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Titre : Journal des débats politiques et littéraires

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1890-11-16

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

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Description : 16 novembre 1890

Description : 1890/11/16.

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k465236j

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

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BULLETIN DU JOUR Le Conseil des ministres s'est réuni hier matin, à l'Elysée, sous la présidence de M. Carnot.

Le ministre de la marine a été autorisé à déposer sur le bureau de la Chambre un projet de loi portant organisation du cadre des ofnciers de marine.

Le ministre du commerce a fait signer des décrets nommant M. Le Verrier, ingénieur en chef des mines, professeur du cours de métallurgie et de travail des métaux au Conservatoire des Arts-et-Métiers. M. Marcel Deprez, ingénieur électricien, membre de l'Institut, est nommé professeur du cours d'électricité industrielle au même établissement.

M. Barbey a donné communication du texte ofnciel de l'arrangement conclu avec le roi de Dahomey. Cet arrangement sera soumis par le ministre des affaires étran- gères & la ratiRcation du Parlement. Sur la proposition du ministre de la guerre, M. Carnot a signé un projet de loi aux termes duquel les sous-lieutenans d'infanterie, de cavalerie et du train des équipages pourront être promus lieutenans après deux ans de grade.

Le ministre de l'intérieur a fait signer les nominations suivantes

M. Dunègre, préfet d'Oran, est nommé trésorier général à Digne.

M. Fournier, conseiller de préfecture de la Seine, est nommé préfet d'Oran. M. Pelasse, avocat, docteur en droit, ancien sous-préfet, ancien député de la Lozère, est nommé conseiller de préfecture de la Seine. `

Par décret rendu sur la proposition du ministre de la guerre, le. général Peaucellier, commandant de la place de Lyon, est nommé commandant à Paris, en remplacement du général Lévy, atteint par la limite d'âge.

Le général Fougeron.gouverneurde Grenoble, est nommé à Lyon.

Le général Segretain est nommé à Grenoble.

Le général Hinstin est nommé membre du comité du génie et conserve ses fonctions actuelles.

–La Chambre, dans sa séance d'hier, a voté le budget de la marine.

Le bulletin financier du Journal <~ .Z~~ a depuis plusieurs semaines appelé l'attention de nos lecteurs sur les difficultés qui pesaient sur la place de Londres. Ces difficultés viennent de prendre le caractère d'une véritable crise. Voici les renseignemens que nous avons pu recueillir à ce sujet

Depuis quelques jours déjà, les bruits les plus inquiétans circulaient touchant le crédit des grandes maisons de banque de Londres. Le Times, arrivé ce soir, ne parle encore qu'à. mots couverts, tout en indiquant clairement la maison en détresse. Aujourd'hui on a l'explication il s'agissait de Baring Brothers, qui ont été sauvés d un désastre par l'intervention de la haute banque anglaise, mais qui, suivant les usages, vont entrer en liquidation.

Les Baring Brothers étaient la première maison do banque anglaise; leur signature était connue et recherchée dans le monde entier, le chinre de leurs affaires énorme. La plupart des achats de marchandises dans

Fmn~DUMUMALMSCmTS DU 16 NOVEMBRE (10)

COLETTE MÉRtAN

Comme s'il eût été gêne à son tour, le duc se leva et jeta sa serviette sur sa chaise, presque sans avoir .touché au dessert. M Charles ouvrit à deux battans la porte du vestibule. Violette se dirigea vers l'escalier, avec Madeleine qui se faisait traîner. Alors, vous remontez? demanda Phi-

Hppe~

–Mais. comme tous les soirs.

Si j'osais vous prier. de ne pas mabandonner encore 1

Ces paroles étaient dites avec une humilité étrange:

Venez dans le fumoir. Moi, je lirai un tournai et je fumerai un cigare. Vous apporterez votre ouvrage. ou votre livre. comme il vous plaira. Et nous resterons là jusqu'à ce que Madeleine ait sommeil. Voulez-vous?

