Rappel de votre demande:


Format de téléchargement: : Texte

Vues 1 à 1 sur 4

Nombre de pages: 1

Notice complète:

Titre : Journal des débats politiques et littéraires

Éditeur : [s.n.] (Paris)

Date d'édition : 1890-01-13

Notice du catalogue : http://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r

Notice du catalogue : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb39294634r/date

Type : texte

Type : publication en série imprimée

Langue : français

Format : Nombre total de vues : 200316

Description : 13 janvier 1890

Description : 1890/01/13.

Description : Collection numérique : BIPFPIG63

Description : Collection numérique : Arts de la marionnette

Description : Collection numérique : Bibliothèque Diplomatique Numérique

Description : Collection numérique : Grande collecte d'archives. Femmes au travail

Description : Collection numérique : La Grande Collecte

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Révolution - Empire (1789-1815)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : Restauration - Monarchie de Juillet (1814-1848)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIe République - Second Empire (1848-1870)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : IIIe République (1870-1914)

Description : Collection numérique : Histoire diplomatique : d'une guerre à l'autre (1914-1945)

Droits : Consultable en ligne

Droits : Public domain

Identifiant : ark:/12148/bpt6k464927g

Source : Bibliothèque nationale de France

Conservation numérique : Bibliothèque nationale de France

Date de mise en ligne : 15/10/2007

Le texte affiché peut comporter un certain nombre d'erreurs. En effet, le mode texte de ce document a été généré de façon automatique par un programme de reconnaissance optique de caractères (OCR). Le taux de reconnaissance estimé pour ce document est de 85%.


BULLETIN BU JOUR Six élections législatives ont eu lieu hier à l'efïët de remplacer MM. Thirion-Montauban, Neyrand, Dillon, Arnault, Dupuytrem et Léouzon-Leduc, députés invalidés. Voici les résultats des divers scrutins

LOIRE..

(3° circonscription de Saint-Etienne.) Inscrits, 22.136. Votans, 17.313.

MM. Neyrand, mon. 9.029 élu. Dequaire,rép. 8.16S

Thevenard, soc. 45

M. Neyrand avait été élu, le 22 septembre, p~r 8,469 voix contre 5,529 & M. Dequaire et 2,846 à M. Imbert, député sortant républicain. MORBIHAN.

(1" circonscription de Lorient.)

Inscrits, 20.180. –Votans, 12.167.

MM. dePiuvié.mon. S.328voix. Guyesse, rép. 4.331

Frédéric Soulié, boul. 2.074

Lutlier, rev. soc.396

Ballottage.

Voici les résultats de la ville de Lerient M\î. Guyesse. 2.3S5voix. Frédéric Souliô. 1.259

dePiuvié. 6)6

Luitier. 322

M. Dillon avait été élu, le 22 septembre, par 9,299 voix contre 2,849 à M. Guyesse et 1,895 à M. Démangeât, tous deux radicaux.

VIENNE.

(29 circonscription de Poitiers.)

Inscrits, 19.384. Votans, 16.444.

MM. Dupuytrem, mon. 8.372 élu. Bazille, rêp. 7.960

M. Dupuytrem avait été élu, le 22 septembre, par 8,679 voix contre 7,514 à M. Bazitle et 62S à M. Pret, radical.

HAUTE-VIENNE.

(A-rrondissement de Rochechoua.rt.)

Inscrits, :4.S88. Votans, 11.600.

MM. Puyboyer.rép. 6.333 élu. Léouzon-Leduc, boul. 5.177

M. Léouzon-Leduc avait été élu, le 22 septembre, p~r 5,765 voix contre 5,157 àM. Godet, républicain.

Au moment où nous mettons Eous presse, aucun résultat ne nous est encore parvenu pour les départemens de la Dprdo~ne et du Tarn-et Garonne.

L'ambassade d'Espagne à Paris nous communique la dépêche suivante qu'elle a reçue:

Madrid, le 12 janvier, 2 h. 50 m. soir. Le roi continue d'être tranquille depuis ce matin, sans agitation ni abattement. Voici d'autre part les dépêches que nous recevons de nos correspondans particuliers

Madrid, le 12 janvier.

