mis ès prisons en alant pour la ville de Senliz en message, suivant mandat du 4 mars, un 1. vin s. p. A deux femmes, pour chascuue un voyage, l'une à Crespy l'aultre à Fresnoy, pour envoyer au secours du chastel de Rouen, vm s. p. A ung homme et deux femmes pour un voyage, c'est assavoir ledit homme pour aler à Compiègne à porter des lettres devers les cappitaines et bourgeois, et les femmes porter lettres à Boissy devers m~Regnaultde S'Jehan,par)esquelIesilsestoient mandez venir audit Senliz devers m" Theaulde pour mettre provision pour labourer et marchander, xx s. p. A Jehanne Ancelette, pour un voyage à Beauvais à porter lettres devers les gouverneurs d'icelle ville aERn d'avoir la coppie des articles qui avoient esté faits par lesdites villes, pour y adjouter ou diminuer ce qu'il leur convient envoyer devers le Roy, xii s. p. A J. Duchange, pour un voyage par lui fait avec autres devers le Roy N. S., du consentement des gens d'église, bourgeois et habitans, pour remonstrer les mauvais gouvernemens des gens d'armes de pardecà, xxxtvi.p. A Th. Delalonde, Ici commence )a seconde séné des mandats, de janvier à juin 1432.


en récompensation de plusieurs intérestz et dommaiges d'un voyage qu'il avoit prins à faire avecques les habitans de Beauvais, dont pour ce il avoit acheté un cheval, lequel il lui a convenu revendre parceque il n'a pas fait ledit voyage, et que J. Ducange y a esté à sa place, suivant mandat du 30 avril 1432, xx s. p. A deux femmes de la ville de Thieux, pour un voyage par elles fait pour la ville de Senlis en l'ost des Anglois devant Laigny pour savoir la contenance desdits Anglois et comment ils se gouvernoient, pour la seureté de notre ville, suivant mandat du 18 mai 1432, xvi s. p. Pour autre voyage fait en la même ville pour savoir la contenance et puissance des Anglois, et aussi quelx gens d'armes du parti du Roy y estoient arrivez, suivant mandement du 12 juin, L xmi s. p. A un poursuivant de m''° Théaulde, pour don à lui fait pour ce qu'il avoit apporté, de par le Roy, des nouvelles de ladite ville (de Laigny) touchant le bien et prouffit du Roy et dudit pays, suivant mandem' du 6 juin, xxnn s. p.

Somme dudit chapitre Lxv I. xix s. im d. p.

« VI" Autres mises. touchans dons et présens.

« A J. Kerdract, pour despense faite en son hostel par. diverses personnes en asséant une taille ès mois de juillet et aoust 1431, ix I. xv s. mi d. p. Pour vin prins à un hostel qui fu distribué à boire aux barrières de la porte de Paris à Mgr le Mareschal et à ses gens, suivant mandemt du 18 aoust audit an, xv s. p. A Gourin, hostellain, et à plusieurs autres habitans, pour despense faite en son hostel et pour plusieurs viandes et provisions prinses en leurs hostels par Mgr le Mareschal à sa dite venue aud. Senlis, ad ce qu'il eust lade ville en recommandation pour ce que on lui avoit reffusé l'entrée en icelle ville à toute sa puissance, suivant mandat du 2 septembre audit an, xxix I. nn s. vm d. p. A Lecirier, naguaire geôlier de la « voirie de Senlis '~pour la despense de huit compaignons Escossois qui avoient esté prins à Verberie et amenez prisonniers audit Senlis, là ou ils ont esté neuf septmaines laquelle somme a esté ordonné estre payée pour ce que par Alain Giron 1 Cette ville fut trots tois attaquée par tes Anglais pendant ladite année en mars, mai et juin. Voir Le Pâtre, Annales de Lagny.