Je suis a vos ordres, Monsieur le duc. JIs passèrent dans le fumoir. Une grosse lampe, munie d'un abat-jour opaque, était posée sur la table. Violette s'assit auprès de cette table, dans un grand fauteuil de cuir bruu. La clarté blanche inondait ses m&ins, le tablier qu'elle ourlait pour la poupée de Madeleine, et, par reflet, son visaae attentif et penché; puis le cercle de ~M~re se perdait en s'élargissant sur le tapis sombre. Presque toute la pièce était T<ms droits réservés.

l'Inde, la Chine, le Japon, l'Amérique, se faisaient au moyen de remboursemens sur les Baring. Ceux-ci avaient une situation exceptionnelle ils étaient les banquiers de l'Italie, de la Russie, des grandes Compagnies de chemins de fer de tous les pays, et pour leur malechance ils ont été les banquiers de la république argentine de l'Uruguay. Malheureusement, ils s'étaient laissé entraîner au delà des limites raisonnables dans des transactions avec la république argentine et ils succombent sous le poids.

On savait depuis quelques mois déjà que leurs engagemens de ce côté étaient gigantesques, qu'en dehors de crédits à découvert commerciaux, ils avaient sur les bras des quantités de titres argentins non vendus et irréalisables. Leur crédit avait souffert, mais on ne prévoyait pas l'issue funeste. Il paraît que cette semaine et la semaine prochaine arrivaient à échéance 100 millions de francs (4 millions de livres) tirés sur Baring par Samuel-B. Haie, leur agent à BuenosAyres. Dans la situation actuelle du marché nnancier de Londres, ayant épuisé leurs ressources liquides, les Baring se sont trouvés acculés et ils ont dû appeler à leur aide. Laisser tomber leur maison eût entraîné un désastre dont la portée était incalculable. Il y avait un précédent à suivre, un précédent d'origine française, l'intervention de la Banque de France et de la haute banque en faveur des créanciers (déposans ou porteurs de lettres de change) du Comptoir d'escompte à Paris. On s'en est inspiré à Londres à la suite de conférences auxquelles assistaient lord Salisbury et M. Goschen, il a été décidé qu'on garantirait les acceptations de la maison Baring. On dit que la Banque d'Angleterre a donné sa garantie pour 2 millions de liv. st. (d'après d'autres pour 1 million seulement), la London and Westminster Bank pour 750,000 liv. st., les maisons de Rothschild, Hambro, Glyn Mills, chacune pour 800,000 liv. st., Morgan pour 300,000 liv. st., etc. On avait fait courir le bruit qu'on demandait au gouvernement de prendre à sa charge 2 millions dans le fonds de garantie. Ce'n'est pas possible; il serait moins improbable que le chancelier de l'Eehiquier fît une avance à la Banque sous une forme légale. Encore faut-il accepter sous réserve toutes les informations de cette nature, de même que les nouvelles relatives au dépôt d'un projet de loi rendant moins rigide la constitution de la Banque d'Angleterre.

Grâce à l'intervention de la haute banque, le danger semble écarté pour la tenue des engagemens acceptés par Baring.

C'est un événement de grande importance que la disparition dans des circonstances semblables de l'une des premières maisons de banque du monde.

Cette disparition n'est pas de nature à faciliter la liquidation argentine. Il est impossible de savoir déj& si la place de Londres ne sera pas éprouvée par d'autres désastres. Les fonds de l'Amérique du Sud, Argentins, Uruguay, ont fortement baissé à Londres.

1 Le chef de la maison Baring (M. Charles Baring, né en 1828) siégeait depuis i88S à la Chambre des Lords sous le titre de lord Revelstoke. C'est le cousin de sir Evelyn Baring, agent diplomatique de l'Angleterre en Egypte.

OEPÊCHES DE MUS MMESPOMDANS PARUCUUERS Berlin, le 18 novembre.