Les deux bulletins de la santé du roi publiés cette nuit et ce matin sont un peu plus ï~vorables l'enfant a pu prendre un peu de nourriture et les médecins ont repris quelque ~noir. Pourtant, dans le public, on continue à croire qu'Alphonse XIII est perdu; le bruit court de plus plus qu'il a une méningite. La reine continue & se tenir au chevet du berceau de l'enfant et ne consent pas à ce que d'autres mains que les siennes le soignent. H va sans dire qu'elle ne s'occupe plus de la crise ministérielle, et véritablement tout le monde, en ce moment, y est absolument indifférent. La crise est d'ailleurs remise. M. Sa~sta a fait une visite a M. Canovaa et les deux chefs de partis se sont entendus pour ajour jfer toute discussion. Deux ministres se tiensient en~ermanence au palais à tout événement.–F.

Madrid, le 12 janvier.

Ainsi que la nuit dernière, la journée a été bonne; le roi a pris de la nourriture et un

FEmm DU JOUMAL DES M8AfS DU 13,JANVIER 1890

LA SEMAINE DRAMATIQUE

THÉÂTRE DU CHAT-NOIR ~(H'C~C S <M~, mystère en un acte et dix tableaux, paroles et musique de Georges Fragerolle, dessins de Henri Riviëre ~cAc -de Georges Moynct; ~MC /<M- de Fernand Fau le .Po~s~ du co~oM~, de L. Sabatier. GYMNASE D~M&~ piëce en quatre actes de MM. Dumas (reprise–ODEON Conférence de M. Francisque SarCCV sur jt/a~. THÉÂTRE-LIBRE: P~md'SM<nM. pièce en deux actes, traduite deToursuéneH'. par MM. Armand Ephrjim et ~ViUy Schutz -E~ ~eMe, pièce en un acte, de M. Henry Fèvre.

S'il est vrai que nous assistions à un commencement de réveil de l'esprit reliKicux; siMM. Melchior de Vogue, Paul Bourget et Paul Desjardins ne sont pas de mauvais devins de l'âme des nouvelles ~énëra.tions.

Car, comme vous savez, tous les vingtcinq ans ou à peu près, la partie lettrée de l'humanité de chez nous, ceux qui expriment ou provoquent les sentimens des autres, oscillent de la conception positiviste du monde au rêve idéaliste et tantôt ils se disent

peu de repos. Les médecins croient que pour le moment au moins le danger est conjuré. Le pays est parfaitement calme; on ne signale d'agitation sur aucun point de la péninsule, et il est certain que s'il arrivait un malheur à Alphonse XIII, le trône passerait tout naturellement et sans secousse à la princesse Maria de las Mercedes, la reine demeurant régente. F.

La pauvre Jeanne d'Arc était destinée à subir, quatre siècles et demi après sa mort, une dernière et une bien dure épreuve. La voici tombée entre les,, mains des journalistes qui l'introduisent indiscrètement dans leurs polémiques. Les Chambres étant encore en vacances, le général Boulanger, fort démodé, aucun ministre, aucun homme d'Etat de marque n'ayant jugé à propos de faire un discours sur la politique générale; d'autre part, M" Sarah Bernhardt ayant remporté tout récemment, au théâtre de la Porte-Saint-Martin, le succèsquel'on sait, et Mgr l'évêque de Verdun ,ayant écrit aussitôt après la lettre qu'on a pu lire dans tous les journaux, il était inévitable que Jeanne la Pucelle, devînt, pendant quelques jours, un « sujet n d'article politique. EUe qui souhaitait qu'il n'y eût plus en France ni Armagnacs ni Bourguignons, mais seulement des français, si elle lisait les journaux d'aujourd'hui, il lui serait facile de se convaincre que la France du dix-neuvième siècle n'a pas encore atteint cet idéal. Elle reconnaîtrait aussi que, si elle a su obliger les ribauds et les soudards de son temps à renoncer à leurs juremens, à leurs mauvaises paroles et à leurs grossières habitudes, son nom et sa mémoire n'ont pas toujours précisément le même crédit sur les journalistes qui s'occupent d'elle. Et c'est bien là que nous voyons tout à plein l'étendue de notre misère et la profondeur de notre abêtissement, puisque, chez nous, et à notre époque, il ne peut plus être question de la Pucelle d'Orléans sans que nous entrions en querelle, et que l'on ne saurait parler de la guerre de Cent ans, sans que la « guerre des cuistres et des bedeaux p recommence.