avoit esté promis iceulx renvoyer francs de leurs despens, ad ce qu'ils fussent contens de la ville, et qu'ils n'en puissent jamais rien demander (mandem* du 17 sept. 1431) vm 1. p. A Lortet, à présent geôlier de la voirie, pour la despense pendant neuf jours desdits prisonniers, laquelle avoit esté ordonné estre payée par la ville, pour ce que Alain Giron l'avoit promis à leur cappitaine xvi s. p. A J. Redouart, pour argent par lui baillé pour acheter brochets, carpes, anguilles, vin, et autres choses présentées à Mgr le Chancelier de France et Mgr le Mareschal, et à plusieurs chevaliers venus en leur compaignie, et aussi à M"' Jehan Foucault, chevalier et cappitaine de Laigny (mandem' du 16 oct 1432) xxxv) s. p. A Cl. Morlaye, pour paier la despense de plusieurs compaignons tant couvreurs, maçons et charpentiers, en desmolissant la forteresse de Mons-1'Ëvesque, pour ce qu'il estoit venu en la congnoissance de la ville que aulcuns gens d'armes la vouloient fortiffier pour elllx besongner [mandem'du 13déc. 143~): vni 1. v s. x d. p. A divers hostelliers, pour despense faite en leur hostel par un nommé M" Forton, chevalier, et les poursuivans de Mgr le Chancellier, lesquels auroient apporté, de par le Roy et par devers les habitans, les lettres des tresves faites entre le Roy et Mgr de Bourgongne (mandem' du 12 janv. 1432) c 1111 s. p. A R. Uzille, tavernier, pour despense faite en son hostel par les atournez et aulcuns bourgeois qui ont esté quatorze jours entiers en l'hostel de ville à distribuer lettres envoyées en diverses villes et forteresses, xxxiv s. p. A Decuise, pour despense faite en son hostel par les atournez, quartiniers, cinquantiniers qui avoient vacqué à visiter la forteresse (mandem' du 31 janv. audit an) xx s. p. A J. Beu, pour despense faite en son hostellerie par M" Théaulde, conservateur des tresves, qui est venu pour donner provision et les soustenir (mandem' du 4 mars aud. an) xi 1. x s. p. A R. Taquet, homme d'armes, pour la despense d'un Escossois prins à Verberie et qu'il a gouverné pendant trois mois, laquelle despense a esté ordonné par l'assemblée estre paiée parceque par traictié fait par Alain Giron les Escossois qui y auroient esté prins s'en debvoient aler franchement (mandem' des mêmes mois et an) c xi s. p. A P. Carbon, pour vin prins en son


hostel qui fut donné à plusieurs chevaliers et escuiers qui estoient venus en la compaignie de Mgr le Chancellier et Mgr le Mareschal au mois de juillet dernier 1431 xxxmi s. p. A. G. Mouquin, hostellain, pour despense faite en son hostel par le sieur Lebaille, laquelle despense a esté ordonné estre paiée pour plusieurs finances qu'il a faites pour la ville au voyage que lui et J. Duchange ont fait devers le Roy, et aussi pour le rapport des embassades qu'ils avoient faites xxtni s. p. A. Alain Giron, cappitaine de gens d'armes, pour les bons et agréables services qu'il a fais à icelle ville, et aussi parce qu'il feust avec nos ambassadeurs devers le Roy et que de la ville feist bon rapport (avril 1432) XL 1. p. Audit Alain Giron, oultre et pardessus (ce qui précède) et pour plusieurs plaisirs par lui fais à la dite ville (mandat de juin 1432) nu xvit s. p. A C. Hébert, pour vin prins en son hostel et présenté à Guillaume de F<at~, cappitaine de CompMKgfne le 11 juillet 143~, et pour pain porté pour ravitaillement d'icelle ville, xx s. p. A J. Redouart, pour argent par lui baillé pour, au nom de la ville, payer la despense faite par le corps de ville en comptant par eulx au clergié sur ce qu'il povo!t estre tenu tant pour les frais de la forteresse comme autrement xm 1. p. Audit Redouart encore, pour argent par lui baillé pour, et au nom du clergié, paier les despens pour leur part et portion à l'encontre de lad" ville et par traictié fait avecques eulx en comptant auxdits du clergié des frais fais par la ville touchans la forteresse, et du procès de Chantilli (mandat de fin juin 1432) xm I. p. d'une part, et de l'autre x 1. p.

« Somme de ce chapitre CLxvi 1. vu s. Il d. p. « VIb Autres mises touchans le siège de Compiengne ». Nota. Ce chapitre occupe trois f' (19-21) et comprend quarante articles, la plupart consacrés à des expéditions de blé ou de farine fournis à la municipalité de Senlis pour être livrés par elle à celle de la ville assiégée. Nous ne transcrivons que les quelques mentions particulièrement intéressantes Art. 26. « A G. Bernart, pour quatre minots de blé, et du pain moyen, pour l'advitaillement, et aussi pour quatre mains de papier par lui baillées pour les garnisons, xv s. n d. p. Art. 37.. A R. Chevé et trente et un autres, pour blé par eulx