On se moque beaucoup ici de la nouvelle accueillie par !e TMMM et d'autres journaux étrangers, et d'après laquelle la découverte du docteur Koch sur le traitement de la tuberculose serait exploitée par une Société anonyme. Le désintéressement de l'illustre savant est absolu. S'il ne veut point encore divulguer le secret de la composition de son remède, c'est

dans l'obscurité, surtout le coin où s'était assis Philippe, et où brillait seulement la lueur rouge de son cigare, lorsqu'il en secouait la cendre.

Il n'avait point pris son journal, comme il l'avait dit. A quoi songeait-il, immobile dans l'ombre ?

Le balancier de la pendule comptait lentement les secondes. Au dehors, tout était muet. Dans la maison, quelques pas discrets, des portes ouvertes ou fermées sans bruit, de légers craquemens à travers les vieilles boiseries. Dans la chambre, une atmosphère molle et douce, parfumée par le tabac d'Orient, attiédie par le feu mourant de quelques tisons de sapin qui achevaient de se consumer.

Assise auprès de Violette, un bras passé autour d'elle, Madeleine inclinait sa tête alourdie vers le livre d'images qu'elle regardait, et préludait au sommeil par une sorte de chantonnement monotone et vague. L'aiguille de Violette courait agile et rapide, poussée d'une main un peu nerveuse, seule chose mouvante et vivante en apparence dans cet engourdissement des êtres et des choses. Oh les étranges, .les émouvans, les dangereux silences, chargés de pensées qu'on n'exprime pas, même tout bas, etdont quelque chose retournepourtant, par une mystérieuse suggestion, à ceux ou à celles qui les ont fait naître Sans cela, pourquoi la respiration de Violette seraitelle oppressée ? Pourquoi son cœur tremblerait-il encore plus fort dans sa poitrine que son aiguille dans sa main? Nul ne lui a appris ce qui se passe dans l'âme, d'un jeune homme qui, seul le soir avec une jeune fille, la regarde ourler un tablier de poupée. Alors, quoi donc?. Et l'aiguilte court plus rapide encore.

Tout à coup elle poussa un léger cri, vite réprimé.Vous vous ~tes piquée, Et le duc. En une seconde, il fut près d'elle. Oh! ce n'est rien, dit-elle, moins que rien Cela arrive à chaque instant, quand on est maladroite.

uniquement aûn do n'en point compromettre le succès. La fabrication du remède exige en eHet une extrême prudence et ne peut-être faite actuellement que dans le laboratoire où ont eu lieu toutes les expériences. Il serait très dangereux de le laisser fabriquer aujourd'hui par d'autres personnes que le docteur Koch et ses collaborateurs. Mais, à n'en pas douter, le secret sera dévoilé sitôt que ces inconvéniens auront disparu.

On remarque avec une juste admiration que, dans le Mémoire publié hier, le docteur Koch dit simplement en deux lignes qu'il a fait sur lui-même l'expérience de son remède, alors qu'il ne savait pas encore s'il produirait les effets espérés. S.

Berlin, le 1S novembre.

Des délégués des marins anglais viennent d'être envoyés en Allemagne pour tenter d'amener une alliance entre les marins allemands et les marins anglais; il est assez aisé de voir l'intérêt qu'auraient ceux-ci a une entente ils seraient assurés que la coalition des patrons anglais ne trouverait plus, en cas de grève, de marins à embaucher en Allemagne. Mais on ne paraît pas s'y être laissé prendre ici. Au reste, la loi sur les Associations interdit de telles alliances; aussi, après quelques essais infructueux à Hambourg et dans d'autres ports, les délégués anglais, MM. Donnelly et Brown ont dû cesser leurs négociations, et ils se bornent aujourd'hui à assister aux séances des corps de métier dans les villes qu'ils traversent. Il se peut, d'ailleurs, qu'ils continuent à travailler sous main, mais avec les institutions allemandes, il paraît bien difficile qu'ils atteignent leur but. S. Rome, le 15 novembre.