Et les voilà cas politiciens, de toute espèce et de tout poil, républicains, monarchistes, boulangistes, cléricaux, libres penseurs, qui se disputent Jeanne d'Arc, .chacun voulant l'attirer à son tripot. Les contendans font valoir leurs droits à grand renfort de réflexions historiques. La grande question qui s'agite entre eux, c'est de savoir si Jeanne d'Arc est laïque ou non, si elle appartient à la société moderne ou à l'Eglise. D'aucuns la feraient volontiers un peu républicaine, à quoi leurs contradicteurs ne sauraient jamais consentir. Peu s'en faut que l'on ne se demande comment elle aurait voté aux dernières élections, -si elle aurait marché avec ou contre le comité des Douze et ce qu'elle aurait pensé du général Boulanger. Le débat est ouvert, la dispute s'échauue et l'on commence déjà à s'injurier un peu. La Pucelle d'Orléans, à vous républicains et libres-penseurs, disent les uns, hélas! qu'en pourriez-vous faire? Quel culte lui rendriez-vous, vous qui n'en avez point? Vous êtes si mal partagés sur l'article des femmes, et si fort dépourvus en fait d'héroïnes que vous êtes obligés de vous rabattre sur Théroigne de Méricourt et sur M"° Louise Michel. Du regte. c'est assez bon pour vous votre idole fémininp, c'est Marianne, ou bien cette forte harangère qu'Auguste Barbier nous a dépeinte avec ses charmes incoercibles et ses mains rouges de sang. Que deviendrait-elle la bonne et chaste Lorraine parmi vos « tricoteuses M ? Comment vous accommoderiezvous de. sa dévotion et' de ses visions?

Contentons-nous de connaître ce que nous pouvons atteindre. Ce monde où nous habitons est gouverné par des lois fatales. Ne lui cherchons point d'explication en dehors de lui-même en d'autres ternies, ne lui en cherchons pas du tout. H est brutal, il nous semble mauvais tâ- chons dé nous en accommoder et de nous y faire une vie tolérable. Soyons les analystes précis et les contemplateurs détachés de notre propre misère, et vengeons-nous de notre destinée par l'orgueilleux plaisir d'en constater l'incurable tristesse et par le renoncement même à toute espérance; Tantôt, au contraire

Il y a décidément des inquiétudes dont nous ne pouvons nous débarrasser et qui font notre grandeur. Du moins nous voulons qu'elles la fassent. Si l'inconnaissable échappe aux prises de notre intelligence, il ne se dérobe point tout, à fait aux intentions de notre cœur. Si nous ne pouvons le voir clairement, nous pouvons le pressentir. A la certitude bornée, à celle qui exclut, par définition, toute explication dépassant l'expérience, nous préférons l'interprétation arbitraire qui est comme un coup d'Etat du sentiment sur l'intelligence. Car, tel est notre bon plaisir. Nous voulons af6rmer ce que nous ne savons pas, parce que nous en avons besoin. il nous convient d'imaginer à notre vie terrestre, un en <~e<! et un au < a8n de lui donner un sens. Nous entendons conférer, par la foi, la vérité à nos rêves, et nous aimons vivre dans cette illusion, car elle est douce. Au reste, nos rêves et nos désirs sont choses réelles pourquoi leur objet ne le serait-il pas ? Ce sentiment, que la réalité présente est incomplète et qu'elle ne saurait s'expliquer

Connaissez-vous seulement sainte Catherine et saint Michel qui, fréquentent assidûment dans nos bureaux de rédaction ? Nous autres, journalistes de l'Union des Droites, nous vivons familièrement avec les héroïnes et les saintes. Nous avons déjà M"~ la duchesse de X. et aussi plusieurs jeunes filles d'une condition plus humble auxquelles la sainte Vierge est apparue. Laissez-nous donc Jeanne d'Arc. Quant à vous, républicains, vos hommages la déshonorent. Ecoutez ce que nous allons vous dire (et il faut cette fois que notre style s'élève à la hauteur d'un tel sujet) c Les flammes du bûcher de Rouen léchèrent moins cruellement ses pieds blancs que vos langues républicaines.