baillé et qui a esté envoyé pour l'advitaillement, le siège durant, qui fu ès mois de septembre et octobre 1430, soit la somme de xxx; 1. nu s. v! d. p; Art. 37. A R. Lemaire, pour une arbalestre prinse de lui de par la ville et envoyée à Compiengne, avec plusieurs autres, ad ce que lad' ville peust résister à l'encontre des Anglois qui y tenoient le siège et pour quatre minots de blé en un sac, et pour un pain, le tout envoyé à lade ville pour l'advitaillement d'icelle L XI s. p. Art. 38-40. A maistre Sicard de le Canel, pour un bacinet prins de lui et envoyé pour la garde et déffense d'icelle ville, le stège durant x 1. vjn s. p. A maitre FI. Boucaut, pour un bacinet de lui prins et envoyé à Compiengne avec le précédent xxii s. p. Aux sieurs Lorin, Robin et Sergent, c'est assavoir audit Lorin, V[ s., pour le loyer de son cheval, de deux jours, à porter les bacinet et arbalestre, le siège durant audit Robin, nu s., pour avoir baillé partie de l'avoyne dont on gouverna iceulx chevaulx; et audit Sergent, n s., pour soins par lui baillés pour iceulx chevaulx xu s. p.

« Somme de ce chapitre, c n 1. ir d. p.

< VHP Autres mises touchans prests fais par la ville. « A A. Leroux, pour prest à lui faict pour soy aider à rachepter de prison xvi 1. xvi s. p. A J. Lecidrier pour prest à lui faict pour rachepter son frère qui estoit prisonnier à Pontoise L xxn s. p. A R. Brocquart pour prest à lui faict pour rachepter J. Delaistre, prisonnier à Pontoise Lxxii s. p. (les trois mandements datés de décembre 1432).

« Somme dudit chapitre xxiv 1. p.

« IX' Autres mises faictes. pour cueillir la taille. Nota. Salaire du dépensier pour ses frais, soins et peines dans ladite collecte. Somme dud. chapitre xxm 1. x s. viji d. p. « X° Ce sont les deffaulx et mauvaises payes. » Nota. Simple nomenclature d'insolvables ou disparus.

« Xt° Ensuivent d'autres personnes que l'on a fait tenir en suspens, et à qui l'on a rabatu taille. ».

« Xll* Somme totale des dites mises: vi~Ll. xvii s.xnd. p. Et ledit Redouart doit cxvu 1. vu s. n d. p. (Archives municipales de la ville de Senlis, cc. 48.) A. MARGRY.


TABLE DES MATIÈRES –––––– X~x

1 .~r

Liste alphabétique des Membres du Comité. Sociétés correspondantes, xvi Bureau et Commissions xx II

PROCÈS-VERBAUX

ANNÉE 1914

SÉANCE DU 8 JANVIER

M. JACOB. – Comptes de l'exercice 1913 et budget de

l'année )9t4. xxm M. le comte DE CAIX DE SAINT-AYMOUR. La seigneurie

deBouiHancy. xxv M. MACO!t. Mémoires de J.-B. de Junquieres xxv SÉANCE DU )2 FÉVRIER

M. CULTRU. Entrée des manuscrits d'Afforty à la bibho-

thèquedeSentisent833 x~V[ M. MAÇON. Mémoires de J.-B. deJmiqmeres xxv[ SÉANCE DU 10 MARS

M. Dupuis, président. Éloge funèbre de M. Hudauit et

de M. Prevet xx\ft M. le comte DE CAtx DE SAttfT-AYMOUR. – La seigneurie

deBoulUancy .< xx~jn M. MACO!t. Souvenirs d'Amabie-Lou;s de Junquieres x\vnt SÉANCE DU 2 AVRIL

Préparation de la visite de la Société des Amis des

Cathédrates. xxtx M. MAÇON. – Souvenirs d'Amable-Louis de Junquières xxix


SÉANCE DU 12 AIAI

~~M. le comte DE CA;x DE SAisT-AyMOUR. La seigneurie

deCires-tes-MeHo. xxx ~M. Duputs.président.–Htoge funèbre de M. Vantroys

etdeM*'Chaumonot. xxx M. le comte DE CAIX DE SAtNT-AyMOUR. Procès entre

)e comte de Franc)teu et ses vassaux de La Cha-

pcHe-en-Serva! xxxt SÉANCE DU tt JUIN

~M.CORBtE.–LecartutairedeFay. xxx<; M. MACUK. Souvenirs d'Amable-Louis de Junquieres. xxxt); SÉANCE DU 9 JUILLET