Le C~M~M 7~'<?c<M~ dont vous connaissez les attaches gouvernementales, dit ce matin savoir de bonne source que le gouvernement français a l'intention, des que la Chambre aura approuvé le nouveau tarif douanier, d'abolir les tarifs différentiels avec l'Italie. M. Ribot aurait envoyé des instructions en ce sens a. M. Billot, en laissant entendre que-là France veut prouver ses sentimens amicaux à l'égard de l'Italie. Quelle que soit l'exactitude des renscignemens du <7< T~'acsMS, il est vrai que M. Billot, dans un récent entretien avec des hommes politiques italiens, a exprimé l'espoir qu'un accord sur les questions douanières interviendrait prochainement entre l'Italie et la France.

Rome, le 15 novembre,

L'Union monarchique libérale vient de publier un Manifeste, dont voici le passage principal « Puisqu'il est impossible, y est-il dit, de séparer la politique financière et économique de la politique générale, il est nécessaire que l'Italie observe les pactes conclus; mais qu'elle le fasse avec une loyauté prudente, sans provocation, et uniquement pour assurer la paix à l'Europe cette paix doit être obtenue, d'ailleurs, sans de trop durs sacrifices, qui en altéreraient les bienfaits, »

Dans les cercles officiels, le bruit court que des négociations seraient engagées entre l'Italie et l'Autriche afin de prolonger pour une durée de sept ans le traité de commerce actuel.

Bruxelles, le 15 novembre.

La ligue libérale a choisi comme candidat à la prochaine élection sénatoriale M. Graux, ancien ministre des finances dans le Cabinet Frère-Orban.

A l'heure actuelle, 46,229 candidats des deux sexes, tous munis des diplôme~ et des certiScats réglementaires, tous pourvus de nombreuses et pressantes recommandations sollicitent un emploi dans les services de la préfecture de la Seine. Or, les vacances annuelles sont, en moyenne,

J'ai entendu dire qu'il fallait faire sortir le sang donnez-moi votre doigt, mais donnez donc Là l

Il pressa doucement, une goutte vermeille jaillit de la piqûre.

Mon Dieu, voilà votre manchette tachée 1

Un grand malheur! dit gaiement Philippe.

Elle fit un léger efïort pour retirer le doigt et se sentit retenue.

Vous êtes encore souBrante, dit-il, et vous avez tort de travailler ainsi. Qui sait si vous n'avez pas la fièvre ? Non. jene crois pas, murmura-t-elle. Pourtant cette petite main brûle. Sa voix avait pris une intonation bizarre, toute nouvelle, à la fois vibrante et contenue, et ses doigts se raidissaient autour du poignet de la jeune fille. Quant à elle, il lui semblait que ses jambes allaient iléchir. Elle mourait de honte. Devait-elle montrer un pareil trouble parce que Monsieur le duc voulait bien s'occuper de sa saute! Et plus elle cherchait à se dominer, plus son embarras devenait visible. 0 cette timidité stupide

Soudain, Philippe lâcha la petite main brûlante.

Il faut être sage, dit-il; et, pour donner un sens à cette parole ambiguë, il reprit Il faut être sage, Mademoiselle, et aller vous coucher. La petite dort déjà. Et moi aussi, j'irai bientôt dormir. 'si je peux. Bonsoir.

Et il sortit un peu brusquement.

D'en haut, Violette, pendant que l'enfant disait sa prière, le vit se promener sur la petite esplanade qui bordait la mer. Lorsqu'elle fut au lit, la bougie soufûëe, elle entendit encore le bruit de ses pas qui mourait dans l'éloignement, puis se rapprochait en grossissant, pour s'éloigner et s'éteindre encore. Elle se disait « Comme il a été bon, et comme j'ai été ridicule! » Mais, si elle gardait une inquiétude à ce sujet, l'accueil de Philippe, le lendemain