Les langues républicaines disent à leur tour Jeanne d'Arc, à vous réactionnaires et cléricaux, qu'en sauriez-vous faire? La brûleriez-vous encore une fois ? Condamnée, martyrisée par vos juges d'église, comme « hérétique, relapse, apostate, idolâtre", morte, sera-t-elle livrée et vendue, comme elle l'a été vivante à se& plus cruels ennemis ? Jeanne d'Arc, c'est la pensée et l'inspiration libres qui s'affirment, qui s'élèvent au-dessus des disciplines et des contraintes des pouvoirs humains et de l'Eglise officielle. Ce sont les droits de la conscience affranchie qu'elle a soutenus jusqu'à la dernière heure de son martyre. Et la dispute continue sur ce ton. Et M. Auguste Vacquerie profite de l'occasion pour énumérer tous les crimes des rois de France, à commencer par le roi Charles VII. Et il propose d'élever à la Pucelle un monument gigantesque où on lira en lettres colossales A Jeanne d'Arc, libératrice de la France, trahie par les nobles, brûlée vive par les prêtres )). On n'entend plus que des voix irritées qui échangent des paroles comme celles-ci « Souvenezvous de Voltaire et de la .PMceMc. Rappelez-vous l'évêque Cauchon et le prêtre Loyseieur. Gambetia a pris Jeanne d'Arc sous sa protection. Mgr Dupanloup a voulu la faire canoniser. Nous la revendiquons. Elle est à nous.

Elle n'est ni aux uns ni aux autres. Elle n'appartient pas aux journalistes~ aux politiciens, aux hommes de parti. Elle dédaignerait l'encens grossier qu'ils lui offrent. Elle rougirait d'entrer dans leurs vaines querelles. Elles les renverrait à leurs admirations ordinaires pour leurs chefs de bande, leurs ministres, leurs orateurs, leurs héros d'aventure. Quant à elle, elle a dit, d'un mot touchant, par qui et de quelle manière elle voulait être honorée et aimée. « Les pauvres gens venaient volontiers à moi, parce qus je ne leur faisais point de déplaisir. » A Chinon, à Orléaas, dans toutes les villes où elle a passé, tandis que les politiques intriguaient dans l'ombre, le peuple se pressait autour d'elle et baisait ses vetemens. C'est aussi l'âme de la France qui, sans se soucier des partis et de leurs passions mesquines, se porte maintenant vers elle d'un tendre et invincible élan. Que signifient, au surplus, ces discussions où l'on prétend décider si Jeanne appartient à sa patrie ou à sa religion? On ne peut, sans la mutiler, la séparer ni de l'une ni de l'autre. Sur là place du Vieux-Marché de Rouen, après que le sacrifice fut consommé, dans le grand trouble qui suivit comme au jour où le voile du temple se déchira, un secrétaire du roi d'Angleterre s'écriait « Nous sommes perdus, nous avons brûle une sainte M Et Michelet, rapportant ce mot, ajoute <: Cette parole, échappée à un ennemi, restera. L'avenir n'y contredira pas. Oui.selonla Religion,selonIaPatrie.Jeanne fut une sainte ». Qui que nous soyons, quelles que soient nos opinions et nos

par eUe-même, d'où nous viendrait-il, sinon de l'obscur ressouvenir ou de la vague prévision d'une autre réalité? Et si ce raisonnement est faible et biscornu, peu importe. Nous voulons croire à ce qui nous rend meilleurs.

Il semble que beaucoup d'entre, nous en soient là, ou qu'ils y tendent. Et assurément, cet état d'esprit, nos grands-pères les romantiques l'ont connu, et nous ne faisons que le retrouver après l'interrègne de l'esprit positiviste durant le second empire. Mais, comme les choses, en se répétant toujours, ne se répètent jamais exactement, on dirait qu'il y a dans notre idéalisme plus de naïveté et moins d'enfantillage, plus de tendresse et moins de rhétorique. Le démontrer serait long. Mais, par exemple, redevenus amoureux du passé, nous nous attardons moins au bric-à-brac du moyen âge parce que nous comprenons mieux son âme. Nous ferions bon marché, aujourd'hui des cites, des fées, des diableries des 0~ ~M~, ou'de la « couleur locale de .Vo~e-Z~e jPa~'M; mais la légende de François d'Assise nous touche jusqu'au fond du cœur, et pareillement celle de Jeanne d'Arc, que Hugo n'a jamais nommée. Et, de même, il y a dans le « tolstoïsme quelque chose qui n'était point dans l'humanitarisme de Hugo ou deGeorge Sand. Ce qui revivrait en nous, ce serait plutôt l'âme du doux Michelet, dépouillée des haines accidentelles de son âge mûr. Si donc, comme je disais, les années où nous sommes doivent être marquées par un retour au mysticisme, il est incontestable que le cabaret du Chat-Noir n'aura pas été pour rien dans cette évolution consolante. Le Chat-Noir est un sanc-