M. i'abbé BEAUDRY. Notes de pohce du clergé de l'ar-

rondts&ementdeSen)isenl804-)805. xxxiv M. MAÇON.–LechevatierdeLignières. xxnv M. MAÇON. Compte-rendu des livres consacrés à Gérard

de Nerval par MM. Jacques Boulenger et Ansttde

Marie. xxxtv ANNÉE 1915

SÉANCE DU 21 JANVIER

M. DUPUIS, président. Éloge funèbre de M. Odent,

maire de Senlis, assassiné par les Allemands le

2 septembre t9t4, de M. Jacob, de M. Chariot,

de l'éminent artiste Francis Tattegrain. Lecture

d'une lettre de M. )e commandant Cue). xxxv M. FAUTKAT. – Récit de ce qui s'est passé à !'Hôpitat-

géneraldeSen)is)e2septembre)9t4. xxxytt M. le comte DE CAix DE SAtNT-AYMOUH. Compte-rendu

des cérémonies du septième Centenaire de la

bataille de Bouvines xxxn SÉANCE DU 11 FÉVRIER

M. l'abbé CAVILLON. L'ttôpitat-généra) de Senlis le

'!septembret9t4. Tu M. le baron DE MARicouRT. Récit de ce qu'il a vu a

Senl)s)e2et[e3septembret9t4. xn SÉANCE DU Il MARS

Vote relatif au déplacement du monument de Puget xm M. le baron «E MARtML'nr. Bibliographie de la guerre

dansrarrondissementdeSenIis. ILII


M. le baron DE MARICOURT. M"' Desmarquettes, déesse

de la Liberté à Senlls XLtt M. FAUTRAT. Mort du capitaine Faucillon à la bataille

de Senlis. xm; SÉANCE DU 7 AVRIL

M. Joseph ODENT. Communication d'une lettre de M.

le commandant Fauvart-Babtoul sur le combat de

de Senlis, où son fils fut mortellement blessé. xnu M. MACON. MI de Saint-Romain, fille de Louis-Joseph

de Bourbon, prince de Condé. XLV M. le comte DE CAix DE SAINT-AYMOUR. L'Invasion

hispano-a)lemandeent65' XLV SÉANCE DU 6 MAI

M. MAÇON. – La dernière Condé et sa mère (Adélaide

de Bourbon, fille de Louis-Ilenri-Joseph, duc de

Bourbon, etdeM""Mtche)ot). XLVi SÉANCE DU 10 JUIN

Présentation de livres relatifs à Senlis pendant l'invasion

allemande XLYii M. FAUTRAT. Les Allemands à Senlis en 1870 et en 1914. XLvui M. MACON. La jeunesse et le mariage d'Adélaide de

Bourbon. XLVUt SÉANCE DU 8 JUILLET

M. le comte DE CAIR DE SAtNT-AvMOUR. Lecture d'un

manuscrit de M. le D' Debacq sur l'occupation et

la bataille de Verberie L M. MACON. Fin de l'histoire d'Adélaide de Bourbon,

comtesse de Rully, puis comtesse de Chaumont-

Quftry. LI M. le chanoine MULLER. Une statue de la Vierge du

xv* siècle dans le jardin de l'Hospice Condé à

ChanMIy. LI SÉANCE DU 14. OCTOBRE

M. le comtc DE CAU DE SA!M-AYMOUR. Le combat de

Verbenele)"septembrel9i4. m M. CORBIE. Rapport sur les riches archives des anciens

bailliages de Senlis et de Crépy, détruites par

l'incendie du Tribunal et de la Sous-Préfecture le

2 septembre 1914. Liti


SÉANCE DU tt NOVEMBRE

M. l'abbé BEAUDRY. Procès entre le marquis et le

curédeRaray,t713. Liv M. le comte DE CArx DE SAfNT-AïMouH. La ruée de

J'aile droite allemande sur Paris en 19)4 Lv SÉANCE DU 9 DÉCEMBRE

M. LEMAmÉ. Une semaine d'angoisse à Dammartm et

ses environs; septembre I9H. Lvt M. MACON. -Le Protestantisme à Senlis au xvr siècle LVt j~ M. MACOf. – La terre et seigneurie de Malassise <t-'i ANNÉE 1916

SÉANCE DU 13 JANVIER

M. Dupuis, président. Allocution.

.M. MAOOff. –La terre et seigneurie de MatahStse Lvn tt. Ly. SÉANCE DU )0 FEVRIER