de 1.S60. On peut donc dire que M. Poubelle fait par an 1,560 heureux (ou ingrats) et 44,669 malheureux. Les ministères n'ont pas publie la statistique des candidats pour leurs divers services, mais il est probable que, toute proportion gardée, l'affluence des solliciteurs est au moins aussi grande aux abords des ministères qu'aux environs de la préfecture de la Seine. Comme on le voit, la manie constitutionnelle qui entraîne les Français vers les places du gouvernement n'est pas en voie de guérison. Il y aurait beaucoup à dire sur ce sujet. Nous nous contenterons d'appeler l'attention sur certaines catégories de candidats. L'administration municipale n'exige pas rigoureusement des aspirans à l'emploi de commis le grade de bachelier. Mais on sait que l'immense majorité des aspirans, on pourrait même dire la presque unanimité, sont munis de leur diplôme de bachelier ès lettres ou ès sciences, beaucoup sont licencies en droit, plusieurs sont docteurs en droit. Sur ces 3,126 jeunes gens « de lettres )', 12 seulement ont quelque chance d'être nommés dans l'année. Quant aux 3,114 évincés, dont beaucoup, dénués de ressources personnelles, n'ont .pu achever leurs études classiques qu'a l'aide de bourses, ils devront chercher fortune autre part et grossir la foule des déclassés.

Mais cette catégorie de bacheliers est évidemment moins intéressante, que celle des instituteurs et institutrices, qui, au nombre de 9,599, attendent vainement d'être placés dans les écoles municipales. Dans ce chiffre, les jeunes allés pourvues de leur brevet d'institutrice figurent pour 7,139. L'administration ne peut guère en placer que 54 par an. Que deviendront les 6,085 jeunes filles évincées? Quelques-unes, les plus favorisées, qui disposent de ressources ou que leur famille peut aider, se condamneront pendant quelques années encore au dur métier de solliciteuses, d'autres essayeront de trouver une place d'institutrice libre, d'autres enfin iront frapper à la porte des administrations qui, comme le Crédit foncier le Crédit lyonnais, la Société générale emploient des femmes. Mais là. encore l'encombrement est prodigieux la moyenne des demandes est de 25 pour une place, et cette place n'est donnée qu'à la suite d'un concours dont les épreuves deviennent plus difficiles d'année en année.

Nous recommandons ces chiffres à l'attention des personnes qui pensent que l'Etat ne fera jamais assez pour l'instruction intégrale des filles. Peut-être leur inspireront-ils quelques remords. On ne peut, en effet, se dissimuler que ces milliers de jeunes institutrices Mt ~M devant lesquelles on a fait miroiter l'appât d'une place et qui, pour conquérir leur brevet, se sont imposé de longs et pénibles sacrifices, auraient pu gagner honorablement leur vie si, au lieu de les charger d'un bagage scientifique et littéraire qui ne leur est d'aucune utilité, on les eût dirigées vers les professions manuelles et commerciales. Déjà. d'ailleurs l'idée à reçu un commencement d'exécution. Une des inspectrices les plus distinguées des écoles municipales, M"°MaIemanche, a créé un enseignement de comptabilité commerciale à l'usage des jeunes filles. Les résultats ont été excellens. Au sertir des deux ou trois années du

matin, la dissipa. Il vint à elle, de son air libre et franc, la main ouverte, l'œil riant. Savez-vous ce que nous allons faire aujourd'hui, Mademoiselle? Le docteur permet que Madeleine sorte; nous irons tous les trois nous promener en voiture.. Tenezvous prête après le déjeuner.

Sortir en voiture avec le duc Violette ne mangea guère, et, dès qu'on se fut levé de table, monta dans sa. chambre pour s'habiller. Elle mettait pour la première fois une robe neuve, bien modeste, et pourtant toute dinerente de celle qui avait été coupée par les gros ciseaux inhabiles des sœurs de Mount-Zion, sur un patron aussi immuable que le patron du couvent lui-même, dont la statue en plâtre colorié ornait la chapelle. Sur ses cheveux crêpelés et embrouillés en nuage d'or clair, elte posa une toque en paille foncée, bordée de velours noir, payée quatre francs chez une petite modiste de la rue d'Antibes, et dont la femme de chambre de Nella n'aurait pas voulu. Ainsi habillée, ainsi coiffée, son ombrelle à la main, elle se trouva si bien dans la glace que son coeur en battit de plaisir. Mais ce ravissement. fut suivi d'une telle honte qu'elle n'osait plus descendre. Il lui semblait que tous les regards allaient lui reprocher sa coquetterie et sa vanité.