croyances, gardons-nous d'y contredire. Que Jeanne d'Arc reste l'héroïne delaPatrie. Que l'Eglise, si elle le croit devoir faire, la mette au nombre de ses saints. Son âme est assez vaste pour contenir ce double hommage. Interdisons-nous surtout de contester, de batailler, de chercher nous arracher. les uns les autres par lambeaux notre plus grande gloire nationale et ne mêlons pas cette chère et pure mémoire à nos vulgaires et stériles débats.

ANDRÉ IlEURTEAU.

Nous ne sommes qu'à la veille de l'ouverture de la session parlementaire, et déjà l'on nous annonce six oa sept questions ou interpellations, portant sur les sujets les plus variés. Une des plus bizarres est celie dont M. Gerville-Réache a conçu le projet, et que M. le président du Conseil a acceptée, paraît-il, avec empressement. Elle porte sur certain projet de voyage à Bruxelles attribué par quelques journaux à M. Carnot. Le gouverne-* ment a déjà pris la peine de faire démentir, par l'entremise de l'agence Havas, cette nouvelle saugrenue. C'était vraiment la traiter avec trop d'égards et lui prêter trop d'importance. Si l'on se donne la peine decontredirepar uneinformation officielle ou officieuse toutes tes inventions absurdes et malveillantes qui naissent quotidiennement de la féconde imagination des journalistes, on aura fort à faire. Notez que, en pareil cas, le démenti no sert absolument a rien les feuilles à qui il est adressé en prennent texte pour dire: a Vous voyez bien qu'il y avait quelque a chose de fondé dans notre allégation elle a a arrêté le gouvernement, qui n'aurait pas w mis l'agence Havas en campagne pour nier ') le projet, s'il n'avait pas existé )). Maintenant, on trouve que cette sotte aifaire n'a pas encore fait assez de bruit, et on s'apprô'e à la porter à la tribune. M. Raynal, qui est l'auteur d'une proposition tendante à réserver le lundi aux interpellations, pourra compléter sarédaction, et demander que l'on consacre un autrejourà faire démentir par le président du Conseil des ministres et ses collègues toutes les fausses nouvelles lancées par les journaux. C'est à peine si une séance par semaine y suMra.

Personne n'ignore que Lyon est le plus grand marché des soierits du monde. Ce que l'on sait moins, c'est que la place de Lyon est devenue le plus important marché international des soies. Cette situation est relativement nouvelle. Naguère encore, le marché des soies avait pour centres principaux Londres et Milan. Aujourd'hui, 4 millions de kilogrammes de soies de toute provenance passent annuellement à Lyon et à Saint-Etienne. Ce que nos industriels et nos négocians ont dû dépioyer de longs et persévérans etforts pour conquérir cette suprématie, seules, les personnes qui suivent de près le mouvement commercial ont pu s'en rendre compte. Mais il faut reconnaître que la cause première de ce succès revient à notre législation douanière, qui, depuis 1833, a affranchi de toutdroit les soies étrangères à leur entrée en France. Cette exonération est d'autant plus justifiée que la fabrique lyonnaise tire de l'étranger les cinq sixièmes des soies qui lui sont nécessaires et que, d'autre part, elle exporte les trois quarts des tissus qu'elle produit. A l'heure actuelle, cette situation est menacée. Déjà, en 1888, les pouvoirs publics, céd-mt aux sollicitations dos sériciculteurs du Midi, ont mis un droit sur les soies d'Italie, à leur entrée ea France. Ce droit, quoique faible, a eu pour résultat immédiat de faire refluer les soies italiennes sur le marché de Milan, au grand détriment du marché lyonnais. Encouragés par ce premier succès, les producteurs du Midi demandent que toutes les soiesétangère~, quelle que soit leurprove uançe, soient frappées d'un droit de 1 fr. 50 c. par kilogramme pour les cocons secs, de 7 fr. par kilogramme sur les soies grèges et de 10 fr. par kilogramme sur les soies ouvrées. Si les sériciculteurs du Midi pouvaient alimenter à eux seuls le marché iycnnais, si une partie de leur production restait en stock, on