M. Dupuis, président. Renouvellement du bail des

locaux occupés parie Comité. LX[ M. CORBIE. – L'assassinat de Louis Duhamel à Chantilly

le 15 août 1792. LXt M. le chanoine MuLLER. Guide archéologique des envi-

ronsdeChanhUy. Lut SÉANCE DU 9 MARS

M le comte DE CAtX DE SAtuT-AïMOUR Qnatres statues

provenant de l'ancienne ëgit~eSatnt-RteuI. LXII SEANCE DU 13 AVRIL

M. Dupuis, président. Eloge funèbre de M. Auguste

Roland. Notice sur le D' Luea&-Championmëre. L\;v M. le comte DE CAIX DE SAiXT-AyMOCR. Étude des

statues provenant de l'ancienne église Saint-Rieul. Lxv M. MAREUSE. – Communicatton d'une conférence faite

à Bordeaux par M. Paui Courteault sur nos villes

martyres. Lxv; SÉANCE DU tt MAI

M. le comte DE CA;\ DE SAMT-AYMun. Le manoir de

Fescamp au Moncel Lx\n M. le comte DE CA;x DE SAMT-AYMOun. – rragment de

la biographie do Mgr de Roquelaure, éveque de

· Senlis Lxvni


SÉANCE DU 8 JUIN

M. LACRAiN. – Communication relative au manoir de

Fescamp Lxvin

M. MAÇON. La seigneurie d'Ormoy-emmi-tes-Champs Lx;x M. MAÇON. – Grotius dans l'arrondissement de Senhs

ent6M. Lxx SEAKCE DU )2 OCTOBRE

M. DnpL'ts, président. – Eloge funèbre de M. !'abbë

Ciozier. Lxxiv

~.M. MAÇON. Les fiefs d'Ormoy Lxxv v M. MAÇON.–Trois Vanloo à Senlis etChantUiy.. Lxxvt

III

MÉMOIRES

M.FAUTRAT.–Senhs,1870-t9)4. t ~~M. MAÇON. – La terre et seigneurie du Lys. t7 M. MAÇON. – Le fief de la Cave à Goûteux .~3 · M M. MAÇON. Notes pour servir à l'histoire de Gouvieux. 46 M. FAUTRAT. Les heutenants de Jeanne d'Arc. 81 ~-M. le comte DE CAtx DE SAfNT-AYMO~n. La soigneune

et le domaine de BoutUaney. 89

M. le comte DE CAix DE SAi~T-AYMOUR. L'tnvaston des

Hispano-AHemandsent652. IN

M. le chanoine MuLLER. Mémento archéologique pour

les environs de Chantiity. t46

M. MAMnY.–Jeanne d'Arc et Senlis, t429-i43i. <54

txuJM. Imp. Ë. Vtgnon fil.


PUBLICATIONS

DU

COMITÉ ARCHÉOLOGIQUE DE SENLIS

Catalogue de la BtbHo~tequo.

Table analytique de la ~re Serie des Mémoires.

Série des Publications an~Me~es du Comité, depuis 1863. t" série, vol. in-8°' carré. Depuis 1874, vol. m-8° raisin.

Cartulaire du Prieuré de Sa!Mt-Chrta<ophe-en-Ma~ai;e, par M. l'abbé VATTiNU, un vol. in-4" carré.

Senlis (Récits historiques sur), par MM. VATIN et Dupuis, in-18 jésus.

Arènes de Senlis (Notice sur les), découvertes en 1865; par M. VATIN, Vice-Président du Comité, broch. m-8° carré.

/.éu!<)HeK et ses e?tt?!roKs, par M. l'abbé GiROSS, un vol. in-8° carré.

.Reproduction photoft/ptque d'un plan de la /frët de Chantilly en n~, par DE LA ViSNE, ingénieur du Roi et du Prince de Condé.

Reproduction d'un autre plan de la forêt d'jf7a!a«e, par le même, en 1743.

Saint-Rieul, .t" é~eqite de So~M et patron de Setilis, gravure sur cuivre, d'après un desstn de DEBONNAIRE, curé de Saint-Rieul, en 1170.

Mémoires pour servir à ~ntsto~e du Chancelier Guer!'t!. Son rôle à la Bataille de Houvines, iu-8° raisin de 84 pages.

Du Roole de l'Assise tenue par Nicolas le Me~at/ef, bailli de Senlis, en 1~0, par MM. DE RozfËRE et l'abbé MULLER.

Monographie de fa Cathédrale de Senlis, par M. Marcel AUBERT, in-4" de 208 pages et 28 gravures:

Les Ju~qut'ere.s (Une famille seulisienne), manuscrit du Musée Uondé, vol, in-S" raisin de 260 pages.