Heureusement, lorsqu'elle parut dans le salon, tenant Madeleine par la main, le dnc était ou paraissait occupé de tout autre chose que de l'institutrice de sa fille. Une lettre de ta maman cria-t-il à Madeleine. Viens chercher les baisers qu'elle t'envoie.

Elle n'envoie: pas autre chose? fit l'enfant d'un air boudeur. Pas de joujoux ? Non mais nous passerons, en revenant, chez le marchand, et tu achèteras toute la boutique si tu veux.

La petite, depuis sa convalescence, avait l'humeur exigeante et difficile. Une expression sournoise et grognon, inconnue auparavant, ne quittait guère ses traits gonflés, et cette moue habituelle était d'au-

cours de comptabilité, les élèves trouvent sans trop de peine à se placer comme comptables ou caissières dans les maisons de gros ou de détail, elles gagnent assez rapidement des.appointemens supérieurs à ceux qu'elles recevraient comme institutrices. C'est donc de ce côté que doivent se diriger les efforts des pouvoirs publics. On a fait par milliers des institutrices alors que quelques dizaines par an suffisaient amplement aux services scolaires. Il faut attendre, maintenant, avant de pro~ céder à de nouvelles fournées en masse, que le gros des aspirantes soit placé. Moins d'institutrices, moins de maîtresses de chant et de piano, ou plutôt moins d'aspirantes diplômées à ces fonctions devenues inaccessibles et plus de demoiselles de magasin, de comptables et de caissières, tel devrait être le programme de l'enseignement municipal.

G. M.

PETITE BOURSE DU SOIR

30/0. 94fr.5S.48,57, 47,48. Extérieure. 74fr.27/32,lS/16,lI/lG,3/4. Hongrois. 90fr.S/16.

Portugais. 58 fr.3/16,1/4, SS fr. Turc. 18 fr. 10.17fr.97. Banque ottomane.. 6G7 fr. 50, 608 fr. 75, 601 f. 25. Lots turcs. 7Gfr.,75fr.75

Douanes. 452 fr. 50.

Egypte 6 0/0. 477 fr. 50, 478 fr. 75. Egypte 3 1/2. 451fr.87.4SOfr.31. Rio-Tinto. 580 fr., S77 fr. 50, 681 fr.' 87, 576 fr. 87.

Tharsis. l47fr.37,147fr.SO. Capecopper. 120 fr.

DeBeers. 43Sfr.,432fr.SO. Alpines. 211fr.87,2t3fr.75,212f.BO. Tabacs ottomans.. 305 fr.

Orient. 79fr.3/8.

Phénixespagnol. 670 fr.

Quand le maître Jacques de Molière laisse la casaque pour le tablier, du moins ne change-t-il pas d'avis cocher ou cuisinier, il tient toujours, et résolument, pour une honnête dépense. Plus souple et plus divers, M. &er ville-Réache a deux opinions bien tranchées sur la marine comme rapporteur du budget, il la tance vertement, sinon justement il entend la réduire à la portion congrue. Comme simple député, il la choie, la caresse il veut la combler de bienfaits et lui donner pendant cinq ans près de SO millions de plus pour les constructions neuves. Admirable résultat d'un avatar ingénieux! Il est vrai que M. Gerville-Réache se fait fort de trouver cette grosse somme dans te budget et qu'assez embarrassé de réaliser ce point délicat de son programme, il propose de vendre ou de céder à bail à l'industrie privée les établissemens de la marine hors des ports. Il y avait là déjà. de quoi' étonner la Chambre M. de Mahy s'est chargé de porter l'étonnement au comble. Ce n'est plus 50 millions par an de crédits supplémentaires. Qu'est-ce cela? Une misère! 100,1SO millions ne suffiront peut-être pas à regagner l'avance que nous avons laissé prendre à nos adversaires 1