tuaire où la fumisterie et le mysticisme ont toujours fait bon ménage. L'étrange tableau de Willette le bon rêveur, où l'on voit le .Pd'~e Z)oMM~ égrener ses notes sur les ailes du Moulin-de-Ia-Galette, est bien l'enseigne qui convient à cette auberge-cénacle. Nulle part on n'est plus respectueux du passé, plus sentimental, plus chauvin, plus épris des traditions et des légendes nulle part (et je ne plaisante pas tant que vous croyez ) on n'a l'esprit plus religieux. Ce petit théâtre du Chat-Noir, rond comme la lune (cet astre des songes) et qui n'a. pas deux coudées de diamètre, est une lucarne ouverte sur le monde surnaturel. C'est que Caran d'Ache a su faire mouvoir des armées de cent mille hommes, nous communiquer le frissqn dont on est saisi, devant les très grandes choses et, mieux que les poètes et les historiens, nous faire sentir ce qu'il y a de surhumain dans l'épopée napoléonienne. C'est là que Henri Rivière a déroulé la légende des siècles et l'histoire des religions, a promané saint Antoine par toutes les tentations de la chair et de l'esprit et ramené le bon ermite, notre frère par l'inquiétude et la curiosité, aux pieds de la Croix rédemptrice. Rivière et Caran d'Ache ont ressuscité chez nous, sous une forme purement plastique et silencieuse, le K Mystère M, car on ne saurait donner d'autre nom à f~~c et à la y~s~OM MM~ J.M~MKe, deux œuvres d'une poésie naïve et forte, relevées, çà et là, d'ironie moderne. Ajoutez que ces deux ingénieux artistes ont vraiment renouvelé l'ombre chinoise. Cette humble image noire, d'expression courte, que l'on croyait capable uniquement d'ef&ts comiques et destinée & amuser sur

comprendrait à la rigueur qu'ils réclamassent l'éviction des soies étrangères. Mais, sur les millions de kilogrammes absorbés par le marché de Lyon, c'est à peine si les produits du Midi Ëgurent pour 800.000 kilogrammes. Or, e&t-il logique, est-il conforme aux intérêts généraux du pays et aux intérêts spéciaux de notre plus grande industrie d'exportation de frapper d'un droit excessif les 3,200,000 kilogrammes indispensables aux fabriques stéphanoises et lyonnaises, droit qui aurait pour premier effet d'anéantir le marché français des soies, au grand proût des marchés anglais et Italiens qui guettent les événemens avec un soin jaloux ?

Heureusement, le marché lyonnais a pressenti le danger. Il a constitué un comité central de défense composé des principaux marchands de soie et fabricans des régions lyonnaise, atéphanoise et dauphinoise. Ce comité a pour mission de défendre devant les pouvoirs publics les intérêts nationaux gravement menacés. Il ne faut pas oublier que, de toutes nos industries, celle de Lyon n'a jamais réclamé ni droits protecteurs, ni faveurs d'aucune sorte. Elle se sent assez robuste, non seulement pour résister par ses propres forces à la. concurrence étrangère, mais encore pour s'ouvrir l'accès de tous les marchés du globe. Elle ne demande qu'une chose, c'est que sous prétexte de protection on ne lui impose pas des charges qui seraient radicalement incompatibles avec une industrie dont les trois quarts des produits sont destinés à l'exportation. Nous né pouvons croire que les efforts du comité lyonnais soient perdus et que les pouvoirs publics puissent hésiter à prendre en considération les protestations si légitimes da la plus ancienne et de la plus prospère de nos industries d'exportation. G. M.

LA SESS)ON ORDINAIRE

C'est demain, deuxième mardi de janvier, que, aux termes des lois constitutionnelles, s'ouvre de plein droit la session ordinaire des Chambres.

Au Sénat, la séance de rentrée sera uniquement consacrée au tifage au sort des bureaux et à la fixation de l'ordre du jour. Le règlement de la haute Assemblée porto, eu effet, que l'éjection du bureau définitif a lieu à la séance qui suit celle de la rentrée. En attendant cette élection, le Sénat sera présidé par son doyen d'âge, M. de Bondy, sénateur monarchiste de l'Indre.

De son côté, la Chambre nommera, dans la séance d'ouverture même, lés divers membres de son bureau déSnitif, à savoir un président, quatre vice-présidens, huit secrétaires et trois questeurs. Il parait probable que les membres du bureau sortant seront réélus. Rappelons que ce bureau est composé de la façon suivante

Président M. Chartes Fioquet.

Vice-présidens MM. Casimir-Perier, Jules Develle, de Mahy, Peytral.

Secrétaires MM. Rabier, Pichon, Lavertujoa, Boissy-d'Anglas, Jumel, Philipon, Amédée Dufaure et de Kergorlay, ces deux derniers représentant la Droite.

Questeurs MM. Guillaumou, le commandant Royer et Duclaud.

Aussitôt constituées, les deux Chambres reprendront le travail législatif.

Le Sénat pourra aborder immédiatement la discussion du projet de loi, adopté par l'ancienne Chambre et relatif aux caisses de retraites des ouvriers mineurs. Il aura également à statuer sur le projet de loi concernant les travaux du port du Havre et de la basse Seine.

A la Chambre, la matière législative ne fera pas défaut. Et d'abord, l'Assemblée du PalaisBourbon devra terminer l'œuvre de la vérification des pouvoirs. Il lui reste à examin' r Sélections, dont 15 n'ont jamais été discutées les 2 autres sont soumises à l'enquête: celles de MM. Loreau à Gien, et Vacher a Tulle.

Pour l'élection de M. Loreau, la commission d'enquête a déjà déposé son rapport, qui conclut a l'annulation des opérations électorales. Mais on peut cgpérer que les conclusions d e.

tout les petits enfans, ils l'ont coloriée et diversifiée; il3 l'ont faite belle, sérieuse, tragique ils ont su, en la multipliant, lui communiquer une puissante vie collective; its ont su, par elle, traduire aux yeux les grands spectacles de l'histoire et les mouvemens unanimes des multitudes. La dernière innovation du Chat-Noir est des plus heureuses. Cette fois, des vers chantés accompagnaient et expliquaient la fuite lente des ombres. Zs J~M'cAc ? ~o~e est encore un Mystère. L'idée en est simple et grande. D'abord, l'espace, le ciel, par une claire nuit d'étoiles. Un astre nouveau se lève à l'Orient. Vers cette étoile marchent tous ceux à qui le Christ apporte la délivrance ou l'espoir. D'abord cheminent dans la plaine les bergers suivis de leurs longs troupeaux. On dirait un tableau de Millet qui marcherait. Puis, voici l'armée des misérables, des lépreux, des stropiats et des béquillards, découpant sur le ciel clair leurs silhouettes incomplètes, bizarres et tourmentées, leurs corps déjetés leurs profits aigus l'entrecroisement de leurs béquilles et les dents de scie de leurs haillons. C'est ensuite la foule des esclaves, traînant après eux leurs chaînes brisées puis la pluntive théorie des femmes souples, aux longs cheveux, drapées à longs plis et tendant vers l'étoile leurs beaux bras supplians; puis les rois Mages, somptueux comme des évoques byzantins, avec une suite de serviteurs multicolores et d'éléghans chargés des richesses de la terre. Puis, comme si l'univers entier eût tressailli cette nuit-là, et comme si le flux de l'Océan roulait dans la direction de l'étoile, voici, sur la mer calme, des barques de pécheurs d'elies-

ce rapport qui ngurent à l'ordre du jour de la. Chambre ne seront pas adoptées.

Quant à l'élection de M. Vacher, la commission chargée de procéder à l'enquête a été nommée & la veille de la clôture de la session extraordinaire de 1889. Elle n'a pu encore commencer ses travaux. La délégation chargée de procéder à l'enquête dans l'arrondissement doit partir pour Tulle le lendemain de la rentrée. `

Ajoutons que le gouvernement insistera. pour que la Chambre achevé sans interruption la vérification des élections non encoré examinées. 1

Cette opération terminée, une question importante s'offrira à l'attention de la Chambre celle des modifications à introduire dans le règlement en vue de simplifier et d'activer le travail parlementaire. Cette question, on le sait, fait l'objet d'un très remarquable travail de M. Francis Charmes, rapporteur de ta commission spéciale. Cette commission, nommée pour examiner diverses propositions de loi tendantes à l'institution de grandes commissions permanentes, a conclu au rejet de toutes ces propositions et a décidé de proposer certaines modiScations réglementaires concernant la déclaration d'urgence, la nécessité des deux lectures, et le travail des commissions d'initiative. Nous avons d'ailleurs analysé très complètement les diverses parties du rapport de M. Francis Charmes, lorsqu'il a été approuvé par la commission. Les conclusions de ce rapport peuvent être immédiatement discutées par la. Chambre.