Fort bien inspiré cette fois, M. Barbey est venu jefer une douche froide sur cette patrio- ` tique, mais malencontreuse exaltation voter des fonds pour accroître encore la dotation de nos constructions neuves est fort inutile. Les raisons d'ordre industriel auxquelles nous faisions allusion ici-même, il y a quelques jours, opposent au développement anormal de nos constructions des obstacles invincibles. Quant aux ressources dont M. GervUle-Réache prétend faire état, elles sont de pure fantaisie la négociation qu'il préconise a été tentée déjà et toujours sans succès.

tant plus laide que les traces de la maladie n'avaient point disparu. Quand, par hasard, elle était gaie, elle faisait mille gentillesses, minaudière comme tous les enfans très admirés et ne sachant pas, la pauvre petite que ses sourires étaient devenus des grimaces.

Philippe avait laissé l'enveloppe sur la table. Machinalement, Violette y jeta les yeux la lettre était allée d'abord à Paris, d'où elle avait été renvoyée à Cannes. Evidemment, Nella croyait son amant a Paris. Pourquoi donc lui avait-il caché son retour dans le Midi ? Mais elle n'eut pas le temps de réfléchir le duc pressait le départ, et, au bout de quelques instans, ils étaient assis dans un grand landau, bien attelé, qui attendait devant le perron. Madeleine restait toujours indifférente, mais Violette n'était point blasée sur le plaisir de rouler rapidement, au milieu d'un pays délicieux, dans une voiture douce et confortable. Ses yeux brillaient, ses joues étaient toutes roses. Si elle avait pu se voir à ce moment dans une glace, elle se serait trouvée encore plus jolie. Peut-être aurait-elle pu le lire dans les yeux du duc, les yeux des hommes étant, dit-on, le meilleur des miroirs. Mais le duc tenait ses regards errans au loin sur la mer. Justement, il venait de découvrir un cuirassé au large.

On traversa la ville au grand trot, et l'on en sortit par la route de Fréjus. Après avoir franchi la plaine de la Siagne, laissé à sa droite la sauvage bourgade de Mandelieu et le pittoresque village de la Napoule avec le profond enfoncement rocheux où se cachent Ie~ rares maisons de Théoule, le landau commença à gravir lentement les premières pentes de l'Esterel. On descendit dans une clairière au milieu des chêneslièges.

Là, l'enfant cueillit des fleurs d'arrièresaison, que Violette arrangea en bouquets. Puis, elle eut faim. Le cocher indiqua une ferme où l'on trouverait, disait-il, des ugues et du lait. On y trouva aussi du raisin, suspendu à des cordeaux, en larges et

îlyaune conclusion pourtant &. tirer de ce nouveau débat, et il est regrettable que la. fatigue do la Chambre ne lui ait pas permis de la signaler au ministre. Oui, nos forces navales ne sont pas ce qu'elles devraient être dans les circonstances que nous traversons. Oui, il est bon, il est d'une juste prévoyance de hâter la construction des navires qui doivent donner plus tard à nos marins toutes les chances de succès mais, puisque la limite des facultés de production de notre pays est atteinte, c'est sur les armemens qu'il faut faire porter notre effort c'est sur la constitution de divisions nouvelles avec le matériel existant qu'il faut reporter toutes les économies que l'on pourra faire, ou, pour mieux dire, que l'on peut déjà prévoir, sur les chapitres trop largement dotés.

Cette réforme moins ambitieuse sans doute, mais plus pratique que toutes celles qui ont été proposées, il ne dépend que de l'honorable M. Barbey de l'accomplir, assuré qu'il peut être de l'assentiment de la Chambre s'il réussit, avec les crédits qui viennent de lui être confiés, a accroître sensiblement la puissance des forces navales françaises dans les eaux d'Europe.