Ainsi que nous l'avons dit hier, le gouvernement, de son côté, demandera a la Chambre d'inscrire, en tète de son ordre du jour, la discussion de tous les projets ou propositions de loi d'ordre social et économique. La nombre de ces projets est déjà très grand. Certains d'entre eux, votés par le Sénat, ont déjà été examinés par des commissions spéciales de la Chambre. Nous citerons notamment les projets concernant la suppression des livrets d'ouvriers <;t l'institution de délégués mineurs. Ajoutons que le projet relatif a la suppression de la publicité des exécutions capitales, voté par le Sénat, a été éea lement examiné par une commission de la Chambre.

D'autre part, la Chambre devra nommer a la rentrée un certain nombre de commissions pour l'examen de divers projets émanant soit du gouvernement, soit de l'initiative parlementaire, et qui ont été déposés au couM d.3 la session extraordinaire de 1889. Noua signalerons, parmi les projets gouvernementaux, ceux qui sont relatifs aux questions suivantes revision du Code d'instruction criminelle; révision de la loi de 1867 sur les Sociétés modification de la législation ?uccessorale par la déduction du passif; dérivation et adduction à Paris des sources de la Vigne et de Verneuil, dans l'Eure.

Enfin, la commission des crédits supplémentaires qui, pendant la dernière session, a fait office de commission du budget, va déposer à bref délai son rapport sur la question du tarif gradué pour les récépissés des transports de chemins de fer en petite vitesse. On sait que le tarif gradué, précédemment établi dans la loi de finances de 1890 par l'ancienne Chambre, a été abrogé par la Chambre actuelle, sous réserve de l'établissement d'une nouvelle graduation.

Il faut prévoir, en outre, dans l'énumeration des projets importans qui seront soumis à la Chambre au début de la session qui va' s'ouvrir, le dépôt par le gouvernement du budget de 1891 avec les réibrmej fiscales qu'il contiendra.

On a vu qu'une de ces réformes, -celle qui concerne le dégrèvement du principal de l'impôt foncier, va être distraite de la loi de finances par le gouvernement qui en fera l'objet d'un projet spécial. Mais le budget de 189! contiendra un certain nombre d'autres reformes, notamment la réforme de l'impôt des boissons. Pour compléter cet exposé, il nous reste à signaler les diverses questions ou interpellations auxquelles le gouvernement aura à répondre à la rentrée. Rappelons, à ce propos, que M. Raynal a déposé, le jour de la séparation du Parlement, une proposition règle-.

mêmes orientées vers la crèche invisible, portant à leur proue des hommes agenouillés, tandis que la lumière nocturne traverse les mailles des filets suspendus. Pécheurs, vous qui prenez pour guides tes étoiles, Quel souffle inattendu gonfle vos blanches voiles? Quel ûot mystérieux vous pousse et vous conduit Vers cet astre nouveau qui brille dans la nuit? Et alors c'est l'étable divine, l'enfant auréolé qui repose dans la crèche, Marie et Joseph, le bœuf et l'âne, découpés comme des figures de vitrail et brillant d'un ëcïat de pierreries et, tout autour, à tous les plans, jusqu'aux plus lointains horizons, une immense multitude en prière. Et enfin, c'est le Golgotha la colline, au pied de laquelle fourmillent des tètes innombrables, détache sur le ciel couleur de sang sa crête sombre, où se dresse la Croix solitaire.

Jamais M. Henri Rivière n'a rien fait de plus émouvant, de plus puissament expressif. Et je me connais fort peu en musique mais celle de M. Georges Fragerolle m'a paru très large, d'une simplicité noble et pénétrante, et tout à fait appropriée aux images dont elle nous développait le sens. Cela est parfaitement harmonieux. Nous étions tous attendris et édifiés. Oh je ne veux pas vous tromper, et je sais bien que la plupart de ceux qui étaient là n'en sont pas sortis beaucoup plus croyans qu'ils n'y étaient venus. Mais ils en sont sortis plus pieux (la foi étant une chose et la piété en étant une autre). Cette belle histoire de miséricorde et de rachat, qui a soutenu et consolé tant de millions et de millions d'âmes depuis bientôt dix-neuf siècles. sans doute ils n'y croyaient pas dans le sens rigoureux du mot. Même