Michel Eyraud devra au reportage de voir retarder de quelques jours l'arrêt qui le me' nace. Les innovations qui ont perfectionné depuis peu le système de l'M~~MM' prolongeront peut-être sa vie. On annonce en enbt que la magistrature s'est émue de la publication faite ces jours-ci par un journal du matin. Il a été décidé que l'aHaire Goufîé serait renvoyée à une autre session. Le reportage peut être très fier de ce résultat qui atteste sa puissance. Puisse-t-il n'en pas abuser t Les fantaisies de ce genre coûtent un peu cher. Dans le cas dont il s'agit, les citations aux témoins avaient déjà été lancées. Ce sera à refaire, et il en résultera de nouveaux frais. Du reste, s'il plaisait aux reporters de provoquer un nouvel ajournement, s'ils s'intéressaient au sort de Michel Eyraud au point de vouloir lui épargner de pénibles débats, il leur sufnrait de renouveler leur petite expérience, et d'aller faire une seconde tournée chez les jurés de la prochaine session; et si ceux-ci refusaient de répondre, l'imagination des reporters serait assez inventive pour les faire parler. On voit que le reportage est à même d'exer-. cer une influence considérable sur l'administra~ tion delà justice, et au besoin d'en suspendre le cours. Cela pourrait devenir assez inquiétant. L'expédient auquel on vient de recourir était sans doute le seul possible, prie au dépourvu comme on l'était, et dans l'état actuel do la législation. Mais ce n'est pas une solution. Et il serait bon d'aviser à des moyens un peu plus énergiques et plus emcaces pour prévenir le retour de pareils incidens.

r~o'u'VE]L.LES

POLITIQUES ET PARLEMENTAIRES L'ambassadeur de Russie, M' 1 a baronne de Mohreuheim et leur fille Edwige ont quitté Paris hier matin, par le train de8 h. 30 m., se rendant à Salies-de-Béarn. Le séjour de l'ambassadeur dans les Basses-Pyrénées se prolongera jusqu'à Noël.

Le vicomte et la vicomtesse de Sëze, qui se trouvent en ce moment à Nice, iront retrouver leurs parens dans quelques jours.

M. Bihourd, ambassadeur de France, a quitté Lisbonne, le i 5 novembre, pour rentrer en France, en vertu d'un congé régulier. Avant son départ, il a accrédité M. de La Boulinière, secrétaire d'ambassade, en qua-. lité de chargé d'affaires.

Le garde des sceaux vient d'adresser une circulaire aux procureurs généraux, à l'effet

appétissantes grappes. Philippe en p~ une, la plus belle, et la présenta à Violette, Est-ce que ceci vous rappelle quelque chose ? dit-il en souriant.

Elle rougit jusqu'au front:

Comment, balbutia-t-elle, pouvez-vous s savoir?

C'était moi.

Vous?

En personne. Je suis monté dans te train à Lyon, venant de Genève et allant à Nice. A Montélimart, j'ai entendu votre exclamation, j'ai voulu que votre désir fût satisfait. Vous étiez pour moi une inconnue. Je n'avais même pas vu que vous étiez.

Que j'étais? demanda Violette avec curiosité.

Mais Philippe changea sa phrase.

Je n'avais pas vu votre visage il é6M& caché par un grand chapeau~ pas aussi gentil que celui-ci.J'espère que vous n'êtes pas fâchée?

–Oh i non, au contraire. Je suis heureuse que ce soit vous. Vous êtes très bon!

Du tout. J'aime à faire plaisir. Eh bien c'est de la bonté, oeh! t Non, répondit Philippe avec tristesse, presque avec humilité. J'aime les yeux brillans, les joues animées, le 'rayon du bonheur sur un jeune visage, j'aime (ouf cala comme Madeleine aime ses joujoux' Pour avoir quelque mérite, il faudrait sacriuer quelque chose, et je n'ai jamais rien sacrifié de ma -vie. Je vais je veux, j'achète ce qui me plaît, je contente toutes mes envies, bonnes ou mauvaises. Je ne veux pas du tout que vous me preniez pour un saint.

Un saint, non. Mais vous êtes bon. Qu'en savez-vous?

Je n'en sais rien, je le crois.

bien~ vous avez peut-être raison. Croyez-le, cela m'obligera sans doute à l'être. AUaUsTtrt rrr.or~.

AUGUSTIN FiLON.

(~ ~MMM'C